Foucault et Pires Flashcards
Selon Foucault, l’arrivée et la généralisation des prisons s’expliquent par quoi?
La raison et l’humanisme
Par la crise de légitimité politique de l’Ancien Régime (pas nécessairement moins punir mais punir mieux)
Par une perception adoucie des crimes
Par une conception positive et utile du pouvoir (mettre fin aux supplices aussi éclatants qu’inutiles : une conception disciplinaire du pouvoir)
Selon Foucault, quelles sont les 3 conceptions de la lutte du pouvoir de punir?
- Pour la 1e, il faut un cérémonial (supplice) qui marque le corps de l’ennemi pour manifester la puissance du souverain (ou plus tard de la loi). C’est une conception négative et inutile du pouvoir de punir.
- Pour la 2e, il faut jouer sur les représentations de l’infracteur pour qu’il comprenne qu’il a transgressé ou qu’il va transgresser la loi. Il faut qu’il associe le crime à l’interdit et jouer sur des signes à même de le lui faire comprendre. Conception ici positive préventive du pouvoir de punir.
- Pour la 3e, c’est à un dressage du délinquant qu’il faut parvenir, laisser des traces au sens de lui faire prendre des bonnes habitudes pour redevenir un bon citoyen (sinon dans la tête, au moins dans les comportements). Conception positive disciplinaire du pouvoir de punir.
Selon Foucault, le succès de la prison provient de quelle conception?
c’est la 3e conception du pouvoir de punir qui a gagné : les traces plutôt que les marques ou les signes.
- Pour Foucault, la prison symbolise au fond le succès d’une conception disciplinaire généralisée du pouvoir.
Quelles sont maintenant, toujours selon Foucault, les raisons du maintien des prisons ?
Explication fonctionnaliste : Rappelant que la prison est critiquée dès sa naissance (école du crime, etc.), il estime que cette critique de la prison n’a pour fonction que de maintenir la prison. La critique de la prison ne met donc pas en danger son maintien, elle l’assure !
Explication à la fois fonctionnaliste et marxiste : la prison aurait en effet pour fonction d’organiser la délinquance.
En assurant sa reproduction (on contrôle toujours les mêmes, prison comme école du crime, etc.)
Et en la limitant aux illégalismes populaires (crimes des pauvres).
La prison transforme donc seulement certains infracteurs en délinquants (essentiellement les criminels des couches populaires).
l’échec des prisons (récidive de ces criminels) est en fait un succès pour les classes dominantes.
Le maintien de la délinquance (illégalismes populaires) est nécessaire au maintien de la prison.
Celle-ci ne viserait pas à supprimer les infractions mais bien à les distinguer, les distribuer, les utiliser.
Selon Foucault, quelle est la fonction de la prison?
, c’est donc de produire concrètement et symboliquement une certaine délinquance, qui aura à son tour comme fonction de faire diversion par rapport aux illégalismes privilégiés
Pour Alvaro Pires, c’est quoi la prison?
- la prison n’est pas seulement une institution disciplinaire un peu moins indulgente que les autres
- S’il y a bien un continuum entre ces institutions, il y a aussi une discontinuité, seule la prison est là pour livrer une douleur, une souffrance, une punition
- Il y a à cet égard un continuum que Foucault ne voit pas : le maintien de la nécessité de cette souffrance-punition, il faut rester sévère.
- Simplement la souffrance, la sévérité ne sont plus corporelles/physiques mais temporelles.
Selon Pires, quelles sont les contradictions de Foucault sur le succès des prisons?
Pires explique que l’hypothèse de Foucault selon laquelle c’est une conception de punir (conception disciplinaire) qui l’aurait emportée sur les deux autres ne marche pas.
- la discipline n’est pas une condition suffisante pour permettre la naissance et la généralisation de la prison.
- Pires pointe par ailleurs les contradictions de Foucault entre ses arguments pour expliquer l’arrivée et la généralisation des prisons et ses arguments pour expliquer le maintien des prisons.
Quelles sont les 4 théories de la peine ?
- Théorie de la rétribution (seule une souffrance égale au crime permet de rendre justice). Permet de maintenir en vie la première conception (négative et inutile) du pouvoir de punir. Simplement les corps sont marqués par l’emprisonnement plutôt que par la roue ou d’autres instruments de torture.
- Théorie de la dissuasion (seule une souffrance fera peur au criminel, lui enlevant l’audace d’agir et/ou de recommencer). Permet de maintenir en vie la deuxième conception, positive au sens de préventive, du pouvoir de punir.
Mais alors que la conception vue par Foucault n’obligeait pas à manipuler les âmes par la souffrance, cette théorie l’exige. - Théorie de la dénonciation (seule une souffrance infligée au criminel exprimera ou favorisera la réprobation de la société). Permet de maintenir en vie la troisième conception, positive au sens de disciplinaire, du pouvoir de punir. Mais cette théorie ne renvoie pas seulement à un objectif disciplinaire positif et c’est là que Foucault a manqué quelque chose selon Pires.
- Théorie de la réhabilitation (seule une exclusion punitive permettra une réintégration du criminel dans la société après suivi d’un programme en milieu fermé). Ne s’agit pas de faire souffrir et d’exclure un criminel pour rendre justice, pour faire peur/protéger la société ou encore pour réinsérer l’individu mais bien pour exprimer / favoriser la réprobation de la société
Quelles sont les fonctions des 4 théories de la peine?
Elles donnent des « conseils » à ces autorités sur les critères et le cadre de référence qu’elles doivent adopter pour prendre des décisions concernant les sanctions.
Elles proposent des « fonctions » pour la peine
Les théories de la peine se distinguent des théories scientifiques : elles ne sont pas des descriptions de la pratique.
Elles valorisent certaines pratiques et en dévalorisent d’autres.
Selon Pires, la prison s’est maintenue par quelles deux raisons (que n’évoque pas Foucault) ?
- Le fait qu’elle trouve sa place dans ces quatre théories de la peine différentes, mais toutes situées au cœur de la manière dont le droit criminel s’auto-justifie.
- Le fait qu’elle réponde à une définition relativement stricte de la punition commune à trois (nécessité d’une souffrance) voire à quatre (nécessité d’une exclusion punitive) de ces théories.
Si punition = faire souffrir un individu pour le mal qu’il a fait, cette souffrance doit cependant chaque fois être bornée par un souci de proportionnalité et de modération)
Quelle est l’hypothèse de Pires si la prison se maintient?
C’est parce qu’elle permet de combiner de multiples possibilités de modulations temporelles et l’impression d’une rétribution précise.
Avec la prison, Pires croit que nous serions en présence d’une peine qui a la double qualité de quoi?
D’être humaniste / moderne (on échappe à la tyrannie de l’Ancien Régime sans enlever trop d’énergie aux peines)
Et de faire souffrir (peut-être même plus encore qu’avec la peine de mort).
Que dit Beccaria sur la théorie de la dissuasion ?
On m’objectera peut-être que la réclusion perpétuelle est aussi douloureuse que la mort, et par conséquent tout aussi cruelle; je répondrai qu’elle le sera peut-être davantage si on additionne tous les moments malheureux qu’elle comporte. Ceux-ci s’étendent [en effet] sur toute la vie, alors que la mort déploie toute sa force en un seul instant.
