Séance 3 : La représentation politiuqe, fondements et implications Flashcards
Montesquieu, De l’Esprit des lois, 1748
- « Les anciens ne connaissaient point le gouvernement fondé sur un corps de noblesse, et encore moins le gouvernement fondé sur un corps législatif formé par les représentants d’une nation. ».
- On observe ici les prémisses de l’idée de représentation et une volonté de rupture avec l’Ancien régime en évoquant l’idée d’un gouvernement représentatif.
Hannah Pitkins, The concept of représentation
=> APPROCHE :
- Réfléchis sur ce qu’est la représentation au XXe siècle.
- Elle s’intéresse aux différentes facettes du lien entre représentants et représentés, et tente de qualifier ce lien et ce qui le fonde.
=> THÈSE :
- souligne l’absence du représenté bien qu’il y ait un lien entre ce dernier et le représentant.
- C’est cette absence qui donne autant de possibilités à la représentation.
- C’est parce qu’il y a cette absence que les représentants peuvent agir différemment.
=> CONCLUSION :
- Elle donne un autre sens à la représentation, représenter serait le fait de « make present again ».
Nadia Urbinati, Representative Democracy
=> APPROCHE :
- Principe de représentation: elle l’étudie d’une manière contemporaine par rapport à ses utilisations passées.
- Ces réflexions s’inscrivent dans l’idée de crise de la représentation et elle s’intéresse alors à l’idée de gouvernement représentatif afin de savoir si ce dernier est en crise.
=> CONSTAT :
- La critique qui émane depuis les 2000’s est que le gouvernement représentatif n’est pas forcément la démocratie et que ce dernier a certains cotés plus aristocratiques.
=> THÈSE :
- La représentation et le gouvernement représentatif sont des modes légitimes dans les démocraties au sens historique
- seul mécanisme viable depuis l’avènement des démocraties contemporaines
- pas d’autres alternatives à celle-ci malgré toutes les critiques qui lui sont attribuée
=> CONCLUSION
- Même si d’autres idées existent comme le référendum, il n’est pas nécessairement mieux et présente des inconvénients tout comme la représentation.
- L’absence du représenté est donc devenue le point clé de la crise de la représentation.
Bourdieu, « La délégation et lefétichisme politique », Langage et pouvoir symbolique, 2001
=> THÈSE :
- «coup de force (=ce n’est rien d’autre qu’une élection) symbolique (on présume que quelqu’un représente des représentés divers) de la représentation».
- La représentation est une fiction, tout comme l’opinion publique.
- La représentation n’est qu’une construction symbolique et engendre de la domination au détriment des représentés.
=> NUANCE :
- il ne critique pas la représentation qui reste nécessaire, il la déconstruit et explique ce qu’elle est réellement.
- Il y constate la relation dominant-dominé (analyse constructiviste).
- « C’est parce que le représentant existe, parce qu’il représente (action symbolique), que le groupe représenté, symbolisé, existe et qu’il fait exister en retour son représentant comme représentant d’un groupe ».
=> CONCLUSION :
- Les représentants jouent de cette fiction dans l’idée d’assurer leur légitimité.
- Double dénonciation de la représentation : dénonce la fiction de la représentation de tous et la rhétorique de la volonté collective utilisée par les représentants. (« les Français veulent »).
=> LIEN DE SA THÈSE AVEC LE COURS :
- Intuitivement, pas de lien avec la crise de la représentation, mais l’idée d’incarnation transparaît.
- Les représentants ne ressemblent plus au représentés, il y’a l’idée qu’il y a un problème dans ce lien.
- Les représentés ne se sentent plus représentés par les représentants, il y aurait un décalage entre les deux.
=> Bien que Bourdieu ne soit pas un penseur de la crise de la représentation.
Rousseau, Du Contrat social
=> THÈSE :
- le problème vient de l’absence du peuple après avoir voté, une fois les élections passées les interactions entre représentants et représentés sont nulles
- « Le peuple anglais pense être libre ; il se trompe fort, il ne l’est que durant l’élection des membres du parlement ; sitôt qu’ils sont élus, il est esclave, il n’est rien »
=> CONCLUSION :
- Peuple asservi à son représentant qui choisit pour les autres tandis que le peuple ne fait rien.
- Relation asymétrique.
Discours de campagne de Condorcet sur la députation
=> THÈSE DU MANDAT REPRÉSENTATIF :
- « Mandataire du peuple, je ferai ce que je croirai le plus conforme à ses intérêts [ => le représentant choisi pour ses représentés ]. ;
- Il m’a envoyé pour exposer mes idées, non les siennes [ => il est légitimement choisi pour parler à la place des représentés et justifie de ne pas tenir compte des pensées des représentés ] ;
- l’indépendance absolue de mes opinions est le premier de mes devoirs envers lui [ => il choisi seul par rapport à ses idées, sans que les représentés ne se prononce ] »
=> CONCLUSION :
- Le discours de Condorcet est l’archétype de nos mandats actuels, la souveraineté nationale est liée au mandat représentatif.
=> NUANCE :
- Vision de Condorcet est un idéal type, en réalité on rapproche le mandat impératif du mandat représentatif.
- On cherche des aspects du premier dans le dernier.
- Le représentant n’est pas réellement libre politiquement (promesses de campagne..), l’élu est dépendant politiquement de ses représentés.
- Il a été élu par un certain type d’électeurs qui attendent la responsabilité politique (accountability) => les représentants font leurs comptes à la fin de leur mandat.
Bernard Manin, Principe du gouvernement représentatif, 1995
=> THÈSE : quatre caractéristiques principales qui décrivent les fonctionnements des gouvernements représentatifs
- 1/ des élections à intervalles réguliers
- 2/ l’indépendance des gouvernants vis-à-vis des gouvernés
- 3/ l’expression libre de l’opinion des gouvernés après l’élection
- 4/ la délibération collective préalable
=> MAIS :
- Il peut y avoir des modulations et fluctuations de ses caractéristiques.
- Distingue 3 types de gouvernements représentatifs du fait de l’évolution du caractère démocratique des régimes.
- CF tableau : parlementarisme, démocratie des partis, démocratie du public
Hannah Pitkin, The concept of représentation, 1967
=> THÈSE :
- distingue le « Standing for » du « Acting for ».
- Deux conceptions de la représentation de nature différente mais complémentaires.
=> CONCLUSION :
- Au tournant du XXe siècle le standing for arrive, la représentation est construite tout au long du siècle.
- Évolution de ces concepts dans le temps, ce qui fait qu’aujourd’hui on observe un déséquilibre entre ces deux fondements de la représentation.
=> DONC :
- Renvoie à Bourdieu et l’idée de l’artifice de la représentation. Avec l’incarnation, le représentant n’est pas lui même. L’enjeu va être de représenter à nouveau (make present again). Le sens artificiel est à entendre non pas de manière péjorative mais dans le sens ou le représentant joue un rôle.