Leçon 7 : Du Consulat à l’Empire (1799-1815). La France napoléonienne Flashcards
La constitution est fondée sur les vrais principes du Gouvernement représentatif, sur les droits sacrés de :
la propriété, de l’égalité, de la liberté ». De plus, l’ordre choisi place significativement la propriété en premier, ce qui souligne le caractère « bourgeois » du régime, et la liberté en dernier. Et effectivement, la liberté individuelle évoquée sous des aspects techniques dans la constitution souffrira des empiétements d’un régime pour qui prévaut l’ordre, voire les préoccupations policières. C’est sous le Consulat, le 10 mai 1802, qu’est officiellement rétabli l’esclavage dans les colonies françaises.
Le système de l’élection si important dans la constitution de 1791 est devenu secondaire au profit des nominations selon la formule célèbre de Sieyès :
« L’autorité vient d’en haut, la confiance vient d’en bas »
Bonaparte a donc réussi la stabilisation consulaire, tirant parti de :
la lassitude des Français face aux divisions intestines. Le recul très marqué du brigandage en est une illustration éclairante. Si la propagande du régime le présente en homme providentiel tirant la France du
chaos, les historiens ont démontré qu’il avait bénéficié des réformes amorcées par le Directoire, dont les effets ne se font sentir qu’au début du siècle.
bien que la France soit toujours une République, le pouvoir évolue vers une forme monarchique,
évolution dont 1802 n’est qu’une étape et qui se concrétisera deux ans après avec la proclamation de l’Empire en 1804. Ainsi, Jean Tulard, dans son Napoléon intitule-t-il un de ces chapitres (sur les années 1802-1804) : un :
« Washington couronné ».
Cependant, l’Empire ne fait pas véritablement disparaître la République ni la notion de souveraineté populaire. Ainsi l’article premier déclare :
« Le Gouvernement de la République est confié à un Empereur, qui prend le titre d’Empereur des Français ».
Quelques mois après le senatus-consulte et le plébiscite de 1804, une grande cérémonie inaugurale célèbre de manière spectaculaire l’instauration de l’Empire :
le sacre de Napoléon à la cathédrale Notre-Dame à Paris en présence du pape Pie VII venu spécialement pour l’occasion le 2 décembre 1804. Le caractère monarchique de la cérémonie immortalisée par
David se traduit par sa mise en scène et son faste.
La période napoléonienne représente un moment important dans l’établissement d’un « nouveau régime » pour reprendre les termes de l’historien américain Isser Woloch. Apparu à partir de 1789, il faut plusieurs décennies à ce :
« nouvel ordre civique » pour s’implanter ; Woloch arrête son étude dans les années 1820 sous la Restauration. De nombreuses créations napoléoniennes, datant notamment des années du Consulat, seront durables et contribueront à façonner la France du XIXe siècle.
Sous le Consulat, plusieurs créations importantes et durables du régime sont présentées comme des :
« masses de granit » selon l’expression de Bonaparte, destinées à assurer la solidité de la République. « Croyez-vous que la République soit définitivement acquise ? Vous vous tromperiez fort. Nous sommes maîtres de la faire, mais nous ne l’avons pas, et nous ne l’aurons pas, si nous ne jetons pas sur le sol de la France quelques masses de granit » (Bonaparte au conseil d’Etat à propos de la création de la Légion d’Honneur).
Les phénomènes de résistance face au service militaire se répartissent inégalement sur le territoire de la France :
le nord-est patriote apparaît bien plus civique que le sud-ouest de la France, aire de refus très marqué. L’Ariège, la Haute-Garonne, le Tarn apparaissent comme des zones particulièrement réfractaires. L’intégration au sein de la nation dans le cadre étatique apparaît comme un processus inachevé, car ces refus ne concernent pas que les jeunes hommes : ils bénéficient du soutien de leurs familles, des communautés villageoises, y compris des maires qui leur apportent parfois, notamment dans les zones montagneuses, une aide active.