đĄ POLĂMOLOGIE Flashcards
La guerre traditionnelle a-t-elle encore un âbel avenirâ ?
Fins des modĂšles traditionnels avec une :
DESPECIFICATION DE LA GUERRE
CIVILIANISATION DES CONFLITS
Pour Jean-Baptiste JEANGENE VILMER, directeur de lâIRSEM :
âĄïž La frontiĂšre entre la guerre et la paix devient de plus en plus floue. Depuis les guerres de dĂ©colonisation, guerre et paix se trouvent souvent mĂȘlĂ©es, au sein dâune zone grise.
âĄïž Il existe beaucoup de situations oĂč lâon ne peut dire vraiment si lâon est en guerre ou en paix, ce qui fait que lâon aboutit Ă une sorte de « dĂ©-spĂ©cification » de la guerre. Hier, la guerre sâimposait comme un Ă©tat spĂ©cifique, que lâon pouvait aisĂ©ment identifier. Aujourdâhui, ce nâest plus le cas.
âĄïž On observe une « civilianisation » des conflits armĂ©s, ces derniers ne se dĂ©roulant pas sur des champs de bataille mais au coeur des villes. Les civils deviennent Ă la fois acteurs, cibles et victimes de ces affrontements dâun nouveau genre.
âĄïž On constate donc bien une fin des modĂšles traditionnels, un effacement des repĂšres classiques sur lesquels nous avons longtemps fonctionnĂ©. Pour autant, le risque du recours Ă la force pure ne doit pas ĂȘtre Ă©vincĂ© dâun revers de main. Des conflits majeurs entre Etats ne sont plus Ă exclure.
Carl SCHMITT

đ 1888 - 1985 / Juriste et philosophe allemand
đ ThĂ©oricien rigoureux qui pense lâEtat Ă lâĂ©poque moderne.
đ Adepte de lâautoritĂ© et figure de la rĂ©volution Conservatrice.
đ Promoteur et thĂ©oricien de la dictature.
đ SâintĂ©resse Ă la rebellion et Ă lâinsurrection.
đ Il associait Ă©troitement la guerre et la construction de lâEtat.
đ Le fondement de la philosophie de Carl Schmitt :
- lâessence du politique est la discrimination entre lâami et lâennemi.
- DESIGNER LâENNEMI est lâESSENCE DE LA POLITIQUE.
Origine des partisans pour Carl SCHMITT ?
La guerre de guérilla menée par le peuple espagnol contre les forces armées de Napoléon.
1808 -1813
Pour Carl SCHMITT, câest la premiĂšre fois quâon voit un peuple affronter une armĂ©e rĂ©guliĂšre et moderne bien organisĂ©e.
Théorie du partisan
Carl SCHMITT
1962
âș Essai centrĂ© sur le concurrent et lâadversaire du soldat : le partisan.
âș Partisan = combattant ne portant pas lâunifrome et menant des guerres irrĂ©guliĂšres ou subconventionnelles.
Carl SCHMITT : retour en grĂące ?
Depuis les attentats terroristes perpétrés à Paris, la pensée de Carl Schmitt revient sur le devant de la scÚne médiatique.
đ Alain FINKIELKRAUT met ainsi en avant le juriste allemand : « LâEurope sâĂ©tait constituĂ©e sur le rĂȘve de la paix perpĂ©tuelle, ce rĂȘve avait quelque chose dâhelvĂ©tique. Ce rĂȘve se fracasse aujourdâhui sur la rĂ©alitĂ© de lâennemi. Toute la question est de savoir comment nommer lâennemi [âŠ]. Et câest cet ennemi qui, prĂ©cisĂ©ment, malgrĂ© nous, nous fait rentrer dans lâhistoire. Mais je vois une grande difficultĂ© dans la France dâaujourdâhui Ă discerner lâami de lâennemi, ce qui pourtant est lâacte politique fondamental ».
đ La philosophie de Carl Schmitt est puissante en cette pĂ©riode de crise qui rompt « la fin de lâhistoire » comme accomplissement universel dâune dĂ©mocratie libĂ©rale pacifiĂ©e.
đ Pour Schmitt « est souverain qui dĂ©cide de lâĂ©tat dâexception (=> Ă©tat dâurgence) ». Câest-Ă -dire, le pouvoir exĂ©cutif, si ce nâest son plus haut magistrat le PrĂ©sident âet non le peuple.
đ Dans ThĂ©orie du partisan, le juriste prĂ©cise que « lâennemi est notre propre remise en question personnifiĂ©e ». Soudainement lâennemi est ce frĂšre qui se retourne vers moi et mâobsĂšde.
Carl SCHMITT et lâEtat
ThĂ©oricien rigoureux qui pense lâEtat Ă lâĂ©poque moderne.
Il considĂšre que le premier impĂ©ratif de lâEtat est de se dĂ©fendre contre lâennemi.
Cela le conduit Ă prĂ©fĂ©rer le mode dâorganisation autoritaire des dictatures aux dĂ©mocraties libĂ©rales (fragiles et illusoires).
Causes matĂ©rielles de la guerre Ă lâorigine de la pensĂ©e Ă©thique occidentale?
Les causes matĂ©rielles de guerre sâarticulaient autour de quatre catĂ©gories :
- défense,
- reprise dâun bien,
- poursuite dâune crĂ©ance,
- chĂątiment.
Dans les autres cas, il sâagit de latrocinium, qui est un pĂȘchĂ© mortel.
Chevalier / Ingénieur militaire
đĄ Le chevalier se distingue par sa force, sa dextĂ©ritĂ© et son courage.
đšđ»âđŹ LâingĂ©nieur militaire cherche lui Ă dominer lâincertitude de la guerre en faisant appel Ă ses connaissances savantes.
- Il met Ă profit ses compĂ©tences techniques pour Ă©laborer des ruses destinĂ©es Ă tromper lâennemi.
- Câest le âmaitre des stratagĂšmesâ qui conseille et assiste le prince dans lâĂ©laboration des subterfuges les plus ingĂ©nieux.
- Pour mĂ©moire, âengin vaut mieux que forceâ (Rabelais dans Pantagruel).
Dichotomie guerre / paix
Un accident dans lâhistoire
Ecole stratégique asiatique vs occidentale
Asiatique
PrivilĂ©gie la phase qui prĂ©cĂšde le conflit armĂ© afin dâĂȘtre en position de lâemporter dĂšs avant le dĂ©but des opĂ©rations, quitte Ă nâavoir pas Ă les entreprendre.
Occidentale
Se penche en premier lieu sur la conduite des opérations et la recherche de la victoire dans le combat.
Emer de VATTEL
âĄïž Emer de VATTEL est un diplomate suisse, auteur du traitĂ© Le Droit des gens, 1758. Il sâinscrit dans lâhĂ©ritage de Grotius.
âĄïž VATTEL introduit le critĂšre dâhumanitĂ© dans la rĂ©flexion juridique. Câest la prĂ©figuration du droit international humanitaire inventĂ© sous lâimpulsion dâHenri DUNANT et de la Croix Rouge.
âĄïž VATTEL estime que la ruse est la maniĂšre la âplus humaine de faire la guerreâ.
Espaces fluides et espaces solides
Laurent HENNINGER
Concept datant de 2012.
Câest une nouvelle grille de lecture qui pourrait expliquer la domination par le monde anglo-saxon Ă partir du XVIII° siĂšcle jusquâĂ nos jours, qui a rĂ©ussi Ă penser et Ă contrĂŽler les diffĂ©rents espaces fluides que sont les domaines maritimes, bancaire, cyber et spatial.
Faiblesse des Etats et affrontements :
Hobbes vs Locke
Thomas HOBBES
Lâabsence dâun Etat tutĂ©laire favorise les affrontements entre passions humaines individuelles - ambition, aviditĂ© ou ressentiment.
Exemples : en Somalie, au Soudan du Sud, en Centre Afrique, au Nord Mali et dans lâest de la RDC, câest lâabsence dâEtat qui favorise les conflits de nature hobbĂ©sienne.
John LOCKE
En lâabsence dâEtat, il peut quand mĂȘme y avoir une certaine stabilisation. Mais lâEtat permet de protĂ©ger la sociĂ©tĂ© civile.
Exemple : rĂŽle des Eglises en RDC.
Georges DUMEZIL
Historien et anthropologue français du XXe siÚcle
âș Il explique que nos sociĂ©tĂ©s sont organisĂ©es autour du fait guerrier et de trois ordres, qui dĂ©coulent justement de ce fait guerrier.
âș Cet ordre tripartite aurait pris fin avec les Etats GĂ©nĂ©raux de 1789.
âș Le tiers Ă©tat devient dĂ©sormais celui qui prĂ©tend exercer le pouvoir dâoĂč le glissement suivant : câest la Nation entiĂšre qui devient une Nation en armes. Il y a une militarisation de la sociĂ©tĂ© qui fait que lâarmĂ©e est la Nation et que la Nation est lâarmĂ©e.
Guerre
Le conflit extérieur des nations prend la forme de guerre.
âș La guerre semblerait ĂȘtre un ensemble de phĂ©nomĂšnes inhumains, de dĂ©chainement de violence et de retour Ă des attitudes animales, contraires Ă lâhumanitĂ©, Ă la socialisation de lâhomme. Pour FREUD : la guerre est inĂ©vitable car lâhomme failli Ă son humanitĂ©.
âș Or, la guerre est dâune autre nature que lâagressivitĂ© : elle est une violence organisĂ©e collectivement pour Georges BATAILLE (LâĂ©rotisme, 1957). Elle a un caractĂšre social et obĂ©it Ă des rĂšgles.
âș La guerre serait le propre de lâhomme. Elle nâest pas un reliquat de lâanimalitĂ©, mais bien un projet humain dans son inhumanitĂ© mĂȘme. La guerre existe parce quâil y a des sociĂ©tĂ©s humaines qui ne sont pas des hordes animales et qui la sacralisent.
âș SacralisĂ©e, justifiĂ©e, lĂ©gitimĂ©e, la guerre apparait comme une violence pourvue dâun sens profond pour lâhumanitĂ©.
La guerre est donc une affaire sociale, humaine et nullement une barbarie sans but qui marquerait le retour de lâĂ©tat de nature et de lâinstinct.
La guerre est dans les gÚnes de notre modernité politique : cette vision est-elle universelle ?
đĄ La violence est la chose du monde la mieux partagĂ©e. Elle est consubstantielle Ă la marche du monde.
đĄ CONTRE :
- Sa réalisation, sous forme de guerre interétatique, est conforme au modÚle européen.
- La tradition âwestphalienneâ de la guerre pose de multiples problĂšmes car il existe de nombreuses conflictualitĂ©s.
Guerre : pensĂ©e dâAlain
Mars ou de la guerre jugée, 1921
âș ALAIN dĂ©nonce les guerres.
âș Il considĂšre dâailleurs que seules les nations civilisĂ©es sont capables de crĂ©er des guerres immenses et atroces comme la WW1.
âș Pour lui, la guerre est plus une exaspĂ©ration des sentiments les plus nobles de lâhomme tels le courage, le refus de la peur, lâamour de la patrie, quâun dĂ©chainement de bestialitĂ© ou de barbarie. Le soldat nâest pas un assassin ni un voleur !!!
âș Son enseignement de la guerre : les sentiments nobles y sont prĂ©cisĂ©ment trahis et manipulĂ©s, cela dâautant plus que les guerres sont modernes et mĂ©caniques, laissant peu de place Ă lâhĂ©roĂźsme qui perd toute signification.
âș Pour Alain, âLa guerre est lâexpression de lâhumanitĂ© qui se retourne contre elle-mĂȘme, une sorte dâauto-destruction de soi au nom des sentiments les plus Ă©levĂ©sâ.
Guerre : pensée de Clausewitz
La guerre est un phĂ©nomĂšne de violence pure portĂ©e aux extrĂȘmes.
âș Ce qui distingue la guerre, câest quâelle est la violence non pas entre les hommes mais entre des groupes, des sociĂ©tĂ©s, et Ă lâĂ©poque moderne entre des Etats.
âș âChaque Etat ne peut avoir comme ennemis que dâautres Etats, et non pas des hommes âŠâ
âș Les hommes ne sont entrainĂ©s dans la guerre quâaccidentellement : la guerre est une violence qui dĂ©rive de lâappartenance Ă un corps politique, câest-Ă -dire de lâappartenance Ă la nation. Et la nation a pour effet de rendre le corps politique totalement solidaire.
âș DâoĂč lâimportance de la formule âla guerre est la continuation des relations politiques avec dâautres moyensâ. Câest toujours Ă la politique de mesurer la violence, lâintensitĂ©, le caractĂšre et la forme que la guerre prend Ă lâaune des fins quâelle poursuit.
Guerre : pensée de FREUD
La guerre est inĂ©vitable et montre que lâhomme failli Ă son humanitĂ©.
âș La guerre est un ensemble de phĂ©nomĂšnes inhumains, de dĂ©chainement de violence et de retour Ă des attitudes animales, contraires Ă lâhumanitĂ©, Ă la socialisation de lâhomme.
âș Elle est le dĂ©foulement de pulsions que la civilisation rĂ©prime Ă lâordinaire et qui nous ramĂšnent aux tĂ©nĂšbres de lâinstinct.
âș La guerre est pour lui INEVITABLE parce quâelle engage cet instinct destructeur quâil repĂšre en tout homme.
Guerre : pensée de Georges BATAILLE
La guerre est dâune autre nature que lâagressivitĂ© :
elle est une violence organisée collectivement.
LâĂ©rotisme, 1957
ââș La guerre nâest pas nâimporte quâelle violence : ce nâest pas la dĂ©linquance.
ââș La guerre se dĂ©finit comme la transgression permise par la sociĂ©tĂ© de lâinterdit, et dâabord de lâinterdit de meurtre.
ââș Paradoxe sociĂ©tal : lâinterdit de lâagression intĂ©rieure est compensĂ© par la violence externe. Alors que toute sociĂ©tĂ© se fonde sur la limitation et lâinterdiction de la violence interne entre ses membres, elle encourage et magnifie la guerre, cĂ d la violence externe lors des conflits avec dâautres groupes humains.
ââș La guerre est une violence organisĂ©e. Elle a un caractĂšre social et rĂ©pond Ă des rĂšgles.
La guerre est-elle une science ?
La guerre nâest une science que lorsque les deux protagonistes respectent les mĂȘmes mĂ©canismes.
La guerre est-elle un accélérateur de technologie et de progrÚs ?
Oui.
- Le centenaire de la Grande Guerre en est une illustration : lâindustrialisation terrifique du champ de bataille, mais aussi lâaccĂ©lĂ©ration de la mĂ©canisation, le dĂ©veloppement de lâaviation, lâessor de la radio et la mĂ©decine du urgence ont permis de sauver des milliers de combattants malgrĂ© leurs blessures.
âGuerre justeâ
A la fois une idée,
une doctrine
et une interrogation philosophique
aussi ancienne que la guerre elle-mĂȘme.
âŠ
âș Elle fĂ»t lâĂ©tendard des politiques dâhier et dâaujourdâhui pour justifier conflits et campagnes, au nom dâune juste cause.
âș Nous nâavons pas le monopole de la guerre juste, les Russes lâont utilisĂ© en Syrie pour soutenir Bachar al-Assad contre le camp « des terroristes ».
âș Toute reÌflexion sur la guerre juste combine ainsi trois eÌleÌments aÌ la fois distincts et eÌtroitement lieÌs :
- la guerre comme expeÌrience et moyen du politique ;
- la justice comme ressort essentiel de la vie de la citeÌ ;
- lâeÌternel deÌbat philosophique sur la moraliteÌ de la guerre.
âș Les limites de la guerre juste :
- câest une vision partiale et subjective : toute guerre est considĂ©rĂ©e comme juste par celui qui lâengage ;
CritĂšres pour conduire une âguerre justeâ
âș LâautoritĂ© doit ĂȘtre lĂ©gitime :
La guerre nâest pas une affaire privĂ©e et seul le dĂ©tenteur de lâautoritĂ© publique a le droit dâentrer en guerre ;
âș La cause doit ĂȘtre juste (lĂ©gitime dĂ©fense) :
- Mieux vaudrait privilégier le terme « justifiée » ou « légitime ».
- Les dommages infligĂ©s par lâagresseur Ă la Nation doivent ĂȘtre graves et durables ;
âș Lâintention doit ĂȘtre droite :
- promouvoir la paix et la sécurité,
- critĂšre qui nâest souvent vĂ©rifiable quâa posteriori ;
âș La force doit ĂȘtre le dernier recours :
La guerre Ă©tant un mal, on ne doit y recourir que lorsquâil nây a pas dâautre solution ou que tous les autres moyens ont Ă©chouĂ© ;
âș Une espĂ©rance raisonnable de succĂšs doit ĂȘtre envisagĂ©e :
Lâusage de la force est de nature Ă amĂ©liorer la situation et non pas Ă entraĂźner des maux pires ;
âș La proportionnalitĂ© des moyens utilisĂ©s doit limiter leur emploi au strict nĂ©cessaire ;
âș La discrimination entre combattants et non-combattants doit ĂȘtre observĂ©e.



