Personne réfugiée, bloquée en hauteur ou menacant de se jeter Flashcards
GÉNÉRALITÉS
Il peut s’agir par exemple d’une personne :
qui s’est réfugiée en hauteur (toit, balcon…) pour échapper à un sinistre
qui se retrouve bloquée sur une nacelle évoluant en façade d’immeuble
qui menace de se jeter dans le vide pour mettre fin à ses jours
Le risque principal, pour cette personne comme pour le sauveteur, est la chute dans le vide, d’où l’importance du respect des règles de sécurité pendant toute la durée de l’opération, notamment lors de la progression des secours (les interventions sur grue, de plus en plus fréquentes, font partie des opérations les plus dangereuses pour les secours, et méritent dès lors d’être traitées avec toute la prudence nécessaire).
Les plus grandes précautions sont donc à prendre au cours de la progression. Les règles définies dans le BSP 200.12 (« Sauvetages et mises en sécurité ») doivent être respectées.
PERSONNE RÉFUGIÉE OU BLOQUÉE
Du fait de l’aspect traumatisant de la notion de hauteur pour la personne, l’action psychologique est
déterminante.
À cet effet, le COS doit :
rassurer la personne, au besoin à l’aide du porte-voix
la calmer, si elle semble paniquée, et demander rapidement un moyen médicalisé en cas de danger avéré.
Dans certaines situations, le médecin ou le chef du GRIMP pourra faire appel à un « médecin référent
IMP », dont les spécificités GRIMP et l’expérience de ce genre d’interventions peuvent apporter une
réelle plus-value à l’action des secours. Ce dernier progressera sous la responsabilité du chef d’unité du
GRIMP, et interviendra sur ordre du COS
Pour l’approche et la mise en sécurité proprement dites, le COS décide selon les circonstances :
de la voie la plus facile et la moins risquée pour : atteindre la personne
assurer son sauvetage
des moyens à employer pour dégager la personne
Un périmètre de sécurité sera systématiquement établi à l’aplomb de la victime.
Pour atteindre la personne, il est parfois nécessaire de combiner l’utilisation des communications existantes
et celle de tout autre moyen : MEA ou échelles à coulisses, lots de sauvetage, GRIMP (cheminements et
accès difficiles, descente de la personne complexe, etc.).
CAS PARTICULIER D’UNE PERSONNE MENAÇANT DE SE JETER DANS LE VIDE
Ces interventions sont assez particulières, car les sapeurs-pompiers sont confrontés à une personne
qui chercher délibérément à nuire à sa propre vie, voire à celle des secours. Elles doivent être traitées en
prenant les plus grandes précautions.
Des mesures primordiales doivent rapidement être prises, car il est impossible d’anticiper sur les réactions
de la personne à sauver, celle-ci pouvant passer d’un mode « défensif » (simulation, appel à l’aide, etc.) à un
mode « offensif » (passage à l’acte, volonté de nuire aux secours, etc.).
Enfin, si l’action psychologique (qui va prendre avec le temps la forme d’une « négociation ») demeure ici
encore le point-clé de l’intervention, il est nécessaire de rappeler que les secours ne sont pas formés à cet
exercice particulier, et qu’il peut être donc délicat, voire dangereux de tenter seul ce genre d’opération. La
négociation est l’affaire de spécialistes.
Conduite à tenir
Avant le départ sur intervention, le COS doit s’assurer des moyens prévus et de leur correspondance
avec l’ordre de départ
À leur arrivée sur intervention, les engins doivent autant que possible se présenter dans le calme (limiter
l’usage des avertisseurs sonores). En effet, certaines personnes attendent effectivement l’arrivée des
secours pour sauter
Dès sa présentation sur intervention, le COS doit :
demander la police
demander les matelas1 de sauvetage si nécessaire
entamer rapidement le dialogue avec la personne, sans pour autant entrer dans une quelconque forme de
négociation
lorsque le dialogue semble ne pas aboutir et que l’intervention va s’inscrire dans le temps, faire intervenir
des spécialistes de la négociation (RAID en extra-muros, BRI pour Paris)
faire établir dans le même temps un périmètre de sécurité à l’aplomb de la façade ou de l’ouvrage
concerné, et le placer sous la responsabilité d’un sapeur-pompier
évaluer la situation :
analyse du risque pour la personne et pour les tiers (éventuellement inspection de l’appartement de la
personne)
demande de moyens supplémentaires :
AR si le dialogue avec la personne s’annonce difficile (soit d’emblée, soit après échec des premiers
intervenants) et/ou si la situation paraît particulièrement dangereuse pour la victime et/ou les intervenants
GRIMP pour la manoeuvre de sauvetage ou l’approche du médecin référent GRIMP
si l’intervention monte en puissance, le COS doit rapidement définir son idée de manoeuvre, afin de
parfaitement coordonner l’action des différents acteurs sur le terrain (sécurité des tiers, conservation du dialogue avec la personne, manoeuvre du GRIMP, etc.)
dans le cadre de cette montée en puissance et afin de conserver un certain recul sur son intervention, le
COS peut alors demander un second officier de garde compagnie, qui prendra le relais au niveau du dialogue avec la personne. Le médecin de l’AR, notamment s’il est qualifié « IMP », pourra également prendre ce relais, si possible en s’approchant de la personne par le biais du GRIMP.
1 Les matelas de sauvetage en service à la BSPP permettent la réception d’une seule personne à la fois sautant d’une hauteur maximale de 15 m.
FORME DE DIALOGUE POSSIBLE COS, NEGOCIATION D’UNE SPECIALISTE
Les statistiques montrent que lorsque les secours se présentent avant le saut, dans 80 % des cas ils trouveront une personne qui désire communiquer et qui le fait de façon cohérente. Plus rarement, la personne sera au contraire totalement incohérente ou inaccessible au dialogue, en raison d’une surcharge émotionnelle ou d’une pathologie psychiatrique.
Néanmoins, sans entrer dans une quelconque forme de négociation, le COS, le médecin ou un pompier désigné par le COS, par exemple en raison de ses facilités de communications doit entamer le dialogue en suivant les quelques règles présentées ici :
bien rappeler à la personne que l’on veut seulement discuter avec elle, sans chercher à se rapprocher, ni
à l’attraper et que l’on respecte son « choix »
intervenir seul, à mains nues, non casqué et si possible sur le même plan, en respectant une distance
« intime » (3 m. environ)
veiller à ce qu’il n’y ait pas d’agitation à proximité, liée par exemple à la mise en place d’équipes dans
les étages supérieurs ou au déploiement des échelles
éloigner la foule et surtout les médias, qui risqueraient par leur présence d’encourager un passage à l’acte
déculpabiliser les intervenants : lorsque toutes les dispositions sont prises en termes de sécurité, le choix
de la personne de sauter ou non n’appartient qu’à elle ; elle pourrait donc le faire malgré toutes les
tentatives avortées de dialogue
toujours prendre un suicidaire au sérieux : penser que le sujet ne cherche qu’à attirer l’attention est
une erreur. Cela peut même constituer une raison supplémentaire pour le suicidaire dans sa détermination à passer à l’acte
le degré de préparation est révélateur : les sujets les plus dangereux sont ceux qui ont planifié
précisément leur passage à l’acte. Dès lors qu’apparaissent des indices de « préparation » du suicide, il faut craindre une détermination absolue de la personne. Des « dernières volontés » exprimées par la
personne peuvent également être le signe de son passage à l’acte
prendre le temps nécessaire : le facteur « temps » est fondamental. Le processus qui conduit une personne
à vouloir se donner la mort est un mécanisme lent et progressif qui passe par des étapes : hésitation, perte
de repères, bouffée dépressive, ressenti de lâcheté, colère, dépression, peur, retrait, doute… Il ne faut
donc pas être pressé d’intervenir, même si le recours à la force semble souvent l’une des options évidentes
pour résoudre la crise
la méthodologie d’intervention : si l’action engagée par un primo intervenant semble efficace, il faut le
laisser poursuivre le dialogue. S’il semble dépassé par la situation ou montre des signes de fatigue, en
prendre le relais dès le départ. Toute attente est potentiellement préjudiciable
laisser la famille à l’écart, sans pour autant la négliger : le recours aux membres de la famille n’est pas forcément une bonne idée, car ils sont souvent « partie prenante » dans l’affaire, et malgré toute leur
bonne volonté, ils peuvent aggraver la situation au lieu de la débloquer
les actions de derniers recours : le changement d’interlocuteur peut être envisagé, car on crée ainsi une rupture, qui peut également être obtenue avec une tierce personne mise au contact
Quand rien ne marche :
tenter éventuellement une ultime stratégie, en
évoquant les conséquences de son acte, en parlant
de la réalité physique de la mort, de la possibilité de
survie avec un handicap majeur (conséquence fréquente). Lui demander ce que vont penser ses
proches en voyant ce spectacle, etc.
En cas de réussite du dialogue :
ne pas brusquer les choses et toujours agir en
respectant le rythme de l’autre, valoriser sa décision, sur un ton de sagesse et de compassion. Tendre la main pour que la personne vienne vers le sauveteur, et non l’inverse, elle sauve ainsi les apparences.
QUELQUES POINTS CLÉS A RESPECTER AU COURS DU DIALOGUE
toujours vouvoyer la personne
sourire, mais sans excès : c’est une manière pour « créer de la sympathie » et passer un message indirect
: « je suis quelqu’un de gentil »
donner son prénom et lui demander le sien
expliquer pourquoi il y a un tel déploiement de secours, et préciser que l’on a tout notre temps
apparaître calme et tenter de tenir une conversation d’allure naturelle, sans dramatiser, ni banaliser
parler avec des mots simples, et lentement
ne jamais laisser le sujet seul, même quelques secondes
écouter le sujet au maximum : l’écoute doit être sincère et il faut montrer son implication :
« J’ai choisi d’être là, sinon j’aurais laissé ma place à quelqu’un d’autre »
se contenter d’écouter en acquiesçant ou utiliser des mots de soutien. Ne pas juger, ne pas tenter de
raisonner, ne pas invalider le ressenti du sujet
informer que le désir de mourir est quelque chose de non permanent qui évolue : c’est un élan «réversible»
Parfois, la victime trouve la force de se suicider lorsque son état semble s’améliorer : son humeur devient parfois soudainement joyeuse, car elle a pris sa décision. C’est un paradoxe de comportement.
NÉGOCIATION D’UN SPÉCIALISTE
Lorsque le dialogue semble ne pas aboutir et que l’intervention va s’inscrire dans la durée, le COS après
concertation avec le médecin pourra exprimer le souhait auprès de l’autorité de police présente sur place, de recourir à un spécialiste de la négociation de la BRI-PP ou du RAID.
L’autorité de police est chargée de transmettre la demande du négociateur territorialement compétent auprès du cabinet du Préfet de Police, s’il valide la proposition.
Il confirmera au COS l’heure de transmission de la demande qui répercutera l’information dans un message de renseignement :
« Cabinet du Préfet de Police prévenu de la demande de négociateur à (groupe horaire). »
MANŒUVRE DE SAUVETAGE DU GRIMP
La manoeuvre de sauvetage du GRIMP doit rester l’ultime solution, celle qui sera appliquée lorsque la
personne est sur le point de sauter et que la négociation est inefficace.
Le GRIMP n’est donc mis en place sur ordre du COS qu’en sécurité et sa préparation doit se faire en toute
discrétion, afin de ne pas provoquer un changement de comportement de la personne (voire son saut dans le vide).
Cette manoeuvre n’est pas unique et « standardisée », car elle dépendra de la configuration des lieux et de
l’emplacement de la victime : le chef d’unité IMP devra donc étudier les différentes manoeuvres possibles et
les soumettre à l’avis du COS. Une fois la manoeuvre la plus adaptée validée par le COS, le GRIMP
procédera à sa mise en place et restera aux ordres du COS jusqu’au terme de l’intervention.
Le déclenchement de la manoeuvre de sauvetage sera donc ordonné uniquement par le COS, lorsqu’il jugera
après avoir pris les avis de chacun (médecin, négociateur), que c’est la dernière et unique solution.
Il est à rappeler que la sécurité reste l’aspect prioritaire lors de cette manoeuvre, que ce soit celle des primointervenants
ou celle des spécialistes GRIMP, qui doivent veiller à appliquer rigoureusement les méthodes
et mises en oeuvre du matériel décrites dans les textes de référence.