Contrainte pénale et contrôle social au début du 21ème siècle Flashcards
Parlez moi un peu de Cesare Beccaria(1764, Des délits et des peines)
Beccaria critique la peine de mort comme «crime judiciaire», revendique la séparation du judiciaire et du
religieux, aucun emprisonnement sans condamnation. Le criminel est qqn capable d’un minimum de calcul avant de commettre un acte délictueux. Donc proportionner la peine avec le délit: que la peine soit un peu plus élevée que le gain que pourrait apporter le délit.
Tout crime devait être puni par la loi de façon codifiée. Il doit y avoir une proportionalité entre le délit et la peine.
Idée que si les peines sont bien calibrées, le crime va s’arrêter puisque plus personne n’aura intérêt à faire des crimes, donc les prisons seront vides. La peur de l’emprisonnement devrait suffire à dissuader. Mais les prisons se remplissent d’années en années: échec du modèle idéal de dissuasion.
Deux verrous à supprimer :
- le principe de rétribution, supprimer l’idée que celui qui a tué doit être tué
- le principe de prévention, l’idée selon laquelle plus la sanction est sévère plus l’effectivité est dissuasive
Deux exigences pour légitimer une peine :
- être la plus douce possible, il faut le moins possible de violence dans la société
- la plus dissuasive possible
«Ce n’est pas l’intensité de la peine qui produit le plus grand effet,mais son extension»
Que dit Michel Foucault dans “Surveiller et Punir” ?
Il travaille sur les droits civiques des détenus (vote). Pour lui la prison est « la détestable solution dont on ne saurait faire l’économie ». Elle est au mieux inutile, au pire dangereuse. La thèse principale est qu’il y a eu a la fin du 18ème une mutation historique : on passe d’un régime d’économie du châtiment (peine, punition) à un régime de surveillance des populations dangereuses. Il apporte une réponse au rôle de la prison : la punition est une forme du bio-pouvoir (manifester le pouvoir jusque dans la vie et le corps des individus qui sont surveillés). La prison est un « foyer local de surveillance ». On passe d’une punition publique, qui fait peur (écartèlement, bûcher, etc.), avec une dimension symbolique (voleur se fait couper la main, blasphémateur la langue, etc.) à une surveillance privée qui exclue la punition (pas de condamnation à mort ou de châtiment corporel). On passe de l’anéantissement de l’individu à la disciplinarisation des corps.
Qu’est ce que le Panoptique de Bentham?
C’est une forme universelle : technologie de la surveillance des individus, rédemption par la discipline. Prison ronde avec des cellules tout autour, avec un puit de lumière central. La lumière arrive par le centre donc depuis la tour du milieu on peut voir ce qu’il se passe dans toutes les cellules, alors que depuis les cellules on ne peut pas voir ce qu’il se passe dans la tour. Il n’y a pas besoin de surveillant, car on ne les voit pas donc on se comporte comme si on était surveillé en permanence. Organisation radicale qui sert à illustrer l’idée selon laquelle la prison et les institutions modernes (école, usine, armée) qui se dotent de nouveaux bâtiments fonctionnent sur le modèle de l’auto surveillance. L’enfermement devient une forme du contrôle social, la discipline est auto administrée : pas un lieu de punition mais de normalisation de l’individu : on redresse les âmes et les corps dans des sociétés disciplinaires. En réalité peu de réalisation de ce panoptique.
Qu’est ce que la théorie de l’autocontrôle de Norbert Elias ?
la monopolisation par l’Etat de la violence physique, l’augmentation des interactions entre les individus, les phénomènes d’imitation de groupes sociaux, etc. sont des processus de socialisation et d’intériorisation des normes.
On parle de contrôle social informel. Il met l’accent sur la façon dont se met en place un contrôle social bcp plus fort, sur la base du respect, de la civilisation; centralisation de la violence dans les mains de l’État, on ne se fait plus justice soi-même, intensification des relations sociales.
Cependant, de nombreux travaux montrent que ce contrôle social informel a tendance à diminuer sous l’effet de la recomposition des sociétés, de la fin des petits comités ruraux, évolution dans les modèles d’éduction, chômage de masse qui participe à réguler plutôt de l’anomie que de la régulation dans nos sociétés. Certains exemples d’Elias ne marchent plus aujourd’hui: montre que le fait de cracher par terre n’existe plus…
Quelles sont les réponses à apporter aux transgressions de la loi selon Gary Becker ?
Gary Becker reprend Bentham en se demandant quel est le moyen le plus efficace de décourager la transgression des lois. Il formalise le modèle utilitariste : la société doit trouver le moins coûteux de dissuader au maximum la transgression de la loi. Du point de vue des politiques publiques le plus efficace est de mettre les criminels à l’amende avec des niveaux croissants en fonction du crime. L’amende ne coûte rien à la collectivité alors que la surveillance carcérale coûte très chère. C’est un moyen peu onéreux de dissuader la criminalité. Becker n’est pas idéaliste comme Bentham, il ne pense pas supprimer le crime mais essaye de le limiter.
C’est une vision qui naturalise la déviance, la normalise : pulsion du crime réfrénée par le coût du crime.
Comparez les approches de la déviance de Robert Merton et d’Emile Durkheim.
Dans son ouvrage Émile Durkheim montre que selon la situation matrimoniale les individus se suicident plus ou moins. Ce sont les hommes mariés qui se suicident le moins, ensuite viennent les célibataires, puis les divorcés et enfin les veufs.
L’effet des normes selon Durkheim est de fixer des limites aux attentes des individus.
Anomie : absence ou affaiblissement de la norme.
En situation d’anomie les individus n’ont plus de repères pour orienter leur conduite, leurs attentes ne sont plus limitées par des nornes. Cela peut créer des situations de frustration qui peuvent dans les cas extrêmes conduire au suicide. L’homme marié se suicide moins parce que le mariage est la situation dans laquelle les normes sont les plus fortes. A l’inverse le veuf a perdu ses normes donc c’est celui qui se suicide le plus.
Pour Durkheim la déviance est donc le résultat de l’anomie qu’il définit comme un affaiblissement des normes.
Robert K Merton (1910-2003), propose une autre explication de la déviance. La période des 30 glorieuses est une période de forte croissance économique et de développement de la consommation. Cette hausse de la consommation s’accompagne d’un développement de normes de consommation. Ces normes de consommation sont intériorisées dans le cadre du processus de socialisation : médias, pairs etc …
Merton propose une typologie pour classer les modalités d’adaptation entre
but et moyens .
Le conformisme : acceptation des buts et des moyens.
L’innovation : acceptation des buts et refus des moyens.
Ritualisme : Acceptation des moyens mais refus des buts.
Retrait : Refus des buts et des moyens.
Rébellion : redéfinition des buts et moyens.
Qu’est ce que la théorie de l’étiquetage déviant ?
Howard BECKER: Observation des musiciens de jazz et de l’usage des stupéfiants. Concept de «carrière», selon lui, la déviance est le fait d’entrer dans une carrière déviante, dans cette carrière il y a une phase où le comportement sera étiqueté comme déviant. Montre comment l’efficacité des groupes à définir un comportement déviant va faire tomber dans la déviance des individus qui n’étaient pas considérés comme tels. Théorie de la labellisation, de l’étiquetage = produit un effet cliquet, on en revient pas en arrière quand on a été étiqueté comme déviant. Ce phénomène d’étiquetage se passe entre l’administration, les médias et le public.
Quelle est l’utilité sociale de l’emprisonnement ?
Deux idées principales :
1) Théorie pour justifier l’enfermement; prison défendue dès le 18° par les Lumières comme une forme de
d’humanisation de la peine. Les grands théoriciens de la prison (Beccaria, Des délits et des peines et
Bentham) ont mis en place une théorie fondée sur le principe de la proportionnalité du délit et de la
peine comme élément de modernité du système judiciaire.
2) Prison efficace pour prévenir la récidive? Pas question de l’acte primaire et pourquoi on le commet, mais question de savoir quand on sort, si on va recommencerou s’insérer dans la société. Il y a récidive si on commet, dans un délai, le même type d’acte pour lequel on a déjà été condamné: devient circonstance aggravante pour condamner plus lourdement: 12% en 2010.
Une citation de Muchielli?
“Les pauvres se battent le plus souvent entre eux”.
Qui est Erving Goffman ?
Jusqu’à présent, on ne s’est pas trop penché à ce qu’il se passe au sein de la prison, ce qu’elle
fait aux détenus. Sociologue atypique, marginal, a commencé par des études de chimie. Thèse à Chicago sur les études de communauté, a observé les communautés de pécheurs sur les îles Shetland. Donne l’impression d’une microsociologie du quotidien. Travail sur les interactions du quotidien. Conception du cadrage, la rencontre entre 2 individus va être cadré et ne pas être faite au cadrage.
1959: premier ouvrage abordant la rencontre de deux individus comme un fait social. La société est comme un
théâtre, avec des coulisses, des acteurs qui cherchent en permanence à suivre des lignes d’activité cohérentes.
Sociologie des institutions totales. Asylums (1963): livre tiré d’une enquête de 3 années. Hôpital Saint Élisabeth de Washington (7000 personnes internées à l’époque): importance considérable pour les hôpitaux psychiatriques. Consistait à dire que l’hôpital psychiatrique ne soigne pas plus le malade mental que la prison le détenu. Dénonce le recours systématique à l’enfermement, la pratique quasi-systématique d’électrochocs.
Observation non participante pendant plusieurs années dans des hôpitaux psychiatriques. C’est une institution totale, tout comme la prison. C’est à dire que les membres sont réunis de façon involontaire, coupés du monde par des barrières, besoins pris en charge par l’institution, fonctionnement bureaucratique, contacts entre reclus et membres du personnel limités, repères de la vie quotidienne brouillés (cadres horaires, vie intime, etc.) Tous les gens qui se retrouvent dans ces institutions (personnel et détenus) doivent s’ajuster aux règles de l’institution. On parle de l’institutionnalisation des détenus. Goffman parle de déculturation : le fait que pour vivre tranquillement et ne pas être sujet à des peines il faut adopter le profil de comportement attendu par l’institution (être inoffensif et peu réactif). Ce processus est une mortification de soi : abandon de tout ce qui caractérisait l’individu social pour s’approcher au plus près possible de l’atmosphère des institutions. Du côte des gardiens se construit une culture autoritaire : polarisation entre soumission d’un côté et contrôle de l’autre.
Quelle est la thèse d’Alice Goffman ?
Thèse : Il y a une prisonisation en dehors des prisons.
Thèse sur un quartier de Philadelphie vers des jeunes Afro-Américain soumis à des contrôles policiers.
Prisonisation en dehors de la prison. Le fait d’avoir eu une expérience en prison à un moment (ou de la répéter) va influencer la vie quotidienne. Si on néglige une fois l’une des obligations alors le simple fait de voir une voiture de police fait peur car on ne veut pas prendre le risque d’être interpellé et de retourner en prison. Dimension fugitive de la vie qui gène la construction de la vie personnelle.
Parlez moi du suicide en prison.
Sursuicidité carcérale importante, en France notamment, pousse à se questionner sur ce qu’il se passe. Les prévenus avant la condamnation, se suicident en prison deux fois plus que les personnes condamnées =difficulté
d’adaptation + peur de la révélation publique du crime. MAIS question du phénomène d’institutionnalisation et
de la difficulté des individus à accepter la redéfinition de leur identité.
Intéressant de comparer les taux de suicide nationaux et les taux de suicide en milieu carcéral.
Les différents types d’enfermement selon Beccaria
1) Enfermement politique
2) Enfermement relatif à l’administration de la cité
3) Enfermement judiciaire
4) Enfermement familial
5) Autres peines judiciaires
Le sentiment d’insécurité
- Thèse constructiviste : l’insécurité est une construction sociale qui procède par agrégation de trois variables :
- opinion sur l’importance de la sécurité
- opinion sur la peur
- expérience réelle de la victimisatioon - Thèse réaliste : augmentation du sentiment d’insécurité qui est dû à une augmentation de la criminalité.
- Rochet parle d’actes d’incivilité à l’origine du sentiment d’insécurité
- Kelling parle du modèle de la “vitre brisée”. Si une vitre est brisée et pas réparée, toutes les vitres seront à leur tour brisées.