Cours 3 : Psychopathologie de l'adolescence Flashcards
A quoi sont liés les troubles psychiques de l’adolescence selon Braconnier ?
Ils sont liés au nouveau corps sexué que découvre l’adolescent. Aussi liés à l’angoisse de séparation ressentie et vécue dans l’enfance.
Qu’est-ce qui, dans la puberté, donne à l’adolescent le sentiment d’une trahison et peut être source de pathologie ?
- L’adolescent assiste impuissant donc, de façon passive et dans un grand sentiment d’étrangeté à la transformation radicale de son corps, aussi bien au niveau de son aspect, que de ses capacités et de la modification consécutive de ses relations avec l’extérieur.
- Le corps va se caractériser comme le lieu de toutes les ambiguïtés car il :
• participe à la naissance du Moi auquel il appartient et cependant demeure un élément hétérogène au psychique
• est à la fois intime et personnel tout en étant extérieur et étranger
• obéit à l’individu et constitue son enveloppe protectrice mais également le limite dans ses désirs mégalomaniaques et le trahit en révélant ses affects, son identité, et sa filiation.
Comment l’adolescent utilise son nouveau corps ?
Il utilisera préférentiellement son corps pour exprimer ses difficultés mais aussi pour entrer en relation avec l’autre. C’est un moyen d’interaction avec le monde extérieur que les objets soient réels (parents, …) ou fantasmatiques (imagos parentales).
Quels sont les 2 principaux types de défense en rapport avec la psychopathologie des conduites centrées sur le corps ?
- Le besoin de maîtrise : face aux bouleversements pubertaires, l’adolescent tente de garder le contrôle. Les excitations venant tant de l’extérieur que de l’intérieur risquent de le submerger et l’incitent à prendre son corps (objet concret de la réalité) comme objet à maîtriser (emprise). A. Freud a très bien décrit l’ascétisme de l’adolescent comme mécanisme de défense, mis en place contre la crainte de la pulsion, ressentie comme dangereuse. L’adolescent lutte principalement contre les pulsions sexuelles et agressives renforcées, donc contre l’émergence de son corps sexué.
- La régression : le corps est là aussi convoqué, l’émergence de la sexualité sous le primat génital va faire rechercher le confort et la réassurance de buts pulsionnels régressifs déjà connus avec l’obtention d’une satisfaction partielle. Les conduites alimentaires typiques des adolescentes et leur déviances sont un exemple pour illustrer les régressions et les problèmes de fixation (oraux).
Que signent les troubles de la conduite alimentaire chez les adolescents ?
Ils signent le malaise par rapport à l’image du corps sexué, les difficultés de relation à soi-même et aux autres. Ils peuvent parfois, du fait de leur intensité et de leur pérénisation, révéler une pathologie grave (anorexie, boulimie).
Comment les jeunes filles procèdent-elles pour surveiller leur ligne ? — perturbations quantitatives et qualitatives
Les rations alimentaires se réduisent, le choix devient sélectif (plus de pain, plus de pommes de terre, plus de yaourts, …). Ces comportements sélectifs sont discutés en famille et peuvent parfois inquiéter les parents mais souvent demeurent sans excès et transitoires. Il n’est pas rare que certains aliments prennent une valeur symbolique particulière (refus de manger tel aliment survalorisé par un des parents par exemple). Certains comportements avec sélection peuvent être également en lien avec une idéologie (régime végétarien, …). Ce besoin d’incorporer, de contrôler peut se développer à l’excès, parfois de façon insidieuse et nous assistons à des tableaux psychologiques comme : la boulimie ou l’anorexie mentale.
Quelles sont les caractéristiques de l’anorexie mentale ?
Il n’est plus question de perdre quelques kilos mais d’en perdre toujours plus. L’amaigrissement n’est pas reconnu et la crainte de grossir envahissante. Les restrictions alimentaires deviennent draconiennes. L’anorexie est prévalente chez les jeunes filles, elle apparaît plutôt entre 15 et 18 ans.
Quels sont les 5 signes de l’anorexie mentale ?
- le comportement alimentaire
- l’amaigrissement
- l’aménorrhée
- l’hyperactivité
- la sexualité
Expliquer le signe clinique du comportement alimentaire dans l’anorexie mentale.
Il y a une limitation dans la prise des
aliments caloriques, dans la quantité et finalement nombre des aliments deviennent “ interdits ”. La jeune fille met en place des menus spéciaux, trie, coupe les aliments en 10, picore… Les repas familiaux se transforment rapidement en conflits et bientôt elle cherchera à prendre ses repas seule. Au début, la sensation de faim est présente, l’appétit demeure, il s’agit alors de lutter activement contre cette sensation avec la recherche d’un contrôle absolu de la prise alimentaire. Certains auteurs ont parlé “ d’orgasme de la faim ”, jouissance tirée de cette maîtrise sur le besoin de manger. Un tel régime laisse parfois la porte ouverte à des pertes de contrôle, véritables crises de boulimie qui entraînent un sentiment de honte, de dégoût et mènent l’adolescente à éliminer ce qui a été avalé (vomissements, laxatifs, …) et à rigidifier encore plus ses restrictions. Il ne faut pas penser que l’adolescente a un désintérêt pour la nourriture, c’est plutôt une préoccupation constante pour savoir ce qu’elle va ou pas manger.
Expliquer le signe clinique de l’amaigrissement dans l’anorexie mentale.
La perte de poids peut être importante (environ 20% du poids initial et peut aller bien au-delà). Cette maigreur est déniée et l’adolescente se trouve encore trop grosse (surveillance extrême sur la balance). Elle perd ses formes féminines, retour aux formes de l’enfance, celles de la petite fille, mais parfois à l’inverse, le tableau peut faire penser à une vieille femme, notamment lorsque la peau perd de son élasticité, quand les cheveux tombent et que la circulation se fait mal aux extrémités, les ongles deviennent cassants. Cette maigreur peut être cachée par de larges vêtements ou au contraire exhibée au regard de l’autre. Toujours est-il qu’elle est en quête d’un corps éphémère, immatériel, pour se sentir bien.
Expliquer le signe clinique de l’aménorrhée dans l’anorexie mentale.
C’est un signe constaté, qu’elle soit primaire ou secondaire, pour lequel l’adolescente montre une totale indifférence.
Expliquer le signe clinique de l’hyperactivité dans l’anorexie mentale.
Cette conduite va avec la maîtrise tant physique qu’intellectuelle. Le travail scolaire est souvent sur-investi, pour l’effort qu’il demande jusqu’à ce que l’altération de la santé entraîne des troubles de la concentration et de la mémorisation et la chute progressive des résultats. L’activité physique est importante. Par contre, les investissements relationnels s’appauvrissent, on constate un repli, un manque d’intérêt pour l’extérieur, les sorties sont rares, l’humeur est labile. Il n’est pas rare qu’elle soit dépressive.
Expliquer le signe clinique de la sexualité dans l’anorexie mentale.
Il n’y a pas d’intérêt pour la sexualité, il n’y a pas ou peu d’implication affective. La féminité est refusée, et souvent le désir de retrouver un corps pré-pubère est mis en avant.
Effets de l’anorexie mentale de l’adolescente sur la famille ?
Toute intervention (réprimandes, tentatives de compréhension, …) s’avère alors sans conséquence, d’autant que la jeune fille nie son état. Les parents ne reconnaissent plus l’enfant sans problème d’avant (l’enfance des anorexiques est apparemment une période idyllique). La dégradation de l’état physique amène les parents au besoin excessif et culpabilisé de nourrir leur enfant, ce qui est rejeté par l’adolescente. Une sorte de culpabilité s’installe entre les membres de la famille, ainsi qu’une grande dépendance des uns à l’égard des autres. Les troubles alimentaires deviennent le lieu de focalisation des conflits parents-enfants.
Comment percevoir les conduites de dépendance des adolescents ?
Il faut voir ces conduites comme l’expression d’une vulnérabilité de certains sujets. Celle-ci peut les conduire à adopter ces conduites addictives aux effets pathogènes car elles s’auto-renforcent et réorganisent la personnalité autour d’elle. On ne peut parler de pathologie véritable que lorsque ces sujets sont enfermés dans la répétition de ces comportements.
Quand se mettent en place les conduites de dépendance ?
Les conduites de dépendance proprement dites se mettent en place pour l’essentiel après la puberté et le plus souvent pendant l’adolescence ou dans ses suites immédiates, c’est-à-dire au moment où le sujet doit s’autonomiser et ne peut plus bénéficier des mêmes protections de la part de ses parents. Cette mise en place paraît en rapport avec des facteurs psychologiques antérieurs qui représenteraient une vulnérabilité à la dépendance et des facteurs conjoncturaux événementiels, familiaux ou sociaux. Ces facteurs apparaissent parfois déterminants et l’anamnèse montre l’existence de ce qu’on peut appeler des facteurs de risque qui rendent la réponse addictive à l’adolescence difficilement évitable. Dans d’autres cas, il ne s’agit que d’une vulnérabilité et d’une potentialité, qui ne donneront pas nécessairement naissance à une réponse par une conduite addictive (Jeammet). Ces facteurs de risque antérieurs qui peuvent s’exprimer à l’adolescence sont à rechercher en particulier dans l’échec des processus d’attachement de l’enfance.
Définition de la dépendance selon Bowlby.
La dépendance a été mise en relation avec la problématique de l’attachement de Bowlby qui a opposé les deux termes, la dépendance étant alors considérée comme un échec des processus d’attachement qui supposent une forme d’autonomie. De ce point de vue, la dépendance pourrait être le produit nécessaire de l’incapacité à élaborer l’angoisse de séparation.
Expliquer le modèle interne de l’adolescent dans le cadre de la dépendance (Bowlby).
Bowlby suggère que l’enfant, au travers de ses premières expériences relationnelles, construirait un “ modèle interne ” de lui-même et des autres. Ce modèle permettrait à l’individu, au long de sa vie, de donner sens à ses conduites et à celle des autres. Ainsi, l’expérience d’un entourage disponible et prévisible dans l’enfance procurerait à l’individu une sécurité lui permettant d’affronter séparations et frustrations, en particulier lors de ces phases critiques de la vie comme l’adolescence, qui impliquent une prise de distance à l’égard d’objets et de personnes fortement investies. Au contraire, l’expérience de relations peu satisfaisantes, avec un entourage peu disponible ou imprévisible risque d’entraîner chez l’enfant un retrait des affects, voire des attitudes de dépendance relationnelle. Ces attitudes constituent sans doute pour l’enfant une protection contre l’angoisse de perte et de séparation. L’addiction, de ce point de vue, pourrait constituer un rempart contre l’angoisse. Réciproquement, la sécurité relationnelle pourrait représenter un facteur de protection contre les conduites addictives lors des phases critiques du développement.