CM 8 & TD 7 - Les émotions Flashcards
Comment peut on définir les émotions?
On peut définir une émotion par ses composantes, par exemple sa réaction physiologique (ex. rythme cardiaque), son expression/comportement (ex. expression faciale, tendance à l’action) et le rôle de la composante cognitive (sentiment subjectif).
On peut également définir une émotion par rapport à d’autres phénomènes affectifs. Par exemple la synchronisation (coordination de l’organisme pour préparer une réponse), la focalisation sur l’événement (l’émotion est généralement causée par un événement externe ou interne), l’évaluation (l’événement doit être importants pour l’organisme), la rapidité de changement (l’état émotionnel est dynamique) et l’impact comportemental de cette émotion.
Ainsi, une émotion est un épisode de changements synchronisés de plusieurs composantes de l’organisme en réponse à des événements évalués comme importants pour les buts de l’organisme (Scherer, 2005).
Charles Darwin a conclu dans son œuvre The Expression of the Emotions in Man and Animals (1872) que les émotions sont un fonctionnement adaptatif qui serait universelle pour les individus de même espèce.
Explique le modèle catégoriel de Ekman sur les émotions.
Paul Ekman (1972) dit qu’il existe un nombre limité d’émotions primaires avec un rôle adaptatif. Si les émotions primaires sont le produit de l’évolution, elles doivent être universelles.
Selon lui, il y a 6 émotions de bases ou primaires qui seraient partagées par toutes les cultures : la colère, la peur, le dégoût, la surprise, la joie et la tristesse. Les émotions plus complexes sont un mélange des émotions de base.
Chaque émotion primaire aurait des conditions spécifiques d’émergence, des patterns spécifiques d’activation physiologique (au niveau de l’activation du système nerveux autonome) et des patterns expressifs spécifiques (au niveau des muscles du visage).
Comment reconnaît-on les émotions d’autrui?
Ekman a proposé une méthode de codage, facial action coding system (FACS), comprenant 46 unités d’action, une expression correspond à l’activation d’une combinaison spécifique d’unités d’action. La perception de cette configuration serait suffisante pour reconnaître l’état émotionnel d’autrui.
Mais est-ce que même la situation peut influencer notre perception d’émotions? L’interprétation de la situation grâce à des informations contextuelles est nécessaire pour interpréter les émotions des autres. Il y a donc une importance d’autres indices au-delà de l’expression faciale d’une émotion donnée.
Explique les modèles domensionnels des émotions
Wundt (1874) a distingué trois dimensions, dont la fusion entre elles va correspondre à une émotion spécifique :
- agrément – désagrément
- excitation – dépression
- tension – relaxation
Duffy (1962) a créé une représentation des émotions autour d’un cercle avec deux axes (Duffy, 1962) : la valence (agréable/désagréable) et l’activation (faible/forte).
Que dit la théorie de James-Cannon des émotions? Quels sont les arguments en faveur de celle-ci?
Selon la théorie périphéraliste (James-Lange), le stimulus va d’abord déclencher une réponse corporelle, qui va ensuite déclencher un ressenti émotionnel. Cette théorie dit que le système nerveux périphérique est responsable du déclenchement des émotions. L’émotion serait ici une prise de conscience des changements corporels.
Soussignan (2002) a prouvé cette théorie en posant l’hypothèse de la rétroaction faciale, dont l’expérience montre que les participants qui avaient un stylo dans la bouche avaient une réponse subjective plus positive au vidéo.
Que dit la théorie de Cannon-Bard des émotions? Quels sont les arguments en faveur de celle-ci?
La théorie centraliste (Cannon-Bard) postule que le stimulus va induire à la fois une réponse corporelle et un ressenti émotionnel. L’émotion serait ainsi un phénomène cognitif qui implique un rôle central du SNC.
Leurs arguments étaient que le comportement émotionnel n’est pas altéré lorsque les viscères sont déconnectés du cerveau. Un autre argument postule que les changements viscéraux similaires apparaissent dans des états émotionnels différents et dans des états non-émotionnels (i.e., fièvre). En outre, une induction artificielle de changements viscéraux n’induit pas d’émotion (limite de la théorie de James-Cannon). Ainsi, on a une activation corporelle aspécifique et non causale.
Que dit la théorie bifactorielle de Schachter-Singer des émotions? Quels sont les arguments en faveur de celle-ci?
Selon eux, le stimulus va induire une réponse physiologique (intensité), ensuite une évaluation cognitive (qualité), qui déclenche ensuite un ressenti émotionnel.
Pour confirmer cette théorie, ils ont proposé trois prédictions principales :
- Étant donné un état d’activation physiologique sans explication immédiate, cet état sera labélisé sur la base d’une évaluation cognitive.
- Étant donné un état d’activation physiologique avec une explication appropriée, il n’y a aucun besoin de la labéliser sur la base d’une d’évaluation cognitive.
- Dans des circonstances cognitives identiques il n’y aura de réponse émotionnelle qu’en présence d’un état d’activation physiologique.
Ils ont conclu qu’il faut à la fois une évaluation cognitive et une activation physiologique pour déclencher une émotion.
Que dit la théorie d’appraisal de Lazarus des émotions? Quels sont les arguments en faveur de celle-ci?
Selon la théorie de l’évaluation cognitive, l’émotion est déterminée par l’interaction entre les réponses neurophysiologiques et la cognition. Il n’y aurait pas de marqueurs physiologiques spécifiques distinguant précisément différentes émotions, l’activation physiologique serait plutôt aspécifique et déterminerait l’intensité mais pas la qualité de l’émotion. Les émotions seraient déterminées par la signification personnelle (l’évaluation cognitive) que nous attribuons à la situation.
Cette évaluation cognitive se fait en deux étapes : une évaluation primaire sur l’agrément (positif/négatif) par rapport au bien-être et une évaluation secondaire sur la capacité de faire face aux conséquences de la situation (coping).
Le stimulus va alors déclencher d’abord une évaluation primaire, puis une évaluation secondaire, qui va ensuite déclencher un ressenti émotionnel.
Par exemple, l’estimation émotionnelle pour la colère devrait être plus intense avec le regard direct que indirect et le contraire pour la peur. Car si on voyait quelqu’un avec un regard direct avec la colère, on se sent impliqué. Pour la peur, c’est l’inverse, car lorsque le regard qui exprime la peur est dévié, il y a un potentiel danger dans notre milieu et alors sera plus pertinente pour nous.
Grandjean & Scherer (2009) parlent de plusieurs composantes qui vont induire l’état émotionnel spécifique, la composante cognitive (évaluation de la situation et des stimuli), la composante périphérique efférente (système de régulation), la composante motivationnelle (préparation de l’action), la composante motrice expressive (communication des réactions et intentions comportementales) et la composante de sentiment subjectif (contrôle et interaction des états internes et émotionnels).
Il y a ici plusieurs critères d’évaluation de stimulus (CES) : l’évaluation de pertinence, l’évaluation des implications (conséquences sur le bien-être et buts), l’évaluation du potentiel de maîtrise (niveau d’adaptation à la situation) et l’évaluation de la signification normative (valeurs internes et normes sociales).
Une critique de cette théorie est qu’elle est excessivement cognitiviste. Dans de nombreux cas, les émotions peuvent être produites par des facteurs non cognitifs.
Quelles sont les différents critères d’évaluation de stimulus (CES)
L’évaluation de pertinence va dépendre de plusieurs critères : le critère de nouveauté (soudaineté et nouveauté d’un stimulus, demandant de ressources attentionnelles), le critère d’agrément intrinsèque (évaluation d’un stimulus selon la dimension plaisir/douleur) et le critère de pertinence avec les buts et besoins.
L’évaluation des implications dépend du critère d’attribution causale (identification de l’agent responsable de l’évènement), du critère de probabilité des conséquences (évaluation de la probabilité des différentes conséquences possibles), un critère de différence des attentes (évaluation de la consistance ou dissonance avec les attentes de l’individu), du critère de facilitation/obstruction aux buts-besoins (évaluation d’à quel point un évènement va faciliter ou entraver les buts/besoins) et du critère d’urgence (évaluation d’à quel point l’évènement concerne des buts/besoins à haute priorité).
L’évaluation du potentiel de maîtrise dépend du critère de contrôle (a quel point l’événement peut être contrôlé par des agents naturels), du critère de puissance (identifier l’agent responsable de l’évènement) et du critère d’ajustement.
L’évaluation de la signification normative dépend du critère des standard internes (cohérence entre l’action et l’idéal de soi ou le code moral interne) et le critère des standard externes (normes du groupe de référence).
Que dit la théorie d’appraisal de Zajonc-LeDoux des émotions?
Dans le débat Zajonc-Lazarus, Zajonc (1984) défend l’idée d’une primauté de l’affect par rapport à la cognition, alors que Lazarus (1984) défend au contraire l’idée d’une primauté de la cognition par rapport à l’affect.
Selon LeDoux (1993), le cerveau est constitué d’un système cognitif et d’un système affectif.
Damasio (2010) utilise plutôt une approche intégrative des deux.
Quelles sont les différences entre les différentes théories sur les émotions?
La théorie de James-Lange dit que le ressenti émotionnel dépend de l’activation physiologique.
La théorie de Cannon-Bard dit que l’activation physiologique et le ressenti émotionnel sont activés simultanément.
La théorie bifactorielle de Schachter-Singer, c’est à la fois l’activation physiologique et l’évaluation cognitive qui déclenche le ressenti émotionnel.
La théorie de Zajonc-LeDoux dit que le ressenti émotionnel s’active avant l’évaluation cognitive.
La théorie de Lazarus dit que l’évaluation cognitive s’active avant le ressenti émotionnel.