Byzance et les Ottomans Flashcards
Andronic II a recruté une compagnie de mercenaires catalans, qui avaient servi en Sicile le roi d’Aragon contre les Angevins :
les Almugovares (ou Almogavares), sous le commandement de leur capitaine Roger de Fior. Arrivée fin 1303, la compagnie catalane bouscule les Turcs et ouvre à nouveau les routes d’Asie Mineure. Mais les relations entre les mercenaires et le coempereur Michel IX se dégradent. La rupture
est consommée en 1305. La cour byzantine fait assassiner Roger de Fior mais Michel IX est
vaincu par les mercenaires.
Au cours des mois suivants, ceux-ci traversent le détroit (1306) et pillent la Thrace, mettant en péril le ravitaillement de Constantinople. Finalement, en 1307 les Catalans se dirigent vers la Grèce. Après avoir ravagé la Thessalie, ils s’emparent du duché franc d’Athènes (1311).
La Bithynie est perdue dans les années 1320-1330 et en 1354 :
Orkhan s’installe à Gallipoli et la conquête commence dans la partie européenne, isolant Constantinople. Jean V Paléologue se tourne alors vers la papauté. En 1355 il propose une croisade en deux étapes, qui pourrait persuader les Grecs de la sincérité des Latins et les convaincre d’accepter l’Union, mais ces discussions n’aboutissent pas.
Le seul prince occidental disposé à partir en croisade est :
le comte de Savoie. Il avait déjà préparé une armée de 3000-4000 pour le projet de « passagium generale » prévu en 1363: le port de Gallipoli est repris aux Ottomans, puis les ports bulgares de Mesembria et de Sozopolis, ce qui contraint le tsar à relâcher Jean V. Après ce bilan mitigé, Amédée retourne en Occident, laissant le basileus seul face à la menace ottomane.
Une nouvelle coalition orthodoxe voit le jour à la fin des années 1380 :
Le sultan Murad affronte le prince serbe Lazare, allié au tsar bulgare et au voïévode valaque. Le 15 juin 1389, à
la bataille du « Champ des Merles » (Kosovopolje), il écrase l’armée chrétienne. La Serbie devient à son tour tributaire, tandis que la Bulgarie est annexée par les Ottomans quelques années plus tard (1393). Constantinople est mise sous blocus turc (1394)
la pression ottomane s’accroît progressivement sous :
Murad II. Le sultan reprend Thessalonique en 1430, abandonnée par les Vénitiens, à qui Manuel II avait confié la défense de la ville en 1423. Le nouveau siège de Constantinople en 1422 n’est qu’un coup de semonce. Il vise en réalité à asseoir son pouvoir dans les Balkans (conquête de l’Albanie) et en Anatolie.
Qui sont donc ces courants d’opinion byzantins et comment se positionnent-ils face aux Latins et aux Turcs ?
Les « élites » intellectuelles et politiques sont assez divisées. On remarquera d’abord qu’une partie des intellectuels s’est rapprochée de l’Occident, pour y trouver une source d’enrichissement culturel : c’est le cas de Demetrios Kydones au XIVe siècle. Séduit par le thomisme, il se convertit au catholicisme. Plusieurs intellectuels grecs se sont installés en Italie où ils profitent de l’intérêt croissant pour l’Antiquité et l’hellénisme. L’évêque de Nicée
Jean Bessarion, élève du philosophe Gémiste Pléthon, la plus grande figure intellectuelle des dernières décennies de Byzance, participe au concile de Florence et après un bref retour, retourne s’installer en Italie où il est fait cardinal.
Après 1439 une forte suspicion :
d’hérésie latine flotte sur Constantinople. L’archevêque de Kiev nommé par le patriarche, Isidore, ne
parvint pas à convaincre et se fâcha avec le prince Basile III (qui peut être l’emprisonna, mais le laissa partir en 1441). Il préféra se réfugier en Italie où il fut fait cardinal.
La flotte pontificale est arrivée trop tard, mais dans l’été :
445, ayant emmené un contingent bourguignon, avec Wallerand de Wavrin (son oncle Jean de Wavrin raconte ses exploits dans sa chronique), elle attaque les cités ottomanes sur les rives du Danube, en
coordination avec le prince de Valachie et de Jean Hunyadi. Ce dernier, devenu le gouverneur de la Hongrie depuis la mort du roi, lance une ultime expédition, qui est arrêtée à Kosovo en 1448. Ce sont les ultimes soubresauts des croisades tardives en Europe du Sud-Est. Jean Hunyadi parvient néanmoins, juste avant de mourir, à défendre Belgrade, assiégée en 1456
Les préparatifs durent plus d’un an. Mehmet fait …
d’abord construire une nouvelle forteresse sur la rive européenne du Bosphore, Rumeli Hisar dans l’été 1452. Les Turcs peuvent ainsi bombarder tout navire qui n’accepterait pas une inspection de leur part. Mehmet ne veut pas pourtant d’un choc frontal avec la Chrétienté. Il renouvelle les traités avec les Génois,
garantit la sécurité de Péra en échange de sa neutralité et avec les Vénitiens. La paix étant assurée du côté hongrois, il constitue une armée de 80000 hommes mais assez inégale : les janissaires, l’élite, composée de soldats esclaves, ne forment encore qu’une minorité. Il prend un grand soin personnel à s’équiper d’une artillerie, dont un gros canon livré début 1453 par un ingénieur hongrois, Orban. Et enfin, il fait construire rapidement une flotte, dans le but d’effectuer simultanément un blocus de la Cité pour ne pas répéter les échecs de ses prédécesseurs.
Le secrétaire grec du sultan, Théodore Katabolenos, négocia avec :
George Amiroutzès, qui était au service de David Comnène, la reddition de la dernière ville grecque, Trébizonde, en 1461. Amiroutzès fut récompensé par le sultan en devenant une sorte de philosophe de la cour. Il créa une mappemonde fondée sur Ptolémée pour son maître. Il était cousin du vizir Mahmud pacha
et ses deux fils se convertirent à l’islam. C’est un grand lettré mais collaborateur, qui fait du sultan un basileus.
A la fin du XVe siècle, les récits prophétiques s’attachent désormais à prédire :
la chute de l’empire ottoman. Tous ces récits convergent sur l’idée que la domination musulmane
ne peut être que temporaire, car l’empire ottoman sera lui aussi détruit, par une race « d’hommes
blonds ». Les récits plus tardifs, au XVIIe siècle, chez les Grecs ottomans, identifient ces
derniers avec les Russes. Pseudo-Sphrantzès (œuvre du XVIe rédigée par Makarios Melissenos)
fixe la mort de l’empire à 1655.
La croisade connut une ultime vigueur dans les écrits des humanistes, mais il s’agissait de :
« croisades de papiers ». On dessinait les contours d’une civilisation, d’une Europe (Le De Europa de 1458) que l’on commençait à nommer ainsi, mais qui se confondait avec la chrétienté occidentale : la menace turque servit de catalyseur à la formation d’une identité européenne chrétienne, jusqu’au XVIIIe siècle. Byzance en était absente. Lorsque l’on évoquait les Grecs à libérer de la turcocratie, les sentiments étaient confus : la pitié, mais aussi leur responsabilité, le fait qu’ils étaient devenus à moitié barbares eux-mêmes…