tocqueville Flashcards

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Q

introduction

A

Selon Tocqueville, ce qui caractérise la démocratie ce n’est pas le pouvoir du peuple, mais

l’égalité des conditions. L’égalité des conditions signifie que les individus de la société

démocratique sont socialement égaux. Il n’y est plus ni ordre, ni privilèges. Les différences

héréditaires de conditions ont disparu. Toutes les professions sont accessibles à tous. Il s’agit

d’un processus historique : les citoyens d’une démocratie désirent par-dessus tout l’égalité.

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2
Q

1) Le fonctionnement de la société démocratique

a) La fragilisation de l’identité familiale.

A

Tocqueville, lors de son voyage en Amérique, constate que le statut de la famille est

radicalement transformé en démocratie. Dans la conception aristocratique de la famille, le

père était l’interlocuteur privilégié du pouvoir. Il possédait le droit politique de commander sa

famille. Aux États-Unis, l’autorité parentale est en train de disparaître :

« le père aperçoit de loin les bornes où devait venir expirer son autorité (…). Le fils a prévu

d’avancer l’époque où sa propre volonté deviendrait sa règle et il s’empare de la liberté sans

précipitation et sans effort comme un bien qui lui est dû ».

De la démocratie en Amérique. Tome deux, page 240 – 241.

Le père et le fils n’entretiennent plus de rapports hiérarchiques, ils sont devenus les individus.

Problème : comment est-on passé de l’identité stable aristocratique à l’identité individuelle

démocratique ?

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3
Q

b) L’origine de l’individualisme moderne.

A

Selon Tocqueville, l’individualisme moderne se caractérise par le refus de toute autorité.

Chacun se pense l’égal de l’autre et croit pouvoir décider seul de ce qui doit faire.

Cependant Tocqueville distingue l’individualisme de l’égoïsme :

« l’égoïsme est un amour passionné et exagéré de soi-même, qui porte l’homme à ne rien

rapporter qu’à lui-même et à se préférer à tout. L’individualisme est un sentiment réfléchi et

paisible qui dispose chaque citoyen à s’isoler la masse de ses semblables et à se retirer à l’écart

avec sa famille et ses amis ; de telle sorte que, après s’être ainsi créé une petite société à son

usage, il abandonne volontiers la grande société a elle-même ».

Idem, tome deux, page 105.

L’individualisme, c’est donc la croyance que l’on peut tout juger par soi-même sans se référer

aux autres.

Tocqueville attribue la naissance de l’individualisme à la conjonction de trois courants.

α) La réforme au XVIe siècle : critique religieuse de l’autorité des interprétations canoniques.

  • Le croyant doit seul interpréter la Bible.
  • Pratique du libre examen.

Réserve de Tocqueville : certains dogmes (le décalogue par exemple) sont soustraits à la

critique. Ils préservent une sociabilité minimale.

β) Développement de la pensée scientifique au XVIIe siècle.

1

« Au XVIIe siècle, Bacon dans les sciences naturelles, Descartes dans la philosophie

proprement dit, détruisent l’empire des traditions et l’autorité du maître ». Idem, page 11.

La suppression de la tradition (scolastique) est l’une des conditions de l’individualisme.

γ) au XVIIIe siècle, les philosophes des lumières ont produit une « généralisation » de l’esprit

critique.

Ils soumettent « à l’examen de chaque homme l’objet de toutes ses croyances ». Idem, page

11.

L’individu moderne est le produit de ce processus historique. Son identité semble

insaisissable. Il est délié de toute appartenance. Il refuse d’être enfermé dans un groupe social.

Il n’accepte aucune autorité. Qu’est-ce qui le caractérise ?

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4
Q

c) La tyrannie de l’opinion.

A

L’homme démocratique refuse toute autorité, mais remarque Tocqueville, il ne peut tout

démontrer par lui-même (faute de temps et de compétences). Il est donc obligé « d’accepter

une foule de faits et d’opinion qui n’a pas eu le loisir ni le pouvoir d’examiner mais que les

plus habiles où la foule adaptent » idem, de, page 15-16.

Un individu isolé ne peut se sentir supérieur aux affirmations d’un grand nombre qu’il n’est

pas en mesure de vérifier.

L’individualisme est donc lié au règne de l’opinion. Il n’y a là un risque d’une tyrannie de

l’opinion.

L’identité de l’homme démocratique est finalement scindée :

Quand l’homme démocratique « se compare individuellement à tous ceux qui l’environnent il

sent avec orgueil il est égal à chacun d’eux mais lorsqu’il vient à l’ensemble de ses semblables

il est aussitôt accablé de son insignifiance et de sa faiblesse ». Idem, tome II, chapitre deux,

page 17

la société démocratique rencontre une contradiction entre :

  • d’une part l’égalité des conditions persuade chacun qu’il est le seul juge des idées des choses.
  • d’autre part, certains sont néanmoins plus riches ou plus intelligents.

Cette contradiction nourrit la passion dévorante de l’égalité. Les hommes se sentent

semblables mais se savent différents. Cette situation provoque une concurrence générale.

Deux stratégies différentes peuvent y faire face :

  • Se porter au niveau des concurrents et si possible le dépasser.
  • Ramener le concurrent le plus heureux à son propre niveau. Cette attitude a plus de chances

d’être adoptée.

Conséquence : l’individu démocratique est aussi bon qu’un autre, mais cet autre est aussi bon

que lui. Il ne peut croire que soit, mais il ne peut se croire. Il ne se fie ni à lui ni à autrui, il

peut se fier qu’à la masse. L’individu accorde « une conscience illimitée dans le jugement du

public

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5
Q

2) l’ambivalence de la société démocratique.

A

L’égalité des conditions fait naître chez les individus démocratiques la passion de l’égalité. Ils

désirent toujours plus d’égalité :

« quand l’inégalité est la loi commune d’une société, les plus fortes inégalités ne frappent

point l’œil, quand tout est à peu près de niveau, les moindres blessent, c’est pour cela que le

désir d’égalité devient toujours plus insatiable à mesure que l’égalité est plus grande ».

De la démocratie en Amérique, tome deux, chapitre 13, page 174.

Cette passion de l’égalité produit deux tendances contradictoires :

2

– l’individu, étant à l’égal de ses concitoyens, est libéré de leurs influences, mais il obéit à la

volonté de la majorité. La démocratie tend à désocialisation.

– l’autre tendance, plus artificielle, conduit les individus à s’associer pour faire entendre leur

voix.

L’individu isolé sent qu’il doit s’associer à ses semblables s’il veut se faire entendre du

pouvoir.

a) les maux de la démocratie.

α) La passion du bien-être matériel.

L’individu démocratique éprouve, selon Tocqueville, une « curiosité inquiète ». (Tome deux,

page 172).

Il ne peut adopter une opinion étrangère. Il croit pouvoir tout juger par lui-même. En même

temps, la tradition ne peut plus le guider, aucune opinion ne s’impose plus, il ne sait plus vers

quel but orienter sa vie. Il cherche alors les biens matériels. Mais il sait que la richesse ne fait

pas le bonheur et que les biens acquis peuvent être perdus, et qu’ils le seront nécessairement

lors de la mort. Il cherche alors à se divertir.

En prolongeant Tocqueville, on peut comprendre que la société démocratique favorise

l’émergence d’une industrie de la distraction.

L’homme américain « embrasse une profession et la quitte. Il se fixe dans un lieu dont il part

peu après pour aller porter ailleurs ses changeants désirs ». Après une année de labeur, « il

promène ça et là dans les vastes limites des États-Unis sa curiosité inquiète. Il fera aussi cinq

cents lieux en quelques jours, pour mieux se distraire de son bonheur. (…). Le souvenir de la

brièveté de la vie l’aiguillonne sans cesse ». idem, page 172.

β) L’utilitarisme.

La passion du bien-être matériel pousse l’individu démocratique à privilégier les métiers

rentables. Les découvertes scientifiques qu’on peut immédiatement appliquer à l’industrie

seront recherchées. Dans l’éducation, l’application sera donc privilégiée au détriment de la

théorie (idem, tome deux, page 58). Afin de jouir rapidement des biens matériels, l’individu

sera conduit à « négliger la théorie » et se sentira « pousser… vers l’application ». (idem, page

58).

Les études classiques régresseront, l’apprentissage devra posséder un but utilitaire ou

distractif.

La lecture sera considérée comme « un délassement passager et nécessaire au milieu des

sérieux travaux de la vie ». (Idem, tome deux, page 73).

Les individus démocratiques « aiment les livres qu’on se procure sans peine, qui n’exigent

point de recherches savantes pour être compris » (idem).

γ) Le nivellement du goût.

L’individu démocratique se défie du goût des autres. L’autre, étant l’égal de lui-même, n’a pas

un meilleur jugement que lui, mais il n’a pas non plus un jugement moins bon. L’individu

démocratique accorde « une confiance presque illimitée dans le jugement du public ».

L’opinion publique donne le ton. Aucun spécialiste du goût n’est plus reconnu. Le critique

(littéraire ou cinématographique par exemple) n’indique plus en quoi une œuvre apporte

quelque chose de nouveau, il rapporte l’opinion de la foule. Seul le nombre fonde la valeur.

On lit des best-sellers, on regarde des films à grand spectacle.

L’individualisme finit par se nier lui-même. L’individu croyait pouvoir tout juger par soi-
même, il juge tout selon l’opinion commune.

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b) Les remèdes.

α) Les associations.

La majorité, dans les sociétés démocratiques, possède une force tout à la fois matérielle et

morale. Elle « empêche le fait autant que le désir de faire ». (Idem, tome un, page 353)

Tocqueville, en parlant d’interdire le désir de faire, n’attribue plus à la majorité le rôle

traditionnel de contrôler les actes et de brider les initiatives, il lui donne la fonction nouvelle

d’interdire la formation même de désirs qui ne seraient pas conformes à la majorité.

Ainsi, conclut Tocqueville,

« En Amérique, la majorité trace un cercle formidable autour de la pensée. Au dedans de ces

limites, l’écrivain est libre ; mais malheur à lui s’il ose en sortir ». (Idem, tome un, page 353).

Le droit d’association permet aux individus de contrebalancer sous certaines réserves cette

tyrannie de la majorité.

L’individu démocratique, isolé de ses semblables, pour combattre le cercle que la majorité

trace autour de lui, ne peut que s’associer avec ses concitoyens.

La liberté d’association forme un contrepouvoir.

Chaque association peut s’exprimer, s’assembler librement, et nommer des mandataires. Ces

derniers, constate Tocqueville, s’ils l’estiment nécessaire, attaqueront la loi et en formuleront

de nouvelles.

Ce qui en France, apparaît menacer l’intérêt général, les lobbies, semble à Tocqueville, un

rempart contre la tyrannie de la majorité. Grâce à eux, les minorités peuvent se défendre

contre le gouvernement. Cependant, l’association resterait impuissante, si, outre ses statuts,

elle ne disposait pas de moyens concrets d’expression.

β) La presse.

La presse, en Amérique, n’exprime pas comme en Europe des conflits d’idées ou des formes

d’oppositions théoriques à un gouvernement, mais les demandes des associations.

« Il existe donc un rapport nécessaire entre les associations et les journaux : les journaux font

les associations et les associations font les journaux ». (Idem, tome deux, page 144).

L’opinion majoritaire s’exprime à travers le gouvernement élu. Cette omnipotence de la

majorité, annonce Tocqueville, pourrait pousser les minorités au désespoir, puis à la révolte

(idem, tome un, page 359).

Les individus minoritaires, regroupés en associations, peuvent faire entendre leurs volontés

par l’intermédiaire de la presse.

Cependant, malgré le contrepoids des associations, un despotisme nouveau menace la

démocratie.

c) Le contrebalancement des pouvoirs.

Dans les sociétés démocratiques, les individus n’ont plus à lutter violemment pour se

maintenir en vie. La concurrence économique remplace la lutte violente pour le pouvoir. Le

désir de bien-être se substitut progressivement au désir de pouvoir.

Les individus auront alors tendance à privilégier l’ordre qui leur assure le bien-être matériel à

la liberté. Ils confieront de plus en plus à l’État le soin d’assurer leur sécurité matérielle et se

désengageront de la politique.

Au dessus des individus isolés, « s’élève un pouvoir immense et tutélaire, qui se charge seul

d’assurer leur jouissance et de veiller sur leur sort. Il est absolu, détaillé, régulier et doux. (…)

Il aime que les citoyens se réjouissent, pourvu qu’ils ne songent qu’à se réjouir (…) ; il

pourvoit à leur sécurité, prévoit et assure leurs besoins, facilite leurs plaisirs (…) ; que ne peut-
il leur ôter entièrement le trouble de penser et la peine de vivre ? » (Idem, tome deux, page

385).

Comment la société démocratique peut aller contrer cette tendance au despotisme doux ?

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Selon la maxime de Montesquieu (1689 – 1755) à laquelle Tocqueville reste fidèle, « seul le

pouvoir arrête le pouvoir », le pouvoir social doit donc « se modérer lui-même » (idem, tome

un, page 350).

Aux États-Unis, chaque pouvoir, remarque Tocqueville, contrebalance la force des autres.

– le corps législatif est d’abord divisé en deux : la chambre des représentants et le Sénat.

« La chambre des représentants est nommée par le peuple, le Sénat, par le législateur de

chaque État ». (Idem, tome un, page 191).

Le pouvoir de la majorité, incarné par le la chambre des représentants, peut-être modérée par

le pouvoir du Sénat (où les minorités se font entendre).

– le président, élu au suffrage indirect, « est le seul représentant de la puissance exécutive de

l’union ». (Idem, tome un, page 193).

Il peut apposer son veto à une loi votée par les chambres.

– Le pouvoir judiciaire est indépendant des deux autres.

Les Américains appellent ce système de contrepoids : « check and balance ». Les pouvoirs

sont séparés pour mieux s’opposer les uns aux autres. Ce contrebalancement des pouvoirs

restreint les risques d’une tyrannie de la majorité.

« Supposez, au contraire, un corps législatif composé de telle manière qu’il représente la

majorité, sans être nécessairement l’esclave de ses passions ; un pouvoir exécutif qui ait une

force qui lui soit propre, et une puissance indépendante des deux autres pouvoirs, vous aurez

encore un gouvernement démocratique, mais il n’y aura presque plus de chance pour la

tyrannie ». (idem, tome un, page 351).

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