Chapitre 2, les fondateurs: Tocqueville Flashcards
En quoi fait-il de la sociologie? Avec qui le comparer sur ce point?
Il base ses réflexions sur l’observation de ce qui est plutôt que de se baser sur les théories d’auteurs dans les livres, comme Machiavel et Aristote. Il ne sait pas qu’il fait de la sociologie, car le terme a été inventé par Comte à la même époque mais il n’en lit pas les travaux.
Quel est selon lui le système politique idéal, et quels sont ses auteurs d’inspiration? Pourquoi cela est-il paradoxal?
Il est marqué par la maxime “liberté, égalité, fraternité” et selon lui les sociétés étaient irrémédiablement vouées à passer à des sociétés d’ancien régime à la démocratie, malgré le fait que la révolution ait hâté le processus.
C’est paradoxal car il naît au lendemain de la révolution française dans une famille aristocratique, il serait donc logique qu’il désire que se renouvelle l’ancien régime (c’est ce qui est en train de se passer avec Napoléon et puis la restauration des rois de france en 1814). Il se distingue de son milieu d’origine qui se réjouit de la restauration, et lit les théories démocratiques de rousseau et voltaire.
Quel tournant prend-il en 1831?
Il part étudier l’Amérique, car il pressent une démocratie profonde là-bas. Il étudie cette société scientifiquement afin d’évaluer la qualité et l’efficacité de son organisation sociale.
Quelle démarche utilise-t-il pour travailler et quel concept en ressort-il?
Il prépare des questionnaires, interroge un informateur qui l’aiguille ensuite vers les bonnes personnes à interroger. Il rédige toujours de comptes rendus de ses conversations → novateur à l’époque.
Il formule le principe de neutralité scientifique : ne pas prendre parti et interroger le plus de gens possible. Il revient en France avec un an de données qu’il exploitera durant 3 ans en les analysant.
Quel est l’avantage des américains pour construire une démocratie selon lui?
Ils partent de zéro, ils n’ont pas une société féodale ou aristocratique à déconstruire, car ce sont surtout des classes moyennes qui fuyaient les conflits religieux en Grande-Bretagne. En Europe, on ne parvient pas à se débarrasser des vieilles institutions politiques.
En quoi sa démarche est elle très systématique?
Il croise deux logiques :
- logique de typologie très sociologique (il classe les pays qu’il visite par rapport à l’idéal-type qu’est l’Amérique)
- logique de l’évolution : toutes les sociétés sont vouées à atteindre la démocratie dont l’idéal-type est incarné par les USA.
Quelles sont selon lui les 4 caractéristiques d’une société aristocratique?
- inégalitaire
- régie par des principes hiérarchiques immuables
- sociétés très différenciées : beaucoup de catégories d’individus dissociables du point de vue politique, et le propre de certaines d’entre elles est de ne jamais avoir une chance d’atteindre le pouvoir.
- sociétés très ritualisées dans laquelle la coutume a un pouvoir tyrannique
Quelles sont selon lui les deux caractéristiques d’une société démocratique?
- égalitaires
- homogènes : elles ne sont pas différenciées. Certes, les élus ont plus de pouvoir que le peuple, mais dans le peuple tous les citoyens ont un statut politique identique, et les élus sont dépendants de leur volonté. tout le monde a accès à la politique.
Comment faire tenir la société selon lui, vu qu’il n’y a plus de droit naturel divin?
Il rejette le contrat social qui essaie de fonder des ordres sociaux par rapport à la nature (pour s’en détacher comme Hobbes ou y revenir comme Rousseau). Pour lui, c’est une théorie abstraite et inventée de toutes pièces qui ne répond pas à la question “comment faire tenir la société”?
Il trouve une réponse dans la société américaine : par l’alliage de la liberté et de la religion.
- faire tenir la société pour la religion : en amérique, contrairement à l’Europe, la religion ne s’oppose en rien à la liberté : il se développe des institutions religieuses locales, indépendantes de l’état. Ce sont des groupuscules en fuite qui ont construit l’Amérique, il est donc logique que l’Etat fédéral soit élaboré sur des moeurs profondément égalitaires.
- faire tenir la société par la classe moyenne : En Amérique, il n’y a pas de classes diversifiées comme en France mais une classe moyenne qui se compose d’une part des petits entrepreneurs et artisans et d’autre part des petits propriétaires terriens salariés.
Qu’est ce que le principe de Tocqueville?
“plus l’égalité progresse, plus les inégalités deviennent insupportables et par conséquent la lutte contre les inégalités se poursuit et entraîne le progrès de l’égalité”
Donne un exemple d’application de ce principe
Si la révolution a eu lieu en France, c’est parce que les serfs étaient déjà devenus petits propriétaires fonciers, le roi avait lâché du lest et autorisé la propriété des paysans qui jadis dépendait de leur seigneur aristocrate respectif.
En quoi l’évolution de l’égalité présente un danger selon lui?
Moins on souffre d’inégalités, moins on désire se battre pour que ça change, et plus on va se tourner vers ses ambitions économiques et son bien-être quotidien et personnel. En fait, le risque est le despotisme, en germe dans l’omnipotence de la majorité
Quel événement a-t-il en tête en expliquant ce risque? Quels deux autres éléments historiques se sont déroulés pareillement?
l’échec de la révolution française, suivi de la terreur. Avec l’arrivée de Napoléon, les français ont abandonné leur liberté en croyant sauver l’égalité, or ces despotismes (terreur et premier empire) ont été instaurés par les révolutionnaires et Napoléon au nom du peuple et de l’égalité → massacre des chrétiens, enrôlement de force dans l’armée, …
- notre société : désintérêt pour la politique car situation confortable
- Hitler : élu par les classes moyennes en Allemagne qui craignaient pour leurs biens et se sont assurés de sa protection en lui donnant tous les pouvoirs.
Pourquoi Hitler n’est pas advenu en Amérique?
Selon Tocqueville, il y avait suffisamment d’échelon intermédiaires entre l’état et le citoyen qui permettent à celui-ci de participer à la vie publique, son intérêt politique est maintenu actif au-delà du simple fait de voter. Il souligne l’importance de ces espaces de participation locaux (associations) ou des pouvoirs intermédiaires pour la démocratie (le fédéralisme belge s’en inspirera). Il critique d’ailleurs la France qui centralisera toutes les décisions sur Paris à partir de Napoléon.
Quel est l’autre danger de la démocratie selon Tocqueville?
à l’inverse, le paroxysme de liberté pourrait être la privation d’égalité (en fait, il fait le lien liberté-égalité à son extrême)
Il dénonce les nouveaux patrons, les nouveaux riches issus de la classe moyenne qui usent de leur liberté pour s’enrichir sans plus se préoccuper des intérêts collectifs, et qui risquent d’appauvrir les capacités intellectuelles de ceux qu’ils emploient : désintérêt de son travail → désintérêt de lui-même → renonce à l’égalité.
