Agnosies visuelles et agnosies auditives Flashcards
Qui décrit l’agnosie pour la première fois? Par qui est-elle dénommée?
- Décrite par Lissaeur (1890)
- Dénommée par Freud (1891)
Qu’est-ce que l’agnosie?
Perte, liée à une atteinte cérébrale, de la capacité à identifier les stimuli de l’environnement à travers une modalité perceptive donnée, en l’absence de trouble sensoriel notable.
Quels éléments restent intacts dans le cas de l’agnosie visuelle?
- L’acuité visuelle
- Le champ visuel
Quelle voie cérébrale est concernée dans le cas de l’agnosie? Quel lobe? Quel cortex? Dans quoi sont impliquées ces régions?
- Voie ventrale, du “quoi”
- Lobe temporal -> cortex auditif primaire (gyrus de Heschl), impliqué dans les premiers stades perceptifs des sons (traitement des sons)
Qu’est-ce que l’agnosie visuelle? A quoi se limite ce trouble et qu’est-ce que cela implique en termes de reconnaissance des objets?
Défaut de reconnaissance visuelle d’un objet familier, en l’absence :
- de déficit visuel primaire
- de détérioration intellectuelle majeure
- de trouble des autres fonctions instrumentales (en particulier le langage)
- > Le trouble se limite à la seule modalité visuelle -> les objets non reconnus par la vision peuvent l’être et nommés par l’intermédiaire d’autres modalités (sensorielles)
Quelle est la classification de l’agnosie visuelle de Lissauer (1890)?
Comment cette classification est-elle considérée aujourd’hui?
> Organisation (cognitive des étapes de traitement d’un objet) sérielle et hiérarchisée dans la reconnaissance visuelle
-> si la première étape de traitement est perturbée, le patient ne pourra pas accéder aux étapes de plus haut niveau
Distingue :
(1) Étape perceptive : former une représentation perceptive stable du stimulus
- troubles de la perception des formes = agnosie aperceptive
(si altération, patient ne peut pas accéder à l’étape suivante)
(2) Étape associative : relier cette représentation aux connaissances du sujet (accès aux représentation sémantiques)
- troubles de la signification des formes en l’absence de troubles de la perception des formes = agnosie associative
(si étape perceptive préservée -> patients peuvent présenter des déficits au niveau de l’étape associative)
MAIS, classification jugée trop générale (il y a plusieurs formes d’agnosies pouvant être distinguées au sein de ces 2 étapes)
Quelle est la classification actuelle des angoisse visuelles?
> Agnosies aperceptives - agnosie de la forme - agnosie de transformation - agnosie intégrative > Agnosie associative > Agnosie asémantique
En quoi consiste le modèle de la reconnaissance des objets de Marr (1982)? Qu’implique cette organisation cognitive?
Perception repose sur la formation de représentations
partir d’images enregistrées sur la rétine grâce à 4 étapes :
> Etapes perceptives :
(1) “Primal sketch” - représentation en 2D : changements d’intensité lumineuse, la géométrie de l’image, permet d’accéder à l’orientation des traits, aux contours
-> permet la distinction entre figure et fond
(2) Représentation en 2D 1/2, plus intégrée (encore centrée sur l’observateur) ; informations de profondeur ou texture issues de (1) sont assemblées grâce à des processus de regroupement
- représentation de l’objet dans un angle de vue uniquement
(3) Représentation en 3D (indépendante du point de vue de l’observateur) ; spécifie la forme réelle des objets
-> permet de décrire pleinement l’objet
- représentation dans un angle de vue différent que celui dans lequel il est présenté
> Etape associative :
(4) Intégration sémantique (c’est à partir de cette étape que le sujet pourra dire si objet familier ou non ET donnera informations sur l’objet
> Organisation sérielle -> si atteinte à l’étape 1, patient n’a pas accès aux étapes suivantes
En quoi consiste le modèle de Humphreys et Riddoch (1987)?
(Traitement sensoriel… élémentaire)
(1) Processus perceptifs précoces : extraction des informations (bords, coins, courbes, traits)
- traitement 2D local
- Traitement 2D global
(2) Processus perceptifs intermédiaires (2D 1/2) : intégration des informations en une seule représentation d’ensemble (dépendante du point de vue du sujet)
(3) Processus perceptifs tardifs (3D) : représentation élaborée de la forme, conçue comme invariante par rapport à l’angle de présentation de l’objet indépendante du point de vue du sujet
> Niveaux de traitement associatif/mnésique :
(4) Représentation structurales stockées en mémoire : mise en correspondance entre le produit des traitements précédents (intermédiaires ou tardifs) et une représentation stockée en mémoire
(5) Système sémantique : attribution d’une signification (fonction de l’objet, catégorie, contexte d’usage, …)
Quelle est la sémiologie clinique des agnosies perceptives selon le Humphreys et Riddoch?
Trouble de la synthèse des informations sensorielles
- sujet dit “mal voir” ou “voir flou”, ou ne pas bien distinguer son environnement
- différents types d’agnosies aperceptives selon l’étape de traitement perturbée
- production d’erreurs visuelles
e. g. : tâches de dénomination, patient peut donner des noms d’objets qui ont une forme similaire à l’objet présenté, mais pas le nom de cet objet - > mauvaise réponse mais forme de l’objet peut être concordante
Qu’est-ce que l’agnosie de la forme (Humphreys et Riddoch)? Qu’observe-t-on chez un patient qui en est atteint?
Altération des processus (traitements) perceptifs précoces (2D ; local et global)
- copie de dessins : échec
- description de dessins : échec
- appariement de formes identiques : échec
Qu’est-ce que l’agnosie intégrative (Humphreys et Riddoch)? Qu’observe-t-on chez un patient qui en est atteint?
Altération de l’élaboration de la forme globale (processus perceptif précoce)
- copie de dessins : bonne pour détails / contour ; échec si structure complexe
- description de dessins : peut être correcte
- reconnaissance de l’objet : échec (sauf si la présence d’un détail peut permettre l’identification)
Qu’est-ce que l’agnosie de la transformation (Humphreys et Riddoch)? Qu’observe-t-on chez un patient qui en est atteint?
Altération des processus intermédiaires (2D 1/2) et tardifs (3D)
- copie de dessins : bonne
- description de dessins : bonne
- reconnaissance de l’objet : échec si l’objet est présenté dans un angle inhabituel
e. g. : patient reconnaît le vélo dans sa forme prototypique (en 2D) mais dans un angle prototypique
Qu’est-ce que l’agnosie associative (Humphreys et Riddoch)? Qu’observe-t-on chez un patient qui en est atteint?
Altération des représentations structurales stockées en mémoire
- copie de dessins : bonne
- reconnaissance des objets : échec
- dessin de mémoire : échec
- appariement perceptif : correct
- appariement fonctionnel : échec
- appariement sémantique : échec
- > patient arrive à traiter les éléments perceptifs des objets
- > MAIS n’arrive pas à appareiller la forme perceptive de l’objet avec les connaissances sémantiques
Quels sont 2 exemples de troubles des caractéristiques visuelles élémentaires?
- Agnosie des couleurs : perte de perception des couleurs (le patient voit le monde en NB ou en pastel en cas de déficit partiel) ; lésion V4 (aire occipitale)
- Akinétopsie : perte de perception du mouvement (le patient voit le monde comme une suite de vues statiques) ; lésion V5 (aussi aire occipitale)
Quel trouble de la reconnaissance visuelle est spécifique d’un type de matériel : les visages? Explicitez.
Prospagnosie :
- décrite en 1844 pour la 1ère fois (Wigan) ; nommée par Bodamer (1947)
- agnosie visuelle qui affecte sélectivement la capacité d’identifier les visages antérieurement familiers, en l’absence de toute autre altération des fonctions perceptives élémentaires ou des autres habiletés cognitives
- les visages des proches et visages célèbres apparaissent non familiers
- patient n’a pas forcément de difficultés à reconnaître les objets présentés visuellement
- comme pour les agnosies, il existes différentes formes de prosopagnosie selon le niveau de traitement atteint
En quoi consiste le modèle de reconnaissance des visages de Bruce et Young (1986)?
(1) Encodage structural (invariants physionomiques) : traitement des différentes informations du visage
(2) Unités de reconnaissance faciale = étape associative : permet la mise en correspondance du percept issu de l’encodage structural avec les connaissances sémantiques sur la personne (e.g. son nom)
(3) Représentations sémantiques sur la personne
(4) Nom
Qu’est-ce que la prosopagnosie aperceptive selon le modèle de Bruce et Young (1986)? Qu’observe-t-on chez un patient qui en est atteint?
Altération de l’encodage structural (invariants physionomiques)
- identification de l’âge, du sexe : échec
- identification des émotions : variable
- appariement de visages : échec
- visage reconnu comme familier : non
- identification du visage : échec
Qu’est-ce que la prosopagnosie associative selon le modèle de Bruce et Young (1986)? Qu’observe-t-on chez un patient qui en est atteint?
Altération des unités de reconnaissance faciale
- identification de l’âge, du sexe : correct
- identification des émotions : correct
- appariement de visages : réussi
- visage reconnu comme familier : non
- identification du visage : échec
Le traitement des visages serait-il est un traitement spécifique, différent du traitement mis en place pour les objets?
La reconnaissance des visages dépendrait de circuits particuliers dans le cerveau
-> analyse spécifique de certaines caractéristiques du visage (e.g. gyrus fusiforme <=> Fusiform Face Area)
Sur la spécificité des troubles de reconnaissance des visages, quelle est la première hypothèse? Quels sont les arguments en faveur de cette hypothèse?
Trouble intra-catégoriel :
- Difficulté à identifier les membres individuels d’une catégorie homogène (visages, voitures, oiseaux, …)
- Lien avec le domaine d’expertise
- Arguments : existence de patients prosopagnosiques ayant également une difficulté à identifier les membres individuels d’une autre catégorie homogène
e. g. : patient présentait une prosopagnosie pour visages et parallèlement des difficultés pour distinguer les différents exemplaires de la catégorie des voitures, alors qu’il était mécanicien
Sur la spécificité des troubles de reconnaissance des visages, quelle est la seconde hypothèse, plus largement soutenue que la première? Quels sont les arguments en faveur de cette hypothèse?
Trouble perceptif particulier :
> Reconnaissance des visages repose sur des opérations perceptives spécifiques : traitement global, configura (contours, relations métriques) vs traitement local (trait par trait)
- Traitement configural : nécessaire pour visages, utile pour objets, peu nécessaires pour mots écrits
- Traitement local : nécessaire pour mots écrits, utile pour objets, peu nécessaire pour visages
> Arguments :
- Dissociations franches entre visages et mots : atteinte traitement configural -> prosopagnosie sans trouble de reconnaissance mots écrits ;
vice-versa : trouble de reconnaissance des mots écrits sans troubles reconnaissance visages
- Dissociations moins franches entre visages et objets : objets portent un peu sur le traitement configura mais pas uniquement
e.g. : patient prosopagnosique sans trouble reconnaissance objets OU avec reconnaissance objets partiellement altérée
Y a-t-il d’autres catégories visuelles d’exception que les visages?
Mots :
> L’acquisition de la lecture repose sur le développement de mécanismes spécialisés au sein des systèmes visuel et verbal
> Alexie pure :
- décrite par Déjerine (1891)
- déficit sélectif de la capacité à reconnaître visuellement les mots, alors que l’expression et la compréhension orale, ainsi que l’écriture restent normales
- déficit spécifique du matériel écrit (objets et visages sont bien reconnus) ET de la modalité visuelle (mots sont reconnus sur épellation orale ou par voie somesthésique)
Qu’est-ce que l’agnosie auditive?
Trouble de la reconnaissance des sons
- en l’absence de surdité
- en l’absence de détérioration intellectuelle
- en l’absence d’autres troubles cognitifs (en particulier le langage)
Quels sont les 2 types d’agnosie auditive que l’on distingue?
> Agnosie auditive verbale (“surdité” verbale) :
- impossibilité de comprendre le langage parlé, de répéter et d’écrire sous dictée en l’absence d’autre signe d’aphasie
- perception des autres sons de l’environnement est préservée
-> ce n’et pas un trouble du langage
Agnosie auditive non-verbale :
- trouble de la reconnaissance des sons de l’environnement, sans difficultés pour le langage parlé
- peut être spécifique à une catégorie de sons : e.g. cas de l’amusie (ou agnosie musicale = troubles de la reconnaissance des stimuli musicaux)
Qu’est-ce que l’amusie? Quels sont les types d’amusie?
> Décrite pour la première fois par Steinhal (1871)
Causée par un développement anormal (= amusie congénitale) OU une lésion cérébrale focale (= amusie acquise) la plupart du temps consécutive à un AVC
- Pour amusie acquise, différents patterns observables selon la localisation lésionnelle -> troubles différents (perception rythme vs. mélodie)
Déficit ne peut pas être expliqué par :
- une perte auditive (-> vérifier que le traitement sensoriel élémentaire est normal)
- un déficit d’une autre fonction cognitive
- un défaut d’exposition à la musique (il se peut que le patient n’arrive pas à traiter certains signaux musicaux parce qu’il n’y a jamais été exposé)
Quelles caractéristiques retrouve-t-on chez les cas d’amusie congénitale?
- Compréhension normale de la parole
- Reconnaissance normale des voix
- Difficulté à reconnaître une chanson familière sans les paroles
- Difficulté à détecter une fausse note ou que quelqu’un chante faux
- Difficulté à chanter juste
Quelles dissociations retrouve-t-on chez les cas d’amusie acquise? Qu’apportent-elles comme contribution?
Dissociations entre les capacités de perception des hauteurs, des rythmes ou des timbres
-> contribution à l’élaboration d’une modélisation cognitive du traitement du signal musical
Que proposent Peretz et Colheart (2003) dans leur modélisation cognitive du traitement du signal musical?
Entrée sonore (stimulus) -> Analyse acoustique
-> Organisation mélodique : contour -> intervalles -> tonalité
vs.
-> Organisation rythmique : rythme ; métrique
En quoi l’étude de Nunes-Silva et Haase (2013) confirme le modèle cognitif du traitement du signal musical de Peretz et Colheart (2003)?
> Patients V.G. et V.C. -> dissociation simple :
- difficulté pour traiter l’organisation mélodique
- pas de difficulté pour traiter l’organisation temporelle (rythmique)
Observation d’une double dissociation :
- patient qui présente des capacités préservées pour traiter l’organisation mélodique MAIS un trouble du traitement de l’organisation temporelle (rythmique)
Observation de différents traitements au sein des organisations mélodiques et temporelles
=> Confirme modèle de Peretz et Colheart (2003) qui propose que l’organisation mélodique et l’organisation rythmique sont sous-tendues par des processus (et peut être des régions cérébrales) séparés ;
=> ET qu’il y a des traitements séparés au sein des 2 organisations