La pensée et la parole Flashcards

1
Q

Le rire, H. Bergson

A

Il semble que la parole ne permette pas de tout dire

▪ La parole ne décrit que partiellement le réel ; le mot ne coïncide pas à la chose (matérielle ou spirituelle). Au contraire, il représente un écart, un abîme
↳ Les choses sont irréductibles au dire

▪ La parole n’offre qu’une représentation infidèle et dégradée de la réalité
↳ Elle ne se cantonne qu’à l’extérieur de l’essence de la réalité, ne décrit que l’extériorité d’un sujet (y compris concernant l’intériorité d’un individu)

« Tandis que la comparaison qui instruit et l’image qui frappe nous paraissent manifester l’accord intime du langage et de la nature, envisagés comme deux formes parallèles de la vie, le jeu de mots nous fait plutôt penser à un laisser-aller du langage, qui oublierait un instant sa destination véritable et prétendrait maintenant régler les choses sur lui, au lieu de se régler sur elles »
↳ Le rire (particulèrement le jeu de mot) témoigne de cette incapacité

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2
Q

Discours sur l’origine des inégalités parmi les hommes, Rousseau

A

La parole semble être le support de l’abstraction

▪ Le concret est aisément perceptible dans le monde matériel.
À l’inverse, l’abstrait ne peut se manifester que par le langage ou l’écrit
↳ Exemple du triangle : s’imagine aisément, mais sa définition générale - l’idée de triangle - dépend de la parole

▪ Impossibilité de concevoir l’abstrait sans parole ⇒ Discours et langages nécessaires pour transmettre les idées générales

▪ Processus d’acquisition de la parole :
∙ Cris, en situations d’urgence
∙ Après le rassemblement des hommes, nécessite de raffiner leur communication ⇒ Mots, aux significations étendues, de plus en plus précis et subtils

▪ La sophistication de la parole a ainsi permis la pensée

« Ils cherchèrent des signes plus nombreux et un langage plus étendu : ils multiplièrent les inflexions de la voix, et y joignirent les gestes, qui, par leur nature, sont plus expressifs, et dont le sens dépend moins d’une détermination antérieure »

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3
Q

Encyclopédie des sciences philosophies. Philosophie de l’esprit, Hegel

A

La parole peut-être conçue comme le support de la pensée

▪ La pensée ne peut exister que si elle possède une forme objective (i.e si l’intérieur peut s’extérioriser)
↳ Le mot est la forme d’extériorité de la pensée

⇒ Pensées transcendantes passent par la parole (et non l’inverse, cf : doxa)
↳ Ineffable dévalorisé : pensée obscure, en fermentation
« le mot donne à la pensée son existence la plus haute et la plus vraie »

▪ Il n’est pas de pensée sans langage : l’intuition et l’inefficaces sont moins efficaces (i.e clairs) que la pensée exprimée en langage
↳ Les véritables pensées résultent du langage et de la parole

▪ Il n’existe aucune pensée antérieure au langage réfléchi :
« C’est le son articulé, le mot, qui seul nous offre une existence où l’externe et l’interne sont si intimement unis. Par conséquent, vouloir penser sans les mots est une entreprise insensée »

La parole est la condition de la pensée et de la culture

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4
Q

Le langage indirect et les voix du silence, M. Merleau-Ponty

A

Parole et pensée sont intimement liées

▪ Simpliste et réducteur de considérer l’un comme le simple médium de l’autre

▪ Nature complexe de la relation car 2 conceptions incompatibles coexistent :
∙ Réalisme : le langage est doté d’une fonction indicative, il dit les choses
∙ Idéalisme : le langage est doté d’une fonction expressive, il véhicule la pensée

▪ M. Merleau-Ponty donne une interprétation ontologique (centrée sur l’être) : parole et pensée sont à la fois sujet et objet, le dualisme est illusion - ils se forgent autant l’un que l’autre

▪ La langue est une structure dont les éléments n’ont de réalité que les uns par rapport aux autres
↳ Si le langage est opaque, alors les mots prennent sens par leurs différences

▪ Réciproquement, l’être de la parole et de la pensée se chevauchent

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5
Q

Linguistique et anthropologie, Benjamin L. Whorf

A

La parole peut être le paradigme propre à sa langue

▪ Les représentations d’un individu sont au moins partiellement dépendantes de la langue
↳ parler français, chinois, anglais ou russe, ce n’est pas seulement communiquer de façon différente, mais aussi concevoir le monde à partir de catégories linguistiques spécifiques

▪ L’humain ne peut conceptualiser le réel hors de sa langue, au contraire, le réel est conditionné par la langue
↳ « langue esquimau » dispose de 3 mots pour désigner la neige, alors que l’anglais ne possède que le mot snow

« Pour un esquimau; ce terme générique [snow] serait pratiquement impensable »

▪ Wharf, aussi spécialiste des pictogrammes hopis, a comparé l’expression du temps en hopi et en anglais standard. Les hopis ne disposent d’aucun mot pour désigner le temps, ce qui implique une perception différente du temps

▪ Les langues sont porteuses de modèles mentaux culturellement variables (par le lexique ou la syntaxe)
↳ Les modèles mentaux propres aux langues donnent naissance à une vision du monde propre à la culture associée à la langue

Paroles et pensées impliquent des paradigmes d’interprétation de la réalité très différente

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6
Q

Psychopathologie de la vie quotidienne, S. Freud

A

La parole possède la capacité de trahir la pensée

▪ La parole peut ne pas être conforme à la pensée ou aux intentions d’un locuteur, voire exprimer une pensée qui ne veut pas être exprimée
↳ Exemple : le psychanalyste W. Shekel lors d’une assemblée à l’assemblée nocive et électrique : « Combattons le quatrième point de l’ordre du jour » (au lieu « Abordons », « streiten » au lieu de « schreiten »

▪ Freud : lapsus (du latin labare - trébucher, glisser) = erreur verbale, écrite ou mémorielle qui est une manifestation inconsciente [apparait d’après les linguistes environ tous les 800 ou 900 mots)

▪ Avant considéré comme un mécanisme de contamination des sons entre eux

▪ Dès le XIXème siècle, mécanisme de trahison de la pensée (le malaise qui s’en suit témoigne de la manifestation de l’inconscient malgré les barrières du Surmoi - censeur interne)
↳ Pensés inacceptables (réprimées par la conscience) libérées par le lapsus

La parole devient aussi un révélateur de l’inconscient de l’individu

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