FRONTIÈRES ET MONDIALISATION Flashcards

1
Q

La frontière est la marque par excellence de la puissance de l’État : elle délimite ainsi l’existence de la souveraineté.

A

Daniel Nordman,
Frontières de France. De l’espace au territoire XVIe - XIXe siècle (1998)

(Frontière)

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2
Q

Ont souligné le rôle-clef joué par les frontières dans la vie de la cité.

A

Dino Buzzati, dans le Désert des tartares ou Julien Gracq, dans le Rivage des Syrtes

(Frontière)

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3
Q

Samuel Huntington

Le choc des civilisations, 1993

A

après l’affrontement entre deux blocs est/ ouest pour des raisons idéologiques, entre 1945 et 1989, le monde de l’après guerre froide serait devenu multi civilisationnel, 7 civilisations pouvant être identifiées : les civilisations occidentale, chinoise, japonaise, musulmane, hindoue, slavo-orthodoxe, latino-américaine et africaines.
Dans la mesure où ces blocs seraient incompatibles, la multiplication des conflits apparaît inévitable.

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4
Q

« le choc des civilisations, ce serait : les démocraties occidentales d’un côté, l’Islam de l’autre. Deux mondes, figés dans leurs différences historiques, culturelles, religieuses, et de ce fait voués au conflit. Face à la menace, plus de place pour le dialogue ou pour le mélange. Et pas d’autre alternative que la “fermeté”. Voir la guerre. Par tous les moyens. Peut-on vraiment s’assurer, lorsque l’on raisonne ainsi, que la barbarie et la civilisation continueront de se trouver du côté que l’on croit ? S’il est impératif de défendre la démocratie, il est aussi crucial de ne pas se laisser dominer par la peur et entraîner dans des réactions abusives. Car l’Histoire nous l’enseigne : le remède peut être pire que le mal […] Quand l’inhumanité de l’un est supprimée au prix de la déshumanisation de l’autre, le jeu n’en vaut plus la chandelle. Si pour vaincre l’ennemi on imite ses actes les plus hideux, c’est encore la barbarie qui gagne. »

A

Tzvetan Todorov,
La peur des barbares. Au-delà du choc des civilisations, (2008)

(Dialectique du barbare/sauvage)

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5
Q

Comme le souligne le philosophe français, barbare est d’abord une onomatopée : « brr… brr… ».
Apparue dans le chant II de l’Iliade d’Homère (VIIIe s. avant J.C.), elle désigne le parler des Cariens, peuple asiatique allié aux Troyens contre les armées grecques, pour imiter une voix gutturale, rocailleuse, déformant la langue. Cette mauvaise maîtrise de la langue induit pour les Grecs une double infériorité : en effet, pour les Grecs, la parole et la raison sont intimement liées dans la notion de logos (la parole rationnelle)
à côté du sens péjoratif (rudes, frustes, grossiers) coexiste un sens neutre, à savoir : tous ceux qui ne sont pas grecs

A

Roger-Pol Droit,
Généalogie des barbares (2007),

(Dialectique du barbare/sauvage)

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6
Q

humanitas

A

Cicéron (-106 - -43 avant J.C.) et d’autres penseurs romains élaborent l’idée de l’humanitas, i.e. la solidarité naturelle des humains envers les autres. Pour ces penseurs, il convient de garantir et de renforcer cette solidarité par un ordre moral et politique approprié, ce qui est la tâche de Rome → Dans cette perspective, la barbarie apparaît comme l’envers de l’humanitas : elle s’assimile à la feritas (de ferus, sauvage), une bestialité destructrice de toute société aussi bien que de tout individu.

(Dialectique du barbare/sauvage)

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7
Q

« chacun appelle barbare ce qui n’est pas de son usage »

A

Montaigne,
Essais, 1595

(Dialectique du barbare/sauvage)

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8
Q

Mythe du bon sauvage

A

Rousseau, dans du Contrat social, oppose, à rebours de tous les autres philosophes modernes qui assimilaient le Progrès à la civilisation, les civilisés aux bons sauvages préservés de la civilisation corrompue

(Dialectique du barbare/sauvage)

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9
Q

« Je suis l’Empire à la fin de la décadence, Qui regarde passer les grands Barbares blancs En composant des acrostiches indolents D’un style d’or où la langueur du soleil danse. »

→ le barbare est souvent apparu comme l’expression de la crainte récurrente des civilisations de leur propre décadence

A

Paul Verlaine,
Langueurs, 1884

(Dialectique du barbare/sauvage)

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10
Q

« Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles… »

Cette crainte de la décadence de la civilisation par la barbarie prend un accent tout particulier avec la crise du Progrès et de la rationalité scientifique après la Grande guerre → constat de la mortalité de la civilisation moderne.

A

Paul Valéry,
La crise de l’esprit, 1919

(Dialectique du barbare/sauvage)

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11
Q

« L’attitude la plus ancienne, et qui repose sans doute sur des fondements psychologiques solides puisqu’elle tend à réapparaître chez chacun de nous quand nous sommes placés dans une situation inattendue, consiste à répudier purement et simplement les formes culturelles: morales, religieuses, sociales, esthétiques, qui sont les plus éloignées de celles auxquelles nous nous identifions. […] Cette attitude de pensée, au nom de laquelle on rejette les “sauvages” (ou tous ceux qu’on choisit de considérer comme tels) hors de l’humanité, est justement l’attitude la plus marquante et la plus instinctive de ces sauvages mêmes. » la croyance en la barbarie revient à exclure de l’humanité les présumés barbares et induit en définitive des pratiques barbares. Comme le résume l’auteur de Tristes topiques : « le barbare, c’est d’abord celui qui croit à la barbarie. »

A

Claude Lévi-Strauss,
Race et histoire, 1968

(Dialectique du barbare/sauvage)

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12
Q

La figure du « barbare du dedans » a souvent servi à disqualifier la révolte de tous ceux qui remettent en cause l’ordre établi. Ainsi le fondateur de l’Action française, voyait dans la populace le parti de l’étranger : « Le barbare d’en bas, le barbare de l’Est, notre démos flanqué de ses deux amis, le juif et l’Allemand ».

A

Charles Maurras

Dialectique du barbare/sauvage

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13
Q

Au livre VI de La République, il dresse un portrait sans complaisance des assemblées de son temps « Quelle éducation particulière résisterait sans être emportée dans ce cataclysme de blâmes et de louanges, dérivant au gré du courant qui l’entraîne ? »
Au livre VIII de La République, il évoque le cycle des régimes politiques, où la démocratie précède immédiatement la tyrannie, qui constitue son issue naturelle ; pour lui, elle est le pire des régimes, à l’exception du gouvernement des despotes

A

la démocratie athénienne fait l’objet de violentes critiques par Thucydide, Aristophane et Platon qui soulignent l’incompétence et la versatilité du peuple
Platon

(Le peuple)

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14
Q

Marqué par le souvenir de la Commune (destructions importantes dans Paris) et des journées de juin 1948 (quasi guerre civile) décrit les foules déchaînées des journées d’octobre 1789 ou du 10 août 1792.

Il y distingue deux catégories d’acteurs Révolutionnaires :
i) criminels professionnels qui s’épanouissent lors des émeutes ;
ii) le peuple des suiveurs qui agit mal parce que la nature humaine est mauvaise et que le relâchement des interdits sociaux suscite fatalement la barbarie
il dépeint la foule comme un monstre indomptable « un gorille féroce et lubrique » qui une fois réveillé, échappe à ceux qui voulaient l’instrumentaliser

A

Hippolyte Taine,
Les Origines de la France contemporaine (1875)

(Le peuple)

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15
Q

Se veut un manuel de gouvernement à l’usage des élites, constate que la société entre dans « l’ère des foules », notamment à cause du suffrage universel → les dirigeants ne peuvent plus l’ignorer.
« La connaissance de la psychologie des foules constitue la ressource de l’homme d’Etat, qui veut, non pas les gouverner, mais tout au moins ne pas être gouverné par elles »
il s’efforce de comprendre « l’âme des foules » qu’il décrit comme mobiles, impulsive, irritables et crédules « La foule est conduite presque exclusivement par l’inconscient »
Pour dominer les pulsions de la foule, l’homme d’Etat doit suggérer à son peuple des croyances de type religieux. La psychologie des foules inspire au XXe siècle de nombreux dirigeants politiques, notamment dans les régimes totalitaires ou autoritaires (Hitler et Mussolini +++)

A

Gustave Le Bon,
Psychologie des foules (1895)

(Le peuple)

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16
Q

La civilisation occidentale risque de périr sous la poussée d’une « invasion verticale » commise par « les barbares des temps modernes » qui à la différence de leur prédécesseurs de l’Antiquité, sont venus non pas de l’extérieur, mais de l’intérieur de la société
Il dénonce les masses incultes qui jouissent de tous les apports de la science et de la technique sans en maîtriser les principes, sans ressentir la nécessité d’apprendre, de connaître, de comprendre , de se cultiver.
Il craint que « ces brutes amorales » ne se retournent un jour contre la civilisation qui les a créées, et qu’elles finissent par détruire jusqu’au progrès technique qu’ont permis les esprits éclairés

A

Ortega y Gasset,
La Révolte des masses (1929)

(Le peuple)

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17
Q

Le populisme, en 1931, désigne la doctrine selon laquelle seul le peuple va d’instinct vers le vrai quand il n’écoute que lui-même, la souveraineté lui revient alors qu’elle est détournée, captée par les élites imbues de leurs prérogatives injustifiées ou des étrangers. Les élites et les étrangers sont en effet les pires adversaires des populistes.

A

Léon Lemonnier,

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18
Q

« le populisme est compatible avec à peu près toutes les idéologies, il fonctionne sur l’alternance du blâme et de l’éloge et puise aux sources mêmes de la rhétorique; il s’inscrit dans un refus systématique de la médiation; est anti parlementariste, rêve d’immédiateté et de transparence; exalte l’innée et le savoir spontané ; il est globalement anti intellectualiste »

A

Eric Cobast,

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19
Q

Définit la « démocratie illibérale » comme « une démocratie sans libéralisme constitutionnel qui produit des régimes centralisés, l’érosion de la liberté, des compétitions ethniques, des conflits et la guerre ».

A

Fareed Zakaria

« The Rise of Illiberal Democracy » (1997), Foreign Affairs

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20
Q

En écho avec Alexis de Tocqueville, soutient que la liberté précède historiquement la démocratie : en conséquence, les pays qui recourent à des élections sans une libéralisation économique, un gouvernement par la loi (rule of law) (en France on traduit parfois par État de droit mais les fondements théoriques sont différents) deviennent des démocraties non libérales (illiberal democracies). Pour lui, ces sortes de démocraties dénuées de constitution libérale « produisent des régimes centralisés, l’érosion de la liberté, la compétition ethnique, le conflit et la guerre ». En conséquence, il est en désaccord avec la décision de l’administration Bush de pousser à des élections au Moyen-Orient sans se soucier de promouvoir la liberté et de construire des institutions légales et gouvernementales solides.« des régimes démocratiquement élus, qui ont souvent été réélus ou réaffirmés à travers des référendums, ignorent de façon routinière les limites constitutionnelles de leur pouvoir et privent leurs citoyens des droits et libertés fondamentales ».

A

Fareed Zakaria,

The Future of Freedom

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21
Q

A développé le concept de “France métropolitaine” et de “France périphérique”.

L’opposition traditionnelle entre les “banlieues sensibles” et les centres-ville prospères cache les véritables fractures qui traversent le territoire : les banlieue profitent tout de même, dans une certaine mesure, du dynamisme des grandes villes, voire de certaines formes de discrimination positive, à la différence d’autre territoires qui sont à la fois pauvres et invisibles aux yeux des médias

La “France métropolitaine” qui concentre environ 40% de la population produit ⅔ du PIB et profite pleinement du libre échange, de la mondialisation et de l’immigration ; elle forge l’essentiel des représentations sociales

La “France périphérique” abrite les perdants du nouvel ordre économique; elle est périurbaine, mais aussi rurale ou formée de petites villes en déclin à cause de la désindustrialisation et du recul des services publics ; elle regroupe 60% de la population et se caractérise par la surreprésentation des catégories populaires, notamment les ouvriers et employés, ainsi que sa faible mobilité sociale et géographique et son hostilité à l’immigration

A

Christophe Guilluy
Dans ses ouvrages Fracture française, (2010) et Le Crépuscule de la France d’en haut, (2016), et No Society, La fin de la classe moyenne (2018)

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22
Q

Oppose :
- les “gens de n’importe où” (anywhere) : individus diplômés et mobiles, favorables à la mondialisation dont ils tirent profit
- les gens de “quelques part” (Somewhere) : moins fortunés, qui restent ancrés dans le cadre national et tentent de résister à la disparition de leur mode de vie
l’immigration est la principale discordance entre ces deux groupes

→ pour l’auteur, les anywhere ont trop dominé les politiques publiques des dernières décennies en confondant leurs intérêts particuliers avec l’intérêt général et en imposant un libéralisme à la fois économique et sociétal qui s’est révélé particulièrement déstabilisant pour les Somewhere. ils ont également surestimé le degré d’ouverture des sociétés développées : “malgré le développement récent de la mobilité géographique, quelques 60% des Britanniques vivent encore dans un rayon de 32 km autour du domicile qu’ils occupaient à l’âge de 14 ans”

A

David Goodhart,

The road to Somewhere : The Populist Revolt and the Future of Politics

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23
Q

Le danger pour la démocratie vient non pas des masses mais de ceux qui tiennent le pouvoir. Il accuse les élites au USA d’avoir trahis non seulement la démocratie, mais même la société dans son ensemble, en organisant un séparatisme fiscal qui prive l’Etat de ses moyens d’agir, en livrant les masses à une sous-culture particulièrement avilissante, et en adoptant pour elles-mêmes des comportements contraires à la morale traditionnelle et qui sapent la confiance dans le vivre ensemble

A

Christopher Lasch,

La révolte des élites, la Trahison de la démocratie (1994)

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24
Q

Distingue 3 types de dominations
domination traditionnelle : repose sur la croyance du peuple en la sainteté des traditions et en la légitimité de ceux qui sont appelés à gouverner
la domination charismatique qui repose sur la soumission du peuple au caractère exceptionnel à la vertue héroïque ou à la valeur exemplaire du dirigeant.
obéissance en la personne du chef et non aux règles
conditions particulières de l’accès au pouvoir
subjectivité des critères de sélection du personnel administratif
instabilité : le chef devant sans cesse renouveler l’adhésion du peuple à sa personne
la domination rationnelle-légale : repose sur la croyance en la légalité des règlements adoptés → correspond peu ou prou aux démocratie parlementaires → bien plus solide que les pouvoirs charismatiques même si moins séduisant

A

Max Weber,

Economie et société (1921)

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25
Q

“c’est l’appel sentimental et direct à une entité imprécise qui n’existe pas, mais qu’on appelle le “peuple” “.

A

Umberto Eco,

Le populisme

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26
Q

Démocratie représentative grecque

A

Au Ve siècle av. J.C. l’Ecclésia (=assemblée qui rassemble les citoyens) est l’institution essentielle de la cité, le régime repose alors sur 3 principes :
isonomie : tous les citoyens sont égaux devant la loi
iségorie : tout citoyen a le droit de prendre la parole à l’assemblée et d’y proposer une motion
la stochocratie: tirage au sort des magistrats (notamment ceux qui siègent à la Boulè ou au tribunal de l’Héliée) quelques esclaves publics lettrés assistent les citoyens (rédaction et archivage des décrets) → les technocrate de l’époque, cet aspect est souligné par Paul Ismard dans son ouvrage La démocratie contre les experts. Les esclaves publics en grèce ancienne (2015)

(Démocratie, représentativité)

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27
Q

Misthophorie

A

en 451 av. J.C., Périclès crée la Misthophorie : une indemnité de deux oboles par jour versée à tous les citoyens qui siègent dans les institutions publiques pour compenser la perte de leur journée de travail → les plus pauvres peuvent ainsi participer pleinement à la vie publique/politique

(Démocratie, représentativité)

28
Q

« Si (…) nous sommes tous égaux devant la loi, c’est en fonction du rang que chacun occupe dans l’estime publique que nous choisissons les magistrats de la cité, les citoyens étant désignés selon leur mérite plutôt qu’à tour de rôle »

A

Périclès,
Oraison funèbre

(Démocratie, représentativité)

29
Q

« Le suffrage par le sort est de la nature de la démocratie. Le suffrage de choix est celle de l’aristocratie »

A

Montesquieu,
L’Esprit des lois

(Démocratie, représentativité)

30
Q

“l’intérêt commun, l’amélioration de l’état social lui-même nous crient de faire du gouvernement une profession particulière”

A

Sieyès,
Observations sur le rapport du comité de constitution concernant la nouvelle organisation de la France (1789)

(Démocratie, représentativité)

31
Q

la représentation s’apparente à une trahison des voeux populaires, et la démocratie est par nature fragile :

“La souveraineté ne peut être représentée (…) Les députés du peuple ne sont donc ni ne peuvent être des représentants, ils ne sont que ses commissaires ; ils ne peuvent rien conclure définitivement. Toute loi que le peuple en personne n’a pas ratifié est nulle ; ce n’est point une loi”
“Il n’y a pas de gouvernement si sujet aux guerres civiles et aux agitations intestines que le démocratique ou populaire, parce qu’il n’y en a aucun qui tende si fortement et si continuellement à changer de forme, ni qui ne demande plus de vigilance et de courage pour être maintenu dans la sienne”
“s’il y avait un peuple de dieux, il se gouvernerait démocratiquement. Un gouvernement si parfait ne convient pas à des hommes”

→ la démocratie est un idéal inatteignable

A

Rousseau,
Le Contrat social (1762)

(Démocratie, représentativité)

32
Q

“il y a moins de différences entre deux députés dont l’un est révolutionnaires et l’autre ne l’est pas, qu’entre deux révolutionnaires dont l’un est député et l’autre ne l’est pas”

A

Robert Jouvenel,
La République des camarades (1914)

(Démocratie, représentativité)

33
Q

Dans toute société, une classe dirigeante restreinte accapare l’ensemble des fonctions politiques pour monopoliser le pouvoir.

Pour P., l’élite se définit par la supériorité de ses compétences dans le domaine de l’organisation, domine nécessairement le plus grand nombre ; même les régimes démocratiques les mieux intentionnés n’échappent pas à cette fatalité historique

A

Pareto, Gaetano Mosca et Robert Michels affirment l’existence d’une “loi d’airain de l’oligarchie”

(Démocratie, représentativité)

34
Q

soutient que la signification de nos démocraties réside dans la perpétuation secrète du suffrage censitaire car la capacité de manipuler la symbolique politique est inégalement répartie dans la société et ceux qui en bénéficient le plus sont aussi ceux qui détiennent par ailleurs les autres pouvoirs socio-culturels
→ la structure même du champ politique pertpetuerait un cens, d’autant plus efficace qu’il est caché. Ce système conforterait le monopole des professionnels de la politique, favoriserait les partis représentatifs des classes supérieures et contribuerait en fin de compte à reproduire les clivages essentiels d’une société inégalitaire.

A

Daniel Gaxie,
Le Cens caché, Inégalités culturelles et ségrégation politiques (1978)

(Démocratie, représentativité)

35
Q

ambivalence de la notion d’étranger

A

L’étranger peut-être l’hôte, hospes hospiti sacer « l’hôte est sacré pour qui l’accueille » ou l’ennemi Hospes, hostis « tout étranger est un ennemi »

36
Q

« Il faut opter entre faire un homme et faire un citoyen, car on ne peut faire à la fois l’un et l’autre. […] Tout patriote est dur aux étrangers ; ils ne sont qu’hommes, ils ne sont rien à ses yeux ».

A

Rousseau,
Emile

(Xénophobie)

37
Q

« Les citoyens sont égaux en droit, pas les hommes ».

A

Jean-Marie Le Pen,
Les Français d’abord, 1984

(Xénophobie)

38
Q

« Comme toujours quand il s’agit de l’abaissement de la France, le parti de l’étranger est à l’œuvre avec sa voix paisible et rassurante. Français, ne l’écoutez pas. C’est l’engourdissement qui précède la paix de la mort. »

A

Jacques Chirac,
Appel de Cochin, 6 décembre 1978

(Xénophobie)

39
Q

les antisémites sont « des braves gens qui s’aiment de détester ensemble ».

A

Albert Cohen,
Belle du Seigneur

(Xénophobie)

40
Q

« Ce n’est pas le caractère juif qui provoque l’antisémitisme mais, au contraire, c’est l’antisémite qui crée le Juif. […] Il devient évident pour nous qu’aucun facteur externe ne peut introduire dans l’antisémite son antisémitisme. L’antisémitisme est un choix libre et total de soi-même, une attitude globale que l’on adopte non seulement vis-à-vis des Juifs, mais vis-à-vis des hommes en général, de l’histoire et de la société; c’est à la fois une passion et une conception du monde. » [L’antisémite] « est un homme qui a peur. Non des Juifs, certes : de lui-même, de sa conscience, de sa liberté, de ses instincts, de ses responsabilités, de la solitude, du changement, de la société et du monde ; de tout sauf des Juifs. […] L’antisémitisme, en un mot, c’est la peur devant la condition humaine. L’antisémite est l’homme qui veut être roc impitoyable, torrent furieux, foudre dévastatrice : tout sauf un homme. »

A

Sartre,
Réflexions sur la question juive, 1946

(Xénophobie)

41
Q

« J’avais depuis longtemps découvert l’hostilité souterraine des ouvriers entre eux. Les Français n’aimaient guère les Algériens, ni les étrangers en général. Ils les accusaient de leur voler leur travail et de ne pas savoir le faire. »

A

Claire Etcherelli,
Elise ou la vraie vie, 1967

(Xénophobie)

42
Q

après l’affrontement entre deux blocs est/ ouest pour des raisons idéologiques, entre 1945 et 1989, le monde de l’après guerre froide serait devenu multi civilisationnel, 7 civilisations pouvant être identifiées : les civilisations occidentale, chinoise, japonaise, musulmane, hindoue, slavo-orthodoxe, latino-américaine et africaines. Dans la mesure où ces blocs seraient incompatibles, la multiplication des conflits apparaît inévitable. Cette thèse n’est toutefois pas avérée : la cartographie des conflits ne reflète pas celle des civilisations identifiées par S. Huntington.

A

Samuel Huntington
Le choc des civilisations, 1993

(Xénophobie)

43
Q

montre que la nature mimétique du désir humain – naturel à tout homme – conduit à une rivalité mimétique, violente et destructrice, qui trouve sa résolution dans le bouc émissaire : en concentrant la violence de la communauté, le bouc émissaire lui permet en quelque sorte de décharger de son agressivité.

A

René Girard

Xénophobie

44
Q

« Pauvre banlieue parisienne, paillasson devant la ville où chacun s’essuie les pieds, crache un bon coup, passe, qui songe à elle ? (…) Banlieue de hargne, toujours vaguement mijotante d’une espèce de révolution que personne ne pousse ni ne s’achève, malade à mourir toujours et ne mourant jamais »

A

Céline,
Voyage au bout de la nuit

(Ségrégation sociale)

45
Q

la société française est traversée de multiples séparatismes
→ la ségragation spatiale et résidentielle y serait aussi forte qu’au états unis. Les causes de se séparatisme seraient notamment à rechercher dans les effets non désirés de la carte scolaire

A

Eric Maurin,
Le Ghetto français, enquête sur le séparatisme social, (2004)

(Ségrégation sociale)

46
Q

« le fardeau de l’homme blanc » censé résulté de sa mission civilisatrice.

A

Ruydard Kipling,
Livre de la jungle

(Colonisation)

47
Q

« Les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures. Je dis qu’il y a pour elles un droit parce qu’il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures ».

A

Jules Ferry
Discours à la chambre des députés (1885) , à l’occasion du débat sur la conquête de l’Indochine en 1882

(Colonisation)

48
Q

« Entre colonisateur et colonisé, il n’y a de place que pour la corvée, l’intimidation, la pression, la police, le vol, le viol, les cultures obligatoires, le mépris, la méfiance, la morgue, la suffisance, la muflerie, des élites décérébrées, des masses avilies. Aucun contact humain, mais des rapports de domination et de soumission qui transforment l’homme colonisateur en pion, en adjudant, en garde-chiourme, en chicote et l’homme indigène en instrument de production. […] Il faudrait d’abord étudier comment la colonisation travaille à déciviliser le colonisateur, à l’abrutir au sens propre du mot, à le dégrader, à le réveiller aux instincts enfouis, à la convoitise, à la violence, à la haine raciale, au relativisme moral, et montrer que, chaque fois qu’il y a au Viêt-Nam une tête coupée et un oeil crevé et qu’en France on accepte, une fillette violée et qu’en France on accepte, un Malgache supplicié et qu’en France on accepte, il y a un acquis de la civilisation qui pèse de son poids mort, une régression universelle qui s’opère, une gangrène qui s’installe, un foyer d’infection qui s’étend et qu’au bout de tous ces traités violés, de tous ces mensonges propagés, de toutes ces expéditions punitives tolérées. de tous ces prisonniers ficelés et interrogés, de tous ces patriotes torturés, au bout de cet orgueil racial encouragé, de cette jactance étalée, il y a le poison instillé dans les veines de l’Europe, et le progrès lent, mais sûr, de l’ensauvagement du continent. »

A

Césaire,
Discours sur le colonialisme, 1945

(Colonisation)

49
Q

« La violence coloniale ne se donne pas seulement pour but de tenir en respect ces hommes asservis, elle cherche à les déshumaniser. Rien ne sera ménagé pour liquider leurs traditions, pour substituer nos langues aux leurs, pour détruire leur culture sans leur donner la nôtre ; on les abrutira de fatigue. Dénourris, malades, s’ils résistent encore, la peur terminera le job : on braque sur le paysan des fusils ; viennent des civils qui s’installent sur sa terre et le contraignent par la cravache à la cultiver pour eux. S’il résiste, les soldats tirent, c’est un homme mort ; s’il cède, il se dégrade, ce n’est plus un homme ; la honte et la crainte vont fissurer son caractère, désintégrer sa personne.
Car, en le premier temps de la révolte, il faut tuer : abattre un européen c’est faire d’une pierre deux coups, supprimer en même temps un oppresseur et un opprimé : restent un homme mort et un homme libre ; le survivant, pour la première fois, sent un sol national sous la plante de ses pieds. »

A

Franz Fanon,
Les damnés de la terre, 1961,
préface de Jean-Paul Sartre

(Colonisation)

50
Q

« Pour ma part, j’ai toujours combattu l’assimilation […], mais j’ai toujours dit que je n’envisageais pas d’association avec un autre peuple que la France.»

A

Senghor

Colonisation

51
Q

« L’Europe ne se fera pas d’un coup, ni dans une construction d’ensemble : elle se fera par des réalisations concrètes créant d’abord des solidarités de fait »

→ vise une intégration progressive par l’économie et le droit portée par la réconciliation franco-allemande

A

Schumann,

déclaration du 31 mai 1950

52
Q

« Européen : celui qui a la nostalgie de l’Europe »

A

Milan Kundera,
L’art du roman (1929)

(Europe)

53
Q

« les Russes sont des Chinois déguisés »

A

Adolphe de Custine,
Lettres sur la Russie

(Europe)

54
Q

« Qu’est ce donc que cette Europe? C’est une sorte de cap du vieux continent, un appendice occidental de l’Asie. Elle regard naturellement vers l’ouest »

A

Paul Valéry,
Note ou L’Européen (1924)

(Europe)

55
Q

« En Europe, le bonheur finit à Vienne. Au-delà, malédiction sur malédiction, depuis toujours »

A

Emil Cioran,
De L’inconvénient d’être né, (1973)

(Europe)

56
Q

« La langue de l’europe c’est la traduction »

A

Umberto Eco,
Assises de la traduction littéraire à Arles, (1993)

(Europe)

57
Q

« Un jour viendra où l’on verra ces deux groupes immenses, les Etats-Unies d’Amérique, les Etats-Unis d’Europe, placés l’un en face de l’autre, se tendant la main par dessus les mers »

A

Victoir Hugo,
dans son célèbre discours d’ouverture au Congrès de la paix à Paris (1849)

(Europe)

58
Q

« L’Europe a irrémédiablement perdu sa suprématie sur le monde, mais il lui reste encore son indépendance, sa culture, son avenir, son empire colonial. Si elle s’unissait à temps, elle pourriat (..) , avec les même droits que les autres, prendre encore part au partage de la Terre ; tandis que si elle est divisée, elle sombrera obligatoirement dans l’insignifiance politique jusqu’au jour où, ayant perdu ses colonies, banque routière, réduite à la misère et endettée, elle sera la proie de l’invasion russe »

→ fondateur du Mouvement Paneuropéen (1922) propose le premier d’adopter en 1929 l’Ode à la joie de Schiller sur la musique de la Neuvième Symphonie de Beethoven

A

Von Coudenhove-Kalergi,
PanEuropa, (1923)

(Europe)

59
Q

« Le rêve européen offre une lueur d’espoir dans un monde troublé. Il nous invite à accéder à une nouvelle époque de décohésion, de diversité de qualité de vie, d’accomplissement personnel, de durabilité, de droit universels de l’homme, de droit de la nature et de paix sur la Terre. On a longtemps dit que le rêve américain méritait que l’on meurt pour lui. Le nouveau rêve européen mérite que l’on vive pour lui »

→ le rêve américain n’a plus de sens aujourd’hui puisqu’il risque de conduire à une destruction économique, écologique et civilisationnelle ; contrairement au rêve européen fondé sur le respect de l’individu, de l’écologi, conjuguant progrès et droits de l’homme

A

Jeremy Rifkin,
Le Rêve européen. Ou comment l’Europe se substitue peu à peu à l’Amérique dans notre imaginaire

(Europe)

60
Q

« Un européen lettré, est captif dans la toile d’araignée d’un in memoriam à la fois lumineux et suffocant. (…) Les plaques posées sur tant de maisons européennes n’évoquent pas seulement l’excellence artistique, littéraire, philosophique ou politique. Elle commémorent des siècles de massacre et de souffrance, de haine et de sacrifices humains »

A

George Steiner,
Une certaine idée de l’Europe (2005)

(Europe)

61
Q

Suzanne Berger,

Leçons de la première mondialisation. Les raisons d’un échec, 2003

A

→ La première mondialisation est celle développée à partir de 1850 à la faveur de la Révolution industrielle et de la révolution des transports qu’elle induit (permettant la baisse des prix des produits échangés et des flux migratoires importants)

→ La seconde mondialisation est initiée à partir des années 1980 : le « consensus de Washington » des pays occidentaux prône la liberté des échanges de marchandises et de capitaux, la diminution des barrières protectionnistes, la levée des restrictions migratoires, la transparence de l’information.

(Mondialisation, altermondialisme, décroissance, effondrement)

62
Q

« village global »

A

Mac Luhan

Mondialisation, altermondialisme, décroissance, effondrement

63
Q

Risque de renouer avec les utopies classiques – abolition de la propriété, réconciliation avec la nature – et de justifier la fin du progrès économique, social et culturel, donc de légitimer une régression historique.

A

Boltanski et Chiapello,
Le nouvel esprit du capitalisme

(Mondialisation, altermondialisme, décroissance, effondrement)

64
Q

« Les sociétés les plus évoluées et les plus créatives peuvent aussi s’effondrer ». (ex : Mayas)
Pour L’auteur, quatre facteurs peuvent concourir à l’effondrement d’une société :
- le changement climatique ;
- la dégradation de l’environnement ;
- l’hostilité des voisins ;
- des rapports de dépendance avec des partenaires commerciaux.

A

Jared Diamond,
Effondrement, Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie ?

(Mondialisation, altermondialisme, décroissance, effondrement)

65
Q

« Celui qui appartient organiquement à une civilisation ne saurait identifier la nature du mal qui la mine. (…) Plus dégagé, plus libre, le nouveau venu l’examine sans calcul et en saisit mieux les défaillances. »

A

Emil Cioran,
La Tentation d’exister, (1956)

(Mondialisation, altermondialisme, décroissance, effondrement)

66
Q

« On peut donc comparer le peuple à ces fortes races d’animaux qui, exemptes des soins raffinés par lesquels l’homme prétend corriger et souvent corrompt la nature, douées de ces forces indomptées que développe en elles une sauvage liberté, sont si aptes à réparer, à raviver le sang épuisé des races plus cultivées, plus délicates, plus élégantes, mais moins vigoureuses. »

A

Pierre Larousse,

Grand dictionnaire universel du XIXe siècle, 1864

67
Q

Là où le XIXe était le temps de la démocratie parlementaire, la 2nde partie XXe celui des partis politiques, ils estiment que le XXIe siècle est celui de la « peuplecratie », qui se caractérise par un double processus :

→ ascension et prise de pouvoir progressive de mouvements et parti populistes ;
→ effet de contamination, modification des fondements mêmes de nos démocraties

Pensent le populisme comme le fait de s’en remettre à une forme de sacralisation du peuple souverain, doublé d’une critique radicale des formes institutionnelles qui organisent normalement la démocratie, notamment les corps intermédiaires.

A

Ilvo Diamanti, Marc Lazar,

Peuplecratie. La métamorphose de nos démocraties, 2018