CM 6-7 : La sémiologie contémporaine de la schizophrénie Flashcards
Insight
Il s’agit d’une méconnaissance de l’état morbide de la personne. Elle ne reconnaisse pas d’avoir des symptômes. Deux tiers de patients avec une schizophrénie méconnaissent leur trouble.
Au début, l’insight désignait la prise de conscience des conflits et des mécanismes de défense à l’œuvre dans la dynamique inconsciente du patient. Puis, avec le temps, l’insight a fait référence, plus généralement, à l’ensemble des processus de prise de conscience de ses propres états mentaux. Plus tard, ce terme a définitivement été associé à la conscience qu’un patient pouvait avoir de son état pathologique.
On aborde l’insight à travers trois approches, l’insight clinique, insight cognitif et l’insight comme une sensation somesthésique.
Insight ≠ anosognosie ≠ déni ≠ ToM
Insight clinique
Introduit par Amador et al. en 1991
La conscience que le patient a de sa maladie et son implication en termes de prise en charge thérapeutique. On peut l’évaluer à travers deux perspectives.
On a la perspective catégorielle de l’insight qui permet de distinguer les patients qui ont conscience de leur maladies versus les patients qui n’en ont pas. Il s’agit ici d’un dichotomie (soit insight, soit rien). Pour l’évaluer, on peut utiliser l’échelle Positive and Negative Syndrome Scale (PANSS).
- L’avantage de l’approche catégorielle est qu’elle permet de comparer les individus entre eux.
- L’inconvénient de l’approche est qu’elle est unidimensionnel et ne prend pas en compte les différentes sous-dimensions de l’insight.
On utilise aujourd’hui une approche multidimensionnel, qui prend en compte plus de dimensions du concept. On utilise le Scale to assess Unawareness of Mental Disorders (SUMD), pour évaluer le degré d’insight d’un patient. :
Les différents dimensions de l’insight cognitif
Amador et al. en 1991
- la conscience de la maladie
- la conscience des symptômes
- la conscience de la nécessité d’un traitement
- la conséquence sociale de la maladie
- la capacité à attribuer une cause à la maladie, aux symptômes et à leurs conséquences
- la capacité de personne à rapporter l’image de soi.
Insight cognitif
Introduit par Beck et al. en 2004
C’est la capacité de la conscience à présenter des distorsions cognitives et de faire des interprétations erronées. C’est une
- altération de la capacité d’être objectif sur expériences délirantes et distorsions cognitives
- incapacité à mettre ces expériences en perspective
- incapacité à corriger les informations venant d’autrui
- excès de confiance dans le jugement délirant.
L’insight cognitif est auto-évalué avec l’échelle Beck Cognitive Insight Scale en plusieurs dimensions : self reflectiveness, certitude de ces réflexions. L’auto évaluation a l’inconvénient que la validité peut être mise en question, comme c’est le patient qui la remplit lui-même.
Alors, on utilise également l’echelle d’hétéro-évaluation Mesure of Insight into Cognition - Clinical Rated (MIC-CR), qui mesure 3 dimenions : mémoire, attention et fonctions excécutives, en 12 items. Elle va d’insight total (1) à insight très faible (5).
Insight comme une sensation somesthésique
Introduit par Lysaker et al. en 1994 et Bechara et al. en 2009
Elle fait référence à toutes les sensations (douleur, chaleur, froideur) qui viennent des différentes régions du corps (ex. peau) et de leur localisation cérébrale.
Ces auteurs ont montré que des lésions dans certaines régions cérébrales induit une insight faible chez les patients (alors insight = anosognosie).
Concept d’insight vs phénomène d’insight
Concept de l’insight : Compréhension globale de l’insight qui permet d’identifier les éléments qui constitue l’insight. Il ne peut pas être évaluer comme il est trop vaste.
Phénomène de l’insight : Les aspects de l’insights qu’on peut rechercher et évaluer au niveau clinique, mais qui ne représente qu’une petite partie de l’insight.
Les répércussions de l’insight dans la pratique clinique
Un mauvaise insight est associé à…
- une faible compliance de traitement (suivre le traitement et de le prendre correctement).
- la réhospitalisation.
- un fonctionnement relationnel et social altéré.
- au suicide et aux comportements violents.
- une qualité de vie plus altérée.
Syndrome délirant
Il fait référence à une construction intellectuelle et expression d’idées en opposition avec la réalité externe. On doit savoir si le syndrome délirant est arrivé brutalement ou progressivement, s’il est inaugural ou une rechute, à quel âge de début du trouble et les facteurs déclencheurs.
Les différents thèmes d’un délire
- Persécution : Conviction que autrui veut lui faire de mal.
- Idées hypocondriaques : Conviction délirante d’avoir une maladie grave, conviction d’un corps en pierre, bois, métal, etc, conviction d’avoir un corps vide, qu’un ou plusieurs organes n’existent plus, etc.
- Mégalomanie : Surestimer son physique, classe sociale, fortune ou convictions de grandeur surnaturel.
- Influence : Conviction d’être soumis d’une force qui dirige ses pensées, actes et émotions.
- Référence : Le patient attribue une signification personnelle aux choses qui en fait ne lui concerne pas.
- Passionnels : jalousie (ex. craint d’être trompé ou croyance d’être moins aimé qu’une autre), revendication (conviction d’être victime d’une injustice et cherche un moyen de réparation ou de satisfaction), érotomanie (conviction d’être aimé par une autre personne). On trouve ici trois phases : une phase d’espoir, une phase de dépit et une phase de haine.
- Mystique : Lié à la religion et la philosophie.
- Fantastique : Idées cosmiques
- Dévalorisation : Sentiment d’être moins important que les autres.
- Culpabilité : conviction d’être responsable de quelque chose d’impardonnable.
- Indignité/incurabilité : Conviction qu’on n’a plus le droit au bonheur et aux soins qui sont donnés.
- Ruine : Idées de perdre ceux qui sont proches. C’est la conviction de tout perdre.
Les mécanismes d’un délire
Interprétation : Attribution d’une signification erronée à quelque chose.
Proliférations imaginaires : Imagination, fabulations (faux souvenirs), intuitions (idées sans preuves).
Altérations des perceptions : Illusions (déformation d’un objet réel → perception déformée), hallucinations psycho-sensorielles (auditives, visuelles, tactiles, etc) et hallucinations intrapsychiques (verbale et …), sensations kinsethésique (le surface du corps) et sensations cénesthésique (dans le corps).
La structure d’un délire
- Délire systématisé (délire paranoïaque) : Un délire qui est logique et dont on peut suivre.
- Délire non systématisé (délire paranoïde) : Un délire qui est incohérent, flou et sans logique.
- Délire mal systématisé : Le structure du délire est fluctuant (parfois logique, parfois non).
Les modalités d’expression et d’évaluation d’un délire
Délire aigu : Pique de symptômes avec une intensité forte
Délire chronique : Installation insidieuses de symptômes (temporalité de 6 mois) avec une intensité moindre.
Délire intermittent : Le délire est fluctuant (ex. trouble bipolaire)
Les modalités d’extension d’un délire
En réseau : Le délire touche plusieurs domaines de vie.
En secteur : Le délire touche qu’un seul domaine de vie.
Degré d’adhésion d’un délire
Le degré de conviction/de critique du syndrome délirant par le sujet. Par exemple, les passages à l’acte sont le témoin du degré d’adhésion.
La participation affective au délire, qui peut être neutre, absente ou exaltée.
Syndrome dissociatif
Il s’agit d’une rupture des associations et d’une rupture de l’unité psychique sur laquelle repose le fonctionnement mental. Elle touche le domaine affectif, cognitif et/ou comportemental :
- Le domaine cognitif : atteinte du cours de la pensée, une schizophasie, un barrage ou fading.
- Le domaine affectif : le patient va présenter un émoussement affectif, un indifférence/froideur et de l’ambivalence affective. On peut aussi trouver un humeur dépressive et une asthénie^.
- Le domaine comportemental : le comportement sera non-congruent au contexte, la conduite est imprévisible et paradoxale. Il y a une fuite, des mouvements stéréotypés et saccadés, des parakinésies et un syndrome catatonique avec du négativisme, la catalépsie, une décharge motrice ou de raideur.
^fatigue