6. Les troubles oppositionnels et des conduites Flashcards
Par quoi est caractérisé le trouble oppositionnel ?
Le trouble oppositionnel se caractérise principalement par un manque de coopération et du négativisme. Il peut apparaître assez tôt et évoluer vers un trouble des conduites.
Définition du trouble des conduites.
Le trouble des conduites consiste, d’après la définition du DSM, en “un ensemble de conduites répétitives et persistantes, dans lequel sont bafoués les droits fondamentaux d’autrui ou les normes et règles sociales correspondant à l’âge du sujet”.
Étiologie des troubles oppositionnels et des conduites ?
L’étiologie des troubles oppositionnel et des conduites comprend une multitude de facteurs, le rôle de l’environnement étant le plus déterminant.
Évolution des troubles oppositionnels et des conduites ?
L’évolution est très variable. Il convient de ne pas sous-estimer la gravité de ces troubles. Lorsqu’ils sont sévères et apparaissent à un jeune âge, ces troubles sont le prélude à de nombreux problèmes adultes tels que la criminalité, l’alcoolisme et la consommation de drogue, la dépression, le suicide et une mauvaise insertion sociale.
Sémiologie du trouble oppositionnel ?
Le trouble oppositionnel (plus exactement trouble oppositionnel avec provocation - selon le DSM-V et la CIM-10) se caractérise par des comportements de défi, de la désobéissance et une tendance à la provocation. L’enfant refuse systématiquement de faire ce qu’on lui dit. D’autres symptômes peuvent faire partie du tableau :
- une tendance à toujours argumenter et à contester ce que disent les adultes
- une violation de règles mineures (par ex. : rentrer à l’heure, faire ses devoirs)
- une tendance à se mettre en colère
- une susceptibilité exagérée
- une attitude rancunière et vindicative
- un rejet de la responsabilité sur autrui
- une tendance à s’impliquer dans les bagarres
- le mensonge.
Les symptômes sont d’une gravité telle qu’ils interfèrent dans le bon fonctionnement à la maison, dans les situations sociales ou à l’école. Il ne s’agit donc pas des simples comportements d’opposition occasionnels que l’on peut noter chez nombre d’enfants.
Le trouble est généralement rapporté par les parents et les enseignants de façon assez fiable.
Prévalence du trouble oppositionnel ?
Avant l’âge de 12 ans, les garçons présentent ce tableau environ deux fois plus souvent que les filles; cette différence s’atténue à l’adolescence. Le taux de prévalence est très variable selon les études ; il varie entre 2% et 16%.
Troublé associé du trouble oppositionnel ?
Le trouble oppositionnel peut parfois être une complication d’un déficit de l’attention avec hyperactivité. Cependant la réciproque n’est pas vraie : le trouble d’opposition ne prédispose pas au déficit de l’attention avec hyperactivité. Bien que les enfants opposants puissent devenir très turbulents et se désintéresser du travail scolaire, ils n’en sont pas moins capables de rester tranquilles et de se concentrer pendant de longues périodes s’ils le désirent.
Sémiologie du trouble des conduites ?
Le recours à la violence physique et une attitude et des valeurs morales anti-sociales constituent deux caractéristiques essentielles du trouble, qui laissent présager un mauvais pronostic.
Les actes répréhensibles peuvent être d’ordre divers. On peut les classer en 4 grandes catégories:
1. les délits relatifs à des biens, tels que le vol, le vandalisme ou les cambriolages ;
2. la dissimulation, la fourberie et le mensonge ;
3. le non respect des normes et des règles établies (par ex. : sortir tard le soir en dépit de l’interdiction imposée par les parents)
4. les agressions à l’encontre de personnes ou d’animaux.
Dans le trouble des conduites, on observe non seulement une agressivité réactive
(comme c’est le cas dans le trouble oppositionnel), mais également une agressivité proactive. L’agressivité réactive constitue une réponse à une provocation (réelle ou perçue), tandis que l’agressivité proactive consiste à recourir à la force pour arriver à ses fins (par ex. : acquérir des biens matériels). L’estime de soi des enfants agressifs est fragile : pour ne pas se heurter à leurs propres limitations et être confrontés à l’échec, ils peuvent refuser de faire des efforts pour accomplir une tâche. Leur humeur est souvent labile, avec des phases de dépression.
Par ailleurs, ils tendent à consommer tabac, alcool et drogues plus tôt et plus souvent que leurs pairs. Ils ont aussi des comportements sexuels plus précoces et changent souvent de partenaire. Ils ont un comportement à risque dans ce domaine (grossesse non-désirée, absence de protection contre les maladies vénériennes).
Trouble associé du trouble des conduites ?
Il fréquent de trouver des troubles de l’humeur.
Prévalence du trouble des conduites ?
Le taux de prévalence dans la population générale varie entre 4% et 6%, selon les études, avec une forte majorité de garçons. Les troubles oppositionnel et des conduites constituent le motif de consultation le plus fréquent (entre 35% et 50%). Plutôt qu’un véritable fait de société, ces chiffres élevés reflètent probablement la moins bonne tolérance des adultes à l’égard de ces symptômes en comparaison à d’autres moins bruyants (par ex. : dépression).
Évolution des troubles oppositionnels et des conduites ?
Les troubles oppositionnels ou des conduites peuvent apparaître à un âge précoce (à 5 ans), mais le plus souvent, ils se révèlent plus tard. Plus le trouble est précoce, plus il est grave et susceptible de durer. L’agressivité, en particulier, se révèle être un comportement relativement stable au cours de la vie (étude sur 25 ans menée par Farrington, 1991). Les adultes ayant présenté un trouble des conduites avec violence dans l’enfance ou l’adolescence fument et boivent plus, conduisent plus souvent en état d’ébriété, commettent plus d’infractions, vivent plus souvent dans des conditions insalubres et ont des relations interpersonnelles plus conflictuelles et violentes (Farrington, 1991).
Pourquoi il peut y avoir confusion dans le diagnostic différentiel entre trouble oppositionnel et troubles des conduites ?
Le trouble oppositionnel et le trouble des conduites peuvent être placés sur un même continuum de gravité. Le premier est caractérisé par du négativisme, de la défiance et un refus de se plier, tandis que dans le second, les droits d’autrui et les normes ou règles de la société ne sont pas respectés. Bien qu’une distinction entre les deux troubles soit facile à établir sur un plan théorique, dans les faits, les deux catégories sont parfois difficiles à distinguer en raison d’un recoupement de symptômes : par exemple, le fait de commencer une bagarre peut être vu comme une tendance à se mettre en colère en raison d’une susceptibilité excessive (ce qui est caractéristique du trouble oppositionnel), tout comme il peut être considéré comme une agression envers autrui (ce qui relève du trouble des conduites). De plus, les cliniciens ont tendance à privilégier un diagnostic de trouble oppositionnel plutôt que des conduites, avant l’âge de 7 ou 8 ans, même lorsqu’il y a agressivité. Cette tendance n’est pas justifiée et mène à une confusion entre ces deux troubles et à l’idée erronée que le trouble oppositionnel se transforme souvent en trouble des conduites.
Quelle est la cause des troubles oppositionnels et des conduites selon Bowlby ?
A l’issue d’une étude qu’il a menée sur 44 délinquants juvéniles, Bowlby remarque que nombre d’entre eux avaient subi, avant l’âge de 5 ans, d’importantes séparations d’avec leurs figures d’attachement. Ces jeunes manifestaient par ailleurs une absence d’affection pour quiconque. Sur cette base, il considérait qu’en l’absence d’un lien d’amour entre l’enfant et ses parents, la construction d’un Surmoi est fortement compromise. La construction défaillante d’un Surmoi rendrait compte du peu de conscience manifestée par ces enfants, ainsi que de la non intégration de règles sociales.
Outre un Surmoi défaillant, Bowlby pensait que les séparations provoquent une importante colère. L’expression de cette colère aurait, selon Bowlby, une fonction adaptative de restauration du lien d’attachement. Plus précisément, elle aurait pour fonction de mettre un terme à la séparation, tout en dissuadant les parents de repartir à nouveau. Dans le contexte d’une relation stable et sécurisante, l’occurrence d’une séparation peut provoquer de la colère, mais celle-ci est transitoire et peut être relativisée par les aspects globalement satisfaisants de la relation. Par contre, si les séparations se succèdent, la colère augmente pour atteindre des niveaux dysfonctionnels. Au lieu de favoriser la proximité, la colère vient alors fragiliser le lien avec les parents, en induisant chez ces derniers des réactions de rejet. Si tant est que le lien reste entaché par ces expériences, l’enfant forme un ressentiment grandissant qui, à terme, peut se transformer en haine. Si la séparation se prolonge, la représentation que l’enfant se fait de ses parents peut être d’autant plus négative qu’il en est éloigné et qu’en conséquence, il ne peut la corriger en relativisant leurs défauts et en intégrant leurs qualités. Face à une image fantasmée de plus en plus mauvaise des parents, le sentiment d’amour à leur égard en vient à disparaître et à être remplacé par une haine grandissante. Cette haine peut à terme s’exprimer sous forme de tendances antisociales.
Qu’est-ce que le “partenariat rectifié quant au but” (Bowlby) ?
Introduite dans dans sa description de la relation optimale parent-enfant, elle renvoie à l’idée qu’à partir d’un certain âge, l’enfant devient capable de comprendre que ses parents ont des motivations qui leur sont propres et qui peuvent différer des siennes. Une négociation autour de ces divergences devient alors possible. Le parent peut adapter ses plans en tenant compte des désirs de l’enfant et de son côté, celui-ci accepte les contraintes imposées par sa figure d’attachement. A partir de ces arrangements, l’enfant apprend à concevoir la réciprocité et à tenir compte d’autrui. En constatant que son parent prend en considération son point de vue, l’enfant se sent entendu, ce qui favorise chez lui une attitude coopérante.
Si toutefois l’enfant n’apprend pas à faire des compromis, il devient ensuite difficile pour lui de se soumettre à des règles ou aux désirs d’autrui. Par ailleurs, si les souhaits de l’enfant sont laissés pour compte, il peut se montrer réticent à faire des concessions et chercher à imposer sa volonté, dont personne ne semble se soucier.
S’il est découragé dans ses tentatives de s’exprimer, il ne peut apprendre à gérer ses affects de façon mature et devient enclin à les décharger sur un mode primitif (i.e. passage à l’acte). Ce défaut d’apprentissage résulte parfois d’une incapacité chez les parents à réguler eux-mêmes leurs propres émotions par le biais de la mentalisation.
En bref, une attitude laxiste, tout comme une attitude contrôlante de la part des parents, peut donner lieu à un comportement non coopérant de la part de l’enfant. Ce comportement peut, à terme, prendre la forme d’un trouble oppositionnel voire même d’un trouble des conduites, particulièrement si les transactions familiales engendrent chez lui d’importants sentiments de frustration et de colère.
Point de vue psychanalytique : expliquer “l’appareil à penser les pensées” (Bion).
La mère représente pour son enfant un “appareil à penser les pensées”, en ce sens que c’est elle qui, en premier, saisit et donne un sens à l’expérience émotionnelle de ce dernier. Le bébé, du fait de l’immaturité de son psychisme, ne peut comprendre la nature de ses sensations. La mère, grâce à l’identification projective et par sa manière de répondre à ce qu’il exprime, l’aide à attribuer une signification à son vécu. Autrement dit, en percevant ce qu’il attend et en y répondant, elle donne un sens aux signaux qu’il émet. Par suite, il apprend à reconnaître ce qu’il veut et use de ses signaux en connaissance de cause et non plus de façon automatique et non intentionnelle. Si la mère représente fidèlement à l’enfant ses propres intentions, celui-ci peut se retrouver en lui-même en tant que personne pensante. Le bébé a ainsi l’illusion que cette réflexion des processus psychologiques a été effectuée par sa propre pensée. Lorsque la mère contient les affects de son enfant et qu’elle lui montre qu’ils n’ont un effet dévastateur ni sur elle ni sur la relation avec elle, il parvient à tolérer sa détresse et, petit à petit, apprend à gérer ses affects par lui-même. Ainsi, c’est un défaut de mentalisation qui peut pousser à l’acte agressif.