Cours 2 - Évaluation de la fluidité Flashcards
Quels sont les objectifs de l’évaluation de la fluidité ?
1- Établir un premier contact avec le client / sa famille
2- Décrire précisément et quantifier la parole du client
3- Préciser la nature et sévérité du problème: est-ce bien du bégaiement ?
4- Identifier et comprendre les facteurs qui influencent la parole
5- Déterminer les besoins du client et déterminer l’approche à privilégier, le cas échéant (recommandations, surtout pour le tout petit, établir le pronostic)
6 - Offrir de l’information en lien avec le trouble et ajuster les attentes du client (rassurer les parents, partie counseling très importante)
Quels sont les facteurs de risque liés à la présence et la persistance du bégaiement ?
Histoire familiale de bégaiement
Âge;
Sexe;
Développement du langage et de la parole;
Sévérité du bégaiement
Quelles sont les données à propos des antécédent familiaux ?
Fort pourcentage des personnes qui bégaient présenterait une histoire familiale de bégaiement
Le bégaiement survient davantage dans les familles où il y a déjà du bégaiement → 3 à 4 fois plus de chance que quelqu’un bégaie s’il y a du bégaiement dans sa famille
Selon des études longitudinales, les enfants avec une histoire familiale de récupération spontanée auraient ~65% de chance de récupérer Bonne histoire familiale = facteur de protection contre la persistance.
Les enfants avec une histoire de bégaiement persistant auraient ~65% de chance de maintenir leur bégaiement. Mauvaise histoire familiale ex. parent qui bégaie encore = facteur de risque pour la persistance
L’histoire familiale peut donc nous aider à établir un pronostic sur les chances qu’a l’enfant de récupérer spontanément ou non.
Données à propos de l’âge ?
ge d’apparition
Le bégaiement a plus de chance de se manifester avant 4 ans
Une apparition plus tardive est généralement associée avec plus de risque de persistance
Temps depuis l’apparition
Plus le temps depuis l’apparition augmente, moins bonnes sont les chances de récupération spontanée ((~ 12 mois). Le temps de récupération complète peut prendre 2-3 ans, mais on peut tout de même observer des signes d’amélioration pendant cette période (dès un an). Il est important d’être à l’affût de ses signes d’évolution pour apprécier si une récupération est en train de survenir ou non puis si une intervention est nécessaire.
Données à propos du sexe
Selon les études, la proportion hommes-femmes est d’environ 3:1 ou 4:1 → La prépondérance du bégaiement chez les hommes est clairement démontrée.
Au moment de l’apparition, le ratio garçon-fille est plutôt équivalent, alors qu’à l’âge adulte, la proportion d’hommes est significativement plus élevée. Les filles semblent donc démontrer plus de chances de récupération spontanée → L’écart entre les genres se creuse avec l’âge. Les filles récupèrent aussi plus rapidement que les garçons. Être une fille est donc un facteur de protection pour la récupération (et la persistance).
Les filles récupèrent aussi plus rapidement que les garçons :
Données d’une étude longitudinale:
En moyenne 24 mois après l’apparition du bégaiement chez les filles
En moyenne 29.5 mois après l’apparition du bégaiement chez les garçons
données à propos du développement du langage et de la parole
Plusieurs questions sont soulevées car l’apparition du bégaiement coïncide avec l’expansion rapide du langage expressif
Est-ce que des difficultés de développement du langage et de la parole seraient en lien avec l’apparition du bégaiement?
Près du moment d’apparition du bégaiement, il n’y aurait pas de déficit significatif chez les enfants qui bégaient en termes de:
Phonologie
Articulation
Langage expressif/réceptif
Des habiletés langagières au-dessus des normes peuvent même être observées chez certains enfants qui bégaient
Pour les enfants présentant un langage au-dessus des normes lors de l’apparition du bégaiement:
Lien possible avec le modèle « demandes-capacités » selon lequel le bégaiement apparaît lorsque l’enfant tente des performances de parole dépassant ses capacités cognitives, motrices ou linguistiques?
L’instabilité motrice chez les enfants qui bégaient peut être augmentée par des demandes syntactiques ou phonologiques plus élevées
À prendre en considération en thérapie
Limiter l’écart entre les demandes et les capacités
A retenir:
Les données actuelles ne semblent pas indiquer de déficit langagier lors de l’apparition du bégaiement.
La présence de difficultés de langage ne serait donc pas un facteur de risque pour l’apparition du bégaiement.
MAIS, certaines habiletés langagières/de parole et leur évolution pourraient constituer des facteur de protection contre la persistance du bégaiement.
On veut observer une normalisation des habiletés langagières → car cela est un facteur de protection contre la
persistance du bégaiement.
Si l’enfant ne rattrape pas le retard sur le plan langagier, cela est un facteur de risque pour la persistance.
Données à propos de la sévérité du bégaiement ?
La fréquence des DTB (disfluidités typiques du bégaiement) à l’apparition du bégaiement ne différencie pas les enfants qui vont récupérer des autres enfants chez les jeunes enfants
TOUTEFOIS, l’évolution des DTB sera un indicateur de récupération ou de persistance:
Entre 7 et 12 mois post-apparition: la diminution des DTB est plus prononcée chez les enfants qui vont récupérer que chez ceux qui auront du bégaiement persistant.
Chez les enfants de 4-5 ans, la sévérité du bégaiement est un facteur indicateur de récupération ou de persistance
Attention: la fréquence des disfluidités normales n’est pas un indicateur de récupération
Il faut porter attention à l’évolution des disfluidités typiques du bégaiement
Comme pour tous les facteurs présentés: leur combinaison est peut-être plus importante que chaque facteur individuel
Importance de considérer le profil clinique dans toute sa complexité.
Matériel recommandé en éval ?
Appareil pour enregistrement vidéo
Compteur, calculatrice ou appareil intelligent doté d’une application pour le calcul des disfluidités
Chronomètre
Matériel et jeux diversifiés, en fonction de l’âge du client
déroulement de l’évaluation ?
1-S’assurer de recueillir un échantillon de parole spontanée et naturelle (sévérité globale)
2-Varier les contextes de communication et le niveau de difficulté des tâches (minimum de 3 échantillons dans différents contextes à analyser de façon indépendante
conversation client-ortho
conversation client-parent (pour les enfants)
(1) dénomination
(2) séquences automatiques (alphabet, numération) (favorise la fluidité)
→ Pourquoi (1), (2) et (5): permet de voir les contextes facilitants (déno: moins de complexité) pour notre client
(3) description d’images (ou de scènes complexes, selon l’âge)
jeu libre (favoriser les jeux avec lesquels l’enfant est familier –contexte naturel)
(4) rappel de film
→ Pourquoi (3) et (4): permet de voir des fonctions linguistiques plus complexes
(5) lecture à haute voix
tâche sous pression (exigence temporelle) → Surtout pour les plus vieux. permet de nous diriger dans l’intervention. On souhaite avoir un échantillon représentatif, donc on doit cibler des contextes moins sécurisants (ou + difficiles) lors de l’évaluation.
3-S’assurer auprès du parent/client que cela soit représentatif
4-Coter l’échelle de sévérité et comparer avec le parent/client (selon ses perceptions)
Pour l’évaluation ds manifestations liées à la parole..
as de test formel, on a besoin d’échantillon de conversation
Différents contextes de communication (et surtout observer l’impact de la fluidité)
Différents niveaux de complexité (et surtout observer l’impact de la fluidité)
Nombre total de syllabes à recueillir
Un minimum 300 syllabes est suggéré (bégaiement + léger → 500-600 syllabes)
Échantillon de parole non représentatif ?
L’enfant ne parle pas
La parole est plus fluide qu’à l’habitude
Contexte de thérapie, de parler ouvertement du bégaiement
La parole est moins fluide qu’à l’habitude
La pression de l’évaluation est ressentie
Quoi faire??? Demander aux parents d’envoyer des enregistrements, une vidéo de l’enfant (même si c’était représentatif, pour avoir des échantillons dans des contextes plus naturels). Demander à certains adultes de parler + rapidement ou de les mettre dans des contextes moins sécurisants (ex. simuler une entrevue).
Que doit-on évaluer ?
A. Paramètres de la fluidité
Types de disfluidités
Fréquence des disfluidités(% de syllabes bégayées)
Nombre de réitérations
Durée des disfluidités(< 1 sec. versus > 1 sec.)
Décompte des disfluidités
Objectif: calculer le pourcentage de syllabes bégayées
Pas seulement quantitatif, mais aussi descriptif (type de disfluidité, nombre de répétitions, durée de la disfluidité, moments complexes → plus d’un type de disfluidité)
Règle générale: on considère qu’il y a présence de bégaiement si le pourcentage de syllabes bégayées atteint 3% ou plus en discours spontané. **On n’inclut pas les disfluidités normales dans ce pourcentage.
1. Reconnaître ce qu’est un DTB et donc, ce qui doit être calculé comme tel
Répétitions de mots monosyllabiques à plus d’une réitération (Rm1)
Répétitions de parties de mots (sons, syllabes) (Rpm) → ré ré répète
Prolongements audibles (P ou Pa) → ssssss si
Blocages (B)
Tout autre type de DTB qui semble caractéristique du bégaiement d’une personne (ex. : mots brisés, inspirations mal placées, ajouts de sons).
2. Reconnaître ce qu’est une disfluidité non typique du bégaiement et ainsi, ce qui ne doit pas être calculé comme du bégaiement → aussi ressortir les disfluidités normales pour avoir le portrait. Les éléments ci-dessous sont donc des disfluidités normales.
Répétitions de mots monosyllabiques à une réitération (Rm1-1)
Répétitions de mots polysyllabiques (Rpoly)
Répétitions de syntagmes (Rs)
Interjections (I) (*sans fonction communicative)
Révisions (Rv)
Phrases avortées (A)
3-A. Transcrire le verbatim de la séquence analysée, en s’assurant d’indiquer en italique les syllabes qui ne seront pas comptées (les répétitions de syllabes) et le type de disfluidité relevé
Pour calculer le % de syllabes bégayées, il faut compter le nombre total de syllabes dites
Ce nombre exclut les syllabes répétées, qui seront alors indiquées en italique
Exclure aussi:
Les «oui» et «non» isolés
Les imitations et mots dits sur répétition
Les séquences automatiques (mois de l’année, jours de la semaine, etc.)
Les mots chantés ou récités
Les mots chuchotés
Les répétitions ne sont pas comptées dans le nombre de syllabes dites
Exemple 1: ba-ba-ba-bateau (Rpm)
2 syllabes dites
1 syllabe bégayée (ba) –3 réitérations
Exemple 2: Je suis allée dans-dans-dans l’autobus (Rm1-2)
8 syllabes dites
1 syllabe bégayée (dans) –2 réitération
Important: « Une syllabe ne peut être bégayée qu’une seule fois. Ainsi, si plus d’une disfluidité est identifiée pour une même syllabe, seule la plus sévère sera comptée.» -Règles pour le décompte des disfluidités
Exemple: ba-ba-ba: -bateau (Rpm+ Pa)
2 syllabes dites
1 syllabe bégayée
Attribuer le moment de bégaiement à la disfluiditéla plus sévère, mais en précisant que ça s’inscrit dans le contexte d’un moment complexe.
Comment identifier le type de disfluidité le plus sévère?
Disfluidités typiques du bégaiement > Disfluidités normales
Blocages et prolongements > Répétitions de partie de mot > Répétitions de mots monosyllabiques
On ne compte pas les syllabes en italiques.
AJOUTER DIAPO
(Parenthèse sur l’échodysphémie)
Terme qui commence à être utilisé (surtout chez nos collègues Français) pour désigner les répétitions en fin de mot
Certains considèrent que l’échodysphémie est un trouble distinct du bégaiement (mais les recherches sont encore limitées)
Peut être décrit de façon qualitative dans le rapport
Pour plus d’informations: Brejon-Teitler, N. (2017). Présentation d’un trouble émergeant de la fluence: l’échodysphémie.Glossa, 34-48.
3-B. Lorsque l’on est confortable avec l’analyse des disfluidités, on peut calculer la fréquence à main levée
Applications disponibles (fluency calculator, fluent stuttering calculator, fluency)
Feuilles vierges que l’on complète au fur et à mesure (IIIII IIIIłIIIII IłIII)
Feuilles quadrillées que l’on coche/ biffe (code différent selon syllabe fluide ou bégayée)
Le calcul à main levée ne permet toutefois d’obtenir qu’une donnée quantitative.
A NOTER: Il est important de procéder à un enregistrement de l’évaluation, afin de pouvoir accéder au besoin à certaines informations qualitatives et de préciser les types de disfluidités.
4. Calculer le % de syllabes bégayées
Nombre total de DTB ÷nombre total de syllabes dites ×100
Exemple en lien avec le verbatim précédent (même si nombre limité de syllabes)
3 DTB ÷35 ×100 = 8.6 % ; échantillon trop petit, pas représentatif (au moins 300)
Note importante : Il n’y a pas qu’une seule façon d’interpréter la fluidité (c’est perceptuel). L’important est de respecter les principes généraux reconnus et d’être constant avec soi-même. A cet égard, la feuille de Règles pour le décompte des disfluidités est vraiment l’outil à privilégier, car il s’agit du consensus du groupe d’intérêt provincial, lequel s’est appuyé sur la littérature).
Autres facteurs à analyser/inclure dans le rapport
Durée des disfluidités: durée moyenne des disfluidités+ durée des 3 plus longues. Plus de 1 seconde, à noter +++
Présence ou non de tension
Présence ou non de mouvements associés
Présence ou non de moments complexes (2 types de disfluidité sur la même syllabe)
Rapidité des répétitions (rapide, plus typique du bégaiement)
Débit de parole (mots ou $/minute)
Peut être très variable car ralenti par les moments de bégaiement et accéléré dans les moments fluides
B. Tension et mouvements associés
Présence?
Fréquence
Types
C. Autres composantes de parole et langage
Pas nécessairement formelle si la demande est spécifiquement en bégaiement, mais être à l’affût et le considérer
D. Conscience du bégaiement, émotions et attitudes
Pour les jeunes enfants: questionner les parents dans l’histoire de cas
E. Interaction parent-enfant (si pertinent)
Observation ++
Ce qui caractérise la fluidité normale ?
Moins de 3% de syllabes bégayées (DTB)
Moins de 10 % de syllabes disfluides (DTB + Autres Disfluidités (AD))
Majorité des disfluidités sont des AD plutôt que des DTB
Faible nombre de réitérations (généralement 1, parfois 2)
Durée des disfluidités < 1 seconde
Absence de tension et de mouvement associés
Ce qui carcatérise le bégaiement ?
3% et plus de syllabes bégayées (DTB)
Plus de 10 % de syllabes disfluides (DTB + AD)
Majorité de DTB plutôt que d’AD
Nombre de réitérations généralement ≥ 2
Succession rapide des réitérations (nb de fois que la syllabe est répétée dans le cas de répétitions)
Durée des disfluidités > 1 seconde
Présence possible de tension ou de mouvements associés
Interaction parent-enfant ?
Si possible encourager la présence des deux parents pour observer les différents styles d’interaction
Des recommandations en lien avec les stratégies de communication pourront être offertes
Commencer par le jeu avec les parents pour mettre l’enfant à l’aise
Demander aux parents d’apporter le jeu/livre préféré de l’enfant
Déroulement - Dans l’interaction parent-enfant, qu’est-ce qu’on observe ? Évaluer l’enfant lorsque les parents sont présents pour observer l’interaction. La quantité et la qualité des modèles offerts, les réactions des parents face au bégaiement. La réciprocité dans l’interaction. Les stratégies utilisées par les parents. Le débit de chacun.