Le poète face à son destin Flashcards
Comment nous déprécions la vie naturelle de manière inconsciente.
« Tout penchant naturel se transforme aussitôt en maladie, en quelque chose qui dénature et déshonore »
Les « calomniateurs de la nature » nous ont fait croire que toute pulsion était mauvaise en soi, non pas dans telle ou telle situation, mais on a fini par croire que les pulsions en elles-mêmes étaient mauvaise. Or, une telle position va à l’encontre de la nature elle-même.
Au fond, la philosophie comme la religion ont voulu oublier la dimension naturelle de l’homme. Il y a ici comme une « injustice » faite à la nature indique Nietzsche. L’injustice signifie ici le fait que la perspective de l’ascétisme (qui méprise la vie et ses pulsions) prime sur toutes les autres perspectives.
Les pensées qui prétendent donner une définition de ce qui est bon en toutes circonstances ne font qu’imposer un point de vue sur les autres en prenant les apparences de la neutralité ou de l’objectivité. L’homme est obligé d’agir tel que la tradition lui dicte.
« Il y a bon nombre d’hommes qui ont le droit de s’abandonner à leurs pulsions avec grâce et insouciance : mais ils ne le font pas, par peur de cette imaginaire « essence mauvaise » de la nature. »
La notion de droit est centrale, avoir le droit c’est « être capable de » chez Nietzsche, c’est une fonction de l’organisme.
Les plus forts ne font pas ce que pourtant ils ont le droit de faire car ils sont les victimes d’une pensée injuste, celle des calomniateurs de la nature.
Inversion des valeurs dont sont responsables les calomniateurs de la nature et comment ils agissent:
« Ils cherchent tous à persuader les hommes qu’ils se trouveraient dans un état désespéré et qu’une thérapie sévère, ultime et radicale serait nécessaire. »
Nous sommes nés libres, comme des oiseaux mais nous avons été enfermés, affaibli par les prédicateurs de morale ou ce que Nietzsche nomme les « médecins de l’âme » au paragraphe 326. Il
Toute fonction corporelle est par nature mauvaise et suspecte. Il faut donc purger notre existence de nos pulsions. Les hommes ont fini par croire à cet état de mort-vivant et même à le désirer.
« Nous n’allons pas assez mal pour devoir aller mal de manière stoïcienne ! »
La vie apparaît alors comme un fardeau dont il faudrait se débarrasser ou plutôt qu’il faudrait endurer au nom d’une béatitude dans l’au-delà. Ainsi, les hommes en viennent à geindre continuellement et à souffrir constamment. La vie apparaît alors comme un fardeau dont il faudrait se débarrasser ou plutôt qu’il faudrait endurer au nom d’une béatitude dans l’au-delà.
L’illusion de la maîtrise de soi (à développer)
Parmi ces idées, il y a par exemple la nécessité de se maîtriser. Le §305 revient sur cette illusion de la maîtrise de soi et surtout de son absurdité. Ceux que Nietzsche nomme les « professeurs de morale » enseignent à se maîtriser soi-même comme s’il fallait mettre à distance tout penchant naturel. Le problème est que cette injonction, en plus d’être contre-nature (comme on l’a montré avec le §294), est contreproductive. . La pulsion c’est une force de vivre car elle est ce qui permet au corps de se projeter vers le futur, elle est ce qui permet à l’organisme de dépasser son état présent pour s’étendre vers un but
Si tout organisme désire s’étendre, chez l’homme il y a une pulsion de mort qui le travail et qui le conduit à refuser ces pulsions, à se limiter au strict nécessaire. Mais cette prescription des professeurs de morale peut conduire à l’effet inverse, etre contre productive
« Les professeurs de morale qui prescrivent avant tout et par-dessus tout à l’homme de parvenir à se maîtriser l’exposent à une maladie étrange : à savoir une excitabilité permanente à toutes les émotions et inclinations naturelles et pour ainsi dire une démangeaison. »
Cette démangeaison correspond au retour d’une pulsion refoulée. Le refoulement c’est le passage au second plan de quelque chose, c’est l’oubli conscient ou inconscient mais cet oubli n’élimine précisément pas la pulsion. C’est pourquoi la pulsion refoulée devra trouver un autre moyen de se décharger, sinon l’état d’excitation du corps ne cessera pas
il s’agit de nier la vie elle-même et ses pulsions tel un stoicien
le stoïcien « s’entraîne à avaler pierres et vermine, éclats de verre et scorpions et à ne pas éprouver de dégoût », à force le stoïcien devient indifférent au monde. Le problème est que les prédicateurs de morale passent leur temps à défendre aux hommes de désirer, comme si la négation était leur mode d’être.
Or, le mode d’être d’un organisme n’est pas la négation mais l’affirmation : il désire pour continuer à vivre et son désir se heurte à celui des autres, de cette contradiction des désirs vient que certains s’affirment sur d’autres.
la tactique des prédicateurs est absurde: Nietzsche le prouve avec ironie
« Niez ces bonnes choses, retirez-leur l’applaudissement de la plèbe et la facilité de circulation, retransformez-les en pudeurs cachées d’âmes solitaires, dites que la morale est quelque chose de défendu ! »
À force de nier le péché, de dire qu’il est mauvais, les moralistes l’ont rendu désirable, ils ont produit une excitabilité encore plus grande qui rend imminent l’émergence d’un nouveau monde qu’annonce précisément Le Gai savoir.
En cachant les vices ou les désirs que les prédicateurs de morale peuvent considérer mauvais, ces prédicateurs ne font qu’accroître le désir des hommes envers ces choses défendues.
la colère contre l’impression d’injustice subie. L’esprit humain refuse d’éliminer la souffrances surtout lorsqu’elle est rapprochée de la faiblesse.
Le juste, méprisé comme un ver qu’on écrase,/ m’éblouit d’autant plus que nous le blasphémons.
“les malheureux”,V, XXI
l’esprit critique prouve l’existence de cette force de vivre qui veut s’affirmer en nous.
Nous nions et devons nier parce que qqchose en nous veut vivre et s’affirmer
GS paragraphe 307 “en faveur de la critique”
l’homme doit parvenir à accepter ses forces et ses faiblesse. N dénonce le mépris de soi
“Une chose est nécessaire: que l’homme parvienne à être content de lui même (…) Celui qui mécontent de lui même est toujours prêt à s’en venger.”
GS , 290
Avoir foi en soi-même signifie être sur et confiant qu’il soit possible de faire ce que l’on veut ou ce que l’on se propose de faire dans n’importe quelle circonstance. Ceci ne veut pas dire que celui qui a cette foi en soi se connaisse à fond car Cette façon innée de foi en soi empêche de se voir à soi-même intégralement, implique d’être totalement aveugle ou partiellement lorsqu’il s’agit de propres forces et faiblesses ; mais, précisément, c’est utile dans la mesure où grâce à elle il est possible d’agir en confiance et ingénument sans s’attarder au préalable sur une autoanalyse. Il en résulte alors, que la clairvoyance en soi-même est exclue non seulement parce qu’elle pourrait entraver l’action, mais parce qu’aussi cela suppose un risque, vu qu’en approfondissant ce qui diviserait ces hommes pourrait peut-être ébranler leur foi en eux-mêmes ; car il est possible qu’ils se rendent compte que leurs faiblesses sont plus grandes que leurs forces ou bien que ces dernières sont simplement faiblesses ou impuissances.
N
“Non ! la vie ne m’a pas déçu ! année après année, je le trouve au contraire plus vraie, plus désirable et plus mystérieuse,- cette pensée que la vie pourrait être une expérimentation de l’homme de connaissance-et non un devoir, non une fatalité, non une tromperie !”
GS § 324 “In media vita”
La vulnérabilité de celui qui se souvient.
« (…)j’ai envie de m’ouvrir, de raconter tout jusqu’à la fin. Et néanmoins je sens que cela va me mettre à nu et ne le veux pas… »
Monologue sur la nécessité du souvenir page 35
Le souvenir est une première étape dans la reconstruction : il faut commencer par intégrer la catastrophe, l’accepter, l’assimiler en la méditant, et en faisant cet effort de revenir et revivre cette expérience.
Mais le souvenir provoque une résurgence de la souffrance qui oblige l’homme à affronter cette souffrance alors que la tendance d’un organisme est de se défendre, de ne pas accepter ce risque. Le souvenir est risqué mais c’est la seule manière de vaincre le passé
ll peut être plus sain de vivre dans la souffrance que d’affronter cette souffrance
« Notre histoire est faite de souffrance. La souffrance est notre abri. Notre culte. Elle nous hypnotise. » Interview de l’auteur par elle-même sur l’histoire manqué
Pour être heureux faut-il s’attarder sur les événements tristes ou bien vivre en oubliant ? *4
Monologue sur la nécessité du souvenir « Ce ne sont pas encore des connaissances, seulement des émotions »et « je me suis souvenu de la chose la plus horrible qui me soit arrivée dans mon enfance… la guerre… »
« je voulais oublier. Tout oublier… je pensais avoir déjà vécu les choses les plus horribles … la guerre… »
Piotr veut se souvenir mais il ne contrôle pas ses souvenirs il commence par des souvenirs anodins mais la mort contamine tous ses souvenirs, elle envahit l’espace du souvenir comme quelque chose de paralysant
il y a comme une vertu de l’oubli. Cette nécessité d’oublier entre en contradiction avec Tchernobyl