Lecture 2: Dangerosité et pratique criminologique en milieu adulte Flashcards

1
Q

Expliquez la deuxième critique entourant la mise en cause de la notion de dangerosité

A

Le second groupe de critiques concerne le caractère arbitraire des décisions en matière de dangerosité. Plus spécifiquement, il remet en cause la faible validité et fidélité des prévisions de la dangerosité. Cette mise en cause provient, d’une part, d’études sur les prises de décisions et d’autre part, de celles vérifiant la valeur des prédictions cliniques et statistiques. […]

***Toutes montrent que les prédictions cliniques s’avèrent souvent erronées. Elles révèlent également la tendance marquée des experts à surévaluer la dangerosité, une bonne partie des individus jugés dangereux n’adoptant pas dans les faits de comportements violents. Monahan (1978) qui a passé en revue ces travaux constate qu’au mieux, un pronostic sur trois est juste.

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2
Q

Expliquez l’importance de la notion de dangerosité

A

La dangerosité ou la non-dangerosité perçue de la clientèle affecte non seulement les attitudes que les criminologues peuvent adopter à l’égard de leurs clients mais également ce qu’ils peuvent ressentir sur un plan plus personnel dans leur métier.

Enfin, la dangerosité sert à justifier les institutions dans lesquelles les criminologues travaillent.

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3
Q

Expliquez la dangerosité en tant qu’objet d’évaluation

A

a. La dangerosité se situe d’abord au cœur des évaluations de la clientèle que les criminologues doivent produire à l’intérieur du système pénal (selon les personnes interviewées).

b. La dangerosité est indirectement, une catégorie significative dans l’appréciation de la clientèle.
- D’abord, elle est utilisée à la négative, pour dire que la clientèle est habituellement moins dangereuse que celle des pénitenciers ou des libérations conditionnelles fédérales.
- Elle sert donc de référentiel permettant de déterminer lesquels parmi les individus pris en charge par le système pénal devront être considérés aussi bien comme dangereux que comme non dangereux.
- Ensuite, les agents de probation tentent dans leurs évaluations formelles ou informelles d’anticiper la dangerosité future de leur clientèle.

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4
Q

Expliquez pourquoi l’appréciation de la dangerosité occupe une place prépondérante dans les rapports présentenciels ?

A

Selon les agents, une bonne part de la clientèle représente un danger à cause des problèmes psychiatriques qu’ils éprouvent ou des crimes de violence qu’ils ont perpétrés.

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5
Q

Expliquez pourquoi dans la dangerosité constituée un facteur clé dans le secteur de la détention

A

La dangerosité préside aux multiples évaluations et décisions relatives au séjour du détenu en milieu carcéral, même si, dit-on, d’autres considérations semblent entrer en ligne de compte telles l’âge du contrevenant, la durée de la sentence et le nombre de places disponibles dans les institutions.

Elle intervient lors du place- ment initial quant au choix du niveau de sécurité (minimal, moyen, maximal) et de l’institution.

Elle spécifie aussi les modalités du séjour, à savoir le choix de l’unité de vie, le choix du type d’activité et le transfèrement.

Elle détermine enfin l’octroi ou le refus d’une mesure prélibératoire telle l’absence temporaire avec ou sans escorte et d’une mesure de libération.

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6
Q

Expliquez la dangerosité comme objet d’intervention

A

Pour dépister ceux qui sont sur la voie d’une récidive, les agents se basent, entre autres, sur ce qu’ils appellent les indices de désorganisation : la perte d’emploi, l’absentéisme au travail, les fréquentations douteuses, les problèmes familiaux ou sentimentaux, l’attitude plus ou moins agressive du libéré en entrevue ou le non-respect des conditions de la libération.

Pour les agents, ces signes sont révélateurs d’un malaise chez le libéré, malaise qui pourrait le conduire à la récidive

Le contrôle de la dangerosité structure donc les interventions des criminologues même s’il ne représente pas ce que la plupart souhaiteraient privilégier.

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7
Q

Expliquez la dangerosité comme objet de préoccupation dans le cadre de la relation praticien-client

A

Plusieurs de nos interviewés ont parlé de la dangerosité dont ils pouvaient être l’objet dans l’exercice de leur métier. […]

Cette crainte d’être l’objet d’attaque de la part de la clientèle se retrouve dans les trois secteurs de pratique (Probation, libération conditionnelle et incarcération). […]

En pratique, cependant, les agents disent que les manifestations réelles de violence envers le praticien sont plutôt rares.

En outre, les situations où l’individu risque d’être violent seraient relativement prévisibles

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8
Q

Expliquez la dangerosité et la légitimation de la prison

A

À un niveau moins explicite, la dangerosité peut servir également à légitimer les institutions dans lesquelles les criminologues travaillent et le choix des mesures qu’ils sont amenés à prendre.

En outre, très peu croient que la prison puisse servir à réhabiliter (stigmatise, la prison détériore l’individu, etc.).

Malgré cela, plusieurs n’en considèrent pas moins que la prison est nécessaire, ne serait-ce que pour la neutralisation d’un groupe restreint d’individus dangereux.

La dangerosite sert donc d’argument majeur pour justifier une mesure à laquelle on souhaiterait, du moins en principe, ne pas avoir à recourir (de même que l’absence de dangerosite sert en contrepartie à justifier le recours à des mesures plus souples comme celle des travaux communautaires).

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9
Q

Quel est le sens attribué à la notion de dangerosité par le personnel oeuvrant dans le milieu correctionnel ?

A

Le personnel dans son ensemble, sont moins préoccupés par les torts que l’individu pourrait causer à la société que par les torts qu’il pourrait causer à l’intérieur même du milieu carcéral.

Pour illustrer la différence faite entre la dangerosite sociale et la dangerosite carcérale, les agents distinguent parfois les détenus qui sont dangereux à l’extérieur de ceux qui sont dangereux à l’intérieur de la prison.

Ainsi, le chef de la mafia ou le pédophile fonctionneraient relativement bien à l’intérieur des murs alors qu’ils constituent une menace à l’extérieur.

À l’inverse, certains détenus, auteurs de délits mineurs, acceptent mal de faire du temps et à ce titre, présentent un potentiel de dangerosite.

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10
Q

Quels sont les 4 critiques relatives à l’évaluation de la dangerosité

A
  1. L’ambiguïté au niveau même de sa définition compliquerait d’autant les évaluations. Ils s’entendent généralement pour dire qu’elle s’emploie dans le sens de violence physique.
  2. Ils considèrent qu’il n’existe pas d’instruments sûrs pour la mesurer.
  3. La dangerosité est également difficile à prédire, affirment certains praticiens, « parce qu’on travaille avec du matériel humain ». L’individu peut changer.
  4. L’évaluation de la dangerosité serait sujette à la subjectivité des praticiens de même qu’elle serait tributaire du contexte social dans lequel se prennent les décisions.
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11
Q

Expliquez l’évaluation de la dangerosité comme processus de reconstruction : (A et B)

A

Dire que la dangerosite est un construit social, c’est dire qu’elle n’est pas une qualité que possèdent en soi certains actes ou certains individus. Plutôt, elle est une qualification sociale apposée à certains actes et pas à d’autres de même qu’à certains individus et pas à d’autres.

A. En premier lieu, l’évaluation de la dangerosite présuppose une certaine définition des conduites qui, dans un contexte social donné, seront considérées dangereuses.

B. En second lieu, l’évaluation de la dangerosite implique un processus d’attribution par lequel on assigne à certains individus le statut de dangereux (ou de non-dangereux)

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12
Q

Nommez les 3 aspects de la reconstruction faite de la dangerosite par les praticiens

A

i. L’importance du savoir pratique
ii. Le modèle sous-jacent à la catégorisation de la clientèle
iii. Les considérations extérieures liées à la prise de décision

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13
Q

Expliquez l’importance du savoir pratique de la reconstruction faite de la dangerosite par les praticiens

A

L’évaluation de la dangerosite se réfère en grande partie à un savoir pratique, c’est-à-dire à un savoir fondé sur l’expérience acquise sur le terrain. […]

En somme, partant des impératifs de la pratique — les choses à faire et à ne pas faire dans telles ou telles circonstances — et des images véhiculées dans le milieu concernant les individus qui sont ou ne sont pas dangereux, les praticiens apprennent à catégoriser leur clientèle, à se constituer un système de classement servant de point de repère dans la prise de décision.

Ainsi, toute la clientèle n’est pas perçue comme en soi dangereuse ni comme dangereuse de la même façon.

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14
Q

Expliquez le modèle sous-jacent à la catégorisation de la clientèle de la reconstruction faite de la dangerosite par les praticiens

A

En résumé, l’évaluation de la dangerosité et la catégorisation de la clientèle en individus dangereux et non dangereux est un processus complexe où s’entremêlent les idées que les praticiens se font, partant de la pratique, de la nature de la délinquance, des problèmes à son origine et des possibilités de changement.

Il est à remarquer que cette façon d’envisager la délinquance correspond à une criminologie d’inspiration positiviste.

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15
Q

Expliquez les considérations extérieures liées à la prise de décision de la reconstruction faite de la dangerosite par les praticiens

A

Plusieurs considérations interviennent dans la prise de décision des praticiens, des considérations dépassant leur stricte perception des caractéristiques des délinquants. Ces considérations touchent au statut des professionnels dans leur milieu de travail et aux circonstances sociales et politiques dans lesquelles se prennent les décisions.

L’évaluation de la dangerosité à travers les multiples étapes de la prise de décision est un processus négocié dans lequel entrent en ligne de compte les impératifs de carrière telle la crédibilité des professionnels, les multiples tractations et jeux de pouvoir entre le praticien et son client et entre les différents groupes d’agents à l’intérieur du système pénal, et les enjeux politiques telle la bonne réputation des institutions pénales.

Ex : Plusieurs agents nous ont mentionné comment, à la suite d’une récidive spectaculaire, la Commission nationale des libérations conditionnelles et eux-mêmes se montraient plus réticents, du moins pendant un certain temps, à octroyer une mesure de libération pour la catégorie de détenus concernés par ce type de récidive. = Les agents tiennent à la fois compte, dans l’appréciation des cas, des conséquences sociales d’une récidive éventuelle et des répercussions de cette récidive sur leur carrière.

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16
Q

Expliquez les criminologues face à la notion de dangerosité

A

Bref, on pourrait dire que les criminologues, mis à part une minorité, ne sont pas contre l’utilisation de la notion de dangerosité — même s’ils sont contre l’utilisation du terme — mais contre sa mauvaise utilisation dans le cadre de leurs évaluations.

La situation semble quelque peut différente en ce qui a trait à la place que les praticiens aimeraient accorder dans leurs interventions au contrôle de la dangerosité.

C’est en effet par rapport à cette fonction de contrôle rattachée à leur travail que les criminologues se sentent le plus mal à l’aise.

D’une part, la plupart ont intégré, de par leur formation, un modèle de pratique où ils aimeraient « faire de la relation d’aide »; d’autre part, ils se trouvent aux prises avec des conditions de pratique où ils doivent avant tout répondre à des impératifs de contrôle, ce qui n’est pas sans leur causer des conflits idéologiques vécus d’une façon plus ou moins intense selon chacun.