PARTIE II — CHAPITRE I : LES FONDEMENTS DU RÉPUBLICANISME MODERNE, MACHIAVEL Flashcards
Quel est l’impact de l’ouvrage Le Moment machiavélien. La pensée politique florentine et la tradition républicaine atlantique, de John Grenville Agard Pocock (1997) ?
Pocock rompt avec une certaine conception de la modernité politique qui aurait été dominée par l’opposition entre le libéralisme et le conservatisme et met au contraire en évidence une autre source de la pensée politique moderne, c’est à dire l’organisation de la cité et la vertu civique.
Quand et pourquoi l’humanisme civique est-il inventé ?
Il est inventé à Florence, à la fin du Moyen-Âge et va se construire autour de la défense de la liberté florentine.
Qu’est-ce que l’humanisme civique florentin ?
L’humanisme civique originel, appuyé sur une tradition républicaine antique réinventée qui valorise la vie publique et l’engagement pour le bien commun.
Qui est l’auteur de Histoire du peuple florentin ?
(peu important)
Leonardo Bruni (1370 — 1444)
Les institutions florentines, si elles sont au centre du discours sur la liberté, sont-elles démocratiques ? Si non, quelles en sont les conséquences ?
Non : elles reposaient a priori sur l’exclusion du plus grand nombre.
Ça n’empêche pas qu’elles soient présentées par les humanismes civiques comme l’expression du peuple.
Il existe donc un décalage entre l’idéal républicain et la réalité du jeu politique, et cette description idéalisée de la cité va participer à la formulation d’une idéologie républicaine spécifique reposant sur des principes non-réalisés mais qui commencent à se diffuser.
Quand les principes de l’idéologie républicaine vont-ils s’affirmer, et dans quel contexte ?
Ils s’affirment à la fin du XV° siècle, et en opposition aux institutions oligarchiques et au pouvoir croissant de la famille Médicis qui domine Florence depuis les années 1430. Ces principes se trouveront à l’origine de la révolte de 1494, lors de l’entrée des français à Florence, révolte qui abouti à la mise en place d’une république d’abord dominée par un moine, Savonarole.
Quel va être le rôle de Machiavel (1469 — 1527) dans la réflexion sur le républicanisme ?
Machiavel va s’inscrire pleinement dans l’humanisme civique et la redécouverte des anciens.
Il aura la fonction de ministre des affaires étrangères de 1498 à 1512 dans la république du grand conseil de Florence, ce qui nourrira sa réflexion pour la rédaction du Prince au lendemain du retour des Médicis, et ses Discours sur la première décade de Tite-Live inspiré par l’idéal de la participation et de vertu républicaine.
Que constitue Discours sur la première décade (Machiavel) ?
C’est un commentaire des dix premiers livres de l’historien Tite-Live (-54/-69 — 17), une histoire de Rome depuis sa fondation (35/142 seulement parvenus jusqu’à nous).
Machiavel montre de l’admiration pour le modèle de la République de la Rome antique et cite différents domaines dans lesquels elle est un modèle, sans citer la politique.
Quelles sont les idées qu’on peut retrouver dans Discours sur la première décade (Machiavel) ?
voir corpus
— La grandeur et la vertu d’un peuple sont liés à la liberté qu’il a voulu conserver ;
— Lorsqu’un Prince gouverne son intérêt personnel va à l’encontre de l’intérêt général, aucun bénéfice à être asservi par un Prince ;
— La glorification de l’humilité, la vie contemplative et le mépris de la gloire terrestre instillé par la religion catholique sont la raison pour laquelle ses contemporains sont moins attachés à la liberté et la forme républicaine de l’État, la religion rend les peuple débiles et efféminés ;
— Moins d’amour de la liberté et de république que dans l’antiquité, mais reconnaît que conquêtes de Rome ont fait disparaître les États libres ayant pourtant défendu avec obstination leur liberté ;
— Défense des principes républicains fondés sur la liberté et le goût de la liberté.
Quel est le contenu idéologique du Prince (Machiavel) ?
Montre que Machiavel est un pragmatique ; il indique que pour un monarque, les moyens de conquérir le pouvoir et s’y maintenir sont la ruse et la force. La loi ne suffit pas, le Prince doit adapter son comportement au caractère naturellement mauvais des hommes.
C’est la nature humaine qui fait que l’espace public ne peut être un espace de liberté et de vertu ; la Cité n’est que le règne des apparences, et le Prince ne doit que paraitre avoir des qualités morales. Le Prince doit toujours vaincre, car la victoire fait que tous les moyens utilisés seront jugés honorables et loués par tout un chacun.
Cette conception a été vue comme amorale, mais peut aussi être perçue comme une réinterprétation de la vertu en politique.
Qu’entend Machiavel par «vertu politique» dans le Prince ? Pourquoi sa définition fait-elle débat ?
La vertu politique est la capacité à agir pour la sauvegarde de l’État, qui est l’incarnation de l’intérêt général, et pour sa sauvegarde face aux variations de la fortune.
Ces vertus (force, ruse,…) sont tout à fait différentes de celles mises en avant par les humanistes avant lui, mais conviennent cependant au monde qui lui est contemporain (il vit lui même en 1512 un coup d’État qui met fin au régime républicain dont il faisait partie), les circonstances le mène à rompre avec l’idéalisme humaniste, et va même jusqu’à faire du conflit social le moteur dans la vie de la cité.
Donnez un exemple pour lequel le chaos social a bel et bien été un moteur pour la société.
Les institutions républicaines romaines : en laissant le conflit social s’exprimer, cela a permis à la fois à la noblesse de régner et au peuple de pouvoir la contrôler.
Quelles ont été les différentes réceptions des idées de Machiavel ?
— Première réception du Prince comme un manuel pour tyran, là où d’autres lisaient justement une lecture comme critique de la tyrannie ;
— Assez banal initialement dans le contexte de violence des cités italiennes du XV° ;
— Contre-réforme du XVI° siècle (concile de 30), où l’Église et les autorités vont bouger contre la réception neutre initiale avec une vision dépréciative de l’œuvre et de l’auteur ;
— Vision plus contrebalancée au XVII° siècle avec la première révolution anglaise (Charles I° exécuté en 1649, mise en place d’une République (Commonwealth) et réhabilitation de Machiavel, restauration en 1660)
— Échos du républicanisme à travers l’Europe (Pays-Bas) et outre-atlantique (États-Unis, Déclaration d’Indépendance de 1776 et Constitution en 1787) malgré la restauration anglaise
Comment s’appelle le courant républicaniste français ?
Le rousseauisme.
Quelle est la source majeure du rousseauisme ?
Jean-Jacques Rousseau (1712 — 1798).
Sa pensée s’affirme dans les années 1760, avec la publication La nouvelle Héloïse et du Contrat social qui est un traité politique sur les fondements d’une République.