Concept de désistance/désistement Flashcards
Que peut-on dire du concept de désistance?
-Processus de sortie de la délinquance. S’oppose au concept de persistance dans la criminalité. Ce concept déplace l’intérêt des chercheurs de la notions de réhabilitation au phénomène de la désistance. On se pose des questions comment ça se fait que certains sont capables de se sortir de ça. On abandonne les questionnements sur le pourquoi passe à l’acte.
D’ou vient l’intérêt pour la désistance?
Concept de rémission naturelle (recovery without treatment) : thème développé au départ dans le champ du traitement des toxicomanies (spécialement alcoolisme). Constat que de nombreux toxicomanes s’en sortent seuls, sans le recours à une aide professionnelle. Tout comme il y a un chiffre noir de la criminalité, il y a aussi un chiffre noir de la rémission (pas dans la mire des chercheurs). Même phénomène du chiffre noir dans la criminalité, il y a plein de gens qui ont commis des actes, mais qui n’ont pas été judiciarisés, donc passent inaperçus, autant des autorités que des chercheurs (stats).
Quels sont les constats de l’étude sur la population de désistance (gens qui s’en sortent seul)?
Guérison spontanée n’est pas un phénomène aussi rare qu’on pourrait le croire. Mais plutôt un phénomène peu étudié parce que l’attention des chercheurs est monopolisée autour des individus qui sont pris en charge par les institutions spécialisées.
Les toxicomanes non traités n’ont pas moins de chance de guérir que ceux qui font appel à des intervenants spécialisés.
–» Ce qui veut dire qu’il existe des facteurs des contextes, des conditions qui peuvent favoriser la rémission en dehors du recours à des spécialistes de l’intervention. Cela nous pousse à aller voir plus loin et de s’intéresser aux conditions indépendantes à la rémission. Reste que l’intervention est encore utile. Cela veut dire que certaines personnes répondent mieux aux interventions des institutions (cadre, structure) parce qu’ils ne bénéficient pas des conditions/facteurs naturels, mais d’autres sont mieux outillés de ce côté. Cela nous amène plutôt à tenter d’inclure ces facteurs et conditions dans les interventions. Conclusion : la prise en charge, n’est pas la seule solution. C’est à partir de là qu’on s’intéresse au concept de désistance.
Quels sont les principaux facteurs pouvant favoriser une rémission naturelle?
- Maturation : le temps fait son effet, la déviance ne dure pas toute une vie. On s’assagit, on se stabilise. Processus naturel qui fait qu’on chemine. L’intensité va diminuer.
- Événements critiques : qui arrive dans un moment précis qui crée un choc et qui fait réfléchir, remise en question sur les habitudes. Les événements critiques n’ont pas le même impact sur tout le monde. Devient un élément déclencheur.
- Évaluation cognitive : on évalue les gains et les pertes possibles, on fait une balance décisionnelle. En vient à une conclusion. Pour qu’une personne décide de changer, elle doit ressentir un inconfort.
- Amélioration générale des conditions de vie : meilleures conditions de vie arrivent et qui font que la personne veut changer la suite de sa vie. SI on veut lutter contre les gangs de rue, on investit dans des mesures et offrir des services (activités, lieux de rencontre) et opportunités, on lutte plus efficacement indirectement.
- Supports ou aidants naturels : gens qui nous servent de modèles et souvent des rencontres peuvent être un facteur déclencheur. Une rencontre au bon moment qui peut nous pousser à changer. La rémission est beaucoup influencée par la dimension relationnelle. Serait intéressant d’intégrer ça dans les programmes, interventions.
- Motivation au changement : la motivation a un énorme impact sur le changement. Si la motivation n’est pas là, on est face à un obstacle important. Certaines interventions sont en place pour travailler sur la dimension motivationnelle, s’aider eux-mêmes avant de bénéficier d’une aide extérieure. On veut donc intervenir de façon la moins intrusive dans la vie de la personne pour que ce soit volontaire. De l’autre côté, d’imposer un peu plus, on mise sur la responsabilisation et si réussit, cela lui revient. Si on veut que la motivation soit sollicitée, il faut que l’intervention soit perçue comme un droit et non une obligation. La motivation renvoi à la volonté à changer, mais il faut surtout prendre en compte la capacité à changer. Parfois les personnes sont démunies, ce qui met un obstacle. Ces personnes ont souvent la volonté ++, mais ils n’ont pas les capacités et les outils pour arriver à changer.
Que peut-on dire de la désistance?
- Désistance : c’est un processus (pas un événement perçu et ponctuel), implique donc une dimension dynamique. Il s’agit d’un processus qui se caractérise par un désinvestissement significatif par rapport à un mode de vie qui était préalablement marqué par des activités criminelles (ou déviantes). Interaction complexe entre les facteurs sociaux (externes) et subjectifs (internes). La dimension que la personne est capable de se définir comme un désistant (ex toxicomane ou ex délinquant) est important.
- S’inspirant de la distinction que fait Lemert entre déviance primaire (groupe définit tel comportement comme déviant, pose une étiquette. On considère cette personne comme déviante, par rapport aux normes) et déviance secondaire (la personne reconnait l’étiquette et l’assume. Intégration de l’étiquette et la déviance fait maintenant partie de son identité, donc agit en conséquence), les chercheurs feront une distinction entre désistance primaire et désistance secondaire :
Désistance primaire : cessation des agissements délictuels sans changement de la conscience de soi, pas intégrer totalement le changement d’identité.
Désistance secondaire : cessation qui s’accompagne d’une transformation de l’identité de soi (dimension subjective, on reconnait notre statut d’ex-toxicomane ou ex-délinquant.
Qu’est-ce que l’étude de Liverpool?
: aller voir 60 ex-détenus qui se définissaient comme des ex-criminels. Ils ont raconté leur histoire/parcours et de quelle façon ils interprètent le fait qu’ils ont désisté. On utilise une technique de na rration. On se rend compte que la narration est venue transformer la façon de percevoir eux-mêmes leur histoire. L’individu interprétait différemment son processus de désistement. Ils en sont venus à intégrer l’identité de désistant. La narration à renforcé le processus de désistance. Cette perception de désistement raconté a renforcé et a auto-convaincu la personne de son processus.
Quels sont les impacts du concept de désistement sur la facon de penser l’intervention?
- Objet d’étude qui bascule du passage à l’acte vers les sorties de la criminalité. On met l’accent plus sur la sortie. Oins favorable au changement si on parle toujours de la toxicomanie en soit ou le délit. On parle plus de la sortie, plus positif et amène à voir les facteurs qui pourraient donner un coup de pouce.
- Perspective qui permet d’échapper au monopole des explications déficitaires. On change le discours pour qu’il soit plus positif. On s’intéresse aux facteurs positifs et qui favorisent la sortie de la délinquance. En parlant toujours des facteurs de risque et des besoins criminogènes, c’est comme si on prescrit l’échec. On devrait plus parler du potentiel de réinsertion sociale.
- Intègre la subjectivité dans l’analyse des parcours de vie (approche interactionnelle). L’individu va se définir lui-même comme un désistance et cela se fait en interaction avec les personnes qui l’entourent. Effet Golem : de parler du négatif réduit les chances de réussite.