Boltanski Flashcards
petite biographie de Boltanski
né en 140, sociologue francais il est spécialisé dans les régimes d’action et directeur d’études à EHESS
Il s’écarte peu à peu de la sociologie du
« dévoilement » inspirée du marxisme et si
chère à Bourdieu.Avec L. Thévenot, il fonde le groupe de sociologie politque et morale en 1984, il s’agit d’une sociologie pragmatique selon laquelle l’homme fait la société.
problématique questionnement
Pourquoi les polars, les enquêtes et les complots occupent tant les consciences collectives et individuelles? Comment et pourquoi ces genres populaires sont devenus reflets réels de la réalité, concomitamment à l’essor des sciences sociales
et de l’esprit phénoménologisant obsessionnel de notre époque? »
les 3 principes directeurs
- le capitalisme
- le lent processus de création Etat nation
- la sociologie
capitalisme
dans sa quête de rationalisation des individus, tend à catégoriser les citoyens. Ainsi le terme de
paranoïa est-il apparu dans son sens clinique, en Allemagne au 19ème siècle, peu avant les théories de l’homme
nouveau et la montée du patriotisme…
l’Etat-nation en Europe (Bodin et suivants) a unifié la réalité des citoyens. L’Etat
représente les principes moraux de de notre
Le lent processus de création de l’Etat-nation en Europe (Bodin et suivants) a unifié la réalité des citoyens. L’Etat
représente les principes moraux de de notre société - ou tend à l’imposer. Or l’Etat vieillit, en butte à des forces
extérieures: la finance, l’industrie, le capital, les élites, des valeurs morales divergentes, etc. En cherchant
l’explication de l’inexplicable, la science politique va provoquer un « basculement de la paranoïa individuelle vers
les théories du complot »
un grand intérêt pour les énigmes dans la société capitaliste moderne
Le roman réaliste
Le genre polar
Le roman d’espionnage
Le roman réaliste
réaliste comme reflet de la passion naissante pour les déterminismes (sociaux et psychologiques: Emma Bovary) dans
une société nouvellement capitaliste et donc en perpétuel mouvement (Zola et Tolstoï).
A mesure que l’Etat ordonne la vie de ses citoyens (ppes républicains, redistribution des richesses, risque universel et
professionnel garantis, école gratuite, etc), les outils modernes scientifiques et de contrôle se perfectionnent et se multiplient
(statistiques, empirisme), mettant en lumière les carences du système politique ou les incohérences impossibles à expliquer, à
rationaliser.
Le genre polar
Le genre polar apparaît en même temps que le concept psychiatrique de paranoïa, en Allemagne, fin 19ème. Côté anglophones,
c’est Sherlock Holmes, Agatha Christie ou Chesterton. Le plus souvent des détectives ou des enquêteurs issus de la société civile.
Côté français, on préfèrera soit le commissaire (Maigret) soit le transfuge (Arsène Lupin). Partout il s’agit de suspicion, soit de
remettre en question « la réalité de la réalité ». Le polar condense les questions sans réponses. Car le polar touche au crime donc
au Bien et au Mal, à l’ultime « Pourquoi? ». Il questionne nos dogmes moraux… et nous maintient en suspend, nous tient au
suspens… Le polar s’attache à décrire les dysfonctionnements étatiques. Là où le Mal a agi, l’Etat n’a pas joué son rôle. Les
limites de l’Etat ordonnateur et garant sont à nu. Les ennemis sont désignés : mafias, grand banditisme, corporatisme… et
pardonnez l’uchronie, « les lobbies et les sociétés secrètes »……
Le roman d’espionnage
d’espionnage naît au XXème siècle. Boltanski parle « d’extension du soupçon ». Le polar traite d’un « état de l’Etat en
paix ». Le roman d’espionnage d’un « état de l’Etat en guerre ». 1er livre : Les 39 marches de John Buchan paru en 1915, adapté
par Hitchcock en 1935 (histoire d’un riche ex-militaire rattrapé par la société secrète « de la pierre noire »). La force de ce genre:
s’appuyer sur « la masse manquante de causalité » qui provoque un besoin inassouvi. Or ce qui est inconnu doit absolument
trouver une explication rationnelle… Le roman d’espionnage est addictif parce qu’il revêt une dimension mystique, inexplicable,
invérifiable et donc fascinante…
D’autant plus fascinante que l’homme moderne est, nous disent Nietzsche et Scheller, « l’homme du ressentiment », de « la
petite révolte des (pseudo-)intellectuels frustrés »…
II) de l’énigme aux complots vers un symptôme social auto entretenu
Les philosophes nous ont mis sur la voie : la modernité (entendue comme domination de l’homme sur la nature, le monde dominé
par la volonté de l’homme) frustre les outsiders… Mais philosophie et métaphysique sont en panne. La sociologie a une place
importante dans notre société. Depuis Jérémy Bentham et Adam Smith (Théorie des sentiments moraux), pour qui l’individu est
un « agent rationnel » à 100%, les sciences sociales ont tenté de compartimenter l’impossible, de rendre compréhensibles des
phénomènes sociaux encore trop complexes pour être empiriquement abordés (Petites leçons de sociologie des sciences B.
Latour): nous ne comprenons que par « halo ».
Nathalie Heinich montre qu’en catégorisant les populations au nom de la « captation de l’histoire du présent » (classes
dominées /-antes, élites, lobbies, jeunes de banlieue), la socio contribue à justifier un climat complotiste.
« Et l’histoire copie la littérature » de J.L. Borgès. L’amour de la fiction, le pouvoir d l’imagination conditionnent individus &
générations entières. Les fictions font l’histoire. Nos fictions font l’Histoire. Le discours a donc valeur performative, cf. Quand dire
c’est faire, de John L. Austin (Harvard 1955, titre original :How to do things with words).