CM 9 et TD 9 : Les agnosies visuelles et la prosopagnosie Flashcards
Qu’est-ce que l’agnosie?
L’agnosie renvoie à la perte de la capacité à identifier les stimuli de l’environnement à travers une modalité perceptive donnée, en l’absence de trouble sensoriel notable.
Il faut distinguer l’agnosie des troubles sensoriels. Il faut ainsi questionner sur l’acuité visuelle et le champ visuel. Par exemple, la hémianopsie latérale homonyme (HLH) est un potentiel diagnostic différentiel, qui renvoie à la perte du champ visuel du côté contralésionnel des deux yeux.
Qu’est-ce que l’agnosie visuelle?
L’agnosie visuelle renvoie au défaut de reconnaissance visuelle d’un objet familier. Le trouble se limite à la seule modalité visuelle. Dans le système visuel, on s’intéresse à la voie ventral (“quoi”). Les objets non reconnus par la vision peuvent être identifié par d’autres modalités.
Ce diagnostic est donné en absence de déficit visuel élémentaire, de détérioration intellectuelle majeure, de trouble de langage ou un trouble sémantique.
Dans les classifications actuelles, on distingue les agnosies aperceptives, qui incluent l’agnosie de la forme, l’agnosie intégrative et l’agnosie de transformation, ainsi que l’agnosie associative et l’agnosie asémantique.
Explique les classifications de Lissauer (1890) des agnosies visuelles
Lissauer (1890) insiste sur une organisation sérielle et hiérarchisée dans la reconnaissance visuelle. Il distingue l’étape perceptive, qui permet de former une représentation perceptive stable du stimulus, et l’étape associative, qui permet de relier cette représentation aux connaissances sémantiques.
Il distingue ainsi l’agnosie perceptive, qui est un trouble de la perception des formes, et l’agnosie associative, qui est un trouble de la signification des formes en l’absence de troubles de la perception des formes.
Ce modèle est désormais jugé comme trop général, car plusieurs formes d’agnosies peuvent être distinguées au sein de ces deux étapes.
Explique le modèle de Marr (1982) sur les agnosies visuelles
Dans le modèle de Marr, la perception repose sur la formation de représentations à partir d’images enregistrées sur la rétine via 4 étapes :
- L’esquisse primaire qui permet une représentation 2D et qui dépend des changements d’intensité lumineuse, géométrie, orientation des traits et des contours.
- L’intégration d’une représentation 2D ½ centrée sur le point de vue de l’observateur et l’assemblement des informations de la première étape grâce à des processus de regroupement.
- La représentation 3D qui est indépendante du pointe de vue de l’observateur, permettant d’accéder à la forme globale de l’objet de tous les angles.
- L’interprétation sémantique qui permet l’accès sémantique de la représentation visuelle, ce qui permet de donner un mot sur l’objet.
Explique le modèle de Humphrey et Riddoch (1987)
Ce modèle distingue plusieurs étapes perceptives
- Le traitement en 2D qui renvoie à des processus perceptifs précoces qui permettent l’extraction des informations élémentaires. Ce traitement est soit local, soit global (configural).
- La traitement en 2D ½ qui renvoie aux processus perceptifs intermédiaires qui permettent l’intégration des informations en une seule représentation d’ensemble, dépendante du point de vue du sujet.
- La traitement en 3D qui renvoie aux processus perceptifs tardifs qui permettent une représentation élaborée indépendamment du point de vue de l’observateur.
Puis il y a les étapes associatives :
- Les représentations structurales permettent la mise en correspondance entre la représentation perceptive et une représentation stockée en mémoire.
- L’accès au système sémantique qui permet l’attribution d’une signification à l’objet.
Les agnosies aperceptives sont dues à un trouble de la synthèse des informations sensorielles. Il existe 3 différents types d’agnosies aperceptives selon l’étape de traitement perturbée :
L’agnosie de la forme qui renvoie à l’altération des traitements perceptifs précoces, c-à-d une perturbation du traitement en 2D local et global.
- copie de dessin X
- description de dessin X
- appariemment de formes identiques X
L’agnosie intégrative qui renvoie à l’altération de l’élaboration de la forme globale, c-à-d une perturbation du traitement 2D global.
- dessin des details/contours √
- dessin des structures complexes X
- reconnaissance de l’objet X
-L’agnosie de transformation qui renvoie à l’altération des traitements perceptifs tardifs, c-à-d une perturbation de la description en 3D.
- copie de dessin √
- _description de dessin _√
- reconnaissance de l’objet si POV normal √
- reconnaissance de l’objet si POV inhabituel X
Les agnosies associatives sont dues à une perturbation des représentations structurales.
- copie de dessin √
- appariement perceptif √
- reconnaissance des objets X
- dessin de mémoire X
- appariement sémantique X
Quels sont d’autres agnosies visuelles dont on n’a pas trop parlé dans le cours?
Par exemple, il y a les agnosies des couleurs qui renvoient à la perte de perception des couleurs. Le patient voit le monde en noir et blanc ou en pastel en cas de déficit partiel. Elle est consécutive à une lésion du V4.
Il y a également l’akinétopsie qui est une perte de perception des mouvements suite à une lésion du V5.
Qu’est-ce que la prosopagnosie?
La prosopagnosie est une agnosie visuelle qui induit un trouble de l’identification des visages familiers, en l’absence de toute autre altération des fonctions perceptives élémentaires ou des autres habiletés cognitives.
Elle induit une perte du sentiment de familiarité pour les visages des proches et célèbres, sans trouble d’identification des objets.
La reconnaissance des visages dépendrait de circuits particuliers dans le cerveau (gyrus fusiforme, FFA).
Il existe différentes formes de prosopagnosies selon le niveau de traitement atteint :
- prosopagnosie aperceptive (tous visages)
- prosopagnosie associative (visages familiers)
Explique le modèle de Bruce et Young (1986)
Le modèle de Bruce et Young (1986) implique plusieurs étapes :
- L’encodage structural, qui permet l’extraction des invariants faciaux et élimination des propriétés variables.
- L’accès aux Unités de Reconnaissances Faciales (URF), qui permet l’association entre le visage familier et une URF en mémoire à long terme. Cela permet un sentiment de familiarité.
- L’accès aux représentations sémantiques, qui permet l’extraction des information sémantiques relatives à la personne.
- La génération du nom, qui permet de mettre un nom sur le visage.
Encodage structural → URF → Représentations
Ils proposent également une voie parallèle :
- L’encodage structural du visage
- L’analyse de l’expression faciale, de la parole, de l’âge et du sexe.
- L’accès aux représentations sémantiques du visage.
Encodage structural → Analyse de l’expression, parole, âge, sexe → Représentation sémantiques
La prosopagnosie aperceptive est une perturbation de l’encodage structural.
- identification de l’âge et sexe X
- appariement de visages X
- reconnaissance des visages familiers et non X
identificantion des émotions ≈
La prosopagnosie associative est due à une atteinte de l’accès aux URF. Ici, la voie parallèle est préservée, donc :
- identification de l’âge et sexe √
- identification des émotions √
- appariement de visages √
- identification de visages inconnus √
- identification de visages familiers X
Quelles sont les hypothèses explicatives de la dissociation entre les agnosies visuelles et la prosopagnosie?
La première hypothèse explicative dit que la prosopagnosie est un trouble intra-catégoriel. Le patient a une difficulté à identifier les membres individuels d’une catégorie homogène (ex. visages, voitures, oiseaux, etc). On a ainsi un perte d’expertise des visages.
- L’argument en faveur est qu’il y a des cas où les patients prosopagnosiques ne peuvent plus identifier les stimuli d’une autre catégorie homogène (ex. voiture, oiseaux).
La deuxième hypothèse explicative dit que la prosopagnosie est un trouble du traitement configural. La reconnaissance des visages repose le traitement global, permettant le traitement de la configuration nécessaire pour les visages, utiles pour les objets et peu nécessaire pour les mots écrits, et le traitement local qui est nécessaire pour les mots écrits, utile pour les objets et peu nécessaire pour les visages.
- L’argument en faveur de cette hypothèse est qu’il y a des dissociations claire entre les agnosies pour les visages et les agnosies des mots, mais en même temps une dissociation moins claire entre les agnosies des visages et les agnosies des objets.
Quels sont d’autres prosopagnosies dont on n’a pas trop parlé dans le cours?
L’alexie pure est un trouble de la reconnaissance des mots. L’expression et la compréhension orale, ainsi que l’écriture, restent normales. C’est un déficit spécifique du matériel écrit sans troubles de la reconnaissance visuelle des objets et des visages. Elle est un déficit spécifique à la modalité visuelle, donc la reconnaissance des mots est préservée sur l’épellation orale et le tracé des lettres.