Semaine 9 Flashcards

1
Q

Qu’est-ce que la dangerosité?

A
  • Dangerosité est une notion qui relève à la fois de considérations juridiques (droit pénal) et de considérations cliniques (psychiatrie).
  • Contrairement à d’autres notions cliniques, la dangerosité n’est pas née de façon indépendante. Les tribunaux se tournent vers la psychiatrie pour trouver des outils pour évaluer si la personne représente une menace. C’est alors la psychiatrie qui a développé la notion de dangerosité (sécurité publique et question de psychiatrie). La notion a alors été créée à la base d’une demande juridique et politique. La notion se prétend comme une notion clinique alors qu’elle relève plutôt
    d’une notion politique.
  • Fait référence à un état (ou à une condition) qui peut être attribué à un individu; fait référence à un potentiel de violence qui peut être assigné à une personne. On qualifie une personne comme dangereuse (caractéristiques qui représentent un potentiel de violence).
  • Implique la présence chez l’individu de certaines caractéristiques (permanentes ou temporaires, dépend de l’époque), et qui le prédisposeraient à réagir de façon agressive (violente) dans certains contextes (frustration, sentiment de perte de contrôle, etc.). L’individu est porteur de certains traits. On comment à intégrer la notion de contexte. Il y a un potentiel de violence/dangerosité et que face à certains contextes, le potentiel peut s’activer.
  • « La dangerosité paraît pour beaucoup un fait établi, lié à une disposition, à une structure de personnalité ou à une anomalie, en somme à ‘quelque chose’ ayant une existence permanente au sein de l’individu et se manifestant par une constance des attitudes » (Lievens, 1981, p.38).
  • Caractéristiques qui vont s’inscrire dans une explication du comportement violent
  • Exemples de traits/caractéristiques personnels : insensibilité affective, impulsivité, sentiment d’injustice subie.
  • S’inscrit dans une théorie du passage à l’acte.
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2
Q

Pour quelles raisons la notion de dangerosité a été largement critiquée et remise en question?

A
  1. On dénonce le caractère problématique de sa définition (relative, opaque, floue, imprécise). Définitions qui varient beaucoup selon qui est l’auteur et qui changent d’une personne à l’autre.

 Notion qui est principalement apposée à des individus qui pourraient poser des gestes violents contre la personne. Personne dangereuse vs situation dangereuse. Cette notion est imprévisible et qui a tendance à représenter uniquement un aspect de la violence (juste contre la personne). On se questionne sur les autres gestes qui sont tout autant dangereux et qui représentent des risques mais qui ne sont pas considéré comme des gestes violents et qui échappent à la définition de dangerosité. Par exemple la conduire avec facultés affaiblies, négligence professionnelle, crime contre l’environnement. Il ne faut pas seulement ramener au geste violent, mais aussi à l’impact et les conséquences.

 Si on veut conserver la notion de dangerosité, il faut l’appliquer aussi à des contextes et des situations. Se concentrer plus sur l’évaluation de situations dangereuses (condition de nos routes, plus de victimes sur a route que tué par des psychopathes), pas seulement l’individu. Il faut sortir des médias et de l’effet sensationnaliste des crimes violents.

  1. On dénonce aussi la dimension arbitraire de son évaluation. On se rend compte qu’il y a de nombreuses limites et biais dans l’évaluation clinique (diagnostique) de la dangerosité.

 Lorsqu’on demande à des experts d’évaluer la dangerosité, ils arrivent tous à des conclusions différentes. Biais liés essentiellement aux caractéristiques personnelles des experts (subjectivité).

 Études qui démontrent une tendance marquée des experts à surévaluer/exagérer la dangerosité. Remet en question la valeur même de la dangerosité dans le système pénal.

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3
Q

Quelle affaire juridique a remise en question la notion de dangerosité?

A

L’affaire John Baxstrom (voir note cours)

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4
Q

Quelles remises en question ont ouvert la porte au virage actuariel?

A
  • Peut-être qu’on n’a pas les bons outils pour évaluer les gens qui représentent une menace.
  • Par la suite, plusieurs études viennent confirmer la tendance à surévaluer la dangerosité.
  • On commence à opérer le virage actuariel. On a besoin de nouveaux outils pour identifier les gens qui représentent une menace.
  • La crise de la notion de dangerosité ouvre la porte à l’utilisation du risque pour évaluer la récidive.

Notion de dangerosité –» Remise en question –» Virage actuariel –» Notion de risque

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5
Q

Quelle est la distinction entre la dangerosité et le risque?

A

DANGEROSITÉ
• Présence d’une qualité immanente au sujet (interne au sujet).
• C’est le sujet qui est dangereux.
• Potentiel d’infliger des torts à autrui.
• Repose sur l’hypothèse d’un rapport entre les symptômes actuels et un acte à venir.
• Établie par le diagnostic.

RISQUE
• Ne résulte pas de la présence d’un danger précis porté par un individu concret. Contexte plus global, pas individuel.
• Résultats de la mise en relation de données abstraites ou facteurs qui rendent probables l’avènement d’un comportement (facteurs de risque).
• Résultats d’une corrélation statistique de facteurs hétérogènes.

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6
Q

Qu’est-ce que les pratiques prédictives?

A
  • Résultats de l’évaluation qui peuvent être utilisés à des fins prédictives; c’est-à-dire afin de prédire le passage à l’acte d’un individu.
  • Deux principaux éléments de l’équation prédictive:
    1. Critère (criterion) : comportement ou situation qu’on cherche à prédire (récidive, rechute, tentative de suicide).
  1. Prédicteurs : information, élément ou item utilisé dans le cadre de l’évaluation pour prédire le critère. On veut prédire quelque chose de précis, soit un critère. On utilise les symptômes/traits pour faire des prédictions. Autant dans une logique de risque que de dangerosité. C’est de l’information.
     Évaluation de la dangerosité (clinique) : les prédicteurs sont les traits de personnalités ou les symptômes.
     Évaluation du risque : les prédicteurs sont les facteurs de risque.
  • On va utiliser les 3 étapes (sélection, organisation et communication) pour les appliquer dans les 2 éléments des pratiques prédictives.
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7
Q

Quelles sont les étapes de l’évaluation de la dangerosité (clinique)?

A
  1. Sélection des informations (prédicteurs)

 Choix des prédicteurs peut varier d’un évaluateur à l’autre. C’est l’expert qui décide quelles sont les informations qui s’avèrent pertinentes pour évaluer le patient. Informations sont sélectionnées au gré des hypothèses cliniques (théoriques) qui seront émises par l’expert. Il n’y a pas de critères établis, pas de standardisation des informations. On laisse à l’évaluation une marge de manœuvre. On confie à l’expert la décision à prendre de quel outil il faut prendre pour faire l’évaluation de l’individu. On se base sur une théorie du passage à l’acte.

 Suite à l’entrevue, l’expert analyse la situation et émet des hypothèses en se basant sur l’information que d’après lui elles sont importantes et pertinentes et qui peuvent expliquer le passage à l’acte et peut-être un prochain geste.

 Nous ne sommes pas dans une logique statistique, on mobilise des explications cliniques, on tente de comprendre et expliquer le passage à l’acte.

  1. Organisation des informations

 Nature du lien entre prédicteurs et critère: rapport théorique (causalité). Les traits de personnalité, les comportements, les caractéristiques de la personne qui se sont retenus parce qu’ils peuvent expliquer le passage à l’acte. On endosse une certaine forme qu’il y a une causalité entre les traits et le passage à l’acte. S’appuie sur une théorie du passage à l’acte.

 On remet tranquillement en question la validité de cette méthode parce qu’elle s’appuie trop sur une base subjective. On dénonce le fait que les experts se basent trop sur leur intuition clinique. Si on se base trop sur cela, il peut y avoir une inégalité entre les évaluations.

  1. Communication des résultats

 Jugement clinique qui permet à l’expert de se prononcer sur le fait que le sujet représente (ou non) une menace. La question de l’évaluation va se raccrocher à la notion de prédiction (éventualité d’un autre passage à l’acte). L’expert se prononce sur le potentiel de violence, on ne parle pas de probabilité. L’individu a un potentiel de violence présente et face à une certaine situation, e potentiel pour s’enclencher. Résultat d’une pratique diagnostique: le patient est dangereux ou non (logique diagnostique, pas stats).

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8
Q

Quelles sont les étapes de l’évaluation du risque (actuarielle)?

A
  1. Sélection des informations (prédicteurs)

 Contrairement à l’évaluation clinique, la liste des prédicteurs est préétablie et ne peut être modifiée par celui qui fait passer l’évaluation (grilles standardisées). Peu importe qui peut faire l’évaluation, ce sont les mêmes prédicteurs qui seront pris en compte. Aucune marge de manœuvre laissée à l’évaluateur.

 Utilise des prédicteurs très précis, se sont des facteurs de risque qui sont corrélés statistiquement avec le critère qu’on chercher à prédire. Dans el cadre de la récidive, les prédicteurs sont des facteurs qui sont corrélés positivement avec les critères de récidive. Relève essentiellement à la probabilité.

 Agrégation des informations : on part d’info qui ne concerne pas juste l’individu, mais relève aussi de l’existence d’une grande population (qui a fait ressortir des critères).

 Les facteurs de prédiction relèvent seulement d’une corrélation mathématique. Par exemple, quels sont les facteurs qui permettent de corréler avec la réussite scolaire. Après l’étude de grande cohorte, on observe que le fait d’habiter ou non sur le campus. Le fait d’habiter sur le campus = facteur corrélé avec la réussite scolaire. On ne peut cependant pas expliquer pourquoi il y a corrélation avec une théorie, c’est simplement établi avec les calculs. C’est essentiellement un rapport statistique entre le facteur et le critère qu’on tente de prédire. C’est possible d’expliquer, mais faut aller plus loin que seulement le calcul mathématique.

  1. Organisation des informations

 Nature du lien entre prédicteurs et critère: lien essentiellement statistique (corrélation).

 Combinaison mécanique des résultats. À partir du moment qu’on dénote la présence d’un prédicteur, l’outil va nous indiquer précisément le pointage à quoi ça correspond. On est dans une compilation très mathématique.

 On additionne le pointage pour chacun des facteurs de risque, pour en arriver à un score total. Ce score nous permet de se prononcer sur le niveau de risque que l’on cherchait à prédire.

  1. Communication des résultats

 Résultats sont toujours des probabilités (probabilité de récidiver). On y va par rapport au niveau de risque (élevé, modéré, faible), différents paliers sur lesquels les individus vont être identifié. On se prononce statistiquement si l’individu représente plus ou moins un risque de récidive (continuum du risque).

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9
Q

Un exemple de grille atuarielle?

A
  • State of Virginia Sex Offenders Risk Assessment for Rape Cases. Utiliser dans les cas de délinquance sexuelle, surtout pour la détermination de la peine (si la personne représente un risque de récidive d’agression sexuelle).
     Pour chaque prédicteur (facteur de risque) on accorde un pointage.
     L’addition du pointage accordé pour tous les prédicteurs donne un score total.
     Score total permet d’établir le niveau de risque (risk level).
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10
Q

Quelles sont les conséquences du virage actuariel selon Castel?

A
  1. Nouvelle modalité de surveillance : dépistage systématique (profilage) des gens qui représentent une menace pour la société. Nouvelle idéologie (avant normalisation), maintenant on est plus dans l’optique de contrôle de population (regroupe les individus pour créer des groupes).
  2. Dissociation de l’activité diagnostique et de la prise en charge thérapeutique. Avant l’actuariel, la personne en charge de l’évaluation de l’individu était également la personne qui allait l’accompagner par la suite. Maintenant il y a une dissociation entre les deux. L’évaluation et la prise en charge sont faites par deux personnes différentes (ex. les psys au SCC font pratiquement juste de l’évaluation et pas de suivi).
  3. Crise de la clinique. La notion clinique c’est le soignant qui se retrouve au chevet de son patient, il est en contact direct, relation d’aide. Maintenant ce rapport clinique/rentre entre patient/soignant, il y a une mise à distance. La relation patient/soignant est en train de disparaitre, ce qui explique la crise. Les gens qui évaluent n’ont plus la nécessité de rencontrer l’individu de façon personnelle. Même le justiciable peut remplir lui-même les grilles/outils, c’est très mécanique et standardisé. La crise de la clinique est également présente dans le domaine de la médecine. En lien avec la multitude d’outils accessibles pour évaluer (imagerie, scan, donnent beaucoup d’info sans même avoir rencontré quelqu’un). Avec les outils, on peut envoyer imagerie cérébrale ailleurs dans le monde et un spécialiste peut donner un diagnostic même s’il n’a jamais rencontré la personne.
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