Cours 4 : le DSM-V Flashcards
Philo du DSM
Poser un diagnostic de trouble mental, en conséquence, ne saurait se limiter à simplement cocher des symptômes présents dans les listes de critères diagnostiques
Développement du DSM
DSM-I (1952) et DSM-II (1968): Approches très semblables: courte description de troubles mentaux
DSM-III (1980) et DSM-III-R (1987) : Introduction du modèle multiaxial et d’un diagnostic polythétique (beaucoup de changements entre 2 et 3), pas encore d’approche systématique
DSM-IV (1994) et DSM-IV-TR (2000) : Application plus rigoureuse d’une approche qui s’inspire des données probantes (mais ressemble à 3)
DSM-5 (mai 2013) : Changement de paradigme (biologique-dimensionnel) avorté (vers un approche dimensionnelle, réduire la comorbidité dans les diagnostics)
le DSM-III
Une approche basée sur les symptômes et un évitement de considérations étiologiques (accent sur le visible plutôt que sur l’invisible)
Ces changements n’ont pourtant pas été inspirés par l’avancement des connaissances en psychiatrie (plus idéologiques en réaction à des pressions sociales)
Pressions pour façonner le DSM-3
Le remboursement des frais de psychothérapie
La désinstitutionnalisation (pharmacothérapie)
La montée des autres disciplines professionnelles en santé mentale (psychiatres ont commencé à s’occuper des médicaments)
La justification de l’efficacité des traitements par la recherche empirique
Effets du DSM-III
Médicalisation de la psychiatrie
Élimination de la psychanalyse (traitement de maladies)
Les compagnies pharmaceutiques se sont emparées de l’opportunité de traiter tous ces troubles «distincts»
Les chercheurs du domaine biomédical devenaient plus influents que les cliniciens
DSM-5
Mis en branle avec la volonté de changer de paradigme: passer d’un modèle catégoriel-syndromal à un modèle dimensionnel-biologique
Les dimensions devaient pouvoir avoir une portée transdiagnostique
Différences avec le DSM-IV-TR
Pas beaucoup finalement Diagnostic multiaxial abandonné Ordre des chapitres: - chronologie neurodéveloppementale - troubles intériorisés, extériorisés, troubles neurocognitifs, autres
Accueil du DSM-5
Allen Frances
Se plaint de la proposition de diagnostics pas validés ou qui ouvrent la porte à une épidémie de diagnostics
Les syndromes sont arbitraires et ne correspondent pas à une étiologie biologique
Ils promeuvent leur système diagnostic
Humeur
État affectif durable (entre quelques heures et quelques jours ou plus) dont le déclencheur est plus ou moins précis et qui est ressenti de manière diffuse
Positif-négatif; souvent dépressif, euphorique, colérique ou anxieux
Troubles de l’humeur (unipolaire ou bipolaire)
Source d’Hippocrate
Troubles dépressifs au DSM-5
Ne sont plus classés avec les troubles bipolaires;
Présence d’une humeur triste, vide ou irritable, accompagnée de changements somatiques ou cognitifs qui affectent significativement la capacité de fonctionner de l’individu
Symptômes du trouble dépressif caractérisé (au moins 5 pendant 2 semaines, changement important au fonctionnement antérieur, au moins 1 ou 2 présent)
Critère A
1) humeur dépressive présente quasiment toute la journée, presque tous les jours, signalée par la personne (ex. se sent triste ou vide, sans espoir) ou observée par les autres (ex. pleure)
2) diminution marquée de l’intérêt ou du plaisir pour toutes ou presque toutes les activités quasiment toute la journée, presque tous les jours (signalée par la personne ou observée par les autres)
3) perte ou gain de poids significatif (ex. modification du poids corporel excédant 5% en 1 mois) ou diminution ou augmentation de l’appétit presque tous les jours
4) insomnie ou hypersomnie presque tous les jours
5) agitation ou ralentissement psychomoteur presque tous les jours (constaté par les autres, non limité à un sentiment subjectif de fébrilité ou de ralentissement)
6) fatigue ou perte d’énergie presque tous les jours
7) sentiment de dévalorisation ou de culpabilité excessive ou inappropriée (qui peut être délirante) presque tous les jours (pas seulement se reprocher ou se sentir coupable d’être malade)
8) diminution de l’aptitude à penser ou à se concentrer ou indécision, presque tous les jours (signalée par la personne ou observée par les autres)
9) pensées de mort récurrentes (pas seulement une peur de mourir), idées suicidaires récurrentes sans plan précis, tentative de suicide ou plan précis pour se suicider
Autres critères du trouble dépressif caractérisé
B. Les symptômes induisent une détresse cliniquement significative ou une altération du fonctionnement social, professionnel ou dans d’autres domaines importants
C. L’épisode n’est pas imputable aux effets physiologiques d’une substance ou à une autre affection médicale
Note: les critères A-C définissent un épisode dépressif caractérisé
Note: attention au deuil…
D. La survenue de l’épisode dépressif caractérisé n’est pas mieux expliquée par un trouble schizoaffectif, une schizophrénie, un trouble schizophréniforme, un trouble délirant ou d’autres troubles spécifiés ou non spécifiés du spectre de la schizophrénie ou d’autres troubles psychotiques
E. Il n’y a jamais eu auparavant d’épisode maniaque ou hypomaniaque
Caractéristiques mélancoliques
A. L’un des éléments suivants a été présent au cours de la période la plus grave de l’épisode actuel:
1) perte de plaisir pour toutes ou presque toutes les activités
2) absence de réactivité aux stimuli habituellement agréables (ne se sent pas beaucoup mieux, même temporairement, lorsqu’un événement agréable survient)
B. Trois éléments (ou plus) parmi les suivants:
1) qualité particulière de l’humeur dépressive caractérisée par un abattement profond, un sentiment de désespoir et/ou une morosité ou ce que l’on appelle habituellement une anesthésie affective
2) dépression régulièrement plus marquée le matin
3) réveil matinal précoce (au moins 2 heures avant l’heure habituelle du réveil)
4) agitation ou ralentissement psychomoteur marqué
5) anorexie ou perte de poids significative
6) culpabilité excessive ou inappropriée
Trouble dépressif persistant (dysthymie)
A. Humeur dépressive présente quasiment toute la journée, plus d’un jour sur 2, signalée par la personne ou observée par les autres, pendant au moins 2 ans
B. Quand le sujet est déprimé, il présente au moins 2 des symptômes suivants:
1) perte d’appétit ou hyperphagie
2) insomnie ou hypersomnie
3) baisse d’énergie ou fatigue
4) faible estime de soi
5) difficultés de concentration ou difficultés à prendre des décisions
6) sentiments de perte d’espoir
C. Au cours de la période de 2 ans de perturbation thymique, la personne n’a jamais eu de période de plus de 2 mois consécutifs sans présenter les symptômes des critères A et B
D. Les critères de trouble dépressif caractérisé peuvent être présents d’une manière continue pendant 2 ans
E. Il n’y a jamais eu d’épisode maniaque ou hypomaniaque, et les critères du trouble cyclothymique n’ont jamais été réunis
F. Le trouble n’est pas mieux expliqué par un trouble psychotique (plusieurs sont énumérés)
G. Les symptômes ne sont pas imputables aux effets physiologiques directs d’une substance (ex. une drogue donnant lieu à abus, un médicament) ou d’une autre affection médicale (ex. hypothyroïdie)
H. Les symptômes entraînent une détresse cliniquement significative ou une altération du fonctionnement social, professionnel ou dans d’autres domaines importants
Modèles de la dépression (pathologique)
Manque d’émotion positive, d’auto-renforcement, lié à une carence: anhédonie, manque de vitalité, d’énergie
Résignation apprise (learned helplessness): impuissance douloureuse
Soi critiqué, dévalorisé, abîmé par les attaques: culpabilité, honte (manque d’estime de soi), auto-agression (dépression autocritique)
Soi incomplet, ayant subi une perte inélaborable: vide, détresse (dysphorie) (dépression anaclitique)
Deuil pathologique dans le DSM-IV et DSM-V
La version 5 du DSM élimine le critère d’exclusion du deuil
Logique: la perte d’un proche n’est pas un stresseur différent des autres stresseurs qui sont à la base d’un épisode dépressif
Critiques par rapport au deuil pathologique dans le DSM-V
Certains pensent que l’on aurait plutôt dû élargir le critère d’exclusion à tous les contextes de perte
Le retrait du critère d’exclusion n’est pas soutenu par la recherche
On craint évidemment que les personnes souffrant de tristesse (deuil) soient considérées «malades» et traitées médicalement
Qualités de la dépression borderline
La dépression vécue par une personne ayant un TPB est plus interpersonnelle
Elle se manifeste par:
Un sentiment de vide
Un sentiment de solitude
Du désespoir vis-à-vis des relations d’attachement
Une affectivité négative (dysphorie) diffuse et labile
Tristesse borderline
Associée aux thèmes suivants: Agression Relation brisée par l’autre Affects négatifs indifférenciés Soi inadéquat Expériences débordantes (Pas d’expérience de perte) Le borderline semble donc se vivre comme endommagé par une relation saturée d’hostilité et de ruptures subies
Caractéristiques atypiques
A. Réactivité de l’humeur (i.e. que les événements positifs réels ou potentiels améliorent l’humeur)
B. 2 (ou plus) des caractéristiques suivantes:
1) prise de poids ou augmentation de l’appétit significatif significative
2) hypersomnie
3) membres «en plomb» (i.e. sensation de lourdeur, «de plomb», dans les bras et les jambes)
4) la sensibilité au rejet dans les relations est un trait durable (i.e. qu’elle n’est pas limitée aux épisodes de trouble thymique) qui induit une altération significative du fonctionnement social ou professionnel
C. Ne répond pas aux critères «avec caractéristiques mélancoliques» ou «avec caractéristiques catatoniques» au cours du même épisode
Épisode hypomaniaque
A. Une période nettement délimitée durant laquelle l’humeur est élevée, expansive ou irritable de façon anormale et persistante, avec une augmentation anormale et persistante de l’activité ou du niveau d’énergie, persistant la plupart du temps, presque tous les jours, pendant au moins 4 jours consécutifs
B. Au cours de cette période de perturbation de l’humeur et d’augmentation de l’énergie ou de l’activité, au moins 3 des symptômes suivants (4 si l’humeur est seulement irritable) sont présents avec une intensité significative et représentent un changement notable par rapport au comportement habituel:
1) augmentation de l’estime de soi ou idées de grandeur
2) réduction du besoin de sommeil (ex. le sujet se sent reposé après seulement 3 heures de sommeil)
3) plus grande communicabilité que d’habitude ou désir constant de parler
4) fuite des idées ou sensations subjectives que les pensées défilent
acilement attirée par des stimuli extérieurs sans importance ou non pertinents) rapportée ou observée
6) augmentation de l’activité orientée vers un but (social, professionnel, scolaire ou sexuel) ou agitation psychomotrice
7) engagement excessif dans des activités à potentiel élevé de conséquences dommageables (ex. la personne se lance sans retenue dans des achats inconsidérés, des conduites sexuelles inconséquentes ou des investissements commerciaux déraisonnables)
C. L’épisode s’accompagne de modifications indiscutables du fonctionnement, qui diffère de celui du sujet hors période symptomatique
D. La perturbation de l’humeur et la modification du fonctionnement sont manifestes pour les autres
E. La sévérité de l’épisode n’est pas suffisante pour entraîner une altération marquée du fonctionnement professionnel ou social, ou pour nécessiter une hospitalisation. S’il existe des caractéristiques psychotiques, l’épisode est, par définition, maniaque
F. L’épisode n’est pas imputable aux effets physiologiques d’une substance (ex. substance donnant lieu à abus, médicament ou autre traitement). Note: un épisode hypomaniaque complet qui apparaît au cours d’un traitement antidépresseur (ex. médicament, sismothérapie) mais qui persiste et remplit les critères complets d’un épisode au-delà du simple effet physiologique de ce traitement doit être diagnostiqué comme un épisode hypomaniaque. Toutefois, la prudence s’impose car 1 ou 2 symptômes (en particulier une augmentation de l’irritabilité, de la nervosité ou de l’agitation après la prise d’un antidépresseur) ne sont pas suffisants pour un diagnostic d’épisode hypomaniaque, et ne sont pas obligatoirement indicatifs d’une diathèse bipolaire
Trouble bipolaire de type II
A. Les critères ont été rencontrés pour au moins un épisode hypomaniaque et au moins un épisode dépressif caractérisé
B. Il n’y a jamais eu d’épisode maniaque
D. L’apparition de(s) l’épisode(s) hypomaniaque(s) et de(s) l’épisode(s) dépressif(s) n’est pas mieux expliquée par un trouble schizoaffectif, une schizophrénie, un trouble schizophréniforme, un trouble délirant, ou un autre trouble spécifié ou non spécifié du spectre de la schizophrénie et autres troubles psychotiques
E. Les symptômes de dépression ou l’imprévisibilité causés par l’alternance fréquente entre des périodes de dépression et d’hypomanie entraînent une souffrance importante ou une altération du fonctionnement social, professionnel ou dans d’autres domaines importants
Trouble cyclothymique
A. Existence pendant au moins 2 ans de nombreuses périodes pendant lesquelles des symptômes hypomaniaques sont présents sans que soient réunis les critères d’un épisode hypomaniaque et de nombreuses périodes pendant lesquelles des symptômes dépressifs sont présents sans que soient réunis les critères pour un épisode dépressif caractérisé
B. Durant la période de 2 ans décrite ci-dessus, les périodes hypomaniaques et dépressives ont été présentes au moins la moitié du temps et la personne n’a pas connu de plus de 2 mois consécutifs sans les symptômes
C. Les critères pour un épisode dépressif caractérisé, maniaque ou hypomaniaque n’ont jamais été réunis
D. Les symptômes du critère A ne sont pas mieux expliqués par un trouble schizoaffectif, une schizophrénie, un trouble schizophréniforme, un trouble délirant ou un autre trouble spécifié ou non spécifié du spectre de la schizophrénie ou un autre trouble psychotique
E. Les symptômes ne sont pas imputables aux effets physiologiques d’une substance (ex. substance donnant lieu à abus, médicament) ou à une autre affection médicale (ex. hyperthyroïdie)
F. Les symptômes entraînent une détresse cliniquement significative ou une altération du fonctionnement social, professionnel ou dans d’autres domaines importants
Préciser si avec détresse anxieuse
Spectre bipolaire
Le trouble de référence est le trouble bipolaire I (au moins un épisode maniaque avéré)
Le spectre est un continuum de troubles se situant entre un état d’humeur normale et le trouble bipolaire I (bipolar spectrum)
Selon Akiskal, la bipolarité est sous-estimée; elle constituerait 50% des troubles de l’humeur (plutôt que le 20% reconnu aujourd’hui) et toucherait 5% de la population
le spectre bipolaire inclut entre autres le trouble bipolaire II, les caractéristiques atypiques de la dépression majeure et le TPB