Le Rôle Des Contraintes Cognitives Dans La Comprehension Des Phrases Flashcards

0
Q

Que propose le modèle modulaire de la compréhension?

A

_Le modèle modulaire de la compréhension propose que l’analyseur syntaxique applique un principe pour choisir immédiatement entre les deux structures possibles.
_Frazier et Rayner (1982) ont appelé ce principe le « principe d’attachement minimal ».
_Il énonce que la structure adoptée est celle qui implique le moins de groupes à l’intérieur de l’arborescence. C’est donc un principe d’économie.

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1
Q

Que suppose le modèle modulaire?

A

_Un modèle modulaire suppose que, lors des premières étapes de la compréhension, chaque mot se voit attribuer une catégorie grammaticale (e.g. article, nom, verbe, etc.)
_Un système cognitif appelé l’analyseur syntaxique (parser en anglais) assemble ces catégories en des groupes grammaticaux. Pour cela, il applique des règles qui correspond à la phrase.

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2
Q

Quels sont les deux points à souligner concernant le modèle modulaire?

A

_il considère que l’analyse de la structure grammaticale d’une phrase est un processus qui n’est sensible qu’aux catégories grammaticales des mots (article, nom, etc.) et aux groupes grammaticaux (GN, GP, etc.).
_Ce processus est régi par un principe d’attachement minimal qui n’est lui-même sensible qu’au nombre des groupes grammaticaux.
_La signification des mots ou la situation d’énonciation de la phrase seraient négligées par le processus qui construit la structure grammaticale.
_C’est d’ailleurs cette propriété qui explique pourquoi le modèle est modulariste : la construction de la structure est opérée par un module « imperméable » à certaines informations.
_Ensuite, selon ce type de modèle, si un lecteur perçoit les mots « en se servant de la canne » après le mot « parapluie », il éprouvera une gêne, encore appelé « effet d’impasse ».

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3
Q

Quelle hypothèse a été remise en cause par une étude de Spivey, Tanenhaus, Eberhard et Sedivy (2002)?

A

Que dans tous les contextes, la structure privi- légiée par le principe d’attachement minimal devrait être la première adoptée.

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4
Q

En quoi la méthode employée par Spivey et al. était-elle originale?

A

Elle consistait à évaluer ce que des sujets regardaient pendant l’audition d’une phrase les invitant à déplacer un objet.

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5
Q

Décrire la méthode de Spivey et al.

A

_Les participants écoutaient des phrases les invitant à réaliser des actions,
(4) Mettez la clef sur l’enveloppe dans la boîte.
(4’) Mettez la clef sur l’enveloppe…
_Spivey et al. ont présenté à l’auditeur une situation visuelle correspondant aux phrases
_Grâce à un dispositif enregistrant les mou- vements des yeux ils ont pu évaluer où la personne fixait son regard pendant l’audition d’une phrase comme (4).
_Les résultats montraient que, dans environ 70 % des essais, les auditeurs avaient tendance à fixer leur regard vers l’enveloppe vide lorsqu’ils entendaient « sur l’enveloppe » dans (4), même s’ils redirigeaient leur regard vers « la boîte » en entendant la fin de la phrase.
_Il s’agit donc d’un résultat conforme au principe d’attachement minimal : les auditeurs prenaient d’abord « sur l’enveloppe » comme désignant la destination de l’action à faire, ce qui les conduisait à fixer leur regard sur cette destination.

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6
Q

Quelle est la seconde condition qu’ont mis en place Spivey et al.?

A

_Dans une nouvelle condition, Spivey et al. ont modifié la situation visuelle en positionnant une seconde clef dans l’assiette.
_Ces auteurs proposaient que cette condition rendrait a priori plus pertinente l’analyse grammaticale où « sur l’enveloppe » désigne la localisation de départ de la clef. En effet, la présence de deux clefs implique que le locuteur commence par préciser quelle clef est à prendre.
_Cette fois, les chercheurs ont constaté que les auditeurs fixaient beaucoup moins leur regard vers l’enveloppe vide en entendant (4).

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7
Q

Que montre l’étude de Spivey et al.?

A

_L’étude de Spivey et al. (2002) montre que l’attachement minimal n’est pas constant. Le contexte peut influencer immédiatement l’analyse grammaticale,
_ce qui suggère que l’analyseur ne tient pas compte seulement des catégories grammaticales et des groupes grammaticaux de la phrase actuellement perçue.
_Cela conduit de nombreux auteurs à privilégier aujourd’hui des modèles interactifs de la compréhension, c’est-à-dire des modèles où l’analyse de la phrase s’effectue en tenant compte d’informations très diverses qui interagissent immédiatement pour déterminer l’analyse adoptée.
_L’existence d’effets d’impasse n’est pas contestée par les modèles interactifs. C’est plutôt la systématicité de ces effets qui est remise en cause.

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8
Q

Un effet d’impasse suggère que le lecteur révise une analyse adoptée antérieurement. Mais cette révision implique-t-elle obligatoirement une élimination de l’analyse initiale et de ces implications ? Pour répondre à cette question, qu’ont envisagé Chrisdanson, Hollingworth, Halliwell et Ferreira (2001)?

A

Ils ont envisagé un cas d’ambiguïté transitoire illustré par la phrase (5). Comme l’illustre (5’), lorsque le lecteur arrive au mot « fusée », deux interprétations sont possibles : soit « la fusée » est l’objet direct du verbe «photographiait », soit « la fusée » est un sujet grammatical d’un verbe qui va être perçu ensuite.
(5) Pendant que le journaliste photographiait la fusée atterrissait sur Mars.
(5’) Pendant que le journaliste photographiait la fusée…

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9
Q

Que montre l’examen des deux structures possibles de la phrase ambigüe de Chrisdanson et al?

A

L’examen des deux structures possibles montre que le principe d’attachement minimal ne peut pas déterminer quelle structure sera préférée. En effet, les deux structures impliquent le même nombre de groupes grammaticaux. Les partisans du modèle modulaire ont donc proposé un second principe pour sélectionner une seule structure : le principe de fermeture tardive.

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10
Q

Qu’énonce le principe de fermeture tardive?

A

Ce principe énonce que l’analyseur syntaxique privilégie l’attachement du mot actuellement perçu à la proposition en cours de construction. Cela conduit à fermer tardivement une proposition, plutôt qu’à ouvrir précocement une deuxième proposition.

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11
Q

(5) Pendant que le journaliste photographiait la fusée atterrissait sur Mars.
Que devrait induire l’application du principe de fermeture tardive lors de la lecture des mots « atterrissait sur Mars »?

A

Un effet d’impasse. En d’autres termes, les lecteurs qui perçoivent (5) devraient déclencher une réanalyse de la phrase lorsque le mot « atterrissait » est perçu. Cette réanalyse devrait induire des temps de lecture longs sur les derniers mots de la phrase.

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12
Q

Qu’ont fait Christianson et al pour bien mettre en évidence l’ augmentation de temps de lecture lors de la réanalyse de la phrase?

A

il suffit de prendre comme condition de comparaison la lecture d’une phrase comme (6), où l’ambiguïté transitoire disparaît grâce à la virgule qui interdit de prendre « la fusée » comme l’objet direct du verbe « photographiait ».
(6) Pendant que le journaliste photographiait, la fusée atterrissait sur Mars.
De fait, Christianson et al. ont constaté que la phrase (6) était lue presque une seconde plus vite que la phrase (5). Ce résultat est cohérent avec l’existence d’un « effet d’impasse » lors de la lecture de (5), les lecteurs doivent réanalyser la phrase pour assi-gner aux premiers mots la structure de la figure 6.
Les auteurs ont fait suivre les phrases (5) et (6) de questions portant sur les deux aspects qui viennent d’être mentionnés. Pour les deux types de phrases, les lecteurs estimaient très majoritairement que « La fusée atterrissait sur Mars », et donc que « la fusée » était bien prise, in fine, comme le sujet de « atterrissait ».

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13
Q

Quelle est l’hypothèse que Christanson et al ont construit sur le processus de réanalyse?

A

la réanalyse opérée sur la phrase (5) devrait aboutir à une interprétation identique à celle adoptée pour la phrase (6). Le lecteur corrigerait son analyse incorrecte initiale, en éliminant purement et simplement la structure où « la fusée » est prise comme l’objet direct de « photographiait » et en adoptant l’option où « la fusée » est le sujet grammatical du verbe « atter-rissait ».

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14
Q

Les études sur la compréhension des ambiguïtés grammaticales conduisent à trois conclusions : lesquelles?

A

• Tout d’abord, le lecteur ou l’auditeur adopte immédiatement une analyse gram- maticale, sans attendre des informations permettant éventuellement de lever l’ambiguïté. Cette tendance reflète sans doute une limitation de la capacité permettant de maintenir plusieurs analyses grammaticales pour une séquence de mots.
• Deuxièmement, le modèle modulaire est remis en cause par des études récentes suggérant que l’analyse grammaticale peut tenir compte immédiatement de certaines informations non grammaticales.
• Troisièmement, la capacité pour réviser une analyse inexacte est limitée. Une analyse initiale peut être seulement partiellement abandonnée lorsque des informations indiquent qu’elle n’était pas exacte.

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15
Q

Que propose Gibson quant à la difficulté d’intégration de certains verbes?

A

Gibson propose une mesure du coût d’intégration de chaque mot qui dépend de la distance séparant le mot et l’information à laquelle il doit être intégré (cf. encadré). Plus cette distance est importante, plus le temps de lecture du mot est long.

16
Q

Expliquer la distance de mots à intégrer décrite par Gibson.

A

Gibson (1998) propose que la distance entre deux mots à intégrer est mesurée par le nombre de mots de contenu (nom, verbe) entre les deux mots à intégrer. Le dernier mot à intégrer est systématiquement compté dans la distance.

17
Q

Quelle hypothèse ont proposé Gordon et al quant au rôle de la mémoire de travail dans la compréhension des phrases?

A

_charger la mémoire de travail d’un lecteur avec des mots similaires à ceux de la phrase qu’il lit devrait gêner sa lecture.
_Ces auteurs ont même suggéré que l’effet néfaste d’une telle charge devrait concerner avant tout la lecture des phrases où des mots distants sont à intégrer.
_Ainsi, à l’endroit de la phrase où le lecteur doit réactiver une information éloignée, il serait handicapé par la présence en mémoire de travail de mots similaires à celui qui doit être réactivé.

18
Q

Quelle expérience ont réalisé Gordon et al pour vérifier leur hypothèse?

A

_Ils ont demandé aux lecteurs de mémoriser une brève liste de trois mots présentés avant la lecture de la phrase. Les lecteurs devaient ensuite lire la phrase, répondre à une question concernant la phrase, et finalement rappeler la liste des mots initialement présentée.
Ce type de paradigme est parfois appelé un paradigme de charge.
_Si le système cognitif qui maintient la charge est aussi celui qui intervient pour assurer l’intégration des mots lors de la compréhension de la phrase, la compréhension de la phrase doit être gênée par la charge.
_En revanche, si la mémoire de travail qui maintient la charge est indépendante de la mémoire de travail impliquée dans la compréhension, aucune gêne spécifique n’est attendue.
_Les auteurs examinaient les effets de deux variables : la similarité entre les mots de la charge et ceux contenus dans la phrase, et la complexité de l’intégration des mots dans la phrase.

19
Q

Comment doit-on considérer les résultats de l’étude de Gordon et al?

A

_Les résultats de cette étude doivent être considérés pour deux variables mesurées.
_Tout d’abord la compréhension des phrases était évaluée par la réponse (Vrai ou Faux) à l’énoncé suivant la phrase lue. Les erreurs étaient plus fréquentes pour les phrases avec un coût d’intégration élevé.
_Mais, cette différence imputable au coût d’intégration était plus importante si une charge de mots similaires était maintenue pendant la compréhension.
_La charge de mots similaires augmentait donc spécifiquement la difficulté de compréhension des phrases à coût d’intégration élevé.
_En évaluant les temps de lecture des mots des phrases, les auteurs ont également mis en évidence un effet spécifique de la similarité pour le temps de lecture des mots ayant un coût d’intégration élevé (en particulier le verbe).
_La similarité augmentait donc la difficulté de compréhension des phrases complexes, et ce pendant la lecture de la phrase, et au niveau des mots impliquant un fort coût d’intégration.

20
Q

Les résultats de cette étude sont-elles entièrement cohérents avec les hypothèses de Gordon concernant l’effet de la similarité sur les coûts d’intégration?

A

_Oui. En effet, aug-menter la similarité entre les mots de la charge maintenue en mémoire de travail et ceux de la phrase à comprendre induit une gêne spécifique de la lecture au niveau des mots de la phrase impliquant une réactivation et une intégration de mots précédemment perçus. _Les auteurs concluent donc que le système de mémoire de travail servant à maintenir les mots de la charge est aussi celui qui est impliqué dans le maintien et l’intégration des mots dans une phrase.
_Stocker des mots à rappeler, et comprendre une phrase seraient deux activités faisant appel à une même mémoire de travail.