le royaume d'Angleterre Flashcards

Question

que peut on dire sur les assises locales des comtés ? leurs rôles ?

Answer 1

▶︎Parmi ces institutions figure celle des assises locales des comtés. Ces comtés, qui constituaient des circonscriptions administratives sous les Saxons, furent récupérés par les Normands. Les assises des hommes libres, qui se réunissaient au sein de ces comtés, furent respectées par les conquérants, car elles servaient les intérêts royaux : ces hommes avaient prêté serment de fidélité au roi d’Angleterre, renforçant ainsi l’autorité monarchique.

Answer 2

▶︎Les centaines, subdivisions des comtés, furent également maintenues. Ces unités administratives disposaient de leur propre assemblée, composée d’hommes libres, et avaient pour fonction principale de traiter les affaires judiciaires moins graves. Ce système permettait de décentraliser partiellement la justice tout en assurant une certaine efficacité locale.

Answer 3

▶︎Une autre institution clé héritée de la domination saxonne est celle du shérif, véritable homme à tout faire du roi. Le shérif, officier royal de confiance, jouait un rôle central à l’échelle du comté, cumulant des pouvoirs fiscaux, financiers et judiciaires. Il supervisait la collecte des impôts, s’assurait de l’application des lois et représentait le roi dans les affaires locales. Les Normands s’appuyèrent largement sur cette figure pour renforcer leur contrôle sur le territoire.

Answer 4

▶︎Outre ces institutions, une obligation militaire fut imposée à tous les hommes libres d’Angleterre : ils devaient servir sous les armes si nécessaire. Cette mesure s’inscrivait dans une logique d’obéissance stricte envers le roi et garantissait une capacité de mobilisation rapide des forces armées.

Answer 5

▶︎ De plus, les barons étaient tenus de répondre aux appels du roi en cas de besoin. Ils avaient l’obligation de se rendre à son service pendant 40 jours, accompagnés de leurs propres chevaliers, ce qui constituait un élément central de l’organisation militaire et féodale.

Answer 6

Ainsi, les Normands, tout en imposant leur domination, ont su tirer parti des structures saxonnes existantes pour consolider leur pouvoir et administrer efficacement le royaume. Ces institutions saxonnes adaptées par les Normands sont devenues les fondements de l’organisation politique, judiciaire et militaire de l’Angleterre post-1066. => C’est ainsi que le roi d’angleterre se repose sur ces h et sur des obligations strictes pour stabiliser un royaume grand et hétérogène soc et pol.

Answer 7

En Angleterre, la seigneurie se structure autour du manoir, qui constitue un centre d’exploitation agricole et l’un des moyens les plus visibles pour les seigneurs normands de démontrer leur pouvoir.

Answer 8

La construction de châteaux devient également un symbole de cette autorité, incarnant à la fois la défense militaire et la domination seigneuriale.

Answer 9

Sous la domination normande, le roi-duc, qui était fréquemment absent en raison de ses obligations en France, délègue la gestion des terres anglaises à ses vassaux.

Answer 10

Cependant, le concept du manoir n’est pas une nouveauté introduite par les Normands : il existait déjà sous la période anglo-saxonne comme un centre de vie agricole dans les zones rurales. Le manoir se distingue par une importante bâtisse, qui pouvait être aussi bien laïque qu’ecclésiastique. =>Ainsi, le manoir, combinant exploitation agricole et domination territoriale, était une institution clé dans l’organisation socio-économique anglaise médiévale, renforcée par les Normands tout en s’appuyant sur des pratiques préexistantes L’un des exemples les plus marquants de la gestion des manoirs est celui de l’évêque de Winchester, qui dirigeait un vaste réseau de ces domaines. Grâce à ses manoirs, cet évêque était l’un des plus riches seigneurs d’Angleterre.

Answer 11

L’économie des manoirs reposait en grande partie sur l’élevage, particulièrement celui des moutons, qui représentait une des principales richesses de l’Angleterre. Cet élevage lainier jouait un rôle central dans la production de laine, une ressource très prisée à l’époque. La laine anglaise était non seulement cruciale pour la confection de vêtements, mais elle était également un produit d’exportation majeur, contribuant à la prospérité des seigneuries.

Answer 12

Certaines populations échappent au contrôle direct du système normand, notamment celles situées en marge du royaume d’Angleterre. Ces groupes, souvent relégués sur des terres moins fertiles, se concentrent dans des régions périphériques, comme les extrémités nord et ouest du territoire, où l’autorité normande est plus difficile à imposer.

Answer 13

La proximité avec le pays de Galles constitue un défi particulier pour les Normands. Les Gallois, structurés en puissants seigneurs locaux, se montrent réfractaires à l’intégration dans le système féodal anglo-normand. Ces populations souhaitent préserver leur autonomie face à l’autorité normande et résistent à toute tentative de domination.

Answer 14

Les Gallois revendiquent plusieurs aspects de leur autonomie : - L’indépendance juridique : ils souhaitent continuer à vivre sous leurs propres lois, refusant l’imposition des règles anglo-normandes. - L’autonomie fiscale : ils rejettent les obligations tributaires imposées par les Normands. - L’indépendance ecclésiastique : leur église locale, moins centralisée, diffère de l’organisation religieuse imposée par les Normands. = Malgré les efforts des Anglo-Normands pour intégrer ces régions, les Gallois maintiennent une forte volonté d’indépendance, refusant d’être réduits à de simples vassaux du pouvoir central.

Answer 15

Les zones frontalières, connues sous le nom de marches galloises, sont aménagées pour protéger le cœur du royaume. Ces territoires servent de zones tampons entre l’Angleterre et les régions indépendantes du pays de Galles. Des seigneurs normands y sont souvent installés pour défendre ces zones, mais les tensions restent vives.

Answer 16

Le respect de la parole donnée est un principe central dans le fonctionnement du royaume anglo-normand, mais c’est également l’efficacité des institutions financières qui contribue à la solidité du pouvoir monarchique. Une grande quantité d’argent circule, soutenue par une institution clé : l’Échiquier. =>L’Échiquier, institution originale et sophistiquée, est le cœur de la gestion financière du royaume.

Answer 17

- Enregistrement des flux financiers : L’Échiquier consigne les paiements entrants et sortants, les engagements de dépenses, et les recettes perçues par le royaume. - Gestion des comptes : Le contrôle des comptes royaux permet de suivre avec précision les revenus et les dépenses. Cette transparence assure la stabilité financière et garantit que les ressources sont utilisées de manière efficace. - Double utilité : L’Échiquier agit à la fois comme une institution administrative et un outil de contrôle permettant de surveiller l’ensemble des finances du royaume.

Answer 18

Lorsque Henri II monte sur le trône, il hérite d’un royaume affaibli par des années de troubles et de pertes économiques. Les revenus de la monarchie anglo-normande avaient été divisés par deux, ce qui constituait un défi majeur pour son règne. Cependant, grâce à la réorganisation des institutions et à l’efficacité de l’Échiquier, il parvient à récupérer une grande partie des ressources perdues.

Answer 19

Le roi-duc d’Angleterre, en sa qualité de duc de Normandie, est vassal du roi de France. Cet hommage est un rite solennel, témoignant de la complexité des relations féodales entre ces deux puissances. La Normandie, en tant que principauté puissante et bien organisée, dispose d’une cour ducale rodée, capable de gérer efficacement les affaires du duché.

Answer 20

➤ Un symbole fort de la défense et de la souveraineté normande est le château de Gisors, qui garde l’entrée de la Normandie et marque la frontière avec les territoires contrôlés par le roi de France. Ce château est à la fois une place forte militaire et un point de ralliement pour l’autorité ducale.

Answer 21

La richesse de la Normandie repose sur plusieurs piliers : - Les forêts : Elles fournissent du bois pour la construction et l’artisanat, mais aussi des ressources pour la chasse, un privilège réservé à l’élite. - L’agriculture et l’élevage : La Normandie est une terre fertile, produisant des céréales, des fruits, et développant un élevage bovin et équin de grande qualité. - Les productions et échanges : Grâce à sa position géographique, la Normandie profite des routes commerciales reliant la France, l’Angleterre et d’autres régions d’Europe, générant des revenus substantiels.

Answer 22

Le duc de Normandie peut s’appuyer sur une fiscalité ordinaire et extraordinaire : - Fiscalité ordinaire : Les revenus issus des taxes sur les terres et les productions agricoles. - Fiscalité extraordinaire : Imposée en cas de besoin, notamment pour financer des campagnes militaires ou des projets spécifiques. => une fiscalité efficace

Answer 23

Avec l’évolution de l’administration ducale, les officiers traditionnels de Normandie ont progressivement été éclipsés par des nouveaux agents, tels que les baillis. Ces baillis, apparus avant 1200, étaient au nombre de 25 et jouaient un rôle central dans la gestion administrative et financière du duché. Itinérants dans leurs fonctions, ils étaient chargés de représenter l’autorité ducale à travers le territoire. Leur rôle, souvent redouté, rappelle celui des shérifs en Angleterre, et leur présence consolidait le pouvoir ducal au niveau local.

Answer 24

- Contrôle ecclésiastique : La maison ducale entretenait des relations privilégiées avec l’Église. Les dotations généreuses, comme celles faites à l’abbaye du Mont-Saint-Michel, témoignent de cette alliance. Par ailleurs, de nombreuses fondations pieuses étaient créées en lien avec des abbés influents, renforçant l’autorité spirituelle et sociale. - Le haut clergé séculier : Composé de dignitaires de haut rang, il contrôlait les évêchés stratégiques et participait activement à la gouvernance du duché.

Answer 25

Cependant, en quittant la Normandie pour d’autres territoires des Plantagenêts, l’autorité ducale devenait plus fragile. Si la Normandie brillait par sa rigueur administrative et la présence d’agents tels que les baillis, d'autres régions, comme l’Anjou ou la Touraine, présentaient une domination plus discontinue et féodalisée.

Answer 26

- Le sénéchal : En l’absence du roi-duc, le sénéchal était chargé de superviser l’administration et de maintenir l’ordre. Cependant, l’autorité ducale dans des régions comme l’Anjou ou l’ouest de la Touraine était moins assurée, en raison de la persistance de structures féodales locales. - Les seigneurs locaux : Ces aristocrates dominaient les campagnes depuis leurs châteaux fortifiés, exerçant une autorité presque indépendante. Ils étaient redevables d’une partie de leur fief au seigneur supérieur, mais leur autonomie compliquait la centralisation du pouvoir.

Answer 27

- Terres fertiles : L’Anjou et la Touraine disposaient de terres comparables à celles de Normandie, avec des productions agricoles variées. - Vignobles et artisanat : La viticulture y était particulièrement développée, et certaines régions étaient réputées pour leur artisanat de qualité. - Faible fiscalité : Contrairement à la Normandie, où les baillis assuraient une collecte efficace, ces régions généraient moins de revenus en raison de la domination des seigneurs locaux et de l’absence de contrôle rigoureux des agents ducaux.

Answer 28

Les Plantagenets, à la tête de vastes domaines allant de la Loire aux Pyrénées, ont hérité de cet immense territoire grâce à des stratégies dynastiques et des alliances, notamment par le biais de l'Aquitaine. ☞ L’Aquitaine, un domaine stratégique, avait déjà été dotée de structures administratives solides sous les précédents ducs, et Aliénor de Guyenne, en tant que duchesse, s’appuyait sur cet héritage pour gérer ses vastes possessions.

Answer 29

La région était marquée par des luttes de pouvoir entre différentes maisons, notamment celle de Poitiers et celle de Toulouse. La maison de Poitiers, cependant, sortait victorieuse de ces conflits. Bien que le pouvoir fût concentré autour de la résidence d'Aliénor à Poitiers, elle ne pouvait pas exercer une autorité absolue sur toute l'Aquitaine. En effet, elle devait composer avec de nombreux vassaux puissants et leur rendre hommage, en particulier au comte de Poitiers, et leur prêter fidélité.

Answer 30

Ainsi, plus on descendait vers le sud de l'Aquitaine, moins le pouvoir de la maison ducale était directement ressenti, car la maison de Poitiers perdait peu à peu ses points d'ancrage et son autorité sur ces territoires.

Answer 31

Les Capétiens, de leur côté, n’hésitaient pas à tirer profit de cette situation en cherchant à renforcer leur influence dans le sud, notamment en exerçant une pression sur l’Aquitaine. La maison capétienne, bien qu’ayant une forte influence au nord, désirait s’étendre en exerçant des pressions sur les terres de Poitiers. L’hommage rendu au comte de Poitiers n’était pas simplement un acte de soumission ; il représentait aussi un point d’intérêt stratégique pour les Capétiens, qui cherchaient à affirmer leur domination sur les territoires voisins.

Answer 32

Pour assurer la loyauté de l'Aquitaine envers le pouvoir plantagenêt, Henri II chercha à placer des hommes de confiance dans des positions clés, comme le patrice de Salisbury. Toutefois, cette tentative échoua : Salisbury, bien qu’imposé par le pouvoir anglais, n’avait pas de véritables alliances locales et son mariage avec une femme non-française n’aida pas à renforcer sa légitimité. En 1168, il fut assassiné dans une embuscade, illustrant l’échec de la stratégie d’implantation d’un pouvoir extérieur sans enracinement local. Cela met en lumière un fait important : en Aquitaine, le pouvoir devait constamment être réaffirmé, souvent par des gages de fidélité et des symboles d’autorité comme le droit de battre monnaie.

Answer 33

Malgré sa richesse indéniable, l’Aquitaine ne contribuait pas autant que d'autres régions aux finances royales. Les produits agricoles, notamment le blé et les fruits, étaient essentiels pour approvisionner le royaume anglais, moins diversifié en termes de production agricole. L'Aquitaine apportait également une grande quantité de sel, des vins de qualité et de nombreux produits artisanaux très prisés. Cette richesse ne se limitait pas seulement à la production agricole. Le commerce, en particulier dans des ports comme La Rochelle, prospérait grâce à un réseau commercial vaste, comprenant des systèmes de stockage et de réexportation. Les commerçants jouaient un rôle clé dans ce commerce transatlantique, et les Plantagenets contrôlaient tous les ports stratégiques, de Bayonne à Londres, intégrant ainsi un réseau maritime vital.

Answer 34

Ces enjeux territoriaux et économiques ont conduit à des conflits récurrents entre les Plantagenets et les Capétiens, notamment autour du contrôle des terres aquitaines. L'enjeu était double : conserver une position dominante en Aquitaine, et établir une hégémonie politique qui allait au-delà des simples hommages, redéfinissant les relations féodales et les alliances dynastiques.

Answer 35

La Bretagne, dans un premier temps, qui tombe dans l’orbite d’Henri II dans les années 1150, paraît un fruit empoisonné.

Answer 36

Ressuscitant la vieille politique de son grand-père Henri Ier Beauclerc, roi-duc des deux côtés de la Manche, qui visait à assurer la suprématie de la Normandie sur les seigneurs bretons, Henri II entend les fidéliser et les stabiliser par le don de terres en Angleterre et en Normandie, de manière à faire du fief un instrument de régulation des tensions.

Answer 37

Pour ce faire, l’exploitation d’une grave crise successorale bretonne est subtilement menée. En 1148, le duc de Bretagne Conan III, sur son lit de mort, refuse de reconnaître son fils Hoël comme successeur, lui reprochant sa bâtardise, et lui préfère son petit-fils le jeune Conan, représentant de la branche cadette de la maison de Penthièvre, héritière de l’honneur de Richmond en Angleterre. Cela revient à exposer le pouvoir ducal au risque d’une régence, au bénéfice du vicomte Eudon de Porhoët, beau-père du jeune Conan, et à pousser Hoël à la révolte.

Answer 38

En 1154, la crise de succession n’étant toujours pas réglée, Conan devenu majeur s’enfuit se réfugier à la cour d’Angleterre, ce dont Henri II, devenu roi-duc dans l’intervalle, profite au motif que le duc de Bretagne est son vassal pour l’honneur de Richmond. Il arme donc le prétendant au titre ducal breton pour s’ingérer dans les affaires bretonnes.

Answer 39

En assurant au jeune Conan, pour qu’il devienne Conan IV, la victoire contre son rival Eudon de Porhoët (1156), Henri II obtient dès lors une reconnaissance de vassalité, ainsi que la cession du comté de Nantes, qu’il transfère à son frère cadet comme lot de consolation après l’avoir déshérité du comté d’Anjou.

Answer 40

Par la suite, en 1166, Henri II accentue ses pressions sur le duché de Bretagne et règle son sort pour de nombreuses années en contraignant Conan IV à abdiquer en faveur de sa fille et unique héritière, Constance, laissant cependant Conan investi de l’honneur de Richmond. Le contrôle direct de la principauté est alors assuré, puisque Constance encore enfant est fiancée à Geoffroy Plantagenêt, le troisième fils d’Henri II et d’Aliénor, âgé de huit ans. Tout cela mène au triomphe de la politique Plantagenêt dans l'Ouest de la France. Après l’écrasement d’une dernière révolte d’Eudon de Porhoët (1168), il ne reste plus qu’à faire couronner Geoffroy duc de Bretagne et à lui faire recevoir l'hommage des vassaux bretons.

Answer 41

La cérémonie est organisée à Nantes en 1169 : elle consacre le basculement de la principauté dans les réseaux des Plantagenêts jusqu'en 1203. Il faut attendre de nouvelles querelles dynastiques, internes aux Plantagenêts eux-mêmes, pour que se manifeste la volonté des vassaux bretons de se rapprocher du roi capétien à l’occasion des débuts du règne de Jean sans Terre (1202-1203).

Answer 42

La domination du souverain anglais est plus nominale en Irlande et au pays de Galles, même si elle sait se faire sentir. Le pays de Galles est une terre éclatée entre plusieurs pouvoirs dominants (maisons de Gwynedd au nord, de Powys au centre, et de Deheubarth au sud), qui a subi très tôt les effets du dynamisme anglo- normand.

Answer 43

Les princes gallois rivaux entre eux doivent en effet se résoudre à accepter dès la toute fin du XIe siècle l’installation sur leurs collines frontalières de seigneurs anglo-normands très puissants, les barons de la Marche (Marcher Lords), des hommes avides de terres, à la tête de comtés militaires frontaliers. Grâce à ces hommes de confiance, la frontière militaire de l’ouest de l’Angleterre est bien défendue.

Answer 44

Par ailleurs, des populations anglo-normandes, secondées d’éléments bretons et flamands, pénètrent dans le sud-est du pays de Galles. Les différentes possessions des trois principales dynasties galloises n’en sortent pas indemnes : une ligne de partage apparait entre la pura wallia et marchia wallie.

Answer 45

une zone restée fidèle aux coutumes et à l’organisation sociale celtiques, la Pura Wallia, où les Gallois sont à l’écart de la féodalisation,

Answer 46

la Marchia Wallie, possédant son propre droit et ne faisant pas partie du royaume d’Angleterre à proprement parler. Les barons de la Marche doivent cependant l’hommage au roi d’Angleterre.

Answer 47

Face à cette société militaire particulière, les princes gallois restent longtemps divisés, profitant notamment de la période de graves troubles du règne d’Étienne de Blois (1135-1154) pour renforcer leur indépendance.

Answer 48

Face à cette société militaire particulière, les princes gallois restent longtemps divisés, profitant notamment de la période de graves troubles du règne d’Étienne de Blois (1135-1154) pour renforcer leur indépendance.

Answer 49

La situation de la péninsule galloise est donc stabilisée pour de nombreuses années : le pays de Galles divisé en deux (une partie féodalisée au sud et le long de la côte, d’une part, une partie celtique au nord et dans les hautes terres, d’autre part) peut retrouver un calme relatif, sous la surveillance sourcilleuse de certains aristocrates gallois passés du côté du roi d’Angleterre, ou de barons anglo-normands qui font souche avec une princesse galloise.

Answer 50

L’Irlande, de son côté, présente dans la deuxième moitié du XIIe siècle un visage différent. La vieille civilisation gaélique a là aussi beaucoup évolué au Moyen Âge central sous l’influence du voisin anglais, mais les relations sont plus lâches, car le roi anglo-normand a eu depuis 1066 d’autres soucis que la soumission des chefs gaéliques irlandais.

Answer 51

La présence anglo-normande en Irlande remonte en effet à la promesse du pape Adrien IV (un Anglais) de reconnaître la suzeraineté du roi d’Angleterre sur ce royaume périphérique en échange de la soumission complète de l’Irlande au magistère romain. En pratique, le pape n’a de cesse de s’irriter du maintien dans l’île de pratiques religieuses celtiques non conformes aux yeux de Rome, notamment dans le calcul de la date de Pâques.

Answer 52

Henri II ne se lance pas tout de suite dans l’aventure, mais l’occasion se présente en 1170, à la faveur de querelles claniques comme il en survient régulièrement sur l'île. Concrètement, le roi de Leinster, un certain Dermot MacMurrough, a été déposé par une coalition menée par son rival Rory O'Connor et forcé de s’exiler en Angleterre. Henri II autorise Dermot à recruter un corps expéditionnaire parmi les barons anglo-normands, que Dermot utilise pour regagner son trône avant de récompenser convenablement les barons qui l'ont aidé. Progressivement, Dermott, Strongbow et leurs alliés s'arrogent une large domination sur l’Irlande, jusqu'à ce qu’Henri II s'en émeuve.

Answer 53

Il craint en effet l'émergence d'une sorte de pouvoir autonome en Irlande, dont il considère la population comme autant de sujets et de vassaux. Cela d'autant plus que Strongbow a épousé la fille de Dermot, Aoife, et que quand Dermot meurt (1171), Strongbow récupère l'héritage de l'ensemble du Leinster ainsi que de vastes territoires dans le sud de l’Irlande.

Answer 54

L'expédition qu'Henri II met alors sur pied est exceptionnelle et prend les allures d’un Hastings irlandais en réduction. Il emmène avec lui une grande armée et beaucoup de machines de siège. Cependant, il s'agit plus d'une démonstration de force que d'une tentative sérieuse de jeter Strongbow hors d'Irlande. Henri II se satisfait de la reconnaissance de son autorité, et il est récompensé lorsque les conquérants anglo-normands de l'Irlande et un grand nombre de princes gaéliques font leur soumission. Strongbow est dépouillé de ses possessions et de ses titres, dont il est réinvesti au titre de vassal tenant ses fiefs explicitement du roi d'Angleterre. La domination du Plantagenêt, qui s’arroge le titre de « seigneur d’Irlande » (Lord of Ireland) est fermement établie. Au bout de six mois, Henri peut être satisfait.

Answer 55

Cependant, les problèmes ne sont pas définitivement réglés. De fait, outre Strongbow, la deuxième moitié du XIIe siècle a vu d’autres barons anglo-normands ou des Marches galloises se lancer dans l’aventure irlandaise et se tailler un statut de potentats locaux par le biais de mariages avec des princesses irlandaises : c’est de cette façon que Jean de Courcy (en Ulster) (index) et Hugues de Lacy (dans le comté de Meath, sur la côte est) (index) ont marqué l’histoire de l’île. Face à ces hommes parfois partis de presque rien, Henri II craint l’insoumission sur le long terme.

Answer 56

De leur côté, les chefs gaëls des petits royaumes de Munster, Leinster, Ulster et Connacht s’efforcent de réduire l’occupation anglo-normande au Pale (glossaire), une étroite portion sur le littoral oriental de l’île centrée sur le comté de Dublin. À proprement parler, l’autorité du roi d’Angleterre dépasse donc difficilement les environs de Dublin, où le pouvoir est incarné par le château anglo-normand construit à la fin du XIIe siècle, et où le roi est représenté par un agent officiel ayant rang de régent. Mais en jouant sur les divisions entre clans gaéliques et en modérant les demandes fiscales de l’Echiquier de Dublin, le souverain Plantagenêt sait faire respecter sa suzeraineté sur le reste de l’île et n’a pas besoin de s’inquiéter. De fait, l’Irlande n’envoie que 1000 à 2000 livres sterling annuellement à l’Echiquier d’Angleterre. Mais en sens inverse, c’est une terre conquise qui ne coûte pas cher à l’Angleterre.

Answer 57

De 1154 à 1189, c’est un vrai conglomérat appelé par la suite « Empire Plantagenêt » que domine Henri II, et c’est ainsi que se présente l’empire anglo- angevin jusqu’à la perte de la Normandie en 1204. Cela n’est possible que parce que le Plantagenêt concentre dans ses mains des terres dont les mouvances, souvent enchevêtrées à causes de multiples fidélités, comportent trois degrés : - le prince, duc ou comte, qui relève de la couronne - les comtes, vicomtes ou barons qui tiennent du prince et ont leurs propres vassaux - les vassaux susnommés, détenteurs des fiefs les plus humbles, et qui commandent directement aux hommes du commun.

Answer 58

Henri II Plantagenêt lui-même, au cours de l'été 1156, prête hommage au roi de France, Louis VII, pour l'ensemble de ses fiefs continentaux ; aux environs de Noël, tous les barons aquitains et gascons font de même à son égard. C'est parce que le roi de France a reçu l'hommage du Plantagenêt qu'eux-mêmes acceptent de le reconnaître comme leur prince légitime ; toute l'importance du lien féodal réside dans ce geste.

Answer 59

Durant les premières années de son règne, Henri II gouverne avec le souci de tirer parti de tous les avantages que lui confère sa place éminente au sommet de la hiérarchie féodale. Ses Etats continentaux pacifiés, il y apparaît comme le chef légitime incontesté ; mais en même temps, il travaille à renforcer son autorité en concentrant tous les pouvoirs entre ses mains.

Answer 60

Outre-Manche, Henri II monte sur le trône d’Angleterre sans difficulté ; il s’agit de la première succession incontestée au trône d'Angleterre depuis plus de cent ans. En tant que seigneur d'un empire s'étendant de la frontière écossaise aux Pyrénées, il est potentiellement le souverain le plus puissant d'Europe, plus riche même que l'empereur du Saint-Empire et éclipsant complètement le roi de France, suzerain nominal de ses possessions continentales. Bien que l'Angleterre lui apporte de grandes richesses et un titre royal, le cœur de l'empire se trouve ailleurs, en Anjou, la terre de ses pères.

Answer 61

En Angleterre, sa première tâche est de compenser les pertes subies sous le règne d'Étienne de Blois, son prédécesseur, marqué par la guerre civile. En 1158, c’est chose faite.

Answer 62

Dès 1155, il a caressé l'idée de conquérir l'Irlande. Ce n'est toutefois qu'en 1169-70 que le mouvement vers l'Irlande s'est concrétisé, d'abord par des seigneurs de la Marche galloise, dont le plus connu est Richard FitzGilbert dit « Strongbow », puis (en 1171-2) par Henri lui-même. Comme le montre ce long délai, aux yeux du roi, il y a des sujets bien plus urgents que la question irlandaise.

Answer 63

Sur le plan social et culturel, l'Angleterre est un peu en retrait par rapport aux domaines français du conglomérat anglo-angevin. Les communautés prospères qui vivent dans les vallées de la Seine, de la Loire et de la Garonne, sont des centres d'apprentissage, d'art, d'architecture, de poésie et de musique. L'Aquitaine et l'Anjou produisent deux des produits essentiels du commerce médiéval : le vin et le sel.

Answer 64

En tant que duc de Normandie, duc d'Aquitaine et comte d'Anjou, Henri a hérité des prétentions de ses prédécesseurs à la seigneurie sur les territoires voisins. Ces prétentions conduisent à une intervention à Nantes (1156) où il installe son frère Geoffroy comme comte ; à une expédition contre Toulouse en 1159 qui débouche sur la prise de Cahors et du Quercy ; à la récupération du Vexin normand en 1160 ; et enfin, à la suite d'invasions répétées après 1166, à l'occupation de la Bretagne et à l'installation de son fils Geoffroy comme duc.

Answer 65

Paradoxalement, ce n'est pas pour ses succès que l'on se souvient le mieux d’Henri, mais pour son rôle douteux dans le meurtre de Thomas Becket. En juin 1162 Becket est consacré archevêque de Canterbury. Mais aux yeux de nombreux et respectables ecclésiastiques du royaume, Becket, chancelier d’Angleterre depuis 1155, ne mérite pas la dignité épiscopale la plus élevée du pays. Il entreprend de prouver, à un monde étonné, qu'il est le meilleur des archevêques possibles. D'emblée, il s'oppose au roi qui, surtout par amitié pour lui, l'a promu.

Answer 66

Inévitablement, Henri ne tarde pas à réagir comme un homme trahi. Au milieu du XIIe siècle, les relations entre l'Église et l'État sont marquées par des problèmes qui sont normalement réglés par des hommes de bonne volonté, mais qui peuvent donner du grain à moudre à des hommes décidés à se quereller.

Answer 67

Henri choisit la question des « clercs criminels » pour régler ses comptes avec l'archevêque. Comme beaucoup de laïcs, Henri s'indigne de la façon dont les clercs qui commettent des crimes peuvent échapper à la peine capitale en réclamant un procès devant un tribunal ecclésiastique. Lors d'un conseil tenu à Westminster en octobre 1163, Henri demande que les clercs criminels soient défroqués par l'Église et remis aux tribunaux laïcs pour qu'ils soient punis.

Answer 68

En s’y opposant totalement, Becket entraîne dans son sillage ses collègues épiscopaux, mais lorsque le pape Alexandre III lui demande d'adopter une attitude plus conciliante, Henri convoque un concile à Clarendon (janvier 1164). Il présente aux évêques une déclaration claire des droits coutumiers du roi sur l'Église, — les Constitutions de Clarendon — et leur demande de promettre d'observer ces coutumes de bonne foi.

Answer 69

Pris par surprise, Becket argumente pendant deux jours, puis cède. Mais à peine les autres évêques suivent son exemple que Becket se repentit de sa faiblesse. Exaspéré, Henri décide alors de détruire Becket. Il le convoque devant la cour royale pour répondre à de fausses accusations forgées de toutes pièces. L'archevêque est reconnu coupable et condamné à la confiscation de ses biens. Dans une situation désespérée, Becket s'enfuit de l'autre côté de la Manche et fait appel au pape. En prenant une position de principe, puis en hésitant, Becket a plongé l'Église anglaise dans la confusion totale.

Answer 70

La Bretagne est conquise et le système judiciaire anglais est remanié de fond en comble. En 1169, la question du couronnement de l’héritier du trône, le prince Henri le Jeune, conduit à traiter en urgence les interminables négociations entre le roi, le pape et l'archevêque. En 1170, Becket retourne en Angleterre, déterminé à punir ceux qui ont participé au couronnement du jeune roi. Ses ennemis ne tardent pas à parler à Henri du comportement ostentatoire de l'archevêque.

Answer 71

« Personne ne me débarrassera de cet archevêque turbulent ? » Les paroles enflammées d'Henri sont prises au pied de la lettre par quatre de ses chevaliers. Soucieux de gagner la faveur du roi, ils se précipitent à Canterbury et c'est là que, le 29 décembre 1170, Becket est assassiné dans sa propre cathédrale. Cet acte choque immensément la chrétienté et assure la canonisation de Becket en un temps record. Dans la mémoire populaire, l'archevêque devient le symbole de la résistance à l'autorité oppressive de l'État, mais en réalité, tout le monde est mieux loti avec lui sorti du décor. Une fois la tempête de protestations calmée, il devient évident que l'emprise du roi sur son vaste empire n'a nullement été ébranlée par la controverse Becket. Au début des années 1170, Henri est à l’apogée de son pouvoir.

Answer 72

- Henri le Jeune recevra l’héritage de son père, à savoir l'Anjou, la Normandie et l'Angleterre. - Richard Cœur de Lion héritera l'Aquitaine de sa mère, Geoffroy aura la Bretagne. - Et pour Jean, futur Jean sans Terre, pendant longtemps rien n’a été prévu, jusqu’à l’année 1185 où il reçoit l'autre grande acquisition de son père, l'Irlande. À ce moment-là, les plans de partage d'Henri II ont déjà rencontré des difficultés.

Answer 73

C'est ainsi qu'à partir de 1173, Henri II est en proie à des fils rebelles. En outre, les rebelles peuvent toujours compter sur un accueil chaleureux à la cour du roi de France. Après 1180, l'affaire devient sérieuse. Cette année-là, au roi de France Louis VII le débonnaire, succède son fils Philippe Auguste, un homme sans scrupules, déterminé à détruire l'Empire angevin. La mort de deux de ses fils, Henri le Jeune en 1183 et Geoffroy de Bretagne en 1186, devrait simplifier les problèmes d'Henri, mais cela est contrebalancé par la préférence évidente du vieux roi pour Jean sans Terre, une préférence qui alarme Richard Cœur de Lion. Une alliance entre Richard et Philippe met Henri II à genoux et, vaincu, le vieux roi meurt à Chinon le 6 juillet 1189.

Answer 74

Ce n'est que dans les dernières semaines de sa vie que la tâche de gouverner ses immenses territoires a été trop lourde pour Henri II. Il a chevauché sans cesse d’un coin à l'autre de son empire, donnant presque l'impression d'être partout à la fois, ce qui contribue à fidéliser les hommes.

Answer 75

Ainsi, en Angleterre comme ailleurs, le gouvernement est devenu de plus en plus complexe et bureaucratique. Cette évolution, associée à l'intérêt d’Henri pour les réformes rationnelles, lui vaut d'être considéré comme le fondateur de la Common Law anglaise et comme un très grand roi administrateur et bâtisseur, mais à ses propres yeux, il s'agissait là de questions d'importance secondaire. Pour lui, ce qui comptait vraiment, c'était la politique familiale et il est mort en pensant qu'il avait échoué. Mais pendant plus de 30 ans, il avait réussi.

Answer 76

L'alliance de Richard avec Philippe Auguste signifie que sa position d'héritier de tous les droits et dominations de son père est incontestable.

Answer 77

Il a été fait duc d'Aquitaine en 1172 et, depuis lors, il a passé la majeure partie de sa vie sur le Continent. Même après être devenu roi d'Angleterre, il est conscient qu'il gouverne bien plus que l'Angleterre. Par conséquent, comme son père, il a des intérêts plus vastes et de plus grandes responsabilités.

Answer 78

L'un de ces aspects est l'aide qu'il apporte au royaume de Jérusalem, un royaume gouverné par une fille de la branche cadette de la maison d'Anjou, mariée à l'un de ses vassaux aquitains.

Answer 79

En juillet 1190, il part avec Philippe Auguste pour la troisième croisade.

Answer 80

En croisade, Richard s'attaque à des problèmes logistiques bien plus importants que ceux auxquels d'autres rois-guerriers d’Angleterre ont été confrontés, que ce soit Guillaume le Conquérant, Édouard III ou Henri V. Le traité de Jaffa qu'il négocie en 1192 permet aux États croisés de survivre pendant un siècle de plus.

Answer 81

Seul parmi les rois d'Angleterre, Richard Cœur de Lion a joué un rôle actif dans les plus grands événements de l'histoire mondiale.

Answer 82

Pendant son absence pour la croisade, des troubles éclatent en Angleterre en 1191, mais ses plans d'urgence rétablissent la stabilité du gouvernement. Le roi Philippe, après son propre retour en France, essaye de profiter de l'absence prolongée de Richard, mais sans succès. Si Richard était rentré de croisade comme il l’avait prévu en janvier 1193, il aurait retrouvé son empire intact.

Answer 83

Le mal est fait pendant qu'il est retenu en captivité en Allemagne. Il reste en prison pendant plus d'un an (décembre 1192-février 1194) et - pour autant qu'on le sache en 1193 - il aurait pu y rester bien plus longtemps. Mais même dans ces circonstances peu favorables, les agents de Richard en Angleterre réussissent à contenir la révolte perfide de son jeune frère Jean sans Terre. Les véritables pertes sont à déplorer sur le continent, en particulier en Normandie où Philippe prend le contrôle du Vexin et manque de s'emparer de Rouen.

Answer 84

Richard est libéré en février 1194 après avoir payé 100 000 marks, les deux premiers tiers de la rançon pour sa libération. Après un bref séjour en Angleterre (mars-mai 1194), il retourne sur le continent et consacre les 5 années qui suivent à récupérer les territoires perdus si rapidement pendant son emprisonnement. À la fin de l'année 1198, l'habile diplomatie de Richard, ses talents de roi guerrier et ses ressources accrues lui ont permis de récupérer presque tout ce qui avait été perdu.

Answer 85

Puis, en avril 1199, Richard meurt des suites d'une blessure subie au siège de Chalus-Chabrol (près de Limoges) où il est engagé pour réprimer une rébellion menée par le comte d'Angoulême et le vicomte de Limoges.

Answer 86

L'une des marques de la grandeur de Richard a été sa capacité à choisir ses ministres, en particulier Hubert Gautier en Angleterre. En tant que justicier, archevêque de Canterbury et légat du pape, Hubert Gautier représentait la coopération harmonieuse entre le roi et l'Église. En Angleterre, comme dans les autres provinces de l'Empire angevin, les longues absences de Richard signifiaient le développement continuel, sous la supervision de Gautier, d'un mécanisme efficace de gouvernement central. Du point de vue des sujets de Richard, cela signifiait des impôts de plus en plus lourds, mais il n'y a aucune preuve que la charge financière de la guerre ait amené l'Empire angevin au bord de l’effondrement économique.

Answer 87

Richard n'a pas laissé d'enfants légitimes, c’est pourquoi à sa mort les différentes composantes de l'Empire angevin choisissent des successeurs différents. Les barons d'Angleterre et de Normandie optent pour Jean ; mais l'Anjou, le Maine et la Touraine préfèrent Arthur de Bretagne, âgé de 12 ans ; l'Aquitaine continue d’être détenue - au nom de Jean - par sa mère, Aliénor (morte en 1204).

Answer 88

En mai 1200, Jean évince Arthur et s'impose comme seigneur de tous les domaines angevins, au prix d'un lourd tribut : il abandonne ses alliés et cède le Vexin et Évreux au roi capétien Philippe Auguste (traité du Goulet, janvier 1200).

Answer 89

La même année, son premier mariage avec une princesse anglaise est annulé et il épouse en deuxième noce Isabelle d'Angoulême, fille du comte d’Angoulême. Il y a de grands avantages stratégiques à épouser l'héritière d'Angoulême, et si Jean avait donné à son fiancé, Hugues de Lusignan, une compensation adéquate, tout aurait pu s'arranger. Mais en réalité, ce remariage déclenche une série d'événements qui conduisent Hugues de Lusignan à faire appel à la cour de France pour obtenir justice, si bien qu’en 1202, Philippe Auguste prononce la commise (confiscation) de tous les domaines continentaux de Jean — les terres qu'il détenait en tant que fiefs du roi de France.

Answer 90

Par son manque de tact à l'égard des principaux barons d'Anjou et de Poitou, Jean a perdu tous les avantages acquis lors de la capture d'Arthur de Bretagne à Mirebeau (juillet 1202). Et la rumeur bien fondée selon laquelle il est responsable de l'assassinat de son neveu Arthur (avril 1203) vient encore ébranler une réputation déjà chancelante.

Answer 91

Dans un climat de suspicion et de peur, Jean se trouve dans l’impossibilité d'organiser une défense efficace. En décembre 1203, il jette l'éponge et se retire en Angleterre. Philippe Auguste s'empare alors de la Normandie, de l’Anjou, du Maine, de la Touraine et du Poitou à l'exception de La Rochelle. Ces humiliants revers militaires valent à Jean un nouveau surnom : « sans Terre » devient « Soft- sword » (épée molle).

Answer 92

Jusqu'en décembre 1203, Jean, comme son père et son frère, passe la majeure partie de son règne dans ses possessions continentales. Après cette date, il devient, par la force des choses, un roi anglais. Depuis le règne d'Étienne de Blois (1135-1153), le pays n'avait pas de souverain en propre, mais il y a peu de plaisir et de profit à tirer d'un roi qui soupçonne sans cesse que des hommes complotent contre lui. Le poids de la présence de Jean se fait même sentir dans le Nord, où les populations ne sont pas habituées aux visites des rois d'Angleterre. L'ampleur de leur ressentiment peut être mesurée par le nombre d'habitants du Nord qui s'opposent à Jean en 1215-16. Il ne fait aucun doute qu'il est confronté à de très graves problèmes.

Answer 93

De plus, un taux d'inflation anormalement élevé dans les premières années du règne de Jean a tendance à éroder la valeur réelle des revenus royaux. En conséquence, Jean lève des impôts fréquents et d'une lourdeur sans précédent, et renforce les lois régissant la Forêt royale (une source de revenus rentable mais très impopulaire).

Answer 94

Jean se querelle également avec l'Église. Une élection contestée au siège de Canterbury en 1205 conduit à un grave conflit avec le pape Innocent III. En 1208, ce pape impose un interdit sur l'Angleterre et le Pays de Galles ; tous les services religieux sont suspendus et le restent pendant six ans. En 1209, Jean lui-même est excommunié. Ni Jean ni la société laïque en général ne semblent s'être inquiétés de cet état de fait ; en effet, la réponse de Jean à l'interdit est de confisquer les biens de l'Eglise, ce qui contribue à soulager ses problèmes financiers.

Answer 95

Mais en 1212, un complot baronnial et les plans de Philippe Auguste de traverser la Manche rappellent à Jean qu'un roi excommunié est particulièrement vulnérable à la rébellion et à l'invasion.

Answer 96

Il décide donc de faire la paix avec l'Église afin d'avoir les coudées franches pour s'occuper de ses ennemis les plus dangereux. En acceptant de tenir le royaume d’Angleterre en fief de la papauté en mai 1213, il conquiert le cœur d’Innocent III et s'assure le soutien du pape dans les luttes à venir. Cela lui fait un peu de bien.

Answer 97

Tout dépend maintenant de l'issue de la tentative de Jean de récupérer ses terres perdues. En 1214, il mène une expédition dans le Poitou, mais la défaite de ses alliés à la bataille de Bouvines (27 juillet 1214) entraîne à la fois l'échec de sa stratégie continentale et le début de la rébellion en Angleterre.

Answer 98

Mais les rebelles ont aussi de vrais problèmes. Le leadership est généralement assuré par un membre mécontent de la famille royale. Après l'élimination d'Arthur, Jean n'a pas à faire face à de tels rivaux. Ses propres fils sont trop jeunes. Le seul candidat possible est Louis, fils de Philippe Auguste, mais un prince capétien n'est pas un anti-roi attirant.

Answer 99

Les rebelles imaginent donc un nouveau type d'objectif pour la révolte : un programme de réformes. En juin 1215, après s’être emparé de Londres, les rebelles forcent Jean à accepter les termes d’un document qui sera plus tard connu sous le nom de Magna Carta

Answer 100

Pour l'essentiel, il s'agit un commentaire hostile sur certains des aspects les plus répréhensibles des 60 dernières années de domination angevine. En tant que tel, il est clairement inacceptable pour Jean, qui considère l'accord conclu avec les rebelles à Runnymede comme un simple moyen de gagner du temps. Les tentatives de mise en œuvre de la Magna Carta ne font qu'attiser les querelles.

Answer 101

les rebelles invitent Louis de France à monter sur le trône d’Angleterre. En mai 1216, le prince Louis entre à Londres. À la mort de Jean, en octobre 1216, peu après qu’il eut perdu une partie de son train de bagages dans des sables mouvants de l’Est de l’Angleterre, le pays est déchiré en deux par une guerre civile qui tourne mal pour les Angevins.

Answer 102

Le conseil de régence qui gouverne au nom du fils de Jean, Henri, âgé de neuf ans, se voit bientôt garantir des succès à la guerre, tant sur terre (bataille de Lincoln, mai 1217) que sur mer (bataille de Douvres, août 1217), succès qui s’étaient refusés à son père.

Answer 103

Sous l'effet de ces défaites, le soutien au Capétien Louis de France (prince Louis) s'effrite rapidement, si bien qu’en septembre 1217, le prince français accepte le traité de Lambeth et se retire. Ce n'est qu'en 1232 qu'Henri III commence à régner de plein droit.

Answer 104

La plupart des luttes pour le pouvoir se déroulent dans la salle du conseil royal ; les appels aux armes sont rares et très brefs. Dans le cadre d'une série de mesures de conciliation, la Magna Carta a été amendée et rééditée.

Answer 105

En 1224, au cours d'une de ces querelles domestiques, leur vieil ennemi capétien, Louis VIII, pénètre dans le Poitou, s'empare de La Rochelle et menace la Gascogne. Une expédition en 1225 consolide la position anglaise en Gascogne mais ne fait aucune tentative sérieuse pour récupérer le Poitou. Les expéditions de 1230 et 1242 sont plus ambitieuses mais se terminent sans gloire. Après 1224, il ne reste plus que la Gascogne de toutes les terres que les ancêtres d'Henri III ont détenues en France. Cela a pour effet d’inverser l'équilibre territorial du XIIe siècle.

Answer 106

Auparavant l'Angleterre a été l'une des provinces de l'orbite angevine. Désormais elle devient le centre incontestable des domaines Plantagenêts.

Answer 107

Finalement, par le traité de Paris (1259), Henri III renonce à ses prétentions sur la Normandie, l'Anjou et le Poitou et rend hommage à Louis IX pour la Gascogne. En réalité, le traité de Paris est le plus grand succès politique d'Henri III, mais il n'accepte les conditions généreuses offertes par Louis IX qu'avec beaucoup de réticence et dans l'espoir de se sortir de ses autres difficultés.

Answer 108

La pomme de discorde avec ses opposants a toujours été le choix de ses amis et de ses conseillers, qui se taillent la part du lion dans le patronage à la disposition du roi. Le problème est aggravé par le fait que nombre de ses favoris ne sont pas anglais, à une époque où la politique anglaise devient de plus en plus insulaire.

Answer 109

Le projet du roi de subvenir aux besoins d'Edmond, son deuxième fils, est tout aussi controversé. En 1252, le pape offre le royaume de Sicile à Henri III qui, en 1254, l'accepte au nom de son fils Edmond. Malheureusement, la Sicile est en fait détenue par Manfred, un fils illégitime de l'empereur Hohenstaufen Frédéric II. Non seulement Henri accepte de financer la conquête de l'île, mais il promet également de rembourser les dettes du pape, qui a déjà dépensé une fortune, quelque 135 000 marks, pour combattre Manfred.

Answer 110

Il s'agit d'un engagement absurde qui se termine en 1258 par le fait que les barons retirent le gouvernement des mains du roi et lancent un vaste programme de réformes : les Provisions d'Oxford (octobre 1258) et les Provisions de Westminster (octobre 1259).

Answer 111

Mais retirer le pouvoir à un roi adulte et le confier à un conseil aristocratique élu est une mesure révolutionnaire. Pendant les cinq années qui suivent, l'Angleterre est au bord de la guerre civile.

Answer 112

Dans les dernières années du règne d'Henri III, la restauration complète de l’autorité royale s'accompagne de la reconnaissance, dans le statut de Marlborough (1267), que les « coutumes du royaume », y compris les deux Chartes des Libertés (la Magna Carta et les Provisions d’Oxford), de même que certaines des Provisions de Westminster, doivent être maintenues.

Answer 113

En 1272, Édouard Ier se trouve en Sicile au retour de la neuvième croisade (1271- 72) lorsqu'il apprend la mort de son père et qu'il est proclamé roi. Il rentre chez lui à pas feutrés. À Paris, il rend hommage au Capétien Philippe III pour ses terres en France.

Answer 114

Il est le dernier roi d'Angleterre à tenir sa cour à Bordeaux, et son départ, en juillet 1289, marque la fin d'une époque. Pourtant, l'histoire de la domination anglaise en Gascogne est loin d'être une simple histoire de déclin.

Answer 115

En 1279, par exemple, les Français cèdent enfin l'Agenais, comme ils y étaient obligés par le traité de Paris. L'Agenais est une importante région viticole, et sa cession renforce les liens commerciaux qui se développent rapidement entre Bordeaux et Londres. Les douanes des vins de Bordeaux, exploitées pour seulement 300 £ sterling par an dans les années 1240, valent plus de 6 000 £ sterling 60 ans plus tard. En retour, les Gascons importent des tissus anglais, du cuir, des grains. Un intérêt mutuel pour un commerce en expansion soude les deux communautés.

Answer 116

En octobre 1274, peu après son retour en Angleterre, Édouard lance une enquête sur les activités des fonctionnaires royaux et baronniaux. Comme d'autres enquêtes similaires, elle met au jour un grand nombre de griefs, et en essayant d'y remédier, les conseillers du roi, dirigés par son chancelier, Robert Burnell, sont amenés à promulguer de nouvelles lois sur un grand nombre de sujets. Mais même pendant la période la plus prolifique de légifération (1275-90), il n'y a pas de tentative de codification du droit anglais à la manière d'un Justinien, et les lois concernent autant les droits du roi que les libertés de ses sujets.

Answer 117

De 1276 à 1284, Édouard se préoccupe surtout du Pays de Galles.

Answer 118

Au départ, son plan consiste à réduire Llywelyn ap Gruffydd à la portion congrue, puis à remettre les terres du prince gallois à ses frères Dafydd et Gruffydd. Mais après la campagne victorieuse de 1277, il impose un traité de paix que les Gallois trouvent humiliant et qui ne donne pas à Dafydd les récompenses qu'il attend. En 1282, les Gallois se rebellent. Au cours de la guerre de 1282-3, Llywelyn est tué et Dafydd capturé. Il est alors jugé et exécuté comme traître, le premier homme depuis 1076 à perdre la vie pour rébellion. Contrairement à la campagne de 1277, la guerre de 1282-3 a été conçue comme une guerre de conquête ; compte tenu de l'énorme prépondérance des ressources d'Édouard, ce n’est pas une tâche trop difficile.

Answer 119

Mais en 1286, le roi Alexandre III d’Ecosse est tué par une chute de cheval et son unique petite-fille, Margaret, la « Pucelle de Norvège », est reconnue comme héritière du trône. Édouard Ier lui propose d'épouser son propre fils et héritier, Édouard. Les magnats écossais acceptent cette proposition (traité de Birgham, juillet 1290), mais ils insistent en même temps pour que l'Écosse conserve ses propres lois et coutumes. Malheureusement, Margaret, âgée de 6 ans, meurt aux Orcades (septembre 1290).

Answer 120

Édouard saisit l'occasion pour affirmer sa suzeraineté et son droit de trancher entre les prétendants à la succession au trône. Après des arguments juridiques compliqués, il se prononce en faveur de John Balliol ; le jour de la Saint-André 1292, le nouveau roi est intronisé à Scone.

Answer 121

Édouard pouvait prétendre à juste titre que ses actions avaient contribué à maintenir la paix et l'ordre en Écosse ; mais à partir de maintenant, son attitude dominatrice à l'égard des Écossais allait provoquer une longue guerre et désastreuse entre les deux pays.

Answer 122

Dès 1066, le Pays de Galles devient une préoccupation des rois normands, qui adoptent une politique d'expansion progressive au fil des décennies.

Answer 123

Le Pays de Galles est une péninsule montagneuse constituée de petits royaumes aux frontières fluctuantes, influencées par les partages successoraux et les circonstances politiques. Malgré la prétendue suprématie des rois anglais sur le territoire, Westminster peine à y imposer durablement son autorité militaire.

Answer 124

Suite à la conquête de l'Angleterre en 1066, les Normands atteignent les frontières galloises sans véritable plan d'invasion. Ils commencent à grignoter progressivement les territoires en périphérie, sans parvenir à s’imposer rapidement, notamment en raison du terrain difficile. Si le sud du Pays de Galles est plus accessible, le nord et l’ouest restent des zones de résistance. L’effort anglo normand s’arrête car le terrain rend difficile une implantation rapide et solide surtout dans le nord et ouest du pays de galle, alors qu’au sud c’est plus simple. Des entraves a l’effort de colonisation anglo normande.

Answer 125

La guerre civile en Angleterre permet aux princes gallois de récupérer une partie de leurs terres. Il faut attendre la fin du XIIIe siècle pour observer un changement significatif : une intervention militaire massive brise la résistance galloise. Le Pays de Galles devient alors un territoire de châteaux fortifiés et de marches féodales.

Answer 126

L’expansion en terres galloises est portée par plusieurs familles de la noblesse anglo-normande : - Les Clères - Les Lacy - Les Briouze Ces terres sont conquises à titre privé et transformées en domaines familiaux, gouvernées selon des modes spécifiques aux Anglo-Normands.

Answer 127

Toutefois, ces barons se comportent souvent de manière autonome, nécessitant des rappels à l’ordre fréquents de la part du roi d’Angleterre. Henri Ier et Jean sans Terre mènent notamment des actions pour briser l’autonomie de certaines familles, telles que les Briouze.

Answer 128

Les Gallois résistent, avec des révoltes en 1287 et 1294, mais elles échouent face à la domination anglo-normande. Finalement, le Pays de Galles est pleinement intégré au royaume d’Angleterre, avec des terres conservées sous contrôle direct de la couronne.

Answer 129

Démarrage de la guerre civile qui a permis aux princes galloises de reprendre la main et les territoires perdues du à l’instabilité en angleterre même. Il faut attendre fin 13è, pour voir les choses changées : un très gros effort militaire, rapide, gallois qui craquent militairement.

Answer 130

Au XIIIe siècle, la situation politique du Pays de Galles évolue dans un contexte plus large de réorganisations territoriales en Europe. En 1259, Henri III d'Angleterre rencontre Saint Louis à Paris et conclut avec lui le traité de Paris. Par cet accord, le roi anglais reconnaît officiellement la perte des territoires continentaux conquis par les Capétiens depuis la bataille de Bouvines en 1214. La Touraine, entre autres, passe sous contrôle direct du roi de France. Ce traité marque aussi une pacification des relations franco-anglaises : Henri III accepte de ne plus reprendre les armes sur le continent, laissant ainsi les mains libres à Saint Louis en France, tandis que ce dernier n’interfère pas dans les affaires anglaises.

Answer 131

Contrairement à son père Henri III, qui était un souverain pacifique et plus enclin aux négociations, Édouard Ier adopte une politique résolument militaire. Il considère que son père a fait preuve de faiblesse en privilégiant les accords diplomatiques et en conservant des relations cordiales avec l’Église. - Face à Philippe le Bel, Édouard Ier échoue dans sa tentative de reprendre la Guyenne. - En revanche, face aux Gallois et aux Écossais, il adopte une stratégie militaire agressive et remporte des victoires décisives.

Answer 132

Édouard Ier lance une campagne militaire massive pour soumettre le Pays de Galles. Après avoir écrasé la résistance galloise, il met en place une politique d’intégration et de contrôle strict du territoire : - Construction d’une ceinture de châteaux fortifiés : Des forteresses colossales comme Harlech et Caernarfon sont érigées, formant un réseau défensif destiné à verrouiller la péninsule. - Réorganisation administrative : Le Pays de Galles est divisé en comtés, adoptant un modèle similaire à celui de l’Angleterre. - Transformation du droit coutumier : Les lois galloises sont largement remplacées par le droit anglais, renforçant la domination de la couronne britannique.

Answer 133

L’Écosse constitue un défi différent pour l’Angleterre, avec une structure politique plus unifiée autour d’un roi unique. Si les Lowlands sont relativement accessibles, les Highlands et les îles du nord sont plus difficiles à contrôler.

Answer 134

Contrairement au Pays de Galles, l’Écosse bénéficie d’une reconnaissance internationale de son indépendance, notamment par la papauté, qui refuse de placer ses diocèses sous l’autorité de Canterbury. Dès l’époque saxonne, l’Angleterre ne parvient pas à imposer une domination effective sur l’Écosse, préférant concentrer ses efforts ailleurs.

Answer 135

Le traité de Perth, signé le 2 juillet 1266, met fin à la guerre écosso-norvégienne entre la Norvège de Magnus le législateur et l'Écosse d'Alexandre III portant sur la souveraineté sur les Hébrides, l'île de Man et Caithness.

Answer 136

Le royaume d’Écosse se renforce au fil des siècles, notamment sous trois rois majeurs : - Guillaume Ier - Alexandre II - Alexandre III Ces monarques privilégient le développement interne avant toute expansion vers l’extérieur. Ils favorisent la construction de bourgs, d’abbayes et de fortifications, tout en maintenant des alliances européennes, notamment avec la France via l’Auld Alliance.

Answer 137

Malgré son faible peuplement, l’Écosse demeure un acteur politique majeur en raison de sa position stratégique au nord de l’Angleterre. Par des mariages dynastiques et une politique prudente, le royaume écossais évite les conflits inutiles avec l’Angleterre, tout en renforçant son autonomie.

Answer 138

Gouverner efficacement l’Angleterre exige originalité et audace. Le roi est la figure centrale de l’administration, son caractère influençant directement sa manière de régner. Cependant, il ne peut pas gouverner seul : il s’entoure d’une multitude de courtisans, officiers, domestiques, marchands et pétitionnaires.

Answer 139

Au cœur de cette organisation, on trouve la maison du roi, ou "hôtel du roi", une administration à la fois domestique et politique. Cet hôtel comprend une variété de serviteurs : cuisiniers, écuyers, maîtres d’hôtel, porteurs du lit royal, ainsi que les maîtres archers chargés de la protection du souverain. Même lorsque le roi se déplace, notamment pour la chasse, l’administration continue de fonctionner grâce à des responsables aux rôles bien définis.

Answer 140

Parmi les principaux officiers du royaume, trois figures se distinguent par leurs fonctions administratives essentielles : - Le chancelier d’Angleterre, responsable du sceau et du secrétariat royal. - Le trésorier, gérant les finances du royaume. - Les maréchaux, intendants et shérifs, qui assument des rôles de gestion territoriale et militaire. Si les chanceliers et trésoriers sont souvent issus du clergé, les rois anglais cherchent à ne pas dépendre uniquement d’ecclésiastiques. Ils veillent à maintenir un équilibre entre les conseillers religieux et laïcs au sein de leur entourage.

Answer 141

Les magnats, grands seigneurs du royaume, jouent un rôle clé dans la gouvernance. Membres du baronnage, ils possèdent plusieurs châteaux et prêtent allégeance au roi. Certains servent directement la couronne lors des cérémonies officielles et du sacre royal.

Answer 142

Des figures historiques comme Guillaume le Maréchal illustrent la montée en puissance des officiers par leurs compétences et mérites.

Answer 143

Un texte majeur, la Constitutio Domus Regis de 1136, décrit pour la première fois l’organisation de l’hôtel du roi, précisant ses fonctions civiles et militaires.

Answer 144

L’armée royale repose sur un système de vassalité où les tenants en chef fournissent des contingents de chevaliers, mobilisables rapidement. Ces chevaliers, appelés familiares, exécutent les ordres du roi avec célérité. Rémunérés par des gages journaliers, ils ne dépendent pas d’un fief, ce qui permet d’ajuster leur nombre en fonction des besoins du royaume.

Answer 145

- plus besoin des militaires - Cette cour soit vorace, exigeante au niveau des ressources, les problèmes d’intendance et de restaurations soient redoutables.

Answer 146

Toutefois, la présence du roi demeure une exigence politique : l’itinérance royale est essentielle pour affirmer son autorité à travers le territoire. Et des raisons pol : l’absence du roi est un phéno très examiné, il doit se montrer. Il faut aussi au de la du château se montrer en chair et en os, les angevins ont bcp payé de leur personne pour se montrer, aller à la rencontre de leur peuple. Jean était un roi qui a été repoussé malgré lui de l’autre coté de la manche. Le dernier roi plantagenet à se rendre à bordeaux : Edouard Ier, jusqu’en 1299 ce voyage semble super imp. Londres s’impose de plus en plus comme l’endroit ou le roi doit vivre, la concession de la capitaliste : stabilité des organes administratives et au temps d’Édouard Ier il loge plus à londres. La cour une forte mobilité.

Answer 147

L’itinérance du roi impose de lourdes contraintes aux populations locales, mais elle reste incontournable. Se déplacer permet au souverain de se montrer à ses sujets et de renforcer son autorité. Les Plantagenêt ont particulièrement mis l’accent sur cette présence royale, notamment Jean sans Terre, qui dut quitter le continent malgré lui.

Answer 148

1204 jean sans terre perd la normandie.

Answer 149

L’aristocratie se compose de plusieurs niveaux, en particulier ceux directement en relation avec le roi : les tenants en chef, descendants des lieutenants de Guillaume le Conquérant. Ceux-ci sont soumis à des obligations d’aide et de conseil. Chaque tenant en chef possède un ou plusieurs châteaux et des terres, mais surtout, il doit un service politique au monarque, notamment à la cour et au sein du conseil du roi. Si Jean sans Terre a modifié le consilium médiéval en dépassant les limites coutumières, le cas normal demeure la délibération entre monarque et baronnage, y compris une participation financière des barons aux guerres du roi.

Answer 150

Lorsqu’un tenant en chef décède, le roi intervient via le droit de seisine (ou droit de relief), qui permet au souverain de percevoir une redevance lors du changement de titulaire d’un comté. Si l’héritier est mineur, le roi administre le territoire et ses revenus, ce qui lui permet de maintenir un contrôle étroit. En outre, le monarque dispose du droit de régir les mariages et de disposer des unions matrimoniales pour préserver les intérêts politiques et stratégiques du royaume. En l’absence d’héritier, le roi peut également récupérer les terres et les attribuer à un autre noble, renforçant ainsi son autorité. Ces prérogatives lui confèrent un immense pouvoir de patronage, qu’il utilise à travers les mariages, les héritages et la fidélité des grandes familles aristocratiques.

Answer 151

Le roi peut favoriser ses fidèles en orchestrant des unions avantageuses. Par exemple, Richard Cœur de Lion honora Guillaume le Maréchal, un militaire de renom mais peu fortuné, en lui accordant la main d’Isabelle de Clare, héritière d’une immense richesse. Ces stratégies matrimoniales font de la cour un lieu de complots où chacun cherche à s’attirer les faveurs royales.

Answer 152

Cependant, une mauvaise gestion du patronage peut affaiblir le pouvoir du roi, comme ce fut le cas pour Jean sans Terre. Bien que ce système ait été régulé pendant longtemps, les Plantagenêts ne l’ont pas inventé en Angleterre, mais en ont largement optimisé l’usage.

Answer 153

Le règne de Jean sans Terre fut marqué par l’adoption de la Grande Charte, qui limita certaines prérogatives royales et fut affichée dans plusieurs villes d’Angleterre. Avant cela, Jean avait exploité le droit de seisine à outrance, mais après la charte, cette taxe fut plafonnée à 100 livres par héritier.

Answer 154

L’administration royale conservait minutieusement les transactions financières et juridiques, notamment dans les Pipe Rolls à partir du règne d’Henri II. Ces documents montrent comment les Plantagenêts ont tiré profit du droit de patronage. Henri Ier, par exemple, collecta environ 3 000 livres par ce biais, une somme considérable pour l’époque.

Answer 155

Le premier Pipe Roll de 1129-1130 témoigne déjà du fonctionnement avancé de l’échiquier, qui reposait sur une comptabilité monétaire rigoureuse et l’obligation pour les shérifs de rendre des comptes deux fois par an.

Answer 156

Les rois Plantagenêts avaient une mainmise totale sur leurs vassaux, exploitant chaque opportunité pour s’enrichir. La puissance d’un roi se mesurait en grande partie par ses ressources financières. Le Trésor royal, administré par l’échiquier d’Angleterre, jouait un rôle central dans la collecte des impôts et la gestion des finances du royaume.

Answer 157

Cependant, les paiements royaux échappaient parfois à l’échiquier, transitant par la chambre du roi pour plus de discrétion.

Answer 158

- Le geld : impôt foncier instauré en Angleterre de longue date, rendu annuel sous Henri Ier. - L’aide chevaleresque : prélevé sur les gratifications accordées aux chevaliers. - L’écuage : taxe sur les biens mobiliers des habitants des bourgs. Ces prélèvements étaient essentiels pour financer les ambitions militaires du roi, qui justifiait souvent la pression fiscale par des raisons de défense et d’expansion territoriale.

Answer 159

En 1207, Jean sans Terre instaura une taxe exceptionnelle pour financer une croisade, prélevant 1/13e de la fortune de chaque vassal, soit 76 000 livres, un montant colossal. Cependant, l’échec final de cette expédition fragilisa les finances royales et nécessita un assouplissement fiscal.

Answer 160

Le clergé fut également soumis à des taxes. En 1199, la dîme saladine, censée financer les croisades, fut détournée en partie par les rois pour d’autres besoins. Cette pratique entraîna des tensions avec Rome, mais le pape Innocent III finit par la tolérer. Après la mort d’Innocent, Henri III poursuivit cette imposition sans l’accord pontifical, provoquant des conflits entre la monarchie anglaise et le Saint-Siège.

Answer 161

Au XIIIe siècle, les rois d’Angleterre développèrent une nouvelle approche fiscale, s’appuyant sur des maisons de commerce italiennes pour collecter les fonds et emprunter d’importantes sommes d’argent. Edward Ier contracta ainsi un prêt de 400 000 livres auprès des Riccardi, démontrant la sophistication croissante des finances royales.

Answer 162

Domesday book une enquête monotone, qui nous donne une approche crédible, réaliste de ce qu’est l’angleterre au 11è et de ce qu’elle va rester. Ce qui ressort le panorama d’une économie agraire, 80% de la pop qui vie à la campagne. Permet d’en avoir une approche, le royaume en 1086 présente plusieurs terres cultivées si on rapporte 80% des terres qui sont déjà cultivés => une pression forte sur la terre, pas grand chose est laissé de coté. On essaye de tirer profit de toutes les terres qui existent.

Answer 163

Nos insulaires sont des paysans, et sont aussi des pécheurs mais le ratio est plus faible que celui des paysans.

Answer 164

Attention, dans les hautes terres britanniques ( hors de porter du domesday book ) on trouve autre chose comme type d’agri : paysage céréalier dans l’angleterre // on trouve de la culture d’avoine, plus que du blé, et on trouve des bovins dans le nord. Ce maintien : idée que les villes ne sont pas très dev, une ile ou les villes sont peu nombreuses.

Answer 165

- Les vilains 41% de la pop totale enregistré, pour eux les propriétés foncières : 40% des terres de l’ensemble du royaume, force productive du coup mais qui est sujet à une domination imp grâce au système seigneurial. 32% =les bordars, = 5% des terres. Deux groupes sociaux distincts, avec une façon d’ê diff, et le groupe qui ne dispose rien d’autre qu’une chaumière. - 14% décrit comme des hommes libres appartiennent au même groupe social que les vilains. Ils possèdent un peu de terres ou en louent. - Et aussi sont qui ne sont pas libres, les esclaves : 9% de la pop recensé dans le domesday. Attaché à la terre par le rôle servile.

Answer 166

Le roi et un groupe de puissants qui sont les magnats, ils sont bien documentés, sont des rentiers qui vivent avec un certain style, vivent de leur revenu qui vient de leur grand domaine. On trouve moins de 200 laïcs dedans. Ils possèdent les 3/4 de la = de la somme estimé du pays. Ce sont ceux qu’on appelle les tenants en chef, qui ont leur propre tenants

Answer 167

En Angleterre médiévale, certains chevaliers possédaient leurs propres terres mais devaient assurer le service militaire pour le compte de leur seigneur, appelé tenant en chef. Par exemple, le baron Guillaume Warenne a concédé des biens d’une valeur de 540 livres sur un domaine total estimé à 1150 livres. Cette concession de terres visait à générer des revenus et obtenir un soutien militaire. Certains de ses vassaux sont identifiés comme des chevaliers tenant leurs terres en fief, avec des niveaux de revenus variables.

Answer 168

Ces chevaliers menaient une vie marquée par la compagnonnage militaire et vivaient grâce à leur service militaire rendu au tenant en chef. Certains possédaient également une certaine culture lettrée.

Answer 169

Le tenant en chef conservait environ la moitié de ses terres en exploitation directe afin d'assurer son propre approvisionnement et revenus.

Answer 170

Un seigneur laïc était souvent itinérant et exploitait plusieurs centres de ravitaillement. Il s'intéressait particulièrement à la monétisation des services, notamment via l'affermage des terres, qui impliquait des baux agricoles conclus pour une durée déterminée.

Answer 171

Une classe moyenne de paysans pouvait jouer sur plusieurs tableaux : exploiter leurs propres terres tout en louant d’autres parcelles par bail. Cependant, ces baux pouvaient être remis en cause si un seigneur souhaitait augmenter ses revenus.

Answer 172

Durant les XIIe et XIIIe siècles, l’Angleterre était fortement rurale et peu dense, souvent qualifiée d’île à moutons. Malgré la croissance urbaine et la vivacité commerciale, le ratio entre population urbaine et rurale restait stable. Les villes, bien que plus peuplées et dynamiques, ne changeaient pas fondamentalement cet équilibre.

Answer 173

Le développement du commerce maritime et des routes fluviales favorisa les échanges. Un essor de la construction navale permit la conception de navires robustes, bien que lents, optimisant les économies d’échelle. Entre 1186 et 1286, plusieurs ports furent créés sous l'impulsion royale, facilitant les échanges de laine, bois, vin et poissons salés ou séchés. L’Angleterre devint alors une économie extravertie et dépendante, avec une forte présence de marchands italiens dans les circuits commerciaux.

Answer 174

Ces derniers, bien introduits auprès de la royauté, avaient des privilèges en matière de stockage et d'entreposage. Ils étaient capables d’acheter des productions de laine plusieurs années à l'avance grâce à leurs liquidités abondantes.

Answer 175

La présence commerciale ne se limitait pas à l'Italie : les Flamands étaient actifs dans le commerce du drap, tandis que les Gascons jouaient aussi un rôle important dans les échanges avec l’Angleterre.

Answer 176

L’Angleterre exportait majoritairement des matières premières tout en important des produits manufacturés, ce qui renforçait sa dépendance économique. Toutefois, des secteurs tels que le bâtiment, la production de sel et l’industrie du drap étaient bien développés. En dépit de cette structure économique, l'Angleterre maintenait une balance commerciale favorable grâce à la forte demande flamande pour son drap, assurant ainsi une stabilité monétaire et économique.

Answer 177

Enfin, les limites techniques de l'agriculture anglaise freinaient l'augmentation significative des rendements. Bien que les terres soient labourées efficacement, les semailles et les moissons manuelles engendraient du gaspillage. Les engrais étaient insuffisants pour améliorer largement les récoltes, et même une utilisation plus intensive du fumier ne pouvait compenser ces difficultés.

Answer 178

La Grande-Bretagne connaît une forte augmentation démographique entre 1086 et la fin du XIIIe siècle. La population, estimée à environ 1,25 million lors du Domesday Book, atteint probablement 5 millions. Cette croissance, bien que difficile à chiffrer avec précision, reflète une dynamique longue et soutenue.

Answer 179

En Écosse, les estimations varient entre 0,5 et 1 million d'habitants, avec de vastes espaces peu peuplés.

Answer 180

L'augmentation démographique n'est pas uniforme : l'Angleterre du sud-est est bien plus dense que le nord, où certaines zones apparaissent quasi désertiques. Des récits de voyageurs relatent des régions vides, illustrant cette inégalité de peuplement.

Answer 181

La croissance démographique a des conséquences économiques importantes, notamment l'expansion des cultures et de l'habitat. Cette évolution se traduit par la création de nombreuses villes entre 1170 et 1250, comme Portsmouth ou Liverpool. Ces villes, souvent fondées par charte royale, sont stimulées par les marchés locaux et régionaux. Londres, en particulier, devient un centre portuaire et commercial majeur, préfigurant la City moderne.

Answer 182

Certaines villes sont fondées spécialement pour favoriser le commerce maritime. Ces ports littoraux, mieux situés que les ports fluviaux, permettent d'intensifier les échanges.

Answer 183

De même, la main des aménageurs est visible dans les villages anglais, où les implantations régulières sont courantes, notamment dans le nord de l'Angleterre, dépeuplé après les conquêtes de Guillaume le Conquérant. L'expansion agricole répond à la pression foncière. On défriche les zones boisées et on assèche les terres humides pour les mettre en valeur. Ces espaces restent toutefois marginaux et peu fertiles. La pression démographique pousse aussi les populations à migrer vers l'ouest et le nord.

Answer 184

L'agriculture adopte progressivement l'assolement triennal, réduisant les surfaces en jachère à un tiers au lieu de la moitié. Cette innovation permet d'intensifier la production, mais la pression démographique reste forte. Bien que la population continue à croître à la fin du XIIIe siècle, les importations de céréales ne semblent pas avoir augmenté suffisamment pour compenser les besoins.

Answer 185

L'agriculture connaît une transformation notable avec l’adoption progressive de l'assolement triennal, qui réduit les terres en jachère à un tiers au lieu de la moitié. Cette innovation favorise une intensification de la production, mais la pression démographique demeure forte. Malgré la croissance continue de la population à la fin du XIIIe siècle, les importations de céréales semblent insuffisantes pour couvrir pleinement les besoins alimentaires. Les registres de successions révèlent également une réduction de la taille moyenne des exploitations agricoles, conséquence directe de cette augmentation démographique.

Answer 186

Le phénomène des "lost villages" illustre cette évolution : d'anciens villages abandonnés sont progressivement reconvertis en terres agricoles. Ce processus, bien étudié par les historiens, s’est amplifié après 1358, s’accélérant encore avec l’arrivée de la peste noire. La maladie provoque un déclin démographique qui menace et affaiblit certaines villes.

Answer 187

La crise de la fin du Moyen Âge s'inscrit dans ce contexte. Avant 1358, certains historiens évoquent un blocage malthusien, où la population atteignait un seuil critique face aux ressources disponibles. La peste noire, perçue comme une véritable catastrophe démographique, redistribue les cartes : si de nombreux individus y perdent la vie, certains parviennent à en tirer profit en s’enrichissant et en quittant parfois la paysannerie.

Answer 188

La forte pression démographique entraîne une fragmentation des terres agricoles, rendant de nombreuses parcelles trop petites pour nourrir une famille. Malgré ce contexte difficile, un acquis majeur marque cette période : au XIIIe siècle, aucun paysan anglais n’est esclave.

Answer 189

Contrairement à l'esclavage, qui se caractérise par la propriété totale d’un individu par un maître (pouvant être vendu ou hypothéqué), l’Angleterre médiévale connaît plutôt le servage. L’esclavage tend à se développer dans les sociétés en manque de main-d’œuvre, ce qui n’était pas le cas en Angleterre aux XIe et XIIe siècles. Les serfs, bien que juridiquement inférieurs, ne sont pas assimilés à des esclaves. La majorité des paysans recensés dans le Domesday Booksont des hommes libres, bénéficiant d’une certaine autonomie, bien que cette liberté reste limitée.

Answer 190

Les seigneurs, eux-mêmes puissants et libres, disposent de divers moyens pour asseoir leur domination. Ils manipulent les coutumes et les réglementations sociales afin d’imposer des charges croissantes sur les paysans, dans un contexte où la productivité agricole reste faible. Cette pression se traduit par de lourdes obligations en corvées, souvent mal vécues. De plus, les seigneurs rechignent généralement à payer des salaires conformes aux tarifs du marché, préférant justifier ces ponctions par les exigences liées aux guerres. Avec l’accroissement de la population, les seigneurs se tournent progressivement vers le travail salarié. Dès le XIIIe siècle, certains comprennent l’intérêt de louer leurs terres, permettant à de nombreux tenanciers de payer un loyer en argent plutôt que d'accomplir des corvées. Ces baux sont généralement conclus sur des périodes longues (neuf ans ou plus) pour garantir une certaine stabilité.

Answer 191

Dans ce contexte émerge une réflexion juridique autour de la propriété foncière. Dès 1200, les juges royaux établissent des règles précisant qui peut porter ses litiges devant les tribunaux royaux. Cette distinction entre personnes libres et non libres est essentielle, car elle contribue à asservir juridiquement une partie importante de la population. Toutefois, les seigneurs ne disposent pas d’un pouvoir absolu. Le droit coutumier, en figeant les rapports à la terre, limite leurs abus et protège partiellement les tenanciers en restreignant les hausses excessives des charges.

Answer 192

Malgré ces protections, les paysans les plus pauvres restent vulnérables. À partir de 1250, les registres manoriaux de Winchester témoignent d’un appauvrissement croissant des locataires les plus précaires. Vivant au jour le jour, ces populations sont extrêmement sensibles aux mauvaises récoltes et aux crises alimentaires. Malnutrition, maladies et famines sévissent, réduisant parfois leur espérance de vie à une dizaine d’années, bien inférieure à celle des générations précédentes. Dans ce contexte de précarité, les seigneurs adoptent parfois des mesures d’urgence. Conscients que la disparition massive de leur main-d’œuvre mettrait en péril leurs exploitations, ils privilégient souvent la réduction des salaires plutôt que de risquer des pertes humaines importantes. Enfin, cette population agricole fragile joue un rôle essentiel dans les secteurs manufacturier et artisanal des villes, eux-mêmes sujets à de fortes fluctuations économiques. La surmortalité, bien que marquée par la peste noire de 1348, était déjà présente auparavant en raison de ces conditions de vie précaires.

Answer 193

Malgré la précarité qui touche une partie de la population, certains parviennent à prospérer grâce à une gestion habile des domaines agricoles. Cet écart croissant entre riches et pauvres devient de plus en plus visible. En période de misère, l’économie reste contrastée : si certains peinent à survivre, d'autres accumulent des richesses importantes.

Answer 194

À la fin du XIIIe siècle, les prix augmentent tandis que les salaires, en raison de l’abondance de main-d’œuvre, stagnent. En conséquence, les revenus réels des travailleurs diminuent, ce qui profite aux seigneurs, capables de capter cette différence et d’accroître leurs bénéfices. La vente d'excédents agricoles devient alors une source de profit importante. Cette dynamique favorise l’apparition de nombreux marchés locaux : entre 1188 et 1483, la monarchie anglaise accorde environ 2 400 concessions de marché, dont plus de la moitié entre 1188 et 1215. Cette multiplication des marchés témoigne de l’essor des surplus agricoles, particulièrement marqué au XIIIe siècle.

Answer 195

La demande accrue de terres entraîne également une hausse des loyers. Les revenus tirés des terres épiscopales, par exemple, augmentent considérablement. Toutefois, cette rente n'est pas automatique : une gestion active et rigoureuse est nécessaire pour optimiser les profits. Les seigneurs doivent établir des stratégies précises, notamment en confiant leurs terres à des fermiers qui les exploitent en leur nom. Ce mode de gestion, en réduisant les frais administratifs, garantit une certaine stabilité grâce à des baux de longue durée (généralement neuf ans ou plus).

Answer 196

En parallèle, certains seigneurs reprennent en main la gestion directe de leurs terres pour maximiser leurs revenus. Cette décision implique souvent des tensions avec les tenanciers, notamment lorsque ceux-ci espéraient hériter des parcelles de leurs parents. Face à ces résistances, les seigneurs procèdent souvent progressivement afin d’éviter les conflits majeurs. Lorsqu’un seigneur choisit de gérer directement ses terres, il nomme généralement un bailli chargé de superviser les exploitations. Ce dernier recrute des travailleurs parmi les plus pauvres, souvent prêts à accepter des conditions difficiles pour obtenir un lopin de terre. Si cette méthode permet de générer des profits importants, elle comporte aussi des risques liés aux fluctuations du prix des récoltes et des loyers.

Answer 197

Ces comptes manoriaux, tenus par des agents spécialisés, permettent d’évaluer précisément les résultats économiques de chaque domaine. Grâce à ces pratiques, une véritable administration domaniale se développe, offrant une vision précise de l’activité agricole et financière. Pour minimiser ces risques liés aux fluctuations du prix des récoltes et des loyers, les seigneurs adoptent une gestion rigoureuse, s’appuyant sur des registres comptables de plus en plus détaillés à mesure que le XIIIe siècle avance.

Answer 198

Le mouvement des enclosures, souvent associé à l’époque moderne, commence en réalité dès le Moyen Âge. En privatisant certaines terres pour y développer l’élevage bovin, ce processus contribue à renforcer les écarts sociaux, laissant les plus pauvres sans ressources. Pour ces derniers, les seules options restent souvent l’émigration vers des régions plus isolées, comme les terres celtiques ou galloises, où les conditions de vie sont plus rudes. À la veille de la peste noire, l’Angleterre du milieu du XIVe siècle est ainsi marquée par de fortes tensions sociales, opposant les possédants et les plus précaires dans un climat de crise latente.

Answer 199

L’Église d’Angleterre est bien implantée, comme en témoigne sa présence documentée dans le Domesday Book. Ce recensement permet d’avoir une vision claire des diocèses et des paroisses, bien que les territoires du nord soient exclus. On y découvre notamment que le curé du village est perçu comme un membre ordinaire de la communauté paysanne, tandis que l’église locale appartient généralement au seigneur du domaine.

Answer 200

L’impact de la conquête normande de 1066 Cette dépendance des églises villageoises aux seigneurs féodaux s’explique en partie par la conquête normande de 1066. À cette époque, les prêtres menaient un mode de vie similaire à celui des paysans et il était rare qu’ils respectent le célibat. Nombre d’entre eux étaient mariés, et il arrivait même que leur charge se transmette héréditairement, de père en fils.

Answer 201

La réforme grégorienne, initiée sous le pape Grégoire VII au milieu du XIe siècle, vise à affranchir l’Église de l’influence des seigneurs et à imposer le célibat clérical. Ce processus s’étale sur plusieurs décennies et rencontre de fortes résistances. Toutefois, à la fin du XIIIe siècle, les prêtres mariés deviennent rares, bien que certains clercs entretiennent encore des relations extraconjugales. La campagne contre le mariage des prêtres s’accompagne d’une amélioration de l’alphabétisation. Grâce à une société plus instruite, il devient plus facile de recruter un clergé respectant les vœux de chasteté. Cette évolution conduit à une augmentation significative du nombre de prêtres célibataires.

Answer 202

L’Angleterre connaît un essor impressionnant de ses établissements religieux. - En 1066, on compte environ 50 maisons religieuses et 1 000 moines. - En 1216, ces chiffres grimpent à 700 établissements et 13 000 membres d’ordres religieux. - Un siècle plus tard, on recense - 900 maisons et 17 000 moines et chanoines réguliers. Cette expansion reflète à la fois l’enrichissement du royaume et la croissance démographique, qui triple entre le XIe et le XIIIe siècle. La vie religieuse se diversifie progressivement. Si les bénédictins dominaient au XIe siècle, de nombreux nouveaux ordres apparaissent par la suite. Parmi eux, les cisterciens se distinguent, bien que leur puissance économique et leur réputation de "rapaces" suscitent des critiques.

Answer 203

L’organisation paroissiale anglaise reste stable pendant plusieurs siècles, centrée autour des deux grands archevêchés de York et de Canterbury. Avec l’accroissement de la population, de nouvelles paroisses sont parfois créées à l’initiative des seigneurs locaux, mais cette expansion ralentit dès le XIIe siècle. Le développement du droit canonique et du pouvoir pontifical contribue à figer le territoire paroissial, ce qui pose parfois problème dans les villes en pleine croissance. Pour pallier ces difficultés, l’Église favorise alors l’implantation des ordres mendiants, tels que les Dominicains (dès 1221 à Oxford) et les Franciscains (notamment à Canterbury et Oxford). Ces frères missionnaires, indépendants des frontières paroissiales, connaissent un succès rapide : vers 1300, on dénombre environ 150 maisons dominicaines et franciscaines en Angleterre, ainsi que 20 en Écosse et 9 au pays de Galles.

Answer 204

Le latin reste la langue dominante du clergé, bien que certains clercs maîtrisent aussi l’anglais, leur permettant une certaine mobilité internationale.

Answer 205

L’Église d’Angleterre traverse plusieurs périodes de tensions avec les rois Plantagenêts. Ces conflits atteignent leur apogée avec l’assassinat de Thomas Becket sous le règne d’Henri II. La situation se stabilise progressivement après le règne de Jean sans Terre.

Answer 206

la fin du Moyen Âge, à partir de 1290 environ, apparaît comme une période dangereuse, turbulente et décadente. Les guerres civiles et étrangères de l'Angleterre - en particulier celles menées en Écosse, en France et dans les Pays- Bas - durent plus longtemps, s'étendent plus loin, coûtent plus cher et impliquent un plus grand nombre d'hommes que toutes celles menées depuis l'âge des Vikings.

Answer 207

La famine, la maladie et (à partir de 1348) la peste réduisent considérablement la population de l'Angleterre au début du XVe siècle, peut-être de moitié, ce qui perturbe gravement la société anglaise.

Answer 208

Vers la fin du XVe siècle, les hommes d'État français notent avec désapprobation l'habitude des Anglais, en termes de violences politiques internes à l’Angleterre, de déposer et d'assassiner leurs rois et les enfants des rois (comme cela s'est produit en 1327, 1399, 1461, 1471, 1483 et 1485) avec une régularité inégalée en Europe occidentale.

Answer 209

Il est aujourd'hui admis que les guerres ont pu avoir un côté créatif, en l'occurrence donner aux Anglais un sens plus aigu de l'identité nationale ; que la famine et la maladie n’ont pas forcément figé complètement la société, bien au contraire ; que la contraction économique n’a pas nécessairement signifié dépression économique ; que le développement de l'hérésie et la critique des institutions religieuses ont pu inciter les hommes à une plus grande dévotion personnelle ; que, comme pour l'évolution du Parlement, les crises politiques ont pu avoir des caractéristiques constructives (« destructioncréatrice ») ; et, enfin, que les réalisations littéraires et artistiques ne se sont pas éteintes avec la commotion civile ou l'effervescence sociale. Du point de vue du début du XXIe siècle, le Moyen Âge tardif apparaît aujourd'hui comme une époque de turbulences et de complexité, certes, mais aussi comme une époque de vitalité, d'ambition et, surtout, de fascination : une époque d’où surgit « l’odeur mêlée du sang et des roses », comme l’écrivait il y a un siècle, pour toute la fin du Moyen Âge, le grand historien néerlandais Johan Huizinga.

Answer 210

le roi et sa cour, avec la famille royale et l'hôtel du roi au centre

Answer 211

Les relations entre le roi et ses sujets influents, barons ou magnats en premier lieu, mais aussi chevaliers de château et écuyers qui aspirent souvent à rejoindre les rangs des barons, riches marchands, évêques et clercs talentueux, tous en quête de patronage, de position et de promotion de la part de la Couronne, sont au cœur de l’activité de cour.

Answer 212

Un roi qui réussit est celui qui établit une relation harmonieuse avec tous ou la plupart de ces sujets influents, car ce n'est qu'à cette condition que la stabilité politique, un gouvernement efficace et la paix intérieure peuvent être assurés.

Answer 213

Cependant, le principe même de la monarchie héréditaire, tout en réduisant la probabilité que des membres de la famille royale se disputent la couronne, rend plus probable le fait que des rois inadaptés (en raison de leur jeunesse, de leur caractère ou de leur incapacité) la portent parfois.

Answer 214

Surtout, les guerres incessantes des XIVe et XVe siècles imposent des obligations plus lourdes aux rois d'Angleterre. À partir du règne d'Édouard Ier (1272-1307), il n'y a pas une décennie où les Anglais ne sont pas en guerre, que ce soit à l'étranger ou dans les îles Britanniques.

Answer 215

Après la guerre civile du règne d'Henri III (1216-1272), des efforts sont entrepris pour réconcilier l'Angleterre et rétablir une paix intérieure qui permette au roi et à ses sujets de renouer des relations stables, dans le respect des droits et des aspirations des uns et des autres. Le nouveau monarque, Édouard Ier (1272-1307), se montre capable, constructif et efficace dans son gouvernement, tout en étant déterminé à mettre en valeur sa position de souverain. Mais son insistance à affirmer sa souveraineté sur tous les territoires des îles Britanniques, même ceux situés au-delà des frontières de son royaume, marque le début d'une ère de guerre perpétuelle.

Answer 216

Au Pays de Galles, il submerge le Gwynedd, la plus vigoureuse et la plus indépendante des principautés autochtones encore existantes, et à la mort de Llywelyn ap Gruffydd en 1282, la conquête du Pays de Galles est achevée avec succès, après 200 ans de guerres intermittentes. La Couronne d’Angleterre étend ainsi ses territoires au nord et à l'ouest du Pays de Galles pour former une principauté couvrant la moitié du pays.

Answer 217

En 1361, cette principauté est conférée au fils aîné du roi en tant que premier prince de Galles né en Angleterre. Il s’agit d'une grande réussite, même si elle est coûteuse. Il faut réparer les dégâts matériels ; un plan imaginatif pour la sécurité future prévoit une douzaine de nouvelles forteresses et une demi-douzaine de forteresses reconstruites, complétées pour la plupart par de nouveaux quartiers fortifiés peuplés d'immigrants loyaux ; et une administration permanente est conçue pour les terres conquises.

Answer 218

Cette administration (annoncée dans le statut de Rhuddlan, 1284) est d'abord un régime militaire, mais elle établit rapidement la paix et la stabilité grâce à une combinaison judicieuse d'innovations anglaises et de pratiques galloises. La fermeté, tempérée par l'équité et la conciliation, est la marque des relations entre les nouveaux gouverneurs et la population galloise, et les rébellions de 1287, 1294-5 et 1316 ne sont pas des menaces très étendues ou dangereuses.

Answer 219

Pourtant, les coûts de la conquête ont été prodigieux. Des soldats et des marins, des architectes, des artisans et des ouvriers ont été recrutés dans tous les comtés anglais et au-delà pour servir au Pays de Galles. Rien qu'entre 1277 et 1301, 75 000 livres sterling au moins sont dépensées pour la construction de châteaux tandis que la répression de la révolte de 1294-1255 coûte environ 55 000 livres sterling.

Answer 220

au milieu du XIVe siècle, il génère des bénéfices pour le trésor royal, et la gentry (gentilhommerie) galloise prospère en coopérant avec un régime étranger.

Answer 221

À peine le prince Llywelyn éliminé, Édouard Ier se tourne vers les seigneurs de la Marche galloise (ou région frontalière) - pour la plupart des magnats anglais - afin d'établir ses droits souverains sur eux et sur leurs sujets ; il soumet également l'Église et les évêques gallois plus directement à son contrôle. L'ensemble de l'entreprise de conquête édouardienne témoigne d'une imagination, d’une détermination et d'une maîtrise de la stratégie qui vont bien au-delà des campagnes militaires.

Answer 222

Mais les sentiments d'amertume parmi les vaincus, dirigés dans l'Église et l'État par une hiérarchie étrangère, ne peuvent pas être facilement éliminés. Que la domination anglaise devienne oppressive, que les avantages économiques d'un régime stable se tarissent ou que les relations entre autochtones et immigrés se détériorent, alors de graves problèmes se poseront à l'État anglais, et le régime colonial sera menacé.

Answer 223

Édouard Ier est tout aussi déterminé à exercer sa suprématie sur l'Écosse. Il s’agit d'une entreprise exceptionnellement ambitieuse car l'Écosse, contrairement auPays de Galles, possède son propre monarque (de la maison de Canmore), et le sentiment d'indépendance des Écossais est très fort, en particulier dans les Highlands les plus reculés.

Answer 224

Édouard accepte alors l'invitation des « gardiens du royaume » écossais à régler la question de la succession et profite de cette « Grande Cause » (1291-2) pour se faire reconnaître comme « seigneur supérieur » de l'Écosse.

Answer 225

La résistance écossaise et les efforts d'Édouard pour concrétiser ses prétentions ouvrent une période stérile d'hostilité mutuelle entre les deux pays, qui se prolonge jusqu’au XVIe siècle. Les Écossais recherchent l'aide de la France (« Auld Alliance », 1295) et le soutien du pape, et font preuve d'un patriotisme vigoureux pour défendre leur indépendance politique sous la direction de William Wallace (capturé et exécuté en 1305), puis de Robert Bruce (roi Robert Ier, 1306-29).

Answer 226

Une vingtaine d'invasions anglaises au cours du demi-siècle qui suit 1296 parviennent à établir une présence militaire et administrative malaisée dans les Lowlands, mais celle-ci est difficile à maintenir dans un pays pauvre et hostile et doit être financée en grande partie par l'Angleterre. Les Anglais ne maîtrisent pas non plus les mers du nord et ne soumettent ni ne contrôlent le nord et l'ouest de l'Écosse. Ainsi, les Anglais ne bénéficient pas des avantages - ou des succès - qui accompagnent leurs entreprises au Pays de Galles, et même au combat (notamment à la bataille de Bannockburn, en 1314), leurs forces de cavalerie subissent des défaites humiliantes face à des Écossais plus mobiles.

Answer 227

Le traité de Northampton (1328), qui reconnaît le roi Robert Ier et renonce aux prétentions anglaises à la suzeraineté, est rapidement désavoué par Édouard III lorsqu'il prend personnellement en charge le gouvernement royal en Angleterre en 1330.

Answer 228

Les relations anglo- écossaises se résument alors à un triste catalogue d'invasions, de raids frontaliers, d'occupation anglaise instable des shires du sud, d'accords franco-écossais qui se durcissent dans le cadre de l'« Auld Alliance », et même de la capture du roi d’Ecosse David II à Neville's Cross (1346). L'Écosse s'avère une irritation persistante et coûteuse après que les prétentions et les ambitions anglaises ont été contrecarrées par la résistance déterminée et unie des Écossais.

Answer 229

Après la bataille de Bannockburn (1314), Robert Ier d’Ecosse tente d'empêcher de nouvelles opérations anglaises en Écosse en exploitant la situation en Irlande. Entre 1315 et 1318, son frère, Edward Bruce, s'assure le soutien des magnats anglo-irlandais et des chefs gaéliques et, en 1316, il est déclaré Haut Roi d'Irlande.

Answer 230

Peu après, Robert lui-même se rend en Irlande, ce qui pourrait avoir pour but de stimuler un mouvement « panceltique » contre Édouard II d'Angleterre (1307-27). Cette intervention écossaise est un choc important pour le gouvernement anglais et révèle la faiblesse de son régime à Dublin. Aucun roi anglais n'a visité l’Irlande entre 1210 (voyage de Jean sans Terre) et 1394, pas même Édouard Ier, conquérant des Gallois et « marteau des Écossais ». Au contraire, Édouard Ier a impitoyablement dépouillé le pays de ses ressources en hommes, en argent et en matériel, en particulier pour ses guerres et pour la construction de châteaux au Pays de Galles et en Écosse. La dureté de l'exploitation et l'absence de pouvoir ont conduit à terme à des abus administratifs et à une dégradation de l'ordre, dont les magnats anglo-irlandais et les chefs gaéliques ont pleinement profité.

Answer 231

Les officiers du roi d’Angleterre président une administration de plus en plus faible et négligée, alors qu'un renouveau politique et culturel gaélique a pris racine au treizième siècle. Cela contribue au succès d'Edward Bruce, dont l'ascendant fait de l'Irlande, selon un contemporain, « une vague tremblante d'agitation ». La domination anglaise ne s'en remettra jamais et est désormais incapable d’imposer son autorité sur l'ensemble de l'île.

Answer 232

Les expéditions périodiques menées par des personnalités mineures ne parviennent guère à raviver l'autorité du roi d’Angleterre, et la zone sous domination directe se contracte par conséquent jusqu'au « Pale », territoire autour de Dublin. L'échec anglais est patent lorsque le gouvernement a recours à la séparation raciale et culturelle, voire à la persécution, par une série d'actes législatifs culminant avec le statut de Kilkenny (1366).

Answer 233

La Gascogne est au cœur des relations anglo- françaises avant et pendant la guerre dite de Cent Ans (1337-1453) : elle a remplacé la Normandie et l'Anjou comme principale pomme de discorde. Au moment de l'accession d'Édouard Ier, cette province prospère, productrice de vin, est le seul territoire français restant à l’Angleterre. Le lien politique avec l'Angleterre est renforcé par un commerce d'exportation florissant de vin non sucré, complété par le transport maritime de tissus et de grain anglais vers Bordeaux et Bayonne : en 1306-1307, le revenu du duché s'élève à environ 17 000 livres sterling, ce qui vaut bien la peine de se battre pour l'obtenir.

Answer 234

Les frictions avec le roi de France concernant la frontière de la Gascogne et les droits des Gascons sont progressivement reléguées au second plan par rapport aux questions plus vastes de nation et de souveraineté posées par un État français affirmé et conscient de sa propre valeur, désireux de renforcer son contrôle sur ses provinces et ses vassaux (y compris le duc anglais d'Aquitaine).

Answer 235

Pour leur part, Édouard Ier et ses successeurs sont réticents à l'idée de voir les droits royaux français soulignés ou investis d’une signification pratique en Gascogne. Il s'ensuit une série d'incidents, de conférences de paix et de guerres « à feu nu » au cours desquelles les armées françaises pénètrent en Gascogne, avec confiscation périodique du duché, ainsi que des expéditions anglaises - et même une visite à Bordeaux d'Édouard Ier lui-même (1286-9).

Answer 236

Les relations entre l'Angleterre et la France auraient pu continuer à s’envenimer sans deux autres facteurs. Le gouvernement anglais n'apprécie guère l’alliance franco-écossaise (à partir de 1295) et est irrité par le refuge offert par les Français (1334) au roi écossais David II après l'invasion de l'Écosse par Édouard III.

Answer 237

Les conséquences de l'extinction imminente de la lignée masculine des Capétiens directs soulèvent des tensions considérables. Entre 1314 et 1328, la mort successive de quatre rois français impose à chaque fois le serment d'hommage de la Gascogne, ce qui agace déjà fortement les autorités locales. Toutefois, la disparition de Charles IV, dernier Capétien direct, en 1328, ouvre une crise de succession encore plus grave.

Answer 238

À cette époque, Édouard III, roi d'Angleterre depuis 1327, n'est pas encore en position de revendiquer ses droits au trône français par sa mère, Isabelle de France. Mais en 1337, face à une détérioration continue de la situation en Gascogne, il revendique cette succession. Cette démarche semble avant tout tactique, visant à déstabiliser le nouveau roi de France, Philippe VI de Valois. Cependant, la possibilité qu'Édouard III devienne roi de France aurait également permis de résoudre les tensions politiques et économiques persistantes en Gascogne.

Answer 239

Les objectifs de guerre de l'Angleterre n'ont été ni constants ni poursuivis de manière cohérente. Au XIVe siècle en particulier, sa diplomatie de guerre est essentiellement dictée par une série de problèmes immédiats, notamment le maintien d'un régime indépendant en Gascogne et la dissuasion des attaques écossaises à la frontière nord en soutien aux Français. Même après avoir revendiqué la couronne de France en 1337, Édouard III est prêt à mettre à rançon Jean II, le roi de France capturé à la bataille de Poitiers (1356), successeur de Philippe VI de Valois, et à abandonner ses prétentions dans le traité de Brétigny (1360), en échange de concessions pratiques concernant la Gascogne.

Answer 240

Néanmoins, les liens dynastiques, les considérations commerciales et stratégiques, voire les attitudes divergentes à l'égard de la papauté, installée en Avignon de 1309 à 1378, se conjuguent pour étendre le conflit anglo-français aux Pays-Bas, à la Castille et au Portugal, ainsi qu'à l'Écosse, à l'Irlande et même au Pays de Galles.

Answer 241

- Dans un premier temps, les guerres (car il s'agit d'une série de conflits décousus plutôt que d'une seule guerre) se déroulent par des sièges dans le nord de la France en 1338- 40 ; - puis il y a une campagne plus intensive par des mouvements de pince à travers les provinces françaises de Bretagne, de Gascogne et de Normandie en 1341-7 (ce qui aboutit à la victoire de Crécy en 13446 et la prise de Calais en 1347). - Cette période est suivie par des marches audacieuses ou chevauchées du fils aîné d'Édouard III, Édouard le Prince Noir, depuis la Gascogne en 1355-6 (culminant avec la grande victoire de Poitiers), et par le roi d’Angleterre lui-même en 1359 jusqu'à Reims, siège traditionnel du sacre des rois de France. - La reprise de la guerre en Castille (1367) inaugure une période de campagnes plus modestes et plus irrégulières au Portugal, en Flandre et en France même, les deux camps s'épuisant progressivement.

Answer 242

L'avantage dans la guerre revient d'abord à l'Angleterre, le plus uni et le mieux organisé des deux royaumes. Sa prospérité, fondée notamment sur la production de laine, et son expérience de la guerre au Pays de Galles et en Écosse, constituent des bases précieuses pour des opérations de plus grande envergure sur le continent européen. L'existence de provinces françaises très indépendantes dicte la stratégie anglaise. Les campagnes d'Édouard III dans les Pays-Bas en 1338-1334 s’appuient sur le soutien des villes manufacturières de Flandre qui, bien que soumises au roi de France, entretiennent des liens commerciaux vitaux avec l'Angleterre. En outre, dans les années 1340, un conflit de succession en Bretagne permet aux forces anglaises d'y intervenir et même d'y tenir garnison dans certains châteaux, tandis que la Gascogne, bien que située loin au sud, offre un accès direct au centre de la France.

Answer 243

Les guerres au sein des îles Britanniques ont donné au gouvernement anglais une occasion unique de développer de nouvelles méthodes pour lever des forces substantielles. Complétant et remplaçant progressivement l'armée féodale traditionnelle, les nouvelles armées payées et sous contrat, recrutées par des capitaines sous endentures, sont plus petites, mieux disciplinées, plus fiables et plus flexibles que les forces françaises peu organisées et plus lourdes.

Answer 244

Les hommes d'armes et les archers anglais, rompus à l'utilisation de l'arc long et aux tactiques défensives au combat, disposent d'un avantage décisif qui leur permet de remporter des victoires retentissantes contre toute attente au cours des premières décennies de la guerre (notamment à Crécy et à Poitiers).

Answer 245

La guerre sur mer est une affaire moins importante, les tactiques navales faisant preuve de peu de nouveauté ou d'imagination. Les capitaines de navire du XIVe siècle ne sont généralement pas en mesure d'organiser un engagement naval. La bataille de Sluys (remportée par les Anglais en 1340) n'est qu'un incident de l’expédition d'Édouard III en Flandre. Les Anglais n'ont jamais conservé de flotte en permanence, mais les Valois, s'inspirant de l'expertise de leurs alliés castillans, construisent plus tard des arsenaux à Rouen, ce qui leur donne un avantage en mer (voir leur victoire au large de La Rochelle en 1372).

Answer 246

L'investissement anglais dans la guerre française est immense et sans précédent. Les expéditions sont organisées avec une régularité impressionnante et sont parfois très importantes (plus de 10 000 hommes en 1346-7, par exemple). Les dépenses financières sont prodigieuses et tolérées tant que la guerre est couronnée de succès ; mais comme la marge de l'avantage militaire de l'Angleterre se rétrécit après 1369, le gouvernement a recours à des expédients plus nouveaux et plus désespérés, y compris l’impôt par tête (capitation).

Answer 247

La défense côtière contre les raiders français et castillans, de plus en plus audacieux après 1369, est organisée par les shires maritimes du sud et de l'est, soutenus par d'autres à l'intérieur des terres - mais même cela ne peut empêcher le pillage de Winchelsea (1360), de Rye (1377) et d'autres ports.

Answer 248

Les coûts de la guerre sont en effet élevés. Il est vrai que les domaines français conquis profitent à de nombreux soldats fortunés et que les rançons sont rentables pendant les années de victoire (la rançon du roi Jean II capturé à Poitiers en 1356 est fixée à 500 000 livres sterling).

Answer 249

Mais la vie et les occupations de milliers d'Anglais, de Gallois et d'Irlandais sont perturbées par le service de guerre ; les approvisionnements en nourriture, en matériel et en équipement sont détournés vers des opérations entièrement destructrices ; et le commerce de la laine et du vin est gravement entravé.

Answer 250

Ce qui est remarquable, c'est que l'Angleterre a pu s'engager dans ces entreprises à l'étranger pendant des décennies sans subir de graves tensions politiques ou sociales chez elle, tout en défendant la frontière écossaise, en maintenant le calme chez les Gallois et en évitant les soulèvements irlandais.

Answer 251

Cette réussite doit beaucoup à l'inspiration, à l'exemple et au leadership d'Édouard III et du Prince Noir, qui incarnent tous deux les vertus chevaleresques vantées par la noblesse et admirées par la société dans son ensemble. Le roi Édouard III garantit en Angleterre un régime moins dur que celui d’Édouard Ier et beaucoup plus compétent que celui d'Édouard II.

Answer 252

Ces guerres sont le catalyseur de changements sociaux, de développements constitutionnels et de conflits politiques en Angleterre qui, autrement, se seraient produits plus lentement. En outre, comme le reste de l'Europe, l'Angleterre connaît au XIVe siècle des fluctuations démographiques et économiques qui accroissent les tensions et l'incertitude. Il en résulte une série de crises qui soulignent - l'équilibre délicat des relations entre le roi et ses sujets (en particulier ses magnats, qui se considèrent comme les représentants de l'ensemble de la « communauté du royaume ») - et l'importance cruciale du roi lui-même pour une monarchie personnelle.

Answer 253

Entre 1290 et 1297, les classes possédantes, les marchands et surtout le clergé sont soumis à des demandes d’impôts extraordinairement lourdes et nouvelles (quatre fois plus fréquentes que dans la première moitié du règne d'Édouard Ier) pour les entreprises du roi en France et dans les îles Britanniques. Il y a de la résistance, et l'impôt foncier de 1297 ne produit qu'une fraction (35 000 livres) de ce qui a été prévu.

Answer 254

En outre, le roi a convoqué des armées pour un service prolongé à l'extérieur du royaume.

Answer 255

Les principaux magnats, y compris les seigneurs de la Marche galloise qui n'apprécient pas l'ingérence d'Édouard Ier dans leurs franchises favorites, réagissent en reprenant leur rôle traditionnel de porte-parole du royaume et en présentant leurs griefs au roi en 1297 et en 1300. Ils font de la Magna Carta leur étendard contre l'imposition sans le consentement des payeurs et contre les exactions oppressives et sans précédent.

Answer 256

Il lègue à son fils et successeur, Édouard II (1307-27), une guerre coûteuse dans le Nord, qui est loin d'être victorieuse, et des troubles politiques en Angleterre, aggravés par la perte de confiance entre le monarque et le sujet. Ces deux préoccupations - la stabilité politique et la guerre dominent les affaires publiques pendant les 200 années suivantes et ont un effet profond sur la cohésion sociale et politique du royaume, ainsi que sur sa prospérité économique.

Answer 257

Cette proximité avec ses favoris, combinée à la détermination des barons, menés par Thomas de Lancastre, à obtenir des concessions et des réformes qu'Édouard Ier avait refusé d'entériner, transforme les difficultés du royaume en une lutte pour le pouvoir et les réformes politiques. Cette instabilité est accentuée par les revers que subit l'Angleterre en Écosse, en Irlande, au Pays de Galles et en France, compliquant davantage le règne d'Édouard II.

Answer 258

Le serment du couronnement (1308), plus étendu et plus précis, engage plus fermement le nouveau roi à respecter les lois et les coutumes anglaises, et les ordonnances élaborées par les magnats en 1311 visent à limiter la liberté d'action du roi ; ces ordonnances sont annoncées au Parlement afin d'obtenir un large soutien et une large approbation.

Answer 259

- ce à une époque de grande détresse sociale et de pauvreté causée par une succession de récoltes désastreuses et de maladies du bétail au cours de la période 1315-22. - La guerre civile (1321-2) et la déposition du roi (1326-7) sont l'aboutissement fatal de l'incapacité du roi et des gouvernés à coopérer dans l'intérêt mutuel.

Answer 260

le malheureux Edouard II est contraint de consentir à sa propre abdication en 1327 , et une réunion du Parlement est utilisée pour répartir la responsabilité aussi largement que possible. Bien que l'avènement du fils d'Édouard II garantisse le maintien du principe d'hérédité, l'inviolabilité de la royauté sacrée a été brisée.

Answer 261

La guerre prolongée qui éclate en 1337 entraîne une augmentation des impôts à un niveau encore plus élevé que celui des dernières années d'Édouard Ier , et Édouard III fait preuve de la même impitoyabilité envers les marchands, les banquiers et les propriétaires terriens qu'Édouard Ier.

Answer 262

En outre, les absences du roi en campagne, au cœur des combats que lui et ses magnats apprécient, posent de sérieuses questions à une administration sophistiquée normalement placée sous la direction personnelle du roi.

Answer 263

Les ordonnances d'Édouard (émises à Walton-on-Thames, 1338) pour le gouvernement de l'Angleterre depuis l'étranger provoquent des frictions entre le roi et ses conseillers dans le nord de la France, d'une part, et les conseillers restés en Angleterre d'autre part. Certains craignent même qu'en cas de succès de la guerre, l'Angleterre ne devienne, dans l'esprit du roi Édouard, le second royaume de France.

Answer 264

C'est ainsi qu'en 1339-1343, une nouvelle crise éclate, au cours de laquelle les magnats, les marchands et les Communes du Parlement (désormais le forum où les demandes royales d'imposition sont formulées) protestent auprès du roi. Édouard est incité à agir avec plus de circonspection et de considération envers ses magnats, son clergé et ses sujets en général. La réconciliation finale et le rétablissement de la confiance dans le roi, qui s'était avérée hors de portée depuis les années 1290, sont possibles parce qu'Édouard III est un monarque raisonnable et pragmatique, doté d'une confiance en soi qui ne va pas jusqu’à l'arrogance. Il nomme des ministres acceptables pour ses magnats, il se plie à la suffisance du Parlement et il développe une relation remarquable avec ses sujets, ce qui lui permet de maintenir son règne en Angleterre et ses ambitions en France pendant un quart de siècle. Une nouvelle crise est évitée, malgré l'engagement de l'Angleterre dans sa guerre la plus importante à ce jour.

Answer 265

et la reprise des impôts, après une décennie où l'Angleterre a profité des bénéfices de la guerre et d'un répit fiscal, est mal ressentie. Les raids sur les ports de la côte sud sont fréquents, le contrôle naval incertain de la Manche met en péril le commerce et perturbe les marchands, et les coûteuses chevauchées en France sont parfois spectaculaires mais rarement rentables.

Answer 266

Les charges financières, humaines et autres qui pèsent sur la population anglaise ne sont pas allégées pour autant. Des questions sont soulevées, notamment par les Communes au Parlement, quant à l'honnêteté et à la compétence des conseillers et des fonctionnaires du roi.

Answer 267

Renforcé par la montée de l'anticléricalisme à une époque où la réputation de la papauté et de l'Église est gravement ternie, le tollé a chassé du pouvoir les ministres cléricaux d'Édouard III en 1371 et d'autres sont accusés de corruption, voire de trahison. Une autre crise politique éclate alors. Lors du « Good Parliament » de 1376, l'assemblée la plus longue et la plus spectaculaire jamais tenue, les ministres prétendument corrompus et incapables - et même l’influente maîtresse du vieux roi, Alice Perrers - sont accusés par les Communes et jugés par les Lords selon une procédure nouvelle et très efficace (l'impeachment) qui permet dorénavant aux personnes haut placées de rendre compte publiquement de leurs actions publiques.

Answer 268

Pour financer la guerre, une série d’impôts par tête (capitations ou « poll tax »)est mise en place en 1377-80. Le taux de ces capitations est plus élevé que d'habitude et celle de 1379 est populairement connue sous le nom de « subvention diabolique ». Elles déclenchent des violences en East Anglia contre les collecteurs d'impôts et les juges qui tentent d'obliger la population à s'y conformer. Mais ce qui transforme ces colères brusques en rébellion généralisée, c'est la dislocation prolongée due à une guerre infructueuse, l'impact des pestes récurrentes et le tempérament anticlérical de l'époque.

Answer 269

Cette situation et l'absence de nouveaux succès militaires en France nuisent à la réputation du conseil qui gouverne l'Angleterre au nom de Richard II et affectent même la position du roi aux yeux de ses sujets. Richard se révèle également être un monarque obstiné, dont le sentiment d'insécurité l'amène à dépendre de favoris indignes, qui rappellent les confidents d'Édouard II.

Answer 270

En 1386, le Parlement et un certain nombre de magnats attaquent les proches de Richard II et menacent le roi lui-même. Avec toute l'obstination des Plantagenêts, Richard II refuse de céder. Cinq grands seigneurs « appelants » (le duc de Gloucester, les comtes de Warwick, d'Arundel, de Nottingham et de Derby, le cousin du roi) mettent en accusation ou font appel de ses conseillers, et une escarmouche a lieu à Radcot Bridge en décembre 1387, au cours de laquelle l’ami le plus proche du roi, le comte d'Oxford, est mis en déroute. Lors du « Parlement impitoyable » (1388), le roi est contraint de se soumettre à une correction aristocratique qui, si elle avait été maintenue, aurait considérablement modifié le caractère de la monarchie anglaise.

Answer 271

Il y a deux temps lors de la Guerre de 100 ans : le temps des désastres français / le temps des succès anglais, deuxième période : celles des difficultés anglaises.

Answer 272

En 1390, Richard II est un jeune roi de 22 ans dont l’autorité, bien qu’affirmée, reste fragile. Durant les années 1380, son autonomie a été vivement remise en cause par un groupe de grands seigneurs appelés les « Appelants », qui ont tenté de contrôler la monarchie en influençant la nomination des ministres. Cette ingérence a profondément tendu les relations entre le roi et la communauté politique du royaume, minant sa légitimité.

Answer 273

Parmi ses opposants figurent des magnats puissants, aux vastes possessions, capables de mobiliser des hommes et d’exercer une influence considérable sur la population. Face à eux, Richard II tente de s’imposer en s’appuyant sur les territoires les plus éloignés de la couronne. Bien qu’entouré d’adversaires, il n’est pas démuni : sa capacité à affirmer son pouvoir en tant que monarque repose sur sa volonté politique et sur les ressources qu’il contrôle.

Answer 274

Cependant, le roi hérite d’une situation complexe : le royaume est lourdement endetté, conséquence d’une politique expansionniste coûteuse menée contre la France sous Édouard III. La reconquête de territoires perdus face à Bertrand Du Guesclin pour le compte de Charles V, ainsi que des projets fiscaux ambitieux mais impopulaires, ont contribué à affaiblir l’État royal. Richard II se retrouve ainsi à la tête d’un royaume appauvri, au prestige diminué, et doit faire face à un héritage politique encombrant. Pour renforcer sa position, il constitue peu à peu une véritable faction politique, composée de fidèles issus de sa maison et implantés dans des régions éloignées, notamment le nord de l’Angleterre et le pays de Galles. Ce « parti ricardien » devient un levier essentiel de son autorité. Le roi récompense ces fidèles par des dons de terres confisquées à ses adversaires, consolidant ainsi son réseau de loyautés.

Answer 275

Dans cette dynamique d’affirmation, Richard II prend le risque de relancer la guerre en Irlande. Il est le premier roi d’Angleterre à s’y rendre depuis Jean sans Terre. Il cherche à rétablir l’autorité anglaise sur l’île, à intimider les seigneurs gaéliques et anglo-irlandais, alternant fermeté et négociation. Toutefois, cette entreprise ambitieuse n’aboutit pas entièrement.

Answer 276

L’un des temps forts de sa politique internationale est son mariage avec Isabelle de France, fille du roi Charles VI. Cette alliance diplomatique, dans la tradition des mariages royaux, vise à consolider la paix avec la France. Elle s’inscrit dans un contexte politique complexe, marqué notamment par l’épisode dramatique du « Bal des Ardents », qui secoue la cour de France et anticipe les tensions de la future guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons. Ce mariage est perçu comme un calcul judicieux, un gage de stabilité et un moyen de recentrer le pouvoir royal sur ses intérêts territoriaux.

Answer 277

Richard II mise également sur la dimension symbolique du pouvoir : cérémonies, mise en scène de sa personne, propagande assurée par les chroniqueurs… Il cultive une image de monarque ambitieux, raffiné, stratège. Mais derrière cette façade, certains traits plus sombres apparaissent : caprices, dureté, autoritarisme. Son éducation royale et ses expériences précoces au pouvoir ont pu nourrir un excès de confiance, un goût pour l’arbitraire et l’exclusion.

Answer 278

La vie politique sous Richard II est marquée par une brutalité croissante : emprisonnements, exils, violences politiques… Le roi s’entoure de partisans, relègue ses ennemis, même au sein de la noblesse. Il redéfinit les relations entre la monarchie et le baronnage anglais, préférant les intérêts à l’amitié, la loyauté à la négociation. Son gouvernement se distingue par une froideur politique, une séparation de plus en plus nette entre morale et pouvoir. Cette volonté de centraliser et d’absolutiser l’autorité royale suscite des oppositions, y compris du côté du pape, que Richard tente de manipuler pour légitimer ses choix. Il va jusqu’à menacer d’excommunication et réclamer la démission du pape Boniface IX, illustrant l’ambition d’un État royal désormais au-dessus de la société et des institutions religieuses. Mais à trop vouloir affirmer un pouvoir sans partage, Richard II finit par déclencher des résistances irréversibles. Il lance de véritables « chasses aux sorcières » contre ceux qui osent critiquer son autorité.

Answer 279

Parmi ses opposants les plus déterminés figure Henry Bolingbroke, son cousin et fils de Jean de Gand. Celui-ci s’érige contre les dérives du régime ricardien, dénonçant ses abus, son autoritarisme et l’endettement du royaume. En 1399, Bolingbroke profite de l’absence du roi pour revenir en Angleterre. Il rallie à lui de nombreux soutiens, dans ce qui devient un véritable coup d’État. La déposition de Richard II, événement exceptionnel dans l’histoire de la monarchie anglaise, marque une rupture politique majeure. Le trône est désormais vacant, sans héritier direct, ouvrant la voie à l’ascension de Bolingbroke. Ce dernier cherche à restaurer un fonctionnement plus équilibré du royaume, à rendre aux barons un rôle central, et à refermer la parenthèse autoritaire ouverte sous Richard II. Il entend également tirer un trait sur les atteintes aux libertés fondamentales subies sous son règne.

Answer 280

À la mort de Richard II et lors de l’accession au pouvoir d’Henri Bolingbroke, devenu Henri IV, se pose immédiatement la question de la légitimité du nouveau souverain. Deux options s’offraient alors pour la succession : d’un côté, le jeune Edmond Mortimer, comte de March, âgé de seulement sept ans, héritier potentiel soutenu par une partie de la noblesse ; de l’autre, Henri Bolingbroke, adulte de 33 ans, fils du puissant Jean de Gand, duc de Lancastre, et déjà soutenu par un réseau solide de partisans, en particulier parmi les grands barons du nord de l’Angleterre. Ce contexte marque la fin de toute idée de régence : Bolingbroke accède directement au trône.

Answer 281

Sa montée sur le trône ne suscite alors que peu d’opposition immédiate, bien qu’elle repose sur un acte d’usurpation implicite. Aucun discours de propagande ne vient justifier cette prise de pouvoir, ce qui rend son autorité fragile sur le long terme. Cette instabilité originelle injecte un ferment d’agitation durable dans la vie politique anglaise tout au long du XVe siècle. La légitimité même des lois et de la monarchie est ainsi mise en question, ouvrant la voie à des complots, des rivalités internes et à des interventions étrangères opportunistes.

Answer 282

Sur le plan extérieur, l’Angleterre, affaiblie par ses propres troubles politiques, ne peut échapper aux conséquences des tensions accumulées sous le règne de Richard II. L’échec de ses politiques ambitieuses envers les nations celtiques (Écosse, Irlande, Pays de Galles) oblige les successeurs à rechercher une forme de stabilité plus réaliste. Henri IV renonce à l’affirmation d’une suzeraineté effective sur ces territoires, considérée comme trop coûteuse et risquée, notamment pour la stabilité des possessions anglaises en France.

Answer 283

Conscient de l’impopularité des prélèvements excessifs, Henri IV cherche à alléger la pression fiscale. Il adopte une politique de recentrage, en tentant de limiter les dépenses militaires et de réévaluer les capacités réelles de l’État royal. L’objectif est double : restaurer une forme d’équilibre budgétaire et préserver la paix intérieure, tout en maintenant un niveau d’autorité suffisant dans les zones frontalières.

Answer 284

Ce repli stratégique s’explique aussi par la résurgence de la guerre en France à partir de 1415, avec le déclenchement d’une nouvelle phase du conflit qui culmine à la bataille d’Azincourt. Ce succès militaire redonne momentanément confiance au pouvoir royal anglais. Mais dans le même temps, les Écossais en profitent pour intensifier leurs actions, reprenant deux forteresses et exploitant les vulnérabilités anglaises dans le nord du royaume.

Answer 285

La relation entre l’Angleterre et l’Écosse reste alors marquée par une forme de « guerre froide » : trêves précaires, paix instables, raids sporadiques dans les régions frontalières (les Borders). Les deux royaumes évitent les conflits à grande échelle, mais les tensions persistent, notamment du fait de certains barons pour qui la guerre reste un moyen de subsistance, en particulier via le pillage, qui compense les pertes de revenus seigneuriaux.

Answer 286

Concernant l’Irlande, les relations deviennent plus prudentes sous les successeurs de Richard II. Ce dernier avait tenté une politique audacieuse et directe sur l’île, mais son échec dissuade les rois suivants de reproduire cette stratégie. Le roi d’Angleterre conserve le titre de « seigneur d’Irlande », mais dans les faits, il exerce un pouvoir limité. L’île demeure largement autonome, marquée par une structure sociale agraire, tribale et dominée par des chefs gaéliques élus, même dans les régions anglo-irlandaises.

Answer 287

La priorité des autorités anglaises, depuis Westminster, est alors de garantir une stabilité minimale en Irlande : prévenir toute révolte et surtout empêcher que l’île ne serve de base arrière à une intervention française. La question irlandaise reste ainsi secondaire mais stratégique, dans un contexte de rivalités continentales.

Answer 288

Enfin, le Pays de Galles reste une préoccupation constante pour les rois anglais. Même s’il est intégré au royaume depuis le XIIIe siècle, l’idée d’une assimilation complète demeure illusoire au XVe siècle. Des tensions culturelles, linguistiques et politiques persistent, rendant l’unité du royaume toujours fragile face à ses périphéries.

Answer 289

La sécurité intérieure de l’Angleterre au XVe siècle dépend étroitement de la stabilité de ses marges périphériques. L’Irlande, en particulier, représente un terrain d’appui potentiel pour des ennemis de l’intérieur. C’est ce que redoute le gouvernement anglais au moment de la grande révolte galloise menée par Owain Glyndŵr entre 1400 et 1415. Ce soulèvement inquiète profondément Westminster, car des complicités sont identifiées en Irlande : une partie des élites locales y soutient activement la cause galloise.

Answer 290

Dans ce contexte, le gouvernement anglais tente de contenir la menace irlandaise sans pour autant engager des moyens trop importants. Il cherche à s’assurer la neutralité des grands seigneurs locaux, les magnats anglo-irlandais, en les courtisant, voire en les rétribuant. L’objectif est clair : briser tout lien potentiel entre Glyndŵr et l’Irlande. Même l’administration de Dublin est perçue avec suspicion par Westminster, tant les moyens manquent pour y exercer un contrôle efficace. Les grandes familles anglo-irlandaises deviennent dès lors des acteurs incontournables, que le pouvoir royal ménage autant qu’il redoute. L’équilibre trouvé repose davantage sur la diplomatie que sur une véritable domination anglaise.

Answer 291

Le soulèvement gallois de 1400 s’enracine dans un ressentiment ancien. Depuis la conquête d’Édouard Ier au XIIIe siècle, l’Angleterre a imposé une présence militaire massive au pays de Galles, notamment par la construction de châteaux impressionnants. Des lois anglaises y ont été instaurées, visant à angliciser la population et à intégrer le pays dans le système juridique et administratif anglais. Cette domination s’est accompagnée d’une colonisation interne, source d’inégalités croissantes entre Gallois et colons anglais, en particulier dans les zones rurales encore largement peuplées de Gallois. L’administration locale, confiée à des shérifs importés d’Angleterre, est mal acceptée. Ces agents du pouvoir royal sont souvent mal connus des habitants, ou au contraire, ils profitent de leur connaissance du territoire pour exploiter les populations locales. Cela provoque une montée du mécontentement, nourrissant une volonté de rébellion contre la monarchie anglaise.

Answer 292

La révolte menée par Glyndŵr, qui dure plus d’une décennie, mobilise des forces considérables. Elle représente un traumatisme pour les autorités anglaises : elle coûte cher, dure longtemps, et révèle l’incapacité du pouvoir à sécuriser durablement ses marges. Le pays de Galles devient dès lors perçu comme une terre dangereuse, indocile, propice aux complots et aux alliances étrangères.

Answer 293

Après la répression du soulèvement, Henri V adopte une politique de fermeté relative, tentant de calmer la région sans relancer les tensions. Ni la Couronne ni les barons de la Marche galloise ne parviennent pourtant à instaurer une gouvernance stable : l’administration anglaise reste partielle et contestée. L’aristocratie galloise locale, notamment celle des écuyers, demeure méfiante et peu conciliante. Dans le même temps, la Couronne anglaise cherche à consolider son autorité intérieure en s’appuyant sur un groupe de magnats puissants. Ces grands seigneurs, de plus en plus définis comme un corps héréditaire (la peerage), deviennent indispensables à la stabilité du royaume. Henri V et Henri VI créent de nouveaux pairs pour renforcer leur influence au sein de la Chambre des Lords, mais aussi pour structurer le pouvoir royal. Pourtant, tout monarque anglais qui tente de s’affranchir de ce groupe rencontre de graves difficultés : le pouvoir politique se verticalise, se restreint autour de cette aristocratie.

Answer 294

Les magnats jouent un rôle central dans le gouvernement royal, notamment dans les régions sensibles du nord du royaume. Ils assurent un contrôle plus efficace que les représentants directs de la Couronne, ce qui fait d’eux des contrepoids incontournables au pouvoir royal. Enfin, ces mêmes magnats sont aussi au cœur de la politique étrangère. Le principal artisan de la relance de la guerre contre la France sous Henri V souffre particulièrement de l’échec final de cette politique. Les pertes successives en Normandie puis en Guyenne marquent la fin de l’ambition anglaise en France, et fragilisent davantage encore un royaume où les marges, loin d’être sécurisées, restent toujours susceptibles de se révolter.

Answer 295

Une transformation de l’état royal qui = un état moderne. Le fonctionnement de la société se transforme totalement. Au de la des magnats qui sont les grands gagnants, l’ensemble de la noblesse qui connait des transformations face à la monarchie, niveau de la gentry, une strate sociale à l’intérieur de la noblesse. Plusieurs milliers de personnes dans cette catégorie. 2ème niveau de la composante démo.

Answer 296

Ce mode de fonctionnement diff de celui du 12è, le bastard féodalism. Comportement de domination : ils sont bcp plus monétisé. Des maisons entières représenter par bcp livrés. Le roi ne peut pas faire ce qu’il veut, il a trop de magnats et de membre de la gentry, pas assez de pouvoir face à leur grand nombre. Le système est a double tranchant, les lancastriens : ont dev une relation privilégié avec les fidèles. Ses descendants peuvent récupérer les vastes domaines et ses richesses perso. Jean de gande n’est pas le seul à faire ca, les héritiers du comte de March, repose aussi sur une somme importante, bcp d’argent.

Answer 297

Henri IV avait un bel atout, il avait bcp d’alliés, serrer la vis au niveau de l’état royal => vu comme tyran. Ses soutiens avec lui sont aussi discrédité alors, ce qui laisse de la place pour rechercher d’autres appuis, bolimbrock un fin manufrier. À partir de bolimbrock ils peuvent résister à la plus grande combinaison d’attauque : complot entre puissants avec l’appuie de l’église d’angleterre. Un complot pour assassiner bolimbrock et ses fils = il est éventé, alors les rebelles sont arrêtés et tuer, 1399.

Answer 298

Le parti des "yiokistes" (probablement une référence aux partisans du duc d’York) est éliminé. Dans le nord de l’Angleterre, la puissante famille Percy, notamment le comte Northumberland, se montre de plus en plus désabusée dès 1403. Elle mène plusieurs soulèvements contre Henri IV, soulignant le danger que représentent ces grands seigneurs, véritables "vice-rois" dans leur région. Le fils Percy prend les armes pour rallier d’autres rebelles, déjà actifs dans d'autres territoires. Il est cependant tué près du pays de Galles par les troupes loyales à Henri IV. Par la suite, les Percy s’allient avec l’archevêque d’York dans une tentative de déstabilisation du pouvoir royal. C’est une menace sérieuse, car l’archevêque est bien informé et influent. Mais Henri IV réagit rapidement : il fait arrêter le prélat, le condamne, puis le fait exécuter. Le père Percy, quant à lui, tente de relancer une insurrection depuis l’Écosse, avec des hommes et du soutien militaire. Mais sa dernière tentative s’effondre à la bataille de Bramham Moor en 1408. Ces événements révèlent la fragilité du pouvoir royal et la nécessité constante pour Henri IV de renouveler ses alliances pour se maintenir.

Answer 299

Au pays de Galles, les tensions prennent racine dans une longue oppression : dès 1400, la société galloise est affaiblie par la peste, l’exploitation par des propriétaires terriens anglais et une domination politique imposée depuis la conquête d’Édouard Ier. Ce dernier avait soumis le pays de Galles à la loi anglaise, dans une logique de conquête étatique. Les Gallois subissent également de lourdes réquisitions, notamment d’hommes et de vivres pour soutenir les campagnes militaires anglaises en France. Tout cela alimente un fort ressentiment. La révolte galloise, menée par Owain Glyndŵr, ne relève pas d’un nationalisme moderne, mais d’une volonté de restaurer une forme d’autonomie face à l’occupant anglais. Glyndŵr est un chef charismatique et très bien organisé. Il adopte une stratégie de guérilla, détruit des châteaux et des villes anglicisées, harcèle constamment les Anglais sans jamais livrer de bataille décisive. Il est soutenu par la France (des troupes sont envoyées en 1403), par des alliés celtes, notamment des Écossais, et il se proclame "Prince de Galles". En 1404, il convoque même un parlement gallois, où il présente des projets ambitieux pour un pays de Galles indépendant, avec une Église propre, des universités locales et une administration autonome.

Answer 300

Henri IV peut compter sur le soutien des magnats du centre et du sud de l’Angleterre. Il mène plusieurs campagnes militaires, adoptant une stratégie de mouvement en tenaille et de raids destructeurs. Jusqu’à 4000 hommes sont déployés au pays de Galles, montrant que la menace est prise très au sérieux. Mais les campagnes sont coûteuses et difficiles. Le soulèvement gallois est l’un des conflits les plus longs à contenir : il faudra attendre 1415 pour qu’il soit complètement réprimé. Entre-temps, Glyndŵr perd progressivement ses soutiens, notamment le roi d’Écosse Jacques Ier en 1406, puis d’autres alliés. En 1408, il est affaibli, et les trêves entre la France et l’Angleterre compliquent encore ses projets.

Answer 301

Henri IV doit faire face à plusieurs rébellions, mais il parvient à maintenir son pouvoir. Son règne, bien que relativement court, est décisif : il stabilise son autorité, tisse des alliances solides à l’étranger et s’impose sur la scène internationale. Son fils, Henri V, apprend des erreurs de son père : il écarte certains courtisans proches pour éviter toute accusation d’influence ou de favoritisme, notamment vis-à-vis de l’Église. En 1415, Henri V écrase sans difficulté une nouvelle révolte de partisans du comte de March. Il parvient à éliminer les dernières menaces internes, consolidant ainsi l’héritage de son père.

Answer 302

Henri V hérite d’un royaume pacifié et stable grâce au travail de son père, Henri IV. Ce contexte favorable lui permet d’envisager une grande campagne militaire en France, qu’il entreprend avec détermination et qui durera plus de quatre ans. C’est un souverain autoritaire mais efficace, entouré de conseillers compétents. Même lorsqu’il est en campagne, le pouvoir royal continue de fonctionner de manière fluide : les impôts sont bien perçus, les ordres bien transmis, et l’appareil d’État reste performant. Son armée, bien que parfois indisciplinée et moins expérimentée que celle d’Édouard III, est mieux organisée, plus mobile et mieux ravitaillée. Henri V s’inscrit dans une volonté de reconquête et de prestige : pour lui, l’Angleterre atteint un sommet de puissance au XVe siècle. Il prépare minutieusement la guerre, renouvelle les alliances étrangères, et tire parti de la crise politique française.

Answer 303

La France traverse alors une profonde crise. La reine Isabeau de Bavière est très impopulaire, et la noblesse se déchire pour s’emparer du trésor royal. La guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons fragilise le pays. Henri V entend tirer parti de cette situation chaotique. Il ravive les prétentions anglaises à la couronne de France en visant une double monarchie transmanche : une union dynastique entre les deux royaumes, sans fusion politique, mais avec des souverains communs. Ce projet renforcerait considérablement la puissance de l’Angleterre, en lui offrant de nouveaux territoires et de meilleures perspectives commerciales. Les seigneurs anglais lèvent leurs troupes comme de véritables entrepreneurs de guerre, venant se battre en France sous leurs propres bannières. Ce modèle d’armée semi-privée fonctionne bien, car l’impôt en Angleterre est bien organisé et soutient l’effort de guerre.

Answer 304

Henri V connaît des succès militaires éclatants, notamment à la bataille d’Azincourt en 1415, face à une armée française divisée et mal commandée. Il poursuit ensuite sa conquête en Normandie à partir de 1417, transformant cette région en principal théâtre d’opérations. En 1420, profitant de la faiblesse du roi Charles VI et de l’alliance avec les Bourguignons, Henri V impose le traité de Troyes. Ce traité prévoit : - Le mariage entre Henri V et Catherine de France, fille de Charles VI. - Le déshéritement du dauphin Charles (futur Charles VII). - La transmission de la couronne de France à la lignée d’Henri V à la mort de Charles VI. Ce traité scelle théoriquement l’union des deux couronnes et symbolise le sommet de la domination anglaise sur la France.

Answer 305

Après la mort d’Henri V en 1422, son fils encore enfant, Henri VI, est proclamé roi d’Angleterre et de France. Le duc de Bedford assure la régence en France. Sous son autorité, les armées anglaises poursuivent leur avancée, repoussant les frontières normandes vers l’ouest. Bedford cherche à rendre les territoires conquis (Normandie, Guyenne…) autosuffisants, capables de subvenir à leurs propres besoins pour ne pas dépendre économiquement de l’Angleterre. C’est une stratégie pragmatique qui fonctionne pendant un temps, permettant de stabiliser les zones conquises. Henri VI est même sacré roi à Notre-Dame de Paris, renforçant symboliquement l’autorité anglaise en France.

Answer 306

Malgré ces succès, la situation commence à se détériorer. La bataille de Patay en 1429 marque un tournant : les forces anglaises sont stoppées, et la reconquête française s’amorce. L’Angleterre ne parvient plus à soutenir financièrement ses conquêtes. Le modèle de guerre privé montre ses limites, et les ressources s’épuisent. Sans le leadership d’Henri V, l’Angleterre perd progressivement l’avantage militaire et politique. Le projet de double monarchie s’effondre. L’équilibre fragile entre conquête et gouvernance n’est plus tenable, et la France, sous l’impulsion du dauphin Charles (futur Charles VII) et avec l’aide de figures comme Jeanne d’Arc, reprend l’initiative.

Answer 307

À partir des années 1430, le contexte évolue. Jeanne d’Arc, figure emblématique du redressement français, est capturée, jugée pour sorcellerie et accusée d’avoir été guidée par le démon. Ce procès vise autant à discréditer ses actions qu’à rétablir l’autorité anglaise sur une France en voie de redressement. Du côté anglais, l’opinion publique se divise. La poursuite de la guerre devient de moins en moins soutenable, notamment sur le plan économique. Lors des discussions de 1435, certaines élites britanniques envisagent une paix durable, mais les concessions à faire au dauphin Charles (futur Charles VII) sont jugées trop importantes par une partie de la population et du pouvoir. Pendant ce temps, Charles VII consolide son pouvoir : il redresse les finances de la monarchie, améliore son administration, et comprend que l’Angleterre s’enlise dans ses propres difficultés politiques depuis la mort du régent Bedford.

Answer 308

Un tournant majeur a lieu en 1435 : la réconciliation entre la France et les Bourguignons est scellée à travers le traité d’Arras. Ce rapprochement, bien qu’ambigu (notamment parce qu’aucune justice n’est rendue pour l’assassinat du duc d’Orléans par Jean sans Peur), marque la fin de l’alliance entre la Bourgogne et l’Angleterre. Dès lors, la reconquête du royaume devient plus systématique. Charles VII libère Charles d’Orléans et cherche à reconstruire une France unifiée. Malgré un mariage diplomatique entre Henri VI et Marguerite d’Anjou (nièce de la reine de France), la paix ne s’installe pas durablement. Henri VI, en position de faiblesse, cède en 1448-49 des territoires dans le Maine pour maintenir la trêve – ce qui est perçu en France comme un signe de fragilité.

Answer 309

Les Français relancent les hostilités en 1449 avec l’invasion de la Normandie. La guerre a changé de visage : l’armée royale française est désormais bien entraînée, structurée et dotée de moyens logistiques efficaces. L’attaque est massive et décisive. En 1453, la bataille de Castillon marque la fin de la guerre de Cent Ans. La Gascogne, bastion historique de l’influence anglaise depuis le Moyen Âge, tombe après plus de trois siècles de domination britannique. Seule la ville de Calais reste entre les mains anglaises. Cette défaite humiliante plonge l’Angleterre dans une profonde crise : les soldats reviennent amers, accusant le gouvernement lancastrien d’avoir provoqué la chute de l’empire continental. La monarchie, affaiblie, perd la confiance de la noblesse et du peuple.

Answer 310

La perte de la France ne fait qu’aggraver les tensions internes au royaume d’Angleterre. Incapable de surmonter ses divisions, le pouvoir entre bientôt dans une nouvelle période de guerre civile : la guerre des Deux-Roses (entre les maisons de Lancastre et d’York), qui opposera les grandes familles aristocratiques pour le contrôle du trône.