Leçon 3: la Révolution en danger? (1791-1792) Flashcards
La fuite du roi à Varennes, Timothy TACKETT y voit :
: le tournant majeur de l’aventure révolutionnaire, un point d’inflexion déterminant dans la politique qui conduit à la Terreur. Pour l’historienne Mona OZOUF, Varennes. La mort de la royauté, Paris, Gallimard, 2006, l’événement condamne l’ensemble de la politique suivie par l’Assemblée et la construction d’une monarchie constitutionnelle.
La nuit du 21 juin 1791 :
Jean-Baptiste Drouet, maître du relais des postes de Sainte-Menehould, à une trentaine de kilomètres de là. Il affirme avoir vu le roi et toute la famille royale, dans une voiture qui se dirige vers la frontière autrichienne. L’homme est certain que le roi s’enfuit ; il alerte les autorités municipales de Varennes
En quittant Paris, Louis XVI laisse :
une lettre expliquant les causes de son départ et se référant à son discours du 23 juin 1789 qui fixe la ligne politique à laquelle il entend se conformer. Il n’a pas conscience du changement profond qui est intervenu
dans le royaume depuis cette date. Il pense que les habitants du royaume ont conservé intact leur amour et leur respect pour lui, qu’ils ignorent ce qui se passe réellement à Paris. N’imagine pas conséquences d’une guerre civile car veut finir révolution de façon pacifique.
Les sociétés politiques démocratiques y ont une large influence, notamment :
le Club des Cordeliers, dont les réunions publiques étaient animées par des intellectuels radicaux, Camille Desmoulins, Jean-Pierre Marat, Georges Danton.
Le 27 août, un nouveau coup dur est venu fragiliser l’édifice :
l’empereur d’Autriche, Léopold II (le frère de Marie-Antoinette), et le roi de Prusse, Frédéric-Guillaume II, se
retrouvent à Pillnitz ; dans une déclaration commune, ils reconnaissent que la situation en France est préoccupante et qu’ils se tiennent prêts à intervenir.
A l’Assemblée, une majorité de députés reste attachée au maintien de la paix. Celle-ci fait partie des idéaux révolutionnaires ; en mai 1790, les constituants ont adopté un décret, appelé
“ Déclaration de paix au monde ”, qui affirme que “ la nation française renonce à entreprendre aucune guerre dans la vue de faire des conquêtes et [déclare] qu’elle n’emploiera jamais ses forces contre la liberté d’aucun peuple ”. Mais …
Le 20 avril 1791, le roi accepte la proposition que lui fait l’Assemblée à la quasi-unanimité :
la France déclare la guerre au “ roi de Bohême et de Hongrie ”, ce dernier ayant refusé de donner
suite à l’ultimatum de la France lui enjoignant de renvoyer les émigrés stationnés sur son territoire. En vertu d’un traité d’alliance, la Prusse se joint à l’Autriche. Cette coalition est renforcée en 1793 par l’Angleterre, l’Espagne et le royaume de Piémont.
En 1792 : Robespierre prononce aux Jacobins un discours important, qu’il adresse aux “ fédérés ” :
demande la déchéance du roi et la convocation d’une nouvelle assemblée, une “ Convention ” apte à réformer une constitution devenue caduque. Cette déclaration répond à la ville de Marseille qui, la première, avait réclamé la fin de la monarchie héréditaire.
Le 4, la section des Quinze-Vingt pose :
un ultimatum à l’Assemblée : si, le 9 au soir, le roi n’a pas été déchu de ses fonctions, une insurrection populaire sera déclenchée ; 30 sections s’alignent sur cette position. Le 9 août à minuit, le commandant de la garde nationale est destitué par les commissaires nommés par les sections ; le conseil général de Paris est suspendu de la même manière et sans aucune opposition.
Les premières exécutions se déroulent dès le 2 dans l’après-midi : les victimes sont des prêtres réfractaires transférés d’une prison à une autre :
On estime que la moitié des prisonniers ont péri lors des massacres, soit 1 300 personnes. Des cadavres sont évacués par charrettes entières. Il faut attendre le 7 pour voir les massacres cesser. Selon Jean-Clément Martin, ce sont 200 personnes tout au plus qui sont responsables des massacres, que Robespierre justifie en novembre en affirmant : « Vouliez-vous une Révolution sans révolution ? » (Jean-Clément Martin, Nouvelle histoire, p.332). Marat, quant à lui, a publiquement appelé au meurtre pendant ces journées terribles, au nom du droit naturel du peuple à la vengeance contre ses ennemis (les aristocrates)
Le 20 septembre 1792 :
la Convention se réunit et entérine la rupture politique majeure : la monarchie est abolie ; le 21, la République est instaurée ; le 22 septembre devient le premier jour de l’an I de la République une et indivisible. La République est proclamée sans que la France s’y soit vraiment préparée : il s’agit plutôt d’une proclamation dans l’urgence, qui sanctionne le rejet de la monarchie.
La droite de l’Assemblée est représentée par :
les Girondins (entre 137 et 178 députés) ; la gauche est représentée par les “ Montagnards ”, qui se tiennent sur les bancs élevés de l’Assemblée depuis 1791 (258 à 302 députés) ; enfin le centre, également appelé le “ Marais ” ou la “ Plaine ”, représente entre 269 et 354 députés.
Au cours de 1792, Robespierre élabore :
une véritable doctrine démocrate, entre le libéralisme économique des Girondins et le contrôle strict réclamé par les sans-culottes.
Les chefs montagnards exigent au contraire un procès rapide, surtout après la découverte…
d’un coffre secret (l’armoire de fer) contenant des lettres qui prouvaient la trahison du roi (20 novembre 1792). Le procès s’engage : il est reproché au roi sa fuite en juin 1791, le financement de la contre-révolution par des fonds publics et la création d’une garde Suisse sans le consentement de l’Assemblée nationale.
Le 10 décembre, les chefs d’accusation contre Louis XVI sont présentés :
(33), parmi lesquels la tentative de dissoudre l’Assemblée nationale le 20 juin 1789, le refus de signer l’abolition des privilèges votée le 4 août, la fuite à Varennes, des actes de trahison révélés par les documents contenus dans l’armoire de fer, etc.