Chapitre 2 : Cadre méthodologique - Un modèle guide d'analyse de l'activité en ergonomie Flashcards
Double objectif de l’ergonomie ?
Elle porte un double objectif : « comprendre » pour « agir ».
Le premier objectif, épistémique, est de produire, construire des connaissances, scientifiquement fondées, relatives au fonctionnement de l’Homme en activité naturelle, et inscrire ces connaissances « dans un corpus qui pourra notamment faciliter la réalisation des analyses ultérieures » (Leplat, 2004).
Le second objectif, pragmatique, consiste à organiser les connaissances construites sur l’activité humaine, afin de les appliquer à l’amélioration des conditions de réalisation de cette activité, avec des critères centrés sur les sujets (en termes de santé, sécurité, bien-être, confort, facilité d’usage, développement des compétences, satisfaction, etc.), et des critères centrés sur les « systèmes » et leur performance (en termes d’efficacité, productivité, fiabilité, qualité, etc.).
Définition de la tâche.
La « tâche » se définit par 2 éléments : « un but donné dans des conditions déterminées » (Leplat).
Dans le cadre du travail, le but est l’état final souhaité, et peut être décrit sous différentes formes : en termes de qualité, de quantité de production, etc.
Les conditions, quant à elles, sont relatives aux procédures à mettre en oeuvre (méthodes de travail, consignes, normes, etc.), aux contraintes de réalisation (rythme à respecter, délais attendus), aux moyens mis à la disposition des opérateurs (documents, machines, outils, etc.), aux caractéristiques de l’environnement physique (ambiances de travail, configuration du poste de travail), aux dimensions collectives (présence ou non de collègues, hiérarchie, modalités de communication, etc.), et enfin aux caractéristiques sociales du travail (rémunération, contrôle, sanction, etc.) (Falzon).
Que représente la tâche prescrite ?
La « tâche prescrite » est admise comme étant ce qui est à faire, c’est « le modèle pour le prescripteur » (Poyet), « la tâche conçue par celui qui en commande l’exécution » (Leplat)
Que représente la tâche redéfinie ?
Elle prend en compte les différents buts que doit remplir la tâche prescrite, et les nouveaux buts que peut se fixer le sujet (par exemple, en termes de santé). Car la tâche prise en compte par le sujet dépasse souvent les prescriptions. De par son expérience, ce dernier peut avoir une représentation et une prise en compte de la tâche prescrite qui suppléent son caractère prescriptif.
Définition de l’activité.
En ergonomie, l’activité est l’unité analytique de base, l’unité minimale qui permet de situer et de comprendre les conduites humaines. Elle est ce qui est fait, ce qui est mis en jeu concrètement par le sujet pour effectuer la tâche qui lui est demandée.
Par quoi peut être décrite l’activité ?
L’activité peut être décrite à partir de comportements (des gestes, des postures, des regards, des verbalisations, des interactions, etc.), séquences d’action qui aboutissent à la réalisation de la tâche, facilement observables.
Mais elle est également constituée des processus mentaux (évaluation, planification, raisonnement, etc.) qui préparent, déclenchent, conduisent et donc expliquent les comportements des sujets. Ces mécanismes, inobservables, devront être inférés à partir des observations, et appréhendés par des méthodes de recueil spécifiques.
L’activité peut aussi être décrite, dans la mesure où cela se révèle nécessaire pour son explication, à partir des processus biologiques et physiologiques (activité cardio-pulmonaire, activité oculomotrice, activité musculaire, etc.), et des émotions et manifestations de l’affectivité du sujet (par exemple, dans les situations qui comportent des dangers, ou pour celles où les sujets sont en contact avec un public) (Darses, de Montmollin).
Précisons que, tout comme le concept de tâche, celui d’activité peut également revêtir diverses acceptions : nous parlerons ainsi d’ « activité prescrite », et d’ « activité redéfinie » par le sujet.
Que représente le travail réel et en quoi le travail réel est différent du travail prescrit selon Ombredane et Faverge.
Le travail réel représente la tâche prise en compte et l’activité mise en œuvre concrètement.
Les écarts entre travail réel et prescrit peuvent concerner : les buts que se fixe l’individu (par rapport à ceux prescrits) ; les moyens disponibles en situation (par rapport à ceux normalement prévus) ; les modes opératoires mis en œuvre (en fonction des procédures prescrites, mais également de savoir et savoir-faire acquis dans la pratique) ; les résultats obtenus (différents des résultats prescrits) ; etc.
Que peut mettre en évidence la distance entre les prescriptions et le réel ?
- une prescription trop détaillée (et par conséquent difficile à suivre), trop lacunaire, vague, implicite, voire erronée
- la diversité et la variabilité des situations auxquelles les sujets peuvent être confrontés
- la façon dont les compétences des sujets leur permettent de traiter cette diversité et variabilité (en se donnant par exemple de nouveaux buts, en adaptant leurs modes opératoires, en mettant en œuvre des stratégies de régulation, etc.), pour que les objectifs
soient malgré tout atteints de façon satisfaisante.
A quoi renvoie la diversité ?
La diversité renvoie aux différences qui existent, à un instant T, entre les éléments constitutifs d’une situation, et/ou entre les individus composant une population. Elle se définit donc de façon synchronique.
Comment se manifeste la diversité du côté des personnes ?
Du côté des personnes, les différences entre individus (inter-individuelles) se manifestent au niveau de : leurs caractéristiques personnelles (âge, sexe, caractéristiques morphologiques, etc.), leurs formations (initiale, continue), leurs expériences et compétences, leurs états de santé (douleurs, fatigue, etc.), etc.
Comment se manifeste la diversité du côté des situations ?
Du côté des situations, il peut s’agir de différences entre les dispositifs techniques utilisés (ordinateurs, logiciels, outils, machines, etc.), de différences en termes d’organisation du travail (horaires de travail, composition des équipes, etc.), de différences dans l’environnement de travail (dans la configuration des postes de travail, dans les ambiances thermiques, les nuisances sonores), etc.
A quoi renvoie la variabilité ?
La variabilité renvoie au fait qu’il n’existe pas d’état constant (Rabardel). Elle se définit de façon diachronique, c’est-à-dire qu’il s’agit d’apprécier les différences qui surviennent sur un empan temporel donné (par exemple sur une heure, une journée, une semaine, un mois, etc.) chez un même individu, ou au sein d’une situation.
Comment se manifeste la variabilité du côté des personnes ?
Du côté des personnes, cette variabilité intra-individuelle se manifeste à court terme (évolutions, différences liées aux rythmes chronobiologiques par exemple), et à long terme (évolutions, transformations liées à l’avancée en âge, l’acquisition d’expérience).
Comment se manifeste la variabilité du côté des situations ?
Du côté des situations, la variabilité peut être liée au type de travail à réaliser (par exemple, le nombre et l’évolution de l’état des patients accueillis dans un service de soins vont fluctuer d’une période – de la journée, de la semaine, de l’année – à une autre), ou incidentelle (par exemple, un dossier incomplet, un outil qui casse, une machine qui tombe en panne, etc.).
Quels sont les 4 objectifs de l’étude de la variabilité ?
L’objectif de l’étude de la variabilité n’est pas de la supprimer, mais de comprendre :
- comment les sources de variabilité sont prises en compte par les sujets
- les variabilités à prendre en compte dans l’organisation du travail, les variabilités
réductibles
- les moyens à fournir aux opérateurs pour faire face à la variabilité incontournable
- les conséquences des sources de variabilité sur la santé, la sécurité et la production