DEVOIR 2_2014 Flashcards

1
Q
Question 1 (8 points) 
Expliciter les méthodes pour étudier la production et la compréhension du langage chez l’enfant
A

L’étude du développement du langage (et plus largement de la communication) s’effectue par des méthodes multiples et variées. Elles varient en fonction de l’âge des enfants et en fonction de ce que l’on cherche à étudier : la compréhension ou la production du langage.
De façon générale, il existe des méthodes d’observation en milieu naturel ou des méthodes dites expérimentales (en laboratoire), méthodes qui peuvent être complémentaires (cf. ci dessous**)
Pour l’étude de la compréhension chez l’enfant, une des méthodes fréquentes consiste à présenter un stimulus oral et à demander à l’enfant de répondre par un comportement moteur ou verbal. On code ses réponses grâce à une grille de dépouillement adaptée. On tente alors d’inférer les étapes cognitives nécessaires pour parvenir à cette réponse.
Pour l’étude de la production langagière chez l’enfant, une des méthodes est d’enregistrer en situation naturelle les émissions verbales, soit dans la famille ou dans les lieux de vie comme la crèche ou l’école, que l’on va ensuite analyser selon certaines règles spécifiques.
Ces méthodes varient surtout en fonction de l’âge de l’enfant :
- Dans la période dite de petite enfance c’est à dire avant 2 ans, les méthodes sont indirectes. La méthode d’habituation permet notamment de savoir si l’enfant discrimine entre deux stimulus ; par exemple, on l’utilise pour savoir si le bébé distingue les sons de parole (compréhension du langage) : elle consiste à présenter un stimulus (le son « ba ») de façon répétée jusqu’à obtenir une diminution par exemple du rythme de la succion. Cette 1ère phase (où le sujet montre une diminution d’un indice choisi de son comportement) est appelée phénomène d’habituation. Ensuite on présente un nouveau stimulus (par ex. un nouveau son : le son « pa ») et on note si celui-ci produit un changement dans le rythme de succion : ce phénomène est appelé réaction à la nouveauté. On considère que le changement de réaction du bébé nous prouve qu’il a perçu une différence entre les deux stimuli (qu’il fait la différence entre les deux sons). On peut utiliser d’autres indices du comportement comme la durée de fixation visuelle, la rotation de la tête…
- Dans la période entre 8 mois à 3 ans : on peut commencer à étudier la production du langage avec une méthode indirecte de questionnaires standardisés adressés aux parents à propos du langage de leur enfant : questions portant sur le compréhension du langage de leur bébé entre 8 et 16 mois ainsi que des questions sur la production de mots un peu plus tard entre 16-18 mois. Ce questionnaire est appelé Mac Arthur Communicative Development Inventories (Fenson et al., 1993).
- A partir de 12 mois, des méthodes directes sont disponibles avec notamment le Mean Length Uterance MLU (Brown, 1973) qui mesure la plus petite unité porteuse de sens que le bébé est capable de produire (le nombre de morphèmes). Par exemple, la production enfantine « font dodo » correspond ainsi à 2 mots mais à 3 morphèmes (car on comptabilise du point de vue du sens, l’idée de pluriel « font »).
De plus, un système informatisé Child Language Data Exchange System (CHILDES) (Mac Whinney, 2003) est un outil qui enregistre les productions, les décode et aide à l’analyse (nombre de mots, nombre de tours de parole, occurrence des mots…) et qui permet, via internet, de mettre en commun les différentes productions des chercheurs.
- A partir de 3 ans, à la fois des tests standardisés et des tâches expérimentales peuvent être utilisés :
La plupart d’entre eux comme le WISC (Wechsler Intelligence Scale for Children, (Wechsler, 1991, 1996) et le K-ABC (Kaufman et Kaufman, 1993) comprennent des items verbaux permettant d’évaluer le niveau de production et de compréhension du langage. L’ECOSSE, Epreuve de COmpréhension Syntaxico-Sémantique de Lecoq (1996), est un test qui comprend une épreuve de vocabulaire, une épreuve de compréhension et une épreuve de vérification de vocabulaire. Tous les aspects du langage sont donc mesurés : aspect phonologique, morphosyntaxique, sémantique, lexical et pragmatique.
**Les tâches expérimentales permettent de “simuler” des situations réelles à l’aide de jouets (poupée, animaux en plastique…). On demande à l’enfant, par exemple, s’il y a correspondance avec une phrase prononcée et la situation visuelle présentée grâce à des jouets : « le chien est derrière la voiture ». Ce type de tâches permet l’étude plus approfondie de la compréhension du langage dans ses aspects structuraux comme l’étude de la compréhension de la voix passive, celle des propositions relatives en qui ou en que…
Des épreuves de complètement d’histoires permettent d’évaluer également la compréhension des actes de langage (comme les demandes et les promesses).
Des techniques nouvelles permettent d’enregistrer non plus le comportement mais le décours temporel de l’activité cérébrale lors du traitement du langage (lors de production de mots et de compréhension …). La technique des Potentiels évoqués permet d’enregistrer l’activité électrique cérébrale lors du traitement du langage de façon non invasive puisqu’il suffit qu’un casque muni d’électrodes. En revanche l’imagerie cérébrale fonctionnelle permet de déterminer, via la circulation sanguine cérébrale, les zones cérébrales impliquées durant des activités linguistiques. Cette dernière technique étant beaucoup plus contraignante et est donc soumise au contrôle médical.

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Q
Question 2 (8 points) 
Pour accéder à la reconnaissance d’un mot, des caractéristiques à la fois d’ordre phonologiques, d’ordre orthographiques mais aussi d’ordre sémantiques interviennent. 
Quelles sont les 3 caractéristiques, liées au sens du mot (signifiant) qui influencent sa reconnaissance ?
A

Trois caractéristiques, liées au sens du mot, la fréquence d’usage, l’âge d’acquisition et le voisinage orthographique des mots influencent sa reconnaissance :
La fréquence d’usage de mots se définit par le nombre de fois où un mot apparaît dans une base de données : en compilant via des logiciels spécialisés, un nombre important d’ouvrages, de journaux etc… on va pouvoir définir le nombre de fois où apparaît chacun des mots. Plus le mot est utilisé dans cette base de données, plus il a une fréquence d’usage élevé.
Ainsi un mot fréquent sera plus rapidement identifié (temps de réponse plus rapide) qu’un mot de fréquence d’usage moyenne ou faible. On observe donc un effet facilitateur dû à la fréquence d’usage lors de la reconnaissance d’un mot.
L’âge d’acquisition des mots : Il existe des normes qui précisent l’âge d’acquisition de chaque mot. L’âge d’acquisition a une influence sur la vitesse d’identification des mots à l’âge adulte : Plus un mot est acquis tôt, plus sa vitesse d’identification est rapide.
De plus, il existe une interaction avec la fréquence d’usage (Morrison et Ellis, 1995). En effet, de façon générale, les mots fréquents sont acquis précocement mais il existe pourtant des mots rares (exemple le mot « sorcière ») qui peuvent eux aussi être acquis de façon très précoce. Si l’on contrôle la fréquence d’usage (deux mots de même fréquence) alors l’effet de l’âge d’acquisition joue son rôle. En revanche deux mots acquis en même temps (âge d’acquisition contrôlé) alors l’effet de fréquence disparaît (ce qui peut apparaître comme moins logique).
Enfin la troisième caractéristique est le voisinage orthographique des mots : On définit des voisins orthographiques en spécifiant qu’il s’agit de mots partageant le même nombre de lettres sauf une ; Exemples : Base bise buse bave vase…
L’hypothèse selon laquelle plus un mot a des voisins orthographiques, plus la reconnaissance prend du temps, a été enrichi par des résultats expérimentaux. Il a été démontré que si le mot était fréquent, le nombre de ses voisins orthographiques importait peu. Par contre, si les voisins ont une fréquence d’usage plus grande que le mot à reconnaître, on constate effectivement un ralentissement dans la reconnaissance du mot. (Cela s’explique notamment par le fait que l’on active en premier dans notre lexique mental, les mots les plus fréquents).

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3
Q
Question 3 (4 points)
Expliquez ce qu’est la grammaire pivot.
A

La production des premiers mots a lieu en moyenne autour d’un an. Vers la fin de la seconde année, deux mots puis plusieurs mots vont être combinés. A partir du moment où l’enfant prononce deux mots (langage dit télégraphique), le problème de l’ordre des mots apparaît.
Cette organisation de l’ordre des mots définit ce que l’on appelle la syntaxe. Vers deux ans, la grammaire est dite pivot (Braine, 1963) c’est à dire que peu de mots pour certains enfants sont dit pivots (P) et d’autres plus nombreux sont dit ouverts (O) ; Pour certains enfants les mots Pivots seront toujours produits à la même position : exemple « encore bonbon » « encore banane » ; ces 2 exemples d’énoncés sont sous la forme (P) + (O) ; où le mot encore est le pivot (P) et les mots bonbon / banane sont des mots ouverts (O). D’autres enfants pourront adopter l’autre forme c’est à dire O + P exemple « auto à moi » « bonbon à moi » où l’expression « à moi » constitue le mot pivot. Cette étape de la grammaire Pivot est universelle, cela signifie qu’elle existe chez tous les enfants de toutes les langues mais elle est ensuite abandonnée car elle ne permet pas de progression en raison d’une non-correspondance par rapport aux règles syntaxiques.

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