La subjectivité et la parole Flashcards
Les Confessions, Rousseau
La parole autobiographique peut réussir à dévoiler la véritable identité de l’identité
▪ Récrit de sa propre histoire ⇒ Regard rétrospectif et dépassionné, objectif sur soi-même ⇒ Transparence à soi
▪ Vertu liée à l’aveu authentique des fautes, failles et faiblesses personnelles, jugés au grand public
▪ Rousseau : « Je veux montrer à mes semblables un homme dans toute la vérité de la nature, et cet homme, ce sera moi »
↳ permet de défendre la singularité absolue de son individu
▪ Rousseau peut alors être le seul à ne pas vivre dans le mensonge social (les hommes ne se connaissent qu’à travers le regard des autres sur eux-mêmes) et à connaître sa véritable identité
« Je sens mon cœur et je connais les hommes. Je ne suis fait comme aucun de ceux que j’ai vus ; j’ose croire être fait comme aucun de ceux qui existent. Si je ne vaux pas mieux, au moins je suis autre »
↳ Il est au plus proche de l’amour de soi, tandis que les autres sont dans l’amour propre
La parole autobiographique permet de dire la vérité sur sa personne
Le soi et l’identité narrative, P. Ricœur
La parole contribue à échafauder l’identité individuelle
▪ Parler de soi permet une prise de recul réflexive, un écart où se logerait la conscience de soi
↳ Le « je » permet d’assurer une continuité à l’existence d’événements contingents unifiés (par un compte rendu du soi, de ses actions et pensées)
▪ Ricœur : il y a lien entre temporalité et identité lorsque le sujet se « raconte lui-même »
↳ L’identité d’une personne est la partie de lui qui se maintient malgré le changement inéluctable lié au temps
▪ « je » résulte de la convergence entre « identité idem » (ce qui reste) et « identité ipse » (ce qui change, ou s’ajoute par auto-reflexion)
↳ le « je » est donc une identité narrative, qui s’invente et se construit
▪ Chacun se constitue son identité à la manière d’un écrivain qui invente ses personnages
« le récit fait partie de la vie avant de s’exiler dans la vie de l’écriture »
La parole est une dimension de l’identité, le sujet se définit lui-même tout au long au de sa vie grâce au langage
Contre Sainte-Beuve, M. Proust
La parole peut apparaître comme le moyen de transcender la subjectivité
▪ Ecrire rendrait possible la sortie de soi-même, de sa perspective étriquée (car individuelle) de l’interprétation du réel
▪ Le talent littéraire opérerait le passage de la subjectivité du sujet à la (relative) objectivité de l’artiste authentique, en quête de vérité, et restituerait ainsi le point de vue de l’universel.
▪ M. Proust : l’écriture est un acte qui transcende la subjectivité vers la vérité
▪ « Les faits ne pénètrent pas dans le monde de nos croyances »
↳ Nécessité de les retrouver en s’évadant de la subjectivité par l’introspection (donc seul)
▪ Proust et Rousseau : l’homme n’est pas lui-même lorsqu’il fréquente ses semblables, il n’a pas accès à sa véritable essence, son moi véritable
↳ Vocation du romancer : se mettre dans les conditions d’accès à sa propre vérité, pour la reconstituer sous forme romanesque (passe par une contemplation digne d’une ascèse religieuse)
▪ Le vécu constitue le matériau du romain, et la parole écrite (ainsi que le style) transmute cette matière vile (vécu brut et banal) en une œuvre d’art à dimension universelle
Cinq leçons sur la psychanalyse, S. Freud
La parole peut apparaître comme le moyen de réparer l’identité
▪ Lorsqu’un individu ne sait plus qui il est, qu’il ne se reconnaît plus, la parole met en évidence ses failles + sa non-correspondance entre la non-perception de lui-même et les facteurs psychiques qui l’animent véritablement
▪ L’interlocuteur est primordial dans ce processus : interprète la parole + guide le locuteur vers la guérison
▪ En psychanalyse, la parole, en plus d’être un moyen de communication, est révélatrice de l’inconscient d’un individu, lui-même révélateur des comportements et désirs humains
▪ La prise de conscience de son inconscient repose sur un traitement par la parole, qui présuppose un déterminisme psychique : toute idée, ou tout acte n’est pas arbitraire, mais à une cause que l’exploration de l’inconscient permet de mettre à jour (exemples : rêves, lapsus, actes manqués)
▪ L’exploration de l’inconscient par la parole permet de lever les refoulements
↳ L’inconscient possède un langage propre, doté de son propre sens et contenu, qui échappe à la conscience et doit être interprété
La parole permet ainsi de rétablir l’intégrité physique de l’individu
Crime et Châtiment, Fiodor Dostoïevski
La parole peut apparaître comme le moyen de rétablir l’intégrité de l’âme
▪ Christianisme : fonction de confession - deuxième étape de pénitence et de réconciliation
↳ Tradition fondée sur l’idée que le sentiment du péché s’accompagne d’un désir de reconciliation avec la divinité offensée
▪ Dans cette logique, la confession finale de Raskolnikov prend tout son sens à la fin de Crime et Châtiment
↳ Après avoir hésité assez tôt à avouer l’assassinat de l’usurière, le protagoniste est victime de l’installation progressive d’un malaise en lui-même. Le sentiment de culpabilité est si insoutenable qu’il lui fait envisager le suicide
▪ Caractère social du péché : dans un société religieuse et spirituelle, le sentiment de l’offense faite à Dieu grandit les âmes
↳ Le coupable prend conscience que sa faute l’exclut de droit de la société de ses semblables, il doit se confesser pour y reprendre sa place
▪ Enjoint par ses proches, le héros dostoïevskien finit par aller se confesser au commissariat : « C’est moi …». La pénitence lui permet de débuter se régénération, au bagne où il est emprisonné, grâce à l’amour de Sonia, la prostituée dont il s’était épris.
La confession, révélatrice du pouvoir salvateur de la parole, est à l’origine de la renaissance