Femmes, genre et résistances quotidiennes à l'esclavage Flashcards
La violence du système esclavagiste et la culture de la canne à sucre
apogée canne à sucre = 1770
Jamaïque :
-richesse passe de 500 000 livres en 1680 à 28 millions en 1780
-population blanche de 15 000 colons était 50x + riche que la moyenne en GB
- les + grands planteurs étaient aussi riches que l’aristocratie britannique
- richesse provient du travail des esclaves (10,5 h par jour, soit 3288 heures par an au 18e siècle)
Saint-Domingue :
-colonie la + riche au 18e siècle
-représente 2/3 du commerce extérieur français avant 1789
- 5 blancs pour 200 esclaves
Décris le processus de transformation de la canne à sucre dans les plantations des Caraïbes (18e siècle) et les accidents qui en découlent
processus complexe
plusieurs étapes
sujettes è des accidents fréquents
période préindustrielle : petites usines, diverses installations, hiérarchisation très prononcée du travail
Canne à sucre est :
plantée
coupée
récoltée
transportée dans des usines
broyée
chauffée
raffiné en Europe de façon générale
accidents lors du broyage et du chauffage (souvent)
Quelles sont les violences et les types de châtiments dans les sociétés esclavagistes ?
- châtiments corporels
- fouet (le + courant)
- marquage au fer rouge (laisse trace visible, réprime et menace les autres)
- mutilation (oreilles et doigts coupés) - châtiments publics
- expositions humiliantes (enchaînés et exposés en public)
- pilori (attachés à un pilori ou contraints de porter colliers de fer)
- pendaison (ceux accusés de crimes graves, meurtres, rébellions, pouvaient être pendus en public)
- déportation ou vente forcée
- travaux forcés supplémentaires
Qu’est-ce que la « mort sociale » ?
Quels sont les 3 aspects ?
théorie de Orlando Patterson (1982) : l’esclavage comme mort sociale
- Aliénation sociale : rupture avec famille, culture et identité sociale
- Déshumanisation : réduction à un objet, aucun droit politique ou juridique
- Domination totale : absence d’autonomie, contrôle absolu des maîtres blancs
Approche de Patterson : met accent sur le pouvoir et la domination plutôt que sur le racisme intrinsèque
Quelles sont les critiques du concept de mort sociale ?
- simplification des relations sociales (prend pas en compte la diversité des contextes esclavagistes)
- Agentivité des esclaves (minimise leur capacité d’action, de résistance)
- on ne prend pas en compte les liens sociaux (certains esclaves maintenaient des réseaux de contact et de solidarité)
Résistance à l’esclavage : une vue d’ensemble
Quels sont les débats historiographiques ?
la notion de résistance à l’esclavage est cyclique dans l’historiographie
Trouillot (1995) critique l’idée selon laquelle tout acte allant à l’encontre du maître serait une forme de résistance
Helg (2016) insiste sur l’importance des résistances quotidiennes, les révoltes armées étant rares
Quelles sont les 4 grandes formes de résistance ?
- Avant la déportation (Afrique et sur les négriers)
- Révoltes et rébellions
- insurrections collectives - Marronage
- fuite temporaire (Petit)
- fuite permanente (Grand) - Résistances quotidiennes
- sabotage, ralentissement du travail, maintien de pratiques culturelles
Explique la résistance avant la captivité en Amérique
Des résistances dès l’Afrique et sur les négriers
- suicides, grèves de la faim, révoltes
- un navire sur 10 aurait connu une mutinerie
ces résistances démontrent que les esclaves ne se résignaient pas à leur sort
Explique les révoltes et rébellions
Obstacles aux révoltes à grande échelle
- manque de leadership et de coordination entre esclaves de diverses origines
- répression brutale et punitions collectives dissuadent solidarité
Des révoltes malgré tout! (réprimées)
- rébellions régulières en Jamaïque au 18e siècle
- révoltes notables : Mackandal (Saint-Domingue, 1758) et Tacky (Jamaïque, 1760)
ces révoltes démontrent la résistance persistante des esclaves malgré des conditions défavorables
Explique la Rébellion de Mackandal
se déroule en 1758
le leader marron François Mackandal s’enfuit après un accident et devient chef marron à Saint-Domingue
plutôt qu’une révolte armée, il organise une campagne d’empoisonnement ciblant colons, bétail et esclaves hostiles à sa cause
mythe persistant : exécution en 1758 alimente sa légende, après une brève évasion de sur le bûcher
Héritage : figure mystérieuse, associée à des croyances religieuses afro-américaines, influence la mémoire de la résistance et préfigure la Révolution haïtienne
Explique la Rébellion de Tacky
se déroule en 1760
contexte favorable aux insurgés
la Guerre de Sept Ans affaiblit les forces britanniques en Jamaïque et fragilise l’économie coloniale
Tacky, un leader radical, mène un soulèvement ambitieux visant à éliminer la population blanche et à diviser l’île en principautés inspirées des royaumes africains
Partis de la paroisse de Saint Mary, les insurgés attaquent le fort de Port Maria, tuent le gardien et s’emparent des armes, entraînant jusqu’à 30 000 esclaves dans la rébellion
Répression brutale
- répression dure + d’un an
- bilan humain lourd : 60 blancs, 60 libres de couleur et 400 esclaves meurent :centaines d’exécutions et de déportations
coûts de la répression : 100 000 livres$
Qu’est-ce que le marronage ?
Réfère au phénomène d’évasion individuelle ou collective des esclaves qui fuyaient des plantations coloniales, afin de constituer, ou pas, des communautés libres en marge du système esclavagiste
les esclaves fugitifs arrivaient à constituer de grandes communautés de révoltés, qui représentaient un danger pour les plantations coloniales et un espoir pour les esclaves
Rafael Lucas (2021)
Qu’est-ce que le petit marronage ?
- fuites temporaires (jours, semaines) permettant de visiter des proches, participer à des cérémonies religieuses, échapper aux conditions de vie en captivité
- esclaves pratiquant cette forme de marronage restaient souvent près des plantations et avaient le soutien de d’autres esclaves
- parfois, dans les zones rurales, le petit marronage permettait à certains d’intégrer brièvement les libres de couleur
Qu’est-ce que le grand marronage ?
- rupture totale avec l’esclavage
- les grands marrons s’installaient dans des zones isolées (montagnes et forêts) et créaient des communautés autonomes, cultivant leurs terres et faisant des échanges
- en Jamaïque et au Suriname (entre autres), ces communautés étaient si puissantes qu’elles obligèrent les autorités à négocier des traités de paix
Décris la Première Guerre des Marrons en Jamaïque
se déroule de 1728 à 1739
- dès 1655, après la conquête britannique de la Jamaïque, les autorités coloniales sont confrontées aux communautés marronnes, formées d’esclaves fugitifs
- le conflit aboutit en 1739 à un traité qui reconnaît la liberté des Marrons et leur accorde des terres et une autonomie
- en échange, ils s’engageaient à ne plus protéger les esclaves fugitifs et à aider les Britanniques à capturer ces derniers
- bases fragiles…
Décris le contexte de la la Seconde Guerre des Marrons
se déroule de 1795 à 1796
- implique surtout les Marrons de Trelwany (ouest de la Jamaïque)
- éclate dans un contexte de tensions croissantes avec les autorités britanniques malgré le traité de 1739
- la Révolution haïtienne alimente la crainte d’une contagion de la révolte…
Quelles sont les causes de la Seconde Guerre des Marrons ?
- violation (selon les Marrons) du traité de 1739, concernant les terres et l’autonomie
- augmentation de la population marrone, créant une pression sur les terres
- incident en 1795, un goupe de Marrons est accusé de vol, dégénère en rébellion
au 18e siècle, les Caraïbes sont en feu!
Quel est le déroulement de la Seconde Guerre des Marrons (1795-1796) ?
et les conséquences ?
Marrons, menés par Leonard Parkinson et Montague James, adoptent des techniques de guérilla
Les Britanniques menés par le Comte de Balcarres déploient 1500 soldats et chiens de chasse
les Marrons résistent malgré leur infériorité numérique
Conséquences
- le conflit se termine en 1796 par un traité
- 600 Marrons sont déportés en Nouvelle-Écosse et en Sierra Leone en 1800
- déportation marque une rupture dans les relations entre Marrons et les autorités coloniales
- affaiblissement des Marrons et renforcement du contrôle britannique
- réponse britannique illustre la sévérité de leur riposte et celles-ci seront de plus en plus brutales
Marronage et genre : le cas de « Nanny of the Maroons »
Qui est-t-elle ?
Née vers 1680, en Afrique de l’Ouest, Nanny of the Maroons devient figure emblématique de la résistance en Jamaïque, où le marronage était très actif
Cheffe militaire redoutée et leader spirtituelle Windward Maroons (Est de la Jamaïque)
Unifie diverses communautés de Marrons et développe une organisation militaire sophistiquée, défiant les autorités coloniales pendant des décennies
son leadership contribue à la signature du traité de 1739
Décédée en 1760, elle est une héroïne nationale en Jamaïque, visage est sur les billets de 500$ jamaïcains
- Nanny était un titre porté par plusieurs femmes leaders
- son histoire est transmise par les traditions orales des Marrons et inspire toujours la lutte pour la liberté
Décris les actes de résistances quotidiens durant la période esclavagiste
Actions discrètes par lesquelles les esclaves contestaient le système esclavagiste sans recourir à la révolte ouverte
Actes souvent invisibles, mais profondément subversifs
- ralentissement volontaire du travail
- blessures volontaires
- sabotage d’outils et de récoltes
- maintien secret de pratiques culturelles et religieuses africaines
- création de réseaux de solidarité clandestins
- transmission secrète de savoirs à l’insu des maîtres
- suicides d’esclaves
- empoisonnement du bétail ou des planteurs
Femmes et résistance
- avortement
- infanticide
femme noire produisait, femme métisse servait, femme blanche consommait
L’invisibilité des femmes dans les archives
Fuentes étudie les vies de femmes esclaves en Barbade, mettant en lumière leur invisibilité dans les archives coloniales
le pouvoir colonial a effacé et déformé les expériences des femmes esclaves
les femmes ont des différences et des complexités
Histoire du genre découle de l’histoire des femmes
son essor a conduit à un changement dans la manière de comprendre le rôle des femmes dans les systèmes politiques, $ et culturels modernes
Tandis que Histoire des femmes se concentre sur les expériences de vie des femmes , l’histoire du genre traite de la création, diffusion et transformation des systèmes symboliques fondés sur les distinctions H/F.
Qu’est-ce que l’intersectionnalité
Intersection de différents systèmes d’oppression en apposant des identités qui sont attitrées et pas toujours ressenties
comment différentes catégories sociales (genre, race, classe, sexualité) s’entrelacent et interagissent pour produire des formes complexes de discrimination, de marginalisation, mais aussi de privilèges selon les contextes historiques et sociaux
Quelles sont les différentes catégories de femmes dans les sociétés esclavagistes des Caraïbes ?
Blanches : souvent liée à la plantocratie
Noires : africaines-esclaves, femmes d’ascendance africaine ou métissée, sans droits légaux
Libres de couleur : femmes métisses ou noires nées libres ou affranchies, occupaient position intermédiaire, souffrant de discriminations liées à leur statut social et racial
Décris la classe des femmes blanches
- position sociale supérieure aux autres
- vécu longtemps sous-étudié
- soumises à un contrôle social strict dans les sociétés patriarcales
- travail ardu et lié à des stigmatisations sociales
- introduction des esclaves a modifié leur rôle, se sont rangées dans les rôles domestiques et symboliques
- dans la deuxième moitié du 18e siècle, les blanches étaient de plus en plus perçues comme fragiles et délicates, et donc protégées par les hommes
- rôle notable dans les milieux urbains, pas juste un rôle passif
- les veuves ou célibataires pouvaient posséder des esclaves et jouaient quant à elle un rôle économique (ex. gestion de tavernes ou location d’esclaves)
Décris la classe des femmes noires
- occupaient position la plus basse dans la société
- double oppression liée au genre et à la race
- victimes de violences sexuelles (blancs et noirs)
- relations et ascension sociale : leur relation avec un homme blanc pouvait offrir des opportunités d’amélioration de leur conditions, meilleure situation matérielle ou même l’affranchissement (surtout après mort du maître ou enfant métis reconnu)
- le poids de la géographie (rural vs urbain)
rural = travail de champs, souvent aux côtés d’hommes, tâches difficiles et moins spécialisées
ville = rôle domestique (nourrices, cuisinières, blanchisseuses), + d’accès à des réseaux sociaux et formes discrètes de résistance - rôle de transmission culturelle
gardiennes des traditions africaines, préservaient culture à travers la musique, la danse, la cuisine et les pratiques religieuses - actes de résistance (sabotage, marronage, révoltes,)
surtout empoisonnements, petit marronage, parfois grand, infanticides et avortements
Décris la classe des libres de couleur
les populations métisses se sont rapidement développées dans les Caraïbes en raison des relations entre planteurs blancs et femmes de couleur
il faut considérer qu’il y a aussi eu du métissage avec les autochtones
au 17e siècle, les populations de femmes blanches était encore faible, et donc les unions entre hommes blancs et femmes africaines ou autochtones était courant
- position sociale intermédiaire, ambigüe dans la hiérarchie coloniale, ni pleinement intégrées à la société blanche, ni totalement exclues comme les esclaves
- leur statut (libres ou esclaves) et leur proximité avec les classes dominantes influençaient cette position fluide
- société coloniale codifiait cette position (ex. Code noir)
les femmes métisses nées dans la colonie étaient perçues comme créoles, renforçant leur proximité avec la société blanche, mais demeuraient marginales
Quelle était la mobilité des femmes libres de couleur dans l’espace colonial
se trouvaient surtout dans les milieux urbains (dans Caraïbes anglophones)
à Saint-Domingue, bcp de libres de couleur étaient dans les zones rurales et possédaient des plantations
femmes métisses avaient un traitement + favorable (comme + près des blancs), ex. tâches moins exigeantes
souvent des esclaves de maison, liberté restreinte par des tâches répétitives
hommes métisses considérés comme esclaves à talent sont moins souvent affectés aux travaux agricoles
Quelles sont les ressources physiques et tensions chez les femmes libres de couleur ?
leur rôle de nourrice et couturières sont sources de tensions et de conflits avec d’autres membres du ménage, souvent exacerbées par un harcèlement constant
les femmes métisses, par leur couleur de peau, avaient + de chances d’être affranchies par leur propres efforts financiers plutôt que par la volonté des pères blancs
Femmes métisses, sexualité et agentivité
sexualité et stéréotypes
- perçues comme séduisantes et « disponibles » pour les hommes blancs
- certaines utilisent cette perception pour obtenir des avantages
rôle économique et agentivité
- rôle clé dans les milieux urbains, notamment comme commerçantes et gestionnaires d’esclaves
- pouvoir économique = limité par leur statut et les discriminations, renforcées après Guerre de Sept Ans