🛡 POLÉMOLOGIE Flashcards

1
Q

La guerre traditionnelle a-t-elle encore un “bel avenir” ?

A

Fins des modĂšles traditionnels avec une :

DESPECIFICATION DE LA GUERRE

CIVILIANISATION DES CONFLITS

Pour Jean-Baptiste JEANGENE VILMER, directeur de l’IRSEM :

âžĄïž La frontiĂšre entre la guerre et la paix devient de plus en plus floue. Depuis les guerres de dĂ©colonisation, guerre et paix se trouvent souvent mĂȘlĂ©es, au sein d’une zone grise.

âžĄïž Il existe beaucoup de situations oĂč l’on ne peut dire vraiment si l’on est en guerre ou en paix, ce qui fait que l’on aboutit Ă  une sorte de « dĂ©-spĂ©cification » de la guerre. Hier, la guerre s’imposait comme un Ă©tat spĂ©cifique, que l’on pouvait aisĂ©ment identifier. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas.

âžĄïž On observe une « civilianisation » des conflits armĂ©s, ces derniers ne se dĂ©roulant pas sur des champs de bataille mais au coeur des villes. Les civils deviennent Ă  la fois acteurs, cibles et victimes de ces affrontements d’un nouveau genre.

âžĄïž On constate donc bien une fin des modĂšles traditionnels, un effacement des repĂšres classiques sur lesquels nous avons longtemps fonctionnĂ©. Pour autant, le risque du recours Ă  la force pure ne doit pas ĂȘtre Ă©vincĂ© d’un revers de main. Des conflits majeurs entre Etats ne sont plus Ă  exclure.

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2
Q

Carl SCHMITT

A

📎 1888 - 1985 / Juriste et philosophe allemand

📎 ThĂ©oricien rigoureux qui pense l’Etat Ă  l’époque moderne.

📎 Adepte de l’autoritĂ© et figure de la rĂ©volution Conservatrice.

📎 Promoteur et thĂ©oricien de la dictature.

📎 S’intĂ©resse Ă  la rebellion et Ă  l’insurrection.

📎 Il associait Ă©troitement la guerre et la construction de l’Etat.

📎 Le fondement de la philosophie de Carl Schmitt :

  • l’essence du politique est la discrimination entre l’ami et l’ennemi.
  • DESIGNER L’ENNEMI est l’ESSENCE DE LA POLITIQUE.
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3
Q

Origine des partisans pour Carl SCHMITT ?

A

La guerre de guérilla menée par le peuple espagnol contre les forces armées de Napoléon.

1808 -1813

Pour Carl SCHMITT, c’est la premiĂšre fois qu’on voit un peuple affronter une armĂ©e rĂ©guliĂšre et moderne bien organisĂ©e.

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4
Q

Théorie du partisan

A

Carl SCHMITT

1962

â–ș Essai centrĂ© sur le concurrent et l’adversaire du soldat : le partisan.

â–ș Partisan = combattant ne portant pas l’unifrome et menant des guerres irrĂ©guliĂšres ou subconventionnelles.

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5
Q

Carl SCHMITT : retour en grĂące ?

A

Depuis les attentats terroristes perpétrés à Paris, la pensée de Carl Schmitt revient sur le devant de la scÚne médiatique.

📎 Alain FINKIELKRAUT met ainsi en avant le juriste allemand : « L’Europe s’était constituĂ©e sur le rĂȘve de la paix perpĂ©tuelle, ce rĂȘve avait quelque chose d’helvĂ©tique. Ce rĂȘve se fracasse aujourd’hui sur la rĂ©alitĂ© de l’ennemi. Toute la question est de savoir comment nommer l’ennemi [
]. Et c’est cet ennemi qui, prĂ©cisĂ©ment, malgrĂ© nous, nous fait rentrer dans l’histoire. Mais je vois une grande difficultĂ© dans la France d’aujourd’hui Ă  discerner l’ami de l’ennemi, ce qui pourtant est l’acte politique fondamental ».

📎 La philosophie de Carl Schmitt est puissante en cette pĂ©riode de crise qui rompt « la fin de l’histoire » comme accomplissement universel d’une dĂ©mocratie libĂ©rale pacifiĂ©e.

📎 Pour Schmitt « est souverain qui dĂ©cide de l’état d’exception (=> Ă©tat d’urgence) ». C’est-Ă -dire, le pouvoir exĂ©cutif, si ce n’est son plus haut magistrat le PrĂ©sident –et non le peuple.

📎 Dans ThĂ©orie du partisan, le juriste prĂ©cise que « l’ennemi est notre propre remise en question personnifiĂ©e ». Soudainement l’ennemi est ce frĂšre qui se retourne vers moi et m’obsĂšde.

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6
Q

Carl SCHMITT et l’Etat

A

ThĂ©oricien rigoureux qui pense l’Etat Ă  l’époque moderne.

Il considĂšre que le premier impĂ©ratif de l’Etat est de se dĂ©fendre contre l’ennemi.

Cela le conduit Ă  prĂ©fĂ©rer le mode d’organisation autoritaire des dictatures aux dĂ©mocraties libĂ©rales (fragiles et illusoires).

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7
Q

Causes matĂ©rielles de la guerre Ă  l’origine de la pensĂ©e Ă©thique occidentale?

A

Les causes matĂ©rielles de guerre s’articulaient autour de quatre catĂ©gories :

  • dĂ©fense,
  • reprise d’un bien,
  • poursuite d’une crĂ©ance,
  • chĂątiment.

Dans les autres cas, il s’agit de latrocinium, qui est un pĂȘchĂ© mortel.

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8
Q

Chevalier / Ingénieur militaire

A

🛡 Le chevalier se distingue par sa force, sa dextĂ©ritĂ© et son courage.

đŸ‘šđŸ»â€đŸ”Ź L’ingĂ©nieur militaire cherche lui Ă  dominer l’incertitude de la guerre en faisant appel Ă  ses connaissances savantes.

  • Il met Ă  profit ses compĂ©tences techniques pour Ă©laborer des ruses destinĂ©es Ă  tromper l’ennemi.
  • C’est le “maitre des stratagĂšmes” qui conseille et assiste le prince dans l’élaboration des subterfuges les plus ingĂ©nieux.
  • Pour mĂ©moire, “engin vaut mieux que force“ (Rabelais dans Pantagruel).
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9
Q

Dichotomie guerre / paix

A

Un accident dans l’histoire

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10
Q

Ecole stratégique asiatique vs occidentale

A

Asiatique

PrivilĂ©gie la phase qui prĂ©cĂšde le conflit armĂ© afin d’ĂȘtre en position de l’emporter dĂšs avant le dĂ©but des opĂ©rations, quitte Ă  n’avoir pas Ă  les entreprendre.

Occidentale

Se penche en premier lieu sur la conduite des opérations et la recherche de la victoire dans le combat.

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11
Q

Emer de VATTEL

A

âžĄïž Emer de VATTEL est un diplomate suisse, auteur du traitĂ© Le Droit des gens, 1758. Il s’inscrit dans l’hĂ©ritage de Grotius.

âžĄïž VATTEL introduit le critĂšre d’humanitĂ© dans la rĂ©flexion juridique. C’est la prĂ©figuration du droit international humanitaire inventĂ© sous l’impulsion d’Henri DUNANT et de la Croix Rouge.

âžĄïž VATTEL estime que la ruse est la maniĂšre la “plus humaine de faire la guerre”.

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12
Q

Espaces fluides et espaces solides

A

Laurent HENNINGER

Concept datant de 2012.

C’est une nouvelle grille de lecture qui pourrait expliquer la domination par le monde anglo-saxon Ă  partir du XVIII° siĂšcle jusqu’à nos jours, qui a rĂ©ussi Ă  penser et Ă  contrĂŽler les diffĂ©rents espaces fluides que sont les domaines maritimes, bancaire, cyber et spatial.

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13
Q

Faiblesse des Etats et affrontements :

Hobbes vs Locke

A

Thomas HOBBES

L’absence d’un Etat tutĂ©laire favorise les affrontements entre passions humaines individuelles - ambition, aviditĂ© ou ressentiment.

Exemples : en Somalie, au Soudan du Sud, en Centre Afrique, au Nord Mali et dans l’est de la RDC, c’est l’absence d’Etat qui favorise les conflits de nature hobbĂ©sienne.

John LOCKE

En l’absence d’Etat, il peut quand mĂȘme y avoir une certaine stabilisation. Mais l’Etat permet de protĂ©ger la sociĂ©tĂ© civile.

Exemple : rĂŽle des Eglises en RDC.

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14
Q

Georges DUMEZIL

A

Historien et anthropologue français du XXe siÚcle

â–ș Il explique que nos sociĂ©tĂ©s sont organisĂ©es autour du fait guerrier et de trois ordres, qui dĂ©coulent justement de ce fait guerrier.

â–ș Cet ordre tripartite aurait pris fin avec les Etats GĂ©nĂ©raux de 1789.

â–ș Le tiers Ă©tat devient dĂ©sormais celui qui prĂ©tend exercer le pouvoir d’oĂč le glissement suivant : c’est la Nation entiĂšre qui devient une Nation en armes. Il y a une militarisation de la sociĂ©tĂ© qui fait que l’armĂ©e est la Nation et que la Nation est l’armĂ©e.

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15
Q

Guerre

A

Le conflit extérieur des nations prend la forme de guerre.

â–ș La guerre semblerait ĂȘtre un ensemble de phĂ©nomĂšnes inhumains, de dĂ©chainement de violence et de retour Ă  des attitudes animales, contraires Ă  l’humanitĂ©, Ă  la socialisation de l’homme. Pour FREUD : la guerre est inĂ©vitable car l’homme failli Ă  son humanitĂ©.

â–ș Or, la guerre est d’une autre nature que l’agressivitĂ© : elle est une violence organisĂ©e collectivement pour Georges BATAILLE (L’érotisme, 1957). Elle a un caractĂšre social et obĂ©it Ă  des rĂšgles.

â–ș La guerre serait le propre de l’homme. Elle n’est pas un reliquat de l’animalitĂ©, mais bien un projet humain dans son inhumanitĂ© mĂȘme. La guerre existe parce qu’il y a des sociĂ©tĂ©s humaines qui ne sont pas des hordes animales et qui la sacralisent.

â–ș SacralisĂ©e, justifiĂ©e, lĂ©gitimĂ©e, la guerre apparait comme une violence pourvue d’un sens profond pour l’humanitĂ©.

La guerre est donc une affaire sociale, humaine et nullement une barbarie sans but qui marquerait le retour de l’état de nature et de l’instinct.

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16
Q

La guerre est dans les gÚnes de notre modernité politique : cette vision est-elle universelle ?

A

🛡 La violence est la chose du monde la mieux partagĂ©e. Elle est consubstantielle Ă  la marche du monde.

🛡 CONTRE :

  • Sa rĂ©alisation, sous forme de guerre interĂ©tatique, est conforme au modĂšle europĂ©en.
  • La tradition “westphalienne” de la guerre pose de multiples problĂšmes car il existe de nombreuses conflictualitĂ©s.
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17
Q

Guerre : pensĂ©e d’Alain

A

Mars ou de la guerre jugée, 1921

â–ș ALAIN dĂ©nonce les guerres.

â–ș Il considĂšre d’ailleurs que seules les nations civilisĂ©es sont capables de crĂ©er des guerres immenses et atroces comme la WW1.

â–ș Pour lui, la guerre est plus une exaspĂ©ration des sentiments les plus nobles de l’homme tels le courage, le refus de la peur, l’amour de la patrie, qu’un dĂ©chainement de bestialitĂ© ou de barbarie. Le soldat n’est pas un assassin ni un voleur !!!

â–ș Son enseignement de la guerre : les sentiments nobles y sont prĂ©cisĂ©ment trahis et manipulĂ©s, cela d’autant plus que les guerres sont modernes et mĂ©caniques, laissant peu de place Ă  l’hĂ©roĂźsme qui perd toute signification.

â–ș Pour Alain, “La guerre est l’expression de l’humanitĂ© qui se retourne contre elle-mĂȘme, une sorte d’auto-destruction de soi au nom des sentiments les plus Ă©levĂ©s”.

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18
Q

Guerre : pensée de Clausewitz

A

La guerre est un phĂ©nomĂšne de violence pure portĂ©e aux extrĂȘmes.

â–ș Ce qui distingue la guerre, c’est qu’elle est la violence non pas entre les hommes mais entre des groupes, des sociĂ©tĂ©s, et Ă  l’époque moderne entre des Etats.

â–ș “Chaque Etat ne peut avoir comme ennemis que d’autres Etats, et non pas des hommes 
”

â–ș Les hommes ne sont entrainĂ©s dans la guerre qu’accidentellement : la guerre est une violence qui dĂ©rive de l’appartenance Ă  un corps politique, c’est-Ă -dire de l’appartenance Ă  la nation. Et la nation a pour effet de rendre le corps politique totalement solidaire.

â–ș D’oĂč l’importance de la formule “la guerre est la continuation des relations politiques avec d’autres moyens”. C’est toujours Ă  la politique de mesurer la violence, l’intensitĂ©, le caractĂšre et la forme que la guerre prend Ă  l’aune des fins qu’elle poursuit.

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19
Q

Guerre : pensée de FREUD

A

La guerre est inĂ©vitable et montre que l’homme failli Ă  son humanitĂ©.

â–ș La guerre est un ensemble de phĂ©nomĂšnes inhumains, de dĂ©chainement de violence et de retour Ă  des attitudes animales, contraires Ă  l’humanitĂ©, Ă  la socialisation de l’homme.

â–ș Elle est le dĂ©foulement de pulsions que la civilisation rĂ©prime Ă  l’ordinaire et qui nous ramĂšnent aux tĂ©nĂšbres de l’instinct.

â–ș La guerre est pour lui INEVITABLE parce qu’elle engage cet instinct destructeur qu’il repĂšre en tout homme.

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20
Q

Guerre : pensée de Georges BATAILLE

A

La guerre est d’une autre nature que l’agressivitĂ© :

elle est une violence organisée collectivement.

L’érotisme, 1957

​â–ș La guerre n’est pas n’importe qu’elle violence : ce n’est pas la dĂ©linquance.

​â–ș La guerre se dĂ©finit comme la transgression permise par la sociĂ©tĂ© de l’interdit, et d’abord de l’interdit de meurtre.

​â–ș Paradoxe sociĂ©tal : l’interdit de l’agression intĂ©rieure est compensĂ© par la violence externe. Alors que toute sociĂ©tĂ© se fonde sur la limitation et l’interdiction de la violence interne entre ses membres, elle encourage et magnifie la guerre, cĂ d la violence externe lors des conflits avec d’autres groupes humains.

​â–ș La guerre est une violence organisĂ©e. Elle a un caractĂšre social et rĂ©pond Ă  des rĂšgles.

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21
Q

La guerre est-elle une science ?

A

La guerre n’est une science que lorsque les deux protagonistes respectent les mĂȘmes mĂ©canismes.

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22
Q

La guerre est-elle un accélérateur de technologie et de progrÚs ?

A

Oui.

  • Le centenaire de la Grande Guerre en est une illustration : l’industrialisation terrifique du champ de bataille, mais aussi l’accĂ©lĂ©ration de la mĂ©canisation, le dĂ©veloppement de l’aviation, l’essor de la radio et la mĂ©decine du urgence ont permis de sauver des milliers de combattants malgrĂ© leurs blessures.
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23
Q

“Guerre juste”

A

A la fois une idée,

une doctrine

et une interrogation philosophique

aussi ancienne que la guerre elle-mĂȘme.

♩

â–ș Elle fĂ»t l’étendard des politiques d’hier et d’aujourd’hui pour justifier conflits et campagnes, au nom d’une juste cause.

â–ș Nous n’avons pas le monopole de la guerre juste, les Russes l’ont utilisĂ© en Syrie pour soutenir Bachar al-Assad contre le camp « des terroristes ».

â–ș Toute réflexion sur la guerre juste combine ainsi trois éléments à la fois distincts et étroitement liés :

  • la guerre comme expérience et moyen du politique ;
  • la justice comme ressort essentiel de la vie de la cité ;
  • l’éternel débat philosophique sur la moralité de la guerre.

â–ș Les limites de la guerre juste :

  • c’est une vision partiale et subjective : toute guerre est considĂ©rĂ©e comme juste par celui qui l’engage ;
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24
Q

Critùres pour conduire une “guerre juste”

A

â–ș L’autoritĂ© doit ĂȘtre lĂ©gitime :

La guerre n’est pas une affaire privĂ©e et seul le dĂ©tenteur de l’autoritĂ© publique a le droit d’entrer en guerre ;

â–ș La cause doit ĂȘtre juste (lĂ©gitime dĂ©fense) :

  • Mieux vaudrait privilĂ©gier le terme « justifiĂ©e » ou « lĂ©gitime ».
  • Les dommages infligĂ©s par l’agresseur Ă  la Nation doivent ĂȘtre graves et durables ;

â–ș L’intention doit ĂȘtre droite :

  • promouvoir la paix et la sĂ©curitĂ©,
  • critĂšre qui n’est souvent vĂ©rifiable qu’a posteriori ;

â–ș La force doit ĂȘtre le dernier recours :

La guerre Ă©tant un mal, on ne doit y recourir que lorsqu’il n’y a pas d’autre solution ou que tous les autres moyens ont Ă©chouĂ© ;

â–ș Une espĂ©rance raisonnable de succĂšs doit ĂȘtre envisagĂ©e :

L’usage de la force est de nature Ă  amĂ©liorer la situation et non pas Ă  entraĂźner des maux pires ;

â–ș La proportionnalitĂ© des moyens utilisĂ©s doit limiter leur emploi au strict nĂ©cessaire ;

â–ș La discrimination entre combattants et non-combattants doit ĂȘtre observĂ©e.

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25
Q

Guerre juste chez les Chinois.

A

📕 Jean-Baptiste Jeangène Vilmer l’évoque dans son article L’intervention humanitaire armée en Chine antique, Revue des deux mondes, 2006.

â–ș Il explique qu’en Chine antique, le but de l’armée n’était pas de conquérir mais de protéger l’innocent.

â–ș Il cite Xun ZI : « L’armée, dans ces conditions, est donc faite pour enrayer la violence et éviter les nuisances et non pour batailler et conquérir ».

â–ș Si attaquer un État est le seul moyen de sauver sa population, si faire la guerre permet d’arrêter la guerre, si tuer des hommes permet d’en sauver davantage, alors tout cela doit être permis.

Exemples :

📗 Le Chou King contient de nombreux récits d’intervention d’un prince contre un autre.

â–ș Pour chacune d’entre elle, l’intervenant adresse à ses troupes un discours : une harangue.

â–ș Les harangues ont toujours la même structure ternaire :

  1. Voici les horreurs dont se rend coupable chaque jour tel tyran (énumération des fautes commises).
  2. Par la volonté du ciel, j’ai le devoir d’intervenir (on insiste sur le fait que l’intervention n’est que l’exécution de la volonté céleste).
  3. Et vous avez le devoir de m’aider (ceux qui se battront courageusement seront récompensés, tandis que ceux qui refuseront de se battre seront mis à mort).

â–ș Nous avons donc ici, en 1752 et en 1121 av. JC, deux cas exemplaires d’intervention humanitaire armée, qui sont d’ailleurs relativement similaires : six siècles après lui, Ou Wa se réclame explicitement de l’exemple de T’ang.

â–ș La légitimité de l’intervention n’est pas questionnée dans la mesure où elle est ordonnée par le ciel lui-même.​

â–ș C’est un élément capital de la rhétorique interventionniste, qui consiste à déshumaniser autant que possible la décision d’intervenir, pour éviter toute discussion : l’intervenant ne parle pas en son nom mais en celui du ciel. Ce n’est pas la décision discutable (car humaine) d’un prince contre un autre mais celle, indiscutable, du ciel.

📘 Le chapitre XV du Huainan zi est un traité de stratégie militaire qui, avant de décrire les techniques relatives à l’utilisation des armes, s’occupe de justifier l’usage de la force et d’en fixer les limites.

â–ș Conformément à la tradition philosophique chinoise antique, la guerre offensive et agressive est fortement condamnée, et seule la guerre défensive est permise.

â–ș L’usage de la force est un dernier recours : « ce n’est qu’en dernier ressort qu’on fait usage des armes et des cuirasses ».

â–ș Le seul usage de la force autorisé par le Huainan zi est destiné à faire cesser les violences sur la population dans des États étrangers. La seule raison d’être de l’armée est d’intervenir pour des motifs humanitaires. De ce point de vue, la seule guerre permise est l’intervention humanitaire.

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26
Q

La guerre juste dans la pensée chrétienne.

A
  • La rĂ©flexion sur les limites Ă  l’utilisation des capacitĂ©s militaires est particuliĂšrement intĂ©ressante dans la pensĂ©e chrĂ©tienne : il faut justifier la violence et l’assassinat (le pĂȘchĂ© le plus grave dans l’absolu) quand le message du Christ est essentiellement contraire Ă  la violence dans toutes ses formes.
  • Dans l’éthique chrĂ©tienne, la violence est condamnĂ©e ainsi que la guerre: la paix est un acte de vertu et la guerre est un pĂ©chĂ©.
  • Les trois grands penseurs sont :
    • ​Saint Ambroise (Ă©vĂȘque de Milan et disciple de CicĂ©ron) ;
    • Saint Augustin ;
    • Saint Thomas d’Aquin.
  • Si l’on revient aux siĂšcles prĂ©cĂ©dents, la guerre juste fĂ»t utilisĂ©e par l’Église et les souverains pour justifier les croisades ou les expĂ©ditions coloniales. La juste cause Ă©tant divine dans le premier cas.
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27
Q

La guerre juste chez les Grecs

A

â–ș Platon dĂ©jĂ  appelait les Grecs Ă  la modĂ©ration dans leurs luttes entre citĂ©s tandis que, pour ce qui concerne les Barbares, ennemis par nature des Grecs, la guerre menĂ©e contre eux Ă©tait naturelle et n’appelait aucune modĂ©ration particuliĂšre.

â–ș En effet, il Ă©tait important de distinguer si l’ennemi Ă©tait «comme nous» ou s’il Ă©tait «diffĂ©rent de nous» car les limites Ă  l’utilisation de la violence s’appliquaient seulement au premier cas.

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28
Q

Guerre juste chez les Hindous

A

Est évoquée dans le Mahabharata hindou.

Un poĂšme de 81 936 strophes rĂ©parti en 18 livres racontant une guerre qui se serait dĂ©roulĂ©e 2 000 ans avant JĂ©sus. Dedans il est, entre autres, question de l’importance de la juste cause pour dĂ©clencher une guerre.

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29
Q

La guerre juste chez les Romains

A

â–ș Pour les Romains, la guerre Ă©tait juste seulement si elle Ă©tait prĂ©cĂ©dĂ©e d’une «dĂ©claration de guerre» qui suivait un certain processus juridique.

â–ș Le latrocinium (ou service militaire au sens premier / ne pas confondre avec le sens second = agression illĂ©gale ou acte de brigandage, de piraterie) justifiait l’extermination de l’adversaire, considĂ©rant qu’il Ă©tait en tort s’il n’avait pas suivi la procĂ©dure juridique de dĂ©claration de guerre.

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30
Q

Définir la guerre réglée.

A

​On ne parle pas de guerre rĂ©guliĂšre, mais de guerre rĂ©glĂ©e : c’est-Ă -dire que la guerre doit ĂȘtre gouvernĂ©e par des lois juridiques (jus ad bellum - droit Ă  la guerre / jus in bellum - droit dans la guerre) et des lois stratĂ©giques (soit les principes dĂ©terministes tirĂ©s de la science militaire dont l’observance conduit ou non Ă  la victoire).

On parle de guerre irrĂ©guliĂšre dĂšs lors que la guerre n’observe pas l’une de ces lois.

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31
Q

Les différentes formes de guerres irréguliÚres ?

A

La guerre sera irrĂ©guliĂšre lorsqu’elle sera menĂ©e par des combattants sans statut n’appartenant pas Ă  l’armĂ©e rĂ©guliĂšre, c’est-Ă -dire mise sur pied et entretenue par un pouvoir souverain.

Sur le plan stratĂ©gique, la guerre irrĂ©guliĂšre s’oppose Ă  ce que l’on a appelĂ© depuis le XVIIIe siĂšcle la grande guerre et qui correspond aujourd’hui Ă  la stratĂ©gie conventionnelle.

FORMES TERRITORIALES :

  • AntiquitĂ© occidentale : guerre expĂ©ditionnaire (la furtiva expeditio de Tite Live pour dĂ©signer les raids en territoire ennemi au-delĂ  du limes), guerre d’embuscades (insidiae pour dĂ©signer la guerre de harcĂšlement menĂ©e par les ennemis de Rome) et la guerre sauvage (soulĂšvements d’esclaves ou de mercenaires Ă  Carthage).
  • Chine ancienne : guerre errante (autonomie du gĂ©nĂ©ral pour mener les opĂ©rations Ă  sa guise sur les arriĂšres de l’ennemi).
  • Europe moderne : petite guerre, guerre de milices, guerre de course
  • RĂ©volution française : guĂ©rilla (mot espagnol pour dĂ©signer la petite guerre), chouannerie.
  • Empire français : guerre nationale.
  • XIXe siĂšcle : guerre insurectionnelle.

FORMES NON TERRITORIALES :

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32
Q

“Intervention humanitaire” chez les Chinois.

A

Les confucéens approuveraient l’usage de la force d’un État contre un autre État pour la protection des droits de l’homme dans cet autre État.

📖L’un des passages du Mencius qui aborde le problème de l’intervention humanitaire est ce que l’on pourrait appeler l’épisode de Qi et Yan. Qi et Yan sont deux grands royaumes voisins. Yan est sous le joug d’un tyran. Le roi de Qi attaque Yan pour punir le tyran qui opprime son peuple. Pour autant, il ne s’agit pas explicitement d’intervenir pour venir en aide au peuple. Punir le tyran oppresseur et sauver la population oppressée, ce n’est pas la même chose, car on peut vaincre et destituer un tyran sans pour autant aider le peuple. Qi attaque et vainc Yan en cinquante jours. Le roi de Qi se demande alors s’il doit annexer le royaume vaincu. Le philosophe Mencius répond : « Annexez, si le peuple de Yan s’en réjouissait, quand vous le feriez. (
) Si l’annexion déplaît au peuple de Yan, ne vous en emparez point ». Qi décide d’annexer Yan.

âžĄïž Si l’humanitaire est bien conduit, s’il ne vise que les tyrans et soulage le peuple, il peut permettre l’hégémonie. Autrement dit, lorsque vous intervenez pour libérer un peuple du joug tyrannique, et que cette intervention vous permet de renforcer votre domination régionale, vous avez un intérêt tout personnel et égoïste à bien vous comporter avec cette population, ou au moins à ne pas faire pire que le mal que vous prétendez avoir ôté. Car sans quoi, si le peuple soumis appelle à nouveau à l’aide, vous pourriez à votre tour devenir la cible des appétits humanitaro-hégémoniques d’un royaume voisin et concurrent.

âžĄïž Cette manière de gouverner, qu’André Levy traduit par « politique humanitaire », « gouvernement des anciens » (ou « Kingly governement » dans les traductions anglaises), est l’une des manifestations du gouvernement idéal, souvent rendu en anglais par l’expression « benevolent governement », et qui caractérise plus précisément la relation qui lie les parents à l’enfant. Il s’agit donc d’un idéal paternaliste : le dirigeant est le père du peuple et, pour reprendre une expression courante en droit français, il doit gouverner « en bon père de famille ».

âžĄïž Qi annexe Yan et son roi se comporte Ă  son tour en tyran. Mencius lui conseille de stopper et de se retirer de Yan aprĂšs y avoir installĂ© un dirigeant en consultation avec la population locale. Ce dernier conseil est encore aujourd’hui l’une des conditions de la réussite d’une intervention humanitaire : l’État intervenant, sitôt l’État cible sécurisé, doit se retirer au plus vite et ne pas faire durer l’occupation.

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33
Q

La Grande Illusion

A

The Great Illusion

Livre de Norman ANGELL paru en 1910.

â–ș Cet essai dĂ©fend la thĂšse selon laquelle une guerre ne peut plus Ă©clater grĂące au poids du crĂ©dit prĂ©sent partout dans le monde ou que, si elle Ă©clate, elle serait courte.

â–ș Cela contribua au fait que la population europĂ©enne n’était pas prĂȘte Ă  la guerre.

â–ș Traduit simultanĂ©ment dans de trĂšs nombreux pays, cette analyse de Norman Angell est contredite par le dĂ©clenchement de la PremiĂšre Guerre mondiale.

â–ș Cependant en 1933, Angell fait paraĂźtre une nouvelle version de son livre qui lui vaut le prix Nobel de la paix la mĂȘme annĂ©e. Il y modifie son analyse d’avant-guerre : selon lui, une nation ne gagne pas Ă  dĂ©clarer la guerre pour des raisons Ă©conomiques.

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34
Q

La guerre fait-elle toujours sens ?

Peut-elle devenir obsolĂšte ?

A

La guerre, mĂȘme victorieuse, fait de moins en moins sens.

â–ș Ces derniĂšres annĂ©es, la Russie :

  • a fait la conquĂȘte de la CrimĂ©e,
  • est intervenue au Donbass,
  • est victorieuse en Syrie
  • et a menĂ© un cyberconflit en Estonie.

Que de réussites militaires !

â–ș La Chine, elle, a menĂ© zĂ©ro guerre depuis vingt ans. Mais elle a connu ce qui est sans doute le plus grand miracle Ă©conomique de l’Histoire, tandis que la Russie n’a rien gagnĂ© de ses conquĂȘtes.

â–ș Sur la longue durĂ©e, il semble y avoir une rĂ©duction de la conflictualitĂ©.

  • La guerre interĂ©tatique est de plus en plus rare et entre les grandes puissances encore plus !
  • La guerre serait de moins en moins considĂ©rĂ©e comme un mode “normal” de rĂšglement des diffĂ©rends ou d’expression de la volontĂ© politique.
  • L’évolution dĂ©mographique Ă©tant fortement prĂ©dictive de la propension d’un Etat Ă  connaĂźtre la violence, il se pourrait que la conflictualitĂ© mondiale diminue progressivement dans les annĂ©es Ă  venir.
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35
Q
  • Latrocinium* ?
  • Iustum bellum* ?
  • Bellum justum* ?
  • Liberium jus ad bellum* ?
A

â–ș Le latrocinium est la guerre sans juste cause, l’acte d’agression malveillant ou la piraterie. C’est une guerre qui n’est pas prĂ©cĂ©dĂ©e d’une dĂ©claration officielle de guerre au sens du droit romain.

â–ș Le iustum bellum est la guerre justifiĂ© par la morale car son objectif est la paix et la justice.

â–ș Le bellum justum est liĂ© au rĂ©tablissement d’un ordre supĂ©rieur dans un cadre juridique. Cette Ă©poque du bellum justum est rĂ©volue.

â–ș Le ius durante bello, ou droit pendant la guerre : au cƓur des prĂ©occupations juridiques se trouvent les droits et devoirs rĂ©gissant les hostilitĂ©s en tant que fait.

  • Le Liberium jus ad bellum est l’époque oĂč les États mĂšnent indĂ©pendamment leur politique, tant intĂ©rieure qu’extĂ©rieure du fait de leur souverainetĂ©. C’est la libertĂ© du droit de faire la guerre, juste ou non.​
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36
Q

Loi tendantielle à la réduction de la force employée

A

Raymon ARON

Paix et guerre entre les nations (1962)

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37
Q

“Affreux”

A

Renvoie aux mercenaires des conflits post-décolonisation en Afrique, et notamment à la guerre du Katanga au Congo-Kinshasa entre 1960 et 1963.

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38
Q

Mercenariat - Vers une privatisation de la guerre

Quels chiffres ?

A

Avant 2000 :

â–ș AprĂšs le pic lors de la guerre du Vietnam (1 contractor pour 5 combattants), le ratio Ă©tait redevenu faible (1 pour 55 dans la guerre du Golfe).

â–ș Il repart trĂšs fortement Ă  la hausse lors du dĂ©ploiement dans l’ex-Yougoslavie (1 contractor pour 1 combattant).

â–ș Cette externalisation s’étend Ă  tous les domaines de la logistique (Dyncorps par exemple) au conseil militaire (la sociĂ©tĂ© MPRI conseille et forme l’état-major croate pour la mise en Ɠuvre de la reconquĂȘte de la Krajina aux dĂ©pens des Serbes en 1995 par exemple).

â–ș Dans les annĂ©es 1990, la sociĂ©tĂ© sud-africaine Executive Outcomes mĂšne des opĂ©rations offensives. Alors que la communautĂ© internationale ne parvient pas Ă  mettre fin Ă  la guerre civile en Sierra Leone, Executive Outcomes se met au service du gouvernement et son offensive militaire permet de reprendre le contrĂŽle des rĂ©gions diamantifĂšres face aux rebelles du Front rĂ©volutionnaire uni (RUF) soutenus par le LibĂ©rien Charles Taylor.

AprĂšs 2000 :

â–ș La dĂ©cennie 2000 est marquĂ©e par l’apogĂ©e de ce poids des « nouveaux mercenaires » en zone de guerre.

â–ș La prĂ©sence de contractors de Blackwater dans la bataille de Falloujah en Irak en 2004, leurs bavures (place Nisour Ă  Bagdad en 2006) ou encore leur participation supposĂ©e Ă  la traque de Ben Laden au dĂ©but de l’intervention en Afghanistan les placent dans le « cƓur de mĂ©tier » militaire.

â–ș Ils sont dĂ©sormais plus nombreux que les soldats occidentaux sous uniforme :

  • 1,5 contractor pour 1 combattant en Irak
  • 1,4 pour 1 en Afghanistan en 2013.
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39
Q

Convention de l’ONU contre l’utilisation de mercenaires ?

A

DĂ©cembre 1989

Convention internationale contre le recrutement, l’utilisation, le financement et l’instruction de mercenaires.

En vigueur dans 35 Etats

! Aucun membre du CS de l’ONU !

40
Q

Criminalisation du mercenariat ?

A

Par des législations nationales ou internationales en raison de son rÎle jugé néfaste dans :

â–ș des conflits infra-Ă©tatiques en Afrique depuis les annĂ©es 1960 :

  • crises congolaises de 1960 Ă  1967,
  • guerre du Biafra (1967-1970),
  • guerre civile angolaise de 1975 Ă  2003

â–ș des renversements de pouvoirs en place :

  • qu’ils soient avortĂ©s (tentative de Mike Hoare aux Seychelles en 1981)
  • ou rĂ©ussis (coup d’État de Bob Denard aux Comores en 1978).

â–ș Certains États particuliĂšrement « exportateurs de mercenaires » ont construit un arsenal lĂ©gislatif rĂ©pressif : Afrique du Sud en 1998 puis 2007, France en 2003


â–ș ONU : convention internationale contre le recrutement, l’utilisation, le financement et l’instruction de mercenaires adoptĂ©e en 1989.

41
Q

Document de Montreux

A

2008

Lancé par la Suisse et le CICR

Réflexion sur la déontologie des ESSD ou PMSCs.

â–ș Les entreprises amĂ©ricaines et britanniques s’engagent dans un processus de rĂ©gulation de leurs activitĂ©s concertĂ©e avec certains États.

â–ș L’idĂ©e initiale Ă©tait de crĂ©er un traitĂ© international comme celui des mines anti-personnel Ă  Ottawa.

â–ș A Ă©tĂ© transformĂ©e en un club de discussion des bonnes pratiques : l’ICoCa - International Code of Conduct Association.

42
Q

Quelques EESD françaises

A

Amarante International,

Anticip SAS,

Corpguard

43
Q

EESD

A

Entreprises de services et de sécurité de défense

  • PMSCs - Private Military and Securities Companies*
  • ♩*

â–ș Depuis 2001, le marchĂ© des ESSD progresse partout.

â–ș Ces entreprises ont profitĂ© de l’ùre des forces expĂ©ditionnaires pour se dĂ©velopper Ă  partir de marchĂ© captifs nationaux.

â–ș Elles constituent un complĂ©ment de ressources capacitaires pour les armĂ©es rĂ©guliĂšres.

â–ș L’ONU et l’UE y ont mĂȘme recours dans leurs opĂ©rations de maintien de la paix, de protection de leurs personnels et de leurs infratructures.

â–ș Elles couvrent un large spectre :

  • soutien logistique ;
  • entrainement ;
  • cyber ;
  • missions de combat au profit des forces occidentales : renseignement multispectre, interogations de prisonniers, actions spĂ©ciales.
  • mise en service de navires arsenaux privĂ©s.
44
Q

G4S

A

ESSD américaine contreversée.

â–ș AprĂšs avoir prospĂ©rĂ© avec les guerres d’Irak et d’Afghanistan, les retraits amĂ©ricains ont entraĂźnĂ© de vastes fusions entre ESSD.

â–ș G4S est l’une d’entre elle : elle compte plus de 650 000 employĂ©s dans 90 pays. Son chiffre d’affaires atteint 7,8 milliards d’euros en 2017.

â–ș G4S fait l’objet d’une campagne tentant de mettre en lumiĂšre son rĂŽle dans les territoires occupĂ©s palestiniens (tenue des checkpoints du « mur de sĂ©curitĂ© » israĂ©lien et gestion de camps de rĂ©tention ou prisons).

â–ș Un de ses anciens employĂ©s a Ă©tĂ© condamnĂ© pour avoir tuĂ© deux autres contractors dans une rixe en Irak en 2009.

â–ș La sociĂ©tĂ© dĂ©croche cependant toujours d’importants contrats comme la sĂ©curisation de l’ambassade britannique en Afghanistan ou la surveillance des installations de la Basra Gas Company en Irak.

45
Q

ICoCa

A

International Code of Conduct Association.

â–ș Club de discussion de bonnes pratiques s’appuyant sur le Document de Montreux.

â–ș Enjeu : dĂ©finir des normes de certification des comportements et des procĂ©dures de responsabilitĂ©s en termes de formation des personnels pour les intĂ©grer dans les systĂšmes de normes US ANSII et internationales ISO.

â–ș Seules les ESSD les mettant en pratique peuvent dĂ©sormais rĂ©pondre aux appels d’offres publics US, britanniques et des gouvernements adhĂ©rents.

â–ș Limite : seulement environ 800 ESSD sont inscrites Ă  ICoCa. C’est dĂ©risoire !!!

â–ș France non membre !!! Mais ESSD françaises oui comme Amarante International, Anticip SAS, Corpguard !

46
Q

Privatisation de la sécurité des espaces maritimes

A

â–ș Certaines zones sont touchĂ©es par une forte recrudescence de la piraterie Ă  partir des annĂ©es 2000.

â–ș La Corne de l’Afrique est particuliĂšrement concernĂ©e en lien avec la situation en Somalie.

â–ș MalgrĂ© le dĂ©ploiement de forces Ă©tatiques internationales dans le monde, notamment l’opĂ©ration « Atalante », de nombreux États autorisent l’embarquement de gardes privĂ©s sur les navires qui traversent la zone.

â–ș MĂȘme les plus rĂ©ticents Ă  l’origine, comme la France, s’y rĂ©solvent.

47
Q

Projet du PDG de Blackwater

A

2017, Erik Prince – fondateur et ancien PDG de Blackwater.

â–ș Proposition adressĂ©e Ă  Donald Trump.

â–ș Son plan consiste en un retrait quasi total des soldats amĂ©ricains (avec des Ă©conomies Ă  la clĂ© et moins de risque de devoir rendre des comptes sur les morts devant l’opinion publique) pour les remplacer par 5000 contractors rĂ©partis dans les 91 bataillons de l’armĂ©e afghane.

â–ș Ces « nouveaux mercenaires » les encadreraient et les conseilleraient, dans des schĂ©mas trĂšs proches des gardes prĂ©sidentielles africaines des annĂ©es 1960 Ă  1990.

â–ș Une telle position laisserait la porte ouverte Ă  un rĂŽle militaire, voire politique, crucial de ces hommes.

â–ș Avec un tel projet, le recours Ă  ces « entrepreneurs de sĂ©curitĂ© » n’exclut pas dĂ©finitivement leur retour au cƓur des combats mĂȘme si cela est aujourd’hui prohibĂ©.

48
Q

Relation triangulaire du mercenariat ?

A

Un commanditaire (État, ONG ou entreprise)

un entrepreneur de guerre (désormais une société)

et des employĂ©s aujourd’hui appelĂ©s “contractors”.

49
Q

“Privatisation” de la la sĂ©curitĂ© en UE et en France

A

UE :

â–ș Elle veut maitriser et circonscrire l’activitĂ© de ce secteur en progression.

â–ș Avril 2014 : le concept des “Contractor support to EU led military operations” insiste sur l’impossibilitĂ© d’externaliser toute activitĂ© inhĂ©rente ou constitutive du domaine rĂ©galien.

â–ș Or l’intĂ©gration des ESSD au sein des forces traditionnelles est prise en compte.

FRANCE :

â–ș S’est dotĂ©e de la norme ISO 17 788 + d’une loi (2017) relative Ă  la sĂ©curitĂ© publique qui crĂ©e le statut “d’agent armĂ©â€.

50
Q

Vers une privatisation de la guerre ?

A

Transformation contemporaine des conflits :

  • Depuis la dĂ©colonisation dans la seconde moitiĂ© du XXe siĂšcle, la guerre a progressivement changĂ©.
  • On parle de « conflits de 4e gĂ©nĂ©ration » depuis les annĂ©es 1990.

Les entreprises privées, nouveaux mercenaires ?

  • Les changements majeurs Ă  la fin de la GF :
    • ​La structuration entrepreneuriale qui permet d’échapper aux dĂ©finitions internationales ou nationales du mercenariat.
    • Les politiques publiques font alors Ă©voluer les doctrines d’emploi de leurs outils militaires et la DĂ©fense glisse vers le concept englobant de SĂ©curitĂ©.
    • Dans les pays les plus dĂ©veloppĂ©s, les armĂ©es comprennent beaucoup moins d’hommes mais sont trĂšs fortement professionnalisĂ©es et spĂ©cialisĂ©es.
    • Ces inflexions s’articulent sur une « technologisation » croissante (cf. Revolution in Military Affairs).
    • Le poids des opinions publiques dĂ©sormais convaincues que des victoires peuvent ĂȘtre acquises sans soldats morts accĂ©lĂšre le phĂ©nomĂšne.
    • DĂšs lors, Ă  commencer par les États-Unis, les armĂ©es ont de plus en plus recours Ă  des formes d’externalisation.

Une régulation inégale ?

â–ș La crainte de voir ces « nouveaux mercenaires » imposer une privatisation de la guerre qui Ă©chapperait aux États entraĂźne des rĂ©ajustements.

â–ș Le risque que ces « entrepreneurs de guerre » nourrissent en rĂ©alitĂ© la continuation des conflits pour leurs propres intĂ©rĂȘts est dĂ©noncĂ© dans la dĂ©cennie 2000.

â–ș En consĂ©quence, les contractors de ces sociĂ©tĂ©s sont Ă©cartĂ©s des actions de combat.

  • Les activitĂ©s non combattantes seules sont externalisĂ©es aujourd’hui.
  • Quand elles relĂšvent de secteurs sensibles, les entreprises de services de sĂ©curitĂ© et de dĂ©fense (ESSD) choisies entretiennent souvent des liens plus Ă©troits, mĂȘme s’ils sont informels, avec l’administration (L 3-MPRI pour les États-Unis par exemple).

â–ș Cependant, cet effort de rĂ©gulation est principalement conduit par les commanditaires occidentaux ou internationaux et par les grandes sociĂ©tĂ©s anglo-saxonnes.

  • Passe-droits et irrĂ©gularitĂ©s sont plus difficiles Ă  contrĂŽler avec des sociĂ©tĂ©s sous-traitantes locales.
  • Des commanditaires non occidentaux sont peu enclins Ă  se soucier de la dĂ©ontologie des ESSD.
  • Un International Code Of Conduct a Ă©tĂ© mis en place, tout comme une rĂ©flexion sur la dĂ©ontologie du secteur (Forum du document de Montreux).
51
Q

Mercenariat : définition

A

“Mercenaire, c’est le deuxiĂšme plus vieux mĂ©tier au monde”

â–ș Le terme « mercenarius » dĂ©signe un « soldat louĂ© contre de l’argent » ou un « domestique que l’on paie ».

â–ș Il s’agit d’un combattant professionnel prestataire de service qui, au delĂ  des causes, des motivations, des Ă©vĂ©nements, des moyens de recrutement et de rĂ©tribution, met Ă  disposition de son employeur (Ă©tatique ou privĂ©) une force armĂ©e.

â–ș On distingue 3 grands types de mercenaires :

  • les mercenaires traditionnels pouvant rĂ©pondre Ă  des logiques idĂ©ologiques de leur temps (mercenaires du bloc occidental et nĂ©ocolonial dans l’Afrique de la guerre froide),
  • les formes intĂ©grĂ©es aux armĂ©es (Gardes Suisses jusqu’au XIXe siĂšcle),
  • le mercenariat entrepreneurial (Ă  l’instar des Condottiere italiens aux XVe et XVIe siĂšcles).

â–ș Comme d’autres acteurs non Ă©tatiques, les mercenaires sont beaucoup plus impliquĂ©s dans les nouvelles conflictualitĂ©s que dans les guerres traditionnelles.

â–ș Cependant, en raison de son rĂŽle jugĂ© nĂ©faste, le mercenariat classique est progressivement criminalisĂ© par des lĂ©gislations nationales ou internationales.

52
Q

Michael WALZER

A

Michael Walzer est l’auteur du classique “Guerres justes et injustes”, 1977, qui a fait l’objet d’innombrables publications et d’intenses dĂ©bats.

C’est en effet pour montrer que la guerre du Vietnam n’était pas juste, qu’elle ne répondait pas aux critères retenus par les théoriciens de la guerre juste à travers les âges, que Walzer a exhumé cette tradition. Au moment du Vietnam, la guerre n’a plus ce caractère d’évi- dence au sein de la nation américaine engagée dans le conflit. Le débat est vif entre ceux qui soutiennent l’action de l’administration américaine, estimant que l’intervention au Vietnam est à la fois moralement juste et politiquement justifiée, et ceux qui, avec Walzer, ne croient ni à la moralité de cette guerre, ni à sa légitimité politique.

Le renouveau des théories de la guerre juste dans la période contemporaine est donc lié à la rencontre entre une tradition de pensée, qui remonte à l’Antiquité, et la guerre, considérée comme une expérience politique toujours possible et problématique.

53
Q

“Jihadisation des conflits”

A

â–ș Pour Marc-Antoine PĂ©rouse de Montclos, c’est la surdĂ©termination de l’élĂ©ment religieux.

â–ș Or, l’origine des conflits est rarement monocausale.

â–ș Lorsqu’ils se produisent dans l’Afrique sahĂ©lienne et musulmane, les conflits armĂ©s sont tous vus maintenant sur une grille de lecture terrorisme.

â–ș Ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas du tout de cause religieuse, mais de lĂ  Ă  faire de la religion ou de ce qu’on appelle par exemple la radicalisation de l’islam, le facteur d’explication des conflits qui aujourd’hui agitent l’Afrique sahĂ©lienne, c’est complĂštement dĂ©lirant.

â–ș C’est un contresens historique et on est vraiment trĂšs loin des rĂ©alitĂ©s.

54
Q

Naissance du modĂšle occidental de la guerre

A

Pour l’historien amĂ©ricain Victor Davis Hanson (nĂ©o-conservateur, trĂšs contestĂ© dans les milieux intellectuels US) :

  • Les citĂ©s Ă©tats de la GrĂšce dite classique ont inventĂ© un modĂšle de bataille qui a servi de paradigme Ă  l’Occident pour tous les siĂšcles suivants jusqu’à la guerre du Vietnam.
  • L’occident prĂ©fĂšre une guerre franche, claire et nette qui se dĂ©roule de façon trĂšs prĂ©cise et codifiĂ©e, en un lieu et un moment prĂ©cis.
  • Les Grecs d’antan prĂ©fĂ©raient ce modĂšle lĂ  plutĂŽt que les guerrillas et vandettas qui pouvaient durer des dĂ©cennies et empĂȘcher la sociĂ©tĂ© d’avancer.
  • La guerre est un instrument rationnel de la politique Ă©trangĂšre.
  • La bataille classique (et de façon idĂ©alisĂ©e) correspond aux rĂšgles du thĂ©Ăątre classique : unitĂ©s de temps, de lieu et d’action.
  • Les sociĂ©tĂ©s grecques Ă©taient imprĂ©gnĂ©es du « militarisme civique » : c’est l’idĂ©e que le citoyen libre est un guerrier qui doit dĂ©fendre sa citĂ©.
55
Q

Nicolas MACHIAVEL

A
  • Le Prince, 1513.
  • L’Art de la guerre, 1521, seul ouvrage Ă©ditĂ© de son vivant.

âžĄïž Pour Machiavel, la ruse est un formidable levier de puissance, un moyen essentiel pour le prince de remporter les guerres et d’exercer le pouvoir ou de le conquĂ©rir.

âžĄïž Machiavel pense la politique en partant de l’incertitude propre Ă  la guerre : “un prince ne doit avoir d’autre objet ni d’autre pensĂ©e, et ne doit choisir rien d’autre pour art, hormis la guerre, et les ordres et la discipline de celle-ci. Car c’est le seul art qui convienne Ă  celui qui commande”.

âžĄïž La connaissance de l’art de la guerre apparait Ă  Machiavel comme la condition sine qua non du bon gouvernement pour deux raisons : assurer la dĂ©fense du pays + l’art de la guerre prĂ©dispose Ă  l’action politique : la guerre est l’horizon naturel de la politique.

56
Q

Origine de la guerre et des armées

A

On ne peut pas dater prĂ©cisĂ©ment l’origine de la guerre.

  • Estimations : fin du palĂ©olithique et dĂ©but du nĂ©olithique.
  • La guerre, ce n’est pas la violence. La violence est Ă©ternelle. La guerre ne l’est pas.
  • C’est une violence organisĂ©e socialement et politiquement dans un but politique (comprenant l’économique).

Naissance des premiÚres armées :

  • Tournant de l’ñge du cuivre et de l’ñge du bronze.
  • Pour pouvoir avoir des gens qui ne font que combattre et s’entraĂźner, il faut qu’ils soient retirer du processus de production et donc qu’il y ait du surproduit pour les nourrir, mais surtout qu’il y ait une organisation politique pour les contrĂŽler et les diriger.

Pour Laurent HENNINGER :

  • L’Etat ou le proto-Etat naĂźt en grande partie de la question du surproduit en vue de la constitution des armĂ©es.
  • Quelle que soit l’époque et le lieu, « l’armĂ©e est une accoucheuse d’Etat ».
57
Q

Pierre SERVENT

A

📙 Les Guerres modernes, 2009.

📙 Le complexe de l’autruche,

📙 Extension du domaine de la guerre, 2016.

📙 Cinquante nuances de guerre - Et si la France Ă©tait le meilleur rempart contre la* *barbarie et la tyrannie ?, 2018.

  • C’est le dernier tome d’une trilogie sur la guerre mutante.
  • Le « phĂ©nomĂšne guerre » est un animal polymorphe qui questionne dĂ©sormais tous les citoyens, parce qu’ils sont des cibles potentielles de ce camaĂŻeu mortifĂšre.
  • Sortir du francocentrisme et s’ouvrir sur le monde.
  • Sortir du cadre Ă©troit de la polĂ©mologie pour dĂ©border sur le sociologique, le politique, le philosophique, le psychologique, l’historique afin de tenter de lire les signaux faibles ou forts annonciateurs de demain.
58
Q

La rĂ©flexion Ă©thique est-elle d’actualitĂ© ?

A

Aujourd’hui :

  • La guerre est en train d’évoluer vers une dimension de plus en plus asymĂ©trique et hybride de par les acteurs (États et non-États) : on revient Ă  la notion de latrocinium car le droit international s’applique seulement aux États.
  • La France se trouve prise entre sa nature d’État-nation et la nĂ©cessitĂ© de faire face Ă  des adversaires hĂ©tĂ©rogĂšnes. Elle ne peut pas se permettre de dĂ©roger Ă  ses limites Ă©thiques, juridiques et politiques qui lĂ©gitiment son monopole de la violence car, dans le cas contraire, les institutions viendraient Ă  rompre le contrat social vis-Ă -vis de la nation.
  • La rĂ©flexion Ă©thique sur les limites de l’utilisation de la violence est de plus en plus d’actualitĂ© face Ă  des adversaires de plus en plus violents qui n’hĂ©sitent pas Ă  transformer l’horreur en spectacle public et Ă  une violence de plus en plus diffuse dans la sociĂ©tĂ©.
  • Les sciences et les technologies jouent un rĂŽle de plus en plus important dans un processus de changement rapide qui amĂšne de nouvelles questions de nature Ă©thique et juridique et une dĂ©matĂ©rialisation des processus et donc de la violence.
  • Le monde occidental est dans une impasse Ă©thique et juridique car les ennemis jouent avec les rĂšgles du droit international et poussent les États Ă  sortir du cadre juridique.​

♩

En conclusion, nous vivons un moment important de l’histoire, car non seulement le systĂšme politique État-nation est en train d’évoluer et avec lui la notion de nation, mais, en parallĂšle, la technologie nous apporte une nouvelle forme d’intelligence ‒ l’intelligence artificielle ‒ qui rĂ©volutionnera la façon de concevoir la guerre.

59
Q

Sacralisation de la guerre

A

Met en lumiĂšre le caractĂšre humain de la guerre.

â–ș La guerre a ses Dieux : Mars, ArĂšs, 


â–ș La sacralisation de la guerre ne se limite pas aux sociĂ©tĂ©s anciennes ou primitives. Exemple : l’Union sacrĂ©e en 1914 pour l’unitĂ© des partis politiques français.

60
Q

Saint Ambroise

A

â–ș Saint Ambroise est Ă©vĂȘque de Milan et disciple de CicĂ©ron.

â–ș Il est le premier Ă  rĂ©diger un traitĂ© de morale chrĂ©tienne : dans De Officiis / Des Devoirs, il tente de justifier la doctrine de la guerre juste Ă  l’aide d’arguments Ă©vangĂ©liques et fonde le droit Ă  partir en guerre sur le devoir de secourir son prochain.

61
Q

Saint Augustin

A

â–ș Saint Augustin est trĂšs liĂ© Ă  Saint Ambroise. C’est un philosophe et un thĂ©ologien chrĂ©tien du IVe siĂšcle aprĂšs JC.

â–ș Il poursuit sa rĂ©flexion sur l’éthique chrĂ©tienne et la protection de l’unitĂ© politique.

â–ș Le soldat a un rĂŽle de juge et de bourreau contre les ennemis extĂ©rieurs. Il en dĂ©coule que, comme c’est la loi qui justifie le fait de tuer, il n’y a pas de pĂ©chĂ© car la loi existe pour la dĂ©fense du peuple et pour sauvegarder des intĂ©rĂȘts supĂ©rieurs.

â–ș Saint Augustin n’accepte pas l’autodĂ©fense personnelle : pour lui, le chrĂ©tien doit accepter de se laisser tuer plutĂŽt que de tuer son assaillant.

â–ș Il considĂšre que la dĂ©fense de l’autre, et notamment du faible (la veuve, l’orphelin, le vieillard) est non seulement possible mais nĂ©cessaire.

â–ș Il affirme qu’il y a deux maniĂšres de pĂ©cher contre la justice : l’une est de commettre un acte injuste et l’autre est de ne pas dĂ©fendre une victime contre un injuste agresseur.

â–ș Dans le cas de la guerre, il considĂšre donc que la finalitĂ© de la violence qui n’est pas un pĂȘchĂ© est de rĂ©tablir l’ordre qui a Ă©tĂ© troublĂ© par un crime contre Dieu ou les hommes.

62
Q

Comment Saint Thomas d’AQUIN justifie la guerre ?

A

Au XIIIĂšme siĂšcle, Saint Thomas d’AQUIN, dans la Somme thĂ©ologique, justifie la guerre en exigeant trois conditions:

  • auctoritas principis : la guerre ne peut relever que de la puissance publique sinon elle est un crime,
  • causa justa : la juste cause (mĂȘme s’il est difficile de dĂ©finir de façon objective quand une cause est juste),
  • intentio recta : une intention droite et transparente (le fait que l’objectif de la violence est de faire triompher le bien commun).
63
Q

Thomas MORE et la ruse.

A

Pour Thomas MORE :

  • la ruse est le propre de l’homme et de la civilisation tandis que la force brute est le propre des animaux et des barbares.
  • La ruse est le signe de l’intelligence et de la tempĂ©rance de l’ĂȘtre humain tandis que la force est l’expression de la violence dĂ©chainĂ©e et de la fĂ©rocitĂ© animale.
  • la ruse tempĂšre l’usage de la violence et contribue Ă  la pacification des moeurs modernes.

Il s’oppose ainsi Ă  la pensĂ©e antique romaine.

64
Q

Vertus guerriĂšres

A

Le courage, l’audace, la force physique, la discipline et l’esprit de corps.

â–ș Ils permettaient Ă  eux seuls, de donner Ă  la troupe qui charge ou reçoit un assaut, la masse suffisante pour disloquer un dispositif adverse, ou au contraire l’absorber.

COURAGE

â–ș Le courage dĂ©crit chez la plupart des philosophes de l’antiquitĂ©, est synonyme de virilitĂ©.

â–ș Socrate affirme ainsi que l’homme courageux est « celui qui demeure sans crainte en prĂ©sence d’une noble mort, ou de quelque pĂ©ril imminent pouvant entraĂźner la mort », Ethique Ă  Nicomaque, Aristote.

AUDACE

â–ș L’audace celtique est Ă©galement mise en avant par CĂ©sar, Ă  la fois pour donner une unitĂ© Ă  ses conquĂȘtes occidentales, mais aussi pour valoriser ses succĂšs. « Les habitants des Gaules ont toujours Ă©tĂ© Ă  la guerre plus que des hommes, surtout dans le premier choc »

â–ș Ces qualitĂ©s guerriĂšres du peuple gaulois furent particuliĂšrement mises en relief Ă  la fin du XIXe siĂšcle, au moment oĂč Renan, Bainville, Vidal de La Blache et Lavisse donnĂšrent naissance au roman national dont la France avait tant besoin au sortir de la guerre de 1870.

65
Q

Y’a t-il besoin de diffĂ©rences pour s’affronter ?

A

Carl SCHMITT

Pour exister, il faut s’opposer à quelqu’un.

♩

Renaud GIRARD

Il n’y a pas besoin de diffĂ©rences pour s’affronter.

Les ressemblances seraient la cause des conflits puisque l’on dĂ©sire le dĂ©sir de l’autre, dĂ©clenchant une violence mimĂ©tique.

Pour l’Ambassadeur Nicolas NORMAND, c’est une des explications possibles du conflit somalien car la Somalie est le seul pays d’Afrique mono ethnique et mono culturel.

66
Q

Guerre cynégétique : limites

A

â–ș Remet en cause le droit international sur lequel repose la dĂ©fense gobale des nations.

â–ș Contrecarre le principe de sĂ©paration des pouvoirs exĂ©cutifs et judiciaires.

â–ș Mais si l’adversaire est rĂ©ticulaire, couper une des tĂȘtes de l’hydre, fĂ»t-elle la premiĂšre, a peu d’effet. Al Qaeda commet son premier attentat en 1992 au YĂ©men, son chef Ben Laden est exĂ©cutĂ© le 2 mai 2011, tuĂ© par des SEAL amĂ©ricains Ă  Abbottabad, mais l’organisation continue aujourd’hui Ă  prospĂ©rer malgrĂ© la pratique des Ă©liminations ciblĂ©es.

â–ș Technique tenant lieu de stratĂ©gie, relevant davantage du sĂ©curitaire et du pĂ©nal que du militaire, l’élagage ponctuel, pour Ă©thique qu’il puisse paraĂźtre, porte en lui les germes de son Ă©ternelle reconduction : piĂ©gĂ©e dans l’escalade sans fin d’une guerre sans victoire, la technique d’éradication est vouĂ©e Ă  ne jamais Ă©radiquer.

â–ș En outre, les frappes ciblĂ©es ne se substituant pas Ă  l’action au sol, leur usage exclusif est contre-productif en termes de stratĂ©gie globale.

â–ș Ainsi conduit, l’antiterrorisme exclut le traitement politique et social du conflit et conduit d’autant moins Ă  sa rĂ©solution.

â–ș Technique prophylactique aux rĂ©sultats statistiques et non stratĂ©giques, l’élimination ciblĂ©e modifie la nature de la guerre en la transformant en une opĂ©ration de police qui ne rĂšgle pas les problĂšmes au fond.

â–ș Elle conduit Ă  son extension hors des champs de guerre oĂč elle croit le circonscrire.

â–ș En refusant Ă  l’autre son droit Ă  combattre, en le transformant en coupable mĂ©ritant chĂątiment, l’utilisation par la « force juste » de l’élimination ciblĂ©e fait de « l’injuste » un criminel qu’elle exclut du droit de la guerre, l’incitant ainsi Ă  ne le plus respecter.

â–ș DĂšs lors, l’adversaire qui ne peut frapper son tueur invulnĂ©rable va chercher ailleurs des cibles molles : dans une spirale difficilement maĂźtrisable d’attaques et de reprĂ©sailles, l’attentat de masse est l’inĂ©vitable rĂ©ponse Ă  l’élimination ciblĂ©e.

67
Q

Guerre cynégétique

A

C’est la chasse à l’homme.

Ou la tentation des exécutions ciblées.

â–ș La « chasse Ă  l’homme internationale » a Ă©tĂ© lancĂ©e par George W. Bush et accĂ©lĂ©rĂ©e par son successeur.

â–ș La guerre impĂ©riale devient chasse au criminel, et trouve lĂ  sa principale justification. Un rapport de 2009 place mĂȘme la “chasse Ă  l’homme au fondement de la stratĂ©gie US”.

â–ș Cette doctrine rompt avec les stratĂ©gies conventionnelles fondĂ©es sur les concepts de fronts, de bataille linĂ©aire, d’opposition face Ă  face et force contre force. A la diffĂ©rence de l’ennemi conventionnel, le fugitif Ă©vite l’affrontement, il cherche surtout Ă  Ă©chapper Ă  la capture, et l’opĂ©ration militaire passe alors par un long processus de dĂ©tection de la proie.

â–ș Contrairement Ă  la dĂ©finition classique de Clausewitz, cette guerre cynĂ©gĂ©tique n’est pas, en sa structure fondamentale, un duel.

  • Le schĂ©ma n’est pas celui de deux lutteurs qui se feraient face, mais autre chose : un chasseur qui s’avance, et une proie qui fuit ou qui se cache.
  • Alors que le duel suppose une forme de reconnaissance mutuelle dans l’hostilitĂ©, le chasseur d’hommes ne reconnaĂźt pas son ennemi en tant qu’ennemi, c’est-Ă -dire en tant qu’égal - celui-ci n’est, Ă  ses yeux, qu’une proie.

â–ș Pour le GDI Vincent DESPORTES, la guerre devient pure puissance de meurtre.

â–ș Ce qui est prĂ©sentĂ© comme une opĂ©ration de «justice» relĂšve en rĂ©alitĂ© d’une campagne de guerre prĂ©ventive contre des ennemis non Ă©tatiques, fondĂ©e sur une logique d’élimination d’individus dangereux.

â–ș Les Etats occidentaux, Etats-Unis et IsraĂ«l en tĂȘte, tentent ainsi de se doter eux-mĂȘmes d’un droit au meurtre, contre des ennemis rĂ©duits au statut de criminels, mais pourtant privĂ©s des formes Ă©lĂ©mentaires de la justice. Une peine de mort sans procĂšs ni procĂ©dure.

68
Q

Complexification de la guerre

A

Depuis plus de 50 ans, la conflictualitĂ© moderne ne cesse de complexifier le contexte des engagements militaires et d’emploi de la force armĂ©e.

Depuis les guerres totales du XXe siĂšcle, les conflits et les rapports entre les belligĂ©rants ont changĂ© de nature : ils s’inscrivent dans un cadre mĂ©diatique et ethico-juridique, une stratĂ©gie politique et militaire globale parfois difficiles Ă  apprĂ©hender.

Guerres dissymétriques, assymétriques, hybrides, affrontements interethniques, conflits intereligieux ou claniques, guerres insurrectionnelles, djihad, terrorisme 


69
Q

Guerre et rupture technologique

Un ouvrage ?

Une accroche ?

A

Bruno Cabanes a coordonnĂ© l’ouvrage collectif

Une histoire de la guerre (Seuil, 2018).

Il souligne dans sa prĂ©face qu’« un stratĂšge de la guerre de SĂ©cession, et mĂȘme des guerres napolĂ©oniennes, aurait globalement reconnu un champ de bataille de l’étĂ© 1914. Pourrait-on en dire autant pour un gĂ©nĂ©ral de 1914 seulement quatre ans plus tard ? »

70
Q

“La guerre est un vĂ©ritable camĂ©lĂ©on”@

A

Clausewitz

Elle s’adapte à son environnement.

Pour JBJV :

  • l’environnement s’adapte rĂ©ciproquement Ă  la guerre.
  • Cette derniĂšre ne change pas de nature : le camĂ©lĂ©on reste un camĂ©lĂ©on lorsqu’il change de couleur.
  • La guerre change de forme en fonction du contexte, des acteurs et des menaces.
71
Q

“SociĂ©tĂ© internationale”

pour Jean-Baptiste JEANGENE VILMER

A

Expression Ă  prĂ©fĂ©rer Ă  celles de “communautĂ© internationale” ou de “Nations Unies”.

En effet, dans une société, il y a des communautés qui sont souvent en tension.

Le désordre est consubstanciel à la société internationale.

72
Q

Monde en mutation :

3 symptĂŽmes de cette Ă©volution pour JBJV

A

Le monde est plus DIFFUS, CONFUS et INQUIET.

â–ș Un monde diffus :

  • Diversification des acteurs.
  • Dispersion de la puissance.
  • Diplomatie actuelle, fondĂ©e sur une grammaire westphalienne, remis en question.
  • Contestation de l’ordre international (largement occidental) et de ses institutions.
  • Fin de la domination occidentale stratĂ©gique et technologique :
    • ​rattrapage technologique d’autres puissances ;
    • montĂ©e en puissance d’acteurs non-Ă©tatique.

â–ș Un monde confus :

  • De plus en plus complexe :
    • interconnexion des acteurs et des sujets (sĂ©curitĂ©, dĂ©veloppement, DDH, environnement) ;
    • multidimensionalitĂ© des crises avec aspect entremelĂ©s (=> approche globale et interministĂ©rielle & une action dans la profondeur et dans la durĂ©e).
  • ImprĂ©visibilitĂ© des Etats => consĂ©quences dĂ©stabilisatrices
  • DĂ©spĂ©cification de la guerre (rĂ©duction de l’écart entre la guerre et la paix) et multiplication des zones grises.

â–ș Un monde inquiet :

  • IncapacitĂ© Ă  rĂ©soudre les crises matricielles ;
  • Crise de leadership moral du monde dit “libre”.
  • Apparente inefficacitĂ© du systĂšme de sĂ©curitĂ© collective.
  • Crise de la protection des civils (Syrie, Yemen, Brimanie, migrants, 
)
  • Retour ou “revanche des passions” :
    • ​”Ceux qui croient que les peuples suivront leurs intĂ©rĂȘts plutĂŽt que leurs passions n’ont rien compris au XXe siĂšcle”. Raymond ARON Ă  propos de la guerre d’AlgĂ©rie.
    • Nombreuses manifestations : djihadisme, guerre contre le terrorisme, humiliation et revanche russe, repentance occidentale.
73
Q

“DĂ©spĂ©cification de la guerre”

A

C’est la rĂ©duction de l’écart entre la guerre et la paix.

Cela s’accompagne d’une multiplication des zones grises.

74
Q

Quelques enseignements des guerres d’aujourd’hui

pour le GDI Vincent DESPORTES

A

â–ș Nous ne pouvons pas commander la guerre.

  • Le politique ne peut ĂȘtre le marionnetiste des guerres qu’il dĂ©clenche.
  • Echec du rĂȘve politique occidental, Ă  savoir l’intervention rapide, puissante et sidĂ©rante.

â–ș Le volontarisme ne remplace pas les moyens.

  • Le “paradigme de destruction” n’est plus au coeur de la guerre.
  • Depuis que la lĂ©gitimitĂ© de la bataille se mesure ex-post Ă  l’aune du rĂ©sultat politique, l’instantanĂ©itĂ© et la foudroyance ne fonctionnent plus.
  • La capacitĂ© Ă  durer, le contrĂŽle des espaces et les volumes dĂ©ployables sont des donnĂ©es essentielles.

â–ș La guerre n’a pas changĂ© de nature : elle a changĂ© de forme.

  • DĂ©spĂ©cification et complexification de la guerre.
  • Passage du “tibunal de la force” Ă  l’affrontement des volontĂ©s oĂč nous avons difficilement l’avantage.
  • Changements d’objectifs : il ne s’agit plus de dĂ©truire, mais de contenir et surtout d’intĂ©grer.
  • Migration du “paradigme napolĂ©onien” au “paradigme de la paix”.
  • DĂ©croissance du rendement des armes.

â–ș La mort des mythes.

  • La guerre Ă  distance est un leurre : elle produit un effet militaire, mais n’a pas d’effet politique.
  • La “projection de puissance” ne fonctionne pas.
    *
75
Q

“Paradigme napolĂ©onien”

A

Culte de l’offensive

Centralité de la bataille

Destruction de l’ennemi

Victoire intégrale

76
Q

​DĂ©croissance du rendement des armes.

A

Pour le GDI Vincent DESPORTES, des systĂšmes d’armes toujours plus performants produisent des rĂ©sultants toujours plus dĂ©cevants.

â–ș Notre supĂ©rioritĂ© technologique n’a d’impact que sur les 2 premiers niveaux de la guerre (technique et tactique).

â–ș Si la bataille se gagne Ă  ces 2 niveaux, la guerre se gagne aux 3 autres niveaux (opĂ©ratif, stratĂ©gique et politique).

77
Q

La “projection de puissance”

A

Pour le GDI Vincent DESPORTES :

c’est la projection de destruction sans projection de forces, càd de soldats sur le terrain.

Elle ne fonctionne pas car elle détruit sans maßtriser la reconstruction et crée le chaos.

Il y a une vrai ILLUSION de l’efficience de la guerre aĂ©rienne : certes elles permet des Ă©conomies initiale, mais elle ne permet pas d’obtenir le rĂ©sultat espĂ©rĂ©.

78
Q

Quelles certitudes du GDI DESPORTES pour les guerres de demain ?

A

â–ș La guerre “sera”

  • Tant qu’il y aura des hommes, la guerre sera.
  • Dire que la guerre entre grandes puissances appartient au passĂ© est une erreur de jugement.
  • La guerre a de beau jour devant elle.

â–ș Il est trĂšs difficile de prĂ©voir les formes futures de la guerre.

  • Les prophĂ©ties sur la guerre sont autodestructrices.
  • Il ne faut s’acharner Ă  dĂ©terminer les formes de la guerre future.
  • Nous devons en revanche nous adapter Ă  ce que l’ENI nous imposera.
  • PrimautĂ© de la capacitĂ© d’adaptation.

â–ș La guerre sera toujours le domaine de la friction, du brouillard et de l’incertitude.

  • La guerre est le “royaume de la friction” : elle sera toujours diffĂ©rente de la “guerre sur le papier”.
  • Le “brouillard de la guerre” ne disparaitra jamais.

â–ș Elle sera “multi-espaces” et “muti-dimensions”.

  • Elle sera “hors-limites” selon l’expression des colnels chinois Liang et Xiangsui.
  • Elle comportera des dimensions dont nous n’imaginons pas encore qu’elles appartiennent au domaine de la guerre.

â–ș Elle ne sera pas une guerre de robots.

  • Il ne faut pas confondre la guerre avec les “matĂ©riaux de la guerre”.
  • Si la technologie joue un rĂŽle direct dans la bataille, elle ne dĂ©cide pas de l’issue d’une guerre parce qu’elle n’est qu’une des dimensions de l’efficacitĂ© stratĂ©gique. Elle influe sur le “warfare”, pas sur le war.
  • La transformation des armes ne transforme pas la guerre qui demeure l’affrontement dialectique des volontĂ©s et non l’affrontement des armes.
  • Les avantages portĂ©s par la technologie sont toujours dominĂ©s par les contextes sociaux, culturels, stratĂ©giques et politiques.

â–ș Elle ne sera pas une “grande guerre” fantasmĂ©e.

  • A la question “à quoi ressemblerait la 3Ăšme GM ?”, Albert EINSTEIN rĂ©pondait : “Je ne sais pas Ă  quoi elle ressemblera, mais il n’y aura pas beaucoup de monde pour observer la quatriĂšme”.

â–ș Elle ne sera plus jamais une “tragĂ©die grecque”.

  • La guerre pensĂ©e comme une “tragĂ©die grecques” avec unitĂ© de temps, de lieu et d’action a Ă©tĂ© remplacĂ©e par une violence parcelisĂ©e et rĂ©pandue dans l’espace qui ne rĂ©pond plus Ă  cette triple unitĂ©.
  • “Nous sommes entrĂ©s dans le temps de la guerre perpĂ©tuelle de basse intensitĂ©â€.
79
Q

La guerre de demain sera-t-elle une “guerre des robots” ?

A

Arguments du GDI Vincent DESPORTES

â–ș Elle ne sera pas une guerre de robots.

â–ș Il ne faut pas confondre la guerre avec les “matĂ©riaux de la guerre”.

â–ș Si la technologie joue un rĂŽle direct dans la bataille, elle ne dĂ©cide pas de l’issue d’une guerre parce qu’elle n’est qu’une des dimensions de l’efficacitĂ© stratĂ©gique. Elle influe sur le “warfare”, pas sur le war.

â–ș La transformation des armes ne transforme pas la guerre qui demeure l’affrontement dialectique des volontĂ©s et non l’affrontement des armes.

â–ș Les avantages portĂ©s par la technologie sont toujours dominĂ©s par les contextes sociaux, culturels, stratĂ©giques et politiques.

80
Q

Préconisations du GDI Vincent DESPORTES pour la guerre de demain ?

A

Accroßtre notre adaptabilité et consolider notre résilience.

â–ș L’Occident se trouve dans des difficultĂ©s croissantes Ă  transformer sa force en puissance.

â–ș Nos modĂšles de forces sont optimisĂ©s pour produire de l’efficience dans la destruction. Mais la destruction et la mort sont de moins en moins utilisables.

â–ș Il est nĂ©cessaire de redonner son utilitĂ© Ă  la force : c’est un champ de rĂ©flexion immense.

81
Q

Guerre et société

A
82
Q

La guerre est-elle un mal ?

A

La guerre figure le mal.

Elle incarne l’absurditĂ© de l’horreur et rĂ©vĂšle la part sombre de la nature humaine.

â–ș Dans De Cive et LĂ©viathan, Thomas HOBBES rappelle l’évidence de cette nature mauvaise que signale l’existence de la guerre. Il prĂ©cise qu’il existe une â€œĂ©galitĂ© naturelle entre les hommes” se matĂ©rialisant dans le “dĂ©sir rĂ©ciproque de se nuire”.

â–ș Les hommes sont trĂšs Ă©gaux dans le dĂ©sir de nuire. C’est la cĂ©lĂšbre loi de la nature humaine rĂ©sumĂ©e dans la formule “l’homme est un loup pour l’homme”.

83
Q

Buts de guerre selon Clausewitz

A

Zweck

But de guerre : finalitĂ© politique que l’on s’est donnĂ©.

♩

Ziel

But dans la guerre : stratĂ©gie et objectifs que l’on se fixe pour contraindre l’adversaire Ă  accepter la rĂ©alisation du but politique (Zweck).

84
Q

Privatisation de la guerre

A

Pour Serge SUR, cette expression est fallacieuse.

Il vaut mieux parler de “gestion privĂ©e par recours Ă  des mercenaires”.

85
Q

Entité proto-étatique

A

Des acteurs non étatiques, comme des groupes terroristes, des milices, parviennent à se tranformer en de véritables acteurs militaires pouvant mener des stratégies régionales de confrontation avec des Etats.

Exemples : le Hezbollah libanais, Daesh, Boko Haram, les séparatistes ukrainiens

86
Q

“Patience stratĂ©gique”

A

Théorisé par Barack OBAMA.

C’est une rupture stratĂ©gique.

C’est une prudence qui contraste avec l’interventionisme des annĂ©es Bush qui n’a jamais produit les rĂ©sultats attendus quand il n’a pas eu de consĂ©quences nĂ©fastes.

87
Q

Hannah ARENDT : conception de la guerre ?

A

Elle montre que la politique est précisément le contraire de la guerre et que la guerre est la négation de toute politique.

â–ș Elle s’oppose Ă  l’analyse de Clausewitz et de Carl SCHMITT :

  • la guerre n’est pas plus la continuation de la politique par d’autres moyens, que la politique n’est une forme civilisĂ©e de la guerre.
  • Il n’y a ni identitĂ©, ni continuitĂ© entre les deux.
  • Les deux penseurs se trompent sur le sens du politique : le premier en donnant Ă  la guerre une dignitĂ© politique, le second pour avoir donnĂ© Ă  la politique une dimension belliqueuse.
88
Q

Attaque préventive vs attaque préemptive

A

Ces deux guerres n’ont aucune base lĂ©gale.

♩

Attaque préventive

To prevent : prévenir.

Neutralisation d’un adversaire avant qu’il n’attaque

Exemple : Pearl Harbour le 07 décembre 1941

♩

Attaque préemptive

To preempt : devancer

Attaque qui devance celle de l’ennemi

Exemple : la guerre des Six jours du 6 au 13 juin 1967. IsraĂ«l rĂ©pond Ă  un casus belli de la part de l’Egypte qui bloque le dĂ©troit d’entrĂ©e dans le golfe d’Aqaba.

89
Q

RĂŽle du souverain dans la conduite de la guerre pour Sun Tzu ?

A

â–ș Vision assez radicale vis-Ă -vis du rĂŽle du souverain dans la conduite de la guerre :

« Un souverain peut ĂȘtre une cause de troubles pour l’armĂ©e de trois façons.

  • Il entrave les opĂ©rations militaires quand il commande des manƓuvres d’avance et de recul impraticables ;
  • il trouble l’esprit des officiers quand il cherche Ă  intervenir dans l’administration des trois armes alors qu’il en ignore tout ;
  • i**l sĂšme la dĂ©fiance chez les hommes en cherchant Ă  s’immiscer dans la distribution des responsabilitĂ©s alors qu’il ne connaĂźt rien Ă  l’exercice du commandement. » (chapitre 3)

​â–ș Pour Sun Tzu, le souverain dĂ©cide seul du bien-fondĂ© de dĂ©clencher une guerre.

​â–ș Distinction entre indĂ©pendance et autonomie :

  • une fois la dĂ©cision prise d’engager une guerre, le souverain dĂ©signe alors le gĂ©nĂ©ral qui aura Ă  mener cette tĂąche et lui signifie sa mission ;
  • alors seulement, les modalitĂ©s d’exĂ©cution reviennent Ă  ce nouveau commandant en chef.
  • Il ne doit dĂšs lors plus y avoir d’immixtion du politique dans les affaires militaires.
90
Q

Paradoxe de la guerre

A

Le nombre de conflits dans le monde est en régression et la proportion de victimes est la plus faible depuis les débuts de la civilisation.

Pourtant, on Ă©voque “un retour de la guerre”.

Les conflits sont effectivement mĂ©diatisĂ©s et attirent l’attention des opinions.

91
Q

Un auteur avançant que la “guerre n’est pas en dĂ©clin”.

A

Bear BRAUMOELLER is the author of the new book (09/2019)

Only the Dead: The Persistence of War in the Modern Age.

â–ș In the book, Braumoeller challenges the argument of recent scholars who claim war is in decline, most notably Steven Pinker in his 2011 book The Better Angels of Our Nature: Why Violence Has Declined.

â–ș Contrary to popular belief, war is not declining, according to a new analysis of the last 200 years of international conflict.

â–ș In fact, the belief that war is disappearing has lulled us into a false sense of security, said Bear Braumoeller, professor of political science at The Ohio State University.

â–ș Maybe most alarmingly, Braumoeller finds that the probability that a small war will become a very big one hasn’t changed, either.

â–ș If humans continue to fight 50 wars per century, the probability of seeing a war with battle deaths that exceed 1 percent of the world’s population in the next 100 years is about 13 percent, Braumoeller found. That would amount to at least 70 million people killed. Cela correspond Ă  peu prĂšs Ă  la population FR.

92
Q

Un auteur avançant que la “guerre est en dĂ©clin”.

A

Steven PINKER

The Better Angels of Our Nature: Why Violence Has Declined, 2011.

93
Q

Loi de puissance et bilan humain des guerres

A

Power law distribution

Scholars have found that the deadliness of war follows what is called a power law distribution.

Phenomena that conform to power law distributions have many outcomes that are very small, but a few that are huge.

Earthquakes, city sizes and war fatalities are all examples of phenomena that follow power law distributions.

94
Q

Only the Dead: The Persistence of War in the Modern Age.

A

Septembre 2019

Bear BRAUMOELLER

International conflict isn’t declining.

â–ș Humans have control over starting and ending wars. But the problem is that leaders don’t like to lose wars. So they make a series of decisions, all of which may seem reasonable and maybe even reversible at the time, that can lead to a catastrophic war without any intention to do so.

â–ș “The profound tragedy is that the most deadly, catastrophic wars are a lot more ordinary than we would think. They result from a series of decisions by people who don’t want to stop fighting. That makes them vastly more dangerous than we realize.”

95
Q

DerniÚre déclaration de guerre ?

A

Remonte Ă  1982

Guerre des Malouines Royaume-Uni vs l’Argentine

96
Q

Guy BROSSOLLET

A

En rĂ©digeant son Essai sur la non-bataille lors de sa scolaritĂ© Ă  l’École supé­rieure de guerre (1972-74­), le commandant Brossollet, tout en soutenant avec force la dissuasion dĂ©crite dans le Livre Blanc sur la DĂ©fense Nationale de 1972, souligne l’ambiguĂŻtĂ© de l’emploi des armes nuclĂ©aires tactiques de l’armĂ©e de terre (missiles Pluton) et remet en cause la primautĂ© du char de combat, instrument principal de la bataille.

Il fut Ă©galement le premier traducteur en français de l’Ɠuvre poĂ©tique de Mao TsĂ©-toung dans son intĂ©gralitĂ©.