L’auxiliaire Flashcards
Que’est-ce que la diathèse?
La diathèse, en linguistique, est un trait grammatical qui décrit comment s’organisent les rôles sémantiques dévolus aux actants, par rapport au procès exprimé par le verbe, en particulier les rôles d’agent et de patient. La diathèse affecte la répartition syntaxique et le marquage morphologique de ces rôles sur le verbe et les différents actants. En revanche, le changement de la diathèse d’un verbe, quand il est possible, ne modifie pas profondément le sens de l’énoncé. On parle, plus spécifiquement, de voix du point de vue de la morphologie verbale pour décrire la forme que prend le verbe pour signifier une diathèse.
Qu’est-ce que le PERFECTUM et l’INFECTUM ?
Le latin exprimait les modes et les temps de façon synthétique, sous les deux aspects déjà étudiés (INFECTUM/PERFECTUM). L’aspect est en effet une catégorie
verbale indépendante, capable de se transporter à tous les temps que chaque mode comprend. L’aspect étant double, chaque mode, chaque temps pouvaient recevoir une double morphologie, selon que le déroulement du procès était tenu ou non pour achevé.
Qu’est-ce que l’auxialarisation ?
Pour exprimer le futur, ainsi que l’aspect transcendant, la langue romane a utilisé
le verbe HABERE > aver, dont l’extension s’est développée, alors que, en raison inverse, diminuait sa compréhension : un signifié, en effet, s’étend à d’autant plus d’usages qu’il comprend moins de traits sémantiques spécifiques.
Quels sont les mécanismes de l’auxiliarisation?
Deux éléments très simples sont à retenir dans le mécanisme de l’auxiliarisation:
- Ce sont les verbes les plus extensifs qui ont été choisis, c’est-à-dire les verbes
d’existence, et parmi ceux-ci, en particulier, ceux qui ne faisaient qu’attribuer
l’existence la plus fondamentale, la plus profonde, la moins circonstancielle:
HABERE > haber, ESSE -* ser. - Pour extensive qu’elle fût, cette existence n’en était pas moins une donnée
sémantique bien claire. Pour devenir proprement auxiliaire (asémantème), le verbe a dû se défaire de cette matière, ou plutôt, dans l’acte de langage, se maintenir en son en deçà (la subduction interne décrite par G. Guillaume).
Il apparaît donc déjà que la déflexivité, l’auxiliarisation de haber ainsi que la
disparition de l’opposition sémantique haber/tener à partir du xve siècle sont des
notions étroitement liées.
Quels sont les mécanismes de l’auxiliarisation de HABER?
Le verbe haber dit l’existence la plus essentielle. Il est le plus extensif de tous
les verbes et, donc, le plus propre à s’auxiliariser. Avec haber auxiliaire, le locuteur ne retient que les traits formels du verbe (sy/ forme du signifié), tous les traits matériels (sé/ matière du signifié) étant contenus dans le participe. Voyons comment se manifeste ce mouvement d’auxiliarisation (subduction interne) :
- COGNITUM HABEO: deux événements distincts sont signifiés en latin. Ils sont
rapportés en deux signes. Chacun de ces signes possède matière et forme. Ils sont
indépendants l’un de l’autre
Peu à peu, haber va perdre une certaine quantité (a) de sa matière sémantique
(l’appauvrissement de son lexème en est un témoignage). Parallèlement, le participe
passé va se défaire de ses indices formels (genre, nombre), pour ne plus présenter
qu’un signifiant immuable, morphologiquement appauvri - marquait donc un état intermédiaire. L’évolution vers 3 est à situer au xv-siècle.
où l’accord du participe (soit le sentiment de deux signes quelque peu distincts) devient
impossible. - Soit, au terme de l’évolution (une unité morphologique).
L’énoncé actuel (se han escrito) marque le terme du mouvement d’auxiliarisation:
un seul signe, dont tous les éléments formels sont contenus dans l’auxiliaire (personne,
temps, mode, aspect).
Comment explique-t-on l’accord ou non accord du participe passé avant le XVe?
En 2, l’accord ou le non-accord dépendaient de la visée du locuteur. Selon que celui-ci considérait l’opération (perfective, certes) ou l’au-delà de cette opération (c’est-à-dire son résultat), l’accord ne se faisait pas ou se faisait.
Dans le deuxième cas, l’accord du complément marquait la visée sur l’effet et
la relative indépendance des deux images verbales.
Exemples:
Accord du participe :
Tierras de Borriana todas conquistas las ha (Mio Cid, 1093).
Vers conclusif (au terme d’une laisse. L’incidence sur l’effet est mise en relief
par l’hyperbate (antéposition de l’obiet).
Non-accord du participe :
Desque ovo Mafomat a todos predicados,
avyan las gentes los (cueres) demudados.
e la muerte de Cristo avyan la oluidado.
Malgré l’antéposition de l’objet, l’accent est mis sur l’action, le péché des chrétiens.
Quelles sont les types de relations que peut entretenir l’entité personnelle avec le verbe (la voix)?
Au Moyen Age, la situation de l’auxiliaire était similaire en espagnol. Le choix de l’auxiliaire dépendait de la voix, c’est-à-dire du rapport de l’entité personnelle et de son comportement.
On peut distinguer deux types de relations:
– l’une de caractère actif, exocentrique
(le sujet est agent)
– l’autre de caractère attributif, endocentrique (le sujet est patient)
L’auxiliaire d’aspect de la première relation est haber au Moyen Age. En revanche,
haber est inapte à signifier la transcendance aspectuelle d’une image de caractère
attributif.
Quels sont les types de voix que l’on distingue?
On dénombre traditionnellement trois voix : la voix active, la voix passive et la voix moyenne qui intègre activité et passivité.
Comment la transcendance d’aspect se manifeste-t-elle en résumé dans la voix active ?
Voix active : l’auxiliaire est haber.
«Les verbes transitifs sont des verbes dont la tension ne rencontre pas
sa limite dans le verbe, mais au-delà, dans l’objet du verbe. Aussi prennent-
ils indistinctement l’auxiliaire avoir » (G. Guillaume, ibid., p. 27).
Le propos s’applique parfaitement à l’espagnol médiéval.
Comment la transcendance d’aspect se manifeste-t-elle en résumé dans la voix moyenne ?
Voix moyenne : haber et ser alternent pour marquer l’aspect transcendant
(Molho, pp. 176-177) : selon que cette transcendance porte sur l’opération ou son
résultat. Dans le premier cas, elle sera signifiée par haber (relation active), dans le
second par ser (relation attributive). La transcendance active est une transcendance
précoce (en deçà de la limite sémantique), la transcendance passive est tardive
(l’ultériorité de l’opération).
Comment la transcendance d’aspect se manifeste-t-elle en résumé dans la voix passive ?
Au Moyen Age, en espagnol, la voix passive est exprimée par ser + participe passé. Son contenu est plus extensif que dans la langue actuelle : l’aspect transcendant (la tente a été levée) ne peut en effet être signifié à la voix passive
Estas palabras dichas, la tienda es cogida
… « commo si en tienpo de la su moçedat fuere criado
et acostumbrado de siempre fazer mal et desaguisado».
L’auxiliaire ser est ici auxiliaire de voix et non auxiliaire d’aspect. Haber est
inapte à exprimer la transcendance d’aspect d’une relation attributive : la formulation
ha sido cogida (ou hubiere sido criado) n’existe pas en espagnol médiéval. Il en résulte
que ser + participe passé est la seule expression possible. La langue indiscriminait
alors, dans ce type de relation, l’opération et son résultat.
N. B.: Le latin, pour sa part, pouvait opposer :
TEMPLUM CLAUSUM EST VS TEMPLUM CLAUSUM FUIT.
Comment la transcendance d’aspect se manifeste-t-elle en résumé dans la voix pronominale ?
Dans d’autres verbes, les verbes dits pronominaux, la personne est à la fois agent
et patient. Il est normal que l’ultériorité aspectuelle soit en vieil espagnol signifiée
par ser si la visée du locuteur porte sur l’effet, par haber si elle porte sur la cause.