MÉMOIRE ET HISTOIRE Flashcards

1
Q

Clio et Mnémosyne

A

la muse Clio (l’Histoire) est fille de Zeus et de Mnémosyne (la mémoire) : Cette filiation de l’Histoire rappelle la double dette de l’Histoire vis-à-vis de la mémoire.

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2
Q

introduit le premier l’opposition entre état de nature et état de culture (dans le cadre de sa fiction décrivant la fondation de l’Etat).
L’unité historique du monde classique, garantie par le concept de nature se trouve ainsi brisée : l’Histoire est désormais conçue comme une succession de deux temps (l’état de nature auquel succède l’état de nature).

A

Hobbes
Léviathan (1649)

(Histoire et temporalité)

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3
Q

formule le premier l’idée d’un mouvement nécessairement mélioratif porté par l’Histoire. L’Histoire est ainsi dynamisée et mue par une force autonome : le Progrès.

A

Bacon,
du Progrès et de la promotion des savoirs

(Histoire et temporalité)

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4
Q

Hérodote,
Historiê, 440 av. JC

(L’histoire comme science)

A

« Ceci est l’exposé d’une enquête (historiê) d’Hérodote d’Halicarnasse pour empêcher que le passé des hommes ne s’oublie avec le temps et pour éviter que d’admirables exploits, tant du côté des Grecs que de celui des Barbares, en perdent toute célébrité, pour établir, enfin et surtout, la cause de la guerre qu’ils se sont livrée. »

Historié = enquête relative aux guerres dans lesquelles se sont engagé les grecs et les perses
→ triple démarche : (i) enquête de recherche historique puisque la démarche de l’historien consiste à démarche inductive pour établir son histoire (ii) lutter contre l’oubli en établissant une enquête destinée à un lectorat, donc par écrit, avec tout ce que cela implique = transcription = double interprétation de l’écrivain et du lecteur qui ne permet pas de parer aux effet rhétorique d’écriture (iii) l’enquête visite à établir la cause de la guerre entre les crec et les perses

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5
Q

« Il se peut que le public trouve peu de charme à ce récit dépourvu de romanesque. Je m’estimerai pourtant satisfait s’il est jugé utile par ceux qui voudront voir clair dans les événements du passé, comme dans ceux, semblables ou similaires, que la nature humaine nous réserve dans l’avenir. Plutôt qu’un morceau d’apparat composé pour l’auditoire d’un moment, c’est un capital impérissable qu’on trouvera ici. »

A

Thucydide
La Guerre du Péloponnèse

(L’histoire comme science)

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6
Q

« L’objet de l’histoire est, par nature, l’homme. Disons mieux, les hommes. Le bon historien ressemble à l’ogre de la légende. Là où il flaire la chair humaine, il sait que là est son gibier. »

A

Marc Bloch,
Apologie pour l’Histoire ou le métier d’historien (1946)

(L’histoire comme science)

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7
Q

→ penseur de l’histoire comme discipline, il a existé 3 régimes d’historicité (= moment référence)

i) histoire occidentale jusqu’au XIXe siècle : tient le passé comme étant la référence absolue
ii) révolution industrielle et nouveaux courant historique : c’est le futur qui sert de référence → on souhaite voir aboutir un homme nouveau, ce régime futuriste s’est fracassé sur les totalitarismes qui pour hartog sont l’exemple type d’une volonté de voir aboutir cet homme nouveau
iii) Depuis la bombe atomique : présentisme, car le passé n’est plus digne d’admiration ou du moins n’est plus source de fantasme, le futur est perçu comme plus vraiment désirable et la notion de progrès fait l’objet d’une méfiance croissante

A

François Hartog,
Régimes d’historicité. Présentisme et expériences du temps, 2003

(L’histoire comme science)

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8
Q

Dans son livre-maître, il propose de mener une politique de juste mémoire, qui permettent de concilier les exigences de l’oubli et du souvenir

A

Paul Ricoeur
La mémoire, l’Histoire, l’oubli

(Enjeux mémoriels, récit national)

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9
Q

exemple assez probant du conflit de mémoire que provoque l’histoire de la Guerre civile espagnole et ses conséquences → film traversé de l’enjeux que constitue l’identité des personnes tuées pendant la guerre. Il existe une politique publique espagnol qui vise, à partir d’un travail d’archive et archéologique, à restituer l’identité des personnes enterrées dans les fosses communes. Cette politique publique s’appuie sur des méthodes historiques et est financée à des degré variable en fonction de la couleur politique du gouvernement → quand l’effort financier n’est pas suffisant, les associations prennent le relai alors qu’il reviendrait à l’Etat de poursuivre ce travail

A
P. Almodovar, 
Madres paralelas (2021)

(Enjeux mémoriels, récit national)

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10
Q

Raconte histoire d’une jeune femme qui apprend secret sur l’action de ses parents sur la WWII
ce film a entrainé une petition pour dénoncer representation antisémite de l’église polonaise (Polish League Against Defamation) pour remettre en cause le parti pris du film

A

Paweł Pawlikowski,
Ida (2013)

(Enjeux mémoriels, récit national)

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11
Q

« Il dit, montrant la route, et les autres suivirent »
→ verbe célèbre qui clôt le discours d’Alcinoos, le roi des Phéaciens
→ illustre le rôle du chef classique dans les sociétés humaines

A

Livre VIII L’Odyssée

La figure du leader ou du modèle historique

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12
Q

« Mais, quant à l’exercice de l’esprit, le prince doit lire les livres d’histoire, et y considérer les actions des hommes excellents, voir comment ils se sont gouvernés dans les guerres, examiner les raisons de leurs victoires et de leurs défaites pour pouvoir fuir celles-ci et imiter celles-là ; et surtout faire ce qu’a fait dans le passé quelque homme excellent qui s’est mis à imiter quelqu’un qui, avant lui, a été loué et glorifié, et a toujours tenu à portée de main ses gestes et ses actions : ainsi dit-on qu’Alexandre le Grand imitait Achille ; César, Alexandre ; Scipion, Cyrus. »

A
N. Machiavel
Le Prince (1532)

(La figure du leader ou du modèle historique)

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13
Q

« Une certain qualité d’une personnalité individuelle, en vertu de laquelle est revêtue d’une aura extraordinaire et douée de pouvoirs surnaturels ou surhumains, ou tout au moins exceptionnels (…) ou encore, qui est considérée comme un envoyé de Dieu ou un exemple, et en conséquence de quoi cet individu est considéré comme un chef »

définit le charisme (issu du Grec charisma = don, dérivé de charis = grâce) en recourant au champ lexical religieux
la croyance des peuples en un avenir meilleur peut être incarnée dans des personnages qui se singularisent par leur qualités, ou des êtres dotés d’un fort charisme

A

Max Weber,
Economie et société

(La figure du leader ou du modèle historique)

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14
Q

Selon l’historien, cet imaginaire est structuré en 4 grands mythes (le complot, l’âge d’or, l’unité nationale, le sauveur), qui permettent de rendre aux sociétés leur cohésion dans les moments de crise, de doute et de perte de valeurs traditionnelles

l’homme providentiel renvoie surtout au mythe du sauveur → identifie une “constellation” de personnages autour de 4 types/modèles essentiels

i) Alexandre le Grand : dirigeants dont la légitimation est ancrée dans le présent immédiat, gloire étincelante puis spectaculaire effondrement (ex: Napoléon Bonaparte)
ii) Cincinnatus : héro roman semi-légendaire, vieil homme expérimenté qui après avoir rendu service à la nation s’est retiré et que l’on rappelle face à un nouveau danger (ex: Pétain ?)
iii) Solon : législateur athénien, père fondateur dont la sagesse fait la légitimité (ex : George Washington)
iv) Moïse : le prophète (ex: général de Gaulle en mai 1958)

A

R. Girardet
Mythes et mythologies politiques (1986)

(La figure du leader ou du modèle historique)

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15
Q

« on peut même considérer que l’histoire du monde au XXe siècle a été faite par une cohorte d’hommes « providentiels » issus des guerres civiles, des guerres mondiales ou des mouvements de décolonisation »

les hommes providentiels, indissociables des contextes de crise, traduisent la rencontre entre le désir collectif d’un peuple et la prophétie d’un homme
mythe universel → aussi bien dans les démocraties ( ex: Barak Obama, Abraham Lincoln, Winston Churchill) que dans les régimes autoritaires/totalitaires ( Mussolini et Hitler)

A

J. Garrigues
Les hommes providentiels, Histoire d’une fascination française

(La figure du leader ou du modèle historique)

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16
Q

s’ouvre avec l’entrée du héros à Milan « Après tant de siècles, César et Alexandre avaient un successeur » → Bonaparte, qui finit par dominer l’Europe par l’effet de sa volonté

A

Stendhal
La Chartreuse de Parme (1839)

(La figure du leader ou du modèle historique)

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17
Q

magnifie la légende impériale → Bonaparte, qui finit par dominer l’Europe par l’effet de sa volonté

A

Balzac
Le Médecin de campagne

(La figure du leader ou du modèle historique)

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18
Q

« ce qu’il y a, en moi, d’affectif, imagine naturellement la France, telle la princesse des contes ou la madone aux fresques des murs, comme vouée à une destinée éminente et exceptionnelle. J’ai d’instinct l’impression que la Providence l’a créée pour des succès achevés ou des malheurs exemplaires »

→ vision véritablement providentialiste de l’histoire nationale, que son destin était de sauver le pays

A

Charles de Gaulle,
Mémoires de guerre (1945)

(La figure du leader ou du modèle historique)

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19
Q

celle d’une Fortune à dominer par la vertu (qui n’est plus une disposition orientée vers le Bien comme chez les classiques mais la capacité à maîtriser le cours des choses).la notion de grand homme est consubstantielle à la modernité

A
Machiavel 
Le Prince (1513)

(Les lumières et la Révolution, Progrès et modernité : la figure du grand homme)

20
Q

le grand homme est souvent un bourgeois s’oppose au « grand seigneur méchant homme » dont se plaint Sganarelle

A
Molière 
Don Juan (1665)

(Les lumières et la Révolution, Progrès et modernité : la figure du grand homme)

21
Q

es grands hommes le sont non par leur naissance, mais par « leurs vertus et leurs talents »

A

Art. 15. DDHC (1789)

Les lumières et la Révolution, Progrès et modernité : la figure du grand homme

22
Q

« à la différence du roi, le grand homme n’est pas un héritier. Il est lui-même sa propre origine. En cela, la leçon des grands hommes est naturellement démocratique et on comprend que la Révolution s’en soit emparée »

A

M. Ozouf
Lieux de mémoire
(consacré au Panthéon)

(Les lumières et la Révolution, Progrès et modernité : la figure du grand homme)

23
Q

« Une si grande figure écrase nécessairement mainte fleur innocentes sur son passage »

philosophie de l’histoire ouvertement providentialiste
l’histoire est la réalisation de l’esprit ou Raison, et qui n’est autre que la liberté universelle → les grands hommes sont les instruments grâce auxquels émerge à chaque étape un ordre nouveau
les grands hommes sont donc ceux qui expriment le mieux leur temps, et lorsqu’ils pensent réaliser leur ambition personnelle, il accomplissent en réalité un dessein supérieur
la conséquence est une forme d’indulgence envers les grand hommes qui ne doivent pas être jugés selon les critères de moralité ordinaires

A

Hegel
La Raison dans l’Histoire

(Les lumières et la Révolution, Progrès et modernité : la figure du grand homme)

24
Q

« Ce processus de continuelles retouches était appliqué, non seulement aux journaux, mais aux livres, périodiques, pamphlets, affiches, prospectus, films, enregistrements sonores, caricatures, photographies. Il était appliqué à tous les genres imaginables de littérature ou de documentation qui pouvaient comporter quelque signification politique ou idéologique. Jour par jour, et presque minute par minute, le passé était mis à jour. On pouvait ainsi prouver, avec documents à l’appui, que les prédictions faites par le Parti s’étaient trouvées vérifiées. Aucune opinion, aucune information ne restait consignée, qui aurait pu se trouver en conflit avec les besoins du moment. L’Histoire tout entière était un palimpseste gratté et réécrit aussi souvent que c’était nécessaire. Le changement effectué, il n’aurait été possible en aucun cas de prouver qu’il y avait eu falsification. »

A

G. Orwell,
1984, (1949)

(Totalitarismes et l’homme nouveau)

25
Q

plus seulement Napoléon mais la liberté révolutionnaire exportée dans toute l’Europe

A

David

Napoléon franchissant les Alpes

26
Q

plus seulement Marat mais la liberté de pensée assassinée

A

David
Marat assassiné

(Désenchantement démocratiques et grands hommes)

27
Q

« le lieu vide du pouvoir » (vs Ernst Kantorowicz « double corps du roi » → substance éternelle)
En démocratie l’autorité, fondamentale n’appartient à personne tandis que dans les régimes autoritaire voire totalitaires, l’Etat le pouvoir et le peuple ne font qu’un
le dirigeant incarne le pouvoir il est l’autorité et à ce titre, le seul en mesure de déterminer le cour des choses

A

Claude Lefort
L’Invention démocratique (1981)

(Désenchantement démocratiques et grands hommes)

28
Q

« la volonté générale a besoin d’être incarnée. Le peuple a besoin de toucher du doigt sa propre souveraineté »
l’appel à un dirigeant exceptionnel répondrait à la nostalgie des peuples pour un pouvoir à la fois incarné dans un homme indissociable du corps social et fondé sur un savoir transcendant

A

Jacques Julliard
Que sont les grands hommes devenus ? (2004)

(Désenchantement démocratiques et grands hommes)

29
Q

« désenchantement » idéologique et intellectuel à l’égard de la figure « magique » du « chef charismatique » auquel s’identifie le grand homme.

A

Max Weber
Le savant et le politique (1919)

(Désenchantement démocratiques et grands hommes)

30
Q

« société du risque » : constitue une sorte d’aveu d’impuissance de l’homme politique à tout maîtriser : la place du grand homme paraît ténue dans cette approche.

A

Ulrich Beck
La société du risque

(Désenchantement démocratiques et grands hommes)

31
Q

La Victoire de la Foi (Sieg des Glaubens, 1933)
Le Triomphe de la volonté (Triumph des Willens, 1934) → constitue l’un des plus grands documentaires de propagande jamais réalisés

A

Helene Riefenstahl, dite Leni Riefenstahl cinéaste phare de la propagande du Troisième Reich

(Culte de la personnalité et la propagande)

32
Q

dénoncent les « métèques » et prend pour cible privilégiée Pierre Mendes France « qui n’a pas une goutte de sang gaulois dans les veines »

A

Pierre poujade

Culte de la personnalité et la propagande

33
Q

je n’ai pas l’intention, à 67 ans, de « commencer une carrière de dictateur »

A

Charles de Gaulle,
conférence de presse du 19 mai (1958)
( vs Pétain qui n’a eu de cesse de se maintenir au pouvoir au prix de nombreuses compromissions avec l’occupant )

(Culte de la personnalité et la propagande)

34
Q

« C’est la reddition des comptes qui, depuis l’origine, constitue l’élément fondamental du lien représentatif. Aujourd’hui comme hier, la représentation comporte ce moment souverain où le peuple rend son verdict sur les actions passées des gouvernants. »

→ rappelle que la démocratie représentative vaut avant tout parce qu’elle offre la possibilité aux citoyens de de demander des comptes aux représentants à la fin de leur mandat et de les congédier si leur action au pouvoir n’est pas jugée satisfaisante
→ corollaire : les citoyens doivent exercer leur devoirs de citoyens et notamment celui de voter

A

Bernard Manin,
Principes du gouvernement représentatif (1995)

(Contre pouvoirs)

35
Q

« les esclaves volontaires font plus de tyrans que les tyrans ne font d’esclaves forcés »

A

Charles Pinot Duclos
Historiographe de Louis XV

(Contre pouvoirs)

36
Q

« charisme de la fonction »

A

Max Weber → désigne l’aura qui entoure tout responsable d’un grade un peu élevé, quels que soient ses mérites authentiques

(Contre pouvoirs)

37
Q

“tout peuple qui s’endort en liberté se réveillera en servitude (…) Le tyran peut être élu au suffrage universel et n’être pas moins tyran pour cela. Ce qui importe, n’est pas l’origine des pouvoirs, c’est le contrôle continue et efficace que les gouvernés exercent sur les gouvernants”

Particulièrement marqué par la Première Guerre mondiale :
→ Mise en garde contre les dangers de la fascination charismatique et appelle en permanence à la raison critique des citoyens
→ Souhaite combiner “ résistance et obéissance” qui sont les “deux vertues du citoyen”
→ “Par l’obéissance il assure l’ordre ; par la résistance il assure la liberté “
→ L’enjeu est “d’obéir en résistant” car “l’ordre n’est jamais respectable ; il nous rappelle seulement l’urgence des besoins inférieurs “ → il faut donc accepter l’ordre nécessaire sans l’adorer

A

Alain,
Propos sur le Pouvoir

(Contre pouvoirs)

38
Q

« lorsque, dans le silence de l’abjection, l’on n’entend plus retentir que la chaîne de l’esclave et la voix du délateur, lorsque tout tremble devant le tyran et qu’il est aussi dangereux d’encourir sa faveur que de mériter sa disgrâce, l’historien paraît, chargé de la vengeance des peuples. »

A

François-René de Chateaubriand,
Mercure, (1807)

(Enjeux mémoriels)

39
Q

« La France est-elle pour autant complice du génocide des Tutsi ? Si l’on entend par là une volonté de s’associer à l’entreprise génocidaire, rien dans les archives consultées ne vient le démontrer. La France s’est néanmoins longuement investie au côté d’un régime qui encourageait des massacres racistes. Elle est demeurée aveugle face à la préparation d’un génocide par les éléments les plus radicaux de ce régime. Elle a adopté un schéma binaire opposant d’une part l’ami hutu incarné par le président Habyarimana, et de l’autre l’ennemi qualifié d’« ougando-tutsi » pour désigner le FPR. Au moment du génocide, elle a tardé à rompre avec le gouvernement intérimaire qui le réalisait et a continué à placer la menace du FPR au sommet de ses préoccupations. Elle a réagi tardivement avec l’opération Turquoise qui a permis de sauver de nombreuses vies, mais non celles de la très grande majorité des Tutsi du Rwanda exterminés dès les premières semaines du génocide. La recherche établit donc un ensemble de responsabilités, lourdes et accablantes. »

A

Vincent Duclert,
« La France, le Rwanda et le génocide des Tutsi (1990-1994) », rapport remis au Président de la République le 26 mars 2021

(Enjeux mémoriels)

40
Q

« Celles et ceux qui détiennent entre leurs mains l’avenir de l’Algérie et de la France n’ont aucune responsabilité dans les affrontements d’hier et ne peuvent en porter le poids. Le devoir de notre génération est de faire en sorte qu’ils n’en portent pas les stigmates pour écrire à leur tour leur histoire. »

Au lendemain de l’assassinat de Samuel Paty : « la liberté d’esprit et le travail historique sont des contre-feux nécessaires aux incendies de mémoires enflammées »

A

Benjamin Stora,
« Les questions mémorielles portant sur la colonisation et la guerre d’Algérie », rapport remis au Président de la République en janvier 2021

(Enjeux mémoriels)

41
Q

« L’histoire sait aussi que sans elle les enfants flottent à la surface d’un monde qu’ils ne comprennent pas, et que les citoyens sont abusés par le bombardement des nouvelles qui les assaillent, incapables de fonder leur jugement présent sur la mise en perspective du temps qui passe. Il lui revient de s’affirmer comme la première servante de la lucidité – et par conséquent de la démocratie. »

A

Jean-Noël Jeanneney,
A quoi sert l’Histoire aujourd’hui ? (2010)

(Enjeux mémoriels)

42
Q

Les biale plamy

A

Au moment de la pologne des années 70-80 un certain nb d’historiens polonais ont lutté contre les tâches blanches de leur histoire supprimées/réécrites par l’Etat, Dans ce contexte, des Universités volantes (semi-clandestines) organisées dans les années 1970-1980 se sont organiséespour enseigner hors censure l’histoire polonaise ou mondiale et, notamment, pour combler les « pages blanches » des manuels officiels (Mouvement similaire en espagne pour des films caviardés sous le régime de franco ; ex: Casablanca, la vie est belle …)

43
Q

« Vivre avec Faurisson ? Toute autre attitude supposerait que nous imposions la vérité historique comme la vérité légale, ce qui est une attitude dangereuse et susceptible d’autres champs d’application. Chacun peut rêver d’une société où les Faurisson seraient impensables, et même essayer de travailler à sa réalisation, mais ils existent comme le mal existe, autour de nous, et en nous. Soyons encore heureux si, dans cette grisaille qui est la nôtre, nous pouvons engranger quelques parcelles de vérité, éprouver quelques fragments de satisfaction. » → Pour Vidal-Naquet, il ne s’agit pas nécessairement de procéder par des lois mémorielles pour lutter contre le négationnisme. son but est plutôt de regarder/distinguer ce qui relève de la démarche historienne du “détournement de la méthode critique

A

Pierre Vidal-Naquet,
« Un Eichmann de papier » (1980)

(Enjeux mémoriels)

44
Q

« Ai-je le droit, historien que j’étais, de reprendre aujourd’hui ma besogne d’historien ? Faire de l’histoire. Enseigner de l’histoire. Remuer des cendres les unes toutes froides déjà, les autres encore tièdes, les plus récentes presque chaudes ? mais cendres toutes, résidu inerte d’existences consumées. D’autres tâches, plus pressantes, plus actuelles, plus utiles pour prononcer le grand mot ne sollicitent-elles pas notre activité? Eh bien non. S’il fallait acheter à ce prix le droit moral de faire de l’histoire, je le dis bien haut : j’y renoncerais. Et le non que je viens de prononcer, je veux le prononcer d’autant plus fort, je veux le répéter d’autant plus haut que je parle ici, précisément, dans cette salle, dans ce bâtiment élevé pour la justification d’une politique, pour la glorification d’une dynastie et d’un État. L’histoire qui sert, c’est une histoire serve.
Professeurs de l’Université française de Strasbourg, nous ne sommes point les missionnaires débottés d’un Évangile national officiel, si beau, grand, si bien intentionné qu’il puisse paraître. Nous n’apportons à Strasbourg, dans les plis de nos robes doctorales, ni provisions d’antidotes savamment combinés pour détruire les derniers effets de la pharmacopée historico-providentielle de nos prédécesseurs, ni contre-épreuve ingénieusement maquillée et travestie à la française de cette vérité casquée et cuirassée, aux faux airs de Bellone ou de Germania, seule et véritable déesse de ce qui était hier un temple officiel, de ce qui est aujourd’hui un centre libre de recherches. »

A

L. Febvre,
« L’histoire dans le monde en ruines », (1920)

(L’histoire comme science)

45
Q

« l’Érudition pour l’Érudition, jamais. L’Histoire au service des partis et des opinions partisanes, jamais. Mais l’Histoire posant des problèmes au passé, en fonction des besoins présents de l’Humanité : cela, oui. Voilà notre doctrine. Voilà notre Histoire »

A

L. Febvre,
« Face au vent. Manifeste des Annales nouvelles » Annales, ESC, (1946)

(L’histoire comme science)

46
Q

« l’explication n’est pas autre chose que le récit des antécédents du fait ou de la classe de faits considérés »

A

Paul Veyne,
Comment on écrit l’histoire, (1971)

(L’histoire comme science)

47
Q

« pourchasser le faux plus qu’à construire le vrai »

A

Michel de Certeau,
« L’histoire, science et fiction », Le genre humain, (1983)

(L’histoire comme science)