Leçon 5 : Le tournant thermidorien (Juillet 1794-octobre 1795 Thermidor an II – brumaire an IV) Flashcards
Tallien, un des principaux thermidoriens, dénonce dans un discours à la Convention le 11 fructidor le :
« système de la Terreur » que Robespierre aurait établi et dont la Convention aurait été la victime, une lecture des événements des mois précédents qui s’impose désormais.
En province, les zones les plus atteintes sont :
la ville de Lyon (environ 2500 morts), où s’est illustré en particulier Fouché, et la Vendée, notamment la ville de Nantes, victime des agissements de Carrier.
Un événement analysé par B. Baczko a contribué à faire basculer l’opinion publique :
c’est le procès de 132 Nantais qui avaient été envoyés pendant la Terreur à Paris devant le Tribunal révolutionnaire pour être jugés comme contre-révolutionnaires, et dont le procès ne débute qu’à l’automne 1794, au début de l’an III. comptes rendus publiés dans les journaux sont l’occasion de dénoncer les crimes de la Terreur. Le public découvre à cette occasion les noyades de Nantes qui suscitent l’indignation et l’horreur. A l’issue du procès, non seulement les accusés sont acquittés, mais c’est leur ancien persécuteur, Carrier, ancien représentant en mission à Nantes, qui est traduit devant le tribunal et condamné à mort à la fin de l’année 1794.
Un épisode, presque grand-guignolesque, résume bien ce retournement de situation politique, qui en l’espace de six mois conduit à la dénonciation de
l’ « anarchie » :
c’est le destin post-mortem de Marat. Ce dernier, député montagnard et idole des sans-culottes grâce à son journal L’Ami du peuple, était devenu un « martyr de la liberté », après son assassinat par Charlotte Corday en juillet 1793. La Convention décide sa panthéonisation en septembre 1794. Mais dans les mois qui suivent, Marat fait l’objet de violentes attaques des muscadins, qui détruisent ses nombreux bustes en plâtre disposés dans les lieux publics. Finalement, son buste est retiré de la Convention et Marat est dépanthéonisé en février 1795.
C’est donc d’abord (…) qui va conduire aux journées parisiennes de l’an III,
la faim / étudiées dans les années 1950 par l’historien norvégien Tonnesson, puis analysées par D. Godineau qui a précisé l’implication des femmes. La première journée, qui a été précédée de troubles, a lieu le 12 germinal an III (1er avril 1795) : la Convention est envahie par une foule porteuse d’une pétition qui demande du pain.
Ces journées fournissent également une occasion aux Thermidoriens pour se débarrasser des derniers députés montagnards. La Convention saisit la journée de germinal comme prétexte pour décider la déportation de quatre députés, qui ont joué un rôle important pendant la Terreur :
Barère, Collot d’Herbois, Billaud-Varenne, tous membres du Comité de salut public pendant la Terreur, et Vadier du Comité de sureté générale. Puis la journée du 1er Prairial permet de faire voter l’arrestation de 6 députés, dont Goujon et Romme. Condamnés à mort, ils choisissent spectaculairement le suicide collectif, qui leur vaut le qualificatif de « martyrs de prairial ». Au total 74 députés ont été épurés, c’est-à-dire démis de la Convention.
Louis XVIII rédige aussitôt une déclaration solennelle depuis son exil italien, la :
déclaration de Vérone, le 24 juin 1795 (en messidor) dans laquelle il expose son programme politique. Il s’y prononce contre la Révolution, pour un retour quasi intégral à l’Ancien Régime, allant même moins loin que Louis XVI dans son discours du 23 juin 1789.
Le 3 brumaire an IV (25 octobre 1795), juste avant de se séparer, la Convention adopte la :
la loi Daunou consacrée à l’instruction publique, qui précise des dispositions déjà inscrites dans la Constitution. Elle instaure l’Institut national des sciences et des arts, qui prend la suite des Académies royales supprimées précédemment. Elle comporte aussi un volet consacré à l’enseignement primaire, qui établit une école par canton, mais rompt avec les projets de l’an II en supprimant la gratuité.
Le jour suivant, le 4 brumaire an IV (26 octobre 1795), la Convention adopte :
une loi d’amnistie favorable aux anciens « terroristes » et rebaptise la place de la Révolution place de la Concorde, avant de se séparer. Cette assemblée, élue au suffrage universel masculin en septembre 1792, s’est maintenue en définitive trois années entières et a voté deux constitutions.
La Convention : élue au suffrage universel masculin en septembre 1792, s’est maintenue en définitive :
trois années entières et a voté deux constitutions. Elle a dirigé la France lors d’une des périodes les plus difficiles de son histoire marquée par la guerre contre l’Europe coalisée, la guerre civile en Vendée, la Terreur, et a dû sans cesse inventer des solutions nouvelles pour affronter des situations inédites. Au fil des mois, des personnalités marquantes ont disparu : Marat, Brissot, Vergniaud, Condorcet, Danton, Desmoulins, Fabre d’Eglantine, Robespierre, Saint-Just, Carrier, Romme… La liste est longue.
