Navigation méditerranéenne et culture maritime Flashcards
A la lecture des témoignages des pèlerins italiens, on se rend compte qu’ils sont généralement :
assez ignorants de ce qui les attend. On possède par exemple le témoignage d’un pèlerin, Iacopo da Verona, qui va embarquer à Venise en 1335 et découvre à cette occasion que les bateaux n’ont pas de rame, mais seulement des voiles !
le récit de Marco Polo (1254-1324 environ) :
Le Devisement du
monde appelé aussi Livre des merveilles, qui est en même temps un récit de voyage vers l’Asie
passionnant, mais aussi un catalogue de mythes.
Gênes en particulier est connue pour :
posséder des chroniques d’une extraordinaire continuité entre 1100 et 1293. Pour Pise, on peut citer les Annales de Bernardo Maragone (vers 1180). A Venise, on possède les textes de Martin da Canal
(seconde moitié du XIIIe siècle) ou encore les chroniques du doge Andrea Dandolo (XIVe siècle) qui donnent de nombreuses informations fiables sur la navigation.
Le géographe musulman Al Idrissi (mort vers 1165) décrit ainsi Messine :
« on accueille les grands navires et les voyageurs et les marchands de tous les pays latins et musulmans ; les marchés sont florissants, les marchandises trouvent acheteur, et nombreux sont les aventuriers qui y viennent ». Plus loin, il insiste : « le port est une vraie merveille, et on en parle dans le monde du fait qu’il n’y a pas un navire, quelle que soit sa taille qui ne puisse y
jeter l’ancre ».
Le poète Dante décrit l’Arsenal de Venise dans son célèbre poème épique :
La Divine Comédie, qu’il compose dans le premier tiers du XIVe siècle.
Jacques de Vitry, qui est à Gênes en 1216 en partance pour la Terre sainte, dit que :
le navire sur lequel il embarque a une valeur de 4 000 lires, dont 500 lires uniquement pour le mât.
Au début du XIVe siècle, les galères les plus grosses font :
40 mètres de long environ, pour 5,5 mètres de large. Elles ont une capacité de 150 à 200 tonnes, et peuvent atteindre une vitesse de 5 à 6 nœuds.
En mars 1382, la Galea Sant’Antonio quitte le port de Gênes. C’est une :
galea da mercato, c’est-à-dire une galère marchande de grande taille, qui sert au commerce des épices. Elle part pour un voyage commercial vers l’ Égypte. On a conservé le registre de bord aux archives de Gênes, et cela permet de savoir d’où viennent les rameurs qui ont embarqué : 38 viennent de Gênes, 52 viennent de la « riviera » c’est-à-dire les régions côtières alentour, 19 des Apennins, 44 de mer Noire et de sa région, 5 de l’île de Chios, ainsi que quelques marins de Bonifacio,
Chypre, la Sicile, et diverses villes italiennes, espagnoles et dalmates (Padoue ou Parme, Cordoue ou Majorque, Zadar). C’est une parfaite illustration d’un phénomène typique de l’époque : un équipage rassemblant des hommes provenant de très nombreuses régions différentes.
Un signe intéressant de ce fort sentiment religieux est dans :
l’évolution du nom des navires. Jusqu’aux XIIIe et XIVe siècles, beaucoup portent des noms menaçants qui renvoient à la guerre (Roccaforte, Rosaferrata, Vinciguerra ; mais aussi Falco, Leopardus, Luna, Stella). A partir du XIVe siècle, on note une tendance à la
christianisation avec la généralisation de noms tels que Santa Maria, San Francesco, San Domenico etc.
L’État se chargeait ainsi d’une part des trafics
commerciaux en organisant régulièrement des convois de galères publiques, les :
les galere da mercato.
Un patricien, élu comme capitaine par le Grand Conseil, naviguait avec le convoi. Il était chargé de :
« gouverner les galères » et de représenter l’État. Il devait être de la « qualité que requiert une charge aussi importante », choisi pour « l’intelligence et la pratique qu’il a de la profession maritime » parmi les hommes d’expérience, tel ce Tommaso Zen, élu capitaine des galères en 1499 en raison de « son grand cœur et de sa pratique de la mer ». Le capitaine veillait au bon
déroulement du voyage, tant d’un point de vue technique et maritime qu’en matière commerciale. Ses premières fonctions étaient navales et militaires, et il décidait en particulier des manœuvres offensives et défensives à mener.