Intro Flashcards
Quels obstacles ont freiné l’émergence de la science politique comme discipline en France ?
La science politique a connu de nombreux obstacles avant de devenir une discipline en France. Dès l’Antiquité, des philosophes comme Aristote ou Platon produisaient des réflexions sur l’objet politique, mais sans méthodologie propre à une « science politique ». Après la Révolution française, un premier projet de chaire de sciences politiques morales est lancé, mais il échoue. En 1848, avec l’instauration du suffrage universel masculin, l’École nationale d’administration (ENA) propose de structurer cette discipline, mais le coup d’État de Louis Napoléon Bonaparte met fin à ce projet. La France, en retard par rapport à des pays comme le Royaume-Uni ou les États-Unis, peine à développer cette discipline en raison de l’instabilité politique.
Ce n’est qu’en 1945, grâce à l’UNESCO, que la science politique trouve sa place. La Fondation nationale des sciences politiques (FNSP) est créée, nationalisant l’École libre des sciences politiques pour promouvoir une méthodologie scientifique et empirique dans l’étude du politique. Malgré ces progrès, il a fallu attendre les années 1950 pour voir apparaître des cycles doctoraux et des revues spécialisées.
Quelle est la différence entre les approches d’Émile Durkheim et Max Weber dans les sciences sociales ?
Émile Durkheim et Max Weber ont des approches opposées concernant le statut des connaissances en sciences sociales. Pour Durkheim, les sciences sociales doivent adopter une démarche similaire aux sciences naturelles. Dans Les règles de la méthode sociologique (1895), il propose de traiter les faits sociaux comme des « choses » pour établir des lois générales, par exemple en expliquant le taux de suicide par des facteurs sociaux précis. Son objectif est de dégager des régularités universelles et de créer une « physique des mœurs ».
En revanche, Weber, dans L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme, considère que les sciences sociales relèvent des sciences historiques. Il insiste sur l’importance du contexte spatio-temporel, affirmant qu’on ne peut isoler un phénomène social de son cadre. Il privilégie l’analyse des corrélations plutôt que des généralisations, soulignant l’idiosyncrasie des phénomènes sociaux. Ainsi, tandis que Durkheim cherche des lois universelles, Weber s’intéresse à comprendre les singularités historiques et culturelles.