Cours 3 Flashcards
Quel changement de questionnement marquera une rupture dans l’activité de connaissance en criminologie ? En quoi ce changement modifiera-t-il la définition de ce qu’est un crime ?
On passe de « Pourquoi devient-on délinquant » à « Pourquoi est-on défini comme délinquant? ». Deux constats envisagés comme séparés sont désormais liés. Le crime n’est plus considéré comme une caractéristique d’un comportement, mais comme une transgression à un code qui s’est construit dans le cadre de rapports de pouvoir, amenant à pénaliser certains groupes plus que d’autres. Les recherches en criminologie qui s’articuleront sur cette nouvelle question s’inscrivent dans ce que l’on désigne par la criminologie du contrôle social ou criminologie critique. Cette perspective des recherches ne suppose aucunement la négation des situations problématiques et conflictuelles. Elle signifie plutôt que la logique pénale qui s’est construite pour répondre à certaines d’entre elles contribue très souvent à nier les causes qui en sont l’origine et à accroître la violence plutôt que de la diminuer.
La criminologie clinique sera particulièrement affectée par ce changement de questionnement. Pourquoi ?
Elle remet en cause la notion de personnalité criminelle telle que développé par Pinatel. Elle est également critique à l’égard d’un certain ancrage normatif des théories de la personnalité qui s’interroge peu sur les fondements de ces normes. Debuyst, chef de cette nouvelle perspective clinique va même dire que mettre en cause le concept de personnalité amène à comprendre la notion de la personnalité et qu’elle constitue un outil de travail clinique.
De quelle manière la criminologie clinique, adoptant une perspective critique, considère-t-elle les normes sur lesquelles s’appuient les théories de la personnalité, et plus particulièrement les théories de la personnalité criminelle ?
Elle les considère comme politiques, c’est-à-dire qu’elles s’inscrivent dans les rapports de pouvoir dans lequel elles furent définies.
Les théories de la personnalité criminelle ont la faiblesse de prendre leur justification dans les normes pénales en place, les interdits dans le Code criminel, sans le remettre en question.
Les interdits figurant dans la loi pénale et les peines qui y sont rattachées reflètent-ils un consensus social ? Pourquoi ?
Non. C’est impossible. Le consensus sur ce qui doit être puni et sur la manière de le punir n’existe pas. Les individus répondant aux sondages pour les peines répondent de façon abstraite, associant criminalité et violence, et ce qui en ressort est que le système pénal n’est pas suffisamment punitif. Il y a également des différences entre les zones urbaines et les zones rurales, les milieux socioéconomiques, ou encore des différences selon l’éducation, le sexe, l’âge, de même que l’orientation politique et religieuse des personnes. Il y a les facteurs comme l’environnement médiatique, politique et institutionnel qui peut accroître ou réduire le sentiment d’insécurité.
« Ce qui caractérise les actes qui sont criminalisés est le fait qu’ils causent un préjudice à autrui. » Expliquez pourquoi cette affirmation est fausse et donnez un exemple.
C’est faux : le même préjudice causé dans un contexte lié aux pratiques économiques sera considéré comme un accident, même si le nombre de victimes est très important. Par exemple, chaque année, le nombre de décès causés en milieu de travail dépasse de beaucoup le nombre d’homicide au Canada. Bien des observateurs soutiennent que même quand on peut prouver qu’il y a eu négligence, les décès survenus au travail sont rarement traités comme des événements criminels.
La police effectue un tri des affaires qui entreront dans l’appareil pénal. Expliquez.
L’action policière inscrit ses signalements dans les rapports de force socioéconomiques qui fondent l’ordre social. Sinon, si tous les comportements criminalisables se retrouvaient dans le système de justice pénal, n’importe qui s’y retrouvait.
Identifiez les principaux éléments de la réaction prépénale au crime qui font que peu d’événements criminalisables sont signalés.
(1) L’événement doit être visible, il y a (2) l’attitude et le pouvoir des victimes, (3) l’apparence de l’acteur, (4) la présence de témoins, (5) la gestion différentielle des illégalismes, (6) la façon dont on va définir la situation.
Qu’est-ce qui caractérise les affaires pénales amenées devant les tribunaux et en quoi cela contraste-t-il avec la perception populaire de ce qui constitue l’essentiel de la clientèle pénale ?
Dans les tribunaux, 76% constituent des crimes sans violence. De plus, les crimes avec violence sont en baisse tant chez les adultes que chez les enfants.
Dans la perception populaire, notamment à cause des médias, la réalité de la clientèle pénale est modifiée : la perception populaire la voit essentiellement composée de crime et de violence.
En quoi la presse écrite et la télévision contribuent-elles à déformer la perception populaire sur les crimes et les infracteurs qui sont l’objet du pénal ?
Ils mettent l’accent sur les crimes violents, ce qui, selon bien des observateurs, crée une perception inexacte du nombre de crime violents au Canada. Ainsi, les médias contribuent beaucoup à entretenir l’appui à des solutions punitives en renforçant la crainte de la criminalité par la représentation de crimes violents. La télévision cherche à faire vivre des sensations chez les spectateurs (sensationnalisme).
Comment s’est maintenue la complicité média-police sur la nouvelle de faits divers au fil des années (avant les années 1960, arrivée de la télévision, présence des nouveaux médias sociaux) ?
Avant 1960, les policiers s’assuraient que les journalistes aient suffisamment de faits divers à se mettre sous la dent tous les jours et détournaient l’attention de certains autres journalistes qui voudraient présenter une autre version des faits, parfois plus critiques envers la police.
Après 1960, avec l’arrivée de la télévision, n’importe quel journaliste avec une caméra à l’épaule peut se rendre sur les lieux d’un crime après interception de la nouvelle sur les ondes radio. Les policiers ont perdu le contrôle de l’information.
Finalement, avec l’arrivée des nouveaux médias sociaux, les journalistes ne sont plus maître du jeu, car un grand nombre de gens de tous les milieux et de toutes les allégeances en sont les acteurs par la facilité de plus en plus grande de leur usage. Les médias peuvent représenter des risques pour la police, mais également renforcer les stéréotypes sur les crimes et leurs auteurs, de même que la pertinence de la police et du système pénal pour y répondre.
En quoi les séries télévisées policières, principalement américaines, contribuent-elles à maintenir des perceptions déformées du crime et de la clientèle du pénal ?
Les enquêtes policières se font grâce à une technologie de haut niveau jumelée à des banques de données qui se multiplient, privilégiant des stratégies d’intervention de type militaire. L’environnement socioéconomique y est évacué et la solution proposée est toujours la répression par le système pénal pour s’assurer que les méchants subiront le châtiment qu’ils méritent.
Pourquoi la population est-elle peu sensible au durcissement des peines, ces dernières années ?
Puisque leur perception de ce qui constitue les crimes référés au Pénal et la perception des peines qui leur sont généralement attribuées sont déformées par les médias (les médias contrastent les portraits de l’infracteur et de la victime et présentent les maxima de sentences auxquels sont passibles les auteurs des infractions, alors la population a l’impression que justice n’a pas été rendue),
Que conclut Milgram de ses expériences sur la soumission à l’autorité et quel lien peut-on faire avec la perception populaire concernant les sanctions pénales ?
Les résultats n’avaient rien à voir avec la plus ou moins grande agressivité des personnes qui administraient les déchargent, mais avec leur rapport à l’autorité. Plus l’autorité était perçue comme légitime, plus la souffrance que cette autorité décidaient serait également perçue comme légitime. Encore pire si les personnes souffrantes n’ont aucune signification particulière pour la personne qui leur administre les décharges.
Lien perception populaire : une population qui considère comme légitime l’usage de la réponse pénale par les autorités politiques s’interroge peu sur la nécessité des peines. Elle ne s’inquiète pas davantage de leur sévérité car elle ne s’identifie pas aux infracteurs.
Que signifie « attribuer une finalité dissuasive à la peine » et en quoi les études mettent-elles en doute cette finalité ?
Cela veut dire que la connaissance de la peine et sa certitude servent de mécanismes de dissuasion à commettre un délit chez l’ensemble des citoyens. Cela suppose qu’avant d’enfreindre la loi, les gens feraient un calcul coûts/bénéfices pour évaluer s’il est avantageux ou non de commettre un délit.
Les résultats des recherches remettent cela en doute puisque si le fonctionnement du système pénal peut avoir un effet dissuasif, ce n’est pas au moyen de la peine, mais par l’évaluation que les gens font du risque d’être pris par la police. Le calcul ne repose pas sur l’évaluation de la peine au regard des bénéfices du délit, mais davantage sur leur impression du risque d’être pris.
Que signifie « attribuer une finalité rétributive à la peine » et quelle difficulté d’application cette finalité présente-t-elle ?
Cela veut dire : le paiement moral par une peine proportionnelle à la gravité du délit.
La difficulté est d’arriver à une homogénéité de critères de gravité qui créerait une proportionnalité des peines en regard de la gravité du délit.