ANNALES Flashcards

1
Q

Donnez les grandes étapes du développement du langage

7 points

A

Quatre étapes de l’acquisition du langage peuvent être mises en évidence de la naissance à 6 ans. La période pré-linguistique (de 0 à 1 an), celle des énoncés à un seul mot (autour de 1 an), celle des énoncés de deux mots (de 1 à 3 ans) et la période de la phrase (à partir de 3 ans).
- 1ère étape : La communication non verbale de 0 à 1 an
Une communication au sens large commence dès la naissance : au cours de la 1ère année, la production vocale évolue fortement puisqu’elle passe de simples cris/pleurs à un début de contrôle phonatoire observable dans le babillage dès 6-8 mois. Les premières vocalisations sont produites sur une gamme étendue de phonèmes jusqu’à une différenciation progressive, aux phonèmes de la langue maternelle à partir de 6 mois.
Dès les premières minutes de vie, des échanges s’instaurent entre la mère et son enfant : le bébé progressivement va « apprendre » que ses cris/pleurs, au début produits uniquement par nécessité physiologique, vont lui permettre de rentrer en contact avec son entourage. Pour communiquer, l’enfant va utiliser non seulement les cris mais son corps en entier par le regard, sa tonicité musculaire, ses expressions faciales…
De plus, le bébé possède des mécanismes perceptifs qui lui permettent d’établir une relation privilégiée et active avec sa mère ; notamment le bébé préfère la voix de sa mère à celle d’une voix inconnue.
- 2ème étape : celle du mot (entre 9 et 18 mois)
En général, autour de 9 -12 mois, l’enfant devient capable de produire un mot isolé ou identifié comme tel : par exemple deux syllabes comme « papa » « pâti » pour « parti ». Ces mots sont utilisés seuls par l’enfant mais ont une valeur de phrase appelée holophrase. La compréhension du sens de ces pseudo-mots par l’entourage sera facilitée grâce aux supports non verbaux tels que les mimiques, les regards, les gestes. Aussi, l’enfant va en plus de l’émission de son pseudo-mot utiliser le pointage du doigt pour attirer l’attention de l’adulte sur l’objet qui l’intéresse ; ce phénomène d’attention conjointe qui peut exister également chez la mère, va permettre l’établissement d’interactions, de formats qui serviront par la suite de modèle ou de base à la future communication verbale.
3ème étape : celle des associations de mots
A partir de deux ans environ, l’enfant peut produire des énoncés de deux mots qui peuvent être organisés selon une grammaire dite « pivot » Braine (1963). Chaque association constitue un énoncé, composé d’un mot pivot (P) et d’un mot ouvert (O). Le mot pivot est un mot important, toujours à la même position et associé à un mot ouvert (encore, à moi…). Les énoncés peuvent être sous la forme O+P (broum broum moto), ou l’ordre inverse P+O (banane encore). Cette grammaire étant fondée sur des règles n’existant pas dans la grammaire adulte, elle sera vite abandonnée par l’enfant. Pourtant avec seulement 2 mots, l’enfant peut exprimer plusieurs relations sémantiques telles que l’existence (papa là), la disparition (apu banane), la récurrence (banane encore), l’attribution (à toi voiture).
4ème étape celle de la phrase
Enfin vers l’âge de 3 ans, l’enfant produit des phrases définies par des énoncés de plusieurs mots contenant un syntagme nominal (groupe de nom) et un syntagme verbal. Au fur à mesure du développement, les progrès de l’enfant vont porter à la fois sur la longueur de la phrase (aspect quantitatif) mais aussi sur la complexité de la phrase (aspect qualitatif). L’enfant va ensuite réussir à produire des phrases selon la forme de langage que nous connaissons, c’est à dire selon l’ordre canonique sujet-verbe-objet, autour de 30 mois.
Il faut attendre l’âge de 4 ou 6 ans, pour que le respect de la structure morphologique du syntagme verbale (accords, temps) soit réalisé. Les formes les plus complexes, notamment la compréhension des formes passives, réversibles ou non … ne se fera que bien après, autour de l’âge de 10 ans.
Les âges ne sont que des repères et donnés à titre indicatif puisqu’il existe de grandes différences inter-individuelles.

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2
Q

Expliquez les points forts de la perspective interactionniste sociale (Vygotski, Bruner)
(9 points)

A

La perspective interactionniste sociale met l’accent sur l’importance des interactions sociales au sein de la communication. Le langage sera utilisé pour communiquer, dans un but social, intentionnel, et comme moyen pour influencer autrui. Pour Vygotski (1925; 1934), la fonction essentielle du langage est la communication. Vygotski considère que le langage « est d’abord social et intersubjectif ». Il souligne l’importance des interactions sociales non seulement pour l’acquisition mais aussi pour le fonctionnement du langage.
Au sein de la perspective Vygostskienne, la communication est au centre : c’est la communication avec un interlocuteur plus expert qui permet à l’enfant d’acquérir de nouvelles connaissances et capacités. Il développe cette notion sous le terme de zone proximale de développement mieux définie comme la différence entre le niveau de développement à un moment donné quand l’enfant est seul et le niveau de développement potentiel lorsqu’il est aidé, guidé par un adulte (ou toute personne plus experte que lui). La médiation exercée par l’expert, qui stimule, montre, aide, etc. … est déterminante pour le développement de l’enfant. L’enfant apprend à travers les interactions avec son entourage. La communication est essentielle pour le développement : c’est un outil majeur de socialisation et d’acquisition.
C’est l’adulte qui dans l’interaction avec l’enfant donne une signification aux productions de l’enfant. C’est ce que Vygotski appelle la phase interpsychologique (élaboration par les deux partenaires d’un code commun). Ensuite, au cours du développement, la contribution de l’adulte se fait progressivement moins importante au bénéfice de la contribution de l’enfant constituant une intériorisation des activités, une auto régulation : l’enfant va utiliser ce code pour lui-même. C’est la phase intrapsychologique. Ainsi le langage, avant de devenir intrapsychologique a d’abord été construit dans une phase interpsychologique avec un interlocuteur.
A partir de ces 3 concepts, Bruner (1983) les enrichira avec les notions de relation d’aide, d’étayage, de ritualisation, qui permettent non seulement d’expliquer les comportements communicatifs d’enfants de 0 à 2 ans, mais aussi au-delà les acquisitions langagières. Il a montré le développement de la communication en particulier dans des situations structurées entre la mère et l’enfant. Il a introduit le concept de format d’interaction défini comme la structure de base d’un échange social prototypique. Il s’agit des invariants que l’on retrouve dans les différents jeux de routines (jeu du coucou le voilà, jouer à cheval, dénommer des images …). L’enfant y interagit avec des sourires, des regards, des mimiques et des vocalisations. Une des caractéristiques du format étant sa répétition (l’enfant joue fréquemment avec sa mère), il sera intégré en tant que sous-routines dans des routines, des scénarios plus larges.
A la fin de la 1ère année, l’enfant peut exprimer ses intentions communicatives à travers un système de gestes et de vocalisations au sein d’échanges communicatifs structurés avec un adulte ou un pair.
Cela constitue pour Bruner, la base de l’acquisition du langage mais également le socle indispensable pour ses futures relations interpersonnelles.

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3
Q

Expliquez le phénomène qui fait que l’on reconnaît plus vite le mot « loin » que le mot « foin » ?
(4 points)

A

Certaines caractéristiques de la forme du mot jouent sur sa reconnaissance. En effet certains mots diffèrent du point de vue de la forme par la présence d’une seule lettre différente. On appelle cela des voisins orthographiques (exemple ici des mots loin et foin). Ainsi il a été démontré que le temps de reconnaissance d’un mot, lors de tache de décision lexicale (dire si le mot ou le non-mot appartient à la langue française) va diminuer si le mot possède des voisins orthographiques dont la fréquence d’usage est plus élevée. La fréquence d’usage correspond au nombre de fois où le mot apparaît dans un ensemble d’écrits : Le mot « foin » possède des voisins plus fréquents que lui (comme coin, soin, loin, fois), donc son temps de reconnaissance sera retardé.

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4
Q

Les effets de contexte sur l’accès à la signification ont été étudiés dans le cas des mots ambigus. Expliquez.
(6 points)

A

L’ensemble de représentations des mots de la langue maternelle se trouve schématiquement réunis dans un lexique. Afin de mieux comprendre cette organisation sémantique des informations au sein du lexique, de nombreuses études ont étudié les effets de contexte dans l’accès au sens.
Ces effets du contexte ont été étudiés dans le cas des mots ambigus avec la technique de la procédure d’amorçage. Cette technique consiste généralement à présenter un mot cible et le sujet doit dire si ce mot appartient ou non à la langue française (tache de décision lexicale). Ce mot cible est précédé d’un mot amorce (visible ou non consciemment par le sujet).

Pour étudier l’influence des effets du contexte, les auteurs ont utilisé comme amorce des mots ambigus :
Cette ambiguïté peut avoir deux origines:
- elle peut provenir de son caractère polysémique (plusieurs sens) : le mot lentilles signifie soit la légumineuse soit des verres correcteurs ; (ils partagent de plus des caractéristiques sémantiques communes ici la forme ronde de l’objet.)
- elle peut venir d’une homonymie c’est à dire lorsque deux mots se prononcent de la même manière mais diffèrent par leur sens, comme le mot cafard qui signifie à la fois un insecte et un état mélancolique.
Quand le sujet est confronté au mot amorce ambigu, a-t-il accès à toutes les significations de ce mot ambigu ? Ou bien a-t-il seulement accès à l’acceptation la plus fréquente ?
Le contexte a-t-il un rôle dans l’accès à l’un ou l’autre sens du mot ambigu et à quel moment ?
Pour répondre à cette dernière interrogation, on place l’amorce dans une phrase qui induit son sens (sur le mur sale filait un cafard) et le mot cible est l’une ou l’autre des acceptions (c’est à dire insecte ou mélancolie). Alors si l’effet de contexte joue, on s’attend à ce que la reconnaissance du mot cible en accord avec ce sens va être plus rapide que lorsque la cible est en désaccord avec ce sens contextuel induit, comparé à une situation contrôle, où la cible est précédée d’une amorce neutre.
Ainsi plus généralement en présence d’un mot ambigu, les auteurs postulent que l’on active tout de suite lors d’une étape très courte, de l’ordre de 250 ms, toutes les interprétations du mot ambigu. Si ce mot ambigu est présenté seul alors c’est l’acception la plus fréquente (la plus utilisée) qui est activée; Si ce mot ambigu est présenté en contexte, alors le sujet sélectionnera l’interprétation compatible avec le contexte (en mettant un peu plus de temps).

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5
Q

Expliciter les méthodes pour étudier la production et la compréhension du langage chez l’enfant
(8 points)

A

L’étude du développement du langage (et plus largement de la communication) s’effectue par des méthodes multiples et variées. Elles varient en fonction de l’âge des enfants et en fonction de ce que l’on cherche à étudier : la compréhension ou la production du langage.
De façon générale, il existe des méthodes (d’observation) en milieu naturel ou des méthodes dites expérimentales (en laboratoire), méthodes qui peuvent être complémentaires (cf. ci dessous*)
Pour l’étude de la compréhension chez l’enfant, une des méthodes fréquentes consiste à présenter un stimulus oral et à demander à l’enfant de répondre par un comportement moteur ou verbal. On code ses réponses grâce à une grille de dépouillement adaptée. On tente alors d’inférer les étapes cognitives nécessaires pour parvenir à cette réponse.
Pour l’étude de la production langagière chez l’enfant, une des méthodes est d’enregistrer en situation naturelle les émissions verbales, soit dans la famille ou dans les lieux de vie comme la crèche ou l’école, que l’on va ensuite analyser selon certaines règles spécifiques.
Ces méthodes varient surtout en fonction de l’âge de l’enfant :
- Dans la période dite de petite enfance c’est à dire avant 2 ans, les méthodes sont indirectes. La méthode d’habituation permet notamment de savoir si l’enfant discrimine entre deux stimulus ; par exemple, on l’utilise pour savoir si le bébé distingue les sons de parole (compréhension du langage) : elle consiste à présenter un stimulus de façon répétée jusqu’à obtenir une diminution du rythme de la succion (par exemple) appelé phénomène d’habituation puis à présenter un nouveau stimulus et voir si celui-ci produit un changement dans le rythme de succion (dite réaction à la nouveauté). On considère que le changement de réaction du bébé nous prouve qu’il a perçu une différence entre les deux stimuli. On peut utiliser beaucoup d’autres indices comme la durée de fixation visuelle, la rotation de la tête…
- Dans la période entre 8 mois à 3 ans : on peut commencer à étudier la production du langage avec une méthode indirecte, dite Mac Arthur Communicative Development Inventories (Fenson et al. (1993), de questionnaires standardisés adressés aux parents à propos du langage de leur enfant (compréhension du langage entre 8-16 mois et production de mots entre 16-18 mois).
- A partir de 12 mois, des méthodes directes sont disponibles avec notamment le Mean Length Uterance MLU (Brown 1973) qui mesure la plus petite unité porteuse de sens que le bébé est capable de produire. Le système informatisé Child Language Data Exchange System (CHILDES) (Mac Whinney, 2003) est un outil qui aide à la transcription.
- A partir de 3 ans, des tests standardisés et des tâches expérimentales peuvent être utilisés :
La plupart d’entre eux comme le WISC (Wechsler Intelligence Scale for Children, (Wechsler, 1991, 1996) et le K-ABC (Kaufman et Kaufman, 1993) comprennent des items verbaux permettant d’évaluer le niveau de production et de compréhension du langage. L’ECOSSE (Lecoq, 1996) est un test qui comprend une épreuve de vocabulaire, une épreuve de compréhension et une épreuve de vérification de vocabulaire. Tous les aspects du langage sont donc mesurés : aspect phonologique, morphosyntaxique, sémantique, lexical et pragmatique.
*Les tâches expérimentales permettent de “simuler” des situations réelles à l’aide de jouets. On demande à l’enfant par exemple s’il y a correspondance avec une phrase prononcée et la situation réelle présentée grâce à des jouets. Ce type de tâches permet l’étude plus approfondie de la compréhension du langage dans ses aspects structuraux comme voix passive, les propositions relatives en qui ou en que…
Des épreuves de complètement d’histoires permettent d’évaluer également la compréhension des actes de langage (demandes et promesses)
Des techniques nouvelles permettent d’enregistrer l’activité cérébrale lors du traitement du langage. On peut ainsi détecter des zones (production, compréhension, syntaxe, lexique)
D’autres techniques de plus en plus utilisées permettent d’enregistrer l’activité cérébrale lors du traitement du langage: les Potentiels évoqués permettent d’enregistrer le décours temporel de l’activité électrique cérébrale et l’imagerie cérébrale fonctionnelle permet de déterminer avec précision les zones cérébrales impliquées dans activités linguistiques telles que lors de la production, compréhension, syntaxe … mais aussi dans le cadre de l’étude du bilinguisme et dans celui de l’étude du langage des signes chez les personnes sourdes.

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6
Q

Expliquez les termes suivants utilisées en pragmatique du langage : l’acte locutoire, l’acte illocutoire et l’acte perlocutoire
(6 points)

A

La pragmatique est une perspective récente en psychologie du développement. Elle s’intéresse à l’usage du langage. Selon Morris (1946), tout énoncé comprend trois composantes :
L’acte locutoire qui est définit comme la production de mots, de morphèmes, de phrases dans une langue donnée. (Il se définit également par ce à quoi se réfère le locuteur).
Cela signifie que les aspects locutoires correspondent à - la succession concrète des mots les uns à la suite les autres.
Exemple « Veux-tu me passer le sel ? » Aspect locutoire correspond à la succession des mots, la phrase elle-même. (La réponse devrait être « oui je peux »).
Le simple fait d’énoncer une phrase, même en l’absence de destinataire est un acte locutoire.
L’acte illocutoire correspond à l’acte social posé intentionnellement par le locuteur lors de la production de son énoncé, ici le fait de vouloir du sel.
Dans notre exemple, réellement le locuteur veut que l’on lui passe le sel (il a une intention particulière). On pourrait formuler cette intention d’une autre façon (et l’on changerait donc aspect locutoire de cette phrase). L’acte illocutoire doit s’adresser à un destinataire susceptible de comprendre la signification. Et on se doit de répondre verbalement ou via le comportement à l’acte illocutoire d’une phrase.
L’aspect illocutoire permet de mettre en évidence la dimension sociale du langage.
L’acte perlocutoire est défini par l’effet intentionnel ou non produit par le locuteur sur le destinataire.
La production de l’énoncé (aspect locutoire) peut entraîner des effets, des conséquences sur le destinataire sans nécessairement que le locuteur l’ait voulu.
On peut créer chez l’interlocuteur des effets sur ses croyances sur ses représentations ; on peut induire des effets de dissuasion, chercher à l’embarrasser, à le mettre en valeur …
On voit par ces 3 aspects que la dimension pragmatique est de nature à expliquer la différence entre le sens littéral d’une expression (l’aspect locutoire), sa signification intentionnelle par le locuteur (aspect illocutoire) et les conséquences possibles sur le destinataire (aspect perlocutoire).

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7
Q

Question 1 : Décrivez l’évolution de la compréhension des phrases à la forme active et à la forme passive chez les enfants (8 points)
Un certain nombre de recherches se sont intéressées à la compréhension des phrases actives et passives. Dans la langue française, une phrase à la forme active suit un ordre canonique agent-action-patient, c’est à dire qu’apparaît en premier celui qui fait l’action (le sujet), puis le verbe spécifiant l’action et enfin celui sur lequel porte l’action. Au contraire, les phrases passives ne respectent pas cet ordre canonique. L’ordre inversé patient-action-agent rend ces phrases plus complexes et donc plus difficiles à comprendre.

A

Dans une étude menée par Bever en 1970, on constate que la compréhension des phrases passives non réversibles est réalisée plus précocement que celles des phrases passives réversibles.
Les phrases sont réversibles lorsque l’inversion de l’agent et du patient correspond à une phrase sémantiquement acceptable et elles sont dites non réversibles lorsque cette inversion est impossible sur le plan sémantique.
Exemple
Phrase passive réversible: Paul est frappé par Pierre - réversible car cela aurait du sens de déclarer Pierre est frappé par Paul
Phrase passive non réversible: Le lait est bu par le bébé – non réversible cela n’a pas de sens de dire le bébé est bu par le lait
Cependant, la compréhension des phrases relatives en « qui », n’altérant pas l’ordre canonique qu’elles soient réversibles ou non, ne pose pas plus de problème que la compréhension des phrases actives. Elle se situe entre 3 ans 7 mois et 4 ans 8 mois.
En revanche, concernant les phrases relatives en « que », l’ordre canonique est modifié, (celui sur lequel porte l’action apparaît en premier puis l’action et enfin celui qui la réalise). De ce fait, la compréhension de ces relatives en « que » diffèrent en fonction de leur réversibilité. Elle se fait vers 3 ans et 7 mois pour les phrases non réversibles - la souris que mange le chat - et à 10 ans et 6 mois pour les réversibles - le président que salue la foule -. En effet l’interprétation de ces dernières se base sur l’ordre canonique et conduit ainsi les enfants à une interprétation erronée.
Nous devons cependant relativiser en fonction de l’environnement culturel. Dans certaines langues non indo-européennes, la forme passive est très fréquente. Elle est donc comprise dès l’âge de 2 ans.

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8
Q

Après avoir expliqué ce que sont les demandes directes et les demandes indirectes (pragmatique du langage), soulignez des différences lors de leurs productions ?
(6 points)

A

Les demandes directes sont des énoncés dont où il y a une correspondance entre ce qui est dit (les caractéristiques formelles de l’énoncé) et l’acte social posé réalisé. Exemple : Donne moi le sel ? demande directe car le locuteur attend un acte concret celui d’avoir le sel; Au contraire les demandes indirectes soulignent le fait qu’il n’y a pas de correspondance entre ce qui est dit et l’acte social réalisé. Exemple : Peux - tu me passer le sel ? La réponse littérale à la demande serait « oui je peux te le donner » sans être suivie de l’acte social.
Les enfants d’un an et demi – deux ans comprennent les deux types de demandes à condition que les demandes indirectes soient simples et conventionnelles ou contextuées. La compréhension de ces demandes va se développer jusqu’à l’âge de 6 ans.
En revanche, la production par l’enfant de ces demandes diffère en fonction à la fois du statut de son interlocuteur et du contexte (ou du contenu de la demande). Ainsi l‘enfant sera plus direct avec sa mère qu’avec son père, plus direct avec ses parents qu’avec des visiteurs moins familiers ; la demande sera plus directe s’il s’agit d’une demande d’information, d’un droit plutôt que d’une faveur. La prise en compte de ces différences lors de la production de demandes va évoluée également jusqu’à l’âge de 6 ans.

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9
Q

Expliquez en quoi le caractère ambigu d’un mot peut influencer sa reconnaissance
(6 points)

A

L’ambiguïté d’un mot vient du fait qu’elle peut recouvrir plusieurs sens (mot dit polysémique) en étant ou non semblable du point de vue orthographique ou phonologique.
Par exemple le mot « lentille » peut être compris en tant que légume ou en tant que verres correcteurs.
On peut donc dire qu’un mot ambigu a une richesse sémantique plus grande qu’un mot non ambigu.
Pourtant dans une tache de décision lexicale (où l’on demande au sujet de dire si le mot présenté appartient ou non à la langue française), les mots polysémiques sont reconnus plus rapidement que les mots n’ayant qu’un seul sens possible.
Les auteurs interprètent en utilisant les modèles de reconnaissance des mots : En effet, un mot ayant des sens multiples est logiquement représenté dans le lexique mental comme ayant différentes entrées, et ainsi la probabilité est plus grande d’activer une de ces unités lexicales.
Une autre possibilité d’interprétation serait que chaque mot n’activerait qu’une seule unité lexicale mais que cette dernière à son tour activerait les différentes unités sémantiques possibles.

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10
Q

Quel lien existe selon Piaget et selon Vygotski entre « développement du langage » et « capacité cognitive » ?
(8 points)

A

Deux principaux courants s’opposent quant à la dépendance du langage par rapport à la cognition.
C’est avec Piaget (1923) que s’offre une nouvelle vision de la psychologie de l’enfant et une théorisation entre le développement cognitif et le développement du
langage.
Piaget n’étudie pas la communication pour elle-même mais comme un moyen pour étudier son objet d’étude c’est à dire les processus de pensée, la fonction de
représentation (appelée également fonction symbolique). Le langage n’est qu’une aptitude parmi d’autres qui se construit au cours du développement. Plus précisément, le développement du langage est dépendant du développement de la cognition.
Selon cette perspective, la recherche de Sinclair de Zwart (1967) démontre comment les capacités cognitives, via l’acquisition de la notion de conservation, sont des précurseurs au développement du langage. Avant 5 ans, l’enfant est qualifié de non conservant car il pense qu’une boule de pâte à modeler n’a plus la même quantité
après changement de son apparence (grosse boule versus plusieurs petites boules).
Ce qui intéressant c’est que ces enfants non-conservants vont avoir recours à un langage descriptif en ne prenant qu’une dimension à la fois lorsqu’on leur demande de décrire verbalement des couples d’objets variant sur la taille ou sur la forme. Ainsi par exemple, ces enfants non conservants vont décrire l’objet en disant «celui-là est
grand» et «celui-là est petit». Au contraire, les enfants dits conservants vont davantage utiliser un langage de type comparatif, donc plus élaboré en tenant compte de plusieurs dimensions à la fois : par exemple en disant «celui là est plus grand que celui là».
Cette mise en relation entre fonction cognitive (ici notion de conservation) et acquisition de formes linguistiques souligne clairement que ce sont les structures
cognitives qui sont nécessaires au développement du langage.
Aussi les jeunes enfants, pour Piaget, n’ayant pas acquis ces notions de conservation (et de permanence de l’objet) n’ont pas de « réelle » communication
puisque leurs discours sont incomplets et succincts et ne leur permettent donc pas de bien comprendre et d’être bien compris. C’est alors avec le développement de
cette communication que l’enfant va passer de la période initiale dite égocentrique à la période de décentration.
Un point de vue différent, défendu par Vygotski (1925), souligne l’importance des interactions sociales pour l’acquisition et l’utilisation du langage. Selon cette perspective interactionniste sociale, la communication est en soi une compétence à part entière. C’est un outil majeur de socialisation. L’enfant va se forger des connaissances sur le monde extérieur grâce à la communication avec l’adulte en tant qu‘expert plus compétent ; De façon plus large, l’acquisition de nouvelles connaissances et capacités dépend de la communication avec un interlocuteur plus compétent. Cette notion de Zone Proximale de Développement (ZPD) étant définie comme « la distance entre le niveau de développement actuel tel qu’on peut le déterminer à travers la façon dont l’enfant résout les problèmes seul et le niveau de développement potentiel tel qu’on peut le déterminer à travers la façon dont l’enfant résout des problèmes lorsqu’il est assisté par un adulte ou collabore avec d’autres enfants plus avancés ».
Cette notion vygotskienne, selon laquelle la cognition se développe grâce à la communication avec un expert, a été reprise plus tard par Bruner (1983).
L’acquisition de nouvelles connaissances pour l’enfant étant rendu possible grâce aux interprétations plus expertes de l’adulte (phase interpsychologique). Puis
progressivement l’enfant va passer à la phase intrapsychologique, où il est deviendra capable d’utiliser ce code linguistique élaboré pour lui-même.
Pour conclure, la perspective piagétienne postule que ce sont les connaissances qui guident le développement du langage alors que selon la perspective vygotskienne, c’est davantage les interactions sociales qui guident le
développement.

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11
Q

Pourquoi la période de production des mots isolés est également appelée
holophrastique
(4 points)

A

Après la phase non verbale de la 1ere année de la vie, les enfants entrent dans une seconde phase dite de la « production d’un mot ». Elle se situe en général entre 9 et 18 mois. La caractéristique de cette période est la production de mots isolés comme « papa », « maman », « pati » (pour « partir ») souvent constitués de deux syllabes simples.
Ces « mots » sont interprétés par l’entourage de l’enfant, notamment les adultes comme étant de véritables phrases. Et c’est à partir de la situation de communication, plus précisément du contexte, que ces premières productions prennent donc un sens.
Le qualificatif de « holophrastique » signifie que l’on comprend un mot comme ayant une entité globale (du grec « holos » qui signifie « entier »).
Un mot isolé peut alors déjà servir à de nombreuses fonctions comme celle de désigner, de posséder… Ainsi par exemple, le mot isolé « Papa » peut vouloir dire
« c’est la voiture de mon papa », « c’est mon papa » selon le contexte.

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12
Q

Expliquez ce que signifie effet d’impasse et effet de clôture tardive ?
(8 points)

A

La compréhension des phrases implique plus qu’un simple accès à la signification de chaque mot. Il faut savoir intégrer les différentes significations pour aboutir à la représentation mentale du sens de la phrase entière. Pour mieux comprendre ces processus intégratifs, de nombreux auteurs ont étudié la compréhension des phrases ambiguës. Et c’est au sein de ce type de phrases que les phénomènes d’impasse et de clôture tardive apparaissent.
Dans la phrase : « La femme repousse l’homme avec le parapluie », deux interprétations sont possibles.
a) Le parapluie peut être l’instrument utilisé par la femme (fonction de complément de moyen - parapluie complète le verbe)
b) Le parapluie peut être l’objet que possède l’homme et dans ce cas cela revient à dire : la femme repousse l’homme qui a un parapluie (parapluie est alors
complément du nom homme)
De façon générale, pour savoir quelle interprétation est privilégiée par le lecteur, une méthode consiste à présenter successivement chacun des mots de la phrase
ambiguë et de mesurer le temps de lecture de chaque mot puis d’ajouter à la fin de la phrase une suite de mots qui n’est compatible qu’avec l’une des deux
interprétations possibles.
Ainsi si l’on rajoute « la femme repousse l’homme avec le parapluie en se servant d’une canne», et si le lecteur a pensé que le parapluie était l’instrument utilisé par la
femme (a) alors il sera gêné par ces derniers mots puisqu’ils ne sont pas compatibles avec son interprétation première.
Cette gêne sera objectivable (c’est à dire mesurable) par un ralentissement de sa lecture. Ce ralentissement est appelé « effet d’impasse » (garden-path effect), car le
lecteur a d’abord l’impression d’une impasse dans la compréhension de la phrase, et il doit donc revenir sur une analyse qu’il a fait antérieurement (ce qui explique
l’allongement du temps de lecture).
Deux modèles théoriques tentent d’expliquer comment le lecteur interprète ses phrases ambiguës
• Selon un système modulaire, la construction de l’interprétation se ferait grâce à la structure grammaticale et syntaxique de la phrase (groupe nominal, groupe
verbal et groupe propositionnel). Le sens n’est pas vraiment pris en compte ; ce sont les relations grammaticales de l’énoncé qui interviennent.
Selon les partisans de ce modèle modulaire, l’interprétation se fera toujours en fonction de la structure qui implique du plus petit nombre de regroupement selon un principe d’économie que les auteurs nomment le principe d’attachement minimal.
C’est alors la première interprétation a) qui souligne le principe d’économie (où le mot parapluie complète le verbe (la femme repousse avec quoi le parapluie)

Pourtant selon la situation et le contexte, les sujets peuvent construire la seconde interprétation b). Cette conception plus large a été défendue par les
modèles dits interactifs.
Parfois, avec un autre type de phrases ambigües, le principe d’économie (via rattachement minimal) ne suffit pas à expliquer le choix de l’une des deux interprétations possibles. Alors un second principe celui de la fermeture tardive (clôture tardive) a été proposé par les modularistes : il consiste à penser que les sujets préfèrent interpréter ce qu’ils sont en train de lire plutôt que d’attendre la
prochaine proposition. Cela revient à « fermer » au plus vite leur interprétation.
Mais, si la suite de la phrase produit une incohérence, alors on retrouvera un effet d’impasse qui à nouveau donnera lieu à une ré analyse et la construction d’une
nouvelle structure d’interprétation.
Illustration par la phrase suivante :
« Pendant que le journaliste photographiait la fusée… » : le principe d’attachement
minimal et de clôture tardive conduit à interpréter la fusée comme complément d’objet direct de « photographiait ». Or si la suite de la phrase est « atterrissait sur
Mars », l’application du principe de clôture tardive induit un effet d’impasse, (allongement du temps de lecture) puis entraîne une réanalyse de la phrase.

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Q

Selon la perspective constructiviste, décrivez une expérience (inspirée de celle de Piaget) qui montre que le langage se constitue à partir de l’acquisition des structures cognitives de l’enfant
(6 points)

A
Pour Piaget (1923), le langage est une aptitude parmi d’autres qui se construit au cours du développement. Selon Piaget, le développement du langage est lié au développement de la cognition (perspective constructiviste).
L’expérience sur les enfants conservants versus non-conservants (notion de conservation) démontre que c’est effectivement « le cognitif » qui sous-tend l’acquisition du langage. Avant 5 ans, l’enfant est dit non-conservant : en effet,  lorsqu’on lui présente une (même) quantité de pâte à modeler mais sous deux formes différentes successives (une grosse boule de pâte qui devient plusieurs petites boules), l’enfant de moins de 5 ans ne croit pas qu’il s’agit de la même quantité de pâte à modeler ; Après 5 ans, l’enfant est dit conservant puisqu’il conçoit qu’il s’agit bien de la même quantité de pâte à modeler.
La mise en lien de cette notion de conservation avec le langage a été réalisée en 1967 par Sinclair de Zwart. Cet auteur a demandé à 2 groupes d’enfants (des conservants et des non-conservants) de décrire verbalement des couples d’objets variant sur la taille, sur la forme .... Les enfants non-conservants décrivent les objets de façon indépendante en utilisant des phrases pour décrire chacun des objets (ex : « celui-là c’est un grand »), alors que les enfants ayant acquis la notion de conservation vont utiliser des formes linguistiques qui comparent les deux objets : « celui-là est plus grand que celui-ci ».
Cette expérience montre clairement le lien entre capacités cognitives et langage : ce sont les structures cognitives, via la notion acquise de conservation, qui sous-tend le développement du langage, par utilisation de formes linguistiques plus élaborées.
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Q

Décrivez les trois modèles théoriques de reconnaissance des mots
(9 points)

A

L’ensemble des auteurs s’accorde pour dire que les mots sont stockés (dans la tête de l’individu) sous forme d’un lexique mental où chaque mot est représenté avec ses informations d’ordre phonologique (comment le mot se prononce), orthographique (comment il s’écrit), syntaxique (les relations grammaticales qu’il entretient avec les autres mots)… et sémantique (le sens du mot).
La reconnaissance du mot (présenté auditivement ou visuellement) correspond à l’accès à ce lexique mental permettant l’activation de ces différentes informations. Différents modèles proposent des hypothèses quant à l’organisation de ce lexique ainsi que l’influence mutuelle de ces différentes informations.
1) Le Modèle de Morton (1970) :
Ce modèle rend compte à la fois du traitement d’un mot écrit ou entendu.
Chaque mot est représenté sous forme de logogène contenant des informations à la fois orthographiques, morphologiques, syntaxiques et sémantiques (modèle localiste). Ce logogène fonctionne comme un compteur puisqu’il faut qu’un certain seuil d’activation soit atteint pour que le mot soit reconnu. Plus il y a d’informations concordantes, plus vite l’activation (et donc la reconnaissance) s’effectuera.
Le contexte va également aider à l’identification du mot : le modèle est alors dit interactif puisque les informations sémantiques apportées par le contexte vont restreindre le nombre de mots-candidats possibles. (Elle s’est coiffé avec un …).
En plus, chaque logogène possède son propre seuil d’activation qui dépend notamment de ses propres caractéristiques comme par exemple la fréquence d’usage: plus un mot est fréquent, plus son seuil d’activation est bas. (La fréquence d’usage correspondant au nombre de fois où un mot apparaît dans un ensemble de données).
Au cours du temps, si un mot est répété alors son activation va diminuer et donc sa reconnaissance en est facilitée
2) Le Modèle de Foster (1985):
Ce modèle s’applique, également, à la fois pour le traitement d’un mot écrit ou entendu (visuel et auditif). Chaque mot possède sa représentation dans le lexique mental (modèle localiste). Sa particularité est de postuler que les voies d’accès au lexique mental sont sensibles seulement aux caractéristiques de forme des mots comme la fréquence d’usage et le nombre de voisins orthographiques : tous les mots fréquents sont activés en premier, et plus un mot a de voisins orthographiques (mot partageant le même nombre de lettres sauf une), moins il sera activé.
Les informations d’ordre sémantiques ne seront utilisées que dans un second temps ; c’est cet aspect qui le rend non interactif (pas d’interaction entre les différents types d’informations).
3) Le Modèle connexionniste de Seidenberg et McClelland (1989):
Selon cette perspective, un mot n’est plus associé à une seule représentation mais au contraire chaque représentation se trouve distribuée sur un ensemble de traits (modèle non localiste). Il faut une activation conjointe, un pattern d’activation sur un certain nombre de traits pour qu’un mot-candidat émerge. Ainsi le sens d’un mot apparaît grâce à l’activation, à l’interaction de traits phonologiques, orthographiques et sémantiques (modèle interactif) ; Par exemple, des informations orthographiques (« vert ») renseigne sur le sens du mot (ici la couleur) mais également le sens du mot (pantoufle de vair (en fourrure)) renseigne sur son orthographe.
Le phénomène de restauration phonémique illustre cette perspective connexionniste : si l’on fait entendre un mot dont on a supprimé un phonème via un ordinateur (synthèse vocale), le sujet va pourtant identifié correctement ce mot et entendre le phonème manquant. Il y aura eu activation des différents traits (interaction entre le sens du mot et la façon dont il se prononce) pour aboutir au seul mot possible (avec le son manquant).

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15
Q

Expliquez le concept de format d’interaction développé par Bruner (1983)
(5 points).

A
Bruner (1983) a étudié le développement de la communication entre la mère et son enfant. Il a introduit le concept de format d’interaction défini comme la structure de base d’un échange social prototypique. Cette structure de base des échanges correspond aux invariants c’est à dire ce qui reste commun malgré les différentes situations. Dans les jeux de routines (jeu du coucou le voilà, jouer à cheval, dénommer des images …),  et plus largement dans toutes les situations interactives diverses entre la mère et son bébé (le bain, le moment du repas…), le format (notion abstraite) émerge par l’intermédiaire des sourires, des regards, des mimiques et des vocalisations… l’enfant va comprendre que lors d’une interaction, on se trouve en face à face (invariant) avec son partenaire (quel qu’il soit), l’enfant va comprendre la notion de réciprocité (invariant) quels que soient les différents échanges….
De plus, avec le développement, les formats se répétant (l’enfant interagit fréquemment avec sa mère), ils seront intégrés à des formats ou des scénarios plus larges.
Pour Bruner (1983), l’apprentissage de ces formats sont servir de base à l’acquisition du langage et aux futures relations interpersonnelles.
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16
Q

Quel est le point commun d’un phonème et d’une syllabe et qu’est ce qui les différencie ?
(4 points)

A

Un phonème et une syllabe correspondent à des sons qui n’ont pas de sens : on les appelle des unités infralexicales.
Un phonème correspond à une unité de son que l’on est capable de prononcer ; Ils sont au nombre de 36 pour la langue française composé de 16 sons vocaliques (exemple /o/) ; 17 sons consonantiques exemple /k/ et 3 semi consonnes.
Parallèlement, une syllabe correspond à la segmentation naturelle d’un mot, que le sujet humain peut manipuler. Ainsi le mot bateau contient deux syllabes « ba » et « to » qui correspondent respectivement dans cet exemple aux mêmes phonèmes. En revanche dans le mot palmier, on a le phonème /pa/ qui ne correspond pas à la 1er syllabe puisque celle-ci est le son « pal ».
De plus, la reconnaissance des syllabes se fait plus tôt, au cours du développement que celle des phonèmes.

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17
Q

Lors du traitement visuel du mot, quels sont les différents éléments qui permettent de caractériser la forme orthographique du mot ?
(7 points)

A

Pour reconnaître (visuellement) un mot écrit, trois facteurs peuvent intervenir:
1. Tout d’abord, la composition syllabique du mot a un effet sur son temps d’identification. En effet, les mots pluri-syllabiques sont plus longs à identifier que les mots mono syllabiques, alors que le nombre de lettres reste identique. Par exemple, le mot « bougie » est plus rapidement identifié que le mot « orange ».
L’expérience de Prinzmetal, Treisman et Rho (1986) en utilisant des couleurs différentes entre les syllabes montre que les syllabes sont traitées comme des unités fonctionnelles à part entière.
On demande aux sujets de donner la couleur d’une lettre cible prédéterminée, placée au milieu d’un mot bi-syllabique. Les mots sont de deux couleurs différentes, le changement de couleur pouvant correspondre ou non à la frontière syllabique (par ex lettre cible g : bougie – bougie) Deux conditions sont définies : soit cette lettre est la dernière de la première syllabe, soit elle est la première de la seconde syllabe. L’hypothèse testée est que si la syllabe est une unité fonctionnelle, alors il y aura moins d’erreurs dans l’identification de la couleur de la lettre cible quand le changement de couleur respectera l’unité syllabique (bougie). Les résultats dans ce sens soulignent le rôle des syllabes dans la reconnaissance visuelle des mots.
2. Les performances d’identification sont meilleures pour les mots (ex : palier) que pour les non-mots (liepar), c’est à dire une suite de lettres qui n’existent pas dans la langue française. Cette facilitation peut s’expliquer notamment en faisant référence aux modèles interactifs connexionnistes selon lesquels différents types d’information (phonologiques, orthographiques et sémantiques) vont converger vers le mot candidat. En effet un mot (par rapport à un non-mot) va avoir des activations supplémentaires dues à la connaissance sémantique de ce mot qui, à leur tour, vont faciliter l’activation des unités infra lexicales (les lettres) qui le composent.
C’est donc l’activation de la représentation globale du mot qui a un effet facilitateur sur l’identification de ses éléments.
3. Une autre question est de savoir si l’identification d’un mot se fait par un accès direct au lexique mental (passage direct de la forme écrite du mot à sa reconnaissance dans le lexique) ou si cette identification passe par une étape intermédiaire de conversion phonologique (hypothèse de la médiation phonologique) qui concrètement signifierait que lorsque l’on identifie un mot, on le prononce obligatoirement dans sa tête. Une troisième hypothèse réunit les deux autres sous le nom de la théorie de la double voie qui montrerait qu’à partir de la trace écrite soit on a un accès direct au lexique, soit on prononce le mot dans sa tête.

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18
Q

Parmi les trois facteurs sémantiques qui influencent la reconnaissance d’un mot, le degré de « concrétude » apparaît comme important. Expliquez.
(7 points)

A

Lors d’une tâche de décision lexicale, on demande au sujet de répondre par oui ou par non (appui sur le bouton droit ou gauche) si l’item que l’on lui présente est un mot ou non de la langue française ; on demande ainsi au sujet d’accéder à sa signification. On obtient alors un temps dit de décision lexicale.
Expérimentalement, on étudie des facteurs susceptibles de modifier ce temps d’accès à la signification : il s’agit de la dimension de concrétude versus le caractère abstrait. (Les 2 autres dimensions étant le caractère ambigu du mot et son sentiment de familiarité associé à la connaissance de sa signification).
Le degré de concrétude
Dans le lexique mental, on peut trouver des mots à signification concrète et des mots à signification abstraite; Le degré de concrétude des mots se réfère à un continuum concret-abstrait. Un mot concret renvoie à une expérience perceptible par les modalités sensorielles, comme par exemple un objet qu’on voit, qu’on touche, qu’on sent … (par exemple manger, la lune …). A l’inverse un mot abstrait n’est perceptible qu’à travers le monde des idées (par exemple le mot liberté).
Paivio, Yuille et Madigan (1968) ont observé que la dimension de concrétude était corrélée avec la valeur d’imagerie des mots c’est-à-dire le caractère figuratif des mots. Ils ont montré une corrélation de .83 pour un échantillon de 925 mots anglais entre la dimension de concrétude et celle d’imagerie. Ainsi un nom concret aurait une capacité plus élevée d’évoquer mentalement une image qu’un nom abstrait.
Dans des tâches d’identification, les mots concrets conduisent à un temps de décision lexicale plus court que pour les mots abstraits. Cela s’explique par la plus grande richesse sémantique des mots concrets : « banane» contient davantage de traits sémantiques que le mot « fruit » (concept abstrait car il existe une multitude de fruits). Et plus il y a des traits sémantiques activés, plus rapide sera l’accès au lexique.

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19
Q

Le degré de « concrétude » des mots joue sur le temps d’identification lors de sa reconnaissance. Expliquez.
(7 points)

A

Dans notre lexique mental, (l’ensemble des représentations des mots que nous connaissons), on peut trouver des mots à signification concrète et des mots à signification abstraite; Le degré de concrétude des mots se réfère à un continuum concret-abstrait. Un mot concret renvoie à une expérience perceptible par les modalités sensorielles, comme par exemple les mots « manger », « la lune » ….qui renvoient à un objet qu’on voit, qu’on touche, qu’on sent … A l’inverse un mot abstrait n’est perceptible qu’à travers le monde des idées, comme par exemple le mot « liberté ».
Paivio, Yuille et Madigan (1968) ont observé que la dimension de concrétude était corrélée avec la valeur d’imagerie des mots c’est-à-dire le caractère figuratif des mots (sur un échantillon de 925 mots anglais). Cela signifie que les mots concrets engendrent une plus grande capacité à évoquer mentalement une image que des noms abstraits.
Ainsi dans les tâches d’identification, les mots concrets conduisent à un temps de décision lexicale (temps pour dire si le mot appartient ou non à la langue française) plus court que pour les mots abstraits. Cela s’explique par la plus grande richesse sémantique des mots concrets : « banane» contient davantage de traits sémantiques que le mot « fruit » (concept abstrait car il existe une multitude de fruits). Et plus il y a des traits sémantiques activés plus rapide sera l’accès au lexique.

20
Q

Quelles sont les deux propositions qui expliquent l’apprentissage des concepts catégoriels ?
(7 points)

A

Deux conceptions tentent d’expliquer l’apprentissage des concepts catégoriels chez l’enfant :
- La théorie des traits sémantiques, élaborée par Clark en 1973 : chaque mot est défini par un ensemble d’unités minimales de sens, des traits sémantiques ; ainsi, pour le mot chat, ces traits peuvent être « animé » « 4 pattes » « poils » « miaule » « ronronne ». Ces traits sont acquis par l’enfant au fur et à mesure de ses apprentissages, en commençant par les traits les plus généraux, l’acquisition des traits spécifiques se faisant plus tard.
Ainsi les enfants, n’ayant encore acquis que des traits généraux, vont au début pratiquer la « sur-extension » et appeler « chat » tous les animaux à quatre pattes. Ils peuvent aussi pratiquer la « sousextension », c’est à dire réduire le sens du mot, en inférant que « chat » ne représente que le sien. C’est au fil du temps que les sémantiques sont acquis et combinés pour aboutir à un vocabulaire de plus en plus riche.
- La théorie des prototypes, élaborée par Rosch en 1978 : Les membres d’une catégorie sont définis par rapport à un « prototype », qui représente le mieux la catégorie ; c’est le niveau de base de la catégorie, qui a le plus de caractères communs avec les autres exemplaires de la catégorie, tout en restant clairement distinct d’autres catégories. C’est le prototype qui est acquis d’abord, avant les exemplaires moins typiques.
Ainsi le prototype du fruit sera la pomme (différent selon les cultures) ; les niveaux sur-ordonnés (fruit) ou sous-ordonnés (rainette du Canada) seront acquis plus tard.

21
Q

Décrivez l’expérience qui démontre que ce sont les structures cognitives qui sous-tendent le développement du langage. Quelle théorie explicative du
langage illustre-t-elle ?
(6 points)

A

L’expérience de Sinclair de Swart, en 1967, illustre la position théorique constructiviste de Piaget, selon laquelle le développement du langage est lié
au développement de la cognition ; Pour Piaget, le langage est une aptitude
parmi d’autres qui se construit au cours du développement et ce sont les
structures cognitives qui sous tendent l’acquisition du langage.
L’expérience de Sinclair de Swart (1967) porte sur des enfants conservants et des enfants non-conservants. En effet, avant 5 ans environ, l’enfant n’admet pas que, lorsqu’on lui présente un morceau de pâte à modeler sous deux formes différentes, soit sous la forme d’une grosse boule, soit de plusieurs petites boules, cela puisse être la même quantité de pâte : ces enfants sont appelés « non-conservants ». Les enfants, après l’âge de 6-7ans ans environ, sont appelés conservants car ils ont acquis cette notion de conservation de la quantité quelque soit son apparence. L’auteur, Sinclair de Swart (1967) a demandé à ces deux groupes d’enfants (conservants et nonconservants) de décrire verbalement des couples d’objets variant sur la taille (par ex. une petite balle et une grosse balle), sur leur nombre (par ex. deux balles versus cinq balles,) etc…. Les enfants non-conservants décrivent les objets de façon indépendante en utilisant des phrases simples pour décrire chacun des objets séparément alors que les enfants ayant acquis la conservation vont utiliser des formes linguistiques plus élaborées en comparant les deux objets : « celui là est plus grand que celui-ci ». C’est bien l’acquisition de structures cognitives (avoir acquis la notion de conservation) qui sous tend le développement du langage. Cette perceptive piagétienne est dite constructiviste dans le sens où les progrès apparaissent et se construisent à partir de capacités antérieures.

22
Q

Décrivez le principe de la communication référentielle

4 points

A

La communication référentielle (Beaudichon, 1982) est une situation au cours de laquelle deux personnes communiquent au sujet d’un objet donné (le référent). Cette communication se manifeste par une attention conjointe des partenaires vers le même objet.
Le principe de l’expérience consiste à faire communiquer verbalement des couples d’enfants dans le cadre de la création d’un objet complexe tel qu’un puzzle en trois dimensions. Un des enfants, au début novice, va être entraîné à la construction de l’objet par un adulte expérimentateur. Puis la tâche consiste ensuite à ce que l’enfant devenu expert, transmette à son tour son savoir à son camarade (son pair). Les deux enfants étant séparés par un écran, l’enfant devenu émetteur va devoir transmettre ses instructions uniquement par le canal verbal afin de réaliser correctement l’objet référent.
On déterminera ainsi la quantité d’information nécessaire permettant la construction de l’objet ainsi que l’analyse des termes utilisés et l’adaptation du discours à l’interlocuteur.

23
Q

Expliquez ce qu’est le LAD (d’après la théorie de Chomsky, 1951)
(6 points)

A

LAD est l’abréviation de « Langage Acquisition Device », traduit en français par « système d’acquisition du langage inné ». Ce système s’inscrit dans la théorie nativiste du langage proposée par Chomsky dans les années 1960 puis développée par McNeil (1970).
Pour Chomsky, chaque être humain serait doté d’une capacité innée à produire et comprendre toutes les langues. La base de ces capacités serait une grammaire universelle composée d’universaux de langage tels que sujets, prédicats … qui ne sont pas spécifiques à une langue particulière.
Cette grammaire, non apprise par l’enfant mais inscrite dans son potentiel génétique, serait constituée d’un ensemble fini de règles permettant de générer un nombre infini de phrases correctes. C’est pour cela qu’elle est nommée générative. Pour autant, l’enfant doit apprendre à se servir de cette grammaire générative (notion de performance).
Pour expliquer la manière dont un enfant acquière le langage, Chomsky fait un parallèle avec un linguiste apprenant une langue étrangère. L’enfant fait des hypothèses. La première consiste à penser qu’une phrase est un mot. Effectivement l’enfant, autour de 1 an s’exprime principalement en utilisant un seul mot qui est interprété par les adultes comme étant une phrase. Plus tard, vers 2 ans une seconde hypothèse met en jeu le principe de la grammaire Pivot (Braine 1963). L’enfant va utiliser deux classes de mots : un pivot et un mot ouvert. (Ex Encore bonbon). Cette grammaire Pivot sera abandonnée relativement rapidement au profit de la grammaire de la langue maternelle.
Les études plus récentes sur les productions linguistiques de l’enfant ont permis de valider, en partie, ces hypothèses. Ainsi on admet aisément que des phrases simples (grammaticalement..) seront traitées, donc comprises (puis produites) plus précocement que des phrases complexes.

24
Q

Décrire brièvement le paradigme utilisé par Nadel (1986) pour étudier l’imitation au cours de la 3ème année
(3 points)

A

Pour étudier si l’imitation est une base prédominante de la communication au cours de la 3ème année, Nadel (1986) présente à des enfants un dispositif expérimental spécifique où les objets-jouets sont en autant d’exemplaire qu’il y a d’enfants : ainsi si on met deux enfants dans la pièce, ils disposeront de plusieurs jouets mais tous en deux exemplaires ; si on met en présence 3 enfants alors tous les jouets seront en triple exemplaire. L’imitation immédiate est alors mesurée par le nombre de fois où les enfants portent (et utilisent) simultanément le même objet (ce qui correspond aux ports simultanés d’objets identiques).

25
Q

Le paradigme de Stroop est utilisé pour souligner le caractère irrépressible du traitement sémantique. Expliquez.
(10 points)

A

Les sujets possèdent en mémoire un lexique mental que lʼon peut définir comme étant lʼensemble des mots connus de leur langue maternelle associés à leurs informations orthographiques (comment le mot sʼécrit), phonologiques (comment le mot se prononce) et sémantiques (le sens du mot). Pour mieux comprendre lʼaspect automatique de lʼaccès à la signification, le paradigme de Stroop apporte des informations.
Dans sa version originale (Stroop, 1935), on présente des mots signifiant une couleur, ces mots étant écrits dans une couleur dʼencre différente : le mot VERT écrit en rouge ; On demande aux sujets de dénommer la couleur de lʼencre (et non pas de lire le mot). On obtient des temps de réponse (de dénomination) plus longs pour des noms de couleurs que pour des noms communs (par exemple BATEAU écrit en rouge). Stroop (1935) explique ce ralentissement lors de la dénomination par le fait que deux tâches entrent en conflit : la tâche principale de donner la couleur de lʼencre et la tâche dite secondaire, automatique qui correspond à la tâche de lecture (accès à la signification du mot). Le conflit réside dans le fait que le sujet doit inhiber la tâche de lecture automatique pour parvenir à effectuer la tâche principale de dénomination. Ce ralentissement montre clairement que la signification du mot VERT a été activé de façon automatique, irrépressible (puisquʼil est davantage rentré en conflit que le mot Bateau, activé également mais qui nʼa pas de lien direct avec la couleur rouge).
Cette version originale du Stroop a été utilisée plus largement afin dʼestimer la quantité dʼactivation que reçoivent les différents mots, en associant la situation amorçage. La situation dʼamorçage consiste en la présentation (souvent extrêmement brève) dʼun premier mot (ou non–mot) (appelé amorce) suivie dʼun autre mot (ou non-mot) sur lequel le sujet dit dire sʼil sʼagit dʼun mot français. En vue de souligner à nouveau le caractère irrépressible (incoercible) de lʼaccès au sens, le mot (par exemple) oiseau est présenté en amorce (présentation extrêmement brève non perçue par le sujet) puis successivement et également quelques centièmes de secondes plus tard, est présenté le mot cible MOINEAU (ou … POULET) écrit en rouge, sur lequel le sujet doit effectuer sa tâche de dénomination de la couleur de
lʼencre.
Si le temps de dénomination de la couleur pour les deux mots cibles est la même, cela signifie que la pré-activation par lʼamorce a joué le même rôle. Si en revanche, le temps est plus long pour dénommer la couleur de lʼencre lors de la présentation du mot MOINEAU, alors on peut dire que lʼamorce oiseau a davantage pré-activé lʼensemble des mots qui lui sont associés sémantiquement dont le mot moineau et en conséquence cela a été plus difficile à inhiber. Cette plus grande difficulté à inhiber cette pré-activation souligne bien le caractère irrépressible, automatique de
lʼaccès à la signification.

26
Q

Décrivez l’évolution de la compréhension des phrases à la forme active et à la forme passive ainsi que l’évolution de la compréhension des relatives en que et qui chez les enfants.
(10 points)

A

Un certain nombre de recherches se sont intéressées à la compréhension des phrases actives et passives. Dans la langue française, une phrase à la forme active suit un ordre canonique agent-action-patient, c’est à dire qu’apparaît en premier celui qui fait l’action (le sujet), puis le verbe spécifiant l’action et enfin celui sur lequel porte
l’action. Au contraire, les phrases passives ne respectent pas cet ordre canonique.
Ainsi l’ordre inversé patient-action-agent rend ces phrases plus complexes et donc plus difficiles à comprendre.
Pour la compréhension des phrases passives, Bever en 1970, constate que la compréhension des phrases non réversibles est réalisée plus précocement que
celles des phrases réversibles :
»> Les phrases sont réversibles lorsque l’inversion de l’agent et du patient correspond à une phrase sémantiquement acceptable et elles sont dites non réversibles lorsque cette inversion est impossible sur le plan sémantique.
Exemple :
Phrase passive réversible : “Paul est frappé par Pierre” - On peut également dire “Pierre est frappé par Paul”
Phrase passive non réversible : “Le lait est bu par le bébé” - On ne peut pas dire “Le bébé est bu par le lait”
Ainsi les phrases passives réversibles sont plus difficiles à comprendre que les phrases passives non réversibles.
Les auteurs ont repris ce problème de la compréhension des phrases réversibles ou non avec le cas particuliers des phrases relatives utilisant les pronoms que ou qui.
Les phrases relatives en « qui », nʼaltèrent pas lʼordre canonique quʼelles soient réversibles ou non, et donc ne pose pas plus de problème que la compréhension des
phrases actives. Elle se situe autour de 3 ans 7 mois et 4 ans 8 mois.
En revanche, concernant les phrases relatives en « que », lʼordre canonique est modifié. De ce fait, la compréhension de ces relatives en « que » diffèrent en fonction de leur réversibilité : pour les phrases non réversibles - la souris que mange le chat - la compréhension se fait vers 3 ans et 7 mois et pour les phrases réversibles - Le président que salue la foule – alors la compréhension est beaucoup plus tardive
puisquʼen moyenne elle se situe autour de 10 ans et 6 mois. En effet, les enfants basent lʼinterprétation de ces dernières (phrases relatives réversibles en que) sur lʼordre canonique et conduit ainsi les enfants à une interprétation erronée.
Nous devons cependant relativiser en fonction de l’environnement culturel. Dans certaines langues non indo-européennes, la forme passive est très fréquente. Elle est donc comprise dès l’âge de 2 ans.

27
Q

Quelles sont les trois caractéristiques de la forme d’un mot qui influence sa reconnaissance
(9 points)

A

Trois principales caractéristiques de forme du mot (le signifiant) ont des effets déterminants sur sa reconnaissance :
1) La fréquence d’usage de mots se définit par le nombre de fois où celui-ci apparaît dans une base de données contenant des compilations d’ouvrages, de journaux, de
périodiques, etc…). Plus le mot est fréquent (c’est à dire que sa fréquence d’usage est élevé) alors on observe un effet facilitateur lors de sa reconnaissance c’est à dire
qu’un mot fréquent sera plus rapidement identifié (temps de réponse plus rapide) qu’un mot de fréquence d’usage moyenne ou rare.
2) L’âge d’acquisition des mots : Il existe des normes qui précisent l’âge d’acquisition de chaque mot. L’âge d’acquisition a une influence sur la vitesse d’identification des mots à l’âge adulte : plus un mot est acquis tôt, plus sa vitesse d’identification est rapide.
De plus, il existe une interaction avec la fréquence d’usage (Morrison et Ellis, 1995).
En effet, de façon générale, les mots fréquents sont acquis plus précocement que des mots rares, pourtant il existe des mots rares (exemple le mot « sorcière ») qui
peuvent eux aussi être acquis de façon très précoce. De façon logique, si l’on contrôle la fréquence d’usage (deux mots de même fréquence) alors l’effet de l’âge
d’acquisition joue son rôle. En revanche deux mots acquis en même temps (âge d’acquisition contrôlé) alors l’effet de fréquence disparaît.
Enfin la troisième caractéristique est le voisinage orthographique des mots : On définit des voisins orthographiques en spécifiant qu’il s’agit de mots partageant le même nombre de lettres sauf une ; Exemples : base, bise, buse, bave, vase…
L’hypothèse, selon laquelle plus un mot a de voisins orthographiques, plus la reconnaissance prend du temps, a été enrichi par les résultats expérimentaux. Il a
été démontré que si le mot était fréquent, le nombre de ses voisins orthographiques importait peu. Par contre, si les voisins ont une fréquence d’usage plus grande que le
mot à reconnaître, on constate effectivement un ralentissement dans la reconnaissance du mot. Cela s’explique notamment par le fait que l’on active en
premier dans notre lexique mental, les mots les plus fréquents. Ainsi par exemple, on va mettre plus de temps à identifier le mot « coin » parce qu’il possède des voisins
orthographiques plus fréquents que lui comme « loin » et « fois ».

28
Q

En référence à la théorie de Chomsky (1951), expliquez ce qu’est le LAD ?
(6 points)

A

LAD est l’abréviation de « Langage Acquisition Device », traduit en français par
« système d’acquisition du langage». Ce système s’inscrit dans la théorie
nativiste du langage proposée par Chomsky dans les années 1960 puis développée
par McNeil (1970).
Pour Chomsky, chaque être humain serait doté d’une capacité innée à produire et
comprendre toutes les langues : « Les règles de l’organisation de la grammaire sont
trop complexes pour être apprises directement ou découvertes simplement par le
jeune enfant. La grammaire n’est pas apprise par l’enfant, elle est inscrite dans son
potentiel génétique, elle est innée ».
La base de ces capacités serait une grammaire universelle composée d’universaux
de langage tels que sujets, prédicats … qui ne sont pas spécifiques à une langue
particulière.
Cette grammaire, non apprise par l’enfant, mais inscrite dans son potentiel
génétique, serait constituée d’un ensemble fini de règles linguistiques permettant de
générer un nombre infini de phrases correctes. C’est pour cela qu’elle est nommée
générative. Pour autant, l’enfant doit apprendre à se servir de cette grammaire
générative (notion de performance). Ce dispositif LAD permettra à l’enfant de capter
les éléments de base du discours de son entourage et d’apprendre extrêmement
rapidement sa langue maternelle. Il pourra produire de nouveaux énoncés à partir
des mots appris en les associant selon ces règles grammaticales de base.
Pour expliquer la manière dont un enfant acquière le langage, Chomsky fait un
parallèle avec un linguiste apprenant une langue étrangère. L’enfant fait des
hypothèses. La première consiste à penser qu’une phrase est un mot. Effectivement
l’enfant, autour de 1 an, s’exprime principalement en utilisant un mot unique qui sera
interprété par les adultes comme étant une phrase. Plus tard, vers 2 ans une
seconde hypothèse met en jeu le principe de la grammaire Pivot (Braine 1963).
L’enfant va utiliser deux classes de mots : un pivot et un mot ouvert. (ex : encore
bonbon). Cette grammaire Pivot sera abandonnée relativement rapidement au profit
de la grammaire de la langue maternelle.
Les différentes études sur les productions linguistiques de l’enfant ont permis de
valider, en partie, ces hypothèses.

29
Q

Décrivez le principe de la communication référentielle

5 points

A

LAD est l’abréviation de « Langage Acquisition Device », traduit en français par « système d’acquisition du langage». Ce système s’inscrit dans la théorie
nativiste du langage proposée par Chomsky dans les années 1960 puis développée par McNeil (1970).
Pour Chomsky, chaque être humain serait doté d’une capacité innée à produire et comprendre toutes les langues : « Les règles de l’organisation de la grammaire sont trop complexes pour être apprises directement ou découvertes simplement par le jeune enfant. La grammaire n’est pas apprise par l’enfant, elle est inscrite dans son potentiel génétique, elle est innée ».
La base de ces capacités serait une grammaire universelle composée d’universaux de langage tels que sujets, prédicats … qui ne sont pas spécifiques à une langue particulière.
Cette grammaire, non apprise par l’enfant, mais inscrite dans son potentiel génétique, serait constituée d’un ensemble fini de règles linguistiques permettant de
générer un nombre infini de phrases correctes. C’est pour cela qu’elle est nommée
générative. Pour autant, l’enfant doit apprendre à se servir de cette grammaire générative (notion de performance). Ce dispositif LAD permettra à l’enfant de capter les éléments de base du discours de son entourage et d’apprendre extrêmement rapidement sa langue maternelle. Il pourra produire de nouveaux énoncés à partir des mots appris en les associant selon ces règles grammaticales de base.
Pour expliquer la manière dont un enfant acquière le langage, Chomsky fait un parallèle avec un linguiste apprenant une langue étrangère. L’enfant fait des
hypothèses. La première consiste à penser qu’une phrase est un mot. Effectivement l’enfant, autour de 1 an, s’exprime principalement en utilisant un mot unique qui sera interprété par les adultes comme étant une phrase. Plus tard, vers 2 ans une seconde hypothèse met en jeu le principe de la grammaire Pivot (Braine 1963).
L’enfant va utiliser deux classes de mots : un pivot et un mot ouvert. (ex : encore bonbon). Cette grammaire Pivot sera abandonnée relativement rapidement au profit
de la grammaire de la langue maternelle.
Les différentes études sur les productions linguistiques de l’enfant ont permis de valider, en partie, ces hypothèses.

30
Q

Expliquez ce que l’on entend par développement phonologique.

8 points

A

Le développement phonologique correspond à l’apprentissage des sons. Il commence par la production de phonèmes isolés, puis vers 6-9 mois, le bébé va
faire des associations en produisant des syllabes afin de produire ses premiers mots autour de 12 mois.
Les phonèmes correspondent aux plus petites unités de sons que l’on est capable de produire dans la constitution d’un mot mais qui n’a pas de sens en soi (infralexicales). Il existe en français, 36 phonèmes dont 16 voyelles (sons
vocaliques), 3 semi-consonnes/voyelles (glides) et 17 consonnes (sons consonantiques).
Exemples de voyelles : le phonème /i/ : il ; le phonème /e/ : blé ; le phonème /ɛ/ : colère ; le phonème /a/ : plat …
Exemple des 3 semi-consonnes : le phonème /j/ : yeux ; le phonème /w/ : oui ; le phonème /ɥ/ : lui…
Exemples de consonnes : le phonème /p/ : père ; le phonème /t/ : terre ; le phonème /k/ : cou ; le phonème /b/ : bon ; le phonème /ʃ/ : chat …
Les phonèmes ne correspondent donc pas aux lettres de l’alphabet.
Pour évaluer la capacité de différencier les phonèmes, on utilise, chez le bébé, la
technique de succion non nutritive (Eimas, Siqueland Jusczyk et Vigorito, 1971).
Grâce à une tétine munie d’un capteur de pression, on conditionne le bébé à augmenter par exemple l’amplitude de sa succion lorsqu’il entend un certain son. On
continue à lui présenter ce son dans une seconde phase que l’on appelle phase d’habituation ; puis lors de la phase test (réaction à la nouveauté) on lui fait entendre
un nouveau phonème et on note s’il y a ou non une remontée de l’amplitude des taux de succion ; Ces auteurs ont montré que les bébés très jeunes, vers 1 mois sont capables de distinguer l’ensemble des phonèmes de toutes les langues ; puis après 6-8 mois, l’enfant, n’étant que confronté à sa propre langue, va perdre cette capacité de discrimination aux seuls phonèmes de sa langue maternelle.
La production par le bébé de syllabes (association de voyelles et de consommes) se fait autour de 6-9 mois : cela correspond à une répétition des phonèmes acquis précédemment comme « papapapapa »
La production des premiers mots s’effectue entre 9 et 18 mois avec une moyenne autour d’un an. Notons que la prononciation n’est qu’approximative avec des omissions ou des simplifications. Le bébé devient capable de produire un mot isolé ou identifié comme tel par l’entourage, comme par exemple « papa » ou « pâti »
pour « parti ». Ces pseudo-mots sont produits de façon isolée mais sont interprétés par l’entourage comme étant de véritables phrases, d’où le terme choisi pour dénommer cette période holophrastique (Ce qualificatif signifie que l’on comprend un mot comme ayant une entité globale (du grec « holos » qui signifie « entier »)). La
compréhension du sens de ces pseudo-mots par l’entourage sera facilitée grâce aux supports non verbaux tels que les mimiques, les regards, les gestes (situation de
communication) mais aussi et plus largement grâce au contexte. Ainsi, un enfant peut en plus de l’émission de son pseudo-mot, utiliser le pointage du doigt pour attirer l’attention de l’adulte sur l’objet qui l’intéresse, ce qui aide l’adulte pour la compréhension du mot.
Un mot isolé peut déjà servir à de nombreuses fonctions comme celle de désigner, de posséder… Ainsi par exemple, le mot isolé « papa » peut vouloir dire « c’est la
voiture de mon papa », « c’est mon papa » … selon le contexte.
Au cours de nombreuses situations entre la mère et son enfant (comme le nourrissage, le bain, le jeu …), des régularités vont s’établir durant ces interactions,
et ainsi les structures de base des échanges, ce que Bruner ( 1998) appelle les formats, vont servir de modèles pour la future communication verbale.

31
Q

Après avoir défini ce que l’on entend par “lexique mental” et “processus d’accès au lexique mental”, développez en expliquant les trois hypothèses possibles quant à l’identification d’un mot écrit (en vous appuyant sur
les modèles de reconnaissance ou des observations courantes et en veillant à expliquer les termes spécifiques) (10 points)

A

Le lexique mental peut se définir comme l’ensemble des représentations des mots de sa langue maternelle que chaque individu possède en mémoire. Il contient pour chaque représentation du mot, des informations d’ordre morphologique (la composition du mot), phonologique (la façon dont le mot se prononce), syntaxique (la façon dont les mots sont agencés les uns par rapport aux autres), orthographique (la façon dont le mot s’écrit) et sémantique (le sens du mot).
L’accès au lexique correspond à l’ensemble des processus cognitifs qui va permettre à l’individu d’identifier un mot, présenté oralement ou par écrit : la
reconnaissance d’un mot présenté oralement requiert principalement une approche phonologique avec une prise en compte notamment des composantes infra-lexicales (phonèmes, syllabes…) alors que la reconnaissance d’un mot écrit requiert en plus
l’analyse de la forme orthographique du mot.
Le problème ici est celui de savoir comment se fait l’identification d’un mot écrit. Est ce que la reconnaissance d’un mot se fait par accès direct c’est à dire par la mise en relation directe de la forme orthographique et de sa représentation dans le
lexique mental ou si l’identification d’un mot passe par une étape intermédiaire de conversion entre la forme écrite du mot et sa phonologie (hypothèse de la
médiation phonologique).
Les modèles de Morton (1970) et celui de Forster (1985) valident la 1ère hypothèse de l‘accès direct. En effet, dans le modèle de Morton (1970) chaque mot est représenté par une unité mentale appelé « logogène » qui contient les informations à la fois phonologiques, orthographiques, syntaxiques et sémantiques. Ces différentes
informations ont des effets cumulatifs de telle sorte que s’il y a suffisamment d’informations par exemple orthographiques alors un seuil de reconnaissance est
atteint et donc le mot est reconnu. Dans le modèle de Forster (1985), les voies d’accès au lexique sont dépendantes de la façon dont le mot est présenté. Les
caractéristiques du mot écrit vont donc permettre seules l’accès au lexique.
La 2ème hypothèse de la médiation phonologique, celle où l’on passerait nécessairement par une conversion phonologique pour accéder à la signification du mot, est validée empiriquement par le fait que les enfants apprennent à parler avant de savoir lire et donc s’appuieraient sur les processus connus de prononciation pour apprendre à écrire les mots.
Pourtant d’autres capacités comme celle de distinguer les homophones, qui ne peuvent se baser que sur l’orthographe du mot (et le contexte) et la capacité à lire
rapidement des mots irréguliers (oignon, écho….) (une fois l’apprentissage acquis) ont permis d’entrevoir une troisième hypothèse (qui associe les deux autres) dite des
deux voies (ou de la double voie) ou double accès. Elle postule donc que l’accès au lexique d’un mot écrit peut se faire de deux façons soit directement de son codage orthographique, soit via un codage phonologique (c’est à dire que l’accès à sa représentation sémantique passe par la prononciation du mot).
L’exemple de deux formes de dyslexie acquises (c’est à dire conséquente à une traumatisme) permet de valider l’existence de ces deux voies :
- la dyslexie dite de surface où les patients réussissent à prononcer des mots irréguliers (comme oignon) de la bonne façon alors qu’ils sont pourtant dyslexiques
montre que la voie directe du codage orthographique ne fonctionne plus ;
La dyslexie dite phonologique porterait au contraire sur une altération du codage phonologique puisqu’ils sont incapables de déchiffrer de nouveaux mots, de
nouveaux sons.

32
Q

Cochez uniquement les bonnes affirmations parmi les phrases suivantes (2 points)
 Un mot concret est sémantiquement moins riche qu’un mot abstrait
 Si les voisins orthographiques ont une fréquence d’usage moins importante que le mot à reconnaître alors on observe un ralentissement de son identification
 Des voisins orthographiques d’un mot correspondent à des mots qui ressemblent au mot mais qui différent d’une seule 1 lettre
 Des voisins orthographiques d’un mot correspondent à des mots qui sont proches du sens du mot
 Un mot concret est sémantiquement plus riche qu’un mot abstrait
 Si les voisins orthographiques ont une fréquence d’usage plus importante que le mot à reconnaître alors on observe un ralentissement de la reconnaissance du mot

A

 Un mot concret est sémantiquement moins riche qu’un mot abstrait&raquo_space;> NON
 Si les voisins orthographiques ont une fréquence d’usage moins importante que le mot à reconnaître alors on observe un ralentissement de son identification&raquo_space;> NON
x Des voisins orthographiques d’un mot correspondent à des mots qui ressemblent au mot mais qui différent d’une seule 1 lettre&raquo_space;> OUI
 Des voisins orthographiques d’un mot correspondent à des mots qui sont proches du sens du mot&raquo_space;> NON
x Un mot concret est sémantiquement plus riche qu’un mot abstrait&raquo_space;> OUI
x Si les voisins orthographiques ont une fréquence d’usage plus importante que le mot à reconnaître alors on observe un ralentissement de la reconnaissance du mot&raquo_space;> OUI

33
Q

Après avoir défini les termes de signifié et signifiant, expliquez les deux propositions (théories) qui expliquent comment l’enfant acquière le concept de catégorie.
(8 points)

A

Le signifiant correspond au son acoustique ou au signe conventionnel écrit lors de la production du mot alors que le signifié correspond au concept, à l’objet, au référent qui est associé au signifiant ; si j’écris ou prononce le mot « table », la succession des lettres t, a, b, l, e correspond au signifiant alors que la représentation mentale d’une table, le concept, la visualisation que personnellement j’associe à ce mot correspond au signifié. Le lien entre le signe linguistique et le concept est totalement arbitraire, il est appris à partir de conventions sociales.
Il existe pourtant des mots pour lesquels cette convention semble moins arbitraire voire analogique; c’est le cas notamment pour l’un des premiers apprentissages qui consiste à apprendre le cri des animaux : l’enfant va entendre le cri réel du chat, les parents font reformuler ce son « miaou », et l’enfant va alors utiliser le mot « miaou » pour désigner un chat. Progressivement, l’enfant va
apprendre à maitriser l’arbitraire des signes linguistiques.
A partir de ces apprentissages de mots, l’enfant va apprendre qu’un signifiant (le mot chat) peut recouvrir non seulement un référent unique (son chat réel) mais aussi une catégorie (le concept de chat) ; Deux hypothèses ont été élaborées afin de savoir
quels indices l’enfant prend en compte pour comprendre qu’un mot correspond à un unique référent ou qu’au contraire il correspond à une classe, à une catégorie.
Selon la théorie des traits sémantiques, élaborée par Clark (en 1973), l’enfant apprendrait un mot avec un ensemble d’unités minimales de sens, des traits
sémantiques ; ainsi, pour le mot chat, l’enfant apprend que son propre chat est désigné par ce mot chat mais aussi que ce mot est caractérisé par un ensemble de
traits qui peuvent être « animé » « 4 pattes » « poils » « miaule » « ronronne »… Ces traits sont acquis par l’enfant au fur et à mesure de ses apprentissages, en commençant par les traits les plus généraux, l’acquisition des traits spécifiques se faisant plus tardivement.
Ainsi les enfants, n’ayant encore acquis que des traits généraux, vont au début pratiquer la « surextension » et appeler «chat » tous les animaux à quatre pattes ou
ayant des poils, car ils possèdent des caractéristiques similaires. Les enfants peuvent aussi pratiquer la « sous-extension », c’est à dire réduire le sens du mot, en
inférant que « chat» ne représente que le sien. C’est au fil du temps, avec le développement, que les traits sémantiques sont acquis et combinés pour aboutir à
un lexique de plus en plus riche et de plus en plus précis.
La théorie des prototypes, élaborée par Rosch en 1973 : Les membres d’une catégorie sont définis par rapport à un « prototype », c’est à dire un élément qui représente le mieux la catégorie ; c’est le niveau de base de la catégorie, qui a le plus de caractères communs avec les autres exemplaires de la catégorie, tout en restant clairement distinct d’autres catégories. Selon cette théorie, l’enfant acquière en premier le concept prototypique d’une catégorie et ensuite avec le développement les exemplaires les moins typiques. Ainsi le prototype du fruit sera la pomme ; les niveaux sur-ordonné (fruit) et sous-ordonné (rainette du Canada) seront acquis plus tard.
Le développement du concept de catégorie sous-jacent au développement sémantique est un phénomène complexe qui est en continuelle évolution : l’enfant
tous les jours acquière de nouveaux mots pour lesquels il établit de nouvelles relations sémantiques.

34
Q

Décrivez le principe de la communication référentielle

5 points

A

La communication référentielle (Beaudichon, 1982) est une situation au cours de
laquelle deux personnes communiquent au sujet d’un objet donné (le référent). Cette
communication se manifeste par une attention conjointe des partenaires vers le
même objet.
Le principe de l’expérience consiste à faire communiquer verbalement des couples
d’enfants dans le cadre de la création d’un objet complexe tel qu’un puzzle en trois
dimensions. Un des enfants, au début novice, va être entraîné à la construction de
l’objet par un adulte expérimentateur. Puis la tâche consiste ensuite à ce que l’enfant
devenu expert, transmette à son tour son savoir à son pair. Les deux enfants étant
séparés par un écran, l’enfant devenu émetteur va devoir transmettre ses
instructions uniquement par le canal verbal afin de réaliser correctement l’objet en
question.
On déterminera ainsi la quantité d’information nécessaire permettant la construction
de l’objet ainsi que l’analyse des termes utilisés, l’adaptation du discours à
l’interlocuteur.

35
Q

Expliquez ce que signifient effet d’impasse, principe d’attachement minimal et principe de fermeture tardive
(8 points)

A

La compréhension des phrases implique bien plus qu’un simple accès à la signification de chaque mot. Il faut savoir intégrer les différentes significations pour
aboutir à la représentation mentale du sens de la phrase entière. Pour mieux comprendre ces processus intégratifs, de nombreux auteurs ont étudié la
compréhension des phrases ambigües transitoires. Et c’est au sein de ce type de phrases que l’effet d’impasse apparait : l’effet d’impasse va permettre d’évaluer
quelle interprétation a été faite par le sujet ; alors que le principe d’attachement minimal et celui de fermeture tardive rendent compte de l’interprétation qui a été
réellement faite par le sujet.
Dans la phrase ambigüe: « La femme repousse l’homme avec le parapluie », deux interprétations sont possibles.
a) Le parapluie peut être l’instrument utilisé par la femme (fonction de complément de moyen - parapluie complète le verbe)
b) Le parapluie peut être l’objet que possède l’homme et dans ce cas cela revient à dire : la femme repousse l’homme qui a un parapluie (parapluie est alors
complément du nom homme).
Pour savoir quelle interprétation est privilégiée par le lecteur, une méthode consiste à présenter successivement chacun des mots de la phrase ambiguë et de mesurer le temps de lecture de chaque mot puis d’ajouter à la fin de la phrase une suite de mots qui n’est compatible qu’avec l’une des deux interprétations possibles.
Ainsi si l’on rajoute « la femme repousse l’homme avec le parapluie en se servant d’une canne», et si le lecteur a pensé que le parapluie était l’instrument utilisé par la
femme (a) alors il sera gêné par ces derniers mots puisqu’ils ne sont pas compatibles avec sa première interprétation.
Cette gêne sera objectivable (c’est à dire mesurable) par un ralentissement de sa lecture. Ce ralentissement est appelé « effet d’impasse » (garden-path effect), car
le lecteur a d’abord l’impression d’une impasse dans la compréhension de la phrase, et il doit donc revenir sur une analyse qu’il a fait antérieurement (ce qui explique
l’allongement du temps de lecture).
De façon plus théorique, une explication en groupes grammaticaux c’est à dire qu’un article est suivi généralement par un nom (ce qui correspond au groupe nominal), un verbe est généralement suivi d’un groupe nominal (ce qui correspond au groupe verbal) … va favoriser la première interprétation (a). Cette explication classique fait référence au principe d’économie appelé principe d’attachement minimal, où le sujet adopterait l’interprétation qui correspond au plus petit nombre de
regroupements grammaticaux possibles (ici le mot parapluie complète le verbe (la femme repousse avec quoi le parapluie => forme traditionnelle groupe nominal +
groupe verbal)
Or pour certaines phrases ambigües, ce principe d’économie ne permet pas de savoir quelle interprétation va être privilégier et un second principe peut expliquer le
choix d’une interprétation particulière : Ainsi la phrase ambiguë « Pendant que le journaliste photographiait la fusée… » : Deux interprétations sont possibles (soit
« fusée » est le complément d’objet direct de « photographiait », soit la « fusée » est le sujet d’une 2ème proposition) et le principe d’attachement minimal ne suffit pas à expliquer le choix de l’une de ces deux interprétations (même nombre de groupe grammaticaux dans les deux interprétations). Alors le second principe celui de la fermeture tardive (ou clôture tardive) a été proposé: il consiste à penser que les sujets préfèrent relier le mot qu’ils lisent à la proposition en cours de construction ;
Cela revient à « fermer » au plus vite ce qu’ils sont en train de lire plutôt que d’attendre la prochaine proposition.
Ensuite, si la suite de la phrase produit une incohérence, alors on retrouvera un effet d’impasse qui à nouveau donnera lieu à une ré-analyse et la construction d’une
nouvelle structure d’interprétation : « Pendant que le journaliste photographiait la fusée… » : le principe de clôture tardive conduit à interpréter la fusée comme
complément d’objet direct de « photographiait ». Or si la suite de la phrase est « atterrissait sur Mars », l’application du principe de clôture tardive induit un effet
d’impasse, (allongement du temps de lecture) puis entraine une ré-analyse de la phrase.

36
Q

Expliquez les points forts de la perspective interactionniste sociale (Vygotski, Bruner)
(8 points)

A

La perspective interactionniste sociale met l’accent sur l’importance des interactions sociales au sein de la communication. Le langage sera utilisé pour communiquer, dans un but social, intentionnel, et comme moyen pour influencer autrui. Pour Vygotski (1925, 1934), la fonction essentielle du langage est la communication. Vygotski considère que le langage « est d’abord social et intersubjectif ». Il souligne l’importance des interactions sociales non seulement pour l’acquisition mais aussi pour le fonctionnement du langage.
Au sein de la perspective Vygostskienne, la communication est au centre : c’est la communication avec un interlocuteur plus expert qui permet à l’enfant d’acquérir de nouvelles connaissances. Il développe cette notion sous le terme de zone proximale de développement définie comme la différence entre le niveau de développement à un moment donné quand l’enfant est seul et le niveau de développement potentiel lorsqu’il est aidé, guidé par un adulte (ou toute personne plus experte que lui). La médiation exercée par l’expert, qui stimule, montre, aide, … est déterminante pour le
développement de l’enfant. L’enfant apprend à travers les interactions avec son entourage. La communication est essentielle pour le développement : c’est un outil
majeur de socialisation et d’acquisition.
C’est l’adulte qui dans l’interaction avec l’enfant donne une signification aux productions de l’enfant. C’est ce que Vygotski appelle la phase inter-psychologique :
élaboration par les deux partenaires d’un code commun. Ensuite, au cours du développement, la contribution de l’adulte se fait progressivement moins importante
au bénéfice de la contribution de l’enfant constituant une intériorisation des activités, une auto-régulation : l’enfant va utiliser ce code pour lui-même. C’est la phase intrapsychologique.
Ainsi le langage, avant de devenir intra-psychologique a d’abord été construit dans une phase inter-psychologique avec un interlocuteur.
Plus tard, à partir de ces 3 concepts, Bruner (1983) les enrichira avec les notions de relation d’aide, d’étayage, de ritualisation, qui permettent d’expliquer les comportements communicatifs des enfants. Il a étudié le développement de la communication en particulier dans des situations structurées entre la mère et
l’enfant. Il a ainsi introduit le concept de format d’interaction définit comme la structure de base d’un échange social prototypique. Il s’agit des invariants que l’on retrouve dans les différents jeux de routines : jeu du coucou le voilà, jouer à cheval,
dénommer des images …. L’enfant y interagit avec des sourires, des regards, des mimiques et des vocalisations. Une des caractéristiques du format étant sa
répétition (l’enfant joue fréquemment avec sa mère), il sera intégré en tant que sous-routines dans des routines, des scénarios plus larges.
A la fin de la 1ère année, l’enfant peut exprimer ses intentions communicatives à travers un système de gestes et de vocalisations au sein d’échanges communicatifs structurés avec un adulte ou un pair.
Cela constitue pour Bruner, la base de l’acquisition du langage mais également le socle indispensable pour ses futures relations interpersonnelles.

37
Q

Les effets de contexte sur l’accès à la signification ont été étudiés dans le cas des mots ambigus. Expliquez.
(6 points)

A

L’ensemble de représentations des mots de la langue maternelle se trouve schématiquement réunis dans un lexique. Afin de mieux comprendre cette organisation sémantique des informations au sein du lexique, de nombreuses études ont étudié les effets de contexte dans l’accès au sens.
Ces effets du contexte ont été étudiés dans le cas des mots ambigus avec la technique de la procédure d’amorçage. Cette technique consiste généralement à
présenter un mot cible et le sujet doit dire si ce mot appartient ou non à la langue française (tache de décision lexicale). Ce mot cible est précédé d’un mot amorce
(visible ou non consciemment par le sujet).
Pour étudier l’influence des effets du contexte, les auteurs ont utilisé comme amorce des mots ambigus :
Cette ambiguïté peut avoir deux origines:
- elle peut provenir de son caractère polysémique (plusieurs sens) : le mot ‘lentilles’ signifie soit la légumineuse soit des verres correcteurs ; ils partagent de
plus des caractéristiques sémantiques communes ici la forme ronde de l’objet.
- elle peut venir d’une homonymie c’est à dire lorsque deux mots se prononcent de la même manière mais diffèrent par leur sens, comme le mot ‘cafard’
qui signifie à la fois un insecte et un état mélancolique.
Quand le sujet est confronté au mot amorce ambigu, a t-il accès à toutes les significations de ce mot ambigu ? Ou bien a t-il seulement accès à l’acceptation la
plus fréquente ? Le contexte a t-il un rôle dans l’accès à l’un ou l’autre sens du mot ambigu et à quel moment ?`
Pour répondre à cette dernière interrogation, on place l’amorce dans une phrase qui induit son sens (‘sur le mur filait un cafard’) et le mot cible est l’une ou l’autre des acceptions (c’est à dire insecte ou mélancolie). Alors si l’effet de contexte joue, on s’attend à ce que la reconnaissance du mot cible en accord avec ce sens va être plus rapide que lorsque la cible est en désaccord avec ce sens contextuel induit, comparé à une situation contrôle, où la cible est précédée d’une amorce neutre.
Ainsi plus généralement en présence d’un mot ambigu, les auteurs postulent que l’on active tout de suite lors d’une étape très courte, de l’ordre de 250 ms, toutes les
interprétations du mot ambigu. Si ce mot ambigu est présenté seul alors c’est l’acception la plus fréquente (la plus utilisée) qui est activée; Si ce mot ambigu est présenté en contexte, alors le sujet sélectionnera l’interprétation compatible avec le contexte (en mettant un peu plus de temps).

38
Q

Expliciter les méthodes pour étudier la production et la
compréhension du langage chez l’enfant
(8 points)

A

L’étude du développement du langage (et plus largement de la communication) s’effectue par des méthodes multiples et variées. Elles varient en fonction de l’âge des enfants et en fonction de ce que l’on cherche à étudier : la compréhension ou la production du langage.
De façon générale, il existe des méthodes d’observation en milieu naturel ou des méthodes dites expérimentales (en laboratoire), méthodes qui peuvent être complémentaires (cf. ci dessous**)
Pour l’étude de la compréhension chez l’enfant, une des méthodes fréquentes consiste à présenter un stimulus oral et à demander à l’enfant de répondre par un comportement moteur ou verbal. On code ses réponses
grâce à une grille de dépouillement adaptée. On tente alors d’inférer les étapes cognitives nécessaires pour parvenir à cette réponse.
Pour l’étude de la production langagière chez l’enfant, une des méthodes est d’enregistrer en situation naturelle les émissions verbales, soit dans la famille ou dans les lieux de vie comme la crèche ou l’école, que l’on va ensuite analyser selon certaines règles spécifiques.
Ces méthodes varient surtout en fonction de l’âge de l’enfant :
- Dans la période dite de petite enfance c’est à dire avant 2 ans, les méthodes sont indirectes. La méthode d’habituation permet notamment de savoir si l’enfant discrimine entre deux stimulus ; par exemple, on l’utilise pour savoir si le bébé distingue les sons de parole (compréhension du langage) :
elle consiste à présenter un stimulus (le son « ba ») de façon répétée jusqu’à obtenir une diminution par exemple du rythme de la succion. Cette 1ère
phase (où le sujet montre une diminution d’un indice choisi de son comportement) est appelée phénomène d’habituation. Ensuite on présente un nouveau stimulus (par ex. un nouveau son : le son « pa ») et on note si
celui-ci produit un changement dans le rythme de succion : ce phénomène est appelé réaction à la nouveauté. On considère que le changement de
réaction du bébé nous prouve qu’il a perçu une différence entre les deux stimuli (qu’il fait la différence entre les deux sons). On peut utiliser d’autres
indices du comportement comme la durée de fixation visuelle, la rotation de la tête…
- Dans la période entre 8 mois à 3 ans : on peut commencer à étudier la production du langage avec une méthode indirecte de questionnaires
standardisés adressés aux parents à propos du langage de leur enfant : questions portant sur le compréhension du langage de leur bébé entre 8 et 16 mois ainsi que des questions sur la production de mots un peu plus tard
entre 16-18 mois. Ce questionnaire est appelé Mac Arthur Communicative
Development Inventories (Fenson et al., 1993).
- A partir de 12 mois, des méthodes directes sont disponibles avec notamment le Mean Length Uterance MLU (Brown, 1973) qui mesure la plus
petite unité porteuse de sens que le bébé est capable de produire (le nombre de morphèmes). Par exemple, la production enfantine « font dodo »
correspond ainsi à 2 mots mais à 3 morphèmes (car on comptabilise du point de vue du sens, l’idée de pluriel « font »).
De plus, un système informatisé Child Language Data Exchange System (CHILDES) (Mac Whinney, 2003) est un outil qui enregistre les productions, les décode et aide à l’analyse (nombre de mots, nombre de tours de parole, occurrence des mots…) et qui permet, via internet, de mettre en commun les différentes productions des chercheurs.
- A partir de 3 ans, à la fois des tests standardisés et des tâches
expérimentales peuvent être utilisés :
La plupart d’entre eux comme le WISC (Wechsler Intelligence Scale for
Children, (Wechsler, 1991, 1996) et le K-ABC (Kaufman et Kaufman, 1993) comprennent des items verbaux permettant d’évaluer le niveau de production et de compréhension du langage. L’ECOSSE, Epreuve de
COmpréhension Syntaxico-Sémantique de Lecoq (1996), est un test qui comprend une épreuve de vocabulaire, une épreuve de compréhension et une épreuve de vérification de vocabulaire. Tous les aspects du langage sont donc mesurés : aspect phonologique, morphosyntaxique, sémantique, lexical
et pragmatique.
**Les tâches expérimentales permettent de “simuler” des situations réelles à l’aide de jouets (poupée, animaux en plastique…). On demande à l’enfant,
par exemple, s’il y a correspondance avec une phrase prononcée et la situation visuelle présentée grâce à des jouets : « le chien est derrière la voiture ». Ce type de tâches permet l’étude plus approfondie de la
compréhension du langage dans ses aspects structuraux comme l’étude de la compréhension de la voix passive, celle des propositions relatives en qui ou en que…
Des épreuves de complètement d’histoires permettent d’évaluer également la compréhension des actes de langage (comme les demandes et les promesses).
Des techniques nouvelles permettent d’enregistrer non plus le comportement mais le décours temporel de l’activité cérébrale lors du traitement du langage (lors de production de mots et de compréhension …). La technique des Potentiels évoqués permet d’enregistrer l’activité électrique cérébrale lors du traitement du langage de façon non invasive puisqu’il suffit qu’un casque muni d’électrodes. En revanche l’imagerie cérébrale fonctionnelle permet de déterminer, via la circulation sanguine cérébrale, les zones cérébrales impliquées durant des activités linguistiques. Cette dernière technique étant beaucoup plus contraignante et est donc soumise au contrôle médical.

39
Q

Pour accéder à la reconnaissance d’un mot, des caractéristiques à la fois d’ordre phonologiques, d’ordre orthographiques mais aussi d’ordre sémantiques interviennent. Quelles sont les 3 caractéristiques, liées au sens du mot (signifiant) qui influencent sa reconnaissance?
(8 points)

A

Trois caractéristiques, liées au sens du mot, la fréquence d’usage, l’âge d’acquisition et le voisinage orthographique des mots influencent sa reconnaissance :
1) La fréquence d’usage de mots se définit par le nombre de fois où un mot apparaît dans une base de données : en compilant via des logiciels spécialisés, un nombre important d’ouvrages, de journaux etc… on va pouvoir définir le nombre de fois où apparaît chacun des mots. Plus le mot est utilisé dans cette base de données, plus il a une fréquence d’usage élevé.
Ainsi un mot fréquent sera plus rapidement identifié (temps de réponse plus rapide) qu’un mot de fréquence d’usage moyenne ou faible.
On observe donc un effet facilitateur dû à la fréquence d’usage lors de la reconnaissance d’un mot.
2) L’âge d’acquisition des mots : Il existe des normes qui précisent l’âge d’acquisition de chaque mot. L’âge d’acquisition a une influence sur la vitesse d’identification des mots à l’âge adulte : Plus un mot est acquis tôt,
plus sa vitesse d’identification est rapide.
De plus, il existe une interaction avec la fréquence d’usage (Morrison et Ellis, 1995). En effet, de façon générale, les mots fréquents sont acquis précocement mais il existe pourtant des mots rares (exemple le mot « sorcière ») qui peuvent eux aussi être acquis de façon très précoce. Si l’on contrôle la fréquence d’usage (deux mots de même fréquence) alors l’effet de l’âge d’acquisition joue son rôle. En revanche deux mots
acquis en même temps (âge d’acquisition contrôlé) alors l’effet de fréquence disparaît (ce qui peut apparaître comme moins logique).
3) Enfin la troisième caractéristique est le voisinage orthographique des mots : On définit des voisins orthographiques en spécifiant qu’il s’agit de
mots partageant le même nombre de lettres sauf une ; Exemples : Base bise buse bave vase…
L’hypothèse selon laquelle plus un mot a des voisins orthographiques, plus la reconnaissance prend du temps, a été enrichi par des résultats expérimentaux. Il a été démontré que si le mot était fréquent, le nombre
de ses voisins orthographiques importait peu. Par contre, si les voisins ont une fréquence d’usage plus grande que le mot à reconnaître, on constate effectivement un ralentissement dans la reconnaissance du mot. (Cela s’explique notamment par le fait que l’on active en premier dans notre lexique mental, les mots les plus fréquents).

40
Q

Expliquez ce qu’est la grammaire pivot ?

4 points

A

La production des premiers mots a lieu en moyenne autour d’un an. Vers la fin de la seconde année, deux mots puis plusieurs mots vont être combinés. A partir du moment où l’enfant prononce deux mots (langage dit
télégraphique), le problème de l’ordre des mots apparaît.
Cette organisation de l’ordre des mots définit ce que l’on appelle la syntaxe.
Vers deux ans, la grammaire est dite pivot (Braine, 1963) c’est à dire que peu de mots pour certains enfants sont dit pivots (P) et d’autres plus nombreux sont dit ouverts (O) ; Pour certains enfants les mots Pivots seront toujours
produits à la même position : exemple « encore bonbon » « encore banane » ;
Ces 2 exemples d’énoncés sont sous la forme (P) + (O) ; où le mot encore est le pivot (P) et les mots bonbon / banane sont des mots ouverts (O). D’autres
enfants pourront adopter l’autre forme c’est à dire O + P exemple « auto à moi » « bonbon à moi » où l’expression « à moi » constitue le mot pivot.
Cette étape de la grammaire Pivot est universelle, cela signifie qu’elle existe chez tous les enfants de toutes les langues mais elle est ensuite abandonnée car elle ne permet pas de progression en raison d’une non-correspondance par rapport aux règles syntaxiques.

41
Q

Explicitez les trois modèles théoriques actuels de reconnaissance des mots
(10 points)

A

L’ensemble des auteurs s’accorde pour dire que les mots sont stockés (dans la tête de l’individu) sous forme d’un lexique mental où chaque mot est représenté avec ses informations d’ordre phonologique (comment le mot se prononce), orthographique (comment il s’écrit), syntaxique (les relations grammaticales qu’il entretient avec les autres mots)… et sémantique (le sens du mot).
La reconnaissance du mot (présenté auditivement ou visuellement) correspond à l’accès à ce lexique mental permettant l’activation de ces différentes informations. Différents modèles proposent des hypothèses quant à l’organisation de ce lexique ainsi que l’influence mutuelle de ces différentes informations.
1) Le Modèle de Morton (1970) :
Ce modèle rend compte à la fois du traitement d’un mot écrit ou entendu. Chaque mot est représenté sous forme de logogène contenant des informations à la fois orthographiques, morphologiques, syntaxiques et sémantiques (modèle localiste). Ce logogène fonctionne comme un compteur puisqu’il faut qu’un certain seuil d’activation soit atteint pour que le mot soit reconnu. Plus il y a d’informations concordantes, plus vite l’activation (et donc la reconnaissance) s’effectuera.
Le contexte va également aider à l’identification du mot : le modèle est alors dit interactif puisque les informations sémantiques apportées par le contexte vont restreindre le nombre de mots-candidats possibles. (Elle s’est coiffé avec un …).
En plus, chaque logogène possède son propre seuil d’activation qui dépend notamment de ses propres caractéristiques comme par exemple la fréquence d’usage: plus un mot est fréquent, plus son seuil d’activation est bas. (La fréquence d’usage correspondant au nombre de fois où un mot apparaît dans un ensemble de données).
Au cours du temps, si un mot est répété alors son activation va diminuer et donc sa reconnaissance en est facilitée.
2) Le Modèle de Foster (1985):
Ce modèle s’applique, également, à la fois pour le traitement d’un mot écrit ou entendu (visuel et auditif). Chaque mot possède sa représentation dans le lexique mental (modèle localiste). Sa particularité est de postuler que les voies d’accès au lexique mental sont sensibles seulement aux caractéristiques de forme des mots comme la fréquence d’usage et le nombre de voisins orthographiques : tous les mots fréquents sont activés en premier, et plus un mot a de voisins orthographiques (mot partageant le même nombre de lettres sauf une), moins il sera activé.
Les informations d’ordre sémantiques ne seront utilisées que dans un second temps ; c’est cet aspect qui le rend non interactif (pas d’interaction entre les différents types d’informations).
3) Le Modèle connexionniste de Seidenberg et McClelland (1989):
Selon cette perspective, un mot n’est plus associé à une seule représentation mais au contraire chaque représentation se trouve distribuée sur un ensemble de traits (modèle non localiste). Il faut une activation conjointe, un pattern d’activation sur un certain nombre de traits pour qu’un mot-candidat émerge. Ainsi le sens d’un mot apparaît grâce à l’activation, à l’interaction de traits phonologiques, orthographiques et sémantiques (modèle interactif) ; Par exemple, des informations orthographiques (« vert ») renseigne sur le sens du mot (ici la couleur) mais également le sens du mot (pantoufle de vair (en fourrure)) renseigne sur son orthographe.
Le phénomène de restauration phonémique illustre cette perspective connexionniste : si l’on fait entendre un mot dont on a supprimé un phonème via un ordinateur (synthèse vocale), le sujet va pourtant identifié correctement ce mot et entendre le phonème manquant. Il y aura eu activation des différents traits (interaction entre le sens du mot et la façon dont il se prononce) pour aboutir au seul mot possible (avec le son manquant).

42
Q

Pourquoi la période de production des mots isolés est également appelée holophrastique ?
(4 points).

A

Après la phase non verbale de la 1ère année de la vie, les enfants entrent dans une seconde phase dite de la « production d’un mot ». Elle se situe en général entre 9 et 18 mois. La caractéristique de cette période est la production de mots isolés comme « papa », « maman », « pati » (pour « partir ») souvent constitués de deux syllabes simples.
Ces « mots » sont interprétés par l’entourage de l’enfant, notamment les adultes comme étant de véritables phrases. Et c’est à partir de la situation de communication, plus précisément du contexte, que ces premières productions prennent donc un sens.
Le qualificatif de « holophrastique » signifie que l’on comprend un mot comme ayant une entité globale (du grec « holos » qui signifie « entier »).
Un mot isolé peut alors déjà servir à de nombreuses fonctions comme celle de désigner, de posséder… Ainsi par exemple, le mot isolé « Papa » peut vouloir dire « c’est la voiture de mon papa », « c’est mon papa » selon le contexte.

43
Q

Après avoir défini ce qu’est la pragmatique du langage, donnez les 6 fonctions communicatives des productions verbales et non verbales chez l’enfant entre 9 et 22 mois et demi (cf. Halliday, 1975)
(6 points)

A

La pragmatique est une perspective récente en psychologie du développement qui s’intéresse à l’usage du langage. Cette perspective a pour objectif de définir et d’étudier l’utilisation du langage, son rapport à l’énoncé, son décalage entre ce qui est dit et ce qui doit être compris ; cela correspond à l’étude du langage dans son contexte et en fonction de ses utilisateurs.
Concrètement, la pragmatique étudie le décalage entre ce qui est dit
(signification littérale) et ce qui est signifié (signification transmise). L’exemple de l’étude des métaphores illustre bien ce décalage : l’expression « C’est un âne » ne peut être bien compris qu’en situation c’est à dire grâce au contexte (visite d’une ferme ou à l’école). C’est également le cas pour l’étude des expressions ironiques…
Cette perspective met également l’accent sur l’importance de l’aspect communicatif, c’est à dire d’une conduite volontairement adressée à quelqu’un avec l’intention d’obtenir un effet. L’étude de l’acquisition des règles de politesse, diverses règles liées à la culture …font donc partie de la pragmatique du langage.
Ces aspects communicatifs ont été mis en évidence par de nombreux auteurs (Halliday, 1975). Notamment l’étude des productions verbales et non verbales chez un enfant âgé entre 9 et 22 mois et demi ont permis de définir 6 fonctions communicatives :
1. La fonction instrumentale lorsque l’enfant souhaite d’obtenir quelque chose de son parent, de son interlocuteur.
2. La fonction régulatoire qui vise au contrôle du comportement d’autrui.
3. La fonction interactionnelle se voit lorsque l’enfant entre en contact avec les autres au moyen de saluts (dire bonjour), via des formules de politesse…plus simplement d’échanges de regards.
4. La fonction personnelle s’utilise pour communiquer sur sa propre personne : ses propres intérêts, sa satisfaction personnelle…
5. La fonction heuristique en vue d’améliorer ses connaissances, son savoir.
6. La fonction imaginative pour exprimer sa propre sa vision du monde.
Ces différentes fonctions permettent à l’enfant d’entrer véritablement en communication avec autrui et représentent les différents « ingrédients » nécessaires à la communication.

44
Q

Décrivez l’évolution de la compréhension des phrases à la forme active et à la forme passive chez les enfants ainsi que celles des phrases relatives en « qui » ou en « que » (9 points)

A

Un certain nombre de recherches se sont intéressées à la compréhension des phrases actives et passives. Dans la langue française, une phrase à la forme active suit un ordre canonique agent-action-patient (SVO), c’est à dire qu’apparaît en premier celui qui fait l’action (le Sujet), puis le verbe spécifiant l’action (V) et enfin celui sur lequel porte l’action (l’Objet). Au contraire, les phrases passives ne respectent pas cet ordre canonique. L’ordre inversé patient-action-agent (OVS) rend ces phrases plus complexes et donc plus difficiles à comprendre chez les enfants.
Dans une étude menée par Bever en 1970, on constate que la compréhension des phrases passives non réversibles est réalisée plus précocement que celles des phrases passives réversibles. En effet, les phrases sont réversibles lorsque l’inversion de l’agent et du patient correspond à une phrase sémantiquement acceptable et elles sont dites non réversibles lorsque cette inversion est impossible sur le plan sémantique.
Ainsi par exemple :
Phrase passive réversible : “Paul est frappé par Pierre” - On peut également dire “Pierre est frappé par Paul” (cela peut avoir du sens)
Phrase passive non réversible : “Le lait est bu par le bébé” - On ne peut pas dire “Le bébé est bu par le lait” (sémantiquement incorrecte) ; Ainsi ces phrases n’ayant qu’un seul sens possible, elles sont donc comprises plus tôt au cours du développement.
Un autre problème porte sur la compréhension des phrases relatives en « qui » ou « que ». Les phrases utilisant le pronom relatif « qui » n’altérant pas l’ordre canonique : c’est toujours le 1er membre de la phrase qui est le sujet de l’action : « le bébé qui boit le lait »; Ainsi, ce type de phrases qu’elles soient réversibles (Paul qui frappe Pierre) ou non réversibles (le bébé qui boit le lait), ne pose pas plus de problème que la compréhension des phrases actives. Elle se situe donc autour de 3 ans 7 mois et 4 ans 8 mois.
En revanche, concernant les phrases relatives en « que », l’ordre canonique est modifié : apparaît en premier celui sur lequel porte l’action, puis le verbe et enfin le sujet qui réalise l’action (OVS). De ce fait et de la même façon que pour les phrases passives, la compréhension de ces relatives en « que » diffèrent en fonction de leur réversibilité. Elle se fait vers 3 ans et 7 mois pour les phrases non réversibles – le lait que boit le bébé - et beaucoup plus tard vers 10 ans et 6 mois en ce qui concerne les phrases réversibles - Le président que salue la foule -.En effet, les enfants se basant pour comprendre ce type de phrases sur l’ordre canonique, en font alors une interprétation erronée.
Nous devons cependant relativiser certaines données en fonction de l’environnement culturel. Ainsi par exemple, dans certaines langues non indo-européennes, la forme passive est très fréquente. Elle peut être comprise dès l’âge de 2 ans.

45
Q

Décrivez le principe de la communication référentielle

5 points

A

La communication référentielle (Beaudichon, 1982) est une situation au cours de laquelle deux personnes communiquent au sujet d’un objet donné (le référent).
Cette communication se manifeste par une attention conjointe des partenaires vers le même objet.
Le principe de l’expérience (Beaudichon, 1982) consiste à faire communiquer verbalement des couples d’enfants dans le cadre de la création d’un objet complexe
tel qu’un puzzle en trois dimensions. Un des enfants, au début novice, va être entraîné à la construction de l’objet par un adulte expérimentateur. Puis la tache consiste ensuite à ce que l’enfant devenu expert, transmette à son tour son savoir à un pair. Les deux enfants étant séparés par un écran, l’enfant devenu émetteur va devoir transmettre ses instructions uniquement par le canal verbal afin de faire réaliser correctement à son camarade l’objet en question.
On déterminera ainsi la quantité d’information nécessaire permettant la construction de l’objet ainsi que l’analyse des termes utilisés, l’adaptation du discours à l’interlocuteur.

46
Q

Quelles sont les deux propositions qui expliquent l’apprentissage des concepts catégoriels ?
(6 points)

A

Deux conceptions tentent d’expliquer l’apprentissage des concepts catégoriels chez l’enfant :
- La théorie des traits sémantiques, élaborée par Clark en 1973 : chaque mot est défini par un ensemble d’unités minimales de sens, des traits sémantiques ; ainsi, pour le mot chat, ces traits peuvent être « animé » « 4 pattes » « poils » « miaule » « ronronne ». Ces traits sont acquis par l’enfant au fur et à mesure de ses apprentissages, en commençant par les traits les plus généraux, l’acquisition des traits spécifiques se faisant plus tard.
Ainsi les enfants, n’ayant encore acquis que des traits généraux, vont au début pratiquer la « sur-extension » et appeler ‘chat’ tous les animaux à quatre pattes. Ils peuvent aussi pratiquer la « sous-extension », réduire le sens du mot, en inférant que ‘chat’ ne représente que le sien. C’est au fil du temps que les traits sémantiques sont acquis et combinés pour aboutir à un vocabulaire
de plus en plus riche.
- La théorie des prototypes, élaborée par Rosch en 1978 : les membres d’une catégorie sont définis par rapport à un « prototype », qui représente le mieux la catégorie ; c’est le niveau de base de la catégorie, qui a le plus de
caractères communs avec les autres exemplaires de la catégorie, tout en restant clairement distinct d’autres catégories. C’est le prototype qui est acquis d’abord, avant les exemplaires moins typiques.
Ainsi le prototype du fruit sera la pomme ; les niveaux sur-ordonnés (fruit) ou sous-ordonnés (rainette du Canada) seront acquis plus tard.