Cours 8 - Acquisition de la syntaxe Flashcards
Quelles sont les notions de syntaxe de base?
- Les phrases ne sont pas des séquences linéaires de mots : elles ont une structure interne
- Des mots peuvent être rassemblés pour constituer des structures plus grandes que les mots : les syntagmes (ou groupe syntaxique)
o Syntagme = groupe (syntaxique) - Les syntagmes sont composés d’éléments qui ont une catégorie syntaxique
o Lexicale : nom, verbe, adjectif, adverbe, (préposition)
o Fonctionnelle : déterminant, auxiliaire, complémenteur - Les syntagmes ont aussi une catégorie : celle de la tête du syntagme
- La construction des syntagmes s’effectue avec l’opération Fusion
- Cette opération prend deux éléments et en construit un syntagme : branchement binaire. P.ex., Mes amis vont regarder ce film : SD D le et SN/N film
- Les résultats de l’application de Fusion est une structure hiérarchique
- Comme Fusion s’applique sur l’output précédemment créé, elle est une opération récursive
- Le SD sujet se déplace dans une autre position syntaxique. Déplacement est une opération syntaxique.
Quels sont les défis de l’acquisition de la syntaxe?
- Les données ne donnent pas d’indices explicites concernant les opérations syntaxique et la construction de syntagmes.
- Les données incluent des éléments nuls (sans prononciation)
- Un même mot peut avoir des catégories différentes
o En français : frappe (nom et verbe), responsable (nom et adjectif), fort (adjectif et adverbe)
o En anglais : walk (nom et verbe) - La même phrase peut avoir des structures différentes et donc des sens différents (ambiguïté syntaxique) :
o J’ai vu l’homme avec des jumelles. - Il y a des phrases ayant un sens similaire mais des structures différentes (phrases passives) :
o L’homme a mordu le chien
o Le chien a été mordu par l’homme
Qu’est-ce que le fonctionnalisme basé sur l’usage?
- Modèle basé sur les mêmes principes que l’apprentissage lexical
- Les connaissances syntaxiques de l’enfant sont limitées : il s’agit d’un inventaire de schémas, basés sur les mots spécifiques, qui deviennent graduellement généralisés, de plus en plus abstraits.
- Comme dans acquisition du lexique, la fréquence joue un rôle important
o P.ex., dans l’enfant identifie plus vite l’objet quand il entend la séquence Look at the doggie (plus fréquente) que Look! Doggie!
Quel est le rôle de la fréquence dans les théories fonctionnalistes basées sur l’usage?
- La fréquence de type explique la productivité de certains schémas (p.ex., verbes transitifs)
- Entrenchment : certaines formes linguistiques ont une fréquence d’occurrence très élevée; on dit que la représentation mentale de ces structures est renforcée (entrenched)
o L’accès plus facile (p.ex., Look at the +N) - Préemption statistique : certaines formes linguistiques ont l’usage restreint dans l’input; les enfants sont capables d’utiliser cette information pour ne pas les produire dans le contexte non convenable : p.ex.,, les adjectifs en a- en anglais : the child is afraid; the moster is alive, MAIS
o ??the/an afraid child
o ??the/an afloat ship
o ??the/an alive monster
Quelles sont les limites de la théorie basée sur l’usage?
- La plupart des recherches : études de production (mais on n’a vu que qu’il y a une distinction entre production et compréhension, entre autres au niveau du lexique, où la compréhension précède la production de 5 mois environ)
- Cependant, les études de compréhension montrent le caractère abstrait des connaissances de l’enfant :
o Pas « mange + mangé », mais « verbe + patient » : dès 2 ans, les enfants regardent plus longtemps une image où l’objet est patient de l’action pour les verbes nouveaux
Quelle est l’étude de Hirsch sur la compréhension précoce de la structure syntaxique? Quelle théorie supporte cette étude?
- Étude (Hirsh-Pasek et Golinkoff 1991)
o Participants : 16 enfants entre 13-15 mois
o Procédure : paradigme intermodal du regard préférentiel - Résultats : les enfants regardent plus longtemps l’écran avec une image qui correspond à l’énoncé (la différence est significative)
- Pendant le traitement du signal sonore, les enfants semblent faire appel à la structure syntaxique : l’enfant interprète la structure syntaxique de l’énoncé
- Étant donné que le SN the keys est un complément du verbe kiss, on l’interprète comme le thème.
- Les études de compréhension suggèrent que l’enfant possède les connaissances abstraites précoce
Quels sont les trois défis majeurs de l’acquisition de la syntaxe et quelle théorie semble mieux répondre à cette question?
- Cette théorie semble mieux répondre à trois défis majeurs de l’acquisition de la syntaxe
o Problème de Platon
o Bootstrapping
o Surgénéralisation - La théorie innéiste offre plusieurs explications
Qu’est-ce que le problème de Platon?
- La GU est acquise et pas « apprise »
- L’argument de pauvreté de stimulus (l’argument essentiel des innéistes)
o L’input fourni à l’enfant par l’environnement langagier serait trop incomplet et inconsistant pour déterminer l’accès à la complexité grammaticale
o Donc, certaines connaissances linguistiques abstraites sont codées au niveau génétique = innées
–> Résolution du problème de Platon
Qu’est-ce que l’initialisation (bootstrapping) sémantique?
- Problème : les règles syntaxiques s’appliquent aux catégories syntaxiques (nom, verbe, etc.) et non aux mots spécifiques
o P.ex., la place de la négation par rapport aux verbes en français (l’enfant doit connaître ce qu’est un verbe pour pouvoir utiliser la règle syntaxique) - Pinker (1984, 1989) suggère que l’enfant possède des connaissances innées de :
o Catégories syntaxiques (p.ex., nom, verbe) et rôles syntaxiques
o Rôles sémantiques : agent, patient, thème, etc.
o Règles de mise en relation (linking rules) qui permettent de lier les une aux autres - P.ex. :
o Le chien a mordu Alex
o Le chien est l’agent de l’action
o Alex est le patient de l’action - Il est facile d’identifier les rôles sémantiques
- À partir de cette connaissance, l’enfant met en rapports les rôles sémantiques et les rôles syntaxiques : agent = sujet; patient = objet
- La connexion entre les entités sémantiques et les catégories correspondantes permettraient aux enfants d’identifier les marques morphosyntaxiques de leur langues (personne, nombre, cas, etc.)
Qu’est-ce que la surgénéralisation?
- Les enfants font des erreurs de surgénéralisation syntaxique : extension d’une règle syntaxique aux cas où elle ne devrait pas s’appliquer. P.ex., :
o Don’t tickle me
o *Don’t giggle me
o *I said her no - Comment des erreurs sont éliminées?
o Par l’exposé aux données dans l’input
o La fixation de paramètres se fait aussi sous l’influence de l’input de façon graduelle
Qu’est-ce que les paramètres? Quels sont les paramètres des sujets nuls (pro drop)?
- La théorie des principes et paramètres explique pourquoi les règles syntaxiques varient selon les langues
- Pour acquérir la grammaire d’une langue, il faut déterminer les valeurs correctes des paramètres, ce qui se fait à la base de l’input
- Le paramètre le plus étudié : pro-drop = l’optionalité du sujet pronominal dans un énoncé
- En français ou anglais, le sujet pro est obligatoire
o Je chante - En italien, espagnol ou russe : pro est optionnel
o (Io) Canto - Exemples :
o Est sale; a fait; veux manger; peux le faire
o Helping Mommy; see boy; no turn - Proportion d’énoncés sans sujet : environ 50% chez les anglophones
- Proportion d’énoncés sans objet : environ 8-10%
- Plusieurs hypothèses de ce phénomène
- L’omission du sujet chez les enfants représente la valeur initiale du paramètre « pro-drop »
- Ensuite sa valeur change sous l’influence de l’input
- Hypothèse 1 : grammaire de l’italien : par défaut, les enfants prennent pour acquis que la langue permet l’absence de sujet
o Enfants italiens omettent beaucoup plus le sujet - Hypothèse 2 : prosodie : le pronom sujet est plus souvent omis parce qu’il est inaccentué
o Pronoms 32%; N propres 11%; N communs 13% - Hypothèse 3 : Faible capacité de la mémoire à court terme : pas plus de 2-3 mots. Si l’objet est présent, le sujet est omis
- Hypothèse 4 : Sémantique : l’objet contribue à définir l’événement; le sujet est souvent donné par la situation
Quand l’enfant acquiert-il les ST et les SV?
- Les formes verbales apparaissent assez tôt (environ vers 20 mois)
o Les verbes conjugués sont utilisés dans une phrase
o Toute phrase a une représentation syntaxique - On peut conclure que le ST et le SV font partie des connaissances des enfants déjà à cet âge
Qu’est-ce que le mouvement du verbe et comment se manifeste-t-il dans l’acquisition des enfants?
- Paramètre : déplacement du V à T (« V to I » dans la version originale. Pollock 1989)
- La connaissance précoce des catégories V(erbe) et T(emps) est révélée par l’emplacement correct des formes conjuguées et non conjuguées
- En français, les formes conjuguées précèdent la négation pas et les formes conjuguées la suivent
- Les enfants font cette distinction :
o Pas attraper papillon (Daniel 1;8;3)
o Marche pas (Daniel 1;8;3)
Mouvement du verbe : exemples
1) a. Elle a pas la bouche. (Nathalie, 1;10;2)
b. Marche pas. (Daniel, 1;8;3)
c. Ça tourne pas. (Philippe, 2;1;3)
d. Elle roule pas. (Grégoire, 1;11;3)
2) a. Pas la poupée dormir. (Nathalie, 1;9;3)
b. Pas attraper papillon. (Daniel, 1;8;3)
c. Pas chercher les voitures. (Philippe, 2;1;3)
d. Pas rouler en vélo. (Philippe, 2;2;1) - La position du verbe par rapport à la négation est correctement fixée dans les productions précoces.
- Il n’y a pas de stade précoce en français L1 au cours duquel le verbe (conjugué ou non conjugué) fluctue entre l’antéposition et la postposition.
- Ces observations nous amènent à conclure que :
o L’ordre de mots est établie très tôt
o Il y a deux catégories fonctionnelles qui peuvent accueillir le verbe : T(emps) et Neg(ation)
o Le verbe se déplace de sa position de base vers ces deux catégories (voir ex., Marche pas)
Quelles sont donc les tâches de la fixation des paramètres V-à-T?
- Tâche : installer le paramètre en s’appuyant sur les données de l’input
- L’input permet de déterminer les valeurs du paramètre
o En français, le verbe conjugué se déplace à partir de la position de base V vers le nœud T.
o En anglais, il n’y a pas de ce déplacement (sauf pour le verbe be « être »)
Mouvement du V : résumé
- Les études en français sur la position du verbe par rapport à la négation montrent que les enfants francophones découvrent assez tôt (Vers 1;8-2;3) que :
o Le verbe conjugué simple se trouvent avant la négation
o Le verbe à l’infinitif et le participe passé se trouvent après la négation
- Selon ces données, les enfants possèdent la connaissance de :
o Distinction entre [±conjugué]/ ou en anglais [±finite]
o Conclusion : le paramètre est fixé à la valeur appropriée : déplacer les verbes conjugués de V à T
Quelle est une autre preuve que les catégories fonctionnelles sont présentes dans la grammaire enfantine?
- Une autre preuve de la présence des catégories fonctionnelles dans la grammaire enfantine est la présence de pronoms clitiques sujets (nominatifs) : je, tu, il, ils.
- Ces pronoms ont besoin de s’attacher à un verbe conjugué dans T.
- Les premières occurrences de clitiques sujet (principalement des clitiques de la 3e personne) apparaissent vers l’âge de 2 ans
- Ils se trouvent dan la majorité des cas dans des phrases contenant des verbes conjugués
- Très peu d’occurrences ont été observées dans des phrases à verbe infinitif