CM 6 et TD 6 : Les troubles du langage Flashcards
Qu’est-ce que l’aphasie?
Les aphasies sont des troubles acquis de langage oral consécutives à une lésion de l’hémisphère gauche. Le langage oral peut être perturbé à différents niveaux (expression, compréhension, répétition).
Elles se distinguent des troubles du langage écrit, tels que les alexies (lecture) et les agraphies (écriture). Ces troubles sont pourtant souvent associés à une aphasie. En outre, elles se distinguent des retards de langage chez l’enfant (dysphasie), des troubles moteurs de la parole (anarthrie) et des troubles de la pensée (ex. schizophrénie → schizophasie).
En effet, on doit distinguer la parole, qui désigne l’ensemble de mécanismes et comportements moteurs permettant la production des sons constitutifs du langage parlé, du langage, qui désigne l’ensemble des processus permettant d’utiliser un code/système conventionnel servant à la communication. Alors, l’aphasie n’est pas un trouble de la parole, mais plutôt un trouble du langage.
Le premier cas d’une aphasie est le cas de Leborgne, qui a souffert d’une aphasie d’expression du langage oral, ou une aphasie de Broca, suite à une lésion vasculaire du lobe frontal antérieur gauche (aire de Broca) ce qui a induit des stéréotypies verbales (“tan”).
Le deuxième cas d’une aphasie était présenté par Wernicke, qui à étudié l’aphasie de compréhension du langage oral, ou les aphasie de Wernicke consécutives à une lésion du lobe pariétal postérieur gauche (aire de Wernicke).
Explique le modèle de la petite maison de Lichtheim (1885
Au début on a parlé de deux types d’aphasies (Broca et Wernicke), mais classiquement c’est plus complexe.
Afin de rendre compte de la complexité des formes cliniques d’aphasies, il postule l’existence de 7 grandes aphasies, conséquences d’atteintes sélectives au niveau des centres de cette “maison” ou des voies de connexion entre ces différents centres :
- Aphasie de Broca (trouble au niveau d’images motrices de mots)
- Aphasie de Wernicke ( trouble au niveau d’image auditive des mots)
- Aphasie de conduction (trouble de répétition)
- Aphasie transcorticale motrice (entre idéation et images motrices de mots)
- Aphasie trascorticale sensorielle (entre idéation et images auditif des mots).
- Anarthrie (entre sortie et images motrices des mots)
- Surdité verbale (entre entrée et images auditives des mots)
Deux d’entre elles ne sont pas réellement des aphasies :
- l’anarthrie est un trouble de la parole qui induit un trouble d’articulation moteur et un trouble de prononciation des mots.
- la surdité verbale est un trouble de la reconnaissance auditive des mots. Il s’agit d’une agnosie verbale.
Quels sont les différents types d’aphasies?
L’aphasie de Broca induit un discours non fluent, un manque du mot important (encore plus lorsqu’on est dans une situation de test → dissociation automatico-volontaire = plus facile à produire des mots spontannement), des troubles articulatoires, un agrammatisme (phrases courtes avec style télégraphique), une répétition pauvre. La compréhension est mieux préservée, sauf lorsque le syntaxe est trop complexe. De plus, on a parfois une écriture réduite. L’aphasie de Broca est souvent asssociée à une hémiplégie droite et un apraxie bucco-faciale. Consécutif à une lésion de l’aire de Broca (lobe frontal antérieur gauche)
L’aphasie de Wernicke induit un trouble de la compréhension du langage parlé et un discours logorrhée accompagnée d’un manque du mot et une production abondante de paraphasies verbales (remplacer un mot par un autre), paraphasies phonémiques (remplacer un phonème/son par un autre) et de néologismes (mots inventés). On parle souvent d’une jargon. Le patient ne présente pas un trouble articulatoire, mais la lecture et l’écriture sont souvent perturbé. Les aphasies de Wernicke sont souvent accompagnées d’une anosognosie. Consécutif à une lésion de l’aire de Wernicke (lobe pariétal postérieur gauche).
L’aphasie de conduction est un trouble de répétition qui induit un manque du mot et de nombreuses paraphasies phonémiques, avec auto-corrections de celles-ci. Le discours est fluent et la compréhension du langage parlé et écrit est correcte, pourtant la lecture à voix haute et l’écriture donne lieu à des paraphasies phonémiques. L’aphasie de conduction est consécutive à une lésion du faisceau arqué, un faisceau qui connecte l’aire de Broca et l’aire de Wernicke.
L’aphasie transcorticale sensorielle est similaire à la sémiologie de l’aphasie de Wernicke, mais avec une répétition préservée et est consécutive à une lésion en arrière de l’aire de Wernicke (gyrus supramarginal).
L’aphasie transcorticale motrice a une sémiologie similaire de l’aphasie de Broca, mais avec une répétition préservée. La production est très difficile ce qui induit une aspontanéité du langage et un manque d’incitation verbale.
Explique le modèle du système lexical de Hillis et Caramazza
On distingue 3 types d’entrées dans le système sémantique : le lexique phonologique d’entrée et le lexique orthographique d’entrée, qui permettent la reconnaissance de la forme linguistique de l’item, et le système de descriptions structurales, qui permet la reconnaissance visuelle des items.
On a parallèlement le lexique phonologique de sortie et le lexique orthographique de sortie. Ceux-ci permettent la parole (dénomination) et l’écriture (dénomination écrite et écriture spontanée ou sous dictée).
Ce modèle distingue trois voies linguistiques : la voie phonologique (analyse auditive → conversion accoustico-phonologique → mémoire tampon phonologique), la voie lexico-sémantique (lexique d’entrée → système sémantique → lexique de sortie) et la voie lexicale directe (lexique d’entrée → lexique de sortie).
- La voie phonologique est évaluée par les tests de répétition des non-mots. La voie lexico-sémantique est évaluée par les tests de dénomination et d’appariement. La voie lexicale directe est évaluée par la répétition des mots réguliers et non-réguliers.
Dans ce modèle, on distingue trois mécanismes de conversion : la conversion acoustico-phonologique, qui permet la répétition des mots et des non-mots, la conversion graphème-phonème, qui permet la lecture à voix haute, et la conversion phonème-graphème qui permet l’écriture sous-dictée.
Puis, ce modèle distingue deux mémoire tampon (buffers) : la mémoire tampon phonologique et la mémoire tampon graphème qui maintiennent à court terme des informations phonologiques ou graphémiques.
Mot régulier : s’écrit comme il est entendu
Mot irrégulier : orthographe différente de sa prononciation
Comment permet le modèle du système lexical d’expliquer les difficultés trouvés dans les tâches de dénomination et les tâches de répétition?
Dans une tâche de dénomination :
S’il y a un trouble au niveau du système de descriptions structurales, alors il s’agit d’une agnosie visuelle. S’il s’agit d’une perturbation au niveau du système sémantique, on parle d’un trouble catégorie spécifique (cf. CM 5). Si on a une atteinte au niveau d’accès au lexique phonologique de sortie, alors on a une anomie, où la représentation phonologique est inaccessible. Si on présente un trouble au niveau de la mémoire tampon phonologique, alors on présente des paraphasies phonémiques dans toute tâche de production orale.
Ce modèle permet d’expliquer la préservation de la répétition (car le patient peut passer par la conversion acoustico-phonologique) ou la préservation de la lecture à voix haute (car le patient peut passer par la conversion graphème-phonème) et la préservation de la dénomination écrite peut être préservée (car le patient peut passer par le lexique orthographique de sortie).
Dans une tâche de répétition :
Si on a un perturbation des voies lexicales, la répétition de mots et non mots est possible par la voie phonologique. Si on a une perturbation de la voie phonologique, alors la répétition des non mots est impossible car aucune représentation linguistique n’est stockée. Il y a pourtant une préservation de la répétition des vrais mots.
Quels sont les différents types d’alexies pures (alexies agnosiques)?
L’alexie pure (ou l’alexie agnosique) est une trouble de la lecture. On a une alexie globale si aucun mot ou lettre ne sont identifiés. On a une alexie verbale si le déchiffrement des lettres est possible permettant de déchiffrer quelques mots mais pas des mots plus complexes. On a une alexie littérale ou lettre par lettre si l’identification de l’image globale du mot est perturbée, nécessitant une identification des mots lettre par lettre.
Dans le cas d’alexie, la lecture est encore possible via un canal non visuel, par exemple via le canal auditif au le canal somesthésique. L’écriture est préservée. Une alexie pure est consécutive à une lésion occipito-temporale gauche.
L’alexie agraphie est un atteinte centrale du langage écrit pour tout type de matériel et toute modalité sensorielle. Les patients ne peuvent ni lire, ni écrire. Elle est consécutive à une lésion pariétale inférieure gauche.
Explique le modèle de lecture à deux voies et ces différents formes d’alexies
Les alexies sont expliqué par le modèle de lecture à deux voies (même modèle que système lexique), où on distingue une voie lexicale (entrée orthorgaphique (traitement visuel et analyse des unités lettres) → lexique orthographique → accès sémantique → lexique phonologique → système phonologique → production phonologique) et une voie phonologique (entrée orthographique → conversion graphème-phonémique → système phonémique → production articulatoire).
Les alexies périphériques sont expliquées par un déficit au niveau de l’analyse visuelle (alexie littérale) ou un _déficit attentionnelv qui va perturber cette analyse visuelle (dyslexie de la NSU).
Parmi les alexies centrales :
On a les alexies phonologiques, est expliquée par un atteint au niveau de la voie phonologique, ce qui induit une impossibilité de lire les non-mots. On a une lecture préservée des vrais-mots (réguliers et irréguliers), car la voie lexicale est préservée.
On a également les alexies profondes qui sont caractérisées par un atteint de la voie phonologique et une atteint partiel de la voie lexicale. Elle partage les mêmes caractéristiques de l’alexie phonologique avec des erreurs sémantiques.
Puis il y a l’alexie de surface, qui est caractérisé par un atteint au niveau de la voie lexicale. Cela induit une impossibilité de lecture des mots irréguliers. Les mots réguliers peuvent être lu à l’aide de la voie phonologique.
Explique le modèle cognitif de l’agraphie et ses différents types d’agraphies
Le modèle cognitif de l’agraphie est une continuation du modèle du système lexical. Elle commence au tampon mémoire graphémique qui précède la conversion allographique (assure le choix de la forme générale de la lettre). La conversion allographique repose sur deux mécanismes périphériques de l’écriture : les programmes moteurs graphiques et l’exécution neuromusculaire, qui induit des agraphies périphériques s’ils sont perturbés, comme l’agraphie apraxique ou la dysgraphie spatiale.
Les agraphies centraux sont classé en parallèle des alexies centrales : l’agraphie phonologique est un trouble d’écriture des non-mots, l’agraphie profonde est une agraphie phonologique avec des erreurs sémantiques, l’agraphie de surface est un trouble d’écriture des mots irréguliers.