C12 HISTOIRE DE LA SANTÉ MENTALE Flashcards

1
Q

QUESTION 1
Les premières approches de la santé mentale remontent à des temps immémoriaux, où les cultures humaines cherchaient à comprendre et traiter les comportements atypiques. Quelles traces historiques, issues de la préhistoire et de l’Antiquité, témoignent des premières tentatives de prise en charge de la santé mentale?

A

À la préhistoire, les premières tentatives de prise en charge des troubles mentaux sont suggérées par des pratiques telles que la trépanation. Datant d’environ 5100 ans avant notre ère, cette procédure consistait à percer un orifice dans le crâne, probablement dans le but d’apaiser des souffrances psychiques ou de libérer des démons. Les preuves de cicatrisation observées sur de nombreux crânes indiquent que ces interventions étaient parfois réalisées avec succès. Cette pratique, répandue sur plusieurs continents reflète une volonté universelle d’aider les personnes souffrantes, bien que les motivations précises restent spéculatives.

Dans l’Antiquité, en Égypte ancienne, des documents tels que le Papyrus Ebers et le Papyrus Edwin Smith, offrent des aperçus détaillés des connaissances médicales de l’époque. Le Papyrus Ebers décrit des pathologies comme la dépression, souvent attribuée à des entités démoniaques, et propose des traitements mêlant formules magiques, pharmacologie et pratiques médicales. En revanche, le Papyrus Edwin Smith reflète une approche plus rationnelle, avec un manuel de chirurgie qui inclut des descriptions anatomiques et pathologiques du cerveau, ainsi que des traitements neurochirurgicaux.

La civilisation grecque, quant à elle, a marqué une étape décisive avec l’apport d’Hippocrate, considéré comme le père de la médecine occidentale. Il s’éloigna des explications magico-religieuses pour adopter une perspective naturaliste et matérialiste. Hippocrate développa la théorie des humeurs, selon laquelle les troubles mentaux résultaient d’un déséquilibre des fluides corporels (sang, bile noire, bile jaune et phlegme). Les traitements qu’il préconisait incluaient des bains, des régimes alimentaires et du repos, visant à restaurer cet équilibre. Il répertoria également plusieurs troubles mentaux.

En parallèle, la trépanation continua d’être pratiquée, soutenue par des figures comme Galien, qui la documenta et l’expérimenta dans le cadre de la médecine des gladiateurs. Selon les croyances de l’époque, cette intervention visait non seulement à soulager la mélancolie ou les douleurs mentales, mais aussi à permettre l’évasion des « démons » emprisonnés dans le corps.

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2
Q

QUESTION 2
Au fil des siècles, diverses croyances ont influencé la compréhension des troubles mentaux. Dans ce contexte, à quoi fait référence le concept de « pierre de la folie » et comment illustre-t-il les interprétations médiévales de la maladie mentale?

A

Le concept de la « pierre de la folie » renvoie à une croyance médiévale selon laquelle la folie ou les troubles mentaux seraient causés par une pierre logée dans le cerveau. On pensait que retirer cette pierre pouvait guérir le malade, pratique davantage représentée dans l’art pictural que dans les ouvrages en médecine.

Cette croyance est notamment immortalisée dans des œuvres comme La Cure de la folie de Bosch, où un charlatan simule l’extraction de cette pierre.

La « pierre de la folie » illustre les interprétations médiévales de la maladie mentale en mêlant des croyances superstitieuses à une volonté de trouver des causes physiques aux troubles psychiques. À une époque où la science médicale était rudimentaire, ces explications simplistes reflétaient un effort de compréhension des afflictions mentales.

En résumé, le concept de la « pierre de la folie » témoigne des limites des connaissances de l’époque, mais aussi du désir d’apporter des solutions concrètes aux troubles mentaux, même si celles-ci reposaient sur des bases erronées et souvent abusives.

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3
Q

QUESTION 3
Dans le monde médiéval, marqué par des croyances spirituelles et une organisation sociale influencée par la religion, la maladie mentale suscitait diverses interprétations. Comment était-elle perçue et comprise à cette époque? Quelles interventions étaient mises en œuvre pour tenter de la traiter?

7 interventions

A

Au Moyen Âge, la maladie mentale était interprétée à travers des croyances religieuses et des théories médicales héritées de l’Antiquité. Les explications oscillaient entre des causes spirituelles et physiologiques, influençant directement les interventions mises en œuvre.

  1. D’un point de vue religieux, la folie était souvent perçue comme une punition divine ou le résultat d’une possession démoniaque. Dans ce contexte, les traitements incluaient des prières, des pèlerinages thérapeutiques ou encore des exorcismes, destinés à expulser les forces maléfiques. Ces pratiques étaient parfois vécues comme des « traitements de choc » qui cherchaient à rétablir l’ordre spirituel.
  2. Au XIIe siècle, c’est le début d’une approche plus psychologique car on croit que la passion amoureuse et la tristesse excessive rendent fou.
  3. Sur le plan médical, la théorie des quatre tempéraments, issue de la médecine hippocratique, restait prédominante. La maladie mentale était attribuée à un déséquilibre des humeurs, et les interventions cherchaient à rétablir cet équilibre. Les barbiers-chirurgiens, figures incontournables de cette époque, pratiquaient des saignées, une technique censée soulager des troubles tels que la mélancolie ou la dépression.
  4. Certains traitements physiques plus intrusifs étaient également pratiqués. Par exemple, Roger de Parme proposa des techniques de « psychochirurgie ». L’incision en croix au sommet du crâne, censée libérer les « humeurs nocives », était l’une de ces méthodes pour traiter la mélancolie.
  5. Une autre croyance, plus symbolique que réelle, concernait la « pierre de la folie » : selon cette idée, une pierre logée dans le cerveau provoquait la folie, et son retrait devait guérir le patient. Cette pratique a également inspiré des charlatans, qui utilisaient des illusions pour simuler de telles interventions.
  6. Sur le plan pharmacologique, les avancées étaient modestes mais notables. Des textes tels que Antidotaire Nicolas répertoriaient des recettes de remèdes à base de plantes, incluant l’opium et d’autres substances stimulantes pour soulager les symptômes mentaux. Ce texte reflétait un intérêt croissant pour le traitement des symptômes plutôt que pour la seule explication des causes.
  7. Enfin, le monde arabe introduisait dès cette époque des hôpitaux psychiatriques, offrant un cadre novateur pour la prise en charge des maladies mentales. Ces établissements, bien qu’influencés par des approches spirituelles, marquaient un pas vers une reconnaissance plus systématique de ces troubles.
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4
Q

QUESTION 4
Qui étaient Heinrich Cornelius Agrippa, Johann Weyer et Reginald Scot, et contre quoi luttaient-ils?

A

Ils étaient trois figures marquantes de la lutte contre la persécution des prétendues sorcières durant les périodes sombres de la chasse aux sorcières en Europe.

Heinrich Cornelius Agrippa s’opposait fermement à la chasse aux sorcières. Utilisant son influence et son savoir, il sauva de nombreuses personnes des griffes de l’Inquisition, dénonçant l’absurdité des accusations portées contre elles.

Johann Weyer est connu pour son ouvrage The Deception of Demons. Dans ce livre, il avance que les femmes accusées de sorcellerie ne sont pas des sorcières, mais souvent des personnes mentalement perturbées ou vulnérables. Weyer critique méthodiquement Le Marteau des sorcières (Malleus Maleficarum), le manuel qui servait de référence à la chasse aux sorcières, en déconstruisant ses arguments de manière rigoureuse. Il n’hésite pas à condamner l’élite politique et religieuse qui soutenait ces persécutions, notamment les juges, les théologiens et les médecins. Toutefois, malgré la rationalité et la profondeur de son argumentation, Weyer n’a pas réussi à diminuer les pratiques, et il fut lui-même accusé de sorcellerie.

Reginald Scot s’attaqua également aux croyances sur la sorcellerie avec son livre The Discovery of Witchcraft. Cet ouvrage visait à démystifier la magie, qu’il décrivait comme reposant sur des illusions, des impostures et, dans certains cas, des troubles d’interprétation chez les observateurs. Scot dénonçait la chasse aux sorcières comme une entreprise orchestrée par des charlatans et critiquait l’Église catholique pour son rôle dans l’alimentation des superstitions et l’organisation des persécutions. Il insistait sur l’irrationalité et l’inhumanité de ces pratiques, affirmant qu’elles allaient à l’encontre des principes chrétiens.

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5
Q

QUESTION 5
Le XVIIIe siècle a marqué une période sombre dans le traitement des patients internés dans les asiles. Décrivez le contexte historique difficile de cette époque, en mettant en lumière les conditions de vie dans ces institutions, ainsi que les traitements spécifiques utilisés pour la maladie mentale. Quelles conséquences ces pratiques ont-elles eues sur les patients?

7 concepts

A

Au XVIIIe siècle, les conditions de vie et les traitements des patients internés dans les asiles reflétaient une époque marquée par une grande ignorance et une absence flagrante d’humanité envers les malades mentaux.

L’Hospice Bicêtre de Paris en est un exemple frappant. À la fois prison et hôpital, cette institution accueillait un mélange hétérogène d’individus : malades mentaux, vieillards, pauvres, vagabonds, homosexuels, criminels, et même des enfants issus de milieux défavorisés. Ces personnes, souvent marginalisées par la société, étaient entassées dans des espaces étroits, parfois enfermées dans des oubliettes ou des cachots.

Les patients étaient fréquemment enchaînés de manière permanente et subissaient des traitements d’une cruauté extrême. Les ressources limitées et l’absence d’espace aggravaient ces conditions.

Le personnel soignant, travaillant dans un environnement où il risquait lui-même sa santé, adoptait des pratiques violentes et répressives pour maintenir un semblant d’ordre.

Parmi les traitements spécifiques, souvent considérés comme des supplices, figurent :

  • La camisole de force, utilisée pour immobiliser les patients jugés agités.
  • La chaise tranquillisante dans laquelle les patients étaient immobilisés pendant des mois, avec une boîte sur la tête et un trou pour leurs besoins.
  • Le fauteuil rotatoire, censé réaligner le cerveau, mais qui provoquait surtout des vomissements et un état de terreur.
  • L’hydrothérapie ou « bain surprise », qui consistait à jeter des sceaux d’eau froide sur les patients ou à les soumettre à une simulation de noyade.

Ces pratiques visaient souvent à choquer le cerveau pour « réinitialiser » l’esprit, mais elles étaient inefficaces et provoquaient davantage de souffrance.

Les conséquences de ces conditions inhumaines et de ces traitements brutaux étaient désastreuses. Les patients subissaient des retraits forcés de la société et des traumatismes physiques et psychologiques supplémentaires. La maladie mentale, loin d’être soulagée, était exacerbée par ces pratiques, laissant les individus sans véritable espoir de guérison ou de dignité humaine.

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6
Q

QUESTION 6
Franz Anton Mesmer a proposé une théorie révolutionnaire pour son époque, le magnétisme animal. Décrivez cette théorie, puis expliquez les traitements qu’il a proposés et l’influence qu’il a exercée sur les approches du traitement de la maladie mentale.

A

Franz Anton Mesmer était connu pour avoir développé la théorie du magnétisme animal, également appelée mesmérisme. Cette théorie postule l’existence de fluides subtils dans le corps humain, influencés par les champs magnétiques naturels et les planètes. Selon Mesmer, les maladies, y compris mentales, résultent d’un déséquilibre de ces fluides. Pour rétablir l’équilibre, il proposait des traitements basés sur l’utilisation d’aimants et de suggestions.

Un de ses traitements les plus connus était le baquet, un grand récipient rempli d’eau dite magnétique, utilisé dans des séances collectives. Lors de ces séances, les patients, connectés au baquet par des tiges métalliques, étaient encouragés à partager leur énergie. Ces séances, souvent accompagnées de crises de convulsions collectives, avaient un caractère spectaculaire, mais elles visaient à démontrer une harmonisation des fluides.

Malgré son approche non scientifique, largement critiquée et accusée de charlatanisme, Mesmer a contribué à mettre en lumière le rôle du pouvoir de la suggestion dans le traitement des maladies. Ses théories ont été sujettes à des commissions d’enquête, notamment en 1784, qui ont conclu que les résultats obtenus étaient davantage liés à l’effet placebo qu’à une réelle base scientifique.

Cependant, l’héritage de Mesmer est significatif. Sa mise en avant de la suggestion a ouvert la voie à des pratiques comme l’hypnose, développée plus tard par des figures telles que Jean-Martin Charcot, Alfred Binet, Sigmund Freud et Milton Erickson. En ce sens, Mesmer a influencé l’évolution des approches thérapeutiques en santé mentale, en insistant sur le lien entre l’esprit et le corps dans le processus de guérison.

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7
Q

QUESTION 7
Philippe Pinel est souvent reconnu comme un pionnier de l’humanisation des soins en santé mentale. Qui était-il, et comment ses interventions à l’hôpital Bicêtre ont-elles marqué un tournant dans le traitement des malades mentaux?

A

Philippe Pinel est un médecin français souvent considéré comme un pionnier de l’humanisation des soins en santé mentale. Issu d’une famille de médecins, il s’installe à Paris et s’implique dans le traitement des populations défavorisées. Son approche est profondément influencée par les idéaux humanistes de la Révolution française et par des collègues comme Joseph Daquin, qui défendaient l’idée que les maladies mentales sont des phénomènes naturels nécessitant des traitements rationnels plutôt que des pratiques punitives.

En 1793, Pinel est nommé directeur de l’hospice Bicêtre à Paris, un établissement accueillant des personnes atteintes de troubles mentaux. Il s’y distingue par des réformes novatrices et humaines. Contrairement aux pratiques brutales courantes à l’époque (comme la camisole de force, les fauteuils rotatoires ou l’hydrothérapie), il adopte une approche respectueuse des patients. Il commence par retirer progressivement les chaînes de certains patients, une intervention inspirée par Jean-Baptiste Pussin, le véritable initiateur de cette idée, et améliore leur confort, leur alimentation et leur hygiène.

Pinel rejette également les traitements tels que les saignées, les châtiments et l’exorcisme, favorisant à la place une classification des patients selon leur état clinique et introduisant des activités comme l’ergothérapie. Il met en place un registre pour suivre les patients et évaluer leur rétablissement, une démarche pionnière dans l’histoire des traitements psychiatriques. Ces mesures conduisent à une amélioration notable des taux de guérison et à une baisse de la mortalité.

Pinel a ainsi marqué un tournant dans le traitement des malades mentaux en promouvant leur dignité et en démontrant que des soins rationnels et respectueux peuvent conduire à leur rétablissement, jetant les bases de la psychiatrie moderne.

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8
Q

QUESTION 8
Emil Kraepelin a joué un rôle clé dans l’évolution de la psychiatrie moderne. Quels sont ses principaux apports, et quelle importante distinction a-t-il introduite concernant deux troubles mentaux majeurs?

A

Emil Kraepelin est considéré comme une figure clé dans l’évolution de la psychiatrie moderne. Ses recherches ont jeté les bases de la classification des troubles mentaux et ont grandement influencé le DSM (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders), utilisé aujourd’hui dans le monde entier. Kraepelin a adopté une approche systémique visant à standardiser la manière dont les maladies mentales étaient comprises, basant ses travaux sur une classification des psychopathologies selon des critères clairs et reproductibles. En se concentrant sur les causes, l’incidence sur le cerveau, les symptômes et les traitements, il a facilité l’identification de plusieurs pathologies, parmi lesquelles la schizophrénie, la manie, la dépression et la maladie d’Alzheimer.

Kraepelin a également été un pionnier de la psychopharmacologie, étudiant les effets des drogues sur les fonctions mentales, et il a introduit l’utilisation de tests psychométriques pour mieux évaluer les troubles.

Ses observations rigoureuses ont permis de faire une distinction cruciale entre deux types de psychose endogène majeurs, la « dementia praecox » (schizophrénie) et la maniacodépression (aujourd’hui connue sous le nom de trouble bipolaire). Il a pu identifier que la schizophrénie se manifestait par des hallucinations, des idées délirantes, une pensée désorganisée et un retrait social, avec une détérioration progressive des capacités cognitives et affectives.

En revanche, la maniacodépression, qu’il a différenciée de la schizophrénie, se caractérisait par des alternances d’épisodes de manie et de dépression profonde.

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9
Q

QUESTION 9 !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Au XXe siècle, Egas Moniz a développé une procédure chirurgicale controversée pour traiter certaines affections mentales. Quelle était cette procédure, et quel raisonnement a guidé son élaboration? Quels étaient les objectifs derrière cette intervention?

A

Egas Moniz, “inventeur de la psychochirurgie”, a développé une procédure chirurgicale controversée destinée à traiter certaines affections mentales, qu’il a appelé la leucotomie préfrontale.

Moniz, a formulé une hypothèse selon laquelle les troubles mentaux doivent être en relation avec la formation de groupements cellulo-connectifs plus ou moins fixes au niveau des lobes frontaux. Pour lui, ces connexions défectueuses étaient responsables des manifestations pathologiques observées chez les patients souffrant de troubles. Son raisonnement derrière la procédure était de détruire les connexions fautives dans les lobes frontaux pour guérir ces troubles mentaux.

L’idée de Moniz reposait sur la conviction que les maladies mentales pouvaient être traitées par une intervention physique sur le cerveau, un concept qui s’inscrivait dans la recherche scientifique de l’époque, influencée par la neurochirurgie et la psychochirurgie naissante.

Cependant, cette approche était fondée sur des hypothèses peu solidement vérifiées. Avant de se lancer dans l’application de sa procédure, Moniz l’a testée sur un cadavre, ce qui a permis de démontrer, selon lui, la précision de l’ablation qu’il envisageait. Bien que cette expérience ait eu lieu sur un cadavre, Moniz a estimé que le test suffisait pour envisager une intervention sur des patients vivants. Après cette première expérience, il a opéré sa première patiente, une femme souffrant de mélancolie et de paranoïa, en procédant à des perforations dans son crâne pour atteindre les régions frontales du cerveau.

Malgré des résultats contestés, Moniz a persisté dans son approche, opérant plusieurs autres patients. Bien que certains patients semblent avoir montré des améliorations dans leurs symptômes, les effets secondaires graves, tels que des changements de personnalité, des déficits cognitifs et une perte d’autonomie, sont restés largement ignorés.

Cette approche a suscité de nombreuses critiques, et elle a été marquée par l’absence de recul scientifique et éthique. Moniz a poursuivi ses interventions, nourrissant son désir de laisser une trace dans l’histoire de la médecine et des sciences, mais cette méthode a été largement critiquée pour ses conséquences dévastatrices sur les patients, marqués par des séquelles irréversibles et une dégradation de leur qualité de vie.

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10
Q

QUESTION 10
La lobotomie s’est rapidement répandue aux États-Unis au milieu du XXe siècle. Quel contexte historique, social et scientifique a favorisé son introduction et sa popularisation, malgré ses conséquences?

A

En 1937, plus de 400 000 patients étaient hospitalisés dans des institutions psychiatriques, ce qui représentait environ 50 % des hospitalisations dans le pays.

Ce nombre élevé de patients, combiné à des budgets colossaux qui se chiffraient en milliards de dollars, mettait une pression énorme sur le système de santé psychiatrique.

Durant la Seconde Guerre mondiale, une grande partie des ressources financières des États-Unis était allouée à l’effort de guerre, ce qui a réduit les investissements dans le système de santé, notamment en psychiatrie.

Pourtant, malgré l’ampleur du problème, il n’existait pas de traitement efficace pour les patients souffrant de troubles mentaux graves.

Dans cette situation de pénurie de ressources et de recherche de solutions rapides, la lobotomie a été perçue par certains comme une méthode efficace pour traiter un grand nombre de patients. En outre, les médias de l’époque ont largement relayé les succès de la procédure, contribuant à son adoption à grande échelle.

Entre 1946 et 1951, le nombre de lobotomies pratiquées aux États-Unis a explosé, passant de 2 000 à 20 000 par an. Cette forte augmentation témoigne de l’enthousiasme initial suscité par la lobotomie, qui semblait offrir une solution face à l’incapacité de traiter efficacement les troubles psychiatriques. Cependant, cette popularité croissante ne tenait pas compte des conséquences graves de la procédure, qui entraînera des séquelles irréversibles pour de nombreux patients, telles que des troubles cognitifs, de l’incontinence, des changements de personnalité et une perte d’autonomie.

Ainsi, le développement et la diffusion de la lobotomie aux États-Unis ont été favorisés par un contexte marqué par la surpopulation des institutions psychiatriques, un manque de traitements efficaces, des ressources limitées, ainsi qu’une couverture médiatique complaisante. Ces facteurs ont conduit à la généralisation de la lobotomie malgré ses conséquences dramatiques sur les patients.

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11
Q

QUESTION 11
Walter Freeman a mis au point une méthode particulière pour pratiquer la lobotomie. En quoi consistait cette procédure, et dans quel cadre était-elle appliquée? Quels éléments ont contribué à sa diffusion à grande échelle?

A

Walter Freeman, psychiatre américain, a été l’un des principaux instigateurs de la lobotomie aux États-Unis. En collaboration avec son collègue James Watts, il a apporté des modifications à la procédure initiale de la leucotomie, qui consistait à détruire des parties du cerveau pour traiter les troubles mentaux. Freeman a utilisé une approche innovatrice en pratiquant l’anesthésie locale et en demandant au patient de réaliser des tâches cognitives pendant l’intervention, afin de vérifier que les fonctions cognitives essentielles n’étaient pas altérées.

Pour améliorer la rapidité de l’intervention, Freeman a introduit la leucotomie transorbitaire, qui consistait à accéder au cerveau par les orbites oculaires à l’aide d’un pic à glace. Cette procédure pouvait être réalisée en une quinzaine de minutes. Freeman a supervisé plus de 4 000 de ces opérations, les pratiquant dans des conditions souvent déplorables, sans hygiène appropriée et avec des équipements rudimentaires. Il a même utilisé la « lobotomobile », comme véhicule de formation, afin de former de nombreux psychiatres à cette méthode.

La leucotomie transorbitaire est devenue une procédure courante, avec une augmentation fulgurante du nombre d’opérations réalisées. Cette méthode était notamment utilisée pour traiter des troubles mentaux graves comme le trouble de stress post-traumatique après la guerre. En dépit des critiques croissantes sur l’éthique et l’efficacité de la procédure, la leucotomie transorbitaire a connu une large diffusion, notamment grâce à la promotion par les médias de l’époque.

Cependant, cette sorte de lobotomie a rapidement montré ses limites. Les patients subissaient souvent des séquelles graves : perte d’autonomie, troubles cognitifs, incontinence et autres déficits mentaux irréversibles. La découverte des neuroleptiques dans les années 1950 a contribué à l’abandon progressif de la lobotomie.

Ainsi, bien que la lobotomie ait été initialement motivée par la recherche de solutions rapides et radicales pour traiter les troubles mentaux graves, ses effets irréversibles et son caractère inhumain ont conduit à son déclin au fil des décennies.

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12
Q

QUESTION 12
L’électroconvulsivothérapie (ECT) a vu le jour dans un contexte de recherche expérimentale sur la maladie mentale. Décrivez ses origines, les premières applications controversées et son évolution jusqu’à devenir un traitement encore utilisé aujourd’hui. Qu’est-ce qui a motivé son développement initial?

A

L’électroconvulsivothérapie (ECT), bien que controversée, a été motivé par la recherche de solutions pour traiter les troubles mentaux graves dans un contexte de pénurie de ressources médicales, notamment à l’aube de la Seconde Guerre mondiale.

Développée par Ugo Cerletti et Lucio Bini, cette méthode s’inspire des pratiques observées dans des abattoirs où des décharges électriques étaient utilisées pour calmer les cochons avant l’abattage.

Leur idée était de provoquer des crises convulsives pour traiter des troubles mentaux, ce qui aboutit en 1938 au premier essai humain, réalisé sur un patient schizophrène. Bien que cet essai ait été douloureux et inefficace, il n’a pas découragé les chercheurs, qui ont perfectionné leur dispositif.

Dans les années 1940, l’ECT s’est rapidement répandue dans le monde, mais son usage était souvent anarchique et brutal, effectué sans anesthésie ni relaxants musculaires. Cette pratique causait des traumatismes physiques graves, comme des fractures et des luxations, et elle a même été utilisée comme instrument de torture, notamment par l’Allemagne nazie.

Malgré ses débuts marqués par la violence, l’ECT est restée en usage, avec un pic de popularité dans les années 1960-1970.

Aujourd’hui, l’ECT est reconnue comme un traitement efficace, notamment pour la dépression majeure, les troubles bipolaires, la catatonie et la schizophrénie résistante aux traitements conventionnels. Son application a évolué : elle est désormais réalisée sous anesthésie, avec une équipe médicale complète, rendant l’intervention courte et indolore. Bien que le mécanisme précis de son efficacité reste incompris, l’ECT est strictement encadrée, utilisée en dernier recours et nécessite le consentement éclairé du patient.

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13
Q

COURS 12 - QUESTIONS D’EXAMEN COURTES
QUESTION 13
Dans le domaine de la santé mentale, la psychologie culturelle et la psychologie interculturelle jouent des rôles distincts. Expliquez en quoi ces deux approches diffèrent et comment elles influencent la compréhension des troubles mentaux.

A

La psychologie culturelle explore comment les croyances et les pratiques d’une culture influencent les pensées et comportements, mettant en lumière le rôle du contexte culturel sur l’esprit.

En revanche, la psychologie interculturelle compare ces phénomènes à travers différentes cultures, cherchant à identifier ce qui est universel ou spécifique, comme les stades de développement de Piaget.

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14
Q

QUESTION 14
Mise en situation: C’est la veille de Noël, et votre mère vous offre un meuble Ikea en guise de cadeau (merci, maman !) pour remplacer votre vieux fauteuil « FREUDSTOL ». Fatigué·e par la tonne de lecture qui vous a été imposée pour vos examens finaux, vous décidez alors de monter par vous-même votre nouveau sofa « DIVÄNALYSE » sans regarder le plan. Mauvaise idée : ce qui devait être votre futur sofa pour votre salon devient une machine à remonter le temps. Vous voilà catapulté·e au Moyen Âge ! Avant de rencontrer le roi pour trouver un moyen de rentrer chez vous, vous passez chez le barbier du village pour une coupe — il faut bien faire bonne impression. Mais surprise ! Entre deux coups de rasoir, le barbier vous propose un traitement bien spécial pour “améliorer votre humeur”. De quel traitement s’agit-il, et pourquoi les barbiers du Moyen Âge étaient-ils qualifiés pour l’offrir ? (Indice : Ce traitement ne figurait sûrement pas dans le catalogue Ikea non plus.)

A

Les barbiers chirurgiens exerçaient la saignée car ils avaient la double profession, soit barbier et chirurgien. Les barbiers était déjà connaisseur de coupe. C’est une profession encadrée. ils étaient formés par des praticiens plus expérimentés

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15
Q

QUESTION 15
Expliquez le concept d’ordalie.

A

L’ordalie était une pratique judiciaire populaire au Moyen Âge, un procès populaire utilisée pour déterminer la culpabilité ou l’innocence d’une personne accusée de sorcellerie. Elle consistait en une forme de “procès divin” où l’accusé devait subir une épreuve physique extrême (expérience scientifique), souvent un châtiment corporel, pour prouver son innocence.

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16
Q

QUESTION 16
L’hypnose a une longue histoire marquée par l’influence de figures clés. Nommez quatre personnalités historiques qui ont contribué à son développement.

MCBFE

A

Franz Anton Mesmer, Jean martin Charcot, Alfred Binet, Sigmund Freud et Milton Erickson

17
Q

QUESTION 17
Dans l’histoire de la santé mentale, à quoi pourriez-vous rattacher William Tuke et Dorothée Lynde Dix?

A

Des figures historiques qui ont promu des approches fondées sur la bienveillance et la dignité des patients. (approche humaniste de la santé mentale

18
Q

QUESTION 18
Comment les travaux de John Fulton auraient influencé ceux de Egas Moniz?

A

Fulton avait démontré que l’ablation du lobe frontal pouvait altérer le comportement sans anéantir totalement les capacités cognitives, ce qui a probablement conforté Moniz dans l’idée que des interventions chirurgicales sur cette région pouvaient être tolérables, voire bénéfiques, chez les patients atteints de troubles psychiatriques graves.

19
Q

QUESTION COURTE 19
Dans le segment de l’entrevue accordée par Philippe Vincent, il est fait mention d’un moment clé dans l’histoire de la psychopharmacologie. Depuis quand utilise-t-on des médicaments pour traiter efficacement la santé mentale? Quel était le nom du premier médicament et sa fonction initiale?

A

Au milieu du XXe siècle, avec le développement de la chlorpromazine, commercialisée sous le nom de Largactil, en France.

Ce médicament, considéré comme le premier antipsychotique, a été découvert dans un contexte bien particulier, durant une période marquée par des conflits armés en Afrique où sévissait le risque de malaria.

À l’origine, des chirurgiens de guerre et des neurologues administraient la chlorpromazine pour prévenir cette maladie. Cependant, ils ont rapidement remarqué un effet secondaire inattendu : les patients devenaient calmes, même dans des situations extrêmes, comme lors d’amputations, où ils ne criaient plus sous l’effet du médicament.

20
Q

QUESTION COURTE 20
Philippe affirme qu’il n’y a eu aucune innovation en psychopharmacologie depuis les années 90. Pourtant, de nouveaux médicaments sont commercialisés chaque année. En quoi ces nouveaux médicaments ne constituent-ils pas, selon lui, de véritables innovations ?

A

Selon lui, ces médicaments ne représentent pas des avancées majeures car leurs mécanismes d’action restent identiques à ceux développés il y a plusieurs décennies.

Les principes thérapeutiques utilisés aujourd’hui sont les mêmes depuis environ 40 ans.

Cette stagnation n’est pas due à un manque d’efforts de la part des chercheurs, mais plutôt à l’absence de découverte de nouvelles cibles thérapeutiques.

En d’autres termes, les nouveaux médicaments commercialisés se limitent à des variations ou des améliorations marginales de molécules existantes, sans apporter de réelles ruptures scientifiques ou cliniques.