Médias et fabrique de la marginalité - le cas des banlieues (Nonjon) Flashcards

1
Q

Les 3 formes de violences descriptives exercées par les journalistes (Passeron)

A

Les 3 formes de violences descriptives exercées par les journalistes (Jean-Claude Passeron)

Définition
Le sociologue Jean-Claude Passeron identifie trois formes de “violences descriptives” dans le traitement journalistique, notamment lors de la couverture des banlieues ou des populations marginalisées. Ces violences résultent des pratiques structurelles et professionnelles des médias, qui simplifient et amplifient certaines réalités pour capter l’attention du public.

Les Trois Violences Descriptives

  1. L’Exagération
    • Description :
      • Amplification des faits ou des événements pour les rendre plus sensationnels.
      • Les journalistes ont tendance à mettre en avant les aspects les plus spectaculaires ou alarmants d’un sujet, même si cela ne reflète pas la réalité globale.
    • Conséquences :
      • Crée une perception déformée des problèmes (exemple : présenter une manifestation comme un chaos généralisé).
      • Peut susciter des réactions disproportionnées de la part du public ou des décideurs politiques.
    • Exemple :
      • Lors des émeutes en banlieues, les médias insistent souvent sur les actes de violence (voitures brûlées) au détriment des causes sociales ou politiques sous-jacentes.
  1. La Stéréotypisation
    • Description :
      • Réduction des réalités complexes à des clichés ou catégories simplistes.
      • Les individus et groupes sociaux sont représentés selon des stéréotypes prédéfinis (par exemple, “jeunes violents des quartiers sensibles”).
    • Conséquences :
      • Renforce les préjugés existants dans la société.
      • Marginalise les groupes représentés, en leur imposant une identité figée et dévalorisante.
    • Exemple :
      • Les habitants des banlieues sont souvent décrits comme des “casseurs” ou “délinquants”, sans nuance sur la diversité des parcours et expériences.
  1. La Répétition
    • Description :
      • Recours fréquent à la répétition des mêmes récits, termes ou images, pour marteler un message ou une perception.
      • La couverture médiatique d’un sujet devient circulaire et homogène, reproduisant les mêmes schémas narratifs.
    • Conséquences :
      • Naturalisation des stéréotypes : les images et discours répétés finissent par être perçus comme des vérités incontestables.
      • Influence durable sur la perception publique et les politiques publiques.
    • Exemple :
      • L’expression “zones de non-droit”, utilisée de manière récurrente dans les médias, façonne une représentation des banlieues comme des espaces dangereux et inaccessibles.

Conséquences sur la Perception du Réel et l’Agenda Politique

  1. Impact sur la perception du réel
    • Déformation des réalités sociales :
      Les violences descriptives façonnent une vision biaisée des groupes marginalisés ou des problèmes sociaux.
    • Renforcement des clivages :
      Ces représentations exacerbent les tensions entre les différents groupes sociaux (habitants des banlieues et reste de la société).
  2. Influence sur l’agenda politique
    • Priorisation de certains enjeux :
      Les médias mettent en avant des problématiques spécifiques, forçant les décideurs politiques à réagir (parfois sous pression populiste).
    • Solutions répressives :
      Les discours exagérés ou stéréotypés conduisent souvent à des réponses sécuritaires plutôt qu’à des approches structurelles ou sociales.
      • Exemple : L’instauration de politiques de “tolérance zéro” après une couverture médiatique focalisée sur les violences urbaines.

Synthèse Simplifiée pour l’Apprentissage

  1. Les 3 formes de violences descriptives :
    • Exagération : Amplification des faits pour attirer l’attention.
    • Stéréotypisation : Réduction à des clichés simplistes.
    • Répétition : Reproduction systématique des mêmes récits.
  2. Conséquences :
    • Sur le réel : Vision déformée, renforcement des préjugés.
    • Sur la politique : Favorise des réponses répressives plutôt que structurelles.

Citation Clé :
> “Les journalistes sont condamnés par leur métier à une persuasion fondée sur trois ‘violences’ descriptives : exagération, stéréotypisation, répétition.” — Jean-Claude Passeron

Exemple Clé :
La couverture médiatique des émeutes de 2005 en France, marquée par des images de voitures brûlées et des discours alarmistes, a conduit à la stigmatisation des banlieues et à l’instauration d’un état d’urgence, sans aborder les causes profondes des tensions sociales.

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