A. LE CHANGEMENT DES COMPORTEMENTS Flashcards

0
Q

À quelle catégorie des comportements appartiennent les comportements suivants ?
»> Respecter le Code de la route, maîtriser l’énergie, trier ses déchets, aller voter, utiliser des préservatifs, donner son sang, intervenir pour empêcher un vol, secourir une personne en danger, ou même, tout simplement, rendre un petit service à quelqu’un qui en a besoin…

A

Ils appartiennent à la catégorie des COMPORTEMENTS SOCIAUX qu’il convient évidemment de promouvoir.
N’en va-t-il pas de la qualité de notre vie sociale ?

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Q

On entend dire quotidiennement, que cette promotion passe par un changement des {…} et qu’il faut donc, avant tout faire œuvre de {…} afin de mieux {…}, de mieux {…}.

A

On entend dire quotidiennement, que cette promotion passe par un changement des {mentalités} et qu’il faut donc, avant tout faire œuvre de {pédagogie} afin de mieux {informer}, de mieux {convaincre}.

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2
Q

Il est vrai qu’une certaine conception de l’homme nous amène à considérer qu’il suffit de modifier les idées d’autrui pour le voir désormais adopter les comportements attendus. Aussi, table-t-on volontiers, à la radio, à la télévision, mais aussi à l’école, en famille ou ailleurs, sur {les vertus de l’… et de la …} pour inciter enfants ou adultes à adopter les idées requises par le fonctionnement social.

A

{les vertus de l’information et de la persuasion}

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3
Q

Malheureusement, il ne suffit pas d’avoir les {« … … »} pour avoir les {« … … »}.

A

Malheureusement, il ne suffit pas d’avoir les {« bonnes idées »} pour avoir les {« bons comportements »}.

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4
Q

De très nombreuses recherches illustrent le décalage qu’il peut y avoir entre nos idées _en l’occurrence nos « bonnes idées » _ et nos actes. Comme par exemple la recherche conduite par Peterson et al. de 1984 à 1999 sur le tabagisme. Développez.

A

Il s’agit d’une très sérieuse action de prévention du tabagisme (Hutchinson smoking prevention project) conduite par Peterson et al. (2000). Elle s’est déroulée de 1984 à 1999 dans l’État de Washington et a concerné plus de 8000 élèves répartis en deux groupes : un groupe expérimental et un groupe contrôle. Les élèves du groupe expérimental (plus de 4000 élèves), contrairement aux élèves de la condition contrôle, étaient régulièrement vus en classe à partir de l’âge de 8 ans et jusqu’à l’âge de 17 ans. Le programme de prévention ne comprenait pas moins de 65 séances adaptées à l’âge des élèves. Il avait été soigneusement élaboré en tenant compte des recommandations du Center for Disease Control and Prevention et des préconisations d’un groupe d’experts du National Cancer Institute. Le but essentiel de ces interventions répétées était, on s’en doute, de sensibiliser, mois après mois, année après année, les élèves du groupe expérimental aux méfaits du tabac afin de les convaincre de ne pas fumer. Une lettre d’information était, en outre, envoyée chez eux, deux fois par an, en complément du travail effectué en classe. Autant dire qu’on s’était donné les moyens de réussir. Et pourtant, l’action n’eut aucun effet, la prévalence du tabagisme n’étant pas moindre, au terme du programme dans la condition expérimentale que dans la condition contrôle !

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5
Q

Cela signifie-t-il qu’informer ou qu’argumenter servent à rien ?

A

Évidemment, cela ne signifie pas qu’informer ou qu’argumenter ne servent à rien. L’information et l’argumentation servent incontestablement au fil du temps à MODIFIER les savoirs, les idées, les attitudes et même, certainement, à PROVOQUER DE RÉELLES PRISES DE CONSCIENCE.
L’information et l’argumentation sont donc NÉCESSAIRES oui, mais PAS SUFFISANTES.

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6
Q

Donnez l’exemple du cours qui illustre bien le fait que l’information et l’argumentation sont nécessaires mais PAS SUFFISANTES.

A

À titre d’exemple : on peut être parfaitement convaincu de la nécessité de donner son sang et ne pas le faire. Nous avons pourtant les « bonnes idées » dans notre tête. Nous savons que ce don ne représente aucun risque pour notre propre santé. Nous sommes convaincus qu’il peut sauver des vies. Nous connaissons certainement des personnes, parmi nos amis ou nos proches, qui ont eu besoin de sang. Rien ne nous garantit d’ailleurs que nous n’en ayons pas, nous-mêmes, besoin demain. Alors si nous ne franchissons pas le pas, malgré les nombreuses occasions qui se présentent pourtant régulièrement à nous, ce n’est donc pas parce que nos idées nous dictent de ne pas le faire. Bien au contraire. D’ailleurs, nous sentons bien qu’il suffirait de « peu de chose » pour que nous réalisions cet acte de générosité.

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7
Q

Depuis 60 ans au moins les psychologues sociaux ont fait de ce « peu de chose » un passionnant objet d’étude, si bien qu’on dispose aujourd’hui d’un savoir scientifique qu’on aurait tort de négliger. Nous avons proposé de regrouper les très nombreux travaux portant sur un tel objet d’étude dans un grand paradigme de base : {la … … …} (cf. Joule et Beauvois, 1998, 2002).

A

{la soumission librement consentie}

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8
Q

Comment peut-on définir ce paradigme de base : la soumission librement consentie ?

A

Ce paradigme peut être défini, d’un point de vue pratique, comme l’étude des procédures ou des techniques susceptibles d’amener autrui à modifier librement ses comportements.

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9
Q

Qui a initié les travaux sur la soumission librement consentie ?

A

C’est Kurt Lewin qui, dans les années 1940, allait ouvrir la voie aux travaux sur la soumission librement consentie.

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10
Q

I. Kurt Lewin : vers une nouvelle problématique du changement comportemental
~~~~~~~~~~~~~~
A l’époque où Hovland, sollicité par le gouvernement américain, donnait ses lettres de noblesse à la conception rhétorique du changement d’attitude (communication persuasive, cf. chap. 9), Kurt Lewin, sollicité lui aussi par le même gouvernement américain, découvrait {l’… de …}.

A

{l’effet de gel}

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11
Q

Comment l’effet de gel peut-il être considéré ?

A

L’effet de gel peut être considéré comme le point de départ d’une nouvelle problématique du changement comportemental (cf. Lewin, 1947).

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12
Q

Il faut dire que les problèmes qui étaient posés à Lewin ne concernaient pas, à proprement parler, le changement d’attitude mais plutôt {le … des …}.

A

{le changement des comportements}.

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13
Q

Quel objectif de santé publique va poursuivre Kurt Lewin ?

A

Au départ un constat : en dépit des contraintes imposées par la guerre à l’économie nationale, les ménagères américaines répugnent à changer leurs habitudes alimentaires. Et pourtant les pièces nobles de boucherie (le beefsteak notamment) se font rares et coûtent de plus en plus cher. Il faut donc qu’elles en viennent à cuisiner des pièces moins nobles, c’est-à-dire des bas morceaux (cœur, rognons, tripes…) afin d’éviter, au sein même de leur famille, les problèmes de malnutrition et de carence alimentaire tant redoutés.

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14
Q

Avec certaines ménagères, Kurt Lewin utilise une stratégie persuasive. Développez.

A

Lewin les réunit par petits groupes et demande à un conférencier de les convaincre, en utilisant des arguments préalablement choisis pour leur pertinence, de tout l’intérêt qu’il y a à cuisiner pour leur famille des bas morceaux. La conférence terminée, il constate qu’effectivement les ménagères ont bien modifié leurs attitudes et leurs motivations dans le sens espéré. Elles se disent, en effet, prêtes à consommer des abats et parfaitement convaincues de la nécessité de le faire. Elles ne se comportèrent, toutefois, pas comme leurs nouvelles attitudes le donnaient à attendre. Interrogées trois semaines plus tard, seulement 3 % purent s’enorgueillir d’avoir servi des bas morceaux.

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15
Q

Une autre stratégie imaginée par Lewin allait s’avérer d’une étonnante efficacité. Laquelle ?

A

Cette fois, un animateur a pris la place du conférencier. Il a pour consigne de faire valoir les mêmes arguments auprès d’autres ménagères, réunies elles aussi en petits groupes, et favoriser les échanges entre elles. Mais surtout, il doit leur demander, au terme de la séance, de lever le bras pour indiquer si elles sont volontaires pour servir des abats. Sa demande est entendue et les bras se lèvent. Interrogées trois semaines plus tard, 32 % d’entre elles affirmèrent avoir servi des bas morceaux.

16
Q

Comment apprécier la portée de ces résultats ?

A

Pour apprécier la portée de ces résultats, il importe de garder à l’esprit ceci :
LES GROUPES DE MÉNAGÈRES CONFRONTÉES AUX DEUX STRATÉGIES NE DIFFÉRAIENT, NI SUR LE PLAN DES ATTITUDES, NI SUR LE PLAN DES INTENTIONS COMPORTEMENTALES.
Les unes et les autres avaient entendu LES MÊMES ARGUMENTS et reconnaissaient qu’ils les avaient convaincues.

17
Q

Dans la recherche-action de Lewin sur les ménagères et les bas morceaux, quel fut donc l’élément déterminant ?

A

L’élément déterminant tient à PEU DE CHOSE : les secondes ménagères, contrairement aux premières, avaient eu l’occasion de LEVER LE BRAS, en réponse à une question de l’animateur, et de TÉMOIGNER AINSI PUBLIQUEMENT DE LEUR DÉCISION de servir des bas morceaux.

18
Q

C’est donc à cet acte-là _ et non aux attitudes ou motivations que les ménagères peuvent avoir à l’endroit des abats _ qu’il convient d’attribuer la différence observée :
{… % d’un côté, … % de l’autre} !

A

{3 % d’un côté, 32 % de l’autre} !

19
Q

Comment Lewin expliquera-t-il cette différence ?

A

Lewin expliquera cette différence en avançant qu’entre la motivation à se comporter et le comportement effectif LE LIEN N’EST PAS DIRECT. Il est par conséquent nécessaire de faire intervenir UN MAILLON INTERMÉDAIRE qui n’est autre que L’ACTE MÊME DE DÉCISION, ici opportunément sollicité et obtenu par l’animateur.

20
Q

Quel effet à donc cet acte de décision ?

A

Cet acte de décision de se comporter de telle ou telle manière GÈLE L’UNIVERS DES OPTIONS POSSIBLES et, partant, les possibilités d’évasion comportementale.

21
Q

Que démontre cette célèbre recherche-action de Lewin sur les bas morceaux ?

A

Cette célèbre recherche-action de Lewin, montre tout l’intérêt qu’il y a à obtenir des décisions de la part de celles et ceux dont on souhaite modifier les comportements, décisions qui, on vient de le voir, ne sont pas bien difficiles à obtenir. Souvent, UNE SIMPLE DEMANDE SUFFIT pour qu’elles soient prises.

22
Q

Pourtant ces décisions, que l’on obtient si facilement peuvent conduire loin. Elles peuvent transformer le spectateur en acteur, quand ce n’est pas le lâche en héros, comme l’illustre une recherche réalisée au milieu des années 1970 (Moriarty, 1975). Racontez.

A

La scène se déroule dans un restaurant. Quelqu’un arrive, un cartable à la main, et s’installe à une table. Juste à côté, un client est en train de dîner tout seul. Peu de temps après, l’homme au cartable s’adresse à son voisin et lui demande un petit service : « Excusez-moi. Vous auriez du feu ? » La cigarette allumée, il s’absente, laissant son cartable sans surveillance. Un inconnu pénètre alors dans le restaurant. Au bout de quelques instants, il s’empare du cartable et s’empresse de disparaître. Comme on s’en doute, il ne s’agit pas d’un véritable vol, mais d’une mise en scène imaginée par des chercheurs afin d’étudier la réaction des témoins ayant eu un contact avec la victime. Pas de quoi être fier : 12,5 % seulement d’entre eux s’interposèrent pour arrêter le voleur. Et ce pourcentage serait, évidemment, bien plus bas si le témoin et la victime ne s’étaient pas préalablement parlé. Mais là encore, il aurait pourtant suffi de peu de chose pour que les témoins réagissent tout autrement. Il aurait suffi que l’homme au cartable se soit adressé à eux différemment, en leur demandant un autre service, guère plus difficile à obtenir : « Excusez-moi. Pourriez-vous surveiller mes affaires quelques instants ? » En effet, en procédant ainsi, tous les témoins, sans la moindre exception, se sont interposés, empêchant le vol. On passe donc de 12,5 % à 100 % !

23
Q

Dans la recherche-action de Moriarty (1975) pourquoi les témoins se conduisent-ils différemment ?

A

Ici encore, ce n’est pas parce que les témoins ont, dans leur tête, des idées différentes qu’ils se conduisent différemment. C’est parce que, tout simplement, un inconnu leur a demandé de surveiller leurs affaires et que, les normes sociales d’entraide étant ce qu’elles sont, ils n’ont pas pu lui répondre autrement que par un « oui ». Leurs valeurs, leurs convictions, leur caractère ou leur personnalité n’y sont pour rien. TOUT EST ICI AFFAIRE DE CIRCONSTANCES. Ils se seraient d’ailleurs comportés différemment dans d’autres circonstances, par exemple, si l’inconnu leur avait demandé du feu et, a fortiori, si l’inconnu ne leur avait rien demandé du tout.

24
Q

Ainsi, dans les deux recherches-actions précédentes _ Lewin (1947) & Moriarty (1975) _, le processus psychologique qui conduit au changement comportemental repose sur une {… (… de servir des abats, … de surveiller un cartable)} facile à obtenir et sur {l’… de …} qui en découle.

A

Ainsi, dans les deux recherches-actions précédentes _ Lewin (1947) & Moriarty (1975) _, le processus psychologique qui conduit au changement comportemental repose sur une {décision (décision de servir des abats, décision de surveiller un cartable)} facile à obtenir et sur {l’effet de gel} qui en découle.

25
Q

Peut-on déduire de ces recherches qu’il est facile d’obtenir ces fameuses décisions inductrices de l’effet de gel quand on veut conduire les gens à réaliser librement les comportements que l’on attend d’eux ?

A

Il va sans dire que certaines décisions sont plus difficiles que d’autres à obtenir. C’est pourquoi elles doivent faire l’objet d’une préparation. Les procédures qui permettent de préparer les décisions susceptibles de conduire les gens à réaliser librement les comportements que l’on attend d’eux sont nombreuses. Ce sont précisément ces procédures que nous avons proposé de regrouper dans le paradigme de la « soumission librement consentie » (Joule, 1999 ; Joule et Beauvois, 1998).

26
Q

Seules quelques-unes de ces procédures sont évoquées dans le cours. Lesquelles ?

A
  • la procédure d’amorçage,
  • la procédure de leurre,
  • la procédure du pied-dans-la-porte,
  • la procédure du toucher,
  • la procédure du vous êtes libre de
  • la procédure du pied-dans-la-mémoire
    (pour synthèse, voir : Joule et Beauvois, 2002 ; Gueguen, 2002).