DEVOIR 3_2014 Flashcards
Question 1. Explicitez les trois modèles théoriques actuels de reconnaissance des mots (10 points).
L’ensemble des auteurs s’accorde pour dire que les mots sont stockés (dans la tête de l’individu) sous forme d’un lexique mental où chaque mot est représenté avec ses informations d’ordre phonologique (comment le mot se prononce), orthographique (comment il s’écrit), syntaxique (les relations grammaticales qu’il entretient avec les autres mots)… et sémantique (le sens du mot).
La reconnaissance du mot (présenté auditivement ou visuellement) correspond à l’accès à ce lexique mental permettant l’activation de ces différentes informations. Différents modèles proposent des hypothèses quant à l’organisation de ce lexique ainsi que l’influence mutuelle de ces différentes informations.
- Le Modèle de Morton (1970) :
Ce modèle rend compte à la fois du traitement d’un mot écrit ou entendu. Chaque mot est représenté sous forme de logogène contenant des informations à la fois orthographiques, morphologiques, syntaxiques et sémantiques (modèle localiste). Ce logogène fonctionne comme un compteur puisqu’il faut qu’un certain seuil d’activation soit atteint pour que le mot soit reconnu. Plus il y a d’informations concordantes, plus vite l’activation (et donc la reconnaissance) s’effectuera.
Le contexte va également aider à l’identification du mot : le modèle est alors dit interactif puisque les informations sémantiques apportées par le contexte vont restreindre le nombre de mots-candidats possibles. (Elle s’est coiffé avec un …).
En plus, chaque logogène possède son propre seuil d’activation qui dépend notamment de ses propres caractéristiques comme par exemple la fréquence d’usage: plus un mot est fréquent, plus son seuil d’activation est bas. (La fréquence d’usage correspondant au nombre de fois où un mot apparaît dans un ensemble de données).
Au cours du temps, si un mot est répété alors son activation va diminuer et donc sa reconnaissance en est facilitée.
- Le Modèle de Foster (1985):
Ce modèle s’applique, également, à la fois pour le traitement d’un mot écrit ou entendu (visuel et auditif). Chaque mot possède sa représentation dans le lexique mental (modèle localiste). Sa particularité est de postuler que les voies d’accès au lexique mental sont sensibles seulement aux caractéristiques de forme des mots comme la fréquence d’usage et le nombre de voisins orthographiques : tous les mots fréquents sont activés en premier, et plus un mot a de voisins orthographiques (mot partageant le même nombre de lettres sauf une), moins il sera activé.
Les informations d’ordre sémantiques ne seront utilisées que dans un second temps ; c’est cet aspect qui le rend non interactif (pas d’interaction entre les différents types d’informations).
- Modèle connexionnistes de Seidenberg et McClelland (1989):
Selon cette perspective, un mot n’est plus associé à une seule représentation mais au contraire chaque représentation se trouve distribuée sur un ensemble de traits (modèle non localiste). Il faut une activation conjointe, un pattern d’activation sur un certain nombre de traits pour qu’un mot-candidat émerge. Ainsi le sens d’un mot apparaît grâce à l’activation, à l’interaction de traits phonologiques, orthographiques et sémantiques (modèle interactif) ; Par exemple, des informations orthographiques (« vert ») renseigne sur le sens du mot (ici la couleur) mais également le sens du mot (pantoufle de vair (en fourrure)) renseigne sur son orthographe.
Le phénomène de restauration phonémique illustre cette perspective connexionniste : si l’on fait entendre un mot dont on a supprimé un phonème via un ordinateur (synthèse vocale), le sujet va pourtant identifié correctement ce mot et entendre le phonème manquant. Il y aura eu activation des différents traits (interaction entre le sens du mot et la façon dont il se prononce) pour aboutir au seul mot possible (avec le son manquant).
Question 2. Pourquoi la période de production des mots isolés est également appelée holophrastique ? (4 points).
Après la phase non verbale de la 1ere année de la vie, les enfants entrent dans une seconde phase dite de la « production d’un mot ». Elle se situe en général entre 9 et 18 mois. La caractéristique de cette période est la production de mots isolés comme « papa », « maman », « pati » (pour « partir ») souvent constitués de deux syllabes simples.
Ces « mots » sont interprétés par l’entourage de l’enfant, notamment les adultes comme étant de véritables phrases. Et c’est à partir de la situation de communication, plus précisément du contexte, que ces premières productions prennent donc un sens.
Le qualificatif de « holophrastique » signifie que l’on comprend un mot comme ayant une entité globale (du grec « holos » qui signifie « entier »).
Un mot isolé peut alors déjà servir à de nombreuses fonctions comme celle de désigner, de posséder… Ainsi par exemple, le mot isolé « Papa » peut vouloir dire « c’est la voiture de mon papa », « c’est mon papa » selon le contexte.
Question 3. Après avoir défini ce qu’est la pragmatique du langage, donnez les 6 fonctions communicatives des productions verbales et non verbales chez l’enfant entre 9 et 22 mois et demi (cf. Halliday, 1975) (6 points).
La pragmatique est une perspective récente en psychologie du développement qui s’intéresse à l’usage du langage. Cette perspective a pour objectif de définir et d’étudier l’utilisation du langage, son rapport à l’énoncé, son décalage entre ce qui est dit et ce qui doit être compris ; cela correspond à l’étude du langage dans son contexte et en fonction de ses utilisateurs.
Concrètement, la pragmatique étudie le décalage entre ce qui est dit
(signification littérale) et ce qui est signifié (signification transmise). L’exemple de l’étude des métaphores illustre bien ce décalage : l’expression « C’est un âne » ne peut être bien compris qu’en situation c’est à dire grâce au contexte (visite d’une ferme ou à l’école). C’est également le cas pour l’étude des expressions ironiques…
Cette perspective met également l’accent sur l’importance de l’aspect communicatif, c’est à dire d’une conduite volontairement adressée à quelqu’un avec l’intention d’obtenir un effet. L’étude de l’acquisition des règles de politesse, diverses règles liées à la culture …font donc partie de la pragmatique du langage.
Ces aspects communicatifs ont été mis en évidence par de nombreux auteurs (Halliday, 1975). Notamment l’étude des productions verbales et non verbales chez un enfant âgé entre 9 et 22 mois et demi ont permis de définir 6 fonctions communicatives :
1. La fonction instrumentale lorsque l’enfant souhaite d’obtenir quelque chose de son parent, de son interlocuteur.
2. La fonction régulatoire qui vise au contrôle du comportement d’autrui.
3. La fonction interactionnelle se voit lorsque l’enfant entre en contact avec les autres au moyen de saluts (dire bonjour), via des formules de politesse…plus simplement d’échanges de regards.
4. La fonction personnelle s’utilise pour communiquer sur sa propre personne : ses propres intérêts, sa satisfaction personnelle…
5. La fonction heuristique en vue d’améliorer ses connaissances, son savoir.
6. La fonction imaginative pour exprimer sa propre sa vision du monde.
Ces différentes fonctions permettent à l’enfant d’entrer véritablement en communication avec autrui et représentent les différents « ingrédients » nécessaires à la communication.