Cours 6 - Intervention orthophonique auprès des enfants d’âge scolaire, des adolescents et adultes qui bégaient - Partie 2 Flashcards
Quels sont les principes des approches centrées sur l’expérience du bégaiement ?
Définition multidimensionnelle du bégaiement
signes visibles (DTB, tensions, mouvements associés etc.)
ET
aspects invisibles (émotions négatives, évitement, diminution de la participation sociale).
Vie avec le bégaiement: une part d’acceptation et de désensibilisation nécessaire MÊME si on vise à travailler sur la parole. La personne n’est pas obligée d’accepter pleinement, mais doit faire un bout de chemin à ce sujet.
Travail fait au niveau de la parole devrait être combiné avec un travail au niveau des pensées et émotions
Diminution du bégaiement → n’amènerait souvent pas de diminution de l’anxiété
Un mot sur le bégaiement caché
Being “covert” is: Tenir mordicus à ne pas être dévoilé dans le bégaiement, le bégaiement doit demeurer caché par cette personne. A peur de comment sera perçu quand elle parle. On doit considérer cela dans notre approche et comment on abordera les choses.
Having excessive fear of being perceived by others to have a difference in the way they speak
Constantly fearing their “stuttering secret” being uncovered
Feeling guilty for making the listener feel uncomfortable because of their stuttering
Denying stuttering or the need to work on it
Feeling shame, devaluating oneself, or fostering the need to hide stuttering
Qu’est-ce que l’acceptation ?
→ Accepté que le bégaiement soit là, sans essayer qu’il ne soit plus là, mais sans qu’il prenne toute la place dans notre vie. Les niveaux d’acceptation peuvent être différents pour chaque personne.
Processus dynamique qui consiste à apprendre à accepter la présence du bégaiement sans le combattre, et sans laisser ce dernier définir notre identité
Le focus est mis sur la capacité de la PQB à vivre pleinement sa vie AVEC le bégaiement.
Pas une résignation mais un choix de changer sa perception.
Influencé par les croyances, les perceptions et l’expérience de la PQB
Processus non-binaire et évolutif
Une part d’acceptation est très importante pour la gestion réussie du bégaiement * même si on vise l’amélioration de la fluidité
Qu’est-ce que l’affirmation de soi ?
(advocacy)
Affirmation: habileté à agir pour répondre à un besoin, sans insulter ou violer les droits d’autrui, souvent difficile pour les PQB, car passe par la parole.
Difficile pour les PQB car l’affirmation passe souvent par la prise de parole, la communication verbale.
Un entraînement à l’affirmation de soi est souhaitable.
L’affirmation est souvent perçue, à tord, comme une démonstration d’une grande confiance en soi, une manière de « s’imposer »
Le jeu de rôle peut être une modalité intéressante pour travailler cet aspect.
Une étape de transfert / généralisation devra suivre.
Niveau de difficulté en cohérence avec les habiletés / progrès du client.
Qu’est-ce que la désensibilisation et l’exposition ?
La désensibilisation peut être de ne pas s’excuser après un moment de bégaiement, l’exposition est par exemple l’orthophoniste qui le félicite de se permettre de bégayer.
Réduire les réactions émotives en lien avec le bégaiement en s’exposant aux situations anxiogènes.
Identifier les situations anxiogènes / générant des émotions négatives.
Dissocier la réponse émotionnelle négative des stimuli qui la provoquent. *ce n’est pas la situation en elle-même qui provoque l’émotion, c’est la pensée qui y est associée (dissocier les réactions négatives d’une situation).
Parole bégayée
Réactions de l’interlocuteur
Situations de communication
Exposition graduelle (directe ou simulée) aux stimuli qui génèrent des émotions négatives afin de défaire l’association. Exposition = processus par lequel on amène la désensibilisation.
Qu’est-ce que l’approche cognitivo-comportemental ?
*voir image
Qu’est-ce que la restructuration cognitive ?
Principe: ce sont les pensées associées au bégaiement qui créent les émotions négatives vécues par la PQB, cela contribue au maintien du bégaiement.
Le modèle cognitif permet de comprendre et de modifier l’interaction entre les pensées, les émotions et les comportements
Consiste à remplacer les pensées automatiques négatives (nos schèmes) par des pensées plus justes et saines.
L’appréhension d’une situation est liée à des pensées négatives automatiques:
sur le bégaiement (ex.: je vais bloquer, je vais répéter sans arrêt)
sur la réaction des autres (ex.: ils vont rire de moi, ils vont m’ignorer)
sur l’image qu’on aura d’elles (ex.: ils vont penser que je suis stupide, ils vont penser qu’il y a qqch qui ne va pas chez moi, ils vont penser que je ne suis pas compétent)
Objectif: Modifier les PAN en pensées plus réalistes et plus flexibles afin de développer des réactions émotionnelles et comportementales plus saines face au bégaiement. Il faut essayer de creuser les grandes généralités (ex.: qu’est-ce que ton cerveau te dit, comment tu te sens ?…)
1.Faire émerger les pensées automatiques négatives
Prendre conscience du discours intérieur qui précède ou accompagne un comportement ou une émotion
2. Discuter, fragiliser, discréditer les pensées nuisibles (mettre un doute en demandant : « est-ce que tu penses que c’est toujours ainsi ? »).
Réfléchir aux biais cognitifs *Il y a une part d’erreur dans notre façon de voir et vivre les choses.
Démontrer que la pensée n’est pas nécessairement vraie, ni utile
3. Trouver des pensées alternatives d’autres pensées / favoriser
L’idée est d’assouplir la manière de réagir aux situations,
Acquérir la capacité à se dissocier de ses pensées (ex: mes pensées ne sont pas moi; ne sont pas nécessairement un reflet de la réalité)
4. Amener la PQB à utiliser ses pensées alternatives / se dissocier de ses PAN
*exposition graduée, désensibilisation
La personne doit maintenant croire à ces nouvelles pensées !
Qu’est-ce que l’évitement ?
renforce le cercle vicieux qui s’installe.
Permet une diminution rapide de l’anxiété.
Réaction normale pour se protéger
Mais à long terme, l’évitement augmente l’anxiété vécue dans une situation X
Qu’est-ce que l’exposition ?
Exposition = accepter l’émotion, la tolérer dans le but de casser le cycle de l’évitement.
Implique de tolérer l’anxiété vécue et de demeurer dans la situation
Réduction à long terme de l’anxiété
Qu’est-ce que la TREB ?
Approche développée par Vivian Sisskin
Modalité de groupe pour les adolescents et les adultes, mais on peut l’utiliser en individuel
Objectifs:
Devenir des communicateurs efficaces, confiants et spontanés
Stutter without struggle, bégayer sans se battre
Dire tout ce qu’on veut dire, malgré le bégaiement.
Réduire l’évitement (situationnels, mais aussi dans la parole)
Mots, sons, situations, être identifiés comme PQB et même les mouvements associés (ex.: faire non de la tête) ou les interjections ajoutées.
Principes: bien que le bégaiement ait une origine de nature neurologique, le coeur de la problématique réside dans l’évitement du bégaiement.
Les PQB sont rapidement confrontées aux impacts « négatifs » de leur bégaiement (regard désapprobateur, demande de correction, etc). Elles sont ainsi amenées à intégrer que ce n’est pas « correct » de bégayer.
Théorie du conflit: désir simultané de s’exprimer et de se retenir de le faire entraîne non seulement des réactions inadaptées qui interfèrent avec la communication, mais aussi une « gymnastique mentale » qui limite la participation à la vie quotidienne
La PQB développe alors toutes sortes de stratégies d’évitement du bégaiement (fermer les yeux, utiliser des interjections, répéter des phrases déjà fluides, pousser plus fort sur une consonne en particulier, ou simplement éviter de parler).
Ces stratégies d’évitement, qui induisent temporairement la fluidité et / ou permettent d’éviter un stimulus négatif (MB) sont renforcées. Elles deviennent ainsi une partie intégrante du bégaiement de la PQB et en viennent à perdre de leur efficacité (en viennent à créer des MB et contribuent aux comportements de lutte *struggle).
Un cercle vicieux est ainsi créé, dans lequel:
bégaiement > stratégies d’évitement > augmentation du bégaiement > pensées et émotions négatives > augmentation de la peur du bégaiement > recherche de nouvelles stratégies d’évitement > etc.
Exemples de comportements d’évitement
Dans la parole ou le corps
Tension articulateurs
Recommencer la phrase
Fermer les yeux
Mouvements du pied, de la main
Mots de remplissage
Substitution de mots
Click de la langue
Circonlocutions
Grimaces
Inspirer, expirer
Pause
Blocage « intense », car cela ne serait pas une manifestations du bégaiement développemental.
Attitudes
Dire ce que l’on peut, pas ce que l’on veut
Laisser les autres parler pour vous
Faire semblant de réfléchir, de ne pas savoir, de ne pas avoir entendu
Abandonner
Dire le minimum
Décider que vous êtes timide
Demander aux autres de le faire
Faire le clown
Prendre un accent
Accepter de montrer le bégaiement et tolérer les émotions négatives y étant associées = c’est la base ! Je dois voir ce que je veux dans la vie (ex.: je vais tolérer de bégayer dans une plaidoirie si je veux vraiment devenir avocat.
Accepter d’être une PQB est le coeur de l’approche.
Si la PQB s’attend à bégayer (et tolère l’idée sans évitement), la fréquence du bégaiement et le sentiment de lutte diminueront = début d’un cercle vicieux d’acceptation et de confort dans la communication.
Étapes
1. Identifier
La PQB n’est pas nécessairement consciente de tous les comportements d’évitement qui sont reliés à son bégaiement (distinguer évitement et MB). C’est souvent difficile de faire la différence.
La première étape vise alors à comprendre SON bégaiement de manière détaillée. Les clients sont souvent assez bons pour le dire.
Il s’agit ensuite de prendre des décisions par rapport aux comportements aidants vs nuisibles (à une communication efficace et confortable). Donc je peux choisir d’en garder, la personne a le pouvoir sur ses décisions.
2. Observer en temps réel
Observer les comportements d’évitement lorsqu’ils sont posés aiderait à en réduire l’incidence (même si la PQB ne fait rien de spécifique pour changer ces derniers).
3. Open Stuttering / bégaiement ouvert (souvent orthophoniste + intervenant psychosocial)
Le comportement d’évitement sera alors remplacé par ce qui voulait être évité au départ : un MB! Montrer aux patients une personne bégayée vs une parole qu’on tente de ne pas contrôler pour voir laquelle on voudrait choisir.
De bégayer ouvertement (sans évitement) est l’objectif à cette étape.
Le bégaiement peut être plus difficile / tendu à cette étape en raison de la peur ressentie (mais tolérée)
À pratiquer dans des situations sécuritaires pour la PQB au départ.
On veut que le patient soit fier de ne pas avoir évité, même s’il y a eu du bégaiement.
Une fois que la personne bégaie ouvertement, elle peut décider de faire des modifications / moduler sa parole (voir forward-moving speech cours précédent)
4. Désensibilisation et exposition
La PQB doit s’adapter au fait de s’entendre bégayer, de ne pas éviter.
La PQB peut / doit s’attendre à ressentir des émotions négatives / percevoir les réactions de ses interlocuteurs.
TCC; ACT.
Une exposition progressive et répétée entraînera une baisse graduelle de la réaction émotionnelle, ce qui facilitera le bégaiement ouvert dans la vie quotidienne.
Succès
Je n’ai pas bégayé ou j’ai bien utilisé mes outils
VS
J’ai dit ce que j’avais à dire, je n’ai pas évité, je n’ai pas détourné le regard … C’est ce qu’on mise !
Qu’est-ce que le Lidcombe inversé ?
Chez l’EASQB, ADQB et l’AQB (et même chez le plus jeune enfant), on peut utiliser conditionnement pour renforcer l’absence d’évitement, le bégaiement « ouvert »
Au lieu de « belle parole » ou ça coulait bien on utiliserait « bravo tu as laissé le bégaiement sortir », « super tu as pris la peine de faire ta demande »
Qu’est-ce que l’ACT ?
e bégaiement est là, mais je peux décider de prioriser autre chose dans ma vie
Principe: développer la flexibilité psychologique afin d’arriver à vivre conformément à nos valeurs (ex.: je veux avoir des amis, je veux avoir une conjointe, je veux étudier en médecine)
Évitement expérientiel: tendance à éviter d’entrer en contact avec des événements internes comme des pensées, souvenirs, émotions ou sensations physiques inconfortables ou désagréables
L’évitement expérientiel conduit à la rigidité comportementale : à force de limiter son contact avec des émotions et des pensées désagréables, l’individu restreint son répertoire de comportements
Agir dans le but d’éviter les expériences internes plutôt que de progresser vers l’accomplissement de ses valeurs finira par nuire considérablement à la qualité de vie.
Pour réduire évitement expérientiel: acceptation émotionnelle (ex.: exercice pleine conscience)
développer une attitude ouverte, réceptive, flexible face à ses pensées et émotions.
observer (de manière neutre) les émotions / pensées qui vont et viennent, sans tenter de les contrôler ou de les combattre.
Les pensées / émotions sont seulement des pensées, elles ne me définissent pas et ne déterminent pas mes comportements, décisions.
La flexibilité psychologique : capacité à persister ou changer le cours d’une action, même en présence de pensées, sensations et émotions désagréables, afin d’avancer en direction des valeurs personnelles
Décider d’appeler un ami afin d’être en cohérence avec la valeur d’amitié, en étant prêt à faire de la place à la peur de bégayer
L’inventaire des valeurs
Quelles sont les choses qui sont importantes pour vous?
Que feriez-vous s’il n’y avait pas d’obstacles sur votre route?
Lors de votre anniversaire de 80 ans, lors de vos funérailles, qu’aimeriez-vous qu’on dise de vous? De ce qui vous tenait à coeur?
Quand êtes-vous fiers de vous?
Efficacité
Permet de soutenir le désir de changement et la motivation en donnant plus de sens à la démarche et en modifiant la manière de réagir au bégaiement / bredouillement.
Outil intéressant pour maintenir les acquis dans le temps et prévenir la rechute.
Efficace dans le traitement de nombreuses psychopathologies (ex: troubles anxieux, dépression, abus de substance), pas de résultats précis en lien avec le bégaiement, mais on peut penser que c’est efficace.
Résultats prometteurs de Beilby, Byrnes & Yaruss, 2012.
Tous les participants ont connu une réduction significative sur l’échelle des impacts négatifs du bégaiement dans leur vie (OASES), et d’autres mesures intéressantes (readiness for change et mindfulness skills).
Réduction de la sévérité du bégaiement, maintien de 3 mois post-tx.
Impact sur la sévérité du bégaiement (% de syllabes bégayées) → intéressant alors que ce n’est pas une approche qui vise ça
La TCC (vague 2 et 3) est l’intervention la plus efficace pour traiter l’anxiété sociale
Soutenue fortement par la littérature chez de nombreuses populations cliniques
L’adaptation de la TCC pour les PQB est relativement récente, mais de plus en plus utilisée
Résultats prometteurs mais besoin de poursuivre les essais cliniques pour confirmer son efficacité et les adaptations optimales
Orthophonie vs psychologie ?
La PQB désire un suivi en psychologie;
La PQB a besoin d’être soutenue pour développer son estime de soi et / ou l’acceptation du bégaiement;
Les enjeux liés aux pensées et aux émotions ont des impacts dans la thérapie en orthophonie;
La PQB vit des situations de victimisation ;
La PQB et sa famille ont une hygiène de communication lacunaire;
Un travail doit être effectué sur les expériences difficiles vécues antérieurement
Le bégaiement apparaît d’origine psychogène * est l’expression d’un enjeu affectif sous-jacent
De plus en plus d’initiatives de co-intervention hybride (groupe et individuel) en psychologie / travail social + orthophonie.
UQTR
Projet subventionné par OOAQ
Quels sont les principes des approches intégrées ?
-Principes, c’est ce qu’on utilise le plus souvent !
Combiner des éléments des différentes catégories de thérapie, en fonction des besoins de la PQB. On vise l’efficacité communicationnelle.
Les approches centrées sur la parole sont efficaces lorsque l’outil de mesure est le pourcentage de syllabes bégayées, mais ce n’est pas représentatif de la qualité de vie de la PQB.
La littérature tend à soutenir les traitements qui abordent la nature multifactorielle du bégaiement et incluent des éléments de modification de la parole et cible également les effets psychologiques et sociaux du bégaiement
Les chances du succès sont plus élevées lorsque l’approche d’intervention inclue :
Un travail sur l’amélioration de la fluidité (façonnement de la fluidité et / ou modification du bégaiement)
La désensibilisation et d’affirmation de soi;
La réduction des émotions et pensées négatives;
Un travail sur la participation sociale;
Une longue période de maintien des acquis (en modèle de santé, c’est rare qu’on a cette chance-là…). C’est vraiment important de le faire aussi en tant qu’orthophoniste de prendre des nouvelles de nos clients.
Quels sont les principes du modèle social ?
C’est la structure sociale qui « crée » le handicap et non la déficience en soi. Le handicap est considéré comme un processus dynamique entre l’environnement et l’individu; et non comme une caractéristique inhérente à l’individu.
Le modèle social met en évidence les normes et les valeurs de la société et, dans le cas du bégaiement, démontre comment la société est conçue pour et attend des locuteurs fluides.
Selon le modèle médical, le handicap provient de la déficience physique.
Ex: L’homme en fauteuil roulant ne peut accéder au bâtiment en raison de son incapacité à monter les escaliers.
En revanche, dans le modèle social, l’attente que les individus soient en mesure de monter des escaliers ainsi que l’absence de rampe ou d’ascenseur sont à l’origine du handicap. Notre rôle de promotion est très important, mais c’est surtout d’être sensibilisé à ça pour le considérer dans nos interventions qui est important.
Les personnes qui bégaient sont souvent perçues comme moins intelligentes, moins compétentes et plus anxieuses que les PQBP.
Ces stéréotypes ou stigmas imprègnent la compréhension collective du bégaiement et crée des réactions cognitives, affectives et comportementales négatives envers les PQB.
Les personnes aux identités stigmatisées peuvent en arriver à interpréter ce que la société pense d’elles comme une vérité.
Ce phénomène est bien documenté chez les personnes qui bégaient
Dans le modèle social, on vise à :
détourner l’attention de « ce qui ne va pas chez moi » vers « ce qui ne va pas dans le système plus large dans lequel je vis ».
Cela ouvre la porte à une thérapie axée sur la création d’un environnement favorable au bégaiement.
