Indépendances, décolonisation et mouvements de gauche dans les Caraïbes, 1962-1983 Flashcards

1
Q

Fais une synthèse des événements de la Révolution cubaine

A

1901-1934 – Période de protectorat américain à Cuba, officialisée par l’amendement Platt.

1940-1944 ; 1952-1959 – Mandats présidentiels du général Fulgencio Batista.

26 juillet 1953 – Attaque de la caserne Moncada, à Santiago de Cuba, menée par un jeune avocat nommé Fidel Castro. L’attaque échoue, plusieurs insurgés sont tués ou capturés, et Castro est emprisonné.

1955-1956 – Libération de Fidel Castro dans le cadre d’une amnistie. Il s’exile au Mexique, où il fonde le Mouvement du 26 juillet et planifie une nouvelle insurrection.

2 décembre 1956 – Après son exil au Mexique, Fidel Castro débarque à Cuba avec 81 compagnons, dont son frère Raúl Castro et Ernesto « Che » Guevara, un médecin argentin rencontré à Mexico.

Décembre 1956 – Ce débarquement surprise se solde par un échec militaire : la plupart des révolutionnaires sont tués ou capturés. Fidel Castro et quelques survivants se réfugient dans la Sierra Maestra (sud-est de l’île), où débute une guerre de guérilla contre le régime de Batista.

Février 1957 – Le journaliste américain Herbert Matthews, du New York Times, publie une série d’articles après avoir secrètement rencontré Fidel Castro dans la Sierra Maestra, contribuant à construire l’image de Castro comme celle d’un révolutionnaire.

Mars 1958 – Les États-Unis imposent un embargo sur les ventes d’armes au gouvernement cubain, ce qui affaiblit les capacités militaires de Batista face aux guérilleros.

1er janvier 1959 –Batista abandonne le pouvoir et s’enfuit en République dominicaine.

8 janvier 1959 – Fidel Castro entre triomphalement dans La Havane à la tête de ses troupes révolutionnaires.

Mars 1960 – Le président américain Dwight Eisenhower autorise un plan secret de la CIA visant à renverser le régime castriste.

Octobre 1960 – Les États-Unis imposent un embargo commercial partiel sur Cuba (marquant le début de décennies de sanctions économiques).

Janvier 1961 – Washington rompt officiellement ses relations diplomatiques avec Cuba.

17 avril 1961 – L’administration Kennedy soutient le débarquement d’exilés cubains anticastristes à la baie des Cochons (côte sud de Cuba). L’opération échoue en quelques jours, renforçant la position de Castro.

14-28 octobre 1962 – Crise des missiles de Cuba : confrontation entre les États-Unis et l’Union soviétique après la découverte de missiles nucléaires soviétiques sur l’île. La crise se conclut par un retrait des missiles en échange d’un engagement américain à ne pas envahir Cuba.

1963-1970 – Période de consolidation du régime castriste : nationalisations, renforcement du pouvoir autoritaire, alignement sur l’URSS, et exportation du modèle révolutionnaire à d’autres pays du Tiers-Monde.

3-15 janvier 1966 – Organisation à La Havane de la Conférence tricontinentale, ou Conférence de solidarité des peuples d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine. Ce rassemblement marque l’ambition de Cuba de se positionner comme un acteur majeur de la lutte anti-impérialiste dans le Tiers-Monde.

9 octobre 1967 – Mort de Che Guevara en Bolivie.

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2
Q

Que font les États-Unis pour imposer leur influence en Amérique latine à cette époque ?

A

Face à la menace perçue d’une expansion communiste dans leur « arrière-cour », les États-Unis développèrent une politique de « containment » (ou «endiguement») spécifique à Cuba et mirent en place différentes stratégies pour contrer la « montée » du communisme dans la région :

L’Alliance pour le progrès , un programme d’aide économique lancé par Kennedy;

Le soutien à des coups d’État militaires contre des gouvernements de gauche (Brésil 1964, Chili 1973);

L’entraînement d’officiers latino-américains aux techniques anti-insurrectionnelles à l’École des Amériques.

Des opérations clandestines de la CIA contre les mouvements révolutionnaires.

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3
Q

Qu’est-ce que l’École des Amériques ?

A

L’École des Amériques (SOA) a été fondée en 1946 aux États-Unis pour former des militaires latino-américains. Elle a été créée pour renforcer les capacités des armées latino-américaines dans la lutte contre le communisme pendant la guerre froide. Elle a été renommée « Institut de l’hémisphère occidental pour la sécurité et la coopération » en 2001.

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4
Q

Donne 2 exemples de la mise en pratique de la doctrine de sécurité nationale

A

Le Chili représente l’un des exemples les plus marquants de la violence de la guerre froide en Amérique latine. Après le coup d’État militaire du 11 septembre 1973, soutenu par les États-Unis, le général Augusto Pinochet renverse le gouvernement démocratiquement élu du socialiste Salvador Allende. Pinochet instaure une dictature marquée par des assassinats politiques, des disparitions forcées et l’utilisation de la torture.

L’Argentine a également vécu une de répression violente sous la dictature militaire entre 1976 et 1983. Le pays était plongé dans la « guerre sale » (la « Dirty War »), une période durant laquelle les militaires ont persécuté, torturé et tué des milliers de personnes soupçonnées de sympathies communistes ou de liens avec des mouvements de guérilla.

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5
Q

Qui est Juan Almeida Bosque (1927-2009) ?

A

Militaire et homme politique cubain, l’un des principaux leaders de la Révolution cubaine. Il a joué un rôle essentiel dans la lutte armée contre la dictature de Batista. Après la victoire de 1959, il a été élevé au rang de commandant de l’Armée révolutionnaire et a occupé plusieurs postes importants dans le gouvernement cubain.

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6
Q

Qui est Juan Esteban Lazo Hernández (1944- …) ?

A

un homme politique cubain et président de l’Assemblée nationale du Pouvoir populaire, le parlement de Cuba, depuis 2013.

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7
Q

Qu’est-ce que l’anti-racialisme préconisé à Cuba ?

A

Dans le contexte cubain post-révolutionnaire, on parle plutôt d’anti-racialisme que d’anti-racisme, car l’État ne mène pas forcément une lutte active contre les discriminations raciales. Au contraire, il affirme que le racisme a disparu grâce à la révolution, et que parler de race met en danger l’unité nationale. L’anti-racialisme désigne donc une stratégie de déni et de silence sur la race, différente de l’anti-racisme, qui suppose une action consciente pour combattre les inégalités raciales.

l’historienne l’historienne Danielle Pilar Clealand (2017), les stratégies sont les suivantes :

  1. Le silence imposé (refus de traiter la question du racisme ou de la «race», conduisant à l’invisibilisation des problématiques raciales);
  2. L’anti-racialisme affirmé (affirmation que le racisme n’existe pas/plus, car la Révolution a soi-disant éliminé les injustices raciales. Parler de race est vu comme un «particularisme» menaçant l’unité nationale);
  3. Le racisme structurel nié (reconnaissance des préjugés individuels, mais rejet de l’idée que le racisme soit un problème structurel ou systémique dans la société ou l’État cubain).
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8
Q

Quel est le contexte de la départementalisation dans les Caraïbes françaises ?

A

Processus amorcé dès l’abolition de l’esclavage en 1848.
Les « Quatre Vieilles Colonies » (Martinique, Guadeloupe, Guyane, La Réunion) disposaient d’un statut hybride entre 1848 et 1946.
Intégrées à la République française mais soumises à un régime d’exception (droits limités, gouverneurs puissants, faible représentation politique).
Le système colonial persistait, notamment par l’économie dominée par les grands propriétaires et des pratiques héritées de l’Indigénat.

Même si, à travers les guerres et les rivalités européennes, elles changent parfois de main, la Guadeloupe et la Martinique sont des possessions françaises depuis 1635 (contrairement à Saint-Domingue, qui devient officiellement française en 1697).

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9
Q

Qui est Aimé Césaire ?

A

« père » de la négritude, fut également député de la Martinique à l’Assemblée nationale de 1945 à 1993.

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10
Q

Pourquoi le contexte d’après Seconde Guerre mondiale favorise la départementalisation dans les Caraïbes ?

A

Contexte politique de l’après-guerre : un rejet du modèle colonial?

La Seconde Guerre mondiale remet en cause la prétendue supériorité morale de l’Occident (Césaire, Discours sur le colonialisme, 1950).

La participation des Antillais et Réunionnais à l’effort de guerre renforce leurs revendications d’égalité.

Montée en puissance du Parti communiste français dans les colonies, favorable à plus d’autonomie.

Déclin des empires coloniaux et essor des mouvements de décolonisation.

Aimé Césaire, député et figure de la négritude, défend le projet de départementalisation.

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11
Q

Qu’est-ce que la Loi du 19 mars 1946 ?

A

Le texte stipule simplement :

«Article 1. Les colonies de la Guadeloupe, de la Martinique, de la Réunion et la Guyane française sont érigées en départements français.»

Conséquences :
- Application de plein droit des lois françaises
- Organisation administrative calquée sur les départements métropolitains
- Égalité politique (droit de vote, représentation parlementaire)
- Accès théorique aux mêmes services publics et prestations sociales

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12
Q

Quels facteurs expliquent pourquoi l’élite antillaise a privilégié l’option de la départementalisation plutôt que l’indépendance ?

A

Pour des raisons économiques (espoir d’investissements venus de la métropole);

Pour des raisons de sécurité (politique, économique, maritime);

Parce qu’elle semblait la meilleure voie vers la démocratie (les conflits dans les anciennes colonies africaines [et le cas d’Haïti] servaient de mise en garde);

Pour réduire les inégalités sociales et économiques et améliorer la situation des plus vulnérables ;

En raison de l’absence d’un sentiment nationaliste suffisamment fort pour pousser vers l’indépendance ?

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13
Q

Quelles sont les limites et contradictions de la départementalisation ?

A

Tension entre assimilation républicaine et reconnaissance des identités culturelles locales
Dépendance économique accrue vis-à-vis de la métropole
Maintien des structures économiques héritées du colonialisme (grands domaines agricoles, monopoles commerciaux

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14
Q

Comment lire la départementalisation (aujourd’hui) ?

A

La départementalisation peut-elle (vraiment) être considérée comme une forme de décolonisation ?
Ou constitue-t-elle une reconfiguration du lien entre la France et ses périphéries ?

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15
Q

Dresse la liste des indépendances dans les Caraïbes

A

Haïti : 1804 – Indépendance de la France
République dominicaine : 1821 (Espagne), 1844 (Haïti), 1865 (Espagne)
Cuba : 1898 et 1902 (Espagne et États-Unis)
Jamaïque : 1962 – Indépendance du Royaume-Uni
Trinité-et-Tobago : 1962 – Indépendance du Royaume-Uni
Barbade : 1966 – Indépendance du Royaume-Uni
Bahamas : 1973 – Indépendance du Royaume-Uni
Grenade : 1974 – Indépendance du Royaume-Uni
Dominique : 1978 – Indépendance du Royaume-Uni
Sainte-Lucie : 1979 – Indépendance du Royaume-Uni
Saint-Vincent-et-les-Grenadines : 1979 – Indépendance du Royaume-Uni
Antigua-et-Barbuda : 1er novembre 1981 – Indépendance du Royaume-Uni
Saint-Kitts-et-Nevis : 19 septembre 1983 – Indépendance du Royaume-Uni

Territoires sous statut spécial
Porto Rico : Territoire non incorporé des États-Unis
Martinique : Département d’outre-mer français (depuis 1946)
Guadeloupe : Département d’outre-mer français (1946)

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16
Q

Qu’est-ce que la Fédération des Indes occidentales ?

A

Création de la Fédération des Indes occidentales (1958)
Pour répondre aux revendications d’autonomie croissantes dans ses colonies caribéennes, la Grande-Bretagne propose en 1958 une fédération régionale — une tentative de former une entité politique unifiée dans les Caraïbes, autonome mais toujours rattachée à la métropole.

Elle regroupait dix territoires: la Jamaïque, Trinité-et-Tobago, la Barbade, la Grenade, Saint-Vincent, Sainte-Lucie, la Dominique, Antigua, Saint-Christophe-Nevis-Anguilla et Montserrat.

Un accueil initialement favorable
La création de cette Fédération a d’abord été accueillie avec enthousiasme par de nombreux leaders caribéens qui y voyaient une étape intermédiaire vers une plus grande autonomie.

Cette structure fédérale promettait de renforcer l’économie régionale, d’offrir un poids politique plus important sur la scène internationale et de faciliter une transition ordonnée vers plus d’indépendance.

17
Q

Pourquoi la Fédération des Indes occidentales se révèle être un échec ?

A

Les raisons de l’échec fédéral (1962) :

Inégalités économiques et démographiques entre les îles.
Répartition inéquitable du financement, surtout porté par la Jamaïque et Trinité-et-Tobago.
Absence de pouvoir fiscal autonome.
Tensions autour de la libre circulation des personnes, notamment à Trinité-et-Tobago.
Faible sentiment d’identité fédérale et rivalités politiques locales.
Manque de volonté britannique de céder un vrai pouvoir à la Fédération.

18
Q

Quels autres facteurs ont accéléré les indépendances caribéennes ?

A
  1. Nationalisme noir et affirmation des identités caribéennes
    Le mouvement indépendantiste s’appuie sur des idées portées par Marcus Garvey — fierté noire et autodétermination — et relayées par des penseurs comme C.L.R. James et Eric Williams, qui ont contribué à la construction d’identités caribéennes distinctes et à la remise en question du colonialisme.
  2. Un contexte international favorable après 1945 :
    Promesses non tenues par la métropole malgré les programmes de développement colonial.
    Guerre froide incitant la Grande-Bretagne à réviser ses politiques coloniales.
    Influence de la décolonisation en Afrique et en Asie.
    Crise économique britannique rendant la gestion de l’empire plus difficile.
19
Q

Qui va dominer la vie politique en Jamaïque après son indépendance en 1962 ?

A

Après l’indépendance en 1962, la politique jamaïcaine sera dominée par deux hommes et deux partis :

Alexander Bustamante (1884-1977)
- Parti de l’Unité populaire (Jamaica Labour Party, JLP)

Norman Manley (1893-1969)
- Parti national du peuple (People’s National Party, PNP)

Les deux hommes sont actifs sur la scène politique depuis le mouvement ouvrier et syndical des années 1930.

20
Q

Qui est Eric Matthew Gairy (1922-1997) ?

A

Figure politique importante de la Grenade
- ancien ouvrier agricole
- fonde en 1950 le Grenada United Labour Party et devient un défenseur fervent des droits des travailleurs.

Gairy devient plus tard le premier Premier ministre de la Grenade indépendante en 1974
- son régime est rapidement critiqué pour ses dérives autoritaires et l’usage de milices paramilitaires.
- renversé en 1979 par le coup d’État mené par le New Jewel Movement de Maurice Bishop.

21
Q

Quel est le contexte historique de la révolution en Grenade ?

A

La Grenade, île des Petites Antilles située au sud est des Caraïbes, fait partie des dernières colonies britanniques à accéder à l’indépendance dans la région. Tout comme plusieurs territoires caribéens, la Grenade obtient son indépendance du Royaume-Uni en 1974, s’inscrivant dans la vague des décolonisations de l’après-guerre qui a touché la région à partir des années 1960.

Contrairement à d’autres îles comme la Jamaïque ou Trinité-et-Tobago qui avaient obtenu leur indépendance dès 1962, la Grenade entre dans l’ère postcoloniale sous la gouvernance d’Eric Gairy, figure controversée dont le régime autoritaire devient rapidement synonyme de corruption et de répression.

Ce contexte de désillusion post-indépendance constitue le terreau fertile pour l’émergence de mouvements révolutionnaires, phénomène qu’on observe également dans d’autres sociétés post-coloniales des Caraïbes.

C’est précisément dans ce contexte qu’émerge la figure de Maurice Bishop (1944-1983).

22
Q

Qui est Maurice Bishop (1944-1983) ?

A

Naissance : 29 mai 1944 à Aruba (Antilles néerlandaises) ;

Origines : Famille grenadienne ayant émigré à Aruba ; retour à la Grenade dans les années 1950

Éducation : Études de droit à l’Université de Londres ; influencé par le marxisme et les mouvements anticolonialistes; retourne en Grenade en 1969

Engagement politique : Cofondateur du New Jewel Movement (NJM) en 1973, un mouvement socialiste et révolutionnaire

Prise de pouvoir : Dirige le renversement du Premier ministre Eric Gairy lors d’un coup d’État le 13 mars 1979

Premier ministre de la Grenade (1979-1983) : Met en œuvre des réformes sociales (santé, éducation, alphabétisation)

Développe des alliances avec Cuba et d’autres pays du bloc socialiste
Affiche une volonté de rester non-aligné, tout en se rapprochant de La Havane

Est assassiné en 1983.

23
Q

Qu’est-ce que le New Jewel Movement ?

A

Fondé en 1973, le NJM est issu de la fusion de groupes de gauche et prône une idéologie mêlant marxisme-léninisme, nationalisme caribéen et théories de la dépendance. Il dénonce l’indépendance politique sans libération économique, et propose un projet de société basé sur la justice sociale et la souveraineté économique.

Le 13 mars 1979, profitant de l’absence d’Eric Gairy, le NJM prend le pouvoir par un coup d’État soutenu par une partie de la population lassée de la corruption et de l’autoritarisme. Maurice Bishop annonce alors la formation d’un Gouvernement révolutionnaire du peuple et la dissolution du parlement. Cette révolution, bien que non constitutionnelle, est perçue comme un acte de libération. Elle s’inscrit dans le contexte plus large des bouleversements politiques de la guerre froide en Amérique latine et dans les Caraïbes.

24
Q

Quelle est la vision du gouvernement de Maurice Bishop de 1979 à 1983 ?

A

Le NJM établit un Conseil révolutionnaire du peuple dominant, inspiré du modèle cubain et fondé sur une démocratie participative (assemblées populaires). Le manifeste de 1973 fixe les grands objectifs :
Décolonisation des structures mentales et économiques
Économie mixte et planifiée au service du bien commun
Justice sociale, réduction des inégalités, dignité nationale

25
Quelles réformes économiques et sociales sont réalisées par le gouvernement de Maurice Bishop de 1979 à 1983 ?
Économie : Création de fermes d’État, coopératives, soutien au secteur privé — avec comme résultat la baisse du chômage de 50 % à 15 % entre 1979 et 1983. Infrastructures : Construction d’un nouvel aéroport international à Point Salines (avec l’aide de Cuba), destiné à développer le tourisme. Santé et éducation : Gratuité des soins et de l’éducation, alphabétisation, logements sociaux, programmes d’égalité des sexes.
26
Comment qualifier le soutien de Cuba à la révolution en Grenade ?
Un appui stratégique majeur : Cuba offre à la Grenade un soutien moral, technique et économique dans le cadre de sa politique d’internationalisation révolutionnaire (vue au dernier cours). Domaines d’assistance : Agriculture, santé, éducation, infrastructures. Fourniture d’équipements et de matériel. Accueil d’étudiants grenadiens dans les universités cubaines Projets phares : Des centaines de techniciens cubains participent à la construction de l’aéroport de Point Salines — projet emblématique qui inquiète les États-Unis. Enjeux géopolitiques : Cette coopération incarne une solidarité sud-sud et un projet anti-impérialiste régional (un à l’image de ce que sera PetroCaribe sous Chávez). Pour Washington, ce rapprochement avec Cuba (et les liens du gouvernement grenadien avec l’URSS) représente une menace directe à leur influence dans la région.
27
Entre qui certaines tensions vont émerger au sein du mouvement révolutionnaire en Grenade ?
Entre Maurice Bishop et Bernard Coard (vice-premier ministre). Rivalité idéologique et stratégique : Coard et ses partisans prônent une ligne plus rigide, inspirée du marxisme-léninisme soviétique, critiquant le pragmatisme et le charisme de Bishop qu’ils jugent incompatible avec un leadership collectif. Bishop est accusé de créer un culte de la personnalité et de s’éloigner des principes léninistes. Culmination des tensions (octobre 1983) : Bishop est placé en résidence surveillée par la faction de Coard. Libéré par des partisans, il est arrêté et exécuté avec ses collaborateurs le 19 octobre 1983, plongeant la Grenade dans le chaos politique.
28
Dans quel contexte les États-Unis interviennent en Grenade ?
Conséquences immédiates de la mort de Bishop : Ce vide politique et cette instabilité seront exploités par les États-Unis pour justifier l’intervention militaire quelques jours plus tard.
29
Quelle opération lancent les États-Unis en 1983 après la mort de Maurice Bishop ?
Le 25 octobre 1983, les États-Unis lancent l'opération Urgent Fury pour renverser le gouvernement révolutionnaire en Grenade, à la suite de l'exécution de Maurice Bishop et du chaos politique qui en découle. Washington justifie l'intervention par la nécessité de protéger les citoyens américains présents sur l'île et de contrer l'influence communiste croissante, notamment à travers les liens entre la Grenade, Cuba et l'Union soviétique.
30
Quels sont les motifs utilisés par les États-Unis pour justifier l'intervention en Grenade ?
L'administration Reagan justifie l'intervention de diverses manières, notamment : 1. en invoquant la protection des étudiants américains à l'Université St. George’s, 2. la restauration de la démocratie après le coup d'État contre Maurice Bishop, 3. la lutte contre l'influence « cubano-soviétique » dans la région. Cette dernière justification s'inscrit dans la logique de la « doctrine Reagan, » contrer l'expansion soviétique en Amérique latine et dans les Caraïbes. L'invasion se produit également dans un contexte international tendu, notamment à cause de la guerre en Afghanistan (1979-1989), et représente une démonstration de force des États-Unis pour défendre leurs intérêts stratégiques.
31
Quel est le soutien dans les Caraïbes par rapport à l'intervention américaine en Grenade ?
Bien que l'invasion de la Grenade ait suscité de vives critiques au niveau international, certains leaders caribéens ont soutenu l'intervention américaine. Parmi ceux-ci, l'Organisation des États des Caraïbes orientales (OECO) et la Jamaïque.
32
Quelle sont les conséquences immédiates et situation post-intervention en Grenade ?
L'opération se conclut par une « victoire » rapide des États-Unis, avec une résistance grenadienne limitée. Après l'invasion, un gouvernement intérimaire est instauré et des élections en 1984, remportées par le New National Party de Herbert Blaize, rétablissent un système politique aligné sur les intérêts américains. Économiquement, la Grenade abandonne son orientation socialiste au profit de politiques néolibérales soutenues par les États-Unis et les institutions internationales. L’aide américaine prend la place de la coopération avec Cuba et le bloc de l’Est. Ironique? L’aéroport international de Point Salines, achevé avec des fonds américains, porte depuis 2009 le nom de Maurice Bishop, symbolisant l'ironie de la situation.
33
Existe-t-il une association entre pays caribéens à l'heure actuelle ?
Oui : Communauté des Caraïbes ou CARICOM. Celle-ci représente une organisation intergouvernementale regroupant 15 pays et territoires des Caraïbes, créée en 1973 pour favoriser l'intégration économique et la coopération régionale.
34
Quels sont les défis contemporains concernant les flux migratoires dans les Caraïbes ?
Nouvelle configuration migratoire : La migration caribéenne évolue, avec des flux de plus en plus intra-régionaux en plus de l'émigration traditionnelle vers l'Amérique du Nord et l'Europe. Haïti : L’effondrement des institutions haïtiennes et l’essor des gangs ont conduit à un exode vers la République dominicaine, les Bahamas, la Jamaïque et même le Brésil et le Chili. Venezuela : La crise économique et politique a provoqué un exode massif vers Trinidad-et-Tobago, où la communauté vénézuélienne est passée de quelques milliers à plus de 48 000 personnes ces dernières années (ACAPS, 2024).
35
Quels autres défis se montrent dans les Caraïbes à l'heure actuelle ?
L’insécurité croissante en Caraïbes La criminalité est un défi majeur pour de nombreux pays caribéens, avec des taux d’homicides très élevés dans des pays comme la Jamaïque, Trinidad-et-Tobago et Haïti. Dimensions locales et transnationales : Les inégalités socioéconomiques, l’urbanisation rapide, et la fragilité des institutions locales se mêlent à des réseaux transnationaux liés au narcotrafic. Le mouvement pour les réparations dans les Caraïbes Plan en dix points de la CARICOM (2013) : Il va au-delà de compensations financières, incluant des demandes d’excuses officielles, de transferts de technologies, et d'annulations de dettes. Contexte global : Le mouvement s'inscrit dans un cadre plus large de discussions mondiales sur les héritages du colonialisme et de l’esclavage.