Tuto 04: Syndrome d'immobilisation et délirium Flashcards
Qu’est-ce qu’un délirium?
Le delirium est un syndrome organique d’installation aiguë ou subaiguë, habituellement transitoire et réversible, qui peut se présenter à tout âge, mais qui est particulièrement fréquent chez la personne âgée. C’est un mode de présentation d’une maladie aiguë, d’un post-opératoire chirurgical, d’une intoxication, de l’effet secondaire d’un médicament ou d’un ensemble d’événements combinés suffisamment intenses pour perturber l’état mental d’une personne âgée fragile. C’est la manifestation d’une « souffrance » cérébrale qui se présente par un dysfonctionnement cérébral global. Bien qu’il puisse présenter des symptômes similaires à une démence, comme la maladie d’Alzheimer, le delirium n’est pas une démence
Quelle est l’épidémiologie du délirium?
Syndrome fréquent qui se manifeste chez plus de 30% des personnes âgées hospitalisées (10% à l’urgence, plus ou moins égale à 75% en période postopératoire et jusqu’à 87% aux soins intensifs). Ses conséquences sont graves, avec un taux de mortalité d’environ 30% et une morbidité importante : augmentation des durées de séjour à l’hôpital, risque accru de déclin fonctionnel et cognitif et plus grande probabilité d’institutionnalisation
Quels sont les manifestations d’un délirium?
Repose sur la mise en évidence de deux symptômes principaux :
- Perturbation de l’état de conscience : hypersensibilité aux stimuli environnants ou au contraire, état léthargique, stuporeux pouvant même atteindre un état comateux.
- Atteinte de l’attention : facilement distrait, lenteur à répondre.
Ces symptômes associés à un changement cognitif ou à une perturbation perceptuelle peuvent se manifester ainsi :
- Désorientation : spatiale, temporelle ou à la personne
- Trouble mnésique : déficit de la mémoire à court et à long terme
- Difficulté sur le plan des habiletés visuo-spatiales
- Désorganisation de la pensée : conversation décousue, propos incohérents, coq-à-l’âne (passe d’un sujet à l’autre)
- Troubles perceptuels : hallucination visuelle ou auditive, illusion
- Manifestations comportementales : idée délirante, agitation psychomotrice ou retard psychomoteur, labilité émotionnelle
- Perturbation du cycle éveil-sommeil : insomnie et agitation la nuit, somnolence diurne excessive
Quels sont les facteurs prédisposant à un délirium? Nommez-en 5
- Âge avancé
- Sexe masculin
- Atteinte sensorielle (déficit visuel et déficit auditif)
- Déshydratation, dénutrition
- Antécédents de délirium
- Démence
- Dépression
- Antécédents d’AVC
- Maladies concomitantes : maladies cardiovasculaires, respiratoires et rénales, diabète, maladie de Parkinson
- Abus d’alcool
- Incapacité fonctionnelle
Quels sont les facteurs précipitants à un délirium? Nommez-en 5.
- Infection : urinaire, pulmonaire, septicémie, plaie infectée
- Perturbation électrolytique : résultat anormal de calcium, sodium, potassium
- Perturbation métabolique et endocrinienne : hyper et hypoglycémie, hypo et hyperthyroïdie
- AVC, hémorragie intracérébrale
- Problèmes cardiopulmonaires : insuffisance cardiaque/pulmonaire, arythmie, infarctus du myocarde, embolie pulmonaire, hypoxémie
- Ajout de trois médicaments et plus
- Contraintes entraînant l’immobilisation : alitement, cathéters veineux, sonde urinaire, contention physique, ventilation mécanique, etc.
- Intoxication et sevrage : alcool ou médicament (benzodiazépines, anticholinergiques, narcotiques, corticostéroïdes)
- Douleur
- Contention
- Dénutrition
- Occlusion intestinale, fécalome
- Intervention chirurgicale
- Éléments environnementaux : surcharge ou privation sensorielle (bruit, éclairage), absence de points de repère
Quels sont les crtières diagnostics du délirium?
Quels sont les sous-types de délirium?
Décrivez l’évolution et le pronostic du délirium
- Si, dans la plupart des cas, les épisodes de délirium finissent par se résoudre, on observe un délirium persistant, pouvant atteindre 45%, 33%, 26% et 21% des cas au congé, à 1 mois, 3 mois et 6 mois respectivement. Par ailleurs, certains symptômes peuvent persister jusqu’à 12 mois après le début de l’épisode de délirium.
- Le délirium est souvent le reflet d’un mauvais pronostic. Il est associé à une augmentation des durées de séjour ainsi que du taux de complications ou de décès. Y sont également associés une perte fonctionnelle, une perte cognitive et un risque accru d’hébergement. Parmi les personnes ayant développé un délirium durant l’année, jusqu’à 18.1% développeront une démence au cours des 3 années suivantes.
- Les personnes qui présentent un délirium persistant au congé ont un plus mauvais pronostic que celles chez qui le délirium est résolu avant le congé. Ainsi, on relève chez les clients qui accusent des signes de délirium au congé un taux d’hébergement pouvant atteindre 62,5%.
Nommez les différences entre délirium et démence
Le délirium se distingue de la démence par la guérison possible de la personne atteinte si la cause sous-jacente est déterminée et corrigée précocement
Décrivez les interventions prioritaires dans l’évaluation clinique systématique dans un délirium
- Éléments physiques
- Assistance pour répondre aux besoins physiques de base (ex: port de lunettes ou appareils, hydratation suffisante,conduire à la toilette, hygiène buccale post-repas)
- Prévention du syndrome d’immobilisation (réduire les cathéters, exercices au lit, mobilisation, alterner le positionnement q2h)
- Soins et traitements en cas de déshydratation
- Soins et traitements en cas de dénutrition
- Soins et traitement en cas d’une infection urinaire
- Soins et traitements en cas de fécalome
2. Éléments psychosociaux et habitudes de vie
- Approche et intervention de base (établir un contact visuel, nommer la personne, aborder avec un visage souriant, utiliser un ton de voix rassurant, éviter d’argumenter)
- Programme d’orientation et de stimulation cognitive (orienter la personne dans les 3 sphères qchaque visite, mettre une hrologe et un calendrier, intégrer dans la convo des éléments d’orientation)
- Expression des sentiments et sécurité émotionnelle (utiliser le toucher affectif, permettre à la personne d’exprimer ses craintes/préoccupations/ tristesse, rassurer la personne)
3- Éléments environnementaux
- Environnement stimulant et points de repères (disposer dans l’environnement des objets significatifs, ouvrir les rideaux pour laisser entrer la lumière, placer sur une table à proximité un écriteau spécifiant à la personne où elle est)
- Réduction des bruits ambiants dans les chambres, les corridors et au poste des infirmières (parler moins fort et chuchoter dans les corridors, utiliser des chaussures moins bruyantes, éviter de laisser fonctionner inutilement les différents appareils)
- Éclairage propice à l’orientation et au repos (ouvrir les rideaux le matin, installer des veilleuses la nuit pour aider à l’orientation, éviter les changements d’éclairage trop intense)
Décrire les interventions prioritaires de l’évaluation spécifique du délirium
Éléments physiques
- Surveillance clinique et soins (prendre régulièrement les signes vitaux, neurologiques, suivre leur évolution)
Éléments psychosociaux et habitudes de vie
- Si la personne souffre d’hallucination (visuelles/ auditives) (éviter la confrontation, la rassurer, détourner son attention, éviter d’entrer dans son monde)
- Si la personne est sujette aux illusions (Enlever l’objet qui cause une illusion, apporter un meilleur éclairage, ne pas chercher à raisonner la personne)
- Si la personne présente des idées délirantes (identifier les moments dans la journée où c’est pire et chercher les déclencheurs, rassurer, accorder de l’attention quand elle n’a pas d’idées délirantes)
Éléments environnementaux
- Aménagement et matériel préventif pour réduire les risques de blessure ou de chute (abaisser le lit, installer un détecteur de mvt, accessibilité de la cloche d’appel)
Quelle est l’épidémiologie du syndrome d’immobilisation?
- 1990 : 2/3 des patients admis à l’hôpital subissent une diminution de leur mobilité et 77% ont une perte fonctionnelle dès le 2e jour d’hospitalisation.
- 1998 : 50% des patients subissent une perte de mobilité suite à une hospitalisation. 17% ont besoin d’une assistance à la marche après leur hospitalisation.
Quelles sont les causes possibles d’un syndrome d’immobilisation?
- Maladie aigue ou décompensation d’une maladie chronique avec alitement : neurologique, musculosquelettique, cardio-pulmonaire, endocrinienne, psychiatrique, etc.
- Maladie systémique grave (cancer métastatique).
- Problèmes iatrogéniques :
- Attitudes des soignants et proches : « maternage » ou « faire à la place pour gagner du temps ».
- Prescription de repos complet au lit
- Solutés, sondes, drains ou autres rendant la mobilisation très difficile.
- Effets secondaires de la médication.
- Environnement physique non adapté.
Quels sont les facteurs de risque au syndrome d’immobilisation?
- Âge : les personnes de 85 ans + sont à risque de développer un syndrome d’immobilisation.
- Sexe : la femme est plus à risque que l’homme. Les caucasiens sont également plus à risque.
- Atteinte cognitive, présence d’un cancer ou de plus de 4 comorbidités.
- Long séjour à l’hôpital, présence de difficultés dans les AVQ avant l’hospitalisation
Quelles sont les interventions prioritaires dans l’évaluation clinique systématique du syndrome d’immobilisation?
Éléments physiques
- Prévention du syndrome d’immobilisation (mobiliser, allonger les tubulures d’O2, faire participer aux changements de position, faire des exercices, mobiliser q2h)
- Entraînement à la marche (horaire de marche graduelle, introduire l’entraînement à la marche dans les activités significatives)
- Augmentation de l’endurance à la marche (augmenter les activités, alterner avec période de repos, privilégier la marche le matin)
- Soulagement de la douleur (analgésique PRN, expliquer chaque étape de la mobilisation pour diminuer la peur d’avoir mal)
- Identification d’hypotension orthostatique (mesurer TA et FC après DD)
Éléments psychosociaux
- Motivation, capacité d’apprentissage et expression des émotions (encourager à se mobiliser/faire les transferts, relever les progrès, utiliser consignes courtes et concrètes, faire des démos)
- Transfert des connaissances à la personne et à ses proches concernant les bienfaits multisystématiques de la mobilisation précoce.
Éléments environnementaux et matériel adapté
- Environnement favorisant le repos et le sommeil réparateur
- Environnement sécuritaire pour les déplacements (éclairage suffisant la nuit, chambre bien rangée)
- Aides-techniques pour se mobiliser et se transférer (fournir AT pour se déplacer, superviser l’utilisation)