Habiletés de communication Flashcards

1
Q

Une des habiletés de base, essentielle à tous les types d’intervention est l’écoute active. Qu’est-ce?

A

—Elle se manifeste de multiples manières, en voici une définition:

—« Technique où l’intervenant doit être mentalement et physiquement prêt pour écouter et interagir avec le client; être en mesure de recevoir de l’information sans la déformer; démontrer son intérêt à ce que l’autre vit ou ressent dans une situation particulière; accompagner le client pour l’aider à s’exprimer. »

(Beaudry, 2001)

—

Il y a plusieurs autres définitions de l’écoute active. Enseignée dans le cadre de plusieurs autres cours, l’écoute active peut être l’objet d’un cours entier si l’on se permet d’approfondir ses facettes.

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Q

À quoi sert l’écoute active?

A

—L’écoute active.. :

  1. Permet d’aller chercher de l’information
  2. Permet au client de s’exprimer et de continuer à le faire avec éclaircissement tout en se sentant accepté dans ce qu’il est.
    • Précise ce qu’il vit, ses émotions et sentiments, ses pensées, ses croyances, etc.
    • Connaissances sur le client
    • Climat d’ouverture et de respect (permet de s’ouvrir et de créer le lien).

—

L’écoute active diffère de la simple écoute. On peut tous écouter et recevoir un message. L’écoute active implique de participer de manière dynamique à la compréhension du message. Par le biais de ses compétences et de ses habiletés, l’intervenant usera de l’écoute active au meilleur de ses capacités afin d’accueillir et de faire sentir à l’autre qu’il comprend sa problématique et ses enjeux.

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3
Q

Comment se manifeste l’écoute active au courant d’une intervention?

A

L’intervenant :

  1. —Ne se laisse pas distraire facilement, focus et concentration sur le client
  2. —Porte une attention à ce qui est dit (verbal) mais également au comportement non-verbal du client
    • Attitude, position, regard
  3. Ne porte pas de jugement et parle dans un langage adapté au client
    • —Retenue exigée sur ses premières impressions personnelles
  4. Démontre et exprime son attention par différents signaux:
    • oui, ok, d’accord, signe de tête, inclinaison du corps
  5. Utilise d’autres habiletés de communication pour accompagner son client dans son discours:
    • Reflets, reformulations, clarifications, etc.
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4
Q

Une autre habileté de communication importante est le reflet. Mais de quoi s’agit-il?

A

—Le reflet est essentiel à l’écoute active et à l’approfondissement des sentiments du client, le reflet se définit ainsi:

—« Technique qui consiste à clarifier, mettre à jour, traduire en paroles les sentiments et attitudes sous-jacentes à la communication du client, pour encourager une plus grande expression et une meilleure compréhension de ses sentiments. L’intervenant reprend l’idée principale contenue dans les paroles du client en la soulignant et en la précisant, ce qui aide le client à clarifier sa pensée et lui démontre que l’intervenant comprend son message. »

—

Reflet = reflet du miroir émotionnel

Ex:

  1. Cliente vient pr dyspareunie, ca crée des difficultés avec son conjoint, il y a un éloignement, etc.

Si on cherche à le refléter, on va prendre l’idée principale de chaque petit bout, et le résumer pour clarifier:

  • ” Donc si je comprend bien le fait d’avoir des dlr à la pénétration vous nuit dans votre communication avec votre conjoint, vous semblez avoir l’impression de vous éloigner de votre conjoint

On vient donc refléter ce que la patiente vient de nous dire, c’est un peu pour qu’elle l’entende sorti de la bouche de quelqu’un d’autre, pour qu’elle réalise qu’effectivement, c’est ce qu’elle a dit. De plus, ca donne l’impression qu’on fait de l’écoute active, mais aussi qu’on comprend bien ce que le client est en train de vivre.

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5
Q

À quoi sert le reflet dans l’intervention en santé sexuelle?

A
  1. —Faire le lien entre les évènements et l’aspect émotif qui est rattaché
  2. —Encourage le client à aller plus en profondeur dans ses émotions et sentiments
  3. —Établit un climat d’écoute active
  4. —Comprendre les émotions
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6
Q

Comment peut se manifester le reflet?

A

L’intervenant… :

  • —porte une attention particulière aux mots que le client utilise pour parler de ses émotions
  • formule le reflet avec les mots mentionnés par le client afin de mettre l’emphase avec un accent tonique particulier sur l’émotion ou le sentiment
  • doit être attentif au visuel, auditif, non-verbal
    • ex: personne dit : la j’en peux plus, j’ai tjrs des dlr à la pénétration, c’est tellement difficile, je ne sais plus quoi faire avec ca. On pourrait ici juste refléter le mot : “difficile?”, ici la personne va vouloir élaborer sur qu’est-ce qui est difficile, et ca vient permettre de préciser davantage.
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7
Q

Qu’est-ce que la reformulation?

A

—C’est une autre habileté essentielle à la communication et à l’écoute active se définissant ainsi:

—« Technique utilisée pour tenter de comprendre l’essentiel de ce que le client exprime en redisant en d’autres termes le contenu du message du client, de façon à verbaliser son désir de bien comprendre. »

  • Elle offre une synthèse de ce que le client vient d’exprimer, sans jugement ni interprétation.
  • La reformulation est une sorte de repère, une pause dans le discours qui permet au client de se positionner, d’écouter le reflet de ses paroles et de se (re)positionner.
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8
Q

À quoi sert la reformulation dans une intervention en santé sexuelle?

A
  1. —Assurer la compréhension du message
  2. —Valider sa perception, clarifier
  3. —Permet au client de garder le focus sur le contenu de son message, au-delà des émotions engendrées
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9
Q

Comment peut se manifester la reformulation dans l’intervention en santé sexuelle?

A
  1. —Tout en s’adaptant au langage et à la réalité du client, l’intervenant reformule, à l’aide de mots utilisés lors de l’entretien et de nouveaux mots, le contenu de chaque point apporté par le client, idéalement tout au long de l’entretien
    • « si je comprends bien…., vous voulez me dire que…,etc. »
    • on n’attend pas à la toute fin c’est trop long et ca donne pas au client l’impression qu’il a été écouté tout au long

Une question à tjrs garder en tête : “Qu’est-ce que le client tente ou essaie de me faire comprendre?”. Ça va nous aider à venir formuler notre reformulation.

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10
Q

Qu’est-ce que la vérification?

A

C’est une autre technique utilisée afin d’assurer une compréhension juste des messages envoyés tant par le client que par l’intervenant.

Les buts de la vérification sont:

  1. —avoir une communication claire et ouverte
  2. faire une correction des incompréhensions, ajustement des perceptions
  3. permet d’orienter le client à préciser ses pensées
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11
Q

Comment se manifeste la vérification dans l’intervention en santé sexuelle?

A

L’intervenant vient répéter mot à mot ce que le client soulève afin qu’il confirme la correspondance à sa réalité.

  • —« Si j’ai bien compris… Vous voulez dire… » à propos d’un point apporté et non pas l’ensemble du discours du client

À l’inverse, il est possible de demander au client ce qu’il a compris de ce que vous lui avez dit.

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12
Q

Qu’est-ce que la clarification et à quoi sert-elle?

A

—Essentiellement la clarification est un outil qui permet d’aller préciser le contenu apporté par le client.

—« Technique qui consiste à amener le client à préciser ce qu’il vient de dire ou ce qui se déroule dans le processus (dans le temps et/ou dans les séquences de comportements) et qui n’est pas clair pour l’intervenant. »

—

La clarification a pour but:

  • —Des élaborations supplémentaires sur des aspects importants
  • De vérifier notre compréhension
  • De clarifier les éléments vagues ou qui portent à confusion

Elle peut se manifester par l’intervenant ainsi:

  • —Poser des questions ouvertes ou fermées
  • Identifier les points à éclaircir
    • Ex.: généralisation (ça, ils, tous), mot valise (romantique, attentif), donc qu’est-ce que ça veut dire pour vous d’être “romantique”?
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13
Q

Une autre habileté de communication importante est le résumé. En quoi consiste-t-il et quelle peut être son utilité?

A

—Le résumé se définit ainsi:

—« Technique qui apporte une nouvelle compréhension au client en reliant ensemble les sentiments, les comportements et la situation présentée, ce que le client n’avait pas vu comme interdépendant. C’est aussi la reformulation et le reflet du contenu de l’ensemble du message du client (émotif ou non) ou de l’entrevue. »

(Beaudry, 2001)

—

On peut utiliser la technique de résumé pour:

  • —Permettre de rassembler l’ensemble des éléments de l’interaction avec le client, donne une vision globale
  • Repèrer et identifier des thèmes et sous-thèmes apportés

—

Une intervention où l’intervenant se sert de la technique de résumé peut se manifester ainsi:

  • —L’intervenant vient faire une synthèse: faire des liens sur les sujets que le client a apporté
  • Utilisé en combinaison avec d’autres techniques, le résumé peut amorcer la conclusion de l’entrevue
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14
Q

Qu’est-ce que le feedback?

A

—« Technique qui consiste à comparer nos perceptions avec celles du client. C’est la confirmation du message reçu. Le récepteur (intervenant) vérifie s’il a bien compris l’impact de son message sur le récepteur (client). »

—

Sensibilité de l’intervenant à ce qu’il se passe dans la relation avec le client.

—Reconnaissance de ses ressentis, comprendre leurs significations et utiliser ceux qu’ils estiment s’inscrire dans la relation aidante

Le feedback sert à :

  1. —Vérifier, valider la compréhension
  2. Supporter le client dans ses difficultés
  3. Appliquer d’autres stratégies

Le feedback se manifeste:

  • —De façon descriptive (sans jugement ni évaluation, on fait vrm juste décrire ce que le patient vient de nous dire)
  • Le feedback est factuel: il est basé sur ce qui est observé dans l’ici et maintenant (faits, données qui en permettent l’énoncé)
  • Le feedback doit être spécifique: réfère à un comportement précis ou une séquence comportementale (évite confusion)
  • Il doit tenter de mettre les aspects positifs de l’avant
  • Il est aussi subjectif: n’impose pas des règles ou des normes
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15
Q

Quels sont d’autres exemples d’habiletés de communications pouvant être utile dans une intervention en santé sexuelle?

A

—Bien sur, il y a d’autres habiletés possibles mentionnées dans la littérature : spécificité, l’immédiateté, l’humour, etc.

—

Il est important de se pratiquer à développer les habiletés présentées dans sa vie de tous les jours: conjoint(e), enfant(s), amis (es), collègue(s), patron(s), etc.

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16
Q

Qu’est-ce que l’activité mentale du thérapeute (AM-T)

A

L’activité mentale du thérapeute (AM-T) englobe l’ensemble des processus de réflexion qui portent sur les pensées, émotions, sensations, expériences ressenties ou vécues par le thérapeute au contact du patient. Ce concept rassemble donc à la fois les composantes affectives, cognitives et relationnelles de l’expérience vécue par le thérapeute dans l’interaction clinique et réfère également aux capacités de mentalisation du thérapeute.

L’AM-T regroupe trois modes qui constituent des états ou des processus dans lesquels le thérapeute peut se trouver lorsqu’il écoute un patient :

  1. le mode rationnel, purement cognitif et théorique,
  2. le mode réactif, purement émotif et souvent plus intense, envahissant et inconscient,
  3. le mode réflectif, qui constitue l’activité de mentalisation du thérapeute, où ce dernier utilise son expérience affective et ses représentations symboliques pour se construire une compréhension unique du patient.

Le thérapeute peut alterner entre ces modes, les utiliser de façon parallèle ou séquentielle durant l’écoute thérapeutique.

17
Q

En quoi consiste le mode d’activité mentale rationnelle?

A

L’AM-T rationnelle est une activité mentale hypothético-déductive qui amène le thérapeute à une compréhension objective du patient. Dans ce mode, le thérapeute base sa réflexion sur ses observations et ses connaissances théoriques et tente de catégoriser le patient selon des modèles explicatifs existants.

Par exemple, le thérapeute peut faire des observations sur l’apparence, les propos ou le non-verbal du patient, émettre des hypothèses diagnostiques sur le trouble ou la psychopathologie du patient, commenter des comportements objectivables ou élaborer une théorie explicative des difficultés du patient, à partir de ses connaissances théoriques ou du sens commun.

Le thérapeute se positionne d’un point de vue extérieur, il se trouve dans une position détachée et non-participante. Il n’y a pas vraiment d’émotions.

18
Q

En quoi consiste le mode d’activité mentale réactive?

A

L’AM-T réactive, quant à elle, correspond à un état émotionnellement chargé et engagé, où le thérapeute expérimente des affects de façon intense et parfois aliénante. Le thérapeute réagit de façon brute et spontanée à ce que le patient suscite en lui, par exemple en prenant parti pour ce dernier, en l’idéalisant ou au contraire en le rejetant massivement ou en posant des jugements erronés sur ce dernier.

Puisque le mode réactif est majoritairement constitué de réactions affectives inconscientes, le thérapeute peut se trouver piégé dans l’expérience affective sans être en mesure de dégager un sens clinique de l’état ressenti.

L’AM-T réactive réfère donc aux «points aveugles» du thérapeute, ses réactions n’étant pas directement accessibles à sa conscience. En ce sens, les enjeux du client peuvent perturber le thérapeute et provoquer chez lui de l’anxiété, surtout s’ils touchent à ses enjeux personnels.

L’AM-T réactive est également définie comme étant une opérationnalisation des réactions contre-transférentielles pouvant être expérimentées par le thérapeute. Ce mode d’AM-T peut mener à une mauvaise interprétation de la dynamique interne du client et être dommageable au processus thérapeutique, si le thérapeute en demeure inconscient . Si le thérapeute parvient à prendre conscience de son AM-T réactive, il a alors la possibilité d’utiliser ces informations de nature émotive et ainsi de se diriger vers l’utilisation d’une AM-T réflective.

19
Q

En quoi consiste le mode d’activité mentale réflective?

A

Finalement, l’AM-T réflective est un processus d’intégration à la fois de l’expérience affective, cognitive, relationnelle et sensorielle vécue par le thérapeute au contact du patient. Le thérapeute utilise ses réactions subjectives, les représentations symboliques qui lui viennent à l’esprit, ses sensations et ses ressources cognitives afin de dégager un sens de sa propre expérience et de celle du patient lors de l’interaction thérapeutique.

Contrairement au mode réactif, le thérapeute dans le mode réflectif est conscient de l’expérience ressentie et fournit un effort délibéré pour s’immerger dans cette expérience, mais aussi pour comprendre la dynamique interne du client. Il utilise ses réactions subjectives conscientes ou préconscientes au service d’une compréhension articulée et spécifique du patient.

Le thérapeute tente d’identifier et d’élaborer ses réactions internes, celles-ci pouvant être au départ vagues, imprécises et diffuses (étape d’émergence), pour ensuite devenir une expérience de plus en plus spécifique et élaborée. Le thérapeute s’imprègne alors de l’expérience affective (immersion) et en élabore une compréhension riche et articulée des difficultés du patient et de son monde interne (élaboration).

20
Q

Comment le genre du thérapeute et son impact sur les processus thérapeutiques peut-il influencer son intervention en santé?

A

Le genre du thérapeute et son impact sur les processus thérapeutiques est une des variables ayant été étudiées chez le thérapeute. Cette variable n’a fait l’objet que d’une seule étude concernant l’AM-T spécifiquement. Lecours et al. (1995) ont rapporté une différence entre les femmes et les hommes quant à leur utilisation de l’AM-T réflective. Les femmes présenteraient des scores d’AM-T réflective plus élevés que leurs collègues masculins.

D’autres études portant sur les processus mentaux des hommes et des femmes en général proposent d’ailleurs que les femmes utilisent des processus mentaux différents de ceux des hommes. Cette différence s’expliquerait entre autres par un type de pensée plus relationnelle chez les femmes, une pensée plus contextuelle et affective, axée sur les processus émotifs. Les hommes tendraient, quant à eux, à adopter un style de réflexion plus théorique et analytique se rapprochant de l’AM-T rationnelle.

21
Q

Comment la personnalité du thérapeute peut-elle influencer son intervention?

A

La personnalité du thérapeute est une autre variable ayant fait l’objet d’études chez le thérapeute, les chercheurs s’intéressant souvent à mieux comprendre l’effet de la personnalité sur les habilités thérapeutiques de l’intervenant.

Peu d’études ont mesuré spécifiquement le lien entre les traits de personnalité et l’AM-T. Les résultats d’une thèse doctorale sur l’AM-T ont montré que le trait d’ouverture à l’expérience serait corrélé avec l’utilisation de l’AM-T réflective. Selon Parent (2005), ce trait de personnalité amènerait le thérapeute à s’immerger davantage dans le vécu du patient. Aucun autre trait de personnalité n’a été montré comme étant lié à l’AM-T jusqu’à maintenant.

Parent (2005) soulève néanmoins la possibilité que certains traits de personnalité du thérapeute, comme le trait Narcissisme et Indépendance, aient un impact sur l’acquisition des activités mentales par le thérapeute. Par contre, aucune étude n’a montré cette influence à ce jour.

22
Q

Comment l’utilisation de certains mécanismes de défense par le thérapeute peut-elle influencer l’intervention?

A

L’utilisation de certains mécanismes de défense chez le thérapeute est aussi une variable qui pourrait avoir un effet sur l’AM-T du thérapeute. Les mécanismes de défense, aussi appelés coping styles, sont des processus psychologiques automatiques qui protègent l’individu contre l’anxiété ou la prise de conscience de stresseurs internes ou externes. Bien que la plupart des études sur les mécanismes de défense se soient intéressées au patient, il est fort possible que cette variable ait aussi un impact sur la façon dont le thérapeute réfléchit au patient.

Une étude a d’ailleurs montré que l’AM-T réflective était reliée à des défenses matures et évoluées chez le thérapeute, tandis que l’AM-T réactive était quant à elle associée à des défenses immatures et moins adaptées au contexte du processus d’aide thérapeutique.

23
Q

Comment les expériences vécues par l’intervenant peuvent influencer l’intervention?

A

Il serait également attendu que certaines expériences marquantes vécues par le thérapeute influencent sa façon de réfléchir au patient et de composer avec l’expérience émotionnelle ressentie lors du contact thérapeutique. Des études sur les thérapeutes travaillant auprès d’une clientèle présentant une histoire traumatique montrent d’ailleurs des réactions plus négatives chez les thérapeutes ayant eux-mêmes des symptômes liés à un trauma. Par exemple, les séquelles de vécu traumatique chez le thérapeute pourraient être susceptibles d’influencer son recours à certaines AM-Ts durant l’écoute thérapeutique.

Il est démontré que les personnes ayant vécu un trauma sont plus enclines à présenter un haut niveau d’anxiété, une hypervigilance, une vulnérabilité dans les situations hautement émotives et intenses, plus de symptômes de dissociation, d’irritabilité et de colère. Ces symptômes pourraient altérer les capacités réflexives de l’individu. Or, il serait attendu que les thérapeutes présentant des symptômes liés à un trauma présentent davantage d’AM-T réactive et soient moins en mesure d’approfondir l’AM-T réflective ou même rationnelle.

Toutefois, il est impossible à ce jour de corroborer ces hypothèses théoriques à partir de la littérature puisqu’aucun écrit à notre connaissance n’aborde ce lien spécifique entre les symptômes traumatiques et l’utilisation des trois types d’AM-T.

24
Q

Comment le nb d’année d’expérience du thérapeute peut-il influencer l’intervention?

A

Le nombre d’années d’expérience clinique du thérapeute serait également un facteur qui pourrait influencer l’AM-T. À cet effet, Normandin (1993) et Lecours et al. (1995) suggèrent que les thérapeutes qui pratiquent la psychothérapie depuis dix ans ou plus sont deux fois plus susceptibles d’utiliser l’AM-T réactive, comparativement aux novices. Avec l’augmentation du sentiment de compétence que peut fournir l’expérience, un relâchement de l’inhibition des réactions (pouvant se manifester sous forme de spontanéité de la part du thérapeute ou d’une plus grande confiance envers ses pensées momentanées) pourrait faire en sorte qu’un thérapeute se sente plus à l’aise de réagir rapidement et spontanément à un patient.

Toutefois, même si ce mode est davantage utilisé, les thérapeutes d’expérience ne semblent pas l’utiliser de façon dominante et exclusive. Ceci n’interfère donc pas nécessairement avec leur compréhension du patient. Les jeunes thérapeutes, quant à eux, semblent inhiber plus fortement l’expression de leurs réactions. Séguin et Bouchard (1996) suggèrent que les thérapeutes expérimentés soient moins critiques à l’égard de leurs réactions face au patient. Ils filtrent moins leurs verbalisations lors des expérimentations.

D’autres études montrent que les thérapeutes expérimentés sont plus enclins à parler de leurs expériences contre-transférentielles, car ils en ont moins peur. Ils parviennent donc davantage à se laisser surprendre par ce qui émerge spontanément de leur esprit. Les thérapeutes expérimentés tolèreraient donc mieux le mode réactif, sachant qu’ils seront éventuellement en mesure de reprendre le contrôle sur ces pensées ou affects et ces états qui les informent sur le monde interne du patient. Ils ont également une meilleure confiance en leurs capacités professionnelles et sentent moins le besoin de se protéger face au patient.

Une autre possibilité serait que les thérapeutes expérimentés utilisent davantage l’AM-T rationnelle comparativement aux novices. En effet, il serait logique et attendu que les connaissances rationnelles des thérapeutes d’expérience soient plus développées. Ceci pourrait favoriser leur aisance à utiliser, élaborer et appliquer des hypothèses et des concepts théoriques basés sur la réalité objective et à les adapter aux différents patients.

25
Q

Comment le fait que le thérapeute soit lui-même suivi psychologiquement peut-il influencer la façon dont il procédera à son intervention?

A

L’importance et l’impact de la psychothérapie personnelle du thérapeute sur sa capacité à prodiguer des soins psychothérapeutiques auprès de patients ont longtemps été sources de questionnements et de discussions au sein de la communauté clinique.

Traditionnellement, cette démarche thérapeutique personnelle, préalable ou concurrente, était au coeur des pratiques de l’approche psychanalytique, où il était nécessaire au thérapeute d’être lui-même analysé avant de pouvoir procéder à l’analyse de ses patients. Cette pratique se justifiait par les « points aveugles » du thérapeute, c’est-à-dire ses enjeux personnels, ses angoisses et défenses à risque de le biaiser dans sa compréhension du patient. Quelques études au cours des dernières années ont porté sur l’effet de la psychothérapie personnelle du thérapeute sur son travail clinique. La plupart d’entre elles soulèvent un effet positif de la psychothérapie sur le développement personnel et professionnel du psychothérapeute, mais les résultats ne sont pas toujours significatifs quant au réel impact sur le patient. De plus, peu de ces études sont en mesure d’identifier spécifiquement les effets précis de cette variable sur le travail thérapeutique du professionnel.

Dubé et Normandin (1999), quant à eux, ont montré que les thérapeutes ayant eu recours à une psychothérapie personnelle utilisaient plus en profondeur l’AM-T réflective. Ce lien pourrait être modulé par un apprentissage plus élaboré de la gestion des émotions via la thérapie personnelle. La compréhension du monde interne du patient et de la relation thérapeutique serait ainsi plus élaborée chez les thérapeutes ayant eux-mêmes consulté. Toutefois, aucun lien significatif n’a été obtenu jusqu’à présent entre le fait d’avoir eu recours à une psychothérapie personnelle et les autres activités mentales de l’intervenant.

26
Q

Comment l’orientation théorique du thérapeute peut-elle influencer son intervention?

A

L’orientation théorique et son lien avec l’AM-T n’ont fait l’objet que d’une seule étude. Dans cette étude, les thérapeutes d’approches humaniste et psychodynamique utilisaient davantage l’AM-T réflective que les thérapeutes d’orientation comportementale. Ces derniers emploieraient plus majoritairement l’AM-T rationnelle.

De plus, les thérapeutes d’orientation humaniste/existentielle auraient légèrement plus recours à l’AM-T réflective que ceux d’orientation psychodynamique, possiblement en raison de l’empathie et l’exploration de l’expérience dans l’ici et maintenant qui sont au coeur des techniques de l’approche humaniste. Toutefois, ce résultat n’a pas été répliqué dans aucune autre étude à ce jour.

27
Q

Quelles sont les caractéristiques du thérapeute qui l’enligneraient plus vers une approche rationnelle?

A

Un modèle de régression linéaire multiple a montré que l’AM-T rationnelle peut être prédite par le niveau de défenses matures du thérapeute et par le fait d’avoir ou non de l’expérience clinique.

Le registre de défenses constitue la façon dont la personne fait face à un certain niveau de stress, comment elle gère ses conflits internes et de quelles façons elle s’adapte aux situations anxiogènes. Des défenses dites matures sont décrites comme étant plus adaptatives, plus souples et flexibles, s’ajustant ainsi aux contextes. Il est possible qu’en présentant un registre développé de défenses matures, le thérapeute parvienne davantage à réguler ses émotions lors de l’interaction thérapeutique. Il aurait ainsi un meilleur accès à ses capacités rationnelles face à un patient, malgré le niveau de désorganisation et d’intensité émotive qui peuvent être présentes dans l’interaction thérapeutique.

Des études montrent d’ailleurs un lien entre les mécanismes de défense adaptatifs et la capacité à se réguler en situation émotionnellement intense. Les défenses matures seraient également associées à des stratégies de « coping » qui visent la résolution de problème, ce qui correspond à l’AM-T rationnelle, comparativement aux défenses immatures qui seraient davantage liées aux stratégies d’évitement, de fuite ou de mise en acte. Les défenses matures permettraient au thérapeute de mieux gérer les émotions ressenties en séance, ce qui créerait donc un espace cognitif pour réfléchir rationnellement et ainsi avoir davantage accès à ses capacités cognitives d’observation, d’élaboration d’hypothèses et d’établissement de liens avec les théories existantes.

L’expérience clinique contribuerait également à prédire l’utilisation de l’AM-T rationnelle. Il est possible et attendu qu’avec l’expérience s’accroissent les connaissances théoriques du thérapeute, mais également sa capacité à les utiliser de façon flexible et à les généraliser à plusieurs situations cliniques. Ceci expliquerait une utilisation plus complexe de l’AM-T rationnelle chez les thérapeutes ayant de l’expérience clinique, comparativement à ceux n’ayant aucune expérience. Il est aussi possible que le fait d’avoir de l’expérience clinique corresponde également à un certain niveau de formation académique chez les thérapeutes, comparativement à un niveau significativement moins avancé chez ceux n’ayant aucune expérience clinique. Cette formation théorique pourrait alors expliquer une AM-T rationnelle plus élaborée chez les thérapeutes ayant de l’expérience.

Rappelons que la variable des défenses et celle de l’expérience du thérapeute et leur lien avec les AM-Ts avaient été testées dans le cadre d’études précédentes. Les quelques études qui avaient investigué ces variables montraient un lien avec l’AM-T réactive et réflective, alors que dans notre étude, les défenses matures et l’expérience prédisent le recours à l’AM-T rationnelle. Il est possible que cette différence soit expliquée en partie par des considérations méthodologiques, les défenses étant d’ailleurs évaluées par un instrument différent dans le cadre de notre étude. Il est également possible que ces différences soient en partie expliquées par la révision de la GAM-T ou par un échantillonnage différent.

28
Q

Quelles sont les caractéristiques du thérapeute qui l’enligneraient plus vers une approche réactive?

A

Un de nos modèles de régression a montré que le trait d’Hostilité de l’OMNI Personality Inventory explique 13% de la variance d’AM-T réactive. L’AM-T réactive, aussi liée aux réactions émotives intenses et contre-transférentielles du thérapeute, est un processus automatique et instinctif qui échappe d’ailleurs bien souvent à la conscience du thérapeute. Il est possible que certains thérapeutes soient plus sujets à demeurer coincés ou envahis par ce type de réactions primitives et désorganisantes.

Par exemple, les thérapeutes ayant une personnalité plus irritable et colérique pourraient être plus vulnérables à réagir de façon très intense aux émotions soulevées par le patient. Des études montrent d’ailleurs un lien entre le trait d’hostilité et des réactions intenses aux stress interpersonnels. Les émotions négatives ou représentations hostiles déjà présentes chez le thérapeute pourraient être un terrain fertile au développement d’une certaine intolérance émotionnelle face à des contenus chez le patient qui seraient plus émotionnellement chargés, surtout négativement. Cette hypothèse rejoint d’ailleurs les écrits scientifiques qui suggèrent que les introjections négatives ou hostiles du thérapeute pourraient avoir une influence sur sa capacité à gérer les interactions thérapeutiques difficiles.

Des recherches montrent aussi que peu importe leur niveau d’expérience, les thérapeutes éprouvent d’énormes difficultés dans les situations de tension interpersonnelle et plus particulièrement face à des comportements hostiles chez le patient. Ainsi, les émotions négatives du thérapeute pourraient le prédisposer à ressentir les émotions du patient de façon trop intense, à réagir trop fortement aux dynamiques déployées en séance ou à avoir une compréhension erronée ou biaisée du vécu du patient.

Ce type de thérapeute pourrait bénéficier d’une meilleure vigilance quant à leur façon de réagir au patient et aux contenus émotifs difficiles. Il s’agit d’une information pertinente à considérer dans la formation des thérapeutes, qui rappelle l’importance de l’encadrement et de la supervision. La supervision pourrait même s’avérer encore plus primordiale pour certains thérapeutes ayant une personnalité plus à risque de réagir fortement au patient.

29
Q

Quelles sont les caractéristiques du thérapeute qui l’enligneraient plus vers une approche réflective?

A

Les résultats de la régression montrent qu’un plus long recours à la psychothérapie chez le thérapeute permettrait de prédire le recours à l’AM-T réflective. Ce résultat corrobore ce qui avait été retrouvé par Dubé et Normandin (1999). Tel que le rapportent ces auteurs, il est possible que la psychothérapie permette au thérapeute une meilleure gestion des expériences intenses ressenties face au patient, un meilleur contrôle de l’impulsivité ainsi qu’une facilité ou une ouverture à s’immerger dans le monde affectif et symbolique de l’autre.

Le fait que la psychothérapie personnelle semble ne pas avoir de lien avec l’AM-T réactive suggère également que cette variable n’empêche pas les thérapeutes de ressentir des émotions fortes et brutes face au patient. La psychothérapie les outillerait plutôt pour qu’ils puissent prendre conscience de cette expérience et l’utiliser au profit d’une meilleure compréhension du monde interne du patient.

La psychothérapie est également un contexte qui permet au thérapeute une meilleure conscience de soi et une exploration du monde émotionnel et affectif, dans un contexte sécurisant et encadré, ce qui pourrait créer un terrain propice au développement des capacités de mentalisation du thérapeute. Il a d’ailleurs été démontré dans des études antérieures que certaines psychothérapies favorisent grandement le développement des capacités de mentalisation chez les patients. Il est donc possible que la psychothérapie personnelle permette au thérapeute de développer son FR et ultimement, de déployer de meilleures capacités de mentalisation face aux patients dans sa pratique clinique.

Finalement, le recours à l’AM-T réflective est prédit en partie par le trait Confiance en soi. Ce trait, tel que mesuré par l’OMNI, se définit comme étant une assurance personnelle face à soi et à ses idées, une confiance en son jugement et une capacité d’affirmation de soi par rapport aux autres. À notre connaissance, ces résultats sont les premiers sur le lien entre ce trait de personnalité chez le thérapeute et la mentalisation ou l’AM-T réflective. Il est possible que l’utilisation de l’AM-T réflective en contexte thérapeutique demande un certain « courage » de la part du thérapeute, dans la mesure où ce dernier doit accorder du crédit à ses impressions, idées furtives ou émotions spontanées, un ensemble d’expériences qui sont soudaines, déstabilisantes et qui peuvent apparaitre à la base comme étant incohérentes et diffuses.

L’AM-T réflective étant un processus majoritairement volontaire de la part du thérapeute, il est possible que le trait de Confiance en soi lui offre une base solide, lui permettant d’explorer le monde interne de l’autre, ses représentations et relations d’objet, un univers symbolique parfois intense, confondant et différent du thérapeute lui-même. L’AM-T réflective exige du thérapeute de délaisser momentanément ses modèles théoriques connus, pour s’immerger dans l’univers du patient. Il est possible que ce trait lui permette d’avoir confiance en ses propres moyens, ce qui diminue la peur de se faire happer ou envahir par le monde interne du patient et qui le prédispose à s’immerger plus facilement dans l’expérience de l’autre.