(T2) Géopolitique des médias (1): Viralité, désinformation et guerres hybrides Flashcards

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Mésinformation-Désinformation, fakenews

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Fiche Développée sur la Mésinformation-Désinformation, Fake News et Guerres Hybrides

  1. Guerres Hybrides : Contexte et Définition
    • Origine du concept : Le terme “guerre hybride” décrit une forme de conflit combinant des stratégies de guerre conventionnelle avec des moyens non conventionnels tels que la désinformation, la manipulation de l’opinion publique, et les opérations d’influence. Ce concept est largement développé par Williamson Murray et Peter Mansoor dans leur ouvrage “Hybrid Warfare, Fighting Complex Opponents from the Ancient World to the Present” (2012). Selon eux, les guerres hybrides ne sont pas un phénomène récent, mais existent depuis l’Antiquité, comme lors des guerres du Péloponnèse, où l’influence de l’opinion publique et la manipulation de l’information accompagnaient les luttes territoriales.
    • L’évolution des méthodes : La montée des coûts associés à la guerre conventionnelle a poussé les acteurs à se tourner vers des méthodes moins coûteuses, notamment des opérations d’influence et de désinformation, qui permettent de saper l’ennemi tout en préservant les ressources humaines et financières.
  2. Les Objectifs des Opérations d’Influence
    • Susciter la méfiance et la colère : Ces opérations visent à semer la confusion, la peur, et la méfiance au sein de la population, en manipulant les perceptions et les émotions collectives.
    • Modifier les systèmes de valeurs : Par exemple, la guerre de l’information menée par la Russie lors de l’annexion de la Crimée en 2014 cherchait à façonner les perceptions sur le terrain, créer de la division, et justifier une action militaire.
    • Instaurer le doute et la faiblesse : Une autre tactique consiste à déstabiliser l’ennemi en créant un climat de doute et de peur, rendant les sociétés vulnérables à des perturbations internes.
  3. Exemples de Programmes d’Influence Culturelle et Diplomatique
    • Fullbright Program : L’un des exemples les plus notables d’opérations d’influence dans le cadre de la guerre hybride est le programme Fullbright des États-Unis, lancé en 1946 pour diffuser les valeurs américaines à travers des échanges universitaires internationaux. Ce programme a touché plus de 500 000 bénéficiaires dans le monde.
    • Voice of America et Radio Free Europe : Ces stations de radio ont été utilisées pendant la guerre froide pour diffuser de la culture américaine et des informations vers les pays sous l’influence du bloc soviétique.
    • Programmes numériques : Des initiatives comme le Digital Outreach Team (engagements sur les réseaux sociaux) et le Global Engagement Center (lutte contre la désinformation étrangère) illustrent les efforts modernes pour utiliser les outils numériques dans ces guerres hybrides. Ces programmes visent à renforcer l’influence culturelle et à contrer la désinformation en ligne.
  4. Le Rôle de l’Information dans les Guerres Hybrides
    • L’environnement informationnel moderne : La guerre hybride bénéficie du développement des technologies numériques et de la prolifération de l’information via les réseaux sociaux et les smartphones. Ces nouveaux moyens offrent des opportunités uniques pour mener des opérations de désinformation stratégique, en combinant des techniques de manipulation de l’information avec des méthodes classiques de guerre.
    • Facteurs favorisant les guerres hybrides :
      • Conso constante d’informations : Le volume constant d’informations reçues via les smartphones et internet contribue à l’érosion de la capacité des individus à vérifier et analyser les sources.
      • Démocratisation des producteurs d’information : N’importe qui peut désormais produire et diffuser des informations, ce qui facilite la propagation de fake news et de désinformation.
      • Chambres d’écho et manque de régulation : L’absence de régulation sur les réseaux sociaux et la présence de chambres d’écho permettent à des informations fausses de se propager rapidement, amplifiées par les biais cognitifs des utilisateurs.
  5. Le Rôle de la Désinformation dans les Guerres Hybrides
    • Désinformation stratégique : Dans le cadre des guerres hybrides, la désinformation est utilisée pour perturber les ennemis, manipuler les opinions publiques, et diffuser des idées favorables aux intérêts géopolitiques des acteurs. Ces campagnes visent à brouiller la frontière entre l’information et la désinformation, rendant difficile la distinction entre les faits réels et les manipulations.
    • Exemples de techniques de désinformation :
      • Biais cognitifs : Les informations qui suscitent des émotions fortes, comme la peur ou l’indignation, sont plus susceptibles de circuler et d’être partagées.
      • Fake news et leur propagation rapide : Selon une étude du MIT en 2018, les fake news se propagent six fois plus vite que les informations véridiques, renforçant l’impact des campagnes de désinformation.
  6. Conséquences de la Désinformation et des Fake News
    • Brouillage de l’information : La prépondérance des informations émotionnelles et sensationnalistes sur les faits équilibrés conduit à une perte de confiance dans les sources d’information traditionnelles et un affaiblissement de la capacité des citoyens à juger des événements de manière rationnelle.
    • Renforcement des théories du complot : Les fake news et la désinformation alimentent les théories du complot, qui prospèrent dans des espaces où les informations sont mal vérifiées et non régulées.
    • Manipulation des perceptions politiques : Les campagnes de désinformation sont souvent utilisées pour influencer des élections, manipuler des opinions publiques, ou diffamer des opposants politiques. Cela crée des divisions internes et peut modifier le cours des événements politiques.
  7. Réactions et Impacts sur les Pratiques Informationnelles des Jeunes
    • Passivité face à la surinformation : Julien Boyadjian a étudié les pratiques informationnelles des jeunes en ligne, montrant que ces derniers sont exposés à une surenchère d’informations, mais qu’ils réagissent souvent de manière passive ou distanciée, sans prendre le temps de vérifier les sources ou d’analyser les contenus.
    • Dépendance aux réseaux sociaux : Les jeunes, souvent immergés dans les réseaux sociaux, sont particulièrement vulnérables aux campagnes de désinformation, car ces plateformes facilitent la propagation rapide de fake news et le renforcement des croyances préexistantes.
  8. Conclusion : L’Évolution de la Guerre Hybride
    • Nouvelles dynamiques de conflits : Les guerres hybrides combinent désormais des éléments militaires et informationnels dans des contextes mondiaux interconnectés. L’utilisation de la désinformation est une part intégrante de cette stratégie, exploitant les failles des systèmes d’information modernes.
    • Importance de la régulation : Pour contrer ces effets, il devient essentiel de mettre en place des mécanismes de régulation sur les réseaux sociaux, tout en sensibilisant le public à la désinformation et en renforçant les pratiques d’analyse critique des informations.
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Chambre d’écho (Sunstein

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Le concept de chambre d’écho (ou echo chamber) a été introduit et développé par plusieurs chercheurs pour décrire l’impact des espaces numériques sur la polarisation et la radicalisation des opinions. Voici les éléments clés de ce concept :

  1. Origine du concept
    • Cass Susten (2001) : Le terme a été mis en lumière pour la première fois par le juriste américain Cass Susten, qui a mis en garde contre les menaces posées par le développement des communautés en ligne sur la démocratie. Il s’inquiétait des divisions sociales et politiques créées par la tendance des internautes à se regrouper autour de valeurs et opinions similaires, sans confrontation d’idées. Cette dynamique mène à une radicalisation des positions, puisqu’il n’y a plus de débat commun.
    • Chambres d’écho : Le concept décrit ces espaces numériques où les informations partagées sont souvent auto-référencées, c’est-à-dire qu’elles renforcent les idées et les croyances préexistantes des membres, créant ainsi une forme d’enfermement idéologique. Ce phénomène peut engendrer des biais informationnels et aggraver la polarisation de la société.
  2. Développement du concept
    • Eli Pariser (2011) : L’auteur de The Filter Bubble a approfondi l’idée de chambres d’écho en la liant aux algorithmes des plateformes numériques. Selon lui, ces algorithmes sélectionnent ce que l’internaute voit en fonction de ses comportements antérieurs et de ses interactions, créant ainsi des “bulles de filtre”. Dans ces bulles, l’utilisateur est exposé à des informations qui correspondent à ses opinions et croyances, et donc renforcent ses perceptions sans offrir d’alternative ou de diversité.
  3. Conséquences des chambres d’écho
    • Polarisation et radicalisation : Ce phénomène renforce les positions idéologiques des utilisateurs et peut mener à une radicalisation des points de vue, puisque l’individu est constamment exposé à des contenus qui confirment et renforcent ses croyances.
    • Fragmentation sociale : La société devient de plus en plus fragmentée, avec des groupes qui se forment autour de communautés d’intérêts ou de valeurs similaires, sans espace de débat public ou de confrontation des idées. Cela met en péril la cohésion sociale et le vivre ensemble.
  4. Problèmes démocratiques
    • Dérégulation de l’information : Depuis les années 2000, avec l’émergence des réseaux sociaux et la dérégulation du marché de l’information, les individus sont devenus non seulement des consommateurs d’information, mais aussi des producteurs. Cela a permis la massification de la désinformation. Les algorithmes favorisent l’auto-organisation des communautés d’opinion, et les acteurs malveillants exploitent ce système pour diffuser des fake news.
  5. Impact sur la démocratie
    • Sustein et Pariser, en tant que démocrates progressistes, soulignent que les chambres d’écho représentent une dérive sociétale qui menace les principes démocratiques. Ils dénoncent le fait que ce phénomène réduit l’exposition des individus à des perspectives diverses et nuit à la délibération publique, essentielle à toute démocratie.

En somme, les chambres d’écho illustrent comment les plateformes numériques et les algorithmes créent des environnements informationnels où les utilisateurs restent piégés dans leurs propres croyances, ce qui a des conséquences profondes pour la polarisation sociale et le fonctionnement démocratique.

= exemple QAnon

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Bulles mediatiques/bulles de filtres (Pariser)

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Les bulles médiatiques (ou filter bubbles) sont un concept qui désigne un phénomène similaire aux chambres d’écho, mais qui se concentre plus spécifiquement sur l’influence des algorithmes et des mécanismes de filtrage des informations dans les espaces numériques. Voici un aperçu détaillé du concept :

  1. Origine du concept
    • Eli Pariser (2011) : Le concept de bulle médiatique a été popularisé par Eli Pariser dans son livre The Filter Bubble. Il décrit les bulles comme des espaces d’information personnalisée créés par les algorithmes des moteurs de recherche et des réseaux sociaux. Ces algorithmes filtrent les informations que nous recevons en ligne, en fonction de notre historique de navigation, nos préférences, nos interactions passées, etc.
  2. Fonctionnement des bulles médiatiques
    • Personnalisation algorithmique : Les plateformes comme Facebook, Google, YouTube, et Twitter utilisent des algorithmes pour personnaliser le contenu qu’elles nous montrent. Ces algorithmes choisissent et priorisent les informations en fonction de nos comportements en ligne (clics, likes, partages, etc.), de manière à maximiser notre engagement et à nous garder connectés à la plateforme.
    • Filtrage des contenus : Ce filtrage constant nous expose surtout à des contenus qui confirment nos croyances et opinions préexistantes. Cela crée une bulle où l’on est principalement exposé à des informations similaires et des idées qui nous confortent, tout en étant moins exposé à des perspectives divergentes ou contradictoires.
  3. Conséquences des bulles médiatiques
    • Renforcement des croyances existantes : Tout comme les chambres d’écho, les bulles médiatiques renforcent nos opinions et croyances personnelles, souvent sans nous en rendre compte. Elles isolent les utilisateurs des idées et informations alternatives, ce qui peut mener à une polarisation idéologique accrue.
    • Biais de confirmation : Le phénomène renforce le biais de confirmation – tendance à privilégier les informations qui valident nos opinions tout en ignorant ou en rejetant celles qui les contredisent. Cela peut entraîner une vision du monde déformée et un rétrécissement du champ d’information.
    • Effets sur la démocratie : Lorsque les citoyens sont enfermés dans des bulles d’informations homogènes, la possibilité d’un débat démocratique authentique est réduite. Les discussions publiques deviennent plus difficiles, car il y a moins de points communs entre les différentes factions de la société. Cela peut fragiliser la cohésion sociale et la coopération politique.
  4. Relation avec les chambres d’écho
    • Les bulles médiatiques et les chambres d’écho sont liées mais distinctes. Tandis que les chambres d’écho se réfèrent à des espaces sociaux où les individus interagissent uniquement avec ceux qui partagent leurs opinions, les bulles médiatiques concernent le filtrage algorithmique de l’information à travers des plateformes numériques. Les deux phénomènes peuvent se renforcer mutuellement : les bulles médiatiques peuvent nourrir les chambres d’écho, et inversement, les chambres d’écho peuvent amplifier l’effet des bulles médiatiques.
  5. Conséquences sur l’information et la société
    • Fragmentation de l’espace public : Le phénomène des bulles médiatiques contribue à une fragmentation de l’espace public. Les individus peuvent vivre dans des realités parallèles, où les informations qu’ils consomment ne sont pas partagées par l’ensemble de la société. Cela rend plus difficile de parvenir à un consensus public et de résoudre les problèmes sociaux de manière collective.
    • Impact sur le journalisme : Les bulles médiatiques ont un impact sur le journalisme traditionnel, car elles peuvent affaiblir la capacité des médias traditionnels à atteindre un large public. En concentrant l’attention des internautes sur des contenus spécifiques, elles réduisent la diversité des opinions et des sources d’information auxquelles un individu peut être exposé.
  6. Solutions et perspectives
    • Éducation aux médias : L’une des solutions proposées est de favoriser l’éducation aux médias et la pensée critique, afin d’aider les individus à reconnaître les biais présents dans leurs propres bulles d’information.
    • Régulation des algorithmes : Certains experts suggèrent de réguler les algorithmes qui favorisent la création de ces bulles, afin d’encourager une information plus diversifiée et équilibrée, tout en permettant aux utilisateurs de mieux comprendre comment l’information leur est présentée.

En somme, les bulles médiatiques créent un environnement où l’information est filtrée, personnalisée et renforcée de manière à maintenir l’utilisateur dans un état de confort intellectuel, ce qui peut avoir des effets importants sur la société et la démocratie.

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Clicktivisme (Halupkin)

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Le clicktivisme est un concept introduit par Max Halupka en 2014 pour décrire un type d’engagement politique effectué dans un environnement numérique. Voici un résumé du concept :

  1. Définition du Clicktivisme
    • Le clicktivisme désigne tout acte politiquement orienté qui se produit dans un environnement numérique. Il peut inclure des actions telles que signer des pétitions en ligne, partager des publications ou liker des contenus qui soutiennent une cause.
    • Ce type d’engagement est souvent vu comme une réaction spontanée et impulsive, généralement en réponse à un événement ou une situation donnée.
  2. Caractéristiques principales
    • Non-engagement : Le clicktivisme est caractérisé par son absence d’engagement profond. Les actions associées à ce phénomène (comme un simple clic) ne requièrent pas un investissement intellectuel ou physique. Les participants ne s’engagent pas nécessairement dans une cause de manière idéologique ni dans une action pratique.
    • Éphémérité : Les gestes clicktivistes sont souvent de courte durée et sans suite. Un utilisateur peut rapidement soutenir une cause en ligne sans que cet acte ait un impact tangible sur sa vie ou sur la cause elle-même.
  3. Recherche active par les équipes de campagne
    • Les équipes de campagne politiques ou des organisations ciblent activement ce type de réaction dans leurs campagnes. Elles recherchent des réactions numériques faciles à obtenir, comme des signatures de pétitions ou des engagements sur les réseaux sociaux, car ces actions permettent de mobiliser un large public avec un faible coût.
    • Cela permet de donner l’impression d’un large soutien populaire sans qu’il soit nécessaire que ce soutien se traduise par des actions physiques ou des changements réels dans les comportements des individus.
  4. Extension numérique de l’opinion publique
    • Le clicktivisme peut être analysé comme une extension numérique des compétences minimales à opiner sur un sujet, en particulier à une époque où l’accès à l’information et à la participation politique est facilité par la technologie.
    • En d’autres termes, il représente la manière dont des individus peuvent exprimer un avis ou un soutien sans avoir à s’engager plus en profondeur dans le processus politique.
  5. Critiques du Clicktivisme
    • Bien que les actions de clicktivisme puissent aider à sensibiliser rapidement un large public, elles sont souvent critiquées pour leur inefficacité réelle en termes de changement social. Les critiques suggèrent que le clicktivisme crée un faux sentiment de progrès tout en détournant l’attention des formes d’engagement plus significatives, comme les manifestations physiques ou l’activisme communautaire.
    • Il est aussi considéré comme une forme de consumérisme politique, où les individus participent plus pour le plaisir de l’acte symbolique que pour des objectifs de changement réel.

Conclusion
Le clicktivisme reflète une nouvelle forme de participation politique dans l’ère numérique, caractérisée par des gestes rapides, impulsifs et souvent sans engagement profond. Bien qu’il puisse jouer un rôle dans la sensibilisation et l’organisation de soutien pour des causes spécifiques, son efficacité à entraîner un véritable changement reste souvent remise en question.

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Capital politique/Capital médiatique (Desrumaux, Nollet)

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Les concepts de capital politique et de capital médiatique sont abordés par Desrumaux et Nollet pour analyser comment les acteurs politiques et médiatiques interagissent et se servent de leurs ressources pour influencer les dynamiques de pouvoir et d’opinion publique.

  1. Capital Politique (Desrumaux)
    • Définition : Le capital politique fait référence à l’ensemble des ressources et des atouts dont dispose un individu ou un groupe dans le champ politique. Cela inclut non seulement des éléments matériels (financement, organisation politique), mais aussi des éléments symboliques tels que la légitimité, la reconnaissance publique ou encore le soutien populaire.
    • Ressources liées au capital politique :
      • Pouvoir institutionnel : Contrôle des positions politiques (par exemple, député, ministre).
      • Crédibilité et légitimité : S’appuie sur des actions passées, un discours cohérent et une représentation favorable par l’opinion publique.
      • Alliances et soutiens : Le capital politique dépend également des réseaux sociaux et des partenariats (alliances politiques, soutiens financiers, etc.).
    • Fonctionnement du capital politique : Plus un acteur est reconnu pour son pouvoir et son influence, plus il bénéficie d’un capital politique élevé, ce qui lui permet de déterminer les choix politiques ou d’orienter l’opinion publique.
    • Stratégie d’accumulation : L’accumulation de capital politique se fait par la reconnaissance sociale, l’action publique visible, et le maintien de la légitimité à travers des pratiques de gouvernance efficaces et des engagements populaires.
  2. Capital Médiatique (Nollet)
    • Définition : Le capital médiatique désigne les ressources dont dispose un acteur pour influencer l’espace médiatique et ainsi moduler l’opinion publique. Cela englobe à la fois des éléments symboliques et techniques qui permettent à un acteur d’atteindre une large audience et de renforcer son image dans les médias.
    • Ressources liées au capital médiatique :
      • Présence médiatique : L’accès et la visibilité dans les médias traditionnels (presse, télévision, radio) et numériques (réseaux sociaux, blogs).
      • Crédibilité médiatique : Un acteur jouissant d’une bonne image dans les médias bénéficie d’une forme de légitimité médiatique qui peut influencer positivement son image publique.
      • Relais d’opinion : Le capital médiatique peut également se construire par la capacité à capter l’attention des journalistes, à être invité dans des émissions influentes, et à disposer d’un réseau de journalistes et d’experts qui valorisent sa position.
    • Fonctionnement du capital médiatique : Le capital médiatique repose sur la capacité à produire de l’information et à influencer le discours public. Un acteur qui génère de la visibilité médiatique dispose d’un levier important pour orienter les débats publics et façonner les perceptions.
    • Stratégie d’accumulation : Les stratégies de capital médiatique incluent la gestion d’une image publique, l’utilisation des réseaux sociaux pour créer une relation directe avec l’audience, ainsi que l’engagement dans des actions médiatiques qui renforcent la perception de l’acteur comme une référence dans son domaine.
  3. Relation entre Capital Politique et Capital Médiatique
    • Synergie entre les deux : Les deux formes de capital sont souvent interdépendantes. Un acteur politique peut utiliser son capital médiatique pour renforcer son capital politique (par exemple, en gagnant du soutien populaire à travers une couverture médiatique favorable), et inversement, un acteur politique disposant d’un fort capital politique peut également utiliser ce pouvoir pour influencer les médias et orienter leur discours.
    • Influence sur la perception publique : Le capital médiatique permet à un individu ou groupe de dominer l’espace médiatique et d’orienter les perceptions du public, ce qui renforce son capital politique. Les médias agissent ainsi comme un outil stratégique pour diffuser des idées et des messages, mobiliser des soutiens ou créer des oppositions.
    • Retour d’expérience : La gestion et l’interaction entre ces deux formes de capital sont cruciales dans la concurrence pour le pouvoir. L’ équilibre entre ces deux formes de capital peut définir le succès ou l’échec d’un acteur politique dans un environnement démocratique médiatisé.

Conclusion
Le capital politique et le capital médiatique sont des concepts complémentaires qui permettent de comprendre comment les acteurs politiques et médiatiques utilisent leurs ressources pour s’influencer mutuellement et modeler l’opinion publique. Tandis que le capital politique repose sur l’autorité et la légitimité d’un acteur dans le champ politique, le capital médiatique se construit par l’accès, la visibilité et l’influence dans l’espace médiatique. La combinaison et l’interaction entre ces deux formes de capital sont cruciales dans le monde contemporain des médias numériques et des campagnes politiques.

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Digitalisation des marchés informationnels(effets facilitateurs vs. effets reconfigurateurs)

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Digitalisation des marchés informationnels : Effets facilitateurs vs. effets reconfigurateurs

La digitalisation des marchés informationnels, c’est-à-dire la transformation des systèmes de communication et de diffusion de l’information grâce aux technologies numériques, entraîne des changements profonds dans les dynamiques médiatiques et l’accès à l’information. Ces changements peuvent être analysés sous deux angles : les effets facilitateurs et les effets reconfigurateurs.

1. Effets Facilitateurs
Les effets facilitateurs désignent les changements positifs ou les avantages apportés par la digitalisation des marchés de l’information, en particulier en ce qui concerne l’accessibilité et la diffusion de l’information. Ces effets visent à améliorer l’accès et la facilité de consommation de l’information pour le public.

a. Accès facilité à l’information
- Démocratisation de l’accès : Les technologies numériques, notamment Internet, permettent un accès global et instantané à une grande variété de sources d’information, réduisant les barrières géographiques et économiques à l’information.
- Réduction des coûts : La production et la diffusion d’informations sont devenues moins coûteuses grâce aux plateformes numériques (sites web, blogs, réseaux sociaux, etc.), rendant l’information plus abordable et disponible pour un plus grand nombre de personnes.
- Multimédia et formats diversifiés : Les utilisateurs peuvent accéder à une variété de contenus, incluant des textes, vidéos, infographies et podcasts, augmentant ainsi les modes de consommation de l’information.
- Autonomisation des producteurs d’information : Grâce aux outils numériques, de nombreux individus peuvent désormais produire et diffuser de l’information sans nécessiter d’infrastructures médiatiques traditionnelles (journaux, télévision, etc.), encourageant la pluralité des voix et des opinions.

b. Interactivité et engagement
- Participation active : Les utilisateurs des plateformes numériques peuvent interagir directement avec les contenus (commentaires, partages, likes), créant ainsi une relation plus dynamique entre les producteurs d’information et les consommateurs.
- Personnalisation de l’information : Grâce à l’intelligence artificielle et aux algorithmes, les utilisateurs peuvent recevoir des informations personnalisées, adaptées à leurs intérêts et préférences, renforçant ainsi l’engagement individuel.

2. Effets Reconfigurateurs
Les effets reconfigurateurs désignent les transformation structurelles et les changements fondamentaux que la digitalisation entraîne dans les relations et les dynamiques de pouvoir au sein du marché de l’information. Ces effets peuvent mener à des pratiques qui modifient les acteurs du marché et concentrent le pouvoir médiatique entre les mains de quelques plateformes dominantes.

a. Concentration du pouvoir médiatique
- Dominance des grandes plateformes : Des entreprises comme Google, Facebook, Amazon (GAFAM) dominent de plus en plus l’accès à l’information, centralisant une grande partie des flux d’information. Elles contrôlent également les algorithmes qui déterminent quels contenus sont vus par les utilisateurs, créant ainsi des zones d’influence où ces plateformes dictent largement la nature et la portée de l’information.
- Exploitation des données personnelles : La collecte massive de données personnelles par ces géants du numérique permet à ces plateformes de cibler des audiences spécifiques et de manipuler l’offre d’informations selon les préférences et comportements passés des utilisateurs. Cela reconfigure la manière dont l’information est produite et diffusée, en l’adaptant aux demandes individuelles plutôt qu’à un public généraliste.

b. Fragmentation de l’espace public
- Chambres d’écho et bulles de filtre : L’algorithme des plateformes sociales crée des bulles de filtre et des chambres d’écho, où les utilisateurs sont principalement exposés à des contenus qui renforcent leurs croyances et opinions existantes, créant ainsi des communautés fermées d’informations. Cela limite l’exposition à des perspectives divergentes et encourage la polarisation.
- Dérégulation et perte de contrôle : La digitalisation des marchés de l’information a entraîné une dérégulation de l’espace public médiatique, où de nombreux acteurs (individus, entreprises, gouvernements) peuvent désormais produire de l’information sans être soumis aux règles et normes de régulation traditionnelles (comme les contrôles sur les sources et la véracité des informations).

  • Inégalités d’accès à l’information : Bien que la digitalisation facilite l’accès à l’information, elle accentue aussi les inégalités numériques. Ceux qui ont accès à Internet et aux compétences numériques ont un avantage considérable sur ceux qui n’y ont pas accès, exacerbant les fractures sociales et économiques.
  • Publicité et monopole économique : Les géants de l’Internet dominent le marché de la publicité numérique, ce qui leur permet de récolter une part importante des revenus publicitaires et de diriger l’économie de l’information selon leurs propres intérêts. Les médias traditionnels peinent à rivaliser avec ces acteurs.

Conclusion
La digitalisation des marchés informationnels présente à la fois des effets facilitateurs, qui ouvrent l’accès à l’information et favorisent l’inclusivité, et des effets reconfigurateurs, qui redéfinissent les relations de pouvoir dans l’espace médiatique, favorisant la concentration des acteurs dominants et la fragmentation des opinions. Ces dynamiques transforment la manière dont l’information est produite, distribuée et consommée, avec des implications profondes sur la démocratie, le débat public, et la représentation des intérêts sociaux. La question clé reste de savoir comment réguler et équilibrer ces effets afin de préserver une information pluraliste et accessible à tous.

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Multispeed membership (Scarrow)

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Multispeed Membership (Scarrow)

Le concept de “multispeed membership” a été introduit par Scott Scarrow pour décrire la manière dont les membres d’une organisation ou d’un groupe peuvent avoir des expériences ou des niveaux d’engagement différents au sein de la même entité. Ce phénomène est particulièrement pertinent dans les contextes politiques, sociaux et organisationnels, où les individus ou les groupes peuvent interagir à des niveaux variés, en fonction de leurs intérêts, de leurs priorités et de leurs niveaux de participation.

1. Définition du concept
Le terme “multispeed membership” désigne une structure dans laquelle les membres d’une organisation ou d’un mouvement n’ont pas tous les mêmes droits, obligations ou niveaux d’engagement. En d’autres termes, au lieu d’un modèle uniforme où tous les membres sont considérés de manière égale, il y a une hiérarchisation ou une différenciation des rôles et de la participation au sein du groupe.

Exemples de contextes :
- Organisations politiques : Dans un parti politique, certains membres peuvent jouer un rôle actif dans la prise de décision, tandis que d’autres se contentent d’être membres passifs, soutenant financièrement ou de manière symbolique.
- Mouvements sociaux : Au sein d’un mouvement social, les militants de première ligne ont un engagement plus profond, tandis que ceux qui soutiennent le mouvement à distance (par exemple via les réseaux sociaux) peuvent être considérés comme ayant un statut plus faible ou moins impliqué.
- Entreprises ou institutions : Dans une entreprise, certains employés peuvent avoir un pouvoir décisionnel et un rôle stratégique, tandis que d’autres occupent des positions plus subalternes.

2. Composants clés du modèle multispeed
Le modèle de membership multispeed repose sur plusieurs principes fondamentaux qui permettent d’expliquer cette hiérarchisation de l’engagement et de l’implication des membres.

a. Hiérarchie d’engagement
- Les membres peuvent être répartis en différents niveaux d’implication selon la manière dont ils participent aux activités de l’organisation. Cela peut aller d’un engagement minimal (par exemple, le simple fait de s’abonner à une newsletter ou de faire un don) à un engagement maximal (par exemple, participer à des réunions, prendre des décisions stratégiques ou organiser des événements).

b. Exclusivité et accès différencié
- Certaines informations, événements ou activités peuvent être réservées à un groupe plus restreint de membres actifs, tandis que d’autres informations ou activités sont ouvertes à l’ensemble des membres. Cela crée une différenciation entre les types de membres, qui peut avoir des implications sur leur perception du groupe ou de l’organisation.

c. Différents types de contribution
- Les membres peuvent contribuer à l’organisation de manière variante, allant des contributions financières ou symboliques à des actions pratiques telles que l’organisation d’événements, la rédaction d’articles ou la participation à des manifestations.

3. Effets et implications
Le modèle de membership multispeed peut avoir plusieurs conséquences sur la dynamique interne des groupes ou des organisations, ainsi que sur leurs interactions avec l’extérieur.

a. Renforcement de l’inégalité de pouvoir
- Le fait que certains membres aient un accès privilégié aux ressources ou à la prise de décision peut conduire à un déséquilibre de pouvoir au sein du groupe. Cela peut mener à des tensions ou à des conflits internes.

b. Motivation variable
- Les membres les plus actifs, qui ont un rôle plus important ou plus visible, peuvent être plus motivant pour le groupe, mais cette inégalité d’engagement peut également décourager les membres moins impliqués. En revanche, ceux qui bénéficient d’un statut plus élevé peuvent être perçus comme ayant un avantage par rapport aux autres.

c. Stratégies de mobilisation ciblée
- Dans un contexte politique ou militant, les leaders peuvent segmenter leur audience et leur stratégie de mobilisation en fonction du niveau d’engagement des membres. Par exemple, ils peuvent cibler les membres les plus actifs avec des messages plus directs et personnalisés, tandis qu’ils envoient des messages plus génériques aux membres passifs.

4. Applications et exemples
#### a. Partis politiques et organisations de masse
- Les partis politiques modernes ou les organisations de masse sont souvent organisés de manière à avoir une base large de membres passifs (ceux qui votent ou qui apportent leur soutien) et un petit groupe de membres actifs (ceux qui sont impliqués dans les campagnes, les décisions politiques, etc.). Ce phénomène est un exemple typique de multispeed membership.

b. Réseaux sociaux et communautés en ligne
- Dans les réseaux sociaux ou les forums en ligne, il est courant que les utilisateurs soient répartis entre ceux qui créent du contenu régulièrement (influenceurs, leaders d’opinion) et ceux qui consomment ce contenu sans interagir ou contribuer activement.

c. Mouvements sociaux
- Des mouvements comme #MeToo ou Black Lives Matter montrent comment l’engagement peut varier selon les membres. Certains sont très impliqués sur le terrain, organisent des événements ou des actions, tandis que d’autres se contentent de partager des publications sur les réseaux sociaux.

Conclusion
Le concept de multispeed membership met en lumière la diversité d’engagement au sein d’une organisation ou d’un groupe. Cela reflète non seulement les différentes modalités de participation mais aussi les disparités de pouvoir et d’influence entre les membres. La gestion de cette diversité peut être un levier stratégique, mais elle peut aussi engendrer des tensions ou des conflits si elle n’est pas bien équilibrée.

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Plateformisation des partis politiques, partis-plateformes, partis-mouvements (Gerbaudo)

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Le concept de plateformisation des partis politiques (développé par Gerbaudo) fait référence à un changement dans la manière dont les partis politiques sont organisés et fonctionnent à l’ère numérique, en particulier avec l’usage croissant des plateformes en ligne pour l’engagement politique. Voici un résumé de cette notion avec les principaux arguments :

  1. Transition vers des partis-plateformes :
    • Gerbaudo observe une évolution où les partis traditionnels se transforment en plateformes numériques, intégrant des technologies et des espaces virtuels pour mobiliser et organiser leurs partisans.
    • Ces partis-plateformes permettent une participation plus directe et décentralisée des militants, où l’organisation n’est plus strictement hiérarchique mais basée sur une forme de collaboration numérique. Ce phénomène se traduit par des formes de militantisme en ligne, souvent facilitées par les réseaux sociaux et autres outils numériques.
  2. Partis-mouvements :
    • Gerbaudo introduit l’idée de “partis-mouvements” pour décrire ces partis qui deviennent de plus en plus fluides, agissant moins comme des structures fixes et plus comme des mouvements sociaux. Ces partis cherchent à mobiliser massivement en ligne et à créer un engagement plus immédiat et réactif autour de problématiques spécifiques.
    • Ils s’appuient sur des campagnes en ligne, des petites actions locales et un activisme numérique pour créer une dynamique qui fait écho aux pratiques des mouvements sociaux, en contraste avec les partis traditionnels, souvent plus institutionnalisés.
  3. Caractéristiques de la plateformisation :
    • Démocratisation de la participation : Ces partis favorisent un accès facilité aux activités militantes, permettant à un plus grand nombre de personnes d’interagir et de participer.
    • Utilisation des technologies pour la communication et la mobilisation : La plateformisation s’accompagne d’une forte utilisation des réseaux sociaux, des applications de messagerie et des forums en ligne pour organiser les membres et diffuser des messages politiques.
    • Contrôle et algorithmes : Comme dans d’autres formes de plateformisation, les partis utilisent des algorithmes pour organiser la communication et l’engagement, en sélectionnant et en dirigeant l’attention des membres en fonction des priorités de la campagne.
  4. Avantages et inconvénients :
    • Avantages : Cela permet aux partis de devenir plus flexibles et réactifs, de mieux intégrer les préoccupations des citoyens et de favoriser une mobilisation instantanée autour de sujets d’actualité.
    • Inconvénients : Le risque est une sur-dépendance à la technologie, un engagement moins profond et plus superficiel des membres, ainsi que la possibilité d’un manque de structure ou de vision stratégique à long terme, souvent liée à l’influence excessive des médias sociaux et de l’opinion publique immédiate.
  5. Exemples :
    • Un exemple de partis-plateformes/mouvements peut être observé avec La France Insoumise (LFI), où Jean-Luc Mélenchon a mis en place une organisation numérique ouverte à l’engagement direct des citoyens via des plateformes participatives comme La France insoumise.
    • Le M5S (Mouvement 5 étoiles) en Italie représente aussi une forme de parti-mouvement, où des outils numériques facilitent la participation directe des militants à la prise de décision.
  6. Conclusion :
    • La plateformisation des partis politiques signale une réorganisation fondamentale du parti traditionnel. Elle offre un accès élargi et démocratique à la politique tout en soulevant des questions concernant la précision stratégique et l’authenticité des engagements dans un espace qui tend à favoriser l’instantanéité et la superficialité.
    • Gerbaudo souligne que, même si cette évolution peut être perçue comme une forme de démocratisation, elle peut aussi nuire à la consistance idéologique et à la construction d’un projet politique structuré.
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Mobilisation de clavier (Badouard)

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La notion de “mobilisation de clavier” (développée par Romain Badouard) fait référence à l’évolution des pratiques militantes à l’ère numérique, où la mobilisation politique se fait principalement en ligne, en utilisant des outils numériques pour organiser et diffuser des actions collectives. Voici un résumé des principaux aspects de cette notion :

  1. Évolution de la mobilisation traditionnelle vers la mobilisation numérique :
    • Mobilisation de papier vs mobilisation de clavier :
      Badouard reprend le concept de mobilisation de papier de Patrick Champagne, qui souligne que dans les mobilisations traditionnelles, l’objectif principal était d’attirer l’attention des médias pour légitimer et amplifier l’action. Cette logique se transpose aujourd’hui dans les mobilisations numériques, où l’on cherche à attirer l’attention d’Internet pour visibiliser une cause.
    • Passage à l’action en ligne :
      Désormais, il n’est plus nécessaire d’être encarté ou d’appartenir à un parti politique pour militer. Il est possible de militer à distance, de s’informer, de diffuser des informations relatives à des causes ou des candidats, ou encore de participer à des campagnes en ligne en partageant des messages, en faisant des dons, ou en publiant des analyses.
  2. Accessibilité accrue à la mobilisation :
    • Grâce à l’internet et à la connectivité numérique, tout individu peut désormais participer activement à des mobilisations collectives, même sans engagement traditionnel dans des partis ou associations. Ce processus transforme des personnes qui n’étaient pas intéressées par la politique en acteurs de mobilisations numériques.
    • Exemples de causes populaires :
      Des mouvements comme MeToo, Balance ton porc, ou encore les campagnes en ligne liées à des candidats politiques utilisent la visibilité numérique pour atteindre un large public et faire avancer leur cause.
  3. Opportunités discursives et compétences numériques protestataires :
    • Nouvelles opportunités discursives :
      Internet offre de nouvelles opportunités pour les citoyens de prendre la parole et de participer activement aux discussions politiques. Ces plateformes permettent de créer un espace pour exprimer des opinions et mobiliser autour d’idées de manière fluide et instantanée.
    • Compétences numériques protestataires :
      Les militants développent des compétences numériques protestataires, comme la capacité à diffuser des témoignages, à créer des analyses, ou à partager des informations en ligne. Par exemple, des plateformes open-source comme Balance ton porc ont émergé pour faciliter la diffusion d’informations et soutenir des actions collectives en ligne.
  4. Mobilisation rapide et efficace :
    • Le concept de mobilisation de clavier met l’accent sur la capacité des mouvements de faire connaître une cause rapidement grâce à la diffusion en ligne. Ces mouvements sont souvent plus flexibles et peuvent atteindre un public plus large en un temps record grâce aux réseaux sociaux et aux autres moyens numériques.
    • Cette mobilisation numérique est souvent associée à une forme de protestation immédiate, mais peut aussi se transformer en un véritable mouvement de fond, comme l’a montré l’impact du hashtag #MeToo sur la discussion publique mondiale.
  5. Avantages et limites de la mobilisation numérique :
    • Avantages :
      • Accessibilité : Chacun peut participer sans barrière géographique ou financière.
      • Instantanéité : Les informations et les appels à l’action peuvent être diffusés rapidement et massivement.
      • Visibilité : Les causes peuvent atteindre une grande audience mondiale.
    • Limites :
      • Mobilisation superficielle : Parfois, ces actions peuvent être perçues comme symboliques ou éphémères, sans engagement profond ou actions concrètes.
      • Dépendance à la visibilité : La mobilisation numérique peut être centrée sur la recherche de visibilité plus que sur l’impact réel.
  6. Conclusion :
    • La mobilisation de clavier transforme la manière dont les citoyens interagissent avec la politique et participent aux mouvements sociaux. L’internet a permis une démocratisation de l’activisme, offrant à chacun la possibilité de participer, de s’informer et de faire entendre sa voix. Toutefois, cette nouvelle forme de militantisme soulève des questions sur la durabilité, la profondeur et les réelles conséquences des actions menées en ligne.
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Ingérences informationnelles et “guerre hybride”

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Ingérences informationnelles et “guerre hybride”

Les ingérences informationnelles font référence aux actions délibérées visant à manipuler, influencer ou perturber le flux d’informations dans un but stratégique, souvent dans le cadre de conflits géopolitiques. Ces ingérences sont au cœur des guerres hybrides, qui combinent des moyens classiques de guerre (militaires, diplomatiques) avec des moyens non conventionnels, principalement l’information et la désinformation.

Évolution et concept de guerre hybride :
1. Origines de la guerre hybride :
- Selon Williamson Murray et Peter Mansoor, les guerres hybrides existent depuis l’Antiquité, combinant la guerre conventionnelle avec des techniques d’influence et de manipulation de l’information. Les guerres du Péloponnèse en sont un exemple précoce, où les acteurs cherchaient à façonner les opinions des populations par la guerre psychologique et l’influence médiatique.
- L’objectif est de manipuler les perceptions publiques, de déstabiliser les sociétés et de diviser les opinions internes tout en affaiblissant l’ennemi.

  1. Opérations d’influence dans les guerres hybrides :
    • Les opérations d’influence sont utilisées pour :
      • Susciter la méfiance envers les autorités ou créer la sédition.
      • Modifier les systèmes de valeurs ou brouiller les certitudes, comme cela a été observé lors de l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014.
      • Instaurer la peur, le doute ou un sentiment de faiblesse, afin de déstabiliser les gouvernements ou de pousser une population à la révolte.
    • Ces campagnes peuvent aussi viser à façonner l’opinion publique à travers des canaux traditionnels (radio, télévision) et numériques (réseaux sociaux).
  2. Guerre de l’information et influence numérique :
    • L’environnement informationnel moderne (réseaux sociaux, smartphones) facilite la diffusion rapide et massive de messages, permettant ainsi une forme de guerre hybride plus accessible et moins coûteuse.
    • Guerre de l’information : Utilisation stratégique des informations pour influencer, manipuler et contrôler la narration publique des événements, en particulier via les réseaux sociaux, qui deviennent des champs de bataille pour façonner l’opinion.
  3. Programmes d’influence étatiques :
    • Les États utilisent des programmes spécifiques pour mener des campagnes de soft power et influence culturelle :
      • Exemple des programmes américains : Voice of America, Radio Free Europe, et Fullbright, qui promeuvent des valeurs démocratiques et capitalistes, tout en contrebalançant l’influence des puissances rivales.
      • France : Programmes similaires, tels que la Francophonie, les alliances françaises, et la coopération technique pour influencer les élites étrangères.
  4. Mécanismes modernes de guerre hybride :
    • Propagation de la désinformation : Campagnes de désinformation qui profitent de l’absence de régulation des réseaux sociaux et de la propension des utilisateurs à partager des informations sans vérification.
    • Les fake news se propagent souvent six fois plus vite que les informations vérifiées, profitant de l’émotionnel et du sensationnalisme.
    • Techniques avancées comme le microciblage, la collecte de données personnelles, et le botting (trolling automatisé) sont utilisés pour amplifier des messages et manipuler les perceptions.
  5. Impact des guerres hybrides :
    • Les guerres hybrides mettent l’accent sur une combinaison de stratégies conventionnelles et non conventionnelles. En ce sens, elles intègrent l’utilisation de la propagande et de l’influence médiatique en synergie avec des moyens militaires et diplomatiques.
    • Ces opérations d’influence permettent de semer la confusion, de promouvoir des théories du complot, de diffuser des messages négatifs ou émotionnels, et de manipuler des informations pour soutenir des objectifs politiques.

Exemples :
- Crimée (2014) : La Russie a utilisé des médias d’État pour diffuser des messages favorables au Kremlin, préparer l’opinion publique et justifier l’intervention militaire, tout en manipulant l’information pour créer un contexte favorable à l’annexion.
- Guerre de Syrie : Des acteurs étatiques utilisent des réseaux sociaux pour promouvoir des narratives opposées, semant la confusion et influençant les opinions internationales.

Conclusion :
Les guerres hybrides exploitent le potentiel des opérations informationnelles, intégrant des stratégies classiques de guerre avec des formes modernes de manipulation médiatique et d’influence. Le contrôle de l’information devient un des instruments les plus puissants pour atteindre des objectifs stratégiques et affaiblir un adversaire.

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